Nous sommes partis le 8 décembre de Mindelo, à 11h08 très exactement. Les prévisions météo disaient que les 3 premiers jours seraient un peu musclés et ensuite la navigation devrait être cool. Un peu plus de 2000 mille nautiques à parcourir jusqu'à la Guadeloupe. 1 mille nautique correspond à 1852 mètres.
Entre l'île de São Vicente (là où est Mindelo) et celle de Santo Antao, il y eu beaucoup de vent. Puis en passant sous Santo Antao, le vent a quasi disparu ! En sortant de cette île on a eu la jolie surprise de croiser des globicéphales (ou baleines pilotes). Puis une centaine de dauphins nous a accompagnés pendant 1h !
Départ du Cap VertFinalement le gros temps durera 6 jours et 6 nuits. Plus de 30 nœuds de vents (1 nœud = 1 mille nautique/heure). Houle de 3m. Physiquement, chaque déplacement est une épreuve. Même tenir assis mobilise énormément les abdominaux. On se met en mode survie : économie d'énergie au max. On mange. On dort. Heureusement qu'on avait préparé des petits plats avant le départ !
Repos et bassines à dispositionEt puis les Alizés (un vent d'Est, chaud et quasi constant) sont venus nous tenir compagnie. 2 jours hyper agréables avec juste le vent qu'il faut, une petite houle. On en a profité pour se doucher avec la douche solaire dans le cockpit, faire la cuisine (du pain, des gâteaux....), pêcher une daurade coryphène de 2.5 kg.
La belle vie au souffle des AlizésMais le répit fût de courte durée. Le vent est remonté à plus de 25 nœuds en permanence. On a à nouveau réduit la GrandVoile (1 ris, 2 puis 3) et sorti le foc2 en voile d'avant. Parfois même on a du retirer la voile d'avant...
Une nuit de fort vent et de houle, à 2h du matin, il a fallu retirer la plus grande des voiles d'avant (le génois). Le vent était tellement fort que ça a déroulé partiellement le génois alors qu'il était (mal) enroulé et sanglé. Ça s'appelle "une cocotte". Il faut vite résoudre le problème car ça peut déchirer le génois et surtout ça tire fort sur le mat. Impossible de défaire la coquetier...Obligés de couper les écoutes pour que le génois se déroule complètement, puis de le défaire de l'enrouleur (avec une clé allen qui était tout au fond de la trousse à outils dans la cabine d'Arthur). Ensuite il a fallu le ramener dans le cockpit. Pas facile avec une voile trempée de plusieurs dizaines de m2...ça nous a épuisé !
On s'habitue à tout. On arrive à cuisiner même dans le gros temps maintenant. A la suite de l'épisode de galère avec le génois on a fait une pizza au milieu de l'Atlantique ! La grande classe 🍕. On s'est régalés. Chloé a fait la pâte maison et puis on l'a étalée à l'aide d'une bouteille de vin en guise de rouleau à patisserie. Garnie d'un reste de sauce napolitaine et de thon en boite. On y a râpé du parmesan et du gruyère, saupoudré de thym puis ajouté du chorizo.
On était très exactement à cette position :
19°02,753N et 42°02,710W
Dans le gros temps au milieu de l'AtlantiqueC'est quand même assez exceptionnel ces journées hors du monde, loin de tout, avec la mer pour seul horizon, à ne s'occuper que de nous et de Mahina. Pas de courses, de lessives, d'infos catastrophiques, de pub, de pollution ni visuelle ni sonore ... pas d'internet, pas de Facebook, pas d'appels aux amis.
Et alors comment on occupe notre temps ?
Penser et faire le repas nous mobilise beaucoup. Faire l'école quand il n'y a pas trop de houle nous prend 1 à 2h par jour (quand y a trop de houle on est en mode survie alors pas d'école). Jouer (des dizaines et des dizaines de parties de rami), jouer/câliner/dormir avec Sky, écouter de la musique, scruter les vagues à la recherche d'animaux marins, manœuvrer (réduire ou agrandir la grand voile, changer la voile d'avant...), pêcher, faire la navigation, lire, faire des mots croisés ou des jeux de logique, jouer de la guitare...
On apprend à respecter les besoins des uns et des autres. Les besoins de partager des temps de jeux, les besoins de dire quand ça ne va pas, le besoin de s'isoler, de se reposer...
Yann et Marie s'occupent de la veille la nuit (surveiller qu'on n'est pas en route de collision avec un autre navire). Ils se relaient toutes les 3h. Ils dorment très peu. Chloé fait le quart de 6h du matin et veille en toute autonomie. Arthur prend sa suite à 9h pendant 3 heures aussi. Ça laisse le temps aux parents de dormir après leur courte nuit. On croise très peu de bateaux en transatlantique mais il est important de continuer la veille jour et nuit.
La veille, pour les enfants, ça consiste principalement à aller voir dehors toutes les 30 minutes si ils voient les lumières d'un autre bateau et de vérifier sur l'AIS. S'il y en a un, ils viennent nous réveiller, on le surveille, on change légèrement de cap si besoin pour ne pas être en route de collision. Pour les adultes, on s'assure en plus que les voiles sont bien adaptées et réglées par rapport au vent, que notre cap est bon. Il faut parfois réveiller celui qui est de repos de quart quand une manœuvre est nécessaire (changement de voilure).
Nos occupationsEt le 24 décembre, à 10h28 nous sommes amarrés à la marina Bas du Fort à Pointe à Pitre en Guadeloupe. Pile à temps pour aller retrouver la famille venue exprès fêter Noël en Guadeloupe !
On est fiers de nous, fatigués et très heureux d'être enfin arrivés.
Arrivée en GuadeloupeNiveau consommation d'eau, après ces 16 jours et 2h il nous reste plus d'un tiers dans les cuves (qui contiennent en tout 270 litres). On a été super économes ! On faisait la vaisselle à l'eau de mer puis on la rinçait avec de l'eau douce grâce à un vaporisateur. On prenait peu de douches. Il nous reste beaucoup de bidons d'eau de source aussi. On a beau savoir qu'il faut boire beaucoup, on n'en a pas bu assez. Et nous avons mis très peu de vêtements, pas eu besoin de faire de lessive !
Niveau énergie, nos 3 panneaux solaires peinaient parfois (surtout quand c'était nuageux). Il a fallu quasi quotidiennement faire 2 à 4 heures de moteur pour recharger les batteries. Nos principales dépenses d'énergie sont pour le frigo et le pilote automatique (qui a beaucoup travaillé vu les conditions météo musclées). On réfléchit à des solutions pour soit charger plus vite, soit produire plus (éolienne ?).
Niveau déchets, nous stockions les poubelles dans la baille à mouillage. Nous avons utilisé 3 sacs poubelles 30L. Tout ce qui était organique était jeté à la mer. Nous avions déjà jeté les emballages avant de partir du Cap Vert.
La suite se passe en Guadeloupe : https://www.myatlas.com/EnVoyagesurMahina/guadeloupe