Il y a six mois, pas un instant nous n'avions envisagé d'inclure l'Inde à notre périple. Cependant après plusieurs mois en Asie du sud-est, une envie d'ailleurs s'est manifestée. À tel point que nous avons fini par troquer notre bol de nouilles habituel contre un bon Thali.
Dès notre arrivée sur le sol indien, nous avons été entraîné dans un engrenage d'arnaques et d'impostures. Non sans mal, nous avons fuit la capitale et ses 20 millions d'habitants pour nous diriger vers l'énigmatique état du Rajasthan. Ici les principales villes s'égrainent dans un paysage de plus en plus aride en direction de l'ouest, vers le désert du Thar.
Notre premier arrêt sera Jaipur, la ville rose. Doucement nous nous acclimatons à la cacophonie des klaxons incessants, à la foule aux regards curieux, parfois hostiles. Nous arpentons les rues ocres, émerveillés par la multitude d'odeurs et de couleurs qu'offre cette ville.
Serties de remparts la ville de Jaipur semble encore faire corps avec les temps seigneuriaux de jadis et il y souffle un vent venu d'orient. En effet, quelques kilomètres plus loin se trouve l'imposant fort d'amber, ancienne résidence des maharajas, qui surplombe encore la région aride.
Nous nous enfoncons ensuite dans le Rajasthan, en direction de l'ouest et du Pakistan jusqu'à la magnifique cité de Jaisalmer. Cette immense forteresse de grès jaune, s'élève tel un château de sable sur la plaine désertique. Cette ville fortifiée à la porte du désert est également appelée, à juste titre, la cité d'or.
Nous arpentons les ruelles pavées avec émerveillement, profitant de l'ambiance paisible qui règne entre ces murs fortifiés. Les grandes arcades de pierres et les murs finement sculptés font honneur à l'art oriental.
Au temps des caravanes, Jaisalmer était une ville de passage puissante et influente. Si aujourd'hui il subsiste encore quelques familles de chameliers, elles se sont sédentarisées et se sont tournées vers le secteur du tourisme. Nous rencontrons donc l'une de ses familles, et partons avec eux à dos de chameaux dans le désert du Thar.
Durant deux jours nous traversons cette vaste étendue de sable au rythme chaloupé de nos montures, Roméo et Juliette. Nous apercevons même quelques gazelles et pour ma plus grande joie, un fennec. Nous mangeons quelques chapatis sous l'ombre mince d'un arbre et dormons les yeux rivés vers les étoiles. Une expérience inoubliable.
Chaque année à l'arrivée du printemps, le nord de l'Inde est en fête pour célébrer Holi. Afin de rendre grâce à l'amour, les indiens se jettent des pigments colorés et dansent autour de modeste bûchers. Cette fête est l'occasion pour les hindous de se retrouver en famille et de prier avec ferveur les 330 millions dieux que comptent leur religion.
Nous avons eu la chance d'assister et de participer à cet événement phare au cœur de la ville bleue, Jodhpur. Cette grande agglomération réputée pour son magnifique fort qui domine la ville ainsi que pour ses maisons bleues qui egayent le paysage de pierre et de poussière.
Nous terminons notre boucle du Rajasthan à Udaipur. Nous y visitons les palais et les jardins, ainsi que les nombreuses échoppes d'artiste qui perpétuent le savoir faire des peintres de miniatures. La cité blanche se dresse sur la liziere du lac Pichola et au pied de montagnes. Un cadre rafraîchissant et une atmosphère plus sereine après la chaleur du désert.
Enfin, la quiétude est un adjectif a utiliser avec parcimonie dans le second pays le plus peuplé du monde. En effet nous faisons face à tellement de bruits, d'odeurs, de pauvreté... L'Inde c'est l'élégance dans l'architecture des bâtiments, la grâce dans le scintillement d'un Sari ou dans l'enroulement d'un turban. C'est à chaque coin de rue la misère qui se mêle à la beautée ! Cette éternelle dualité caractérise l'Inde, et induit l'étrange sentiment d'aimer ce pays, tout en ne pouvant pas le supporter.