Il nous aura fallut presque deux jours de trajet, traversant plaines et villages, pour atteindre Sayaxché. La première impression de cette bourgade sans grand charme fut... particulière. Entre chaleur, poussière et bâtiments délabrés la ville offre une atmosphère étouffante.
Peu importe, ce n'est pas pour le village que nous sommes là mais pour le patrimoine. Après avoir trouvé un guide, nous remontons le "Rio de la passion" et nous admirons depuis notre embarcation la faune et la flore environnante jusqu'au site d'Agueteca. Notre guide, passionnant, nous conte l'histoire les lieux et décrit la forme que prenait la cité.
Rio de la passionLes moustiques profitent de cet instant d'immobilité pour nous prendre en chasse, et les centaines de membres de cette meute sanguinaire ne nous lacherons pas d'une semelle. La visite commence par trente minutes de marche dans la jungle suivit par l'exploration d'une faille de cinquante mètres de profondeur servant autrefois de barrière naturelle contre les ennemis. Finalement nous arrivons sur la place centrale de l'ancienne cité.
Aguateca s'élèvait ici à l'ère pré-classique, jusqu'à une invasion fatale au Xème siècle. Les vestiges les mieux conservés du site sont les bâtiments religieux. Nous avons donc l'occasion d'observer les autels sacrificiels où les mayas offraient leur sang ou leur têtes en sacrifice aux différents dieux, espérant que Tchak le dieu de la pluie ou Huracan le dieu des vents exauçent leurs prières.
AguatecaAprès cette visite très intéressante, nous continuons notre route chargé de piqûres jusqu'à Florès. Une belle ville batie sur une île esseulée au coeur d'un grand lac. Cette charmante bourgade est un excellent point de départ pour partir en exploration dans la jungle du Peten, sur les traces de la célèbre civilisation perdue.
Florès
Le site maya le plus grandiose du pays et sans équivoque Tikal. Entouré par une jungle épaisse nous avançons sur un joli sentier, guidé par le bavardages des oiseaux tropicaux et les cris des singes hurleurs. Nous découvrons les premiers temples, modestes et encore ensevelis sous la verdure. Les premiers mayas investissèrent les lieux au VIIe s av Jc, puis différentes dynasties se succèderent, avec sur le trône des rois au noms insolite tel que "patte de jaguar" ou encore "Hibou propulseur". Grâce à un travail immense depuis le XIXeme, le site est magnifiquement restauré à l'heure actuelle, et la végétation qui englobe ce trésor, offre une balade hors du temps.
Pour notre plus grand plaisir, Tikal n'est pas la seule citée perdue des environs. Nous nous préparons donc pour une expédition, le trek du Mirador.
TikalEt quelle aventure nous attend ! Il s'agit d'un trek de 5 jours à travers la jungle, pour atteindre la pyramide maya la plus haute du monde. Le site ne bénéficiant que de peu de partenariats financiers, la plupart des vestiges de trouvent encore enseveli par la végétation. Les archéologues y travaillent deux mois par an, mettant à nu de belles façades sculptées relatant des mythes et des légendes datant de près de 2500 ans.
Le chemin s'enfonce dans la jungle épaisse, mais reste facilement praticable. Au grand dame de Théo qui se voyait déjà tracer le chemin à la pointe de sa machette. Et à mon grand soulagement, peu de moustiques ! Le premier soir nous montons en haut de la plus haute pyramide de Tintal pour admirer le soleil se coucher sur la canopée.
TintalLe chemin s'affine et nous conduit jusqu'à notre second camp de fortune au milieu de la forêt. Pour se reposer après les 6-7h de marches rien de tel qu'un bon hamac où l'on peut observer dans les branches les singes araignées et les nombreux oiseaux, dont de magnifiques toucans. Ici, pas de douche mais à la place un peu d'eau croupie pour se rincer et le soir nous nous couchons de bonne heure, après que la bougie ce soit éteinte.
Dès les premières lueurs Alfonso nous guide à travers les ruines, où la nature a reprit ses droits. Il nous narre avec passion le mode de vie de cette grande cité qui fut le berceau de la civilisation maya. Édifié au VIe av JC, la cité connue son apogée entre le IIIe siècle avant JC et le Ier siècle avant d'être abandonnée subitement par manque de ressources, puis ré invistit brièvement durant l'ère classique, de 700 à 900. Durant son âge d'or, plus de 80 000 personnes vivaient au Mirador!
El MiradorAinsi nous découvrons avec Alfonso les bâtiments religieux, les centres d'études, les structures servant d'observatoire astronomique et bien évidemment les fameux "juego de pelota", les sommets des pyramides où les sacrifices avaient lieu. Chaque bâtiment respecte la Trinité, forme inspiré par la ceinture d'Orion, et l'orientation des points cardinaux est d'une précision épatante. Je pense que ce qui nous a le plus émerveillé, ce sont les restaurations des sculptures et le talent que notre guide possède pour faire parler ces vieilles pierres !
Le site du Mirador se mérite étant éloigné des axes routiers, cependant l'expérience d'arpenter les anciennes routes mayas pour découvrir ce trésor n'a pu qu'enrichir notre séjour. Nous ne pouvons pas prétendre être de grand explorateurs, mais ce fut une très belle aventure.
Tikal