Sothy's pepper farmA peine la frontière cambodgienne traversée, nous nous dirigeons vers une exploitation située aux abords de la ville de Kep. C'est ici, à la "Sothy's pepper farm", que nous passerons les dix prochains jours. Nous sommes accueillis chaleureusement par Sothy, et d'autres volontaires francophones. Nous découvrons nos missions, ainsi que le fonctionnement de la ferme.
En effet, après deux mois de vadrouille ponctué par de nombreux déplacements, l'idée de rester quelques jours au même endroit ne nous déplaît pas. Le principe est donc simple, en échange de quelques heures de travail nous sommes logés et nourris.
Les plants de poivresLa journée, les tâches à effectuer sont nombreuses. Le matin, armés de nos paniers en osier, c'est la récolte des grappes. Nous participons en même temps à l'arrosage des plants et à l'entretien des parcelles. L'après midi, nous égrainons les grappes de poivre, une par une, assis sur de simples nattes en compagnie de nos collègues souriants. C'est une tâche qui requiert beaucoup de patience.
De plus, de nombreux touristes francophones visitent la ferme pour en apprendre davantage sur le meilleur poivre du monde. Nous devons donc les guider à travers l'exploitation et leur transmettre nos connaissances fraîchement acquises.
Enfin, le soir, nous donnons des cours de français à trois courageux qui souhaitent apprendre la langue de Molière. Ce n'est pas évident de s'improviser enseignants au vu de la complexité de notre langue maternelle. Cependant, nos élèves se montrent assidus et c'est un plaisir de constater leurs progrès.
L'égrainage et le séchage du poivreLes jours se succèdent à la ferme et une douce routine s'installe. Nous profitons de cette parenthèse paisible dans un cadre verdoyant. Travailler à la ferme se révèle surprenamment reposant. En outre la course effrénée au Vietnam nous avait réellement fatigué. Et c'est donc allongés dans nos hamacs pendant nos temps de repos que nous pouvons nous laisser aller à nos rêveries.
Nous nous retrouvons rapidement seuls bénévoles, ce qui nous offre l'opportunité de nous rapprocher de nos hôtes, d'en apprendre plus sur leur vie, leur quotidien et l'histoire de leur pays. Même si tous ne parle pas anglais, le temps passé à travailler à leurs côté, crée un attachement silencieux.
Les visites guidées permettent elles aussi de faire de belles rencontres avec des voyageurs de tout horizon. Ils partagent avec nous, le temps d'une visite, leurs propres expériences et leurs bonne humeur. Au final, les rencontres humaines sont au rendez vous et nous ne pouvions espérer mieux pour nous initier au woofing.
La famille de SothyDurant notre journée de repos, nous avons eu le temps de visiter la région. Nous arpentons donc les routes ocres, poussièreuses et sinueuses où les petits villages et les campagnes se succèdent. Les paysans rassemblent leur récolte, et les maisons sur pilotis nous toisent de toute leur hauteur. Le Cambodge profond se dévoile alors à nous. Nous visitons ensuite des grottes immergés, puis sillonnons les sentiers du parc national, où un serpent venimeux aura manqué d'avoir notre peau.
Nous sentons dans cette région une plaie encore béante laissé par l'histoire récente du pays. Les nations voisines en profitent en achetant parcelles et entreprises, laissant le peuple démuni. Dans ce pays qui se reconstruit à peine, il semble difficile de gagner convenablement sa vie et impossible d'exprimer librement sa pensée. Le Cambodge fragilisé, souffre à l'heure actuelle d'un régime autoritaire nourrit par la corruption.
Les environs de KepCette expérience nous aura donc énormément apporté. Elle aura été l'occasion de rencontrer réellement les cambodgiens. En les accompagnant au quotidien, en partageant leur repas et en échangeant sur nos modes de vie si éloignés nous en avons peut être appris plus que ne l'aurai fait tous les musées du pays.
Les derniers jours, nous nous sommes sentis comme à la maison, dans cette ferme du bout du monde. C'est donc avec un pincement au cœur que nous faisons nos adieux à cette famille, à cet havre de paix.
Encore merci !