Carnet de voyage

Cambodge

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Que l'on parle du royaume grandiose d'Angkor ou du règne sanglant des khmers rouges, on peut dire que par son histoire, grandiose et terrible, le Cambodge ne laisse jamais indifférent.
Décembre 2018
30 jours
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Sothy's pepper farm

A peine la frontière cambodgienne traversée, nous nous dirigeons vers une exploitation située aux abords de la ville de Kep. C'est ici, à la "Sothy's pepper farm", que nous passerons les dix prochains jours. Nous sommes accueillis chaleureusement par Sothy, et d'autres volontaires francophones. Nous découvrons nos missions, ainsi que le fonctionnement de la ferme.

En effet, après deux mois de vadrouille ponctué par de nombreux déplacements, l'idée de rester quelques jours au même endroit ne nous déplaît pas. Le principe est donc simple, en échange de quelques heures de travail nous sommes logés et nourris.

Les plants de poivres

La journée, les tâches à effectuer sont nombreuses. Le matin, armés de nos paniers en osier, c'est la récolte des grappes. Nous participons en même temps à l'arrosage des plants et à l'entretien des parcelles. L'après midi, nous égrainons les grappes de poivre, une par une, assis sur de simples nattes en compagnie de nos collègues souriants. C'est une tâche qui requiert beaucoup de patience.

De plus, de nombreux touristes francophones visitent la ferme pour en apprendre davantage sur le meilleur poivre du monde. Nous devons donc les guider à travers l'exploitation et leur transmettre nos connaissances fraîchement acquises.

Enfin, le soir, nous donnons des cours de français à trois courageux qui souhaitent apprendre la langue de Molière. Ce n'est pas évident de s'improviser enseignants au vu de la complexité de notre langue maternelle. Cependant, nos élèves se montrent assidus et c'est un plaisir de constater leurs progrès.

L'égrainage et le séchage du poivre

Les jours se succèdent à la ferme et une douce routine s'installe. Nous profitons de cette parenthèse paisible dans un cadre verdoyant. Travailler à la ferme se révèle surprenamment reposant. En outre la course effrénée au Vietnam nous avait réellement fatigué. Et c'est donc allongés dans nos hamacs pendant nos temps de repos que nous pouvons nous laisser aller à nos rêveries.

Nous nous retrouvons rapidement seuls bénévoles, ce qui nous offre l'opportunité de nous rapprocher de nos hôtes, d'en apprendre plus sur leur vie, leur quotidien et l'histoire de leur pays. Même si tous ne parle pas anglais, le temps passé à travailler à leurs côté, crée un attachement silencieux.

Les visites guidées permettent elles aussi de faire de belles rencontres avec des voyageurs de tout horizon. Ils partagent avec nous, le temps d'une visite, leurs propres expériences et leurs bonne humeur. Au final, les rencontres humaines sont au rendez vous et nous ne pouvions espérer mieux pour nous initier au woofing.

La famille de Sothy

Durant notre journée de repos, nous avons eu le temps de visiter la région. Nous arpentons donc les routes ocres, poussièreuses et sinueuses où les petits villages et les campagnes se succèdent. Les paysans rassemblent leur récolte, et les maisons sur pilotis nous toisent de toute leur hauteur. Le Cambodge profond se dévoile alors à nous. Nous visitons ensuite des grottes immergés, puis sillonnons les sentiers du parc national, où un serpent venimeux aura manqué d'avoir notre peau.

Nous sentons dans cette région une plaie encore béante laissé par l'histoire récente du pays. Les nations voisines en profitent en achetant parcelles et entreprises, laissant le peuple démuni. Dans ce pays qui se reconstruit à peine, il semble difficile de gagner convenablement sa vie et impossible d'exprimer librement sa pensée. Le Cambodge fragilisé, souffre à l'heure actuelle d'un régime autoritaire nourrit par la corruption.

Les environs de Kep

Cette expérience nous aura donc énormément apporté. Elle aura été l'occasion de rencontrer réellement les cambodgiens. En les accompagnant au quotidien, en partageant leur repas et en échangeant sur nos modes de vie si éloignés nous en avons peut être appris plus que ne l'aurai fait tous les musées du pays.

Les derniers jours, nous nous sommes sentis comme à la maison, dans cette ferme du bout du monde. C'est donc avec un pincement au cœur que nous faisons nos adieux à cette famille, à cet havre de paix.

Encore merci !
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Nous laissons derrière nous le littoral et les champs de poivres pour nous diriger vers la capitale. Histoire de pimenter notre aventure, nous décidons de tenter le stop. Nous inscrivons donc "Phnom Penh" sur un bout de carton que l'on brandit sous les regards intrigués, mais amusés des conducteurs. Nous sommes chanceux, et un camion s'arrête rapidement pour nous conduit à bon port.

Pour une capitale asiatique, Pnomh Penh reste relativement petite. Cependant elle n'en demeure pas moins bruyante et fourmillante.

Phnom Penh

En ce 24 décembre, nous visitons un musée en particulier. Il s'agit d'une ancienne école utilisée, pendant la domination des khmers rouges, comme prison et centre de torture. Rien de tel pour passer un joyeux réveillon...

Il faut savoir que les khmers rouges, après avoir chassés la population hors des grandes agglomérations, se mirent à traquer les intellectuels, les étrangers, et tous les soit disant ennemis de l'Angkar. En seulement 4 ans le régime de Pol Pot fit plus de 1,7 millions de victimes, éradiquant ainsi un quart de la population cambodgienne.

Avant l'intervention de l'armée vietnamienne en 1979, de nombreux prisonniers furent amené ici, dans le centre S21, où ils subirent les pires sévices. Les éclats de rires des enfants que l'on entendait naguère résonner dans ces pièces, firent place aux pleurs et aux hurlements. Sur les murs sont affichés sobrement les milliers de visages, hommes, femmes et enfants qui ne furent jamais secouru.

Le centre S-21

On sort émus et on décide de s'autoriser un festin pour le réveillon, c'est à dire un repas qui ne contient ni nouilles, ni riz !

Nous restons dans la capitale seulement deux jours avant de repartir au nord-est du lac Tonle Sap.

La ville de Battambang est entourée de plates campagnes verdoyantes. Nous traversons les petits villages, où les habitants qui cultivent cette terre fertile s'arrêtent pour nous saluer chaleureusement. Tout d'abord, nous nous rendons sur les vestiges d'une ancienne cité, dont les belles ruines nous donnent un aperçu de la splendeur d'Angkor.

Puis, nous rejoignons le "bamboo train", une attraction reputé dans la région. Notre portefeuille de routard étant serré, on se contente de suivre les rails en scooter. La balade aura au moins eu le mérite de nous faire rire de notre propre avarice.

Le temple de Banan

Au sommet d'une des rares collines de la région se trouvent multiples bouddhas dorés contemplant l'horizon. En sillonnant les escaliers, nous grimpons jusqu'aux pagodes qui dominent la région avant de s'enfoncer dans les entrailles de la terre.

Là, se trouve plusieurs grottes, dont la tristement célèbre "killing cave" utilisées par les khmers rouges pour jeter les victimes des exécution dans les abysses de la caverne. Au fond de ce gouffre humide s'entassent les ossements de ces malheureux, ultimes temoins de ces heures sombres.

En contre bas de la colline, une autre caverne, celle ci pleine de vie, abrite des milliers de chauves-souris. Au crépuscule, toutes s'élancent à l'unisson, formant un sillon homogène qui se perd dans la nuit.

Les campagnes cambodgiennes

Maintenant nous prenons la direction de la fameuse cité perdue, dernière étape de notre séjour au Cambodge. Nous nous y rendons en stop, réalisant l'exploit de voyager gratuitement en taxi. Excusez du peu.

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Nous arrivons enfin sur les vestiges de la fameuse citée perdue. Elle fut la glorieuse capitale de l'empire khmer durant 500ans. Chaque souverain se succédant ordonnait la construction de temples, plus somptueux les uns que les autres. La plupart de ceux qui sont encore conservés datent de Suryavarman II, soit au XIIeme siècle. Suite à l'invasion siamoise vers 1430, les habitants quittèrent la capitale et la cité fut laissée à l'abandon.

Durant près de deux cent ans la nature reprit ses droits, recouvrant les pierres de lianes et laissant la place à d'immenses arbres dans les ruines de la cité. Angkor devint alors le royaume des tigres, des éléphants et des singes. Jusqu'au jour où un roi, qui chassait par là, découvrit les vestiges de la cité perdue et en tomba amoureux. Il entrepris la restauration des lieux.

La cité perdue

Le site est immense et s'étend sur des centaines de kilomètres carrés. Afin de le visiter sans se précipiter, nous optons pour le pass trois jours.

Durant la première journée, nous effectuons le petit circuit en vélo, et nous tombons sous le charme des imposants bâtiments en partie recouverts par la végétation.

De nombreux visages de pierres nous observent. Les statues aux quatre faces représentent les différentes vertus du Bouddha : à l'ouest l'égalité, au sud la sympathie, à l'est la pitié et enfin au nord l'humeur égale.

Les visages de Bayon

Pour notre seconde journée au cœur de la cité perdue, nous optons cette fois ci pour le scooter. Nous arrivons avant l'aube afin d'admirer le soleil se lever derrière le célèbre Angkor Wat. Finalement nous sommes un peu déçu du spectacle en raison du temps nuageux.

Cependant, il y a d'autre avantages pour ceux qui se lèvent tôt, puisqu'aux premières heures le site est encore préservé des hordes de touristes. Cela nous permet donc de s'immerger plus paisiblement. Nous en profitons ainsi pour revisiter, seuls ou presque, le mystique et sauvage Ta Phrom.

En traversant ses lieux jonchés de racines et d'éboulements on imagine aisément l'émotion éprouvée par les premiers explorateurs.

Ta Phrom

Ces deux dernières journées furent assez intensives et pour le dernier jour, on s'autorise un rythme plus léger. Nous visitons un groupe de temple à l'écart : le groupe roulos, moins impressionnant certes, mais paisible.

Nous fêtons la nouvelle année dans les rues animées de pub street. Au milieu de la foule, je ne sens pas la main experte d'un voleur qui nous subtilise nos deux téléphones juste après minuit. Bonne année !

Enfin ce sont les aléas du voyage et cela ne va pas nous empêcher de passer l'année 2019 à vagabonder sur les routes.

Coucher de soleil sur Angkor

Ce qui nous aura le plus marqué dans ce pays sera sans aucun doute la bienveillance des cambodgiens, et leur merveille nationale, Angkor. Nous avons également repoussé nos limites grâce au stop et au woofing, des expériences enrichissantes qui nous aurons permis de remettre les rencontres au premier plan dans ce beau voyage.

Après 20 jours passés au Cambodge, nous décidons de rejoindre le Laos un peu plus tôt que prévu car il nous reste encore bien des merveilles à découvrir.