Bonjour à tous,
Aujourd'hui était donc la dernière étape avant de rejoindre à Santarém le chemin plus important partant de Lisbonne.
Une étape le long du Tage, qui m'a curieusement rappelé la pénible plaine du Pô, avec à peu près les mêmes conditions météorologiques d'ailleurs : agréablement frais le matin (19°C-20°C à 5h du matin, moins que sur la plaine du Pô), température qui monte doucement jusqu'à midi, chaleur écrasante l'après-midi - une constante depuis le début du mois.
Cette partie qui s'achève du Caminho Portugues Central appelle quelques mots-clefs : sable, bitume, chênes-liège, pins, "savane", pour ce qui est de l'environnement naturel. Un raccourci évidemment très grossier, car la diversité était bien plus grande : eucalyptus, rizières, champs, fleuves...seulement avec une moindre empreinte. Et d'immenses propriétés privées ("Herdade") constituant des zones de chasse touristique (!) ne permettant aucune sortie du chemin balisé - ou presque, car encore fallait-il trouver ce fameux balisage ! Enfin ce qui me marque toujours, comme en Espagne, est l'eau : très localisée, sa rareté est palpable à tel point que la voir couler à flot des robinets semble presque inconcevable - c'est pourtant une réalité dans beaucoup d'endroits. Combien de temps sera-t-elle maintenue alors qu'à mon sens une bien plus grande attention est requise ??
Pour ce qui est de l'environnement humain : la solitude, j'en ai déjà parlé. Parfois des refus, des visages fermés, des téléphones raccrochés au nez. Mais aussi et surtout des accueils simples et généreux chez les pompiers ou par les juntas de freguesia, dans des lieux inattendus : salle des fêtes, salle paroissiale, salle de réunion et autre...ce qui m'a permis d'assister à un cours de jiu-jitsu chez les pompiers (assez marquant d'ailleurs je dois dire 😉) et à un meeting politique local en vue des élections d'octobre : le candidat avait prévu son kakemono, sa vidéo promotionnelle, des tonnes de bifanas (la spécialité culinaire locale dont l'épicentre est Vendas Novas) et autre nourriture qu'il m'a d'ailleurs laissée pour mon chemin ! J'ai donc mangé plus qu'à ma faim parfois 😉. Une jeune femme intéressée par mon parcours m'a proposée de m'héberger chez elle si j'en avais besoin. En-dehors des 2-3 hôtels/pensions où j'ai dû aller, personne ne m'a demandé le moindre argent, sauf du bout des lèvres 5€ symboliques pour le gaz du chauffe-eau et l'eau - alors que m'avaient été fournis à côté des draps, des serviettes de toilette, du gel douche-shampooing, papier toilette, électricité, etc. !! Quelles que soient les conditions d'accueil, je laissais toujours quelque chose, cela me paraissait une évidence, à proportionner aux moyens de chaque pèlerin je dirais. Toutes ces petites choses font chaud au coeur. Un nombre surprenant de personnes parlent français, 1ère langue étrangère enseignée jusque dans les années 80. Les bars sont aussi comme toujours le temple du pèlerin : et comme en Espagne, je suis surprise par leur abondance notamment dans certains petits villages.
Vous l'aurez compris, il y a donc largement de quoi "survivre", mais...il faut être débrouillard, j'insiste lourdement 😉. Et bien anticiper les redoutables week-end, pendant lesquels juntas de freguesia et offices de tourisme sont fermés.
Enfin, ce qui aura peut-être parfois manqué : l'accès aux lieux culturels et aux églises. Si j'ai pu bien découvrir Grândola et Alcácer do Sal, je me suis heurtée à des portes closes à peu près partout ailleurs. Je peux le comprendre pour les églises, systématiquement fermées sans doute par peur des vols ; charge au pèlerin motivé d'identifier le détenteur de la clef. Pour les musées, eh bien cela était souvent dû à des coups de "pas de chance" : fermeture pour travaux, fermeture hebdomadaire, horaires incompatibles etc.
Cependant dans 3 jours je devrais arriver à un lieu accessible, Fátima, aboutissement d'un pèlerinage très important que tous les locaux à qui j'ai pu parler ont déjà effectué.
Je vous laisse avec les photos de ces derniers jours - bonne fin de journée à tous !
NB : pas d'inquiétude si le rythme de publication vient à ralentir...cela arrivera certainement à un moment ou l'autre ? Mais...pas de nouvelles, bonnes nouvelles !
Vendas Novas, ses bifanas et ses bombeiros voluntarios Vers Branca La fameuse bifana (ne pas avoir peur de la graisse !) et le meeting politique dans ma "salle de nuit" à BrancaVers Benavente et la ville elle-même.Vers Muge - et Muge