Carnet de voyage

En itinérance

20 étapes
76 commentaires
Bonjour, Pour quelques semaines, ou mois plus probablement, je vous invite à me suivre dans mon itinérance à pied ! 🙂 NB : fréquence de publication aléatoire 😉
Du 2 avril au 30 septembre 2022
26 semaines
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Bonjour à tous,

C'est donc parti, après des jours et des semaines intenses à tous points de vue, des dizaines d'au revoir et même un adieu à mon grand-père décédé... Toutes ces pensées qui me retiennent encore et pourtant me portent vers l'aventure qui débute ! Il y a aussi la gratitude : celle de se dire qu'un tel départ a été possible et qu'il s'agit d'en être digne 🙂

Partir était déjà une aventure, après un retard de train et une correspondance ratée à Bordeaux qui m'a permis de redécouvrir un peu cette ville où j'ai passé 6 ans. Il y avait notamment un Saint-Jacques pélerin (photo) à la basilique Saint-Michel, comme un clin d'oeil...

Première étape ce soir : ce sera Castres, accueillie chez Sylvie et Jean-Claude, des amis rencontrés sur la voie d'Arles 2 ans plus tôt. Puis demain la première marche est prévue vers l'abbaye Sainte-Scholastique, à une vingtaine de kilomètres, près de celle d'En Calcat où je m'étais arrêtée 2 ans plus tôt là encore. J'y resterai pour une petite semaine de wwoofing.

A suivre...

Le Saint-Jacques pélerin de la basilique Saint-Michel à Bordeaux

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Bonsoir à tous,

Me voici au terme d'une première expérience qui m'a mise d'emblée face à moi-même et au contact d'une foule d'énergies diverses et fortes : celle de la foi qui imprègne les lieux, de la nature avec la puissante Montagne Noire toute proche, enfin des personnes avec des échanges inattendus, tous différents, riches et profonds : soeurs, frères d'En Calcat que j'ai revu avec émotion, hôtes, pèlerins de passage, tous m'ayant fait grandir, et je le pense, eux aussi en retour.

Les premiers jours ont cependant été un peu flottants car il faut s'habituer à l'atmosphère particulière d'un monastère, à la religion évidemment omniprésente...d'autant plus en cette période de semaine sainte que j'avais choisie sans le savoir. J'allais donc me ressourcer auprès de la Montagne Noire (noire comme l'ardoise qui la constitue en grande partie) : Massaguel, la capelette et le désert de Saint-Ferréol, la source de Mougnès, sa chapelle et sa cascade secrète, la grotte du Castellas, etc.

Le wwoofing a été l'occasion de découvrir le parc jardin des 35 soeurs actuelles (120 à la fin du 20ème siècle !) : 10ha magnifiques clos de murs et inaccessibles au public. Le rythme de travail était tout à fait supportable bien qu'efficace : 3h par jour entre les offices pour tailler la lavande, désherber, déplacer des mêtres cubes de branchages tombés suite à des vents à 160km/h la semaine précédente, monter un parc à feuilles, pailler les buttes en permaculture... Les soeurs jardinières avec qui j'ai travaillé ont ainsi été mes premières très belles rencontres. Soeur Françoise en particulier avait à 70 ans une force et une rapidité exceptionnelles - supérieures aux miennes, ce qui est parlant ;).

J'avais déjà expérimenté des lieux de retraite, et il est surprenant d'y retrouver cette constante : les journées passent à une vitesse incroyable tout en laissant le temps d'infuser le retour vers soi-même. Celui-ci permet à son tour d'agir en conséquence...Enfin une telle vie très rythmée, au contact répété des mêmes visages au quotidien, crée assez rapidement un attachement à la communauté. Après avoir dit au revoir aux soeurs ce soir, j'emporte d'ailleurs leurs pensées vers ma future destination de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Demain, ce sera le retour à Castres puis Toulouse, avant le départ pour Séville...


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Bonjour à tous,

Me voici dans le train pour Grenade, que de changements d'ambiances en un temps très court !

Après le monastère, le retour à la vie civile a été un peu rude (bruit, agitation et surtout incivilités), heureusement adouci par mes camarades de la voie d'Arles qui m'ont reçue à Castres et Toulouse - qu'ils en soient remerciés encore une fois :).

Puis Séville, dont ce premier passage me laisse l'image de la ville la plus froide, venteuse et pluvieuse d'Espagne (!!!), car nous sommes encore dans la saison hivernale, celle des pluies, et des torrents s'abattaient par moments... Deux passionnantes visites guidées, en anglais puis espagnol de part et d'autre du Rio Guadalquivir, m'ont néanmoins permis de relancer la machine des langues à l'arrêt depuis plus de 2 ans et de partager un déjeuner avec Catherine, sympathique franco-suisse du groupe de visite. Le point d'orgue était sans conteste la visite autonome (bien prendre l'audioguide !) de la cathédrale et de la tour de la Giralda. Tous les superlatifs s'y appliquent : plus grande cathédrale gothique d'Europe (je crois), plus grand retable du monde chrétien (80 ans de travail), 3ème plus grand musée de peintures d'Espagne (Murillo, Zurbaran, Goya, etc.), etc. Dans toute la ville se retrouve la combinaison harmonieuse des différentes époques (donc religions) et styles : juif, chrétien, musulman, etc. puis les deux derniers rassemblés dans le style mudejar. Enfin les expositions universelles de 1929 et 1992 ont laissé d'importantes créations.

Autre détail qui frappe l'oeil : les orangers, plus de 24 000, porteurs d'oranges amères qui commençaient à tomber sur les trottoirs. Les restes de la Semaine Sainte se devinaient encore dans la ville, où les célébrations ont dû être gigantesques après deux années d'"abstinence" COVID.

Enfin qu'en est-il du dépaysement souvent recherché par le touriste, ce que j'étais bien sûr : pas énorme il faut le dire, d'une part à cause du temps mais aussi et surtout car les français étaient partout ! Une de plus avec moi ;). Ainsi à l'hostel Triana Backpackers que je recommande vivement pour les routards, beaucoup de pèlerins français débutaient la Via de la Plata que j'emprunterai d'ici une petite dizaine de jours - l'occasion de glaner quelques informations utiles.

Pour finir une petite histoire de chemin : ce matin, une dizaine de minutes après avoir quitté l'albergue pour la gare, je suis interpellée par un homme nain - impossible de ne pas s'arrêter, et il le sait - "Hablas español? Tienes 50 centimos?" C'est une véritable providence, car il me permet de réaliser que j'ai oublié à l'auberge le petit sac contenant tout mon argent et mes papiers - c'est la première fois que je commets une telle erreur. Providence aussi, car cela intervient juste dans les temps pour me permettre de ne pas rater le train après avoir fait l'aller-retour à l'auberge. En repassant, il a droit à une partie de sa journée...à quoi tiennent les choses...sans doute pas au hasard.

Les fameux orangers 
Le Rio Guadalquivir ce matin - le soleil est revenu
Ce n'est pas un tableau ! Dans l'église real parroquia de Señora Santa Ana, dans le quartier de Triana
L'immense retable de la non moins immense cathédrale (avec la tour de la Giralda, copie de celle de la Koutoubia à Marrakech) 
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Bonjour à tous,


Après un peu plus de trois jours à Grenade, comment ne pas repartir empli d'art, de culture, et aussi (un peu) de nature ?


L'art, car dans chaque monument s'étalent dorures, marbres, jaspes, stucs, mosaïques, orfèvrerie, reliques, etc. témoignage de qualités techniques exceptionnelles, parfois dans ce que l'on pourrait qualifier, surtout pour la partie baroque, d'inimaginable surabondance ostentatoire (et je pèse mes mots !). Si ce n'est que là réside peut-être une différence culturelle dans la manière d'aborder la beauté et sa mise en valeur. L'une des meilleures illustrations en est la Basilica San Juan de Dios, moins connue mais particulièrement impressionnante - à ne pas rater !!


La culture dans cette ville des sultans et leur fameux palais de l'Alhambra, avant qu'ils n'en soient chassés en 1492 par les rois catholiques, et où là encore s'entremêlent les styles. Le style chrétien me semble tout de même avoir nettement pris le pas sur le musulman, désormais très ancien... Sans oublier l'importante culture gitane du Sacromonte et son flamenco, avec une magistrale et bien rodée démonstration de flamenco dans l'un des nombreux restaurants (touristiques) les proposant.


La nature enfin, car j'ai pu parcourir au long d'une après-midi la colline du Generalife - la Dehesa del Generalife - un très beau sentier surplombant une vallée d'un grand calme. A noter aussi le parc Carmen de los Martires, peu connu et pourtant magnifique.


Pour découvrir tout cela, une bonne condition physique est préférable car on marche beaucoup au long des petites rues (où, lorsque le passage est possible, la mobylette est reine !), des escaliers innombrables de l'Albaycín classé au patrimoine mondial de l'Unesco, pour gravir les divers monts bâtis qui encadrent la ville et où s'offrent un peu partout des points de vue exceptionnels. J'ai d'ailleurs eu la chance d'apercevoir la chaîne de montagne de la Sierra Nevada enneigée (point culminant 3 500m environ), car il avait neigé le semaine précédente - phénomène très rare en avril. Je soupçonne d'ailleurs que la météo du moment était "rare" également, avec des trombes de pluie le premier jour, puis un froid glacial le premier matin - +9°C, le terme me paraît approprié ;) - avant que cela ne remonte progressivement.


Pour le reste, je crois avoir visité à peu près tous les numéros de la carte touristique, et ils étaient nombreux... En commençant par le fameux Alhambra (et son Generalife, à ne pas manquer), le palais des sultans. Impossible de faire la liste du reste, tout est à voir (pour bien aider dans les choix cornéliens qui s'imposent si on a un temps plus restreint ;)) avec en prime des audioguides particulièrement bien faits et en français... Petite mention spéciale tout de même pour l'Abadia del Sacromonte et les habitats troglodytes le long de la route qui y mène (la vallée de la Loire était d'ailleurs citée en "consoeur" du pourtour méditerranéen !)


Il me reste quand même une grande question : comment une telle abondance végétale est-elle possible, mais aussi tout simplement la nombreuse vie humaine, alors que si peu d'eau est visible ? Les rios Darro et Genil qui alimentent la ville ressemblent en effet bien plus à des ruisseaux très peu profonds (la cheville serait à peine recouverte) qu'à des fleuves...peut-être toute l'eau a-t-elle été canalisée et détournée en amont, au travers des très ingénieux systèmes mis en place par les musulmans, dont le sens de la géométrie était par ailleurs tout à fait hors du commun...


Me voici au terme de cette description très touristique. Si ma soif de découvertes et de connaissance est assouvie, la dimension humaine est restée en retrait...j'aurais pourtant pu entrer en contact avec les jeunes voyageurs de mon auberge de jeunesse, voire échanger avec les ultra-nombreux touristes français (là encore, une bonne moitié des personnes dans les rues) mais...sans doute n'était-ce pas encore le moment, ni ce que je recherche ? Enfin je ne suis pas encore suffisamment à l'aise pour discuter avec les locaux, petit à petit je l'espère...

A suivre : le retour à Séville pour la visite de l'Alcazar, puis nouveau départ pour Cordoue cette fois.


NB : les photos sont un peu en désordre et je ne maîtrise pas très bien les légendes, me demander si besoin :)

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Bonjour à tous,

Ce 2ème passage mérite sa publication. En effet, je pensais avoir eu un bon aperçu de Séville précédemment...c'était sans compter la visite hier de la perle d'entre les perles : l'Alcázar. Ce monument, bâti par un roi catholique dans le style mudejar, semble insurpassable en termes de beauté et de "grandiosité" tout en finesse ; le salon des ambassadeurs est à lui seul un chef-d'oeuvre absolu (vous en voyez la coupole-plafond sur une des photos).

Ces mêmes caractéristiques qui sont retrouvées en plus concentrées (car plus petit) dans deux autres monuments à ne pas manquer : le Palacio de los Dueños et la Casa Pilates. Ne sachant pas à quoi m'attendre en y payant l'entrée, quelle surprise magistrale en découvrant les patios si délicatement ouvragés complétés à chaque fois de magnifiques jardins ! Le Palacio de los Dueños étant d'ailleurs toujours habité par la famille du duc d'Albe, des objets d'art et photos de famille y sont un peu partout, le rendant d'autant plus beau et vivant. A noter qu'il s'agit de la maison natale du poête Antonio Machado, bien connu des pèlerins ("Caminante, no hay camino..."). Enfin les innombrables églises disséminées dans la ville permettent de refaire le plein de baroque, dont un exemple est visible de près au trésor de la Basilica de la Macarena.

Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher de noter les différences entre Séville et Grenade, si complémentaires : l'une très grande, plate, agitée et motorisée, avec des enclaves de nature très urbaines donc maîtrisées, mélange de moderne et d'ancien parfois hétéroclite au sein d'un même quartier et avec des monuments qui pris un par un sont tout à fait hors du commun ; l'autre plus petite, très vallonnée, plus calme et où la nature brute tend les bras, aux quartiers plus homogènes et pour certains très authentiques, où chaque monument est individuellement moins impressionnant (à mon sens) mais très intégré dans son entourage. Deux villes évidemment très intéressantes, mais comme nous avons tous nos préférences je vous laisse deviner vers laquelle irait la mienne ;).

Et voici une autre petite histoire de chemin - c'est toujours ce qui me marque en fait : à l'auberge, j'ai partagé une chambre de 6, uniquement pour femmes (eh oui !). Dans cette chambre se trouve une jeune pèlerine allemande avec qui j'échange le premier soir et qui s'apprête à partir pour son premier chemin, en entier, à vélo, et seule. C'est un profil qui semble très rare - je le lui dis d'ailleurs - car à cette époque ce sont principalement des personnes à la retraite, à pied pour la plupart, et ce n'est jamais le premier chemin parcouru. Ce matin au petit-déjeuner, une autre jeune pèlerine vient me parler, belge cette fois et qui part, je le donne en mille : pour son premier chemin en entier, à vélo et seule ; et avec une personnalité que je devine proche. J'ai l'impression que le destin a parlé...De fait, elles sont ravies de se découvrir par la suite - nous partagions toutes la même chambre ! - et prévoient de partir ensemble le lendemain 🙂. Je leur souhaite un bon chemin à toutes deux et surtout la réponse aux questions qui les y ont menées...

A suivre et comme annoncé : Cordoue, où m'emmène le train ce soir.

Real Alcázar (5 premières images), Palacio de la Dueñas et Casa Pilates. Un intrus s'est glissé, saurez-vous le retrouver ? ;) 
Monumentale traîne de la Virgen du trésor de la Macarena - une parmi tant d'autres !
Rare auto(ego)portrait avec un "figurant" de la procession de la Semana Santa, au trésor de la Basilica de la Macarena.
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Bonjour à tous,

Cordoue...pour laquelle je commencerai par un détail qui a toute son importance : pour la première fois je pense, la température au soleil a dépassé les 30°C, cette chaleur et cette lumière qui permettent de commencer à comprendre (un peu) l'âme andalouse. Pour cela il faut bien sûr aussi visiter, lire, écouter en premier lieu. Pendant les visites, certains commentaires sont particulièrement riches par leur volonté d'ouvrir le coeur et l'esprit de l'"écoutant" en partageant l'apogée qu'a connue la ville en son temps musulman (plus grande ville d'Europe avec 1 million d'habitants entre le Xème et le XIIIème siècle !). Cette apogée était tant scientifique - astronomie, médecine, etc. - qu'en termes de sagesse et de spiritualité, synthèse et bien au-delà des 3 grandes religions qui là encore l'ont construite.

Commençons par le point-phare de la ville, son chef-d'oeuvre absolu : la mosquée-cathédrale. Agrandie par 3 ou 4 fois par les califes successifs pour contenir la forte attractivité de la ville, puis modifiée par les rois catholiques pour y ajouter en son centre une cathédrale faisant entrer la lumière, c'est un endroit unique. Les doubles arcades qui semblent s'aligner presqu'à l'infini permettent aux colonnes graciles récupérées de maisons et temples romains de supporter tout le poids de cette immense structure. J'ai eu la chance de la visiter deux fois : avec une guide passionnante pour 4h de découverte à travers la ville et son histoire ; puis seule et loin des foules pour mieux ressentir l'ampleur et la profondeur d'une telle création, voulue comme un lien entre la terre et le ciel et un appel à l'unité en chacun. Que dire de plus...peut-être ce magnifique commentaire entendu autour d'une maquette de l'Alhambra, aisément transposable : "L'Alhambra est seulement un signe de la beauté qui nous est promise. [...] L'avenir, comme tous les gouffres, nous donne le vertige. L'Alhambra appelle en nous ce bienheureux vertige."

Le 2ème "monument", le poumon de la ville, ce sont les patios, ces havres de paix et de fraîcheur que l'on aperçoit derrière chaque porte ouverte en particulier dans la Juderia, le quartier juif classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Tout comme mon premier hébergement, ils sont construits autour d'une cour centrale sur laquelle s'ouvrent des arcades dispensiatrices d'ombre et des murs peints de blanc, pour certains recouverts des fameux pots bleus (couleur qui repousse les insectes) emplis de géraniums ou autre fleur à couleur exhubérante et rafraichissante.

J'apprends d'ailleurs que le célèbre concours annuel des patios est tout proche...Cette information commence à éclairer ma lanterne : j'étais en effet surprise d'avoir eu des difficultés à trouver un hébergement, pourtant un bon mois et demi à l'avance. C'est qu'en fait la fin du mois d'avril et surtout le mois de mai sont le moment de toutes les fêtes, avant l'arrivée des chaleurs écrasantes : le concours des patios donc, et aussi celui des croix - concurso de las cruces - qu'on peut voir et entendre un peu partout : d'énormes et magnifiques croix recouvertes de fleurs fraîchements coupées, avec à leur pied une buvette. Les cris de joie s'entendent jusque tard dans la nuit...encore une anecdote : les croix étant souvent et logiquement à côté d'églises, il est tout à fait possible d'assister à une de ces fêtes perpétuelles, colorées et bruyantes (dans le bon sens du terme, car joyeuses !) simultanément à un office religieux monocorde (pour un mariage par exemple car c'est la haute saison aussi). Et curieusement ce qui devrait paraître contradictoire - le recueillement et les cris, la souffrance surexprimée du Christ ou des martyrs tordus de douleur pourtant source de toutes les célébrations et débordements de vie - "passe" très bien, tant la culture est forte. On peut en rapprocher les corridas, tradition encore très vivace d'ailleurs visible à la grande feria fin mai (où là ça passe moins bien dans mon cas, attention vidéo traumatisante au museo taurino - je l'ai bien cherché !)

En alternative à cela, j'ai pu assister à une procession dans les rues (très typique !), à un magnifique spectacle équestre aux écuries califales et...aller au hammam. Eh oui ça me faisait un peu rêver à force d'en visiter des vestiges, d'en voir des illustrations, etc...je me suis donc retrouvée baignée et massée dans la moiteur d'un hamman oriental (celle que j'imaginais du moins), sous des voûtes probablement multicentenaires voire millénaires, qui sait ? - car il existe encore près d'une centaine de hammams conservés à Cordoue, actifs ou non. Toute une expérience...

Enfin s'il y a un monument à visiter en-dehors de la Juderia, ne pas manquer le palais de Viana aux nombreux patios et objets d'art historiques recueillis par son ancien propriétaire passionné.

Voilà, il est temps de repartir. La page touristique se tourne...heureuse d'avoir pu essayer de comprendre par toutes ces découvertes un peu de ce chemin qui m'attend. Je partirai demain matin, après un ultime retour à Séville ce soir.


La mosquée-cathédrale. Noter sur la 3ème photo comment les arcades musulmanes ont été "récupérées" pour en faire une chapelle 
Les patios, parfois bien gardés -cf. Chatina la mimine et Jacko le gros chien. J'ai même vu une fille déguisée en pot de fleurs !
Quelques exemples de croix du concurso de la cruces
Vues de la ville avec le rio Guadalquivir, et de l'extérieur de la mosquée-cathédrale 
Alcázar (mosaïques et jardins), église mudejar, murailles arabes, maison andalouse, écuries, temple romain, palais de Viana
Une procession, avec prêtre, fanfare, etc. 
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Bonjour à tous,

De premières impressions sur ce chemin appelé Via de la Plata : les 2 premières étapes jusqu'à Guillena puis Castilblanco de los Arroyos étaient assez courtes, moins de 20km, et permettaient de se "tester" (dans mon cas cela restait plus qu'utile avec un sac nettement plus lourd que lors des marches précédentes). Le premier jour fut un peu perturbé, mais la marche ne posait pas de problème, excepté la sortie de Séville. Un point marquant est l'antique ville romaine d'Italica à Santiponce, un incroyable musée à ciel ouvert où l'on peut imaginer la puissante ville de jadis, avec imposant amphithéâtre, maisons romaines richement décorées de magnifiques mosaïques... Puis ce sont des kilomètres et des kilomètres en ligne droite à travers champs, sans aucune ombre ni point d'eau, un désert humain assez représentatif semblerait-il de ce qui arrive par la suite...heureusement la température du matin est très supportable, et même idéale avec un petit vent bienfaisant. Aujourd'hui le paysage était très différent, avec tout d'abord les collines d'oliviers (l'huile d'olive jouit ici d'un véritable culte), puis la traversée d'un superbe parc naturel foisonnant de végétaux inconnus, au milieu de douces collines verdoyantes.

Nous sommes une dizaine (ou un peu plus peut-être) de pèlerins à pieds - beaucoup de cyclistes ont "disparu" aujourd'hui - si bien que les têtes commencent déjà â être familières d'autant plus que nous ferons sans doute à peu près les mêmes étapes : Julia la canadienne, Aidn l'irlandais, Ivan le belge, Myriam la hongroise...tous vont jusqu'au bout, Santiago. L'ambiance est calme, à l'image du chemin jusqu'à présent - d'une grande quiétude.

Et voici la petite histoire de chemin du jour : ce matin vers 8h, j'entends un miaulement au bord du chemin. Dès que je m'arrête, un tout jeune chaton grelottant sort des buissons humides et vient dans mes pieds. Il a dû sentir que je ne pourrais pas le laisser ainsi...le voici donc qui se laisse transporter tout content pendant quelques 500m jusqu'à la prochaine maison (invisible au départ -il fallait y croire !!) dont la cour est...remplie de chatons. Ils ont l'air heureux donc l'abandon ne doit pas venir de là. Les propriétaires étant visiblements absents ou pas encore réveillés, je me décide à y laisser le petit minet qui se dirige aussitôt vers ses congénères. Certainement, les personnes auront la présence d'esprit d'appeler la SPA locale, au minimum...et au mieux une adoption ? 😃

En repartant juste après, j'entends un klaxon insistant : c'est pour moi, un généreux conducteur qui de loin me voyait m'égarer, me remet dans la bonne direction...

A suivre...

Santiponce, ancienne Italica : son amphithéâtre et quelques-unes de ses exceptionnelles mosaïques - tout est ouvert ! 🙂
Chemin représentatif du 1er jour 
Et la première albergue à Guillena, très "camino" 
Le chemin du jour, à travers les collines d'olivers et les végétaux originaux, d'une grande quiétude
Et l'albergue municipale de Castilblanco de los Arroyos
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Bonjour à tous,

Eh oui, je me pose des questions...après une étape extraordinaire : magnifique et d'une grande solitude méditative au milieu des millions de fleurs de la Sierra Norte. Quasi-indescriptible. Cela renforce le sentiment que j'ai depuis hier : j'ai besoin de quitter peu à peu les habits du randonneur-reporter pour ceux du pèlerin, ce qui implique peut-être - mais qui sait ? - une pause dans mes écritures ici. Il ne faudra pas vous inquiéter, c'est sans doute que tout ira bien 🙂.

Le déclencheur a été l'insatisfaction que j'avais après le texte d'hier : est-ce ce que je veux vivre et transmettre ? Et sinon, quoi ? Comme toujours, d'un mal (très relatif) est ressorti un bien et Saint-Jacques, l'univers ou quel que soit le nom qu'on lui donne, a pourvu. Ainsi le soir même en feuilletant une revue au gîte, je tombe sur un texte splendide qui me renvoie à tout ce que le Chemin m'a donné de plus juste et vrai. Et pour que le message soit encore plus clair, y est évoqué un lieu pour moi hautement symbolique du Camino Francés, car l'énergie y était très forte : Castrojeriz, avec les ruines du couvent de San Antón et le magique Hospital del Alma, seul endroit où je suis restée une nuit de plus. Puis aujourd'hui cette étape...Je remercie pour tout cela 🙂.

Avant de partir, voici quand même la fournée de petites histoires - je ne peux pas m'en empêcher ! - : l'hospitalier d'hier que je croise très improbablement aujourd'hui alors que je regrettais de ne pas lui avoir dit au revoir ni remercié correctement pour toutes ses attentions aux pèlerins ; un couple de français que je ne reverrai sans doute pas et dont la dame est originaire de La Rochefoucauld en Charente - comprenne qui pourra ce clin d'oeil du destin ; un pèlerin espagnol très renfermé et supersonique que je retrouve bavard et plus lent que moi - l'explication tient sans doute à la pèlerine à côté de lui...

...voilà, je vous dis donc à bientôt, très bientôt peut-être. Quand même, sentez-vous libres de m'écrire si vous le souhaitez, je serai là. Bons chemins à tous en attendant, je vous quitte sur le texte et les photos du jour 🙂

J'espère que ces quelques images transmettent un peu de ce que l'on ressent en traversant un tel paysage, au 3ème jour de marche 
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Bonjour à tous,

Eh bien me revoici ! Pour vous dire que tout va bien 🙂...et finalement vous redonner aussi un petit "rapport de marche" assez factuel - à bien lire jusqu'au bout ! Vous comprendrez pourquoi 😉.

Je suis actuellement en Extrémadure, à Cruce de Las Herrerias, petit village (plus très loin de Cáceres) que j'explorerai je l'espère ce soir...si je ne décide pas de laisser les pieds au repos ! En effet, ils sont quand même fatigués par des étapes qui testent l'endurance, jusqu'à présent beaucoup d'interminables lignes droites de pistes larges et plates, voire de bords de grandes routes, à travers des champs au paysage monotone et sans ombre...sans doute un des types de chemin les plus éprouvants pour moi...confirmé par les autres pèlerins. Bien sûr il y a des jours différents ! Comme aujourd'hui à travers un magnifique parc naturel à nouveau 🙂, et sur la route des villes et villages d'histoire et de culture. Et puis la suite va semble-t-il être différente...Il faut aussi être prêt à de longs passages sans eau ni ravitaillement, et à des étapes de plus de 30 km (même s'il est possible de couper). Si cela peut paraître tout à fait faisable pour certains, le soleil est l'élément capital qui guide tous les choix : actuellement la chaleur est déjà forte à 10h, elle devient brûlante à partir de 11h et il peut être dangereux de marcher à partir de midi, ce qui demande donc de partir tôt - à 5h30 nous sommes tous dehors malgré l'absence de lumière (le jour se lève quasiment une heure plus tard qu'en France actuellement). La chaleur ne tombe pas avant 8h ou 9h le soir voire plus tard, on imagine la difficulté à vivre dans cette région en été, ce que les habitants disent bien d'ailleurs... Donc pour ceux qui souhaitent se lancer dans cette aventure, je recommanderais de partir de Séville à peu près comme je l'ai fait, début mai au plus tard, pour éviter les pluies diluviennes de l'hiver et les énormes chaleurs de l'été. Enfin il est intéressant de noter que la présence du sacré sous son aspect humain - tous ces hommes des tenps anciens qui ont mis sur le chemin leur foi, leurs espoirs et leur vie - est peut-être moins sensible qu'ailleurs, car c'est une ancienne voie romaine que nous suivons et dont je ne suis pas sûre qu'elle ait eu les attributs d'un pèlerinage. Rappelons que les musulmans ont occupé le sud de l'Espagne jusqu'au 15ème siècle, alors que l'apogée du pèlerinage chrétien vers Compostelle était au 12ème-13ème siècle...Enfin la dimension sacrée de la nature est pour moi difficilement sensible à travers des champs infinis, heureusement les parcs naturels sont là pour la rappeler 🙂.

Tout cela peut faire penser que je n'apprécie pas ce chemin...eh bien SI !!! Incontestablement, et comme tous les autres. Les rencontres (nous sommes maintenant 20 à 30 de tous les pays sur une même journée, et il y a aussi les hospitaliers qui ont souvent beaucoup à dire et toujours intéressants), la marche elle-même, enfin ce chemin qui a bien son identité et ses merveilles, et qui trace sa voie dans l'esprit et le coeur - malgré ce que je viens d'écrire et qui n'est que LA SURFACE des choses...surtout destinée à préparer ceux qui seraient tentés, ce qui était aussi bien l'objet de cette petite écriture du jour.

Et pour terminer voici ci-dessous quelques photos...à bientôt !

 Cheval immobile attendant la caresse du pèlerin matinal - parc naturel
 Un chemin représentatif - noter ici les belles fleurs en bordure
Lever du jour sur un parc naturel 
Le pont romain de Mérida, aux innombrables vestiges de cette époque (patrimoine mondial Unesco) 
Mérida : amphithéatre, temple et aqueduc romains 
Vue représentative d'un village d'Andalousie/Extrémadure, aux façades blanchies
Ma première baignade, à 6h30, avant le lever du soleil, l'eau est entre 20 et 25°C. C'est le seul vrai point d'eau rencontré.
Les fleurs et le parc naturel du jour (pas beaucoup d'ombre non plus)
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Bonjour à tous,

Me voici donc dans cette ville magnifique de Salamanque, après avoir suivi des chemins non moins magnifiques. Je remercie mes pieds, tout mon corps, mon esprit et l'esprit du chemin tout autant que les autres pèlerins de m'y avoir amenée. Comme tous, j'ai puisé dans mes réserves d'énergie - pas d'inquiétude cependant, tout va toujours bien 🙂.

Il est déjà temps d'aller dormir en prévision du lendemain...Je vous laisse donc sur ces quelques mots un peu courts, mais les photos parleront bien mieux je l'espère 🙂.

D'ici la prochaine fois, je vous souhaite à tous de poursuivre vos chemins d'une façon aussi riche et sensible que cela peut l'être ici...A bientôt !

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Bonjour à tous,

Me voici arrivée à Lubián, tout près d'entrer dans la dernière partie du chemin, la Galice de Saint-Jacques-de-Compostelle. Je suis désormais le Camino Sanabrès, une bifurcation vers l'ouest de la Via de la Plata.

.Je vais toujours bien, avec un rythme un peu ralenti depuis quelques jours pour m'assurer d'arriver au bout sans encombre. Les jours sont nettement plus frais voire froids, la pluie s'invite à l'approche des montagnes de Galice, la Bretagne d'Espagne où l'architecture et la nature sont bien différentes, et que je reconnais maintenant très bien 😉.

Pour le reste, les mots me manquent toujours un peu pour décrire ce que l'on vit, traverse et partage au jour le jour, chaque jour nouveau et différent, chaque jour un peu plus "remuant" intérieurement...C'est bien à l'image du chemin et de toutes ses variations, ses hauts et ses bas. Quels qu'ils soient ces hauts et ces bas, à chaque instant reste présente l'immense gratitude d'être ici à les accueillir les uns après les autres pour les vivre pleinement🙏. Et comme est vraie aussi cette phrase, plus spécifiquement reliée à la marche : "le miracle n'est pas de voler dans les airs ou de nager dans les mers, mais de marcher sur la terre."

A bientôt, peut-être pour le terme de ce chemin, peut-être avant...

Plein de bonnes choses à tous

NB : j'ai passé un des anniversaires (1er juin) les plus originaux et mémorables de ma vie : à marcher sous une pluie battante en Espagne, puis fêter dans un petit bar de village où les tenancières ayant compris l'occasion m'ont offert une grosse part de gâteau fait maison...gratitude, encore 🙂




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Bonjour à tous,

Au bout de 1000km à pieds (environ), je suis arrivée hier à Saint-Jacques-de-Compostelle ! Ici les premières images, en attendant la "digestion" de toute cette aventure...qui se poursuivra peut-être demain vers Finisterre/Muxia, l'océan et la fin du monde pour les anciens pèlerins ; ce serait mon deuxième passage après 2014, belle manière de clore cette longue pérégrination...

A bientôt pour la suite...


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Partie 1 : le chemin ; partie 2 : l'arrivée à l'océan /Finisterre ; partie 3 : Muxia 

Bonjour à tous,

Voici donc ci-dessus les derniers instants, jusqu'à Finisterre où meurt l'homme ancien, celui qui est parti, puis Muxia où renaît celui qui va rentrer.

Des retrouvailles pour moi, notamment avec l'eau de l'Atlantique...vivifiante !

Je suis maintenant et comme à chaque fois la dernière à rester à Santiago...Et pourtant je sais très bien à quel point la "roue des pèlerins" tourne, avec cette sensation immanquable qu'il est temps de laisser la place aux suivants.

Prochaine étape d'ici les prochains jours : l'Italie où m'attend la Via Francigena menant au 2ème grand pèlerinage d'occident, Rome - après avoir visité les camarades italiens du chemin (les plus représentés avec les français et les espagnols), d'où pas mal de trajets à prévoir...

Le chemin continue !

A bientôt pour la suite

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Bonjour à tous,

Après une longue pause je viens d'arriver à Pavie, mon point de départ pour la Via Francigena en Italie (plus facile à rallier que le col du Grand-Saint-Bernard à la frontière suisse). Cela m'ouvre tout de même 750km et une trentaine de jours de marche jusqu'à Rome, en solitaire, toujours...🙂 Il semblerait que cette voie soit très fréquentée actuellement, même si les soeurs m'ont indiqué que nous ne serions que trois à l'auberge ce soir - je n'ai encore vu personne, à suivre.

Avant donc, pause, pendant laquelle je ne suis pas restée inactive... D'abord à La Corogne en Espagne puis en Italie du nord autour de Brescia, Trente et Bergame (je vous laisse découvrir les photos) chez mes grands camarades italiens du chemin, Roberto, Diego et Piero - un immense MERCI ne saurait suffire pour tout ce qu'ils m'ont apporté, leur hospitalité et surtout leur amitié si prévenante tout au long de ces jours de marche et après - gratitude à vous 🙏🙏🙏.

Ils m'ont aussi permis la transition au sortir de la Via de la Plata, cette fameuse digestion que je connais bien, d'autant plus en changeant de pays. Tout d'abord au climat océanique de Galice avec ses 17°C de maximale, froid et pluie, a succédé un climat modérément continental à plus de 30°C et jusqu'à 41°C prévus la semaine prochaine...sensation d'étouffer et retour des douches froides oubliées depuis l'Estrémadure. Puis évidemment il y a une autre langue à apprendre, du moins les rudiments pour "survivre" sur le chemin dans un premier temps. Enfin les paysages, l'architecture (des peintures partout ! 🙂), la culture, etc. tout est quand même autre et appréhender la couleur locale en étant bien accompagné est inestimable.

Tout ce remue-ménage interne a fait que même si je voulais rester discrète, ces derniers jours je ressens de plus en plus le besoin de saluer une dernière fois - mais je compte bien vous suivre de loin ! - les autres pèlerins de la Via de la Plata qui ont laissé une forte empreinte sur mon chemin : Sébastien aux passionnantes aventures toutes plus improbables les unes que les autres - effets de limites poussées à l'extrême presque malgré lui -, phénomène hors-norme en tous points (si tu me lis...grande estime et amitié pour toi 🙂), Pepe - "Oleee, corazón !" 😉 - symbole de liberté et autre phénomène parti de chez lui à Cadix avec son vélo, sa tente et son chien Yaco la vedette incontestée du chemin, Christian aux 45000km en 8 ans et à l'humanité sans faille - qui a dit phénomène...encore ?! -, Emilio de Barcelone et Ivan de Belgique, les pèlerins fil rouge à la présence si rassurante chaque soir, Franceline et nos échanges suivis et riches, son mari Loïc, Maryse et Michel et Marie-Thérèse les "fils rouges du Sanabrèse", Julia la canadienne, première et dernière pèlerine rencontrée par une assez incroyable contorsion du destin, Meya et Thierry de Namur... Il y a eu aussi Eliana qui a occupé une place originale et importante dans mon chemin, et Pier, deux autres italiens du groupe, Guillermo, Angel et Carlos d'Espagne, les 3 allemandes dont je n'arrivais pas à retenir les noms (et après un certain temps à se croiser...il devient trop tard pour redemander ! 😉) mais qui étaient fidèlement au poste chaque soir, toujours les premières car en bus sur les fins d'étape - c'est de bonne guerre - Ana l'allemande, Myriam la hongroise, Salvatore, Kim la coréenne, Fred l'éducateur spécialisé et arpenteur du monde surtout en montagne, Meg et Kathleen les américaines, Emma l'anglaise, Aydn l'irlandais, Sylvia et Lukas du camino Finisterre, Simone le cuisinier "secouriste" italien, Pablo...et tant d'autres encore avec qui j'ai échangé au détour d'un chemin ou d'une albergue, puis perdus au fil d'étapes différentes.

Merci à tous et bon vent, et qui sait avec la magie du camino ???

Hasta luego España y Ciao Italia, la suite peut s'écrire désormais, toujours plus loin... ULTREÏA !

A bientôt

La Corogne :  plage du Riazor et feux de la Saint-Jean, phare romain (le seul en fonctionnement au monde) et l'adieu à Santiago
Brescia et son duomo (équivalent de cathédrale) "moderne" et antique 
Brescia : lac d'Iseo, son île Monte Isola et ses montagnes environnantes, village d'Iseo
Lac de Garde : plages, île de San Biagio, village de Limone (très touristique) , passerelle suspendue
Monastère de la région de Brescia 
Trente : duomo, château, églises et rues 
Trente : val de Cembra jusqu'au refuge de la Torre de Pisa et retour 
Trente : à proximité de Mezzocorona, marche et via ferrata jusqu'à une cascade magique au coeur de la montagne et retour
Dolomites de Brenta, 1700m de dénivelé (plusieurs sommets) jusqu'à la Cima Croz Dell'Altissimo et sa vue sur le lac de Molveno
 Bergame : cité de Lorenzo Lotto (célèbre peintre), duomo, palais Moroni, funiculaire, églises,...
Pavie : cathédrale, ponte Coperto au-dessus du Tessin, l'impressionnante université, la credenziale du pèlerin et l'auberge
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Bonjour à tous,

Je profite de ma solitude en ces deux premiers jours - quel changement après l'Espagne ! Et risque COVID minimum 😅 - pour vous partager quelques impressions.

J'ai donc débuté au sein de la plaine du Pô, la pianura Padana, redoutée du pèlerin pour ses faux airs d'Andalousie/Estrémadure : longues lignes droites et plates à travers champs sans ombre et sans eau, etc. Cela devrait vous rappeler quelque chose...si ce n'est que la chaleur de juillet est encore plus intense et que les moustiques (très agressifs) s'invitent à la fête ; à midi la journée de marche est donc finie et la bombe anti-moustiques entre en action. La sécheresse est telle que l'état d'urgence hydrique a été déclaré dans les villages. Ceux-ci sont assez différents de l'Espagne, sans que je ne sache encore bien expliquer en quoi.

Après avoir croisé 4 pèlerins hier dont 2 à vélo, tous allés plus loin malgré mes 30 km (sans doute pour terminer au plus vite cette fameuse plaine du Pô), je suis donc aujourd'hui totalement seule, ce qui est appréciable aussi.

L'aspect le plus marquant revient aux auberges, où pour l'instant et même si je n'en ai vues que trois, je retrouve une atmosphère très particulière liée au pèlerinage. Il y a certes la présence de la Bible, de livres du chemin, d'ornementations religieuses. Mais il y a encore autre chose, qui me rappelle les auberges de la voie de Vézelay, comme si ces voies moins fréquentées conservaient quelque chose de plus artisanal, les gîtes étant (très bien) gérés et entretenus par les paroissiens ou les communautés religieuses, et situés dans des lieux qu'on devine chargés de présences du passé. Ainsi l'auberge du jour, qui aurait hébergé vers 990 Sigéric de Canterbury à l'origine du premier écrit détaillé de la Via Francigena (si j'ai bien compris ! Quoiqu'il en soit le bâtiment est très ancien), dans le minuscule et pourtant impressionnant hameau quasi-fantôme de Corte Sant'Andrea, est un lieu que je n'oublierai pas...

Enfin une petite histoire de chemin : ces premiers jours ressemblent d'autant plus à ceux de la Via de la Plata que j'ai à nouveau pu "sauver" un animal en détresse (cf étape 7 du MyAtlas). Cette fois-ci : une tortue. C'est original, ça pèse plus lourd qu'un châton et ça s'agite moins. Perdue au milieu de nulle part, la voici portée 2 km plus loin au village où un gentil cycliste l'accepte dans son panier, direction la maison d'un dame à tortues. En voilà une qui aura utilisé tous les moyens de transport pour faire son propre pèlerinage, pas très "réglo" tout ça...😁

Et voilà ! Aurais-je l'impression d'une histoire qui se répète ???

A bientôt...

NB : bon 14 juillet à tous ! Et bonnes vacances à ceux qui partent

Chemins représentatifs. Malgré l'eau d'irrigation, caractéristique de la plaine du Pô, l'heure est à une grave sécheresse
La tortue 
L'auberge de la compagnia di Sigerico, à Corte Sant'Andrea, où un immense arc a été érigé par le roi de Belgique... 
Qu'il est agréable de faire une sieste sous ce plafond (église de Santa Cristina e Bissonne), seul lieu un peu plus frais 
C'est nous tous ! Le symbole de la Via Francigena 
Le Pô, le soir à Corte Sant'Andrea 
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Bonjour à tous,

Je profite de la présence (relative) d'internet pour faire un point d'étape.

Comme vous l'avez compris au titre, la Via Francigena a eu raison de moi : trop chaud (très difficile de dormir), trop d'asphalte, trop plat, seule pèlerine à cheminer, difficultés à communiquer (même si mes niveaux de compréhension et d'expression italiennes ont fortement évolué depuis !)...tout cela a peu à peu vidé le chemin de son sens. Je rêvais jours et nuits de montagnes, et pourtant l'idée de quitter l'Italie ainsi était un crève-coeur.

L'univers est toujours bienveillant pour ceux qui sont à l'écoute. Un soir où je confie mon désarroi à un hospitalier, celui-ci m'apprend que le lendemain à Berceto, à 8km de là, le chemin croise le Sentiero 00 qui parcourt toutes les crêtes des Apennins à la frontière entre Emilie-Romagne au nord et Toscane au sud, sur 500km : montagnes d'altitude moyenne sur la première partie - 2120m pour le plus haut sommet que j'ai croisé -, faible sur la seconde - inférieure à 1000m - et accessibles à tous. Avec tout de même des dénivelés importants de 1000 à 1500m par jour et des passages bien sportifs de via ferratta pour ceux qui le souhaitent.

A partir de là, changement incroyable ! Tout trouve sa place, la nature, la solitude, l'immensité, la force et la pureté de la montagne face à laquelle on se sent une minuscule et faible poussière, mais une poussière à sa juste place...je ne peux malheureusement pas mettre de photos pour mieux vous faire mieux ressentir cela, peut-être plus tard.

Il y a aussi la générosité et le sens de l'hospitalité de ceux qui la peuplent. J'ai pu par exemple marcher un jour et demi avec un ancien guide environnemental, skieur de haut vol et instructeur, ayant étudié la philosophie (!) et qui à 75 ans est capable de marcher une dizaine d'heures et d'escalader des via ferrata sans baudrier, tout en gardant un constant intérêt et émerveillement pour sa montagne qu'il connaît sur le bout des doigts, et toutes les montagnes...grand respect. Les refuges ont une toute autre "saveur", humaine mais aussi matérielle, parce qu'ici toutes les ressources sont rares : eau, électricité, internet...l'eau en particulier prend une valeur immense lorsqu'une économie constante est nécessaire. Décevant à côté de cela de constater en des lieux si incroyables la présence de déchets - les randonneurs passent leur temps à se moucher et aller aux toilettes il faut croire... Pour rendre un peu à la montagne ce qu'elle me donne, je la nettoie donc - à petite échelle ! déjà plusieurs sachets remplis.

Je suis ce soir à San Pellegrino di Alpe (pas celle de l'eau), clin d'oeil d'un destin encore bienveillant, car il s'agit d'un lieu de pèlerinage immémorial où règne une atmosphère très particulière. On imagine l'effet produit, conjugué à celui de cette montagne que je côtoie au plus près depuis une semaine...

Je ne sais pas encore jusqu'où j'irai dans cette traversée des Apennins, peut-être même reviendrai-je en arrière jusqu'à ce que je sente venu le moment de partir...il n'est pas encore temps.

A bientôt !

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Bonjour à tous,

me voici donc revenue "sur la terre ferme", après plus de 3 semaines dans les Apennins, aller-retour au-dessus des 1500m. Quelle aventure, j'ai l'impression d'y avoir un peu tout connu...et je peux maintenant vous en partager quelques photos.

De retour sur la Via Francigena, je suis à Pontremoli à l'entrée de la Toscane (Lunigiana), où le contraste avec les étapes précédentes est assez impressionnant - et favorablement !

La montagne est cependant toujours présente pour moi, puisque demain soir je repars pour 4 jours dans les Alpe Apuani, un peu en marge du chemin et à la physionomie semble-t-il très différente de celle des Apennins.

Je fais court pour laisser la place aux photos - à suivre...

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Bonjour à tous,

De Sienne, à une douzaine de jours de Rome. Car je devrais arriver à Rome ! Ce qui n'était pas du tout évident au vu de mes hésitations...dues à deux grandes raisons : d'abord, d'avoir accompli juste avant ce qui pour moi est LE grand pèlerinage, à Compostelle, j'ai sans doute moins investi celui-ci au début ; ensuite car l'appel de la montagne est resté très puissant...mais à quoi tiennent les choses : cette fois-ci un temps défavorable qui m'a fait renoncer aux Abruzzes auxquelles je pensais...

Ce choix désormais définitif de Rome a eu pour effet de me mettre vraiment en chemin vers le but - il a fallu du temps pour qu'il prenne enfin son sens !

Je traverse donc maintenant la Toscane, dont les collines et la lumière me font un peu penser à la Charente - en toute impartialité, un gage de beauté 😉. L'arrivée à Sienne est majestueuse et la ville extraordinaire. J'y suis restée une journée, car elle est digne d'une fin de chemin...d'ailleurs beaucoup de pèlerins (apparus depuis le sud des Apennins), pour l'immense majorité italiens partis pour 1 ou 2 semaines en ce mois d'août, en ont fait le terme de leur cammino. D'autres pèlerins y débuteront sans doute ! Ces changements de visages sont aussi un autre aspect qui diffère de l'Espagne et crée un certain sentiment de discontinuité, avec des phases très marquées - ce n'est pas mieux ou moins bien, simplement différent.

Et voici quelques photos ; une sélection difficile tant à les revoir je réalise le nombre de villages et paysages traversés...Quelle chance incroyable...

A bientôt !

Magnifiques Alpes Apuanes (un peu défigurées par les carrières du si beau marbre de Carrare)
Villages et paysages entre Pontremoli et Lucca - il y a aussi eu la mer !
Lucca 
Entre Lucca et Sienne - dont San Miniato, San Gimignano,...
Sienne 
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Et voilà !!!

Arrivée à Rome le 8 septembre, quasiment 2 mois après le départ de Pavie...ce qui en fait, en temps, mon deuxième plus long chemin. Très curieux par ses sorties de route, ses changements incessants et une légère sensation de décalage qui m'a accompagnée presque tout du long (sauf...je vous laisse deviner où 😉), toutes choses nouvelles pour moi ; et malgré tout : l'objectif a été atteint ! Belle leçon et belles rencontres, encore - ça valait indéniablement la peine 🙂.

Pour ce qui est des environnements traversés depuis Sienne : j'ai été très surprise par le Lazio, la région de Rome, que je conseillerais en priorité à ceux qui ne savent pas par où aborder l'Italie et ses infinies merveilles. Tout y est : beauté, authenticité, art, histoire, nature...sans oublier les immenses plantations de noisetiers, car nous sommes dans le royaume de la famille Ferrero et son Nutella !

Encore une fois je fais court car tout cela est en phase de décantation. Et maintenant ? Je vais revenir quelques jours à la montagne pour me ressourcer, avant d'entamer le lent retour vers la France...

A bientôt !

NB : vous noterez que malgré le titre de l'étape, il y a peu de photos de Rome car ce seraient toutes les plus connues. Bien sûr si vous les réclamez je complèterai 😉 Et un conseil qui peut paraître évident si vous visitez la ville : prenez une longue visite guidée du Colisée/forum/Mont Palatin, une extraordinaire plongée dans l'histoire et la source de notre civilisation qui ne peut laisser indifférent...


San Quirico d'Orcia, Bolsena, Montefiascone, Viterbo, Capranica, Sutri, Rome
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Bonjour à tous,

De retour en France, en Charente et après plus de 2000km de marche, il est temps de clore ces 6 mois fantastiques par une vingtième et dernière écriture...

A nouveau, les mots me manquent un peu. Comme à chaque fois, je me demande comment transmettre ce qui a été vécu, cette vie si dense et intense passée au rythme lent de la marche...

Par ce carnet en tout cas mon souhait était, outre de donner quelques nouvelles, d'apporter un peu de l'émerveillement et du souffle dont nous avons tous besoin pour garder les yeux ouverts et brillants. J'espère qu'il a été atteint.

Et maintenant ne me reste plus qu'à vous dire - pour de vrai - à bientôt !

Emeline

Dernier coucher de soleil sur les Apennins