Carnet de voyage

À bicyclette sur les routes de France

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Dernière étape postée il y a 644 jours
Par Elsa16
Découverte de la France, de voies vertes en véloroutes !
Mai 2022
50 semaines
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Ça y est, on part de Clermont-Ferrand !

Après presque deux ans de réflexion et d'envies de voyage à vélo, d'apprentissages mécaniques, de recherches de vélo et autres séances de kiné, me voici partie sur les routes de France, avec mon camarade Maxence !

Au revoir le Puy-de-Dôme, on prend la route direction Nevers 🚲

Au premier plan, Maxence, Mike le VéloBike et Bernadette la bicyclette. Au fond, notre fier Puy-de-Dôme !
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Première journée, premières grimpettes, on s'habitue à nos montures, et on rejoint dans la bonne humeur la véloroute du Val d'Allier, que l'on va emprunter vers le nord, en direction de Nevers.

Une belle journée ensoleillée, qui nous amène du côté des Martres d'Artières, au bord du lac de Joze, pour une belle nuit de bivouac, bercés par les canards et les grenouilles.

Le Puy-de-Dôme est encore là, tout là-bas, au fond !
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Ça y est, on commence à s'acclimater au voyage.

Lever à 8 heures, Maxence a mal aux fesses, mais on remonte en selle pour une nouvelle journée.

Il fait beau, la vie est belle, les oiseaux chantent, les serpents tombent du ciel (véridique !), le vent se lève, et on le prend de face, bien sûr.

La chaîne des puys s'éloigne doucement derrière nous, et la journée passe vite, sur des petites routes au milieu de cultures maraîchères et de petits villages.

Arrivés à Puy Guillaume, on décide de quitter la voie pour aller visiter Chateldon, petite ville de caractère. Mais sur la route, on trouve un étang parfait pour la nuit. Chateldon attendra !

On trinque à cette nouvelle journée, on monte la tente et le hamac, on règle les freins pour demain, et on profite d'une belle soirée en musique au bord de l'eau.

L'étang des grands graviers, spot idéal pour la nuit.
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Publié le 29 mai 2022

Bonne grasse matinée après une nuit frisquette. Au réveil, l'étang est calme et magnifique, les grenouilles croassent, et on prend le temps d'émerger et de profiter de l'endroit.

On reprend la route, le vent toujours de face, accompagnés de nombreux rapaces qui volent au dessus de nous.

La route se fait vite jusqu'à Vichy, on commence à prendre le rythme ! On rejoint Magali dans son bel appartement, et Nuch qui nous a fait la surprise de la rejoindre. Petite bière en terrasse, repas indien, belle soirée avec les amis, douche et lessive bienvenues, et on s'écrase dans le canapé pour la nuit !

Nuch, Max, Gali et moi, au Bureau !
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On profite du canapé de Gali pour faire une grasse matinée, et profiter un peu du confort ! Il est midi, Max n'a pas eu son café, donc on se met en quête d'un petit troquet et de pains au chocolat.

Petit tour dans Vichy. On visite les sources, on goutte les eaux, on flâne dans la vieille ville, on recherche les traces de l'Occupation. C'est très mignon (Vichy, pas les nazis..) !

On laisse Gali, Nuch et 3 kilos de bagages, et on reprend la route sur les coups de 17h, sur une agréable voie verte de sable qui longe l'Allier. La route se fait toute seule, entre les étangs, la rivière et la verdure très présente. Après une belle grimpette finale, on débouche sur Billy, petit village médiéval. On se tâte à dormir au pied de la forteresse, mais on finit tout de même par redescendre au bord du fleuve, monter le campement.

L'humidité et le froid s'installent, la fatigue se fait sentir, et on se réfugie dans nos duvet pour une bonne nuit de sommeil.

Les sources de Vichy
La forteresse de Billy
Billy by night
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Réveil à 8h au bord de l'eau, départ 2 heures plus tard !

La petite route n'est pas magnifique, beaucoup de grimpettes, pas de panneaux, des villages sans charme.. Ce n'est pas la plus belle journée !

Arrivée à Saint Pourcain, on s'offre un petit restau bien mérité, et on flâne dans les rues. C'est une petite ville de caractère, avec une très belle architecture. L'église particulièrement est magnifique, vestige de nombreuses époques et de styles, avec une voute boisée impressionnante.

Sur la place, on rencontre Mathis, Valentin et JP, trois cyclovoyageurs qui roulent à travers la France aussi, mais dans l'autre sens. On discute, on s'échange des spots de bivouac et des conseils gastronomiques. Ils reprennent la route, on s'installe en terrasse. Ce serait dommage de passer par Saint-Pourcain sans goûter un p'tit verre de vin !

On se pose finalement au camping, sur une petite île sur la Sioule, pour préparer la grosse étape de demain : 45km jusqu'à Moulins, avec un dénivelé positif... Aïe !

L'église Sainte-Croix de Saint-Pourcain
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Publié le 1er juin 2022

Petite pluie ce matin au camping de Saint-Pourcain. Pas de grosse chaleur en vue, le temps idéal pour pédaler !

Une grosse étape nous attend aujourd'hui : 45km, 5 heures, avec un dénivelé positif. Ce n'est pas exceptionnel, mais pour les débutants que nous sommes, c'est beaucoup !

La route est une alternance de montées sèches et de pentes raides. Maxence avale les montées en danseuse et dévale les descentes, tandis que je peine un peu plus dans les montées et que mes freins me lâchent dans les descentes..

La route est difficile, le soleil pointe son nez et nous apporte une grosse chaleur, mais les paysages sont superbes. On roule au milieu des vignes, on croise beaucoup de petits châteaux et de villages de caractère, c'est super beau ! Mais surtout, on croise Martine, qui nous offre une bouteille d'eau et tient à refaire le monde avec nous ! Adorable rencontre qui met du baume au cœur pour le reste de la journée.

On arrive à Moulins, très jolie ville vue du pont, avec ses deux clochers. On s'arrête chez Annick et son bar très convivial, pour boire une petite bière. On discute avec tout le monde, on prend pleins de bonnes adresses, et on reprend la route pour Yzeure pour la nuit.

Lyess et ses deux enfants nous accueillent en Warmshower (site qui met en relation des cyclistes sur la route et des cyclistes hébergeurs, pour créer un grand réseau de logements pour cyclovoyageurs). On est super bien accueillis, et la soirée se passe à discuter et à découvrir tous les souvenirs et anecdotes de voyage à vélo de Zélie, 12 ans, et Yonis, 13 ans.

Le village de Contigny
Magnifique forêt, juste avant Moulins
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Publié le 2 juin 2022

Une bonne nuit sur un vrai matelas, ça fait du bien !

On reprend les vélos jusqu'à Moulins, mais sans bagages ! Ça roule tout seul !!

On profite d'une journée off pour découvrir Moulins : petit café en terrasse, visite de la cathédrale et du sacré cœur, balade dans le vieux Moulins, dégustation de pompe aux gratons, et enfin, l'inmanquable Centre National du Costume de Scène, et son exposition toute neuve sur Molière.

La journée file à vive allure, et déjà, on doit retourner à Izeures où Lyess nous attend pour un atelier de réparation de nos montures. On a de la chance, notre hôte est trésorier de l'atelier d'auto réparation de vélos de Moulins, donc il connaît le sujet et a tout le matériel nécessaire à disposition. Mike retrouve un dérailleur qui passe les vitesses sans sauter, et Bernadette se fait faire une beauté au niveau des freins. Tout le monde est fin prêt pour reprendre la route.

Petit apéro, repas, et dodo. Demain, on part tôt !

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Les guides le prédisent en 3 jours, on pensait le faire en 2, et finalement, une seule journée nous aura suffit pour relier les 65 kilomètres qui relient Moulins à Nevers !!

Pourtant, rien ne nous y prédestinait. La pluie tombe au réveil, il fait gris, on se renferme dans nos duvets. À peine partis à 11h, la chaîne de Maxence se coince..

Et pourtant, la route est agréable, le dénivelé peu important, le temps sympathique, et à force de raccourcis, on rejoint la Loire, les premiers kilomètres de La Loire à vélo, et enfin, Nevers !

Douche, montage de tente, bière, et on sort en ville manger et trinquer à cette belle étape.

Maintenant, repos !!

Un Transformers, en bord de route
Le canal de la Loire !!!
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Nous voici de retour, après quelques jours passés à Nevers, ville de Sainte Bernadette ! Mike est jaloux...

À peine entrés dans la ville, on est étonnés par le nombre impressionnant de vélos que l'on croise avec des sacoches. Ça grouille de cuissards et de casques par ici !

Nevers est une petite ville sympathique et très jolie, avec beaucoup de beaux bâtiments historiques : une impressionnante cathédrale à deux autels, mi-gothique mi-romane, un château ducal, un palais épiscopal, des remparts...

Ce week-end, c'est la Fête de la Loire, donc on profite des concerts et des petits stands de producteurs et artisans locaux (surtout la brasserie Olieu, et sa bière au moût de raisin). On visite la ville, on se repose, on profite des petites siestes en bord de Loire, on ouvre nos bouquins, et on partage même une petite bière avec Ben, ami de fac de passage pour une soirée.

On passe deux nuits au camping de Nevers, puis on déménage vers un petit Airbnb car mon amoureux Séb nous rejoint. Maxence retrouve la joie de voir un film au cinéma, pendant qu'on flâne dans les rues avec Séb, tout le monde profite ! Séb reprend la route avec mes parents, de passage rapide à Nevers sur la route de retour de Clermont (une pensée émue aux Pentecôtards qui nous lisent) !

Petite pause agréable le temps de reposer nos jambes et de nous familiariser avec le nouveau fleuve qui va dicter notre route. Ça y est, on prend la route de la Loire, jusqu'à l'océan !

Le Palais Ducal
La Fête de la Loire
La cathédrale Saint Cyr - Sainte Julitte
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"On va où, détective Lasperas ?

À gauche toute, commandant Dumortier

Quelle gauche ?"

(extrait de nos riches conversations journalières)


Bref, cette journée était bien chargée !

On laisse notre petit Airbnb pour rejoindre la Loire à Vélo. Le pont canal du Guetin, qui permet aux bateaux naviguant sur le canal latéral à la Loire de passer au-dessus de l'Allier, symbolise l'entrée sur La Loire à Vélo. Ça y est, on y est !

On déjeune au Bec d'Allier, où l'Allier se jette dans la Loire. C'est très beau, paisible et sauvage.

De retour au Guetin, on rencontre Thierry, éclusier, qui nous présente fièrement son écluse et son travail. Il est autant passionné que passionnant !

L'avantage d'être en vacances, c'est qu'on peut se permettre d'attendre 40 minutes au café qu'un bâteau daigne vouloir passer le pont. Thierry nous propose de faire la manœuvre avec lui, et c'est ainsi qu'on se retrouve à ouvrir les portes, les venteaux et les tambours de l'écluse, et à coordonner les entrées et sorties d'eau. C'est exaltant d'être aux commandes d'une structure aussi belle et puissante.

On quitte Thierry pour rejoindre la petite voie verte qui longe le canal. La Loire à Vélo s'étend sur 600 kilomètres, et son dénivelé est de -200m, autrement dit, ça descend tout du long. Donc on roule doucement, avec le vent comme seul obstacle (et les moucherons !).

On arrive tranquillement à la Charité-sur-Loire après une journée de 45 bornes environ et on s'installe au camping.

En face, une Goguette associative nous accueille pour la soirée. Concert, petit repas, bière artisanale et découverte du Pouilly fumé (qui n'a pas le goût de fumé) sont au rendez-vous !

Le Lasperas sauvage, espèce rare qui devient agréable uniquement après son café
Notre nouvelle amie : une chaise pliante (merci Châton 💚)
Le pont canal du Guetin
Le pont canal du Guetin
Thierry, super éclusier du Guetin
L'écluse du Pont canal
Au travail !
La Charité-sur-Loire
Pouilly fumé à la Goguette
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Le temps est instable depuis plusieurs jours, et cette nuit, c'est l'averse ! Au petit matin, la pluie tombe toujours, et on ne souhaite pas rouler sous l'eau. On rejoint donc notre Goguette préférée pour un petit déjeuner, et le temps que le temps s'éclaircisse, on joue aux cartes, Maxence travaille la guitare et l'harmonica avec un des bénévoles du lieu, on fait des mots croisés, on lit..

Le bleu revient, mais les gros nuages menaçants ne sont jamais loin. On part manger, et poum, grosse drache. Petit burger au restaurant, soleil, visite de la ville, petite pluie.

On arrive tout de même à faire un petit tour dans la Charité, superbe petite ville monastique, avec la deuxième plus grande église clunisienne de France (après Cluny), un grand pont sur la Loire, et des remparts desquels la vue sur la ville est magnifique.

Un cours de yoga débute à la Goguette, et on décide d'y aller et de passer une seconde nuit ici. Pendant 1h30, on s'étire, on travaille notre souplesse (pauvre Maxence), on inspire et expire par le nez (pauvre moi), et on s'imagine dans des espaces infinis de couleur bleus. Bref, on se détend !

Petit repas à la Goguette, et nouvelle nuit en bord de Loire !

La Charité vue des remparts
La "Maison du nain", dont l'origine est inconnue
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Le départ de la Charité est difficile : petit déjeuner à la Goguette, réglages techniques, rangement des sacoches.. Le soleil est revenu et on est encore au camping.

Finalement, on enfourche nos montures, et on prend la route, direction le Sancerrois.

La route n'est pas très agréable. De grandes lignes droites, au milieu des champs, avec un vent de face qui nous donne l'impression de grimper alors que la route est toute plate.

Petite pause repas à Pouilly, et on repart. On se rapproche du Village Préféré des Français de 2021 : Sancerre. Perché en haut de sa colline, joignable par des viaducs impressionnants, la petite ville nous nargue, et on commence l'ascension pour la rejoindre : 180m de dénivelé sur 2 kilomètres ! On se sépare : Maxence prend les chemins directs mais très raides, tandis que je préfère le chemin plus long, mais qui monte plus doucement. Finalement, on finit sur le même chemin. Au sommet, on découvre une petite bourgade assez jolie, et la vue annoncée "mémorable" par les guides sera largement moins mémorables que la côte pour en profiter. Une petite glace au sommet, une petite balade, et déjà, il est temps de redescendre pour rejoindre le camping.

Plus que 550km avant l'océan !
Sancerre, tout en haut
Vue du Sancerrois depuis Sancerre
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Aujourd'hui, ça fait deux semaine qu'on roule, et on a passé la barre des 300km roulés (sur voies cyclables, sans compter les kilomètres de détours, de recherches de spots de bivouac, de courses..).

C'est une belle journée. On quitte les côteaux pour rejoindre la centrale nucléaire de Belleville, pour finalement retrouver et suivre la Loire et son canal latéral. Mais, me direz-vous, c'est quoi le canal latéral ?

C'est un canal construit par l'homme, qui suit le fleuve, et qui permet la circulation des bateaux, à toute saison, et quelque soit le niveau du fleuve.

Le chemin est vraiment paisible, on y croise beaucoup de hérons et de belles écluses. La nature est reposante et vraiment agréable. On prend le temps de rencontrer les gens, dont une dame vivant sur une péniche, avec ses oies de garde. On croise aussi beaucoup de ponts, et si Maxence adore ça, mon vertige et moi, on aime beaucoup moins...

On arrive à Briare, où l'on s'installe au camping. Puis on reprend les vélos sans sacoches, et on file vers le bourg. Superbe surprise que cette ville sans prétention, avec son petit port, son église colorée et surtout, son impressionnant pont canal réalisé par un certain Gustave Eiffel, un petit architecte du coin..

La centrale nucléaire de Belleville sur Loire
Le pont canal de Briare
Du haut du pont canal
Toujours en haut
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La joie du camping ! À partir de 8h, tout le monde s'éveille et s'imagine que son voisin est forcément dans le même état. Nous avons ainsi pu profiter de notre voisin essayant d'appeler sa fille, Julie. Si tu nous lis Julie, arrête de décrocher, s'il te plaît.

Ceci étant dit, revenons à notre voyage !

Ce matin, petit tour dans Briare. Visite de l'église (style romano byzantine, avec mozaiques émaillées, magnifique !), du petit jardin de l'ancien château, un nouveau petit tour vers le port, et il est tant de quitter notre ville coup de cœur.

Notre route nous fait emprunter le pont canal. Maxence en rêve depuis trois jours, mais il accepte d'y renoncer, car je sais que je ne serai pas capable de le traverser en entier sans faire une crise d'angoisse. Fichu vertige !

On cherche donc un petit chemin de notre côté de la Loire, et c'est ainsi qu'on se retrouve sur un sentier de randonnée, absolument pas prévu pour les sacoches, mais absolument superbe. C'est calme, proche de l'eau, ombragé, sauvage, on s'éclate !

Ce chemin nous mène à Gien, où l'on s'arrête pour manger un sandwich, remplir nos gourdes, et visiter l'église, conseillée par ma môman. Et elle valait le coup d'œil cette église épurée de 22m de voute, tout en briques rouges. La ville entière à été reconstruite en brique et pierres noires après les bombardements de la ville en 1940, ce qui lui donne un petit côté typique du Nord de la France. C'est très joli !

C'est sous une chaleur plombante qu'on reprend la route, sur des routes droites, sans charme, sans ombre, le vent de face. On finit tout de même par découvrir, enfin, notre premier château de la Loire : Sully.

Il est beau, mais on en profitera demain ! Maintenant, c'est courses, route jusqu'au camping, et plongeon dans la pisci... Ah non, elle ferme quand on arrive. Bon, ce sera juste une douche alors !

On passe tout de même une belle soirée au camping, en compagnie de Thierry et Christine, qui suivent le GR4 avec leurs sacs à dos sur le dos. Le temps file, le soleil se couche, et on rejoint nos tentes pour la nuit.

Le petit port de Briare
L'église Saint Étienne de Briare
L'église Sainte Jeanne d'Arc de Gien
Gien
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Publié le 12 juin 2022

Matinée tranquille, à flâner dans les jardins du château de Sully, à profiter d'un café et de pains au chocolat avec vue sur le donjon. C'est sympa les vacances !

On reprend la route, pour déboucher sur une zone de petits lacs très sauvages, le spot idéal pour pique niquer. La route est agréable, on croise de très jolis villages et paysages, sous une très belle lumière.

On fait un léger détour par Germiny pour admirer l'oratoire dont tout le monde nous parle ! On y trouve une jolie mosaïque de Theodulfe, mais pas de quoi s'extasier. On reprend donc la route, de petits villages en beaux paysages.

Un petit arrêt pour manger un gros cheesecake, et on repart ! C'est vraiment sympa les vacances !

Finalement, les corps fatiguent, la chaleur écrase, et on s'arrête planter la tente à 22 km d'Orléans.

Sully-sur-Loire
Sully-sur-Loire
Peintre à Saint-Benoit
La fameuse mosaïque de Germiny-les-Prés
Une petite maison à Châteauneuf-sur-Loire
Quelle couleur appartient à qui ?
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Mardi matin, on termine la route jusqu'à Olivet, juste au sud d'Orléans. On arrive pour midi, et on s'installe au camping pour une journée et demi de repos bien mérité.

Lecture, lessive, pizzas, harmonica, demi finale de Top Chef.. Nos journées sont vite remplies, mais nos jambes et poignets sont contents de se poser.

Notre camping est adorable, on monte les tentes sur une petite île, entre deux canaux, et toutes sortes d'animaux viennent nous rendre visite : libellules, demoiselles, canards, hérons, hérisson, et des rats qui ont grignoté la tente de Max lundi soir à la recherche de notre sac de nourriture..

Mercredi, on visite Orléans, patrie de Jeanne d'Arc. C'est une jolie petite ville, qui a l'air plutôt animée et vivante ! On profite de cette virée en ville pour offrir à Bernadette une nouvelle potence, plus haute, qui permettra à mes canaux carpiens de se reposer...

On rejoint Orléans le soir de manière à profiter d'un beau son et lumière proposé chaque nuit sur la façade de la cathédrale. Mais arrivés sur place, à 23h, on découvre que le spectacle se joue uniquement du jeudi au dimanche... Dommage pour nous !

La vue depuis nos tentes
Qui remportera cette saison de Top Chef ?
Maison de Jeanne d'Arc
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Reprise de la route après deux jours de repos ! Le chemin alterne entre de longues routes sur les levées, c'est-à-dire les relevés de terre permettant d'empêcher les inondations en cas de crues, et des petits coins superbes, en bord d'eau ou en forêt. On passe le bec du Loiret, où la rivière se jette dans la Loire. C'est sauvage, on voit beaucoup d'oiseaux : une famille de cygnes, des cormorans.. On espère toujours voir des castors, très présents dans la région.

Notre route nous conduit à Meung-sur-Loire pour le déjeuner, une petite ville sympathique avec un immense château de pierres, que l'on ne peut malheureusement pas approcher sans visiter.. Tant pis, on reprend la route. On arrive à Beaugency, petit ville médiévale très agréable, à taille humaine, où l'on s'arrête pour manger une petite glace bien méritée, car la canicule commence à se faire sentir !

La chaleur est éprouvante, et finalement, au lieu de chercher un beau spot de bivouac comme on le souhaitait, on s'installe au camping pour profiter d'une bonne douche et d'ombre.

Famille de cygnes
L'hôtel de ville de Beaugency
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Il fait déjà chaud quand on prend la route de Chambord ! On quitte la voie principale de la Loire à Vélo, mais nous ne voulons pas manquer ce château. On pédale dans les forêts du domaine royale, on s'installe quelques instants dans un observatoire à animaux, et finalement, on se retrouve sur une longue route face au château !

On visite les jardins, on fait cuire nos pâtes sur les pelouses, on profite de la vue, on pique un petit somme...

On reprend la route pour Blois, ou un nouveau château nous attend. On se balade, on profite du marché de producteur, et on rencontre divers artisans avec qui on bavarde quelques temps, et à qui on laisse nos sacoches. On sirote une petite bière en terrasse en profitant d'un concert de jazz manouche, et déjà, il est tant de repartir (en emportant un joli porte bonheur en bois offert par un artisan local qui fabrique et coud des objets à partir de matériaux de récupération. C'est beau et pas cher, et il s'appelle Le numéro Vingt Cinq).

On enfourche une dernière fois les vélos pour rejoindre la maison de Pauline, amie de lycée, et son amoureux Guillaume, qui nous hébergent pour la nuit.

L'arrivée à Chambord
Château de Chambord
Le château de Blois
Blois de nuit
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"L'avantage de dormir en maison, c'est qu'on aura pas à ranger les tentes, qu'on pourra gagner du temps et partir tôt" (Elsa, la veille au soir).

C'est donc tout naturellement qu'on émerge à 10h30, qu'on traîne au lit, qu'on prend un petit déjeuner, et qu'on prend notre temps avant de partir.

Guillaume nous oriente vers un spot de baignade que l'on rejoint pour déjeuner. Il fait très chaud, et la température de la Loire est idéale pour faire trempette !

La chaleur est de plus en plus intense quand nous reprenons la route.

Arrivés à Chaumont-sur-Loire, on entend un accordéon au loin, et l'on découvre une fête de la musique qui s'installe pour la soirée. On s'installe donc au camping, on monte dire bonjour au château, et on profite d'une soirée musicale, de bières fraîches, d'une poutine, et d'une petite chute dans les orties..

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(Titre issu d'un running gag, merci de ne pas y faire attention. Il manque le "ça tourne mal", mais l'appli ne prend pas les titres longs...)

Grosse journée de canicule en vue, et nous avons 50km à parcourir pour rejoindre Tours..

Heureusement, le champs à côté du camping est le lieu de décollage de montgolfières. Et une montgolfière qui décolle, ça fait du bruit (et non Max, je ne m'amusais pas avec le réchaud !). Maxence se rendort, et je profite d'être réveillée à 6h pour partir tôt !

Après deux pauses pour enlever les moucherons qui me foncent dans les yeux, je rejoins Amboise et son très beau château en hauteur.

Le reste de la route est difficile, la chaleur est de plus en plus forte, l'air de plus en plus chaud, et le vent disparaît. Les derniers kilomètres avant Tours sont vraiment horribles et je fais une pause dès que je croise un petit coin d'ombre.

Arrivée à Tours, je monte Bernadette dans le tram direction Joué-les-Tours, où Fabienne, Jérôme et Candice nous accueillent !

Deux heures après mon arrivée, un Maxence tout rouge, tout mouillé et très fatigué sonne à la porte !

Douche fraîche, bière artisanale, barbecue.. On passe une belle soirée malgré la fatigue qui nous emporte..

Merci Fabienne, Jérôme et Candice pour votre accueil !

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Publié le 21 juin 2022

Pour des raisons personnelles, j'ai dû rentrer à Clermont pour quelques jours..

3 semaines en vélo, 3h30 en voiture !

Bernadette est resté à Joué-les-Tours, et j'espère bien la rejoindre au plus vite pour continuer le périple !!

Maxence est actuellement à Saumur, où il passera sûrement la fête de la musique, et où il choisit la route qu'il empruntera pour rejoindre l'océan ou Limoges.

Merci pour ces 3 semaines, et bon vent Jacky !

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Tôt ce matin, je rejoins Cécile avec qui je covoiture jusqu'à Tours. Un trajet sympathique mais un brin déprimant : il faut trois heures en voiture pour faire un trajet qui demande trois semaines en vélo..

Je rejoins Joué-les-Tours où Fabienne et Candice m'attendent pour manger, et retrouve Bernadette, dont les dérailleurs ont été adorablement réglés par Jérôme pendant mon absence. Je peux donc aller profiter de Tours plutôt que de passer l'après-midi à faire de la mécanique !

Pour commencer, j'offre un nouveau panier à ma chère bicyclette, un qui n'écrasera pas ses câbles.

Tours est une petite ville très sympa, toute de pierres blanches et de maisons à colombages. Un petit tour à la cathédrale, et je rejoins la guinguette, dont on entend parler depuis Orléans ! De la musique, des guirlandes, des tables en bords de Loire... Il manque décidément un fleuve à Clermont !!

Tous les gens qui m'ont conseillé sur ma venue à Tours m'ont dit de passer par la Place Plume. Donc forcément, je l'ai oublié..

La journée passe vite, et je rejoins Joué-les-Tours pour une soirée très sympathique avec toute la petite famille !

La cathédrale de Tours
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Deux semaines après que Maxence se soit élancé en direction de l'océan, je prends la route dans la même direction. Google Maps me joue des tours au moment de retrouver La Loire à Vélo à Joué-les-Tours ! Finalement, je rejoins un immense parc magnifique, pleins de jardins, golf, et autres petits coins bucoliques.

Je roule un moment avec un cycliste poussant un drôle de vélo, avec une petite roue à l'avant et une grosse caisse au dessus. C'est un homme orchestre, qui va de guinguette en guinguette proposer son spectacle, et qui roule avec tous ses instruments !

Le chemin est particulièrement beau aujourd'hui : il suit le Cher de très près, ce qui permet d'observer les oiseaux vivre leur vie sur l'eau, rejoint le petit village portuaire de Savonnières, puis Villandry et ses jardins suspendus, le bec du Cher, où le Cher se jette dans la Loire, et Bréhemont, capitale de la chanvre. La route me ramène sur une longue levée le long du fleuve, et au loin, apparaît comme par enchantement le château de la Belle au bois dormant : Ussé.

Il est encore tôt, mais j'ai déjà 40 bornes dans les pattes, et je décide donc de rejoindre le camping, ouvrir un livre et faire une lessive. Je partage ma soirée avec Blanca et Ola, deux voyageuses polonaises, qui suivent la Loire jusqu'à l'océan aussi, et qui sont toutes excitées d'avoir aperçu un ragondin aujourd'hui !

Savonnières
La Loire, ses oiseaux, et ses traces de ragondins
Le château d'Ussé
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Publié le 8 juillet 2022

La journée commence bien ! La route est magnifique, serpentant entre bords de rivières, villages adorables et petit marché, jusqu'au Bivouac de Vienne, lieu ouvert aux voyageurs, où je m'installe pour une pause déjeuner en bord de Vienne.

À Candes-Saint-Martin, la vue en hauteur sur la confluence entre la Vienne et la Loire est magnifique. Le petit village de Candes est aussi adorable, avec sa vieille église haute et sobre et ses petites maisons toutes blanches. Tous les petits villages suivants sont classés, et pour cause, ils sont superbes !

À Candes, je rencontre un papy roulant seul, qui décide de faire la route avec moi jusqu'à Saumur. Soit ! On prend la route des hauteurs, et nous retrouvons au milieu de villages troglodytes ! Malheureusement, papy fonce, donc pas d'arrêt photo.. Mais au moins, on arrive vite à Saumur pour rejoindre le camping 4 étoiles, le seul dans ce coin là..

Je profite donc de la piscine pour détendre un peu mes muscles fatigués et lire au bord de l'eau, avant de rejoindre ma tente, où Aubin et Agathe, mes très jeunes voisins, m'attendent pour me faire passer un interrogatoire, à base de questions enfantines, aussi mignonnes que farfelues.

Après qu'Aubin ait fait le tour du propriétaire (il passe debout dans ma tente ce loustic), et qu'Agathe m'ait ligotée à ma tente, ils rejoignent les bras de Morphée, tandis que je passe la soirée avec Martin et Astrid, leurs parents. On mange, on discute, et la nuit tombe sur cette très sympathique soirée.

Au Bivouac de Vienne
Candes-Saint-Martin
La confluence Loire (au fond à droite) - Vienne (au premier plan à droite)
Quelques maisons troglodytes
Saumur
Saumur
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Publié le 9 juillet 2022

La journée commence plutôt mal : lever tard, mauvaise nuit, migraine, pas envie.. Je finis par me lever et ensacocher mes affaires, pour perdre un temps fou à retrouver le chemin de La Loire à Vélo et sortir de Saumur.

Finalement, le moral revient, car les paysages augurent déjà une belle journée, et en effet, ce sera ma plus belle étape de voyage pour le moment. Il est midi, et j'ai 60 kilomètres à pédaler pour rejoindre Angers.

La route me fait longer de charmants villages bâtis en tuffeau (la pierre locale), de vieille bâtisses, quelques villages troglodytes, et toujours la Loire, ses milliers d'oiseaux, et ses toués, bâteaux locaux, symbole de la riche histoire batelière ligérienne.

À mi-chemin, je fais une pause café à Saint-Rémy-La-Varenne, le temps d'admirer le défilé des robes des gens qui assistent au mariage local. Au comptoir, je rencontre Pierre-Yves, qui a ouvert son atelier de réparation de vélo en face. Il est admiratif des femmes qui voyagent seules, et sors donc jeter un œil sur Bernadette et me donner quelques conseils mécaniques bienvenus. Je le quitte pour traverser la Loire, et rejoindre un long chemin caillouteux bordant la Loire au niveau de l'eau.

Plus loin, le chemin croise l'Authion, une petite rivière locale. Pour la traverser, un bac est mis à disposition des voyageurs, qui peuvent tirer le bâteau depuis la rive grâce à une chaîne, puis grimper sur la barque, et tirer une seconde chaîne attachée au bord opposé. Je monte avec un couple de grands-parents emmenant leur petit fils au bâteau, parce que rien ne semble lui faire plus plaisir que de naviguer sur ces eaux. Je laisse donc le petit Killian, marin en herbe, tirer les chaînes pour nous permettre d'accoster de l'autre côté.

Avant de traverser Angers et de croiser son château, le chemin nous emmène à la découverte d'une ardoiserie, une carrière d'ardoises.

Le camping se trouve au bord du Lac de Maine, entouré d'un immense parc où moult guinguettes, scènes et autres lieux de découvertes des oiseaux se répartissent sur une zone immense.

La journée à été chaude, je rejoins donc la piscine pour me rafraîchir, et passe la soirée avec Antoine, jeune infirmier qui rejoint Budapest en vélo !

Des feus d'artifices explosent de partout quand je rejoins ma tente, exténuée d'avoir franchi la barre des 700km !

Bords de Loire
Une toué en bord de Loire
La prieurale Notre-Dame de Cunault
Le bac de l'Authion
La carrière ardoisienne de Trépazé
Le château d'Angers
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Publié le 10 juillet 2022

Je suis réveillée par la chaleur ce matin, et sors complètement endormie de ma tente. Je pars donc en direction de la piscine pour me réveiller. Quelques longueurs, un bon bouquin, ça fait du bien !

Aujourd'hui, je visite Angers ! On est dimanche, la ville est calme mais néanmoins très jolie ! Des maisons en tuffeau, d'autres à colombages, des bâtiments en ardoises, le fleuve qui traverse la ville, des petites petites rues piétonnes, le château... C'est un bourg à taille humaine, qui manque un peu de vie aujourd'hui, mais qui me plaît beaucoup !

La chaleur est écrasante, et je m'installe en terrasse d'un bar du port pour profiter d'une blonde angevine !

Je rentre passer ma soirée au camping, profiter de la piscine et de mon nouveau livre de mots croisés, manger une pizza, et profiter d'une soirée calme pour planifier les quelques jours de pédalage qui me séparent de l'océan, et ma prochaine visite de Nantes.

Le Lac de Maine et Angers
La tour Saint-Aubin
La plus vieille maison d'Angers
Le port d'Angers
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Je quitte la ville de Du Bellay et longe le Maine jusqu'à sa confluence avec la Loire. Le chemin alterne entre des sentiers au plus près de la Loire et des remontées dans les côteaux du Layon : c'est beau ! Petite halte déjeuner sur le port de Possonière, et je reprends la route jusqu'à l'île Behuard et son église construite dans un roc. Le chemin traverse ensuite l'île de Chalonne, la plus grande île de la Loire !

Le chemin est paisible. Il suit la Loire, qui mérite amplement ici son surnom de "fleuve sauvage", offrant des vues sublimes sur les grandes plages de sable et les îles.

Je fais escale dans le très joli village de Saint-Florent-Le-Vieil, où je passe la soirée en compagnie d'Éric, qui a pris la route jusqu'à Vierzon pour un rendez-vous, et qui préfère pédaler 200km par jour plutôt que de prendre sa voiture, et Claire, jeune étudiante qui rejoint le Jura en solitaire, pour son premier voyage à vélo !


Ma musique du jour : https://youtu.be/WefxVZLhm9U

La Pierre Bécherelle, ancien repère pour les mariniers, et lieu de péage
L'église de Behuard
L'église de Behuard, construite dans la roche
L'église de Behuard, sur son roc
Bernadette sur le port de Possonnière
La Loire
La tour de la gabelle de St-Florent-Le-Vieil
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Publié le 12 juillet 2022

La journée commence par un petit café, offert par mes voisins de camping, un couple de retraités bretons. De quoi me mettre de bonne humeur !

Toute la journée, le chemin fait des allers retours entre les rives de la Loire, me faisant passer du Maine-et-Loire à la Loire Atlantique et vice versa.

Je me rapproche de l'océan et de la Bretagne ! Les kouign amann font leur apparition dans les boulangeries, et les andouilles de Guéméné dans les boucheries..

Je ne traverse pas de villages remarquables aujourd'hui, je longe simplement la Loire, dont je profite pour la dernière fois. La nature est belle en bord de fleuve, verdoyante et pleine de vie. Je glisse sur le bitume entre les oiseaux et les vignobles. Le paysage change doucement, la proximité avec la mer se fait sentir. Les hérons cendrés laissent place aux mouettes et aux cormorans, des coquillages commencent à apparaître sur la route, la Loire prend une teinte bleu foncé, car la marée s'engouffre dans le fleuve à Saint-Nazaire, faisant remonter du sable et des eaux troubles jusqu'ici. En regardant l'eau couler vers l'océan, je me demande qui de la Loire ou de Bernadette rejoindra l'Atlantique en premier...

Il y a de plus en plus de cyclistes depuis le début des vacances : des couples, des familles avec enfants en carioles, des retraités en vélos électriques, des solitaires.. Certains saluent, d'autres filent tête baissée.

Au détour d'un petit village, je tombe sur une maison habitée par un collectif de 10 habitants, qui a installé un atelier d'auto-réparation dans le jardin, avec un poste pour travailler sur les vélos en hauteur. À grands renforts de café et de vidéos YouTube, je réussi à régler le dérailleur avant de ma chère Bernadette, ainsi que toutes ses vitesses, qui commençaient à faire des leurs...

Je repars, tandis que les heures les plus chaudes de la journée pointent leur nez. Le vent normalement frais est chaud, je pédale sur des contrebas de levée en plein soleil, la vue sur la Loire est magnifique, mais la chaleur est étouffante.

Après 10 derniers kilomètres éprouvants, j'arrive à Nantes chez Angelina et Jonathan qui m'accueillent pour deux soirées, et je rencontre René Charles, un immense chat aussi adorable que peureux. On prend l'apéro en discutant de vélo, de leurs nombreux voyages, de matériel, de jeux de société, et c'est sous une chaleur encore plombante que l'on rejoint nos lits après une belle et confortable soirée.

Le pont d'Ancenis, avec les blasons du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique
Un perchoir à sternes
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Publié le 13 juillet 2022

Je reste à Nantes aujourd'hui, me balader dans cette ville que j'aime beaucoup.

Et logiquement, s'il y a un immense éléphant qui se balade en ville, je me dois de le présenter à Bernadette !

Ma petite virée me mène aux machines de l'île, au différentes installations du Voyage à Nantes (ensemble d'installations éphémères ou pérennes à travers la ville), à la cantine du voyage où je déjeune, au quartier Saint Anne et sa belle vue en hauteur sur les chantiers navals, au château des ducs de Bretagne, à la Fraiseraie et ses délicieuses glaces, au jardin des plantes, et aux nombreuses petites rues où il fait bon flâner.

Je termine l'après-midi à l'atelier d'auto-réparation pour avoir un regard connaisseur sur mes dérailleurs, et pour changer un câble de frein qui commence à rendre l'âme..

Après être rentrée et avoir profité d'une bonne douche froide, je repars avec Angelina et Jonathan boire une bière à la guinguette du coin. Une petite partie de Codex Naturalis en rentrant, coupée par de nombreuses pauses pour admirer les feux d'artifice tirés dans les cités et villes voisines (et voilà que celui de l'immeuble d'en face vient de partir alors que j'écrivais !).

C'est à 1h30 que je rejoins mon lit.. Le réveil est activé pour 7h demain, pour rouler les 60 derniers kilomètres de La Loire à Vélo qui me séparent de l'océan !!

L'éléphant des Machines de l'île
Bernadette et l'éléphant
Charron, une œuvre du Voyage à Nantes
Les anneaux de Burren, œuvre du Voyage à Nantes
Le château des ducs de Bretagne
Le Cinématographe et son projecteur attaché en façade
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Le paysage change au gré des kilomètres. L'air se charge des embruns, les pins font leur apparition, le sol se recouvre de sable, des bouées décorent les ronds points, les bateaux de mer remplacent les toues...

La route suit le canal de la Martinière sur 25km entre Le Pellerin et Paimboeuf, puis la réserve ornithologique au niveau du Carnet. C'est magnifique et très sauvage, mais la route est presque toute droite, pas ombragée, et le vent de face rend l'avancée bien sportive !

Les derniers kilomètres sont difficiles, il fait très chaud, mais je suis comme une enfant, à pédaler à toute allure en espérant apercevoir l'océan à chaque virage ! Je vois Saint-Nazaire et son pont se rapprocher, mais le grand bleu se cache toujours.

Sur la place Bougainville, La Loire à Vélo et ses 630 kilomètres se termine ! Je suis heureuse, et je me sens vide.. Mais déjà mon nouveau cap se dessine. Je croise les panneaux de la Vélodyssée depuis Nantes, qui me guideront le long de l'océan dans les prochaines semaines.

Et enfin je monte une dernière petite côte et me retrouve face à l'océan !!

Je vais sonner chez Christian et Annie, que l'on a rencontré au camping de Muides, et qui nous avaient laissé leur numéro en nous proposant l'hébergement lors de notre passage à Saint-Brévin. Je débarque en pleine réunion familiale et suis merveilleusement bien accueillie par tout le monde. Je m'installe dans un petit studio indépendant au fond du jardin.

Mes hôtes sont incroyablement généreux, je suis invitée à la tablée familiale avant que l'on prenne la route de la plage pour admirer le feu d'artifice sur l'océan, et que l'on termine la soirée au casino ! C'est une belle soirée en compagnie d'une famille adorable et tres généreuse, parfaite pour fêter cette étape importante du voyage !

Un bâteau échoué sur la berge
Un œuvre du Voyage à Nantes
L'écluse du Carnet
Les pêcheries de Saint-Brévin et le pont de Saint-Nazaire
Le serpent d'océan
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Quitte à être à Saint-Brévin, je rendrais bien visite à mes amis Émilie, Guillaume et Axelle qui viennent d'acheter à Guérande. Guérande est à 20 kilomètres de l'autre côté du pont de Saint-Nazaire. Ni une ni deux, que Christian a déjà embarqué Bernadette dans son fourgon pour me conduire de l'autre côté du pont, trop dangereux pour être passé à vélo.

Il me laisse à mi-chemin, et je termine les 10 kilomètres restants sur une petite départementale bossue. Qui a dit que la Bretagne était plate ? (Je demande pardon à tous les bretons qui vont me rappeler que Guérande est en Loire-Atlantique).

Pendant 3 jours, je me repose, je mange, je joue avec Axelle, je peinds des licornes en aquarelle et découvre des histoires de princesses et de fées. La maison est encore vide, les meubles arrivent dans quelques jours, c'est donc le camping !

On profite d'un superbe coucher de soleil sur la plage de Mesquer, et finalement, je décide de rester une journée de plus, car Fabienne, Jérôme et Candice (oui, les mêmes qu'à Tours, Émilie et Fabienne sont sœurs) viennent passer la journée avec nous.

Il fait très chaud pendant ces trois jours, il vaut mieux être ici, tranquillement à l'ombre, à partager des barbecue, des repas entre amis, et des papotages jusqu'à 2 heures du matin qu'à rouler au soleil...

Coucher de soleil à Mesquer
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Le temps de me lever, et de dire au revoir, il fait déjà chaud quand je reprends la route. Je rejoins les marais salants de Guérande où quelques paludiers ramassent déjà le sel. L'air est salin et chargé d'embruns.

Alors que je cherche ma route, je croise Emmanuel, un francilien habitant Le Croisic pendant les vacances, qui fait sa balade journalière : une cinquantaine de kilomètres en vélo. Je lui donne ma destination, et il propose de m'accompagner pour me montrer la route. Et aussi parce qu'il n'est jamais aller aussi loin en vélo ! Nous voilà donc partis au milieu des marais. On traverse La Baule, puis Pornichet, puis enfin Saint-Nazaire. Mais je l'abandonne avant la fin, il fait trop chaud, et je dois faire une pause. Lui continue jusqu'aux chantiers navals. Quand je reprends la route, je le croise qui revient, avant de reprendre la route jusqu'à chez lui.

Je rejoins l'arrêt de la navette du pont de Saint-Nazaire, et avec la chaleur, aucun autre cycliste ne s'est aventuré dehors à l'heure où j'arrive. Je m'installe donc dans la camionnette pendant que la conductrice attache solidement Bernadette à sa remorque. Et nous voilà parties pour la traversée du pont.

Arrivée à Saint-Brévin, le thermomètre indique 41°, il est temps de m'arrêter au camping municipal.

Un tour à la piscine, 3 douches, un pique nique sur la plage et une bière plus tard, je rejoins ma tente alors que la soirée loto du camping bat son plein, et que l'air est toujours aussi chaud et lourd..

Guérande
Les marais salants de Guérande
La fleur de sel se forme à la surface
Les chantiers de Saint-Nazaire de nuit
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Après une nuit à lutter contre la chaleur pour m'endormir, je me réveille sous la pluie. Les intempéries ne durent pas et les températures redescendent à 25° ! Un temps parfait pour rouler.

Je longe les plages de Saint-Brévin-Les-Pins, puis Saint-Brévin-L'océan, et enfin, la grande plage de sable de Tharon, que je connaissais pour y avoir passé des vacances il y a quelques années. J'entre dans la région des pêcheries, ces petites cabanes de pêcheurs avec des grands filets.

L'itinéraire me propose un détour d'une vingtaine de kilomètres pour rejoindre la Pointe de Saint Gildas, que j'imagine grandiose, avec un phare et une vue dégagée sur l'océan. Finalement, l'endroit est très simple, avec un joli sémaphore, et offre une vue panoramique sur Noirmoutier à bâbord et Saint-Nazaire à tribord. Et la route pour y parvenir est très venteuse (de face, hehe).

Je pensais attendre Pornic ce soir, mais quand j'appelle les campings, les tarifs qui me sont proposés sont horriblement élevés (55€ pour un emplacement sans électricité !!). Je fais donc demi-tour et rentre dans les terres pour trouver le seul camping à un prix acceptable. Pornic attendra ! J'arrive dans un camping 4 étoiles, et suis accueillie par mes voisins qui veulent tous s'assurer que je ne manque de rien !

Je termine mon livre au bord de la piscine, et profite du spectacle de magie proposé le soir. "Tulipe, bigoudin et bigoudaine", les cartes se transforment, les enfants lévitent, des balles apparaissent dans les mains des parents.. De quoi s'endormir avec des paillettes imaginaires plein les yeux !

Les pêcheries de Tharon
La pointe de Saint-Gildas
La pointe de Saint-Gildas
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Publié le 21 juillet 2022

Réveil tardif après une nuit pluvieuse, pour une journée de surprises, où rien ne se passe comme je l'imaginais.

Je prends la route jusqu'à Pornic, très jolie ville construite autour d'un vieux port de pêche. La route remonte dans les terres, et me conduis le long du village de la Bernerie-en-Retz, connue pour ses plages où se pratique la pêche à pied. Et comme j'adore la pêche à pied, j'espère bien m'y arrêter. Finalement je rencontre une voyageuse avec qui nous tentons de rejoindre les plages, mais quand nous apercevons la mer, la Bernerie est derrière nous..

J'arrive sur la Route des huitres, j'en raffole ! Je profite donc d'une dégustation chez un producteur : huîtres, palourdes, terrine de poisson, et Cabernet-Sauvignon, miam !

La carte indique que mon après-midi se fera dans les marais salants, j'ai hâte ! Mais les marais que je croise n'ont rien de salants. Ce sont de grands champs à perte de vue. Et le vent se lève, fort, intense. J'enclenche les petits pignons et petites vitesses, et je peine tout de même à faire avancer Bernadette. Finalement, les marais salants apparaissent, et je passe quelques minutes à regarder travailler un paludiers qui ramasse le sel dans son marais. Avec une grande raclette et un geste souple, il ramène le sel vers le milieu de son bassin, avant de venir le déposer sur le bord de l'eau.

Le vent souffle trop fort, je préfère rejoindre le camping-ferme-auberge. C'est un champs où chacun pose sa tente là où il le souhaite, avec des sanitaires accolés à la ferme. Je me fais le plaisir de manger une soupe de crabe achetée sur un port, mais ma casserole préfère tomber au sol, manquant de mettre le feu à ma tente, plutôt que de rester en place sur mon réchaud.. Heureusement que je prévois toujours un repas d'avance !

Pornic
Le port des Brochets
Coucher de soleil au camping
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La journée commence avec beaucoup de doutes. J'aimerais aller à Noirmoutier, qui est tout proche, mais le franchissement du pont n'est pas concevable. Il existe une route submersible, qui se découvre à marée basse, et qui permet de rejoindre l'île deux fois dans la journée, Le Gois. Mais aujourd'hui, la marée n'est basse qu'à 18h, il faut donc attendre toute la journée avant de pouvoir passer. La rencontre ces derniers jours de beaucoup de cyclos roulant 100km par jour me met la pression, et j'ai l'impression de devoir rouler et continuer. Je décide donc de ne pas m'arrêter à Noirmoutier.

Mais le voyage en a décidé autrement ! Il ne faut jamais trop prévoir, accepter l'imprévu, et ne pas rentrer dans le jeu malsain de la compétition.

Alors que je sors des sanitaires, ma décision prise de passer Noirmoutier, je rencontre Nadège, qui voyage en famille, et qui attend tranquillement de pouvoir passer le Gois à 18h. Ni une, ni deux, je me retrouve avec Nadège, sa petite fille Mila, sa nièce Carine, Rosanna, la fille de Carine et Jango le chien. Elles m'offrent un café, on prend le temps de réparer les freins de Mila qui coincent, et on prend, séparément, la route du Gois. Finalement, la journée est passée vite, et je ne regrette pas de prendre la route de 4km, entre deux immenses bancs de sable que la marée a découvert.

Le Goix est un passage naturel : les eaux du sud et du nord se rejoignent sur une longue ligne joignant Noirmoutier au continent, ligne où les sédiments se déposent, et qui est donc plus élevée que le reste du fond marin. Quand la marée est basse, le Gois se découvre complètement, et la route, aujourd'hui pavée ou goudronnée est facilement franchissable par vélos, piétons et voitures.

Arrivées à Noirmoutier, nous rejoignons le même camping, et partageons un emplacement toutes les cinq. On dine ensemble, on profite de la soirée blind test et danse du camping, et je suis heureuse de cette belle rencontre et surtout de cette leçon de voyage.

Avant la traversée du Gois
La traversée du Gois, avec Rosana et Mila
Le Gois
Sur le Gois
Sur le Gois
Mila, Rosanna, Nadège et Carine
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Il pleut quand mon réveil sonne, j'en profite donc pour traîner un peu au lit. Malgré quelques gouttes éparses, on s'installe toute ensemble pour le petit déjeuner. Les sacoches de Carine sont l'équivalent cycliste du sac d'Hermione Granger : on y trouve tout ce dont on a besoin. Une table, des chaises, un parasol, des tissus au sol, c'est le grand luxe !

La pluie calmée, j'enfourche Bernadette pour aller visiter l'île. Une multitude de petits ports, le centre ville de Noirmoutier en l'île, le Bois de la Chaise et ses riches maisons, la plage des dames et ses cabines, la pointe de l'Herbaudière, les marais salants...sans oublier bien sûr, un pause dégustation d'huîtres, palourdes, crevettes, bulots et langoustines, et une pause glace à La Fraiseraie !

C'est une belle île, Noirmoutier, toute en longueur, avec seulement 600m entre ses deux rives à l'endroit le plus étroit. Plusieurs communes se partagent les terres, chacune dans une ambiance qui lui est propre et qui rappelle son histoire : le quartier des Moulins, le quartier agricole (de culture de la fameuse patate), le quartier des salines...

Après avoir bien crapahuté, je reviens au Gois à l'heure de la marais basse, pour pêcher la palourde avec Mila et Rosana. Je déterre quatre coquillages à l'aide de ma fourchette, tandis que les filles donnent vie à un hôtel de luxe pour crabes.

Nous passons la soirée toutes ensemble, a manger, discuter, rigoler, mais arrive l'heure d'aller se coucher, car je me lève tôt démain pour repasser le Gois !

Petite dégustation
L'église de Noirmoutier-en-l'île
La plage des dames et ses cabines
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Un lourd dilemne à occupé mes pensée cette nuit : si je repasse par le Gois, il me faudra rouler 30km pour rejoindre la sortie du pont de Noirmoutier (le Gois est à l'est, le pont au sud). Passer par le pont me ferait donc économiser 30 bornes, ce qui n'est pas rien.. Je me lève tôt, et prends la route du pont avant l'heure d'ouverture du Gois (7h40), pour voir un peu à quoi ressemble la bête. Sauf que ce pont, on ne le voit pas de l'île, on le découvre seulement 5 mètres avant d'être dessus.. Et lancée pour lancée, je réussi à traverser cette masse de 500m de long et 28m de haut, malgré mon vertige !

La première épreuve passée, il me faut retrouver la route de la Vélodyssée.. Compliqué ! Les balisages vont faire n'importe quoi toute la journée...

Pour rejoindre Saint-Jean-de-Monts, je traverse la forêt domaniale durant toute la matinée. Je m'amuse follement à rouler au milieu des pins, sur une route vallonnée dessinée par les dunes de sable. Il faut bien des moments où je trouve une raison d'être à mes pneus de VTT !

Une fois sortie de la forêt, les paysages passent sans cesse d'un extrême à l'autre. Des forêts sauvages, je rejoins les grandes barres d'immeubles face à la mer de Saint-Jean-de-Monts, puis je longe des plages désertes, des dunes et des espaces sauvages, puis de nouveau des plages surbondées. C'est étonnant de traverser tous ces contrastes en quelques heures.

J'arrive à Saint-Gilles-Croix-de-Vie pour le déjeuner. La ville est à l'image de ma journée : un petit port de Pêche adorable dans les terres, une immense plage de sable longée par de grands complexes habitables le long de l'océan..

La reine de Saint-Gilles, c'est la sardine, et je m'arrête donc sur le port m'enfiler une belle assiette de poisson !

L'après-midi, je roule de plage en plage, au rythme de la marée. Je m'arrête à Brem-sur-Mer, dans un camping associatif. J'y arrive en même temps que Gaetan, qui fait la route dans le sens inverse, et qui roule donc vers la Bretagne pour aller en faire le tour. Chacun vaque à ses occupations, et on se retrouve pour papoter avant manger, puis sur la route de la plage pour aller admirer le coucher de soleil. Assis sur le sable sur une plage immense, on refait le monde, on parle de nos voyages, de nos rencontres, tandis que le ciel change inlassablement de couleurs. Nous rentrons alors que la nuit tombe, continuons à discuter encore un peu, puis rejoignons nos pénates respectives pour une bonne nuit de sommeil.

Le trou du Diable
Sardines grillées
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Après une grasse matinée, la route me conduit dans la forêt. Je rencontre Mathilde et sa fille Suzanne, qui roule pour leur premier jour de périple jusqu'à l'île d'Aix. On roule ensemble, et très vite, on se rend compte que l'on a quitté notre chemin : le sol devient sableux, difficile à rouler. Au lieu de faire demi-tour, on trouve grâce à Google Maps un chemin qui devrait nous ramener à notre route. Ce que Maps ne dit pas, c'est que l'on se trouve au milieu d'une zone de dunes de sable ! Plus on avance, plus on s'enfonce. J'ai l'impression que Mathilde veut continuer tout de même, et je lui donne la même impression. Alors qu'on sait toutes les deux que le plus sage et le plus simple serait de faire demi-tour. Mathilde commence à s'inquiéter pour Suzanne, et se sent mal. Finalement, on revient sur nos pas, je pousse Bernadette et le vélo électrique de Mathilde jusqu'à notre chemin, tandis que Mathilde porte le vélo de Suzanne. Au bout d'une heure et demie, on est enfin de retour au point de départ ! Quelle aventure !

On arrive finalement aux Sables d'Olonnes, qui signe la fin de la journée pour Mathilde et Suzanne. On se quitte et je continue ma route.

La ville des Sables est sans grand intérêt : grande plage de sable bondée, et immenses immeubles en bord de mer. Je me dépêche d'en sortir pour manger un bout. Assise sur mon banc, je vois passer Valérie, qui marche avec son sac à dos, et qui s'installe avec moi pour papoter un peu.

La route se poursuit en bord de mer, puis dans des marais.

Je fais une petite pause à la Guitoune, un café pour cyclistes au bord de la route. Un cookie et une citronnade plus tard, j'ai trouvé mon camping pour la nuit. Je le rejoins et fais la connaissance de Françoise, une drôle de dame vivant dans son camion, un peu à côté du monde. Elle m'offre gentiment un café et une part de crumble, me parle de sa vie, et la journée se termine tranquillement, après moult péripéties !

Mathilde, Suzanne et moi, après 1h30 dans les dunes
En route avec Suzanne
Plage de la Paracou, Sablés d'Olonne
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Je pensais rouler jusqu'à La Rochelle pour trouver un moyen de rentrer en Auvergne, mais finalement, un covoiturage part de Saint-Gilles-Croix-de-Vie après demain, avec une place sur son porte vélo. Et comme l'anniversaire de mon papa arrive très vite, et que je veux lui faire la surprise d'être là, je réserve.

Me voilà donc reparti en sens inverse.. Le vent est très fort en bord de mer, et je le prends de face toute la journée. La route est difficile, et le moral n'est pas haut à l'idée de rebrousser chemin.

Je reviens le premier soir dans le camping de Brem-sur-mer, où je partage la soirée avec Stéphane et Jessica, un couple suisse adorable. Ils me parlent de leurs nombreux voyages à travers le monde et me donnent de nombreux conseils pour régler mon vélo.

Le lendemain, j'atteins Saint-Gilles où je retrouve Karine et sa bande pour une petite balade ludique dans la ville.

Et pour la dernière soirée, quoi de mieux qu'une pizza en bord de mer ?

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Publié le 13 septembre 2022

Il m'aurai fallu du temps pour annoncer cette pause, mais je pensais repartir plus vite..

Je suis rentrée, comme prévu dès le départ, pour l'anniversaire de mon papa, et pour passer le mois d'août (trop chaud pour rouler confortablement) avec mon amoureux et ma famille.

Et puis finalement, entre mariage dans le sud, covid et autres virées, mon mois de septembre se remplit bien..

Fin septembre, les campings ferment leurs portes, il ne me sera donc pas possible de rouler cet hiver.

Ce sera donc l'année prochaine que je reprendrai Bernadette pour finir ce beau voyage !

Merci à tous de m'avoir suivi 🙂

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Publié le 7 mai 2023

Quasiment un an après mon premier départ à vélo, il est temps de reprendre la route. L'hiver a passé, les oiseaux batifolent, les campings réouvrent, et Bernadette a envie de tâter du bitume.

C'est avec de nouveaux pneus plus fins que ma chère bicyclette a embarqué, il y a une semaine, dans le fourgon de Valérie et Éric, des amis de mon amie Magali (oui, celle-là même qui nous avait hébergés à Vichy), et a pris la route pour la Rochelle, où elle m'a attendue gentiment dans le garage de Thierry, un ami des amis de Magali (vous suivez ?).

Le temps d'empaqueter mes affaires et de mettre en sacoches tout mon petit monde, j'ai repris la route aujourd'hui pour la rejoindre.

Nous voilà donc de nouveau réunies, à La Rochelle, prêtes à traverser la France en direction de Lyon (avec quelques légers détours, sinon ça ne serait pas drôle).

Le port de plaisance de La Rochelle (l'un des trois plus grands au monde), depuis la Corniche
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Le voyage commence plutôt bien, puisque je me réveille sur un matelas à mémoire de forme, dans une jolie petite chambre, dans une belle maison vide, dans un quartier calme de la Rochelle. Pour cette première nuit, j'ai opté pour le dodo chez l'habitant !

Il pleut un peu le matin, juste le temps de prendre un café et regarder un plan de la ville, et le soleil refait son apparition quand je remonte en selle pour une journée de balade dans la Rochelle.

On m'avait annoncé que la ville était pensée pour les vélos, mais je ne croyais pas que ça pouvait être aussi vrai ! Il n'existe pas une rue dans cette ville qui ne comporte pas une piste cyclable ou qui ne soit pas autorisée aux vélos. La ville est pensée pour offrir un réel partage de l'espace entre les voitures, les vélos et les piétons.

Et en plus, c'est une jolie petite ville, avec ses anciens remparts, son vieux port et ses rues pavées. Je roule le long de l'eau, jusqu'au plus grand port de plaisance d'Europe, avant de rejoindre la plage pour faire trempette au soleil et me poser avec un bon bouquin.

Après une belle balade, il est temps de rentrer mettre le nez dans mes cartes, pour préparer les jours à venir, avant de partager un bon repas avec Arthur, mon hôte.

Un bon dodo, et demain je reprends la route, direction le Marais Poitevin !

L'entrée du port de la Rochelle entourée de remparts.
Le port de plaisance
Une belle surprise !
Le vieux port, gardé par la Tour Saint Nicolas et la Tour de la Chaîne
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Il pleut ce matin, je reste donc avec Arthur à discuter et boire des cafés en attendant que le soleil daigne se montrer, ce qui ne tarde pas à arriver (ah, le climat océanique...). Dès 11h, je retraverse La Rochelle pour rejoindre la Vélo Francette, voie verte qui me conduira jusqu'à Niort à travers le Marais Poitevin. Je récupère une petite chocolatine (il faut s'accoutumer au dialecte local) avant de quitter la ville, et rejoins le canal de Marans, que je vais suivre jusqu'à la ville du même nom.

Le chemin est superbe au bord de l'eau, loin des routes et de l'agitation des villes. Il suit paisiblement le canal, creusé à la demande de Napoléon, dans l'idée de relier les principaux ports militaires de la région.

Bernadette file, le vent dans le dos, sous un magnifique soleil, sur les 30km de canal. Doucement, le Marais Poitevin fait son apparition, les canaux se multiplient, et la nature devient sauvage. Nous croisons pleins d'oiseaux, une vingtaine de cyclotouristes, et arrivons à Marans en début d'après midi.

C'est une jolie bourgade construite sur différentes époques, bel exemple des différences architecturales entre les siècles. Malheureusement, la pluie m'empêche de visiter, et je dois continuer mon chemin, dans le dédale des minuscules rues de la ville (qui étaient autrefois des canaux, accessibles uniquement en bâteau).

Je rejoins le camping, où je m'installe à côté de Babette et Kermit, couple de soixantenaires baroudeurs, roulant chacun avec 40kg de bagages, et qui traverse la France pour aller visiter des amis de partout, et pour aller tournoyer sur les parquets ! Et oui, ces deux adorables voyageurs sont des habitués des bals traditionnels (que j'adore aussi), et sont d'ailleurs les parents de Maxime, accordéoniste du groupe Ma Petite !!

Nous passons une super soirée à cuisiner, manger et papoter, avant de rejoindre nos tentes pour une bonne nuit de repos bien méritée !

Le Canal de Marans.
Une écluse sur le Canal de Marans.
Le barrage écluse du Carreau d'Or, à Marans.
Le cloché futuriste de l'église de Marans (difficile de cadrer sous la pluie..)
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Les sacoches sont pliées, il est temps de dire au revoir (ou plutôt à bientôt !) à Babette et Kermit, qui partent en direction de la Rochelle.

Je m'élance pour une belle journée, mais dois m'arrêter après à peine 5km à cause d'une première averse. J'attends joyeusement sous un arbre que la pluie cesse, et reprends ma route. Trente minutes plus tard, rebelotte nouvelle averse. Autant en profiter pour casser la croûte ! Ni une, ni deux, j'installe ma chaise et mon réchaud sous un saule pleureur, et me prépare une casserole de Yumyum. Une fois rassasiée, mes vêtements sont bien humides, le vent est froid, mes sacoches sont trempées, et j'ai bien envie d'un petit rayon de soleil, qui heureusement, finit par arriver après une heure de pluie.

Je reprends le chemin, le long des méandres de la Sèvres Niortaise. C'est magnifique! Le fleuve sauvage serpente dans une nature calme et paisible. Tout du long de ses eaux, des petites maisons de pêcheurs sont installées, et en face de chacune d'elles, un petit ponton de pêche. Je croise quelques pêcheurs aujourd'hui, mais la majorité des rideaux sont tirés. Je croise aussi des hérons, des faisans et des grenouilles.

Mais l'averse n'est jamais bien loin, et pointe le bout de son nez. J'ai fini par reconnaître les prémisses du déluge, la lumière qui baisse et le vent qui change. J'ai juste le temps de me glisser sous l'auvent d'une maison heureusement accessible et de mettre Bernadette à l'abri, que la pluie reprend de plus belle.. Je commence à avoir bien froid !

Une heure plus tard, je peux reprendre mon chemin, et arrive enfin à Damvix, pour une nouvelle averse ! Sous un pont, puis dans les toilettes publiques, je réfléchis à la suite de mon trajet. Le temps est incertain, et le prochain camping est à 20km (les autres campings ont dû fermer pour la nuit, la pluie ayant détrempé les terrains..). Je m'arrête donc à 17h, et m'installe au camping où je monte ma tente sous le soleil et éparpille des vêtements humides sur tous les coins ensoleillés des emplacements alentours. Je profite de la piscine couverte pour faire flotter mes pauvres mollets (et pour lire sans risquer de me prendre une averse !).

Finalement le temps reste clément et je peux manger dehors. Mais mes vêtements restent humides, mon linge propre ne sèche pas, et je dois bidouiller un fil à linge traversant dans ma tente pour faire sécher mes sous vêtements. C'est donc emmitouflée dans mon duvet sous la voie culottée que je rejoins les bras de Morphée !

Petit ponton en bord de Sèvres.
La Sèvres Niortaise et la Vélo Francette.
Bernadette à l'abri.
Maisons de pêcheurs, barques et pontons.
Faux cycliste, canards, héron et pigeon.
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Je quitte Damvix de beau matin, non sans emporter avec moi un beau pain au chocolat (il faut s'accoutumer au dialecte local). J'ai le vent dans le dos toute la matinée et Bernadette avale les kilomètres avec une facilité déconcertante. Nous longeons toujours les petites maisons de pêcheurs le long des méandres de la Sèvre, et doucement, les canaux se divisent, se multiplient, et les écluses et autres carrefours se font de plus en plus nombreux. Nous sommes au cœur du Marais Poitevin, au centre d'une impressionnante organisation routière, version aquatique .

Assez vite, la route devient difficile, très cabossée. Le parcours, en rénovation, suit une déviation dans des chemins de terre pleins de trous, et de grosses différences se font sentir entre la carte IGN et la signalisation.

Nous parvenons tout de même à Coulon, la Venise verte du Marais, un joli petit village construit autour de son port fluvial et de son église. Et comme ça faisait longtemps que le ciel n'avait pas fait de caprice, on se prend une belle averse sur la tête.

Je m'arrête quelques kilomètres plus loin, au bord de l'eau, dans un coin calme pour poser ma chaise et profiter du Saint-Nectaire que j'ai rapporté de Clermont, et qui commence à embaumer mes sacoches..

La route est tranquille jusqu'à Niort, elle suit toujours le fleuve, qui prend par endroit une magnifique couleur bleu-vert. J'en profite pleinement car demain, je retrouve l'océan.

Le ciel reste très menaçant, et la route est toujours mouillée devant moi. La pluie me précède de peu.. Les 15 derniers kilomètres pour arriver à Niort sont terribles, la route est pleine d'eau, et je roule dans les flaques et la gadoue.

Arrivée à Niort, je me retrouve face à un pont interdit aux vélos, et une piste cyclable débouchant sur un parking. Après de multiples allers retours, une grosse côte et une belle perte de patience (il y a des fois où je me demande pourquoi je m'inflige ça..), j'arrive enfin à destination. J'ai choisi de dormir chez l'habitant ce soir, car le froid et la pluie risquent d'avoir raison de ma santé. C'est sans même avoir jeté un coup d'œil au centre-ville que je rejoins la maison d'Anne-Lise et Patrice, mes hôtes pour la soirée.

Amoureux du voyage à vélo, qu'ils ont pratiqué tout autour du globe, ils me partagent leur conseils et anecdotes et me donnent envie de découvrir l'Afrique à vélo ! C'est une belle soirée chaleureuse, accompagnée de petits plats délicieux, qui me redonne envie de pédaler après cette difficile journée.

L'église de Coulon
L'église de Magné
Canard sur barque.
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Difficile de quitter Anne-Lise et Patrice ce matin. Après une bonne nuit de sommeil au chaud, je refais mes sacoches, pendant que Fabrice passe Bernadette au jet d'eau, et lui donne un petit coup d'huile. Je repars de leur magnifique maison avec de beaux souvenirs sous la forme de conseils, de livres à acheter, et d'un petit vélo en fil de fer ramené d'Afrique !

Je rejoins le centre ville de Niort, où je pédale dans les rues avant de rejoindre la gare. J'y rencontre un couple de retraités allemands qui roulent de chez eux jusqu'à Saint-Sébastien. Nous prenons le même train, mais ils me quittent rapidement. Je continue jusqu'à La Rochelle, où je reprends mon périple sur la Vélodyssée après ma boucle poitevine.

Arrivée à La Rochelle, je me renseigne auprès de l'Office du Tourisme pour savoir s'il existe des moyens pour passer le pont de l'île de Ré avec un vélo (j'ai toujours le vertige..), et bingo, une navette gratuite fait le passage. Je rejoins donc le lieu de rendez-vous, et attends, jusqu'à ce qu'un loueur de vélo posté à côté de l'arrêt de bus vienne me dire qu'aucun d'eux n'est passé de la journée.. Bizarre. J'appelle la compagnie de transport, qui m'apprend que le bus ne circule pas tous les jours, et qu'aujourd'hui, il ne roulera pas. Je tente ma chance auprès des bus de ville, mais aucun conducteur ne veut accepter Bernadette.. Je me résous à retourner voir mon loueur de vélo, pour lui emprunter une feuille et faire un écriteau. Je m'installe au péage du pont, le pouce en l'air, et très vite, un van s'arrête. Clara, Anaïs et Olive le chien vont sur l'île pour un mariage, et nous embarquent pour une folle traversée !

Après les avoir laissées, je continue ma route, sous un beau soleil, jusqu'à mon camping, situé sur le haut de l'île. Il est déjà tard, j'ai juste le temps de monter mon bivouac, de cuire mes pâtes et de faire un tour sur la plage, que déjà la nuit est tombée.

Me donjon de Niort.
Le marché couvert de Niort.
Marais salants sur l'île de Ré.
Petit vélo sur la plage de l'île de Ré.
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Aujourd'hui, je pose les sacoches et pars en vadrouille sur l'île de Ré. Je choisis de découvrir le haut de l'île, plus sauvage et moins fréquenté, même si en cette période, les touristes ne sont pas nombreux.

Après un petit passage par la commune d'Ars-en-Ré, et son joli clocher bicolore, je pédale vers le bout de l'île, en traversant les marais salants.

Les sauniers travaillent au soleil, l'île est paisible, et le soleil vient agréablement réchauffer l'air chargé d'embruns.

Arrivée au Phare des Baleines, je déguste une petite glace au soleil. Ce sera donc une boule au pralin et aux algues, et une boule... à l'huître ! Un peu écœurant, mais pas mauvais du tout !

Un petit détour sur la plage quasiment vide pour profiter de la vue et du son des vagues, et je reprends la route vers Les-Portes-en-Ré, partie de l'île la plus éloignée du pont et des animations touristiques.

Pour rentrer, je choisis de traverser la réserve ornithologique de l'île, qui abrite des dizaines d'espèces d'oiseaux. Des aigrettes, des cygnes, des canards, des mouettes et autres sternes volent, chantent et couvent au milieu des marais.

De retour au camping après une belle journée de 50km, je déguste un délicieux velouté de salicorne. La journée étant loin d'être finie, je rejoins la plage avec mon livre et ma chaise. Mais à peine posée, le ciel s'assombrit, et des gouttes commencent à tomber. Je rentre juste à temps sous ma tente avant que le tonnerre ne gronde. L'orage passe vite, mais la pluie continue à tomber, cachant un peu les bruits de voix de mes voisins de camping, très heureux de passer un week-end entre copains !

Le clocher d'Ars-en-Ré.
Le phare des Baleines.
La vieille Tour des Baleines.
Glace à l'huître et aux algues.
Spot de lecture avant la pluie.
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Dans tout voyage, il y a des journées avec et des journées sans. Aujourd'hui était plutôt une journée de la seconde catégorie. La différence est énorme entre la vie de tous les jours, à la maison, avec tout le confort à disposition et les amis jamais très loin, et la vie en voyage, à voguer au gré du vent. Et de temps en temps, le corps lâche, les émotions craquent, les rencontres furtives laissent un goût amer de solitude. Dans ces journées-là, la mélancolie s'installe et le voyage même paraît dérisoire. Heureusement, ces états d'âmes sont passagers, et se font vite oublier.

Cette journée plutôt sans, donc, m'a conduite, cette fois-ci dans le bas de l'île, partie plus touristique et moins sauvage.

J'ai décidé de laisser Bernadette à Bois-Plage-en-Ré, où se tenait un vide-grenier, et de faire le tour de la partie basse à pieds, et en bus ! Des petites navettes électriques et gratuites font une boucle sur l'île, ce qui est, ma foi, fort pratique. Je laisse donc ma fidèle camarade, et prends la route de Saint-Martin-en-Ré, plus grande commune de l'île. C'est un petit coin charmant, avec un joli port entouré par une citadelle en étoile de l'illustre Vauban, malheureusement non visitable, car transformée en prison centrale.. Tous les touristes de l'île ont l'air de s'être donné rendez-vous dans ce bourg, aux terrasses des multiples restaurants, glaciers et autres troquets. Préférant de loin les espaces vierges aux endroits prisés par les touristes, je me mets en quête d'un repas à manger loin des foules, et finis par débusquer des encornets et une baguette que je mange assise sur les remparts, en compagnie d'une charmante mouette, bien décidée à finir les restes de mon déjeuner.

Je reprends la navette pour rejoindre la plage de la Grenette, où un festival de surf a lieu tout le week-end. Mais les vagues se sont calmées, et seuls quelques surfeurs amateurs s'amusent encore quelques temps, avant de sortir de l'eau.

Il est temps de rentrer chercher Bernadette ! Sauf que l'arrêt de navette de la plage n'est plus desservi, et je me retrouve à rebrousser chemin sur 3 kilomètres pour retrouver un arrêt. Heureusement que pour une fois, j'ai anticipé et pas attendu le dernier moment pour rejoindre les transports..

La petite peur en moi se calme quand j'aperçois ma bicyclette attendant gentiment là où je l'avais laissé ce matin. Nous remontons ensemble vers le camping, contre le vent.

Enfin, il est temps de se faufiler dans mon duvet et de planifier dans les grandes lignes la journée de demain. Et de découvrir qu'aucun camping ne propose de tarif décent sur des dizaines de kilomètres (c'est ça aussi les joies du voyage). J'envoie des messages de derniers minutes à des membres de la plateforme Warmshowers (communauté de cyclistes qui proposent de s'entre-héberger) et heureusement une réponse ne tarde pas à arriver ! C'est donc sur une note rassurante que je finis ma journée.

Église Saint-Martin à Saint-Martin-en-Ré.
Les ânes de la citadelle de Saint-Martin-en-Ré.
Ma nouvelle amie.
Vignes de l'île de Ré.
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C'est sous un temps clément que je me remets en route pour le continent. Je traverse une dernière fois l'île de Ré, ses vignes et ses marais, sur les 20 kilomètres qui me séparent du pont. J'en profite pour m'arrêter au petit Décathlon de Saint-Martin pour acheter une bouteille de gaz (ce serait dommage de ne plus pouvoir faire cuire mes habituelles pâtes du soir).

J'ai pris le temps, la veille au camping, de préparer un petit écriteau pour stopper avant le pont. Écriteau qui ne servira pas, car à peine arrivée sur la route menant à l'horrible passerelle, je fais signe à un artisan qui s'arrête et nous fait monter à bord, Bernadette et moi. C'est donc avec Bertrand, paysagiste, que nous traversons le pont.

Arrivée à la Rochelle, je retrouve mon amie Léa (avec qui je suis partie en voyage en Crête et en Islande il y a maintenant 10 et 11 ans, on se sent vieilles tout à coup..) arrivée il y a quelques jours de Copenhague à bord du Tres Hombres, un voilier de fret à bord duquel elle apprend à devenir la pirate qu'elle a toujours voulu être. Nous profitons des retrouvailles pour s'attabler à la terrasse d'un restaurant, profiter d'un fish and chips, d'un ceviche de dorade et d'encornets que nous partageons tout en nous racontant nos vies respectives. Elle me fait visiter le navire, puis, après un café et de longues discussions sous le porche d'un magasin à attendre que la pluie passe, je la quitte en espérant la revoir très vite !

Je roule une petite heure, sous un ciel menaçant, en direction d'Angoulins, où je dois planter ma tente dans le jardin de Laurence et Guy. Mais arrivée dans le-dit village, je me rends compte que je n'ai pas leur adresse.. Je m'installe donc dans un parc en attendant des nouvelles, qui finissent par arriver, après un petit temps de légère panique due à l'incertitude. J'arrive en même temps que les premières gouttes d'une belle averse qui durera une bonne partie de la soirée.

Après un bon repas, je peux planter ma tente, profiter d'une bonne douche chaude, de la chaleur d'un foyer, et d'un fauteuil bien confortable.

En quittant l'île de Ré.
Le Tres Hombres.
Léa, et nos montures respectives
Le Pertuis d'Antioche, entre Oléron, Ré et l'estuaire de la Charente.
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Il est tôt ce matin quand je quitte la maison de Laurence et Guy, qui doivent partir travailler. Je prends donc la route pour une bonne journée sous le soleil.

Je fais un premier arrêt à Châtellaillon-Plage, pour profiter du marché et voir l'église peinte, que Laurence m'a invité à ne pas manquer.

La route me fait suivre la côte et les grandes plages à marée basse, puis les marais d'Yves, malheureusement inaccessibles. Je longe donc une Nationale bruyante, mais ambiance un peu mon voyage en écoutant de la musique au volume maximal.

Après avoir discuté avec une adorable québécoise venue pédaler en France pour les vacances, je prends la direction de la presqu'île de Fouras, qui se termine sur la Pointe de la Fumée, et son superbe point de vue sur les forts Enet et Boyard, et sur l'Île d'Aix, qui paraît toute proche.

Le coin est réputé pour ses huîtres, qui apprécient énormément les eaux chargées en sédiments qui se concentrent entre Oléron, Ré, et l'estuaire de la Charente. Je profite donc d'une dégustation de demie-douzaine en bord de mer.

Lors d'une petite pause en chemin, je fais une rencontre tout à fait perturbante. Un homme veut absolument me montrer une petite crique que personne ne connaît à Fouras, sauf les quelques habitués naturistes qu'il retrouve chaque jour. L'endroit donne envie, mais l'impossibilité qu'il m'est laissé de donner mon avis me rebute un tantinet. Finalement, je le suis, légèrement sur mes gardes, et me détends quand je comprends que ce geste, bien que très maladroit, était fait en toute bienveillance, pour me montrer un endroit charmant où me ressourcer avant de repartir.

Après une petite pause au Fort de Fouras, construit par Vauban, je remonte l'estuaire de la Charente, contre le vent, entre les marais et l'autoroute. Drôle de rencontre.. À ma droite, les hérons se tiennent immobiles dans les canaux verdâtres, à ma gauche, les camions et voitures roulent à toute berzingue, dans un vacarme assourdissant.

Le niveau sonore s'apaise en arrivant à Rochefort, mon étape du soir. Je rejoins le camping où je monte ma tente avant d'aller rendre visite à l'Arsenal, où l'Hermione est normalement ancrée au port. Pas de chance, elle est actuellement à Anglet.. Je continue mon tour dans cette petite ville très marquée par son histoire militaire et navale, où les anciennes corderies voisinent le musée de la Marine, les ateliers de réparation des gréements, et les bâtiments militaires.

Je m'installe, en rentrant au camping, dans l'espace couvert réservé aux cyclistes, et suis invitée à partager une bière avec deux couples de retraités venant de terminer leurs dix jours de pédalage sur la Flow Vélo, qui relie la Dordogne à l'océan. C'est donc sur des rires et une bonne ambiance de franche camaraderie que se termine cette belle journée.

L'église peinte de Châtellaillon-Plage.
Les forts Enet et Boyard, et l'île d'Aix.
Le fort de Fouras.
Porte de l'arsenal de Rochefort.
Les Corderies de Rochefort.
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Ce matin, je décide de m'offrir une matinée de sommeil, et de partir un peu plus tard. En préparant mes affaires au camping, je rencontre Agnès et Damien, voisins d'emplacements. Elle a déjà traversé l'Europe à vélo, lui aimerait partir. On discute un bon moment sur les bienfaits du voyage, et Damien me propose de vérifier la pression de mes pneus et de regonfler si nécessaire. C'est donc avec de beaux pneus bien joufflus que je reprends la route.

À la sortir de Rochefort, j'emprunte le pont Transbordeur, ancien pont à nacelle suspendue. Pour la petite anecdote, au 20e siècle, des fonds ont été levés, à la demande des locaux, pour détruire ce pont vétuste et dangereux. Mais grâce à des associations et des militants engagés, l'argent destiné à la destruction a finalement été alloué à la rénovation et à la sauvegarde. Et aujourd'hui, ce pont propose encore de belles et lentes traversées au dessus de la Charente.

Dans les champs à la sortie de la ville, j'aperçois une cigogne. Je la montre à deux cyclistes passant par là à ce moment. C'est ainsi que je fais la connaissance d'Olivier et Gilles, deux frères, qui voyagent ensemble avec leurs remorques. Ils me donnent le nom du camping à la ferme très peu cher qu'ils ont trouvé pour la nuit. On s'y donne rendez-vous, et chacun reprend sa route.

Après une pause déjeuner dans un champ au milieu de nulle part, je retrouve le fleuve, dont les rives sont habitées par des centaines de pêcheries, des petites cabanes de pêcheurs. Dans l'une d'elles, j'aperçois quelqu'un, et m'arrête, intriguée. Robert vient me voir et me propose de visiter sa petite cabane. Il me montre son carrelet, le gros filet carré qu'il remonte de temps à autre, en espérant qu'un poisson s'y soit arrêté. Nous discutons un peu sur le ponton, et je repars, vers le village de Lupin, où un cigogneau (c'est quand même vachement gros ces machins là !) attend sa maman, dans son nid construit sur une plateforme en hauteur. Plus loin, je croise la fontaine de Lupin, réserve d'eau douce à l'embouchure du fleuve, permettant de remplir les cuves des bateaux partant en mer.

La route mène à Port-des-Barques, qui se situe en face de Fouras, de l'autre côté de l'embouchure de la Charente. De là, un chemin submersible permet d'accéder à l'île Madame. Mais la marée remonte quand j'arrive, je ne peux donc que regarder l'île de loin.

Je continue le chemin à travers des marais, où je croise cigognes, hérons, cignes et cormorans, jusqu'à Brouage, magnifique village fortifié.

Ceint au milieu de remparts, la ville pavée garde de nombreux vestiges de son passé militaire.

Il se fait tard, et il me reste encore quelques kilomètres à parcourir avant la ferme. Le chemin se perd dans les marais, avant d'arriver à Marennes, où je pose enfin pied à terre à 19h30, aux côtés de Gilles et Olivier.

À peine arrivée, mes compagnons de route me remplisse la popote de semoule, le gobelet de Madiran, et la panse de bananes et chocolat. On termine la bouteille en discutant, je monte ma tente légèrement titubeante (ca monte vite après une journée de vélo..), et je m'endors, exténuée de cette longue journée.

Le Pont Transbordeur.
À bord du Transbordeur.
Pêcheries de Port-Des-Barques.
La pêcherie de Robert.
La Fontaine de Lupin, réserve d'eau potable.
A l'entrée de Brouage.
Les remparts de Brouage depuis les marais.
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La journée commence par un petit café avec croissant, accompagnée d'Olivier et Gilles, qui s'apprêtent à partir que Oléron pour une journée de repos. Pour ma part, après dix jours à rouler, je m'octroie une journée de répit, à la ferme. C'est l'occasion de faire ma lessive, laver mes cheveux (avec la tignasse que je traîne et le climat parfois frisquet, c'est une vraie organisation..), et m'occuper de quelques détails techniques sur mon vélo.

Je profite du marché de Marennes, d'une grande brocante, et me balade dans la ville, où je tombe sur l'atelier d'un artiste peintre, sculpteur, musicien, comédien, écrivain.. Il me raconte l'histoire de ses toiles, et nous lois prenons au jeu d'imaginer les histoires cachées derrière un village imaginaire qu'il est en train de peindre.

Après un bon repas à base de légumes (difficile à transporter en sacoches), je passe mon après midi à manger des fraises en vaquant à mes occupations, au son des beuglements de mes voisines bovines.

En fin d'après midi, mes voisins reviennent de leur journée calme : 91km autour de l'île d'Oléron.. Ils sont foux ces cyclistes !

Nous profitons d'un repas ensemble, partageant bières, fraises, saucissons, et pâtes au pesto, avant de nous coucher, pour repartir vers la Rochelle pour eux, et lever le pouce pour Oléron pour moi.

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Mes deux voisins s'en vont de bonne heure ce matin, alors que je prend mon temps pour rejoindre le pont de l'île d'Oléron, avec mon petit panneau de stop. Je m'installe à la sortie d'un rond point, la bicyclette bien en vue, et je lève le pouce à l'approche de vans ou camionnettes. C'est un bricoleur du vendredi, parti chercher des planches sur le continent, qui me fait passer le pont, à bord de son petit utilitaire.

Il me dépose à Château d'Oléron, jolie petite commune aux cabanes colorées, servant d'ateliers d'artistes. Je laisse mes sacoches à l'Office du tourisme, et vais visiter la citadelle, construite par Vauban. J'y apprend que les différents forts (Boyard, Enet) et les nombreuses villes fortifiées que je croise depuis quelques jours, servaient autrefois pour la défense de l'arsenal de Rochefort. Tout se recroise !

Je prends la route des huîtres, piste cyclable en construction, qui doit m'amener directement à Boyardville, où je dors ce soir. Mais la piste n'est pas encore bien indiquée, et je dois faire demi tour plusieurs fois, me retrouvant dans un golf ou sur des plages. Avec un bon vent de face en plus, il est tard quand j'arrive enfin sur les plages mes plus proches du fort Boyard. Je pousse Bernadette dans le sable pour me rapprocher de la plage, et découvre, au détour d'une dune, le fort, entouré de dizaines de voiliers. Une petite pause déjeuner (à 16h) s'impose, le temps de profiter de la vue.

Enfin, après avoir traversé de nouveaux marais et une très belle forêt domaniale, je rejoins le camping, grand terrain en bord de plage, et m'endors au rythme des vagues.

Le Pont d'Oléron, depuis l'île.
La citadelle de Château d'Oléron.
La citadelle de Château d'Oléron.
Petites cabanes en bord de route.
Le Fort Boyard !
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Après une petite grasse matinée, j'enfourche Bernadette et rejoins Saint-Pierre-d'Oléron où le marché bat son plein et où je croise un requin (si, si, un vrai ! Mort à la poissonnerie, mais un vrai quand même !).

Je traverse l'île jusqu'à la Cotinière, charmant petit port de pêche. Les touristes sont nombreux en ce week-end d'ascension, et les restaurants font tables combles. Je suis venu ici pour manger des fruits de mer, et j'en trouve au marché, chez des ostréiculteurs proposant des plateaux. Je prends un bel assortiment surprise, et me régale d'huîtres spéciales (mâturées en eau douce), de bulots, langoustines et autres crevettes.

Le ventre plein de crustacés, je reprends la route et longe la côte sauvage en direction du phare.

Pour la troisième journée consécutive, je suis partie sans cuissard, ma selle en cuir prenant lentement la forme de mon fessier. Mais je commence à avoir mal sur les bords, au niveau de l'élastique de mes sous-vêtements. La peau est à vif, et ça brûle fort.. Je fais des pauses régulières pour calmer les douleurs, et en profite pour lire au bord de l'océan.

Dans quelques jours, je bifurquerai sur l'estuaire de la Gironde. Je fais donc mes derniers kilomètres en bord de mer. Je profite des embruns, de la vue et de toutes ces petites choses magiques propres à l'océan. Le large m'appelle au bout du monde, au bout de l'île, au phare de Chassiron.

Les derniers kilomètres sont difficiles pour attendre mon but. La voie cyclable est une autoroute à touristes, et (petit moment d'énervement) quoi de pire que des touristes à vélo ? Beaucoup ne roulent jamais et découvrent les joies de la bicyclette pendant les vacances, mais oublient complètement l'existence du Code de la route.. Je me fais quelques belles frayeurs, et finis d'ailleurs par croiser les pompiers venus chercher un blessé (heureusement dans blessure grave), suite à une chute..

Mais le jeu en vaut la chandelle ! La côte à pic de l'île, sauvage et venteuse, offre un spectacle enivrant : la mer, à perte de vue. Ça donne envie de poser un petit bivouac au pied du phare !

Mais ce n'est malheureusement pas possible, donc je pédale sur la route de retour du camping, où j'arrive pile en même temps que la pluie.

Plateau de fruits de mer à la Cotinière.
Le port de pêche de la Cotinière.
Le phare de Chassiron.
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Après deux belles journées à Oléron, il est temps de retourner sur le continent. Je retraverse l'île en direction du viaduc, sur une superbe piste cyclable loin de la circulation automobile. Je traverse des marais, des marais salants, des superbes forêts de pin et des pâturages. Le week-end long se termine, et l'île se vide. Il n'y a personne d'autres que les oiseaux, les vaches et moi (et quelques touristes téméraires), et il va s'en dire que c'est très agréable !

Avant de quitter l'île, je décide de passer par le sud, au village de Saint-Trojan, dont tout le monde me parle depuis mon arrivée ici. Et en effet, ce petit port entouré de cabanes colorées vaut le coup d'œil.

Depuis hier, j'ai une légère peur de ne pas trouver de voiture pour me prendre en stop pour passer le pont. On est dimanche, les artisans et leurs camionnettes ne travaillent pas, et les voitures de touristes qui quittent l'île sont déjà bien remplies. Je me hâte donc au pont, pour mettre toutes les chances de mon côté.

Trois kilomètres avant le viaduc, je tombe sur un embouteillage. Pensant d'abord à un accident, je comprends bien vite que toutes les voitures arrivant de l'île pour passer le pont se retrouvent ici, quasiment à l'arrêt. Je n'ai qu'à faire mon choix et à demander aux gens, qui en plus ont tous les fenêtres ouvertes, s'ils veulent bien nous embarquer, mon gentil vélo et moi. Après deux refus souriants pour cause de manque de place, Kévin et son Kangoo sont prêts à nous prendre. Même pas besoin de se garer, on fait le chargement au milieu de la route. De toute façon ça n'avance pas..

On reste bien une demie heure à papoter vélo et jeux de société, avant d'enfin passer le pont. Il me dépose à la ferme, où je décide de rester une nuit de plus. Et je fais bien, car à peine installée, la pluie se met à tomber intensément, pour toute la soirée ! Je passe donc le temps sous un hangar à tracteur, avec Joëlle, ma sympathique voisine, partie rouler sur la Vélodyssée, avec aucun objectif, si ce n'est celui de se faire plaisir.

Le port de Saint-Trojan.
Le port de Saint-Trojan.
Les cabanes du port de Saint-Trojan.
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Il a beaucoup plu cette nuit, et je laisse donc mes affaires sécher avant de partir. Je retarde le départ car je redoute le pont que je dois passer ce matin, reliant Marennes à La Tremblade. Mais à un moment, il faut se lancer ! Tout se passe bien, jusqu'au sommet du pont où je commence à paniquer et à trembler très dangereusement. Je me fais une belle frayeur, qui heureusement ne dure pas.

La route rejoint la forêt domaniale de La Tremblade, dont l'ambiance paisible m'aide à m'apaiser. La forêt est encore humide, et les premiers rayons du soleil font ressortir les odeurs de pins, de sève, et de terre, qui viennent s'ajouter aux embruns. Avec les chants des oiseaux en fond, c'est un vrai paradis terrestre. Je suis entourée d'arbres, et à quelques dizaines de mètres derrière les pins, une grande dune sépare la forêt de la mer. Je profite d'un petit chemin pour grimper à la dune et contempler la forêt d'en haut, et apercevoir le phare de la Coubre, qui surplombe un bras de terre dans la mer.

Le temps de faire quelques courses, je m'arrête juste après la Palmyre, dans un petit camping très sympathique. Je bifurque sur l'estuaire de la Gironde demain, et profite donc des derniers moments face à l'océan.

Je passe ma soirée sur un banc surplombant la mer, à lire et manger des chips, face au phare de Cordouan. Il fait chaud, le ciel de pare d'un magnifique arc-en-ciel, et le soleil se couche sur l'océan et sur une belle journée !

Au camping, avec Joëlle, Sophie, Alain et Petit Vélo !
Dans la forêt domaniale.
Entre mer et forêt.
Le phare de la Coubre depuis la dune.
La forêt depuis la dune.
La phare de la Coubre.
Le phare de Cordouan.
Arc-en-ciel du soir, depuis mon banc.
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La journée commence de manière sportive ! La route est vallonnée, je me prends un bon vent de face, et je me fais doubler par pleins de p'tits vieux en vélos électriques, qui me doublent sans avoir besoin de dire bonjour ou de mettre un coup de pédale, mais en faisant des queues de poisson et en roulant comme s'ils étaient seuls sur la route. Le summum est atteint quand l'une d'entre eux s'arrête au milieu de la route, en côte, alors que des cyclistes arrivent en face, pour remettre sa culotte en place. Je dois m'arrêter, mamie repart avec son assistance, et je repars, les mollets en feu, et portant mes 15kg de bagages.. Il y a des coup de béquilles qui se perdent je vous dis !

Je passe Royan, petite ville aux maisons hétéroclites, où voisinent petits châteaux, maisonnées antiques et demeures archi contemporaines. J'y quitte la Vélodyssée pour rejoindre le Canal des 2 Mers, véloroute reliant l'Atlantique à la Méditerranée, que je vais suivre jusqu'à Bordeaux. Une fois l'estuaire passé, je laisse l'océan derrière moi, et remonte sur les coteaux, avant de rejoindre le fleuve, puis de remonter aussitôt. Mes cuisses ne sont plus prêtes à de telles grimpettes, et je dois parfois pousser Bernadette pour atteindre les sommets.

L'ambiance change. Les petits village en bord de fleuve continuent ont encore ports et pêcheries, mais les terres deviennent plus vertes, les vignes vont à foison, et le paysage se remplit de petits clochers, perdus sur des collines à perte de vue.

Je croise d'impressionnantes grottes troglodytes à Meschers, puis le très beau village de Talmont, et son église construite sur le fleuve, et enfin Mortagne, son petit port bucolique et ses grandes falaises.

Ma route croise celle d'Olivier et Marlise, un couple suisse, visitant la France à vélo par petites portions depuis des années. On prend le temps de discuter de tout et de rien, et de faire des pauses au gré du chemin.

Le journée est très venteuse, j'ai mal aux jambes, et le soleil commence à taper fort. J'ai une longue étape de près de 60km aujourd'hui, difficile, mais qui vaut le coup, car à la fin, je pose mes sacoches chez mes amis Agathe et Valentin, qui arrivent de Clermont dans leur maison de Saint-Dizant, et qui ont ramené mon amoureux pour que nous passions quelques jours tous ensemble.

J'arrive, exténuée, dans leur jolie chez-eux, jette toutes mes affaires dans la machine à laver, et prends une bonne douche avant de m'installer à l'apéro, pour une bonne soirée entre amis.

Je vous retrouve donc à mon départ de Saint-Dizant !

Pêcheries à Saint-Palais.
Colonnade et petit château à Royan.
Différentes architectures à Royan.
Les grottes de Matata.
Port de Meschers.
L'église de Talmont.
Entre fleuve et coteaux.
Le port et les falaises de Mortagne.
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C'était une pause très agréable que ces six jours à Saint-Dizant. Six journées à faire des jeux, à manger, discuter, papouiller Francis et Daniel (mes deux chats préférés), à visiter les environs, à faire des mimes et à profiter du temps, entre amis et avec mon amoureux.

Une belle semaine durant laquelle Valentin, qui apprend à travailler le verre, nous a accompagné dans la création de boucles d'oreilles, du dessin au montage, en passant par la coupe du verre, le polissage et le sertissage.

Durant laquelle aussi nous avons visité l'ermitage Saint-Martial à Mortagne, avec un guide bénévole absolument génial, dans un lieu tout simple, mais qui offre une surprise de taille : une chapelle troglodytes dans laquelle la lumière ne bouge pas, grâce à un astucieux travail de jeu sur les distances focales.

Une semaine où j'ai complètement perdu mon rythme de voyage, mais aussi mes cheveux, tombés sous les ciseaux d'Agathe, qui sont remontés au niveau des épaules et demanderont beaucoup moins d'entretien.

Une semaine toute douce, qui fait du bien !

L'ermitage Saint-Martial.
L'ermitage Saint-Martial.
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Publié le 30 mai 2023

Vous vous souvenez de Babette et Kermit, rencontrés au camping de l'île d'Elle ? Un petit échange par message durant ma semaine à Saint-Dizant m'a appris qu'ils étaient de retour chez eux, à Saintes. Et il n'aura pas fallu longtemps entre leur "tu n'es pas loin, tu passes nous voir ?" et ma réponse positive !

Je profite donc que Valentin conduise Sébastien à Cognac ce matin, où un covoiturage l'attend, pour monter Bernadette dans la voiture et les accompagner.

Les sacoches quasiment vides, je reprends donc la route à Cognac, petit bourg fluviale de pierre blanche, marqué par une forte histoire commerciale, et suis la Flow Vélo, véloroute joignant Thiviers à Fourras, en suivant notamment la Charente.

Le chemin entre Cognac et Saintes n'est pas inoubliable. Hormis de beaux moments très proches du fleuve, le sentier traverse d'immense champs vides, sous une forte chaleur. Pour la première fois depuis longtemps, j'accompagne le chemin de musiques ou de podcasts pour trouver de la motivation ailleurs que dans le paysage.

J'arrive en fin d'après-midi à Saintes, qui m'a l'air d'être charmante, mais qui attendra demain pour la visite. Je rejoins directement la maison de Kermit et Babette. Après une bonne douche fraîche et un goûter avec des amis à eux, nous passons une très agréable soirée, à papoter, manger et jouer aux cartes.

Pobt en fer sur la Charente.
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Saintes... De toutes les villes traversées durant mon voyage, c'est pour le moment celle qui m'a le plus plu ! Petite cité de pierres blanches vallonnée, aux ruelles étroites et labyrinthiques, avec ses airs de grand village construit dès le deuxième siècle sur une boucle de la Charente. Il faut dire que j'ai sillonné ses rues en excellente compagnie, ce qui a dû jouer sur mon ressenti !

Mercredi, c'est en 2Deuch que Kermit, Babette et moi avons refait en sens inverse la route de la veille, à travers les petits villages pittoresques de la Saintonge, pour aller pique-niquer en bord de Charente. Nous avons ensuite rejoins le Moulin de la Baine, qui ne fonctionne plus aujourd'hui, mais qui domine encore le fleuve avec ses sept passages d'eau. Une petite bière sous l'ombre des arbres, puis nous avons repris la route de Saintes, où nous avons roulé de crypte en arènes, de cathédrale en point de vue, et de petites ruelles en terrasse (je ne pouvais pas quitter Saintes sans avoir goûté un petit Pineau..).

La visite étant loin d'être finie, nous décidons de rallonger mon séjour d'une journée !

Jeudi, c'est à vélo que nous avons rejoins la ville, pour visiter l'Abbaye aux Dames, où nous avons profité d'une visite immersive. Guidés par la Musique, casques sur les oreilles, nous avons traversés les siècles et découvert l'histoire de cette abbaye 100% féminine. Puis nous avons quittés la fraîcheur des pierres religieuses pour la douceur des glaces locales.

Et comme lors des deux soirées précédentes, nous avons passé une excellente soirée à papoter, jouer aux cartes, manger les petits plats aussi nombreux que délicieux de Babette. Une petite pause hors du temps, tout en gentillesse, comme si j'avais toujours été là..

Merci Kermit et merci Babette pour ce merveilleux séjour !

Babette et Kermit à bord de leur 2Deuch.
Babette!
Kermit!
Le Moulin de la Baine.
Les hélices du Moulin de la Baine.
Les arènes de Saintes.
La cathédrale Saint-Pierre de Saintes.
L'abbaye aux Dames.
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Il est temps de quitter Saintes, Kermit et Babette, même si je serais bien restée là, dans leur agréable maison, à ramasser des mûres et profiter de la vie. Mais c'est les règles du voyage, il faut partir un jour, et repartir de zéro, ailleurs.

Avant de repartir seule sur les routes, Babette m'accompagne sur les premiers kilomètres, pour me montrer le chemin. Je ne suis aucune voie cyclable aujourd'hui, mais des départementales peu empruntées par les voitures.

Assez vite, sur le bord du chemin, j'aperçois un gros serpent, mort, décapité, mais d'instinct, je fais attention au ciel et aux oiseaux pour le reste de la journée (pour l'anecdote, se reporter au jour 2).

Sur un petit chemin, en plein soleil, je déraille, pour la première fois du voyage.. Je décroche mes sacoches sur la route, m'affaire sur ma chaîne, et répare tout, juste avant qu'un camion passe, prenant toute la route. Timing parfait !

La route est agréable, il fait chaud, mais le vent souffle, frais et dans le bon sens. La route suit des petits villages charentais, tous construits autour de l'église romane, typiquement Saintongaise.

Je rejoins Saint-Dizant, où je retrouve Agathe et Valentin, le temps d'une douche et de refaire mon sac, pour partir avec Agathe en direction des falaises.

Nous allons passer la nuit dans une grotte, avec vue sur le fleuve au loin. Dans notre abri troglodyte, nous regardons le jour se coucher, sous le chant des cigales...


L'église de Tesson.
Vue des falaises...
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Il fait frais et ombragé dans les grottes à notre réveil ce matin. Nous prenons le temps de nous réveiller, de boire un petit café et de manger des chocolatines, avant de laisser notre campement et de retourner à Saint-Dizant.

Je fais un gros tri de mes sacoches (la chaleur a l'air de s'être installée pour de bon..), une lessive et un bon nettoyage de mon matelas qui a malheureusement commencé à moisir de l'intérieur à cause de l'humidité ambiante des derniers soirs avant ma pause..

En rangeant ma popote, je découvre que ma fourchette à décidé de prendre son indépendance et de rester seule, vivre sa vie de fourchette, dans la grotte. Je repars donc de Saint-Dizant en direction de Mortagne. Un beau détour de 10km pour une fourchette en plastique bleu...

Je continue mon chemin jusqu'à Port Maubert, où j'avais repéré, lors de notre passage la semaine précédente, que le petit bourg se prêtait bien au bivouac. Je passe à la Guinguette prendre une bière et demander au patron où il est possible de planter une tente. Je trouve le spot parfait, et attend patiemment que le jour décline. Une petite soupe de poisson en bord de fleuve plus tard, je me fais alpaguer par un papy local, qui m'offre un long discours sur mon inconscience, sur la sécurité et le déclin du monde... De quoi me rassurer pour la nuit !

Quelques minutes avant le coucher du soleil, je change finalement de spot, et m'éloigne du cœur du bourg, pour me cacher sous un arbre, au bord d'un ruisseau et de la voie cyclable.

Le soleil se couche sur le port, les éclairs illuminent l'autre rive de la Gironde, et je me couche sous la tente, pour mon tout premier bivouac seule !

Port Maubert.
Coucher de soleil depuis mon spot de bivouac.
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Malgré un réveil tôt ce matin pour démonter ma tente dès le lever du soleil, le calme et une migraine ont raison de moi : je me rendors aussitôt. Je réouvre les yeux à 9h, des promeneurs se baladent sur le port, à quelques mètres de ma tente. Je crois que j'ai bien dormi !!

Je prends la route du bordelais, et suis de longs chemins en ligne droite, au bord de marais. Le soleil brûle dès le matin, et l'ombre est rare. Heureusement, la route est ponctuée de petits ports très mignons, où le vent s'engouffre un petit peu.

Je m'arrête pour manger au port de Vitrezay, et mon téléphone en profite pour rendre l'âme. C'est dans ces moment-là que l'on se rend compte de notre dépendance aux smartphone, mais aussi du fait que le monde n'est plus du tout pensé pour des gens sans téléphone..

Au moment où je repars du port, une grosse averse se déchaîne. Je me réfugie dans un snack, avec d'autres cyclistes.

Je laisse passer la pluie, puis un gros orage. Il tonne si fort qu'il réveille mon portable, qui décide finalement de rester avec moi encore un petit peu..

L'orage passé, je remonte à bicyclette, mais le temps reste très incertain. Le ciel est noir devant et noir derrière. Je préfère assurer mes arrières et m'arrêter planter ma tente dans un petit camping (fermé, mais accessible). Je m'installe sous un bâtiment du camping, et aussitôt, l'orage fait son retour.

Le temps finit par se calmer et je rejoins ma tente, dans ce camping étrange, qu'on dirait fantôme.. Trois tentes sont plantées autour de la mienne, avec des voitures et des signes de vie, mais personne ne les habite.. Idem pour les nombreuses caravanes. Seules quelques petites fenêtres laissent passer une faible lueur, et une enfant joue sur une balançoire. Si on ajoute le bruit lointain et constant de la centrale nucléaire de Blaye, située à 1km d'ici, on a le scénario d'un mauvais début de film d'horreur..

Sur ce, il est temps de dormir...

Ah, et bonne fête à ma p'tite Mamounette ❤️

Port de Conac.
Port des Callonges.
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Publié le 5 juin 2023

Ce matin, alors que je vais chercher ma batterie qui charge aux sanitaires, j'ai la bonne surprise de voir qu'elle a été volée pendant la nuit.. Je rencontre Mathieu, qui vit dans son camion face à la porte des toilettes, et qui compatis à ma situation. Il m'offre un petit déjeuner, son ancien chargeur de téléphone, et une bonne matinée à discuter du monde, des énergies et de nos folies vagabondes.

Je le quitte pour reprendre ma route, en direction de Blaye. Je ne roule que 20km aujourd'hui, j'arrive donc assez vite à destination, et rejoins le camping, situé au cœur de la citadelle.

L'accueil du camping n'ouvre qu'à 17h, et les sanitaires sont accessibles uniquement grâce à un badge. Heureusement, Henriette et Hendrik-Jan, un couple néerlandais, accepte de me prêter le sien pour prendre une douche froide. Ils m'offrent une limonade, et gardent Bernadette sur leur emplacement jusqu'à l'ouverture de l'accueil. En attendant, je pars en vadrouille dans la citadelle.

Construite par Vauban sur des vestiges médiévaux, ses remparts sont immenses et abritent un ancien château fort, et tous les bâtiments pour tenir une armée et un siège. Une glace à la main, je me balade dans les petites ruelles calmes et fleuries, avec l'impression de flâner dans une autre époque.

Mon campement monté, je profite du temps pour lire, discuter avec mes voisins, faire des mots croisés... Simplement profiter.

Le frais revient en soirée, et la citadelle se vide. Avec un bol de cerises, offert par deux cyclovoyageuses (qui arrivent de La Rochelle et ont aussi dormi chez Arthur !), je m'installe sur un banc et regarde le soleil descendre lentement dans un ciel rouge, et se coucher sur le Médoc, là-bas, de l'autre côté du fleuve...

Je reviens à ma tente, dans l'idée de me coucher tôt, et découvre, stupéfaite, que le poteau juste à côté de ma tente, auquel je n'avais pas prêté attention jusqu'ici, est un lampadaire, qui éclaire le camping et attire tous les moustiques. Et voici comment je me retrouve avec Hendrik-Jan, à 23h, à démonter et remonter ma tente derrière son camping-car, à l'abri de la lumière de ce lampadaire... Je peux enfin me coucher, en pensant à tous les cyclistes et randonneurs (puisque le petit emplacement sous la lumière ne peut accueillir qu'une petite tente) qui auront aussi cette belle surprise dans les temps à venir...

Dans la citadelle.
L'entrée royale de la citadelle.
Le vignoble "syndical" de la citadelle.
Coucher de soleil sur le Médoc.
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Je me lève de bonne heure ce matin, pour rejoindre l'embarcadère de Blaye. Je monte Bernadette sur le bateau, et nous traversons ensemble la Gironde, en direction du Médoc. Sitôt débarquées, nous sommes entourées de châteaux et de vignes, à perte de vue. Les viticulteurs travaillent dans les champs, et sont une multitude de petites taches colorées au milieu de la monotonie des vignes bien rangées.

Le temps est grisâtre, le ciel est plein de nuages et venteux, c'est un temps agréable pour rouler. Mais dès le milieu de journée, les nuages s'éloignent, et la chaleur devient plombante. Heureusement, il reste de l'air..

Passant à quelques kilomètres du village de Margaux, je quitte la route pour aller voir le château du même nom. Ce qui me semblait un simple détour se transforme en une course poursuite contre un château bien caché. Il faut dire qu'à Margaux, les châteaux sont légions ! De tous les styles, ils se dressent fièrement, tels les pions d'un jeu d'échec, se faisant face sur le plateau viticole.

Je repars avec 2 litres d'eau du cimetière de Margaux ! Moins prestigieuse que le Cabernet Sauvignon, mais beaucoup plus hydratante et économique !

Je continue la route vers Bordeaux, mais de nombreuses péripéties se mettent en travers de mon chemin. Des panneaux disparus, des déviations pas indiquées, des panneaux trop nombreux et des chemins finissant en cul de sac me font perdre la route quatre fois, et me rajoutent des kilomètres dont je me serai bien passée sur une étape qui fait déjà 60 bornes ! C'est donc après avoir roulé 70km que je m'arrête à Cénon, à côté de Bordeaux, chez Mathilde et Henri, mes anciens voisins.

Je passe la soirée tranquille chez eux, seule, à lire des BD dans le hamac et à prévoir la suite du trajet.

Je vais pouvoir me reposer un peu avant de reprendre la route, direction Cahors !

Moulin au milieu des vignes.
Le Château Margaux.
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Bordeaux aura été synonyme de belles galères et de fatigue.

Passant dans un atelier de réparation de vélo afin de demander un avis sur la taille de mon vélo (Bernadette est un peu petite, et j'essaye tant bien que mal de l'agrandir tout en conservant une bonne position..), une vis se casse dans ma potence.. La dame de l'atelier n'ayant pas le temps d'essayer de la retirer, je file dans un atelier d'auto réparation où l'on me conseille de changer la potence.. On me donne une pièce en m'assurant qu'elle ira sur mon guidon, mais au moment de partir (une heure après mon arrivée), Alexandre, bénévole de l'atelier, se penche sur mon cas et est intrigué par la taille inhabituelle de mon cintre. Il regarde la pièce que l'on m'a donné, et bien sûr, elle ne va pas. Alors que l'atelier doit fermer, il reste avec moi, et, armé d'une perceuse, il retire la vis coincée, et en met une nouvelle ! Le tout tient debout, mais après toutes les modifications apportées, je doute de la bonne tenue de l'ensemble. Je fais un tour dans un troisième atelier pour avoir un regard neutre sur l'ensemble du guidon. Un bon coup de reserrage suffit, Alexandre a fait du super travail ! Merci à lui.

À côté de toutes ces péripéties, je n'ai pas vraiment le temps de profiter de la ville, d'autant plus que je dois aussi trouver une nouvelle batterie pour remplacer celle que l'on m'a volée..

Alors que je reprends la route après deux jours à Bordeaux, sans avoir vu Bordeaux, Mathilde me propose de rester une journée de plus, ce qui me permet de profiter un peu, et d'aller aux Bassins des Lumières. Dans une ancienne base sous-marine, je me laisse emporter devant les expositions en musique et projections murales sur Dali et Gaudí. C'est beau, poétique, et ça me fait beaucoup de bien !

Je profite aussi de Mathilde, et de Joanne, une de ses amies londoniennes, fraîchement débarquée de l'Eurostar. Une pizza à Darwin par-ci, une bière en terrasse par-là, nous arrivons à glaner quelques moments ensemble au milieu de nos journées bien remplies.

Alors que je commence à sentir peser la solitude, je tombe sur un nouvel ami, abandonné sur la route.. Bienvenue à Bernard, qui va m'accompagner sur un bout de chemin !

La grosse cloche de Bordeaux.
Henri, Mathilde, Tayto, Bernadette et moi !
Dali, aux Bassins des Lumières.
Les Bassins des Lumières.
Les Bassins des Lumières.
Bernard, mon nouveau compagnon !
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Publié le 10 juin 2023

Au moment de quitter Bordeaux ce matin, je tombe sur une commission d'enquête faisant une étude sur le Canal des 2 mers. Autant que mon expérience serve à tous ! Je me retrouve donc à répondre aux très nombreuses questions qui devraient aider à améliorer le chemin.

Après une jolie route entre Garonne et magnifiques demeures d'anciens négociants de vin, je rejoins la Piste Lapébie, ancienne voie de chemin de fer devenue piste cyclable, et qui doit son nom à un girondin vainqueur du Tour de France.

L'orage était annoncé depuis plusieurs jours, et il éclate, très timidement, alors que je prends un café à Créon. Je me réfugie avec Bernadette sous le porche de l'église, et attends que la pluie cesse.

La pause dure, et je suis attendue à 20 kilomètres de là, chez Marilys qui m'héberge ce soir.. Quand la pluie se calme, vers 19h, je peux enfin reprendre la route.

De plus en plus, l'ancienne voie ferrée se fait sentir. La route monte et descend, sans à-coup, sans gros dénivelé ou virages. Le paysage à été creusé ou élevé pour poser les rails, et en roulant, je découvre tous les impacts qu'une voie ferrée apporte à la nature. Après un passage en gare, la route nous emmène dans un long tunnel, qui s'éclaire au passage des vélos.

Je m'éloigne de la voie cyclable et monte dans les hauteurs pour rejoindre le petit coin de paradis, calme et vert, dans lequel Marilys et son fils Rémi vivent. Nous passons une belle petite soirée, avant de tous rejoindre nos matelas pour une bonne nuit de repos !

Arrivée d'un vélo en gare de La Sauve.
L'abbaye de La Sauve.
Avant le tunnel.
Dans le tunnel.
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Marilys et Rémi me proposent de nous accompagner, Bernadette et moi, jusqu'au centre du village, où un vide grenier est prévu. Mais la place du village est vide, et nous nous quittons là, un peu dépités.

Sur la route, je rencontre Marie, une femme sans domicile, qui vogue sur son vieux vélo le long du Canal depuis 14 ans. Elle est actuellement en convalescence dans sa tente, sur une aire de repos en bord de route, après s'être faite attaquée par un chien.. Je passe un peu de temps avec elle, et reprends ma route. Le hasard des rencontres fait parfois réfléchir.. Arrivée à Sauveterre-de-Guyenne, alors que je visite l'église, un jeune garçon très pieux, et dont le simple polo doit valoir autant que tout le contenu de mes sacoches, me demande de participer à la tombola des scouts, pour les aider à partir jusqu'à Compostelle. Je ne peux m'empêcher de me dire que cet enfant, s'agenouillant devant la vierge, ne doit pas croiser beaucoup de Marie..

Je quitte Sauveterre, jolie bourgade médiévale, qui conserve ses anciennes portes, son église au sommet du village et sa place principale, entourée d'arcades.

Il y a des jours où la route me fait me sentir capable, et où je suis fière de ce que j'accomplis. C'est le cas aujourshui, alors que la route vallonnée enchaîne les côtes ardues et les descentes à pic. Malgré la chaleur et la difficulté, je m'arrête, je prends mon temps, et je poursuis mon chemin, sans jamais abandonner et pousser Bernadette.

Quelques kilomètres avant l'arrivée, je m'arrête dans la cours du château de Lavison, où un marché de producteurs et créateurs est installé pour la journée. J'y retrouve Joanne, une cycliste déjà croisée plus tôt dans la journée. Après une glace à la violette et quelques courses, je reprends la route jusqu'à La Réole, mon étape du soir. Je traverse le pont (fermé aux voitures) en plein milieu, à toute berzingue, et arrive bien vite de l'autre côté.

Je rejoins Joanne avec qui je partage un emplacement, et rencontre Camille, qui voyage seule avec son chien, et deux sœurs qui suivent aussi le canal. Ça fait plaisir de voir autant de femmes sur la route, après des jours à entendre dans chaque village, à chaque arrêt, que je ne devrais pas voyager seule en tant que femme. Demain, nous reprendrons toutes la route, et nous voguerons sur les pistes, quoi qu'en pense le reste du monde !

Moulin en bord de chemin.
Le Château de Lavison.
La Réole, de jour.
La Réole, de nuit.
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Au réveil, je retrouve Johanne, Camille et Otis le chien pour un café et quelques papotages. Nous décidons de prendre la route ensemble, et partons gaiement, toutes ensemble rejoindre le Canal latéral à la Garonne.

Vers midi, Camille reste sur le chemin avec sa salade et Otis, beau Patou de 40 kilos qu'elle tire dans sa remorque, tandis que Johanne et moi nous engageons dans une belle côte pour rejoindre la boulangerie et l'épicerie du village. Tout se passe bien, jusqu'au moment où, face aux commerces fermés, nous nous rappelons que nous sommes lundi.. On se rabat donc sur un petit restaurant ouvert, pour dévorer une bruscetta et un camembert rôti, alors qu'une petite pluie commence à tomber.

Nous reprenons la route, et la pluie s'intensifie. On pédale vite, on s'arrête sous chaque pont, et on réfléchit à s'arrêter, parce que ce n'est vraiment pas plaisant de rouler sous la pluie, des gouttes plein les lunettes.. Finalement, Johanne s'arrête dans un gîte, et je décide d'attendre encore un peu sous un pont. Et le ciel finit par s'éclaircir, et la pluie par cesser.

Je rejoins Camille, réfugiée sous un pont plus loin, et ensemble, nous prenons la route jusqu'au Mas d'Agenais. Nous montons dans le village (encore une belle côte) faire quelques courses, et admirer le Rembrandt exposé dans l'église.

La place du village est superbe, avec son ancienne halle à blé, et nous nous y installons, dans un canapé confortable, pour siroter une bière. Nous sommes rejointes par Aurélien qui voyage seul, et Owen et Charles, deux frères en vadrouille. Tous ensemble, nous rejoignons le Port des Rêves, aire de bivouac au bord de l'eau, où nous posons nos tentes pour la nuit. Après un bon repas autour d'une belle tablée, chacun rejoint sa tente, accompagné par les chants des grenouilles et des cigales.

Johanne, Camille et moi!
Le Canal latéral à la Garonne.
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Tout le petit groupe se lève de bonne heure, et prend la route. Le temps est parfait, la piste cyclable est une voie autonome longeant le canal latéral à la Garonne, ce sont des conditions idéales pour rouler. Assez vite, Camille et Otis s'arrêtent pour une pause café, c'est un premier au revoir. Avant midi, à Damazan, je quitte aussi les garçons, pour aller faire quelques courses et bifurquer vers la Véloroute de la Vallée du Lot, en direction de Cahors.

Je prends une petite voie qui fait la liaison entre les deux véloroutes mais le temps se gâte, et je me mets à l'abri sur la terrasse d'un observatoire naturel, où je rencontre deux ouvriers routiers, en pause déjeuner. Les nuages semblent s'éloigner, je reprends donc la route, mais me retrouve sous l'eau après à peine trois kilomètres. Heureusement, il y a toujours des églises avec des porches.. Je galère légèrement au moment du passage du pont d'Aiguillon, et enfin, je retrouve les panneaux cyclistes, et découvre le nouveau fleuve que je vais suivre sur quelques jours. Les paysages changent. Les champs de vignes laissent la place à des paysages vallonnés, plus sauvages. La région est très agricole, riche en champs de fraises, de prunes, de blés ou de noisetiers. De nombreux petits ouvrages architecturaux jonchent la route, des moulins, grandes demeures, ou petits châteaux, mais je ne connais pour le moment par leurs histoires.

La voie cyclable est sur route, et les voitures, peu nombreuses, vont vite. J'ai assez hâte de retrouver des voies cyclables non partagées..

Arrivée à Clairac, le ciel devient réellement menaçant, l'orage gronde, et je décide de m'arrêter. Mais le camping, bien que la porte soit ouverte, est désert et peu réconfortant. Je trouve une annonce sur Warmshowers invitant simplement à aller sonner directement au portail d'une collocation, à quinze kilomètres de là. Je commence une course contre la pluie et l'orage, mais ne parviens pas à éviter l'averse. Trempée, je vais chercher la maison dans laquelle j'espère trouver refuge cette nuit. Il me faut un certain temps pour dénicher la bonne porte, car l'adresse n'est pas indiquée sur le site, mais je finis par trouver, et suis accueillie par Faustine, son compagnon Florentin, son frère Julien, son papa, et ses deux garçons, Aymé et Alcibiade. Je m'installe dans le dortoir des invités, me réchauffe sous une douche bienvenue, et passe une agréable soirée, à manger des pizzas et discuter, alors que la pluie et l'orage ne cessent pas dehors..

Camille, Otis, Owen, Charles, Aurélien, Bernard et moi, avant le départ !
Maison à colombages à Damazan.
Petite demeure sur la route.
Ancienne église, en bors de fleuve.
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Après une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit des plus confortables, je rejoins Faustine et les enfants. La veille, elle m'a proposée de rester chez eux une journée pour me reposer, ce que j'ai accepté.

Je profite de la journée, accompagnant la petite tribu au marché, préparant mes prochains jours de voyage, ramassant et cuisinant les haricots du potager, et profitant du Lot, au fond du jardin, pour lire les pieds dans l'eau.

Une belle journée dans un lieu calme et agréable, et une soirée tout en douceur avec des hôtes adorables.

Le fond du jardin..
Spot de lecture de la journée !
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De nouveau pleine d'énergie, j'enfourche Bernadette et repars sur la route, sous un ciel gris, mais pas menaçant. Je suis le fleuve sauvage, le perds de vue, le retrouve.. C'est une agréable partie de cache-cache.

Je croise plus loin le panneau indiquant le village de Pujols, un des Plus beaux villages de France. Je bifurque sur la droite, prends un petit chemin, et découvre assez vite un village médiéval, tout là-haut, sur un éperon rocheux. Je me doute qu'il s'agit de ma destination...

100 mètres plus haut, 1.2 kilomètres et 1 litre d'eau plus loin, je pose mon vélo sur une adorable petite place, et m'écrase dans le canapé d'un café, pour manger une glace et reprendre mon souffle. Je n'en reviens pas moi-même d'avoir réussi la montée jusqu'au village sans avoir à pousser mon fidèle destrier. (Note à Stéphane Bern : choisir des plus beaux villages de France qui ne soient pas systématiquement en haut des montagnes...).

Le village est magnifique. De l'ancienne cité médiévale, il reste les portes, une tour du château fort, deux églises, et un village de petites maisons blanches, en bois et pierres, avec échoppes et ateliers aux rez-de-chaussée, et habitations dans les étages.

Trop vite vient le moment de continuer ma route et de redescendre..

Après ce petit détour de 10 kilomètres, le chemin me mène à Villeneuve, grande ville du coin, où la signalisation est particulièrement floue. La ville à l'air jolie, avec sa grande cathédrale de briques, mais je ne m'y attarde pas..

Enfin, je m'arrête au camping de Saint-Sylvestre, situé au pied du village médiéval de Penne d'Agenais, dont j'aperçois la basilique depuis mon emplacement.

Je me décide à monter au village à pieds, quand la propriétaire du camping me propose de me monter en voiture. Mes mollets en feu me crient d'accepter !

En haut de la montagne, je retrouve la voie de Saint-Jacques de Compostelle que je croise souvent ces derniers temps. Le sentier me mène à un sanctuaire dédiée à la Vierge Marie, dans une grotte. La légende voudrait que Marie soit apparue à une enfant et lui ait offert du pain. Aujourd'hui, le moindre recoin de pierre de la grotte abrite des petits papiers, contenant les souhaits, vœux et prières des fidèles et pèlerins. Juste derrière les grottes, invisibles derrière les arbres, au bout de la falaise, la basilique Notre-Dame de Peyragude veille sur la vallée.

Je redescends à travers le village, tout de pierres blanches et de briques rouges, mange ma salade du soir au bord du Lot, et file m'étaler sur mon matelas, en espérant que mes mollets soient d'attaque demain..

Pujols, tout là-haut...
Une ancienne maison de Pujols.
La porte Saint-Nicolas de Pujols.
L'église Sainte-Catherine de Villeneuve.
Le Lot depuis Penne d'Agenais.
La Basilique Notre-Dame de Peyragude.
Penne d'Agenais depuis la rive opposée.
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Publié le 17 juin 2023

La nuit à été humide, ma tente est trempée et ma lessive n'a pas séchée. J'étends tout à travers le camping, et attends de pouvoir replier ma maison avant de partir.

La matinée est bien avancée quand je remonte sur ma selle, et il fait déjà bien chaud et sec. Je roule sur des départementales peu empruntées, accompagnée par un vent fort, qui ralentit mais rafraîchi. La journée est difficile. Mes mollets me font payer mes virées de la veille, je n'ai pas envie de rouler et je manque d'énergie. Mais il faut avancer. Un peu de musique, et ça repart !!

Je fais un petit détour non prévu par Lustrac, passant non pas une, mais deux fois le pont permettant à l'ancienne voie ferrée de franchir le Lot.. Petit village en bord d'eau, construit autour d'un moulin et d'une grande demeure.

L'après-midi, je rejoins une belle voie cyclable ombragée, longeant les méandres de l'eau, et les kilomètres se font tout seuls.

Je traverse de très jolis villages, que je ne visite pas, car tous sont perchés dans les hauteurs. Fumel, Puy l'évêque, une multitude de petites maisons blanches construites tout là-haut, sur les causses du Quercy. Je ne peux m'empêcher de penser aux bâtisseurs d'antan, qui ont monté toutes les pierres, sans toutes la machinerie moderne.

Le soir, je décide de bivouaquer, pour éviter un détour important pour rejoindre un camping. J'ai repéré une écluse, et un loueur de canoë à qui je demande conseils valide le spot.

En route vers la fameuse écluse, je demande mon chemin à Maud, qui balade Flex, son chien. L'écluse est souvent occupée par des pêcheurs et des vans, et n'est pas très sécurisant à cette période pour une femme seule.. Après quelques réflexions, elle m'invite à poser ma tente dans le jardin de sa maison ! Je la suis donc chez elle, et m'installe dans son adorable petit jardin. Mais et son compagnon Jonathan partent pour la soirée et me laissent leur petit cocon, où je m'installe passe une soirée tranquille, avec Poppy le chat, une bière et un bouquin !

Lustrac.
Puy-l'Évêque.
Poppy découvre ma tente...
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Publié le 17 juin 2023

Après une nuit au calme dans l'agréable jardin de Maud et Jonathan, je redémarre de bonne heure.

Je suis les méandres du fleuve sauvage, et toujours, dans le paysage, se cache un petit château, un pigeonnier, un moulin.. Petit à petit, les vergers et parcelles maraîchères laissent place aux vignes cadurciennes.

Après le passage tremblotant d'une fine passerelle suspendue, je grimpe à Albas, très joli village perché sur la falaise.

Le temps est chaud et lourd. Des orages sont attendus. À mi-parcours, je m'arrête à Luzech, à l'ombre d'une terrasse, sur un transat, pour profiter d'une limonade fraîche. En face de moi, Florence et Michel, deux toulousains qui voyagent sur le week-end.

La carte annonce de grosses côtes sur la dernière portion du trajet, et indique que la route est réservée à des cyclistes expérimentés. Ça fait peur... Je me lance, et prends mon pied dans une forte montée, tout en longueur. Entre la vallée et la falaise, je pédale aussi vite que je peux, car la voie est partagée avec mes voitures, et les automobilistes sont pressés.. Mais je profite tout de mee su paysage magnifique, qui domine le fleuve et ses alentours.

À l'approche de Cahors, la route évite la départementale, et descend vers le fleuve, et remonte, et redescend, et remonte.. En plein soleil. Je dois avouer que sur la dernière montée, j'ai poussé Bernadette qui elle aussi était à bout..

Et puis l'arrivée ! Le camping, un bel emplacement plat, quasiment pas de voisins, une douche et une piscine fraîche.

Et surtout, un restaurant en ville, pour fêter la barre des 1000 bornes roulées !

Vue d'Albas.
Albas.
Le Lot.
Le Pont Valentré de Cahors.
Cahors.
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Chouchou, c'est Rémi Geffroy, accordéoniste que j'adore. Chouchou, parce qu'à force de dire que "Rémi, c'est mon chouchou !", le surnom est resté.. Quand je l'ai croisé en bal, avant de partir, et qu'il m'a proposé de me faire visiter Cahors lors de mon passage, ses paroles ne sont pas tombées dans l'oreille d'une sourde..

Me voilà donc à Cahors, avec Chouchou !

Bon, avant ça, il y a eu une grasse matinée, un plongeon dans la piscine, un petit tour, mais alors vraiment petit, à Cahors, et une belle montée douce jusqu'à la maison des parents de Rémi.

Et nous voilà partis, moi, bien fatiguée de mes derniers jours, et Rémi bien fatigué de ses dernières dates, monter jusqu'au Mont Saint-Cyr, où nous avons une belle vue de Cahors. Rémi m'explique l'histoire de la ville, construite dans un méandre du Lot.

Puis de redescendre visiter la cathédrale et ses impressionnantes coupoles, les petites rues, et un bar, où nous nous posons pour quelques heures, enchaînant bières et burgers.

Nous finissons posés sur le canapé, à boire des verres, manger des M&Ms, jouer aux jeux vidéos et nous raconter nos vies, tandis que le tonnerre se lève dehors, et que la pluie tombe fortement.

Avec Chouchou !
Cahors, vue du Mont Saint-Cyr.
La cathédrale de Cahors.
L'envers du décor.
Vue des coupoles de la cathédrale.
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Je quitte Rémi et le Lot, pour redescendre dans les terres.

Si j'ai choisi de rouler le long du Lot, c'est pour passer au gîte du Souleillou, à Montcuq. Il a y trois ans, ce gîte d'étape sur le chemin de Compostelle à été repris par Marie-Noëlle et Jean-François, les parents de mon ami Rémy, qui nous a quitté il y a quelques années maintenant..

Sur les 30 kilomètres qui me séparent de Montcuq, je suis une départementale peu rassurante. Les voitures et camions roulent vite, les virages cachent la visibilité, la côte constante sur la moitié de la route me fatigue. Je vais doucement, sous la pluie.

La deuxième partie de la route est en descente, mais mes patins ont pris la pluie, et j'ai un peu peur de leur manque d'adhérence. Je me fais une belle frayeur quand un camion vient me coller en descente. Le moindre faux pas, un virage avec des gravillons, un trou dans la route (et ils sont nombreux) pourraient me faire chuter, et la fin ne serait pas très jolie.. Dans ces moment-là, je ne fais qu'une avec Bernadette, et je tente de manier au mieux ma fidèle compagne, que je connais heureusement par cœur, en attendant de me faire doubler par les camions et voitures que je ralentis. Mais je n'éprouve aucune satisfaction à jouer avec ma vie, pour satisfaire des automobilistes un peu pressés.

J'arrive au Souleillou pour le déjeuner. Je passe l'après-midi et la soirée avec les pèlerins de passage. C'est un beau moment, de belles rencontres et l'ambiance conviviale et bienveillante me fait beaucoup de bien.

Je vais m'arrêter ici quelques jours pour me reposer et tenter de retrouver l'appétit que j'ai perdu sur la route..

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Les 2-3 jours d'arrêt que je pensais faire à Montcuq s'étant transformés en une semaine, j'ai eu le temps de me reposer, de me refamiliariser avec le confort, et de profiter de la vie sédentaire.

Une belle semaine, entre longues discussions et magnifiques rencontres avec les pèlerins, fête de la musique, ménage au gîte, grosses pluies qui dévastent la région, balades dans les environs du village et dans les rayons de la superbe librairie de Montcuq, et un grand plaisir à nous retrouver autour de la table.

Le Souleillou était l'endroit parfait où m'arrêter après tant de jours de voyage. Il y règne la bienveillance, la tolérance, l'écoute et le respect, prônés dans le calme et la sérénité par Jean-François et Marie-Noëlle. Au bout de tant de jours sur la route, j'en avais besoin.

Au Souleillou, j'ai rencontré Dominique, femme inspirante et résiliante. Après avoir marché de Chambéry à Compostelle, elle a décidé de "rendre au chemin ce qu'il lui a donné" en devenant hospitalière, donc bénévole au gîte. D'après elle, nous remplissons nos sacs (ou sacoches) avec nos peurs : peur d'avoir froid, faim, de manquer de confort...

Il y a sûrement un peu de peur en effet dans le kilo et demi que je laisse dans un petit carton prêt à repartir pour l'Auvergne.

Depuis que je voyage à vélo, j'ai rencontré des gens qui voyagent longtemps et loin, des gens qui roulent pendant une ou deux semaines, des gens qui planifient tout, d'autres qui font au fur et à mesure, certains qui avancent doucement, d'autres qui enfilent les kilomètres. Mais tous ont un but, un objectif au bout du chemin. Je n'ai rencontré personne qui, comme moi, avance à tâtonnement, en cherchant des réponses à des questions qu'il ne se pose pas, qui n'a aucune idée de où et quand s'arrêtera le voyage. Jusqu'ici, je me sentais dans un autre cheminement que les autres. La rencontre avec les pèlerins m'a fait beaucoup de bien. Comme moi, ils avancent selon leurs forces et envies. Aucun ne sait s'il attendra Compostelle, où si son chemin s'arrêtera avant. Le pèlerin avance dans une quête spirituelle, et moi de même. Finalement, je suis mon propre chemin, et pèlerine, à ma façon.

Il est temps de reprendre la route, emportant avec moi le pain d'épices de Marie-Noëlle, les chansons à la guitare de Jean-François, la sagesse de Dominique, et même le petit dinosaure de Rémy...

La vallée depuis Lauzerte.
La tour de Montcuq.
Un mur, au Souleillou...
Le petit Montcuquois.
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Si je m'écoute, je m'installe indéfiniment au Souleillou.. Il est donc de bonne augure de ne pas m'écouter, et de reprendre la route.

J'ai décidé de rouler un dimanche pour éviter les camions, mais aussi car dimanche, c'est jour de marché à Montcuq ! Un grand marché réputé dans les environs, que je ne veux donc pas louper.

Je boucle donc mes sacoches, et me prépare pour le marché. Là, Anna, hébergeuse solaire de Lauzerte, rencontrée quelques jours plus tôt, et son mari, arrivent pour le café. Après ça, nous partons tous au marché faire nos emplettes, et boire un verre en terrasse ! En revenant, il fait trop chaud, je reste donc manger au Souleillou. Puis Jean-François part à la sieste, puis les pèlerins arrivent... Finalement, c'est le cœur lourd que je prends la route, à 16h.

Le départ est difficile, il fait extrêmement chaud, le manque d'hydratation me procure des migraines, j'ai envie de tout arrêter..

Trois grosses côtes jalonnent le chemin, et je n'ai pas la force de les grimper. Je pousse.. Heureusement, la vue est toujours magnifique, sur les grandes vallées du Lot.

Il esf 19h quand je m'arrête au camping de Moissac. La tempête de la semaine précédente à été extrêmement violente ici, et des arbres et branches jonchent le sol.

Les cyclistes sont nombreux, agglutinés dans une zone qui leur est réservée : le tour des sanitaires..

Je fais le tour des cyclistes, cherchant un câble de frein, car l'un des miens ne tient plus que par un fil, et il faut absolument que je le change au plus vite. Mon voisin de tente me propose un câble de dérailleur. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est déjà ça ! On chouchoute Bernadette, on discute un moment, et la nuit tombe sur mes doutes concernant mon envie de continuer à rouler...

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Tous les cyclistes et randonneurs sont déjà partis ce matin quand je me réveille.. Je manque de motivation pour repartir. Je prends mon temps, pèse mes envies. En regardant ma fidèle Bernadette, je découvre deux paquets contenant des câbles de freins, gentiment posés, je suppose par mon voisin de tente, sur ma selle. Il n'en fallait pas plus pour me redonner le sourire et l'envie de voyager.

J'empaquète mes affaires, et roule jusqu'à Moissac, pour voir l'abbaye et le cloître réputé de la ville.

Je laisse Bernadette à la Maison des Pèlerins, où je suis très gentiment accueillie par Philippe et Daniel, deux hospitaliers. Ils me proposent une assiette de pommes de terre sautées et un café, passent du temps avec moi, me racontent leur chemin de Compostelle.

Je les quitte pour aller suivre la visite guidée de l'abbaye et du cloître. Le monument est magnifique, l'église peinte de chatoyantes couleurs, l'organiste révise ses gammes. Seul hic : avant que le bâtiment ne soit classé, toute une partie a été détruite pour laisser passer la voie de train, qui traverse aujourd'hui l'abbaye..

L'après midi étant bien avancé, je vais rechercher Bernadette, et repars, escortée par Philippe et Daniel, qui ont voulu s'assurer que je savais où dormir, que j'avais de quoi manger, et que j'étais bien prudente sur la route.

Le canal des 2 mers étant impraticable autour de Moissac à cause des arbres tombés, je passe par les petites routes parallèles. Je récupère finalement le canal, que je suis jusqu'à Montech.

Je m'installe au camping, où plusieurs cyclistes sont déjà installés. L'ambiance est froide.. Personne ne semble se parler, personne ne répond à mes bonjours. Je passe ma soirée solitaire et tranquille, et parfois, ça fait du bien !

L'abbaye Saint-Pierre de Moissac.
L'abbaye depuis le cloître.
Le cloître.
Le pont-canal de Moissac.
Le pont-canal de Moissac.
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Départ de bonne heure ce matin ! La journée commence par des nausées, que je calme en passant au marché et en repartant les sacoches pleines de gâteaux..

Toute la matinée, je suis le canal latéral à la Garonne. C'est plat, calme, paisible.. J'aperçois mon premier serpent vivant du voyage, heureusement dans l'eau (il ne peut pas me croquer..).

Peu de cyclistes roulent dans le même sens que moi aujourd'hui, car beaucoup doivent être bloqués en amont de Moissac, les chemins étant impraticables suite à la tempête. Je fais tout de même un bout de chemin avec deux cyclistes de route qui me conseillent sur mes visites toulousaines, et un cyclo voyageur qui part dans les Pyrénées, rouler le long des cols.

Et soudain, la ville rose ! Accompagnée d'une Bernadette chargée, je me perds dans les petites rues, profite des parcs, des cafés... Ah, et je fonce dans un piéton aussi, mais pour ma défense, il n'a pas regardé avant de traverser juste devant moi.. Plus de peur que de mal, nous repartons chacun de notre côté en un seul morceau.

En fin d'après-midi, je roule jusqu'à la maison de Florence et Michel, que j'avais rencontrés à Luzech, sur le Lot, et qui m'ont proposé de m'héberger à Toulouse.

Nous passons une belle soirée, à l'apéro, au repas, et en bord de Garonne où nous faisons une jolie balade éclairée par les dernières lueurs du jour.

Toulouse, le soir.
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Aujourd'hui, Bernadette reste au garage ! C'est à pied que je visite la ville rose.

Un petit tour au superbe jardin japonais place ma journée sous de bons augures zen.

Pour une amatrice d'églises comme je le suis, Toulouse est une ville de rêve ! La haute et impressionnante Saint-Sernin, la riche Saint-Nicolas, la blanche et large Notre Dame de la Dalbade, la géométrique et sobre église du couvent des Jacobins, l'inachevée Saint-Étienne... Un régal pour les yeux, pour l'esprit qui s'apaise, et pour le corps qui apprécie la fraîcheur !

Je me perds dans les rues des quartiers du centre-ville, en ne manquant aucun des lieux que Michel, passionné d'histoire, m'a conseillé la veille en me donnant des histoires et anecdotes sur la ville. Je passe ainsi la porte de plusieurs hôtels particuliers magnifiques.

Les pierres roses, la Garonne, le petit vent qui longe le fleuve, tout est agréable dans cette ville ! Je tourne et retourne dans les petites rues, et fait supporter 15 bons kilomètres à mes pauvres mollets, qui me le font payer le soir et peinent à rentrer à la maison.

À la maison, où le brasero commence à fumer pour le barbecue du soir ! Une soirée placée sous le signe du voyage, où Michel et Florence me narrent leur séjour en Bolivie et leur ascension du Kilimandjaro. De quoi me donner des idées pour la suite...

Le jardin japonais.
La Basilique Saint-Sernin.
Plafond de l'église du couvent des Jacobins.
L'église Saint-Étienne.
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Après avoir quitté la maison Toulousaine de Florence et Michel, je rejoins les ponts jumeaux, où les canaux du Midi, de la Garonne et de Brienne se rejoignent. Arrivée par la Garonne, je repars le long du Canal du Midi.

Mon guidon prend du jeu et fait du bruit depuis quelques jours. Je m'arrête en prévoyance dans un atelier, et repars avec une potence neuve dans les sacoches, à installer rapidement !

La route se fait toute seule le long du canal, jusqu'au seuil de Naurouze, point culminant du canal du midi, où les eaux arrivent depuis la montagne noire, plus haut dans les terres.

Je prends la direction de cette fameuse montagne, en suivant la Rigole de la Plaine, par laquelle les eaux sont acheminées jusqu'au Canal du Midi. Et elle porte bien son nom cette rigole. C'est un petit cours d'eau, titubant dans la nature. Un petit chemin de terre, de cailloux et de racines le borde, que je suis sur une dizaine de kilomètres.

Les bords de Rigole sont l'endroit parfait pour poser un bivouac, mais l'orage approche.. L'après midi touche presque à sa fin quand je me mets en recherche d'un lieu où passer la nuit. Je trouve un dortoir dans un lieu associatif, mais chaque personne que j'appelle me renvoie à une autre.. Je décide de m'y rendre coûte que coûte, et heureusement, la personne en charge des hébergements finit par me rappeller..

Il faut remonter dans les terres. C'est magnifique, vallonné et très vert. Mais le GPS se perd, et je me retrouve à traverser des champs et à monter des chemins très raides, de terre et de cailloux. Par trois fois, Bernadette tombe. J'ai l'impression d'être Jésus portant sa croix..

Il se met à pleuvoir, et je finis par arriver. Je m'installe dans un grand dortoir, seule. Je profite de la cuisine pour préparer ma popote au chaud, et je me couche au sec, tandis que le tonnerre gronde et que l'orage est tout proche..

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Publié le 1er juillet 2023

Le vent souffle fort quand je quitte le dortoir pour rejoindre la Rigole, non sans mal. J'avance doucement, évitant au mieux les racines et cailloux qui jonchent le chemin.

Je ne m'inquiète pas quand je croise un petit chien roux, seul, et qu'un randonneur derrière lui me prévient que ses maîtres sont derrière, et essayent de le rattraper. Je me dis que le chien va finir par faire demi-tour, et continue ma route ! C'était sans compter sur la maîtresse dudit chien, qui, voyant mon vélo avec des étoiles dans les yeux, me supplie de rattraper Lisa, la chienne donc. J'accepte, à la condition que le mari de madame garde mes sacoches, que je laisse sur le bord du chemin (moins de poids, moins de risques de crevaison, me dis-je). Et me voilà repartie en sens inverse, à rouler après un chien. Je rattrape la bestiole, mais n'arrive pas à l'attraper. Elle est apeurée, je n'aime pas beaucoup les chiens, rien n'est en place pour que le plan fonctionne. Au bout de quelques temps, sa maîtresse réussit tout de même à l'attraper, et nous revenons à pieds vers mes sacoches. Mais qui voilà au bout du chemin, qui s'approche les mains vides ? Monsieur, qui a abandonné mon paquetage, parce que bon, il n'y a pas grand monde sur cette route... Légèrement agacée, je roule à vive allure, et récupère mes affaires, qui m'attendent, heureusement, sur le bord du chemin..

La route continue, toujours pareille, et la journée est déjà avancée. Ça retarde de courir après des chiens...

Je laisse la Rigole à Revel, fatiguée, et fais un petit tour en ville, pour découvrir cette petite bastide et son superbe marché couvert.

Un petit chemin me mène à Sorèze, autre petite bastide, où je trouve cette fois non pas un marché, mais un clocher éventré, sans église..

Pour une fois, ma route ne longe aucun fleuve, du coup, il y a du dénivelé ! La voie est magnifique, elle virevolte entre des petites collines, certaines surplombées de petits villages. De plus en plus, la Montagne Noire se rapproche, impressionnante.

Au bout de 45km, je commence à vraiment fatiguer.. Je pousse Bernadette dans les montées, et manque d'énergie, même sur le plat. La signalisation est mauvaise, voire inexistante comme si chaque ville avait fait son affaire dans son coin. Je me perds un peu, monte des côtes pour rien, et retrouve finalement mon chemin, suivant mon GPS..

Après une dernière grosse côte, la route descend vers Castres où je vais passer la nuit. Je traverse la ville, et rejoins le camping, à 19h30, exténuée.

Douche rapide, popote de pâtes rapide, discusion rapide avec Franck, mon très sympathique voisin allemand, et je m'endors, tout aussi rapidement.

Le marché de Revel.
Le clocher éventré de Sorèze.
La Montagne Noire.
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Avant de quitter Castres, je passe au marché et prendre un petit café, sous un paravent, car le temps est à la petite pluie.

Comme toujours, il est difficile de retrouver la voie cyclable depuis la ville. Surtout qu'ici, il n'y a aucun panneau.. Au vu de mes péripéties de la veille, j'anticipe, et prépare le trajet au GPS. Et heureusement, car je ne verrai pas un panneau de la matinée..

De jolies petites voies cyclables et routes de campagne me mènent à Mazamet, en passant sur le plateau du Causse, tout de calcaire.

Au pied de la Montagne Noire, je rejoins la gare de Mazamet, pour la suite du périple. L'ancienne voie ferrée reliant Mazamet à Bédarieux a été convertie en une belle voie verte, la Passa País.

La première partie de la voie est en pente douce, à l'ombre des arbres, entre Montagne Noire et montagnes agricoles, c'est très agréable. La petite bruine continue, et assez régulièrement, je dois m'arrêter, essuyer mes lunettes..

La bruine se transforme en pluies plus importantes, qui se déclenchent aléatoirement, toutes les 5 ou 10 minutes. Ça devient vite enquiquinant (pour parler poliment) de s'arrêter sans cesse, ne rien voir, essuyer les carreaux qui se recouvrent aussitôt de nouvelles gouttes. Je suis trempée, j'ai froid, le sol en gros sable est devenue une gadoue qui colle aux roues. Je passe plus de temps arrêtée qu'à rouler, et j'ai hâte de voir la fin de cette étape.

Et cette fin, elle m'attend juste après le tunnel de la Fenille ! La fierté de la Passa País, 800m sous la montagne, en courbe, et paraît-il, avec un éclairage en panne.. Il me fait paniquer depuis quelques jours ce tunnel, mais j'en viens à espérer le trouver rapidement pour pouvoir enfin m'arrêter.

Et puis le voilà. Grande gueule noire ouverte dans la montagne. Je m'équipe de ma lampe frontale, charge une musique entraînante et joyeuse, souffle un bon coup, et m'engouffre dans le trou. Je le passe d'une traite, et finalement quelques néons fonctionnent encore et éclairent suffisamment le passage. C'est beaucoup moins horrible que ce à quoi je m'attendais, et j'hésite même à le reprendre, pour tester l'expérience du silence.

Je calme mes ardeurs, et rejoins la petite ferme de Thérèse, en bord de voie. C'est un écrin de verdure, au bord d'un lac, où bêle un troupeau de brebis. Thérèse habite un immense corps de ferme, et loue une roulotte et une cabane en bois.

La pluie s'annonce forte cette nuit, et Thérèse me propose de m'installer entre les bottes de foin, à l'abri sous un auvent. Je passe la soirée à là, à côté de la bergerie, tandis que la pluie tombe sans discontinuer, toute la nuit..

Castres.
Le plateau de Causses.
Sur la Passa País.
Bernadette se prend pour une locomotive..
L'entrée de l'enfer !
Dodo à l'abri des bottes.
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Publié le 4 juillet 2023

Il pleut encore quand je me réveille, et je ne sais que faire.. Il faut bien que je prenne la route, car je n'ai pas anticipé la fermeture dominicale des magasins, et je n'ai rien à manger.

Thérèse me conseille de repartir, car, comme nous sommes sur la ligne de partage des eaux, le climat peut être complètement différent dans trois kilomètres.. Ça me paraît bizarre cette histoire, mais soit, j'y vais.

Je remonte en selle, sous la pluie, m'arrête faire quelques courses, et là, d'un coup, le miracle !

Le soleil apparaît d'un coup ! Les cigales chantent, les terres sont arides, les chênes verts et fougères poussent sur des pierres sèches.. Le paysage de montagnes océaniques est devenu une garrigue méditerranéenne.

La ligne de partage des eaux est une limite géographique. Les eaux de pluie qui s'y écoulent partent d'un côté vers la Méditerranée, de l'autre vers l'Atlantique. Et le climat change significativement au passage de cette ligne.

Côte Méditerranée donc, je passe par le joli petit village d'Olargues, un des plus beaux villages de France, encore, mais pour une fois, qui ne demande pas de se démonter les mollets pour en profiter. Je monte très rapidement à l'ancienne église du village, perchée tout en haut (il faut bien grimper un petit peu quand même) mais redescends aussi sec, car je n'aime pas laisser ma Bernadette seule en bas..

Il est encore tôt quand je m'arrête au camping de Mons, au pied du Mont Caroux. Armée de mon maillot de bain et de mon livre, je vais à pied jusqu'aux gorges d'Heric, à quelques centaines de mètres du camping. L'eau y descend de la Montagne et forme de belles piscines naturelles, où beaucoup de gens se baignent, escaladent, se baladent.. Je me pose les mollets dans l'eau, dans la chaleur du soleil de fin d'après midi.

De retour au camping, je profite d'une soirée posée, avec une bière et un burger. Et pour finir cette belle journée, des voyageurs baroudeurs me proposent une petite tisane sur leur terrasse de jardin !

La ligne de partage des eaux.
Paysage héraultais.
Œuvre sur la route.
Olargues.
Les gorges d'Heric.
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Je me réveille de bonne heure, dans un décor de rêve, au pied du Caroux. Je plie toutes mes petites affaires, laisse mon vélo au camping, et entame la belle marche de 4km dans les gorges, en direction du hameau d'Héric.

C'est calme, seules les cigales chantent. Le paysage est idyllique et apaisant, je m'en mets pleins les yeux.

Une petite limonade à la buvette du hameau (qui héberge une seule famille), et j'entame la redescende, tandis que le soleil commence à taper.

Je roule sans pause sur les 20 derniers kilomètres de la Passa País. Plusieurs Tunnels s'enchaînent, dont un dont la lumière ne fonctionne plus.. Je fais donc l'expérience d'une traversée de tunnel dans le noir, accompagnée uniquement du son de mes pneus sur le sol. Mon cerveau se met sur pause, seules mes jambes se se mettent en branle pour me faire traverser ce tunnel, avec l'impression déconcertante de traverser un rêve, ou un monde parallèle..

J'arrive enfin à Bédarieux. Et là, une belle vision que j'attendais depuis un moment : Séb, mon amoureux, qui m'attend tout sourire sur le bord de la route !

Séb et son papa ont pris la route ce matin pour me rejoindre et m'emmener visiter Clemront-l'Herrault, dont ils sont originaires.

On grimpe Bernadette dans la voiture, et on rejoint la maison tout en hauteur de Monique, la mamé de Seb, qui nous accueille quelques jours.

Les affaires déchargée, la cycliste douchée, nous prenons la route de Villeneuvette, charmant petit village sorti tout droit d'un film des années 30, pour partager une bière en terrasse, puis de la Loze, où Marc (le papa de Séb) s'occupe d'une belle plantation d'oliviers.

On pa

Il est temps de profiter de ces quelques jours avec mon amoureux !!

Le Caroux.
Le hameau d'Heric.
Les gorges d'Heric.
Villeneuvette.
Cueillette de figues avec Séb !
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Il était court mais intense ce petit séjour en terres clermontaises.

Un petit tour du Salagou, une visite de la cave coopérative par Gilles, l'oncle de Séb, des mots-croisés culinaires, des ramassages de figues, des grillades, des tours dans Clermont-l'Herrault, une nouvelle amitié avec Fatima la tortue, du bon temps en famille..

Et le plus inattendu : un tour en bateau sur l'étang de Thau, avec Jacques, cousin de Marc. Aux commandes, dans l'eau, debout à l'avant, étendue au soleil, j'en profite pleinement ! Jacques aime partager ses passions, et j'adore découvrir de nouvelles choses. Nous sommes faits pour nous entendre !

Le climat méditerranéen incite à prendre le temps, à flâner, à profiter..

Je me prends d'hésitations. Ne vaudrait-il pas mieux rentrer passer l'été au frais, profiter des festivals, et reprendre la route en septembre ? L'idée est tentante, surtout quand Seb est avec moi, et que je n'ai aucune envie de le voir repartir.. Mais la décision s'impose à moi : je continue, je finis mon voyage, et rentrerai à la fin, quand la boucle sera bouclée.

Lyon sera sûrement la fin du voyage. Il me reste environ 550km à pédaler, beaucoup de rencontres à faire, et de paysages mémorables à découvrir !

Clermont-l'Herault.
Le lac du Salagou.
Le lac du Salagou.
Aux commandes, avec Jacques !
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De bon matin, nous remontons Bernadette dans la voiture. Il est temps de reprendre la route. Marc et Sébastien me reconduisent à Bédarieux, et me laissent à Faugères, 6 kilomètres plus bas, afin de m'éviter un col avec un dénivelé plutôt impressionnant..

Je reprends vite goût à la route, en déambulant dans des petites collines bordées de vignes et d'oliviers, jusqu'à Béziers.

J'admire une dernière fois le génie de Pierre-Paul Riquet, concepteur du Canal du Midi, qui ici, est à l'origine des 9 écluses, qui permettent de franchir un dénivelé de 21m50.

J'aperçois la mer depuis le clocher de la cathédrale Saint-Nazaire, église gothique construite sur les bases d'une ancienne construction romane.

Longeant le Canal du Midi, je traverse Vias, puis Agde, sans toutefois croiser la mer. Il fait très chaud, les platanes qui ombragaient la route ont tous été coupés, et le vent souffle de face. Je n'ai aucune envie de faire des détours, même pour voir la mer.. Je suis très heureuse et fière d'avoir rallié l'océan à la mer, mais j'aurai l'occasion de la voir bientôt.

Je remonte légèrement dans les terres pour rejoindre Marseillan, et retrouver Jacques, qui m'héberge pour la nuit.

À peine arrivée, il m'embarque sur son scooter pour aller faire quelques courses, puis sur sa moto, pour aller voir la mer, enfin ! Que de belles sensations sur de nouveaux deux roues beaucoup moins fatiguants !

On papote et on boit du vin, étendus sur les transats, en attendant Valérie, la compagne de Jacques. Nous passons une belle soirée tous les trois, et il est déjà bien tard quand je m'écrase de tout mon long sur le lit et m'endors aussitôt.

Béziers vu d'en haut.
Les 9 écluses de Fonseranes.
La mer!
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La météo est chaude en ce moment, je suis donc obligée de me lever de plus en plus tôt les matins..

Les sacoches montées sur Bernadette, Jacques nous accompagne en scooter jusqu'à l'étang de Thau, où nous reprenons la route.

Nous contournons l'étang, puis longeont un long bras de terre entre l'eau de Thau et la mer.

L'air est chargé d'embruns et de crème solaire, les cigales chantent, ça sent la Méditerranée. Il fait chaud, mais l'air marin est très agréable et revigorant.

Le bras de terre débouche à Sète où je me balade à la recherche d'un parc où me poser quelques temps. Je mange dans l'herbe, résiste à l'envie très pregnante de faire une sieste, et me balade le long des canaux.

Le temps devient trop chaud pour rouler. Je m'installe à la terrasse d'un café, en attendant le retour de l'air, à l'ombre des gradins installés au bord de l'eau pour les amateurs de joutes sétoises.

Et là, surprise ! La joyeuse bande qui braille et picole à côté de moi s'avère être le groupe de champions régionaux qui vont s'affronter cet après-midi. Je garde précieusement ma place au café pour en profiter !

Les joutes se passent sur l'eau. Deux bateaux chargés de rameurs se lancent face à face, et des jouteurs, placés sur une échelle à l'avant des bâteaux, et armés de longues lances, tentent de se faire mutuellement tomber à l'eau. Pour se qualifier, un jouteur doit faire tomber trois adversaires. Voilà pour les règles que j'ai compris.

C'est un beau spectacle, musical, fédérateur et rafraîchissant. Je suis surprise par la bienveillance des jouteurs entre eux. Le gagnant se soucie toujours du bien être de son adversaire avant de célébrer modestement sa victoire, c'est agréable à regarder.

Malheureusement, je ne peux rester jusqu'à la fin. Les campings qui ne coûtent pas un rein sont rares sur la côte, et je dois rejoindre la petite ferme qui propose des tarifs décents, à 20km de Sète. Je ne vois donc pas les dernières manches et la victoire de cette belle compétition.

La route est belle en bord de mer, la chaleur est atténuée et le vent frais me fait du bien.

J'arrive aux Aresquiers, une belle forêt de pin qui sent bon la sève et les cigales. La petite ferme où je vais passer la nuit se trouve là, au milieu des arbres.

Très fatiguée, je mange et me fais manger par tous les moustiques du coin, et m'endors en écoutant le paon de la ferme appeler son pote Léon, qui, je l'espère, lui reviendra vite.

Joutes sétoises.
Joutes sétoises.
Le port de Sète.
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Je quitte la ferme de bonne heure ce matin. Un petit tour au marché, puis je longe les étangs d'eau salée avant de remonter légèrement dans les terres jusqu'au canal du Lez, qui relie Palavas les Flots à Montpellier. Une longue piste cyclable suit le canal et permet aux adeptes de la plage de descendre sans voiture. Je remonte jusqu'à la ville avec mes sacoches, sous l'oeil ahuri des nombreuses personnes qui rejoignent la plage en petite tenue.

En fin de matinée, je rejoins Pierre et Line, des amis de longue date de mes parents, qui passent quelques jours chez Jany, la sœur de Pierre, avec Liv, la petite-fille de Line.

Il fait trop chaud pour visiter Montpellier, le temps se prête à la farniente. On profite de la piscine, on discute, on profite du temps, c'est agreable. Et bien sûr, on ne loupe pas le Tour de France qui passe à Pontgibaud ! On accompagne en pensée le pauvre coureur qui après une magnifique grimpette du Puy-de-Dôme, craque, et se laisse dépasser 200m avant le sommet. Ils ont du courage ces p'tits gars !

Un bon repas dehors, une belle soirée avec les enfants et petits-enfants de Jany, et il est temps de rejoindre mon matelas, installé dans une jolie petite pièce grande ouverte sur l'extérieur. Je me réveille légèrement apeurée quand j'entends des pas dans le jardin, et découvre, amusée, un magnifique hérisson qui se balade gentiment dans les feuilles. Et tandis qu'il commence sa journée, je commence ma nuit.

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Après une nuit très chaude, je me réveille et rejoins Line au petit déjeuner.

Mon cher téléphone, outil malheureusement indispensable pour un périple comme le mien, décide de prendre son indépendance et de ne plus réagir à aucune commande.. Je n'ai pas d'autres choix que de prendre la route de la Fnac plutôt que de la mer aujourd'hui.

Je laisse Line, Pierre et Liv, qui partent à Palavas pour la journée, et commence un nouveau périple, qui me mènera de la Fnac à l'immense centre commercial de Montpellier, en passant par des rues bouillantes et des trams climatisés. En début d'après-midi, j'achète donc un nouveau téléphone, et rentre chez Jany sous un soleil de plomb.

Heureusement, je suis attendue tard ce soir par Brigitte, qui m'héberge ce soir. Je peux donc prendre mon temps et me rafraîchir à la piscine.

À 19h, je prends la route, en direction de la Grande-Motte. C'est plat, c'est simple, mais la signalisation est catastrophique. Je fais des boucles, des allers-retours, reviens sur mes pas.. Je pensais avoir le temps de pique-niquer sur la plage pour mon dernier soir à la mer, et finalement, il fait déjà très sombre quand j'arrive en ville, et je rejoins directement la villa de Brigitte.

À 22h30, mon hôte rentre de sa répétition de chœur, et m'installe dans une belle chambre avec matelas super confortable et salle de bain privative. J'ai beaucoup de chance, car j'apprends plus tard que Brigitte reçoit énormément de demandes d'hébergement, et en accepte généralement une par mois !

Nous sommes toutes les deux très fatiguées, mais nous prenons tout de même le temps de discuter un petit moment. C'est une soirée courte mais très agréable, qui clôt joliment cette journée inattendue.

Port Ariane.
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Publié le 13 juillet 2023

Après un petit déjeuner avec Brigitte au bord de la piscine, nous reprenons toutes deux nos vélos, elle pour rejoindre son cours de yoga sur la plage, moi pour aller cuire le long du Rhône !

Je traverse La Grande Motte, ville vraiment intéressante pour son architecture homogène et très graphique, mais qui me laisse de marbre.

Les balisages n'en font encore qu'à leur tête quand je traverse le Grau-du-Roi jusqu'au canal du Rhône, et après une dizaine de kilomètres sur ce canal droit et ensoleillé, je me rends compte que je ne verrai plus la mer. Il est donc temps de commencer la remontée finale, en direction de Lyon.

Petit à petit, j'aperçois une tour et des remparts se dessiner dans le paysage. Aigues Mortes approche. Je me balade un peu dans le quadrillage de ses rues, profite d'une limonade en terrasse, et reprends la route, tandis que le soleil se rapproche de son zénith.

Le voyage devient compliqué. Ce n'est plus l'envie ou les rencontres qui rythment ma route, mais le soleil et les tarifs des campings.. Il est temps que je touche au but, car même si la route est magnifique, ce n'est pas une manière de voyager très agréable.

Toujours le long du canal, je m'arrête au port de plaisance de Galician où je trouve enfin un peu d'ombre sous un arbre. Je pique-nique, rempli les gourdes, et repars quand le plus chaud est passé. La route est droite, en plein soleil, venteuse.. Venue de je ne sais où, une brise froide s'ajoute au vent, et c'est très agréable !

Je m'arrête à la Réserve naturelle du Scamandre, centre d'observation des oiseaux dans leur milieu naturel. Je suis seule dans ce grand parc, au milieu des flamands rises, cygnes, cigognes, ibis, hérons et autres aigrettes qui commencent à sortir tandis que la chaleur se calme doucement.

Je traverse les paysages de la Petite Camargue, croise des rizières, des élevages de taureaux, de chevaux..

J'arrive à Saint-Gilles, au camping, de bonne heure. Quelques courses, et je me pose en bord de piscine, avec mon livre que je n'ai pas ouvert depuis trop longtemps ! Le temps se gâte, le vent se lève, je dois même ressortir ma petite polaire. En espérant que le temps s'adoucisse pour les jours à venir..

Flamands roses.
Les remparts d'Aigues-Mortes.
Aigues-Mortes.
Le centre d'observation du Scamandre.
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Je dors un peu ce matin, et prends mon temps. La route sera courte aujourd'hui. Je quitte la ViaRhona pour des petites départementales, toutes droites, jusqu'à Arles, où j'arrive pour midi.

Je sonne chez Kaélis, ami de lycée que je n'ai pas croisé depuis des années, et Lucile, son amoureuse. Quel plaisir de replonger dans mes folles années de lycéenne théâtreuse !

Un bon repas, un peu de repos et d'organisation des prochains jours sur le canapé, et nous voilà partis visiter avec Kaélis, tandis que Lucile travaille.

Kaélis, passionné de tout, me raconte l'histoire de la ville, des monuments, du festival de photographie qui a lieu actuellement. Nous passons vers les arènes, dans les petites rues du centre-ville, montons au sommet du Luma, grand centre artistique et culturel, admirer la vue sur la ville, ses canaux et ses remparts. Nous redescendons du Luma par un toboggan installé dans le musée, c'est amusant. La ville est vraiment belle, à taille humaine, et particulièrement vivante actuellement, car deux festivals s'y déroulent en même temps. Les rues sont étroites, les maisons hautes, pour ne pas que le soleil éclaire et chauffe les rez-de-chaussée, pièce de vie durant les étés chauds.

Kaélis et Lucile repartent pour quelques heures, et j'en profite pour aller faire installer un écran de protection à mon nouveau jouet téléphonique.

De retour de nos activités respectives, nous allons boire des cocktails dans un superbe hôtel particulier et passons une belle soirée de retrouvailles et de rencontres !

L'abbatiale de Saint-Gilles.
Arles, vue du Luma.
Le toboggan du Luma.
Les arènes d'Arles.
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Aujourd'hui, c'est repos ! Pas de vélo, juste du bon temps à profiter de la ville, des amis, et du plaisir de laisser mes mollets tranquilles.

J'occupe ma matinée avec un puzzle, et mon après-midi en ville. Je fais le tour de bureaux de Poste, espérant récupérer mes cartes de la ViaRhona que Sébastien m'a envoyées et qui ne sont pas arrivées.

Puis, sur le conseil de Lucile et Kaélis, je descends dans les tréfonds de la ville, découvrir les cryptoportiques, fondations souterraines du forum antique. Dans le frais et la pénombre, je me balade dans les soubassements de la ville.

En remontant à la surface, le ciel s'est couvert, ce qui permet de profiter des extérieurs.

Dans la cour de l'église Saint-Trophime, une répétition d'un concert de musique iranienne m'invite à m'asseoir et profiter.

Je rentre rejoindre Kaelis et Lucile, et après un bon repas, nous passons une soirée à jouer au Mysterium.

Une bonne journée, en somme !

Les cryptoportiques.
Les cryptoportiques.
L'église Saint-Trophime.
Scène de crime sur l'église.
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Je quitte Arles ce matin, heureuse d'avoir retrouvé Kaélis et rencontré Lucile. Le vent frais qui souffle depuis la veille me suit, et malgré la chaleur, la route reste agréable.

Ça sent la Provence. Les pierres sèches et les oliviers sont de retour, les cigales piaillent. Je suis le Rhône et les Alpilles sont là, toutes proches.

Je m'arrête au magnifique château de Tarascon, impressionnante forteresse devenue prison pendant des décennies. Le temps est idéal pour rouler, mais je prends tout de même le temps de laisser mes sacoches à l'Office de Tourisme, de visiter le château et de découvrir ses boiseries et nombreux graffitis de détenus de toutes les époques. Le monument est très bien conservé et les visiteurs quasiment absents, c'est un régal !

Face à Tarascon, sur l'autre rive du Rhône, le château médiéval de Beaucaire, d'un style très différent. Puis Thiviers, Aramon, je roule au milieu de nombre de petits villages construits autour de châteaux.

Et après le passage d'un tunnel éclairé de jeux de lumière colorée, le Palais des Papes d'Avignon, résonnant au rythme du festival !

Je trouve une place au camping, sur un emplacement partagé et plein de cailloux, mais c'est le jeu ! La ville résonne, le bruit vient de partout, des spectateurs, des foules qui déambulent dans la ville.

Je me mets en marche au milieu de cette grande agitation, et m'imprègne doucement de cette folle énergie, en suivant des batucadas, en vibrant devant des talents prometteurs proposant leur performance dans la rue... Et là nuit durant, tandis que je tombe dans le sommeil, la musique ne désemplifie pas.

La château du Roi René, de Tarascon.
Le château de Tarascon.
Beaucaire depuis Tarascon.
Un culot qui ne manque pas de culot..
Les boiseries du château.
Le château de Tarascon.
Le château de Beaucaire.
Bernadette dans le tunnel.
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Publié le 15 juillet 2023

Après une grasse matinée bien méritée, je pars pour le centre-ville.

Avignon est un théâtre, un spectacle vivant à ciel ouvert. Partout des artistes usent des plus belles stratégies pour faire venir les spectateurs et distribuer leurs flyers. Partout des comédiens, musiciens, danseurs, acrobates, chanteurs... Là un homme joue du hang dans une petite ruelle, ici une jeune danseuse paraplégique au sourire contagieux danse avec ses béquilles, là-bas des acrobates saisissants de talents voltigent dans tous les sens.

La chaleur est accablante en journée, mais le parc des Doms vient offrir de l'ombre bienvenue. En soirée, le vent frais revient, et la ville se met en effervescence.

Je passe la majorité de la journée à marcher dans les rues, écoutant des dizaines de personnes me parler de leurs spectacles. Je me dirige à l'oreille, suivant les instruments et les clameurs que j'entends venir de partout.

Le soir, je rentre au théâtre Incongru pour voir une pièce qui m'a été présentée par son auteur et interprète, qui se baladait le matin dans la rue avec uniquement un vélo transportant l'affiche du spectacle.

Christophe de son prénom, nous transporte dans le temps, à la rencontre de Jean-François, jeune Jurassien engagé dans les Forces Volontaires pendant la guerre, qui s'est retrouvé malgré lui à se battre au côté des Nazis. Une belle pièce interprétée avec une patte certaine, sur un personnage qui remet en question l'Histoire telle qu'on nous l'apprend.

Mon expérience avignonaise se termine, il est temps d'aller faire les sacoches pour partir tôt demain matin..

Le pont d'Avignon.
Le Palais des Papes.
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C'est une vérité universellement reconnue, du moins parmi les voyageurs à bicyclette, que la ViaRhona est beaucoup plus agréable à rouler du Nord vers le Sud. La raison : le Mistral, qui s'engouffre dans la vallée du Rhône et souffle vers la mer. C'est lui qui m'apporte du frais depuis quelques jours, et qui me ralentit un peu.

Il ne souffle pas beaucoup quand je quitte Avignon. Je décide de m'éloigner du trajet officiel de la ViaRhona, et d'emprunter la rive gauche, afin d'éviter le centre d'Avignon en vélo..

Je croise toujours des châteaux médiévaux en hauteur, qui surplombent le Rhône.

Et d'un coup, le vent se lève, fort. J'ai l'impression de rouler en côte. La route, droite et plate, semble interminable.

Je fais une pause déjeuner dans un sentier, entre un champ et l'autoroute, en attendant que le souffle diminue.

Le vent finit par tourner légèrement, et je peux reprendre ma route, qui m'emmène en Ardèche, région que j'aime beaucoup, riche en grottes et en vestiges préhistoriques. Je passe aussi le panneau m'indiquant que je rentre en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le périple touche à sa fin..

Je monte ma tente dans un petit camping familial éloigné de la voie verte, et passe la soirée dans la piscine, en compagnie des habitués du camping.

Villeneuve-Les-Avignon
La tour de Roquemaure.
La forteresse de Mornas.
Une nouvelle amie pour Bernadette !
Pont-Saint-Esprit.
Pont-Saint-Esprit.
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Du vent, encore du vent, toujours du vent. Des rafales à plus de 20km/h toute la matinée, et un moral en berne. Je pédale contre l'air, même en descente. Je dois trouver la force de continuer, alors qu'il me faut des plombes pour parcourir quelques mètres sur du plat.

La route me fait passer 5 ponts, dont un suspendu assez impressionnant à Viviers. Je décide de rester sur la rive droite du Rhône pour le reste de la journée, afin d'éviter la passerelle Himalayenne de Rochemaure.

Alors que je prends en photo le joli village de Viviers, construit sur les hauteurs, un cycliste m'interpelle. C'est ainsi que je fais la rencontre d'Arnold et Sandra, qui remontent vers Thonon-les-Bains et me proposent de bivouaquer avec eux ce soir. Nous repartons donc tous les trois, en direction de la fameuse passerelle..

Ils ont un bon rythme tous les deux, et j'ai un peu de mal à suivre. Mais ils s'adaptent, et nous continuons tous ensemble. Lutter contre le vent devient plus facile, entraînée par le groupe et prise dans des conversations intéressantes.

Je les préviens tout de même de mon vertige et de ma peur du pont à venir. Heureusement, Sandra est infirmière anesthésiste, et me propose de tenter une séance d'hypnose légère, pour m'aider à passer l'obstacle.

J'apercois ses piles avant un dernier virage, et d'un coup, la voilà. Beaucoup plus impressionnante que ce que j'avais imaginé. 1m40 de large, 340m de long, une pile centrale.

Et c'est parti. Je traverse avec Sandra, chacune d'un côté de son vélo, tandis qu'elle me parle, me fait respirer calmement, et imaginer que je marche sur un champs de fleurs. Arnold prend soin de Bernadette qu'il pousse en plus de son vélo derrière nous. Arrivés sur la pile centrale, il faut se lancer de nouveau, pour attaquer la partie la plus haute. Je me concentre sur l'ancien château construit dans les hauteurs de Rochemaure. Et finalement, nous arrivons au bout, sans panique et sans avoir regardé en bas.

Une petite pause dans une guinguette pour fêter ça, quelques courses, et nous voilà partis à la recherche d'un lieu où poser nos affaires pour la nuit. Nous trouvons une aire de repos au bord de la voie, et nous installons, Sandra et moi sous nos moustiquaires, Arnold à la belle étoile, pour une fin d'après midi à lire, une bonne soirée et une nuit de sommeil sur le plancher des vaches.

Le Rhône.
Le pont du Robinet à Viviers.
Les falaises de Viviers.
L'ancien village de Viviers.
La passerelle Himalayenne.
Bernadette, Sandra et Arnold.
Rochemaure.
Petit bivouac pour la nuit.
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C'est tôt et en douceur que nous nous réveillons ce matin. Chacun se prépare, déjeune, et nous nous disons au revoir avant de reprendre la route. J'avais besoin d'une dernière belle rencontre et d'un dernier bivouac avant la fin du voyage, Sandra et Arnold m'auront apporté les deux !

La météo a annoncé un vent du Sud aujourd'hui, j'ai donc prévu une grosse étape, pour avancer un maximum avant qu'il ne tourne de nouveau.

Je pédale toute la matinée, quasiment s'en m'arrêter, avec des grosses rafales qui me donnent des ailes, tandis que les cyclistes que je croise se battent pour avancer...

Je longe le Rhône, qui sinue entre des monts rocheux imposants. Partout, de jolis villages sont perchés. Des châteaux, monuments religieux ou tour de guet se cachent dans le paysage. Mais je ne m'arrête pas. Généralement, les villages sont plus jolis à regarder de loin.

Arrivée devant un énième pont, je croise deux allemands roulants dans le même sens que moi. Je leur demande de passer le pont avec eux, et très gentiment, ils me laissent prendre place entre eux. Nous roulons un moment ensemble, mais je les perds de vue quelques instants, tandis qu'une passante qui essayait de converser avec eux en français me tient la grappe. Je la laisse, et arrivée au pont suivant, à quelques centaines de mètres de là, je retrouve mes deux compagnons, m'attendant pour me faire passer de nouveau.

Nous nous séparons peu après, l'heure du déjeuner allemand ayant sonné. C'est donc seule que je passe le pont permettant d'arriver à Valence. Le Rhône est très large à ce niveau-là, et il me faut cinq grosses minutes pour pousser Bernadette jusqu'à l'autre rive !

Je traverse rapidement Valence, la chaleur étant assez insupportable en ville, et continue ma route.

Après 75km de route, je m'arrête au camping de Tain-l'Hermitage et rejoins une douce boutique fleurant bon le caramel chaud : Valrhona.

Les sacoches pleines de chocolats, pâtes de fruits et autres gourmandises, je profite de ma soirée avec mes deux voisins d'emplacement : Greg, qui roulait sur les cols et a du redescendre vers la civilisation car son dérailleur s'est fendu en route, et David, qui rejoint des amis avec son sac à dos. Nous refaisons le monde jusqu'à ce que la nuit soit tombée, et tard le soir, quand je m'installe sur mon matelas au rythme de vieux tubes français qui jouent je ne sais où, la chaleur n'est pas redescendue et annonce des journées difficiles.

La Voulte-sur-Rhône.
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Saint-Pierre-de-Bœufs

JOUR 72 - Le long du Rhône

Publié le 19 juillet 2023

La journée commence par un pont. Enfin, une passerelle en bois pour être précise, plutôt jolie d'ailleurs. Les urbanistes ont su récupérer les anciens ponts sur le Rhône pour créer des passerelles ou de nouveaux ponts qui ont de la gueule !

Ce pont me fait quitter Tain-l'Hermitage en Drôme, qui sent bon le chocolat chaud ce matin, pour rejoindre Tournon-sur-Rhône en Ardèche, et son vieux château noir en hauteur. Toute la journée, je passe d'un département à l'autre et franchissant le fleuve.

Les paysages rhodaniens sont superbes et changeants. Les hautes montagnes au loin laissent place à du dénivelé local. Les vergers et vignes fleurissent, et les cigales chantent toujours. La ViaRhona suit le fleuve au plus proche, et permet d'admirer les changements de tons du bleu azur de ses eaux.

Le vent souffle moins fort que les jours précédents, mais la chaleur est plus sèche, plus accablante. Les nombreux vergers laissent dans l'air des effluves d'alcool.

À une fontaine, je rencontre un cycliste qui décide de m'accompagner jusqu'à Andancette, 4km plus loin. Je n'avais pas encore fait l'expérience de rouler avec un facho me parlant de convictions politiques aux antipodes des miennes.. Je roule plus vite que de coutume et ne suis pas mécontente de le laisser rapidement rentrer chez lui celui-là... Outre ses idées, une petite phrase n'est pas passée inaperçue : "il faut y faire...". Le dialecte local me le dit : je m'approche de la maison ! Un bus de la région Auvergne-Rhône-Alpes, identique à ceux de Clermont-Ferrand et alentours, finit de me convaincre que le périple touche à sa fin.

Je trouve une petite plage d'herbe au bord du Rhône, vide et silencieuse, où je m'installe pour le déjeuner. Un bruit me surprend, et je me retourne pour découvrir une voyageuse allemande et son cheval, qui marchent ensemble jusqu'à Montpellier et sont surprise de rencontrer une autre âme sur leur chemin.

Je laisse mon petit coin de paradis, et remonte en selle, pour suivre une route majoritairement à l'ombre des arbres.

Enfin arrivée, je m'installe au camping, et monte ma tente pour la dernière fois. Je me rafraichi à la piscine, et m'offre une belle pizza pour fêter la fin imminente de ce magnifique voyage.

Tournon-sur-Rhône.
Dans les ruelles de Tournon-sur-Rhône.
Mon petit coin de Paradis.
Sablons.
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Après une nuit fraîche et bruyante, je range mes affaires pour la dernière fois. Je traverse des paysages superbes toute la matinée, dont je m'imprègne, pour garder le maximum de souvenirs de cette incroyable aventure. Les côteaux des Côtes du Rhône, les îles naturelles et préservées du Beurre et de la Chèvre, habitats des castors, que je n'aperçois malheureusement pas aujourd'hui, le château d'Ampuis, caché derrière les feuillages.

J'ai à la fois très envie d'arriver, d'en finir avec le vent et la fatigue, et de continuer indéfiniment à vivre sur la route, au fil des rencontres.

Je fais une dernière pause déjeuner sur l'île Barlet, animée par les cygnes, canards, et par la douce mélodie de l'autoroute du soleil qui passe au-dessus.

Et après les derniers kilomètres en zone industrielle, j'arrive à Givors. La ViaRhona n'a pas encore été tracée jusqu'à Lyon, et il est très déconseillé de rouler jusqu'à la Cité des Gones, car la seule route est utilisée par beaucoup de camions. Je prends donc le train pour parcourir les derniers kilomètres avant ma destination finale.

À Lyon, je rejoins Rebecca, amie de prépa, que je n'ai pas revu depuis près de 8 ans. Je laisse Bernadette et mes affaires sur son lieu de travail, la laisse à sa réunion, et rejoins le Parc de la Tête d'Or à pied.

Je passe l'après-midi à me balader dans le zoo, entre les girafes, zèbres, pandas roux et autres singes.

Le retour à la ville est marquant. Les gens sont partout, vont vite, font la gueule. Les cyclistes pestent quand je m'arrête au feu rouge. Les immeubles sont hauts et omniprésents. Il va falloir du temps pour se remettre à vivre en ville, entre les murs d'un appartement..

Je rejoins Rebecca sur les coups de 18h, et nous rentrons dans sa belle maison, qu'elle partage avec 4 colocs. Toute la soirée, nous nous racontons nos vies, nos souvenirs et nos périples, car Rebecca a aussi voyagé à vélo, reliant pendant 7 mois différentes fermes où elle faisait du woofing.

Mon corps a senti la fin approcher, et à peine posée à Lyon, les courbatures font leur apparition, et la fatigue me tombe dessus.

À minuit, je m'endors sur cette dernière journée de voyage, et me prépare à rentrer, en douceur..

Le Rhône.
Les côteaux Côtes-du-Rhône.
Flamands roses au Parc de la Tête d'Or.
Pélican au Parc de la Tête d'Or.
Girafes au Parc de la Tête d'Or.
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Une bonne nuit de sommeil, une matinée à lire des BD, un bon repas avec Rebecca, et je remonte en selle pour la gare Part-Dieu. Je monte Bernadette dans le train, direction Saint-Étienne. Ça y est, ça sent la fin..

Arrivée en pays stéphanois, je remarque vite le seul touriste en maillot et casquette à pois, qui attend sa fille arrivant en vélo ! Mes parents sont venus me chercher, afin de m'accompagner dans mon retour.

Ma pauvre Bernadette est démontée, et rentrée en pièces dans la voiture. C'est une étrange manière de la remercier, je le conçois..

S'en suit un petit tour dans Saint-Étienne, ancienne ville industrielle, à l'architecture très hétéroclite.

Alors que depuis une petite semaine je roule aux pieds des Monts du Pilat, nous montons (en voiture, c'est trop facile) découvrir enfin les hauteurs. La nature est typique des paysages auvergnats, pleine de sapins et de villages en pierres (mais claire, pas encore noire comme à Clermont-Ferrand).

Nous faisons un petit arrêt à Rochetaillée, petit village perché en hauteur, construit autour d'un château, et profitons d'une bonne bière de retrouvailles.

Puis nous rejoignons une auberge sympathique dans un hameau de pierres blanches. Il fait frais dans les hauteurs, la nature est silencieuse, les cigales ont disparu.

Nous nous retrouvons au restaurant, je raconte milles et une anecdotes qui me reviennent en mémoire, et reprends doucement l'habitude de vivre en communauté et de me déplacer en marchant.

La fin d'une étape..
Gégé s'amuse..
Grand'Église de Saint-Étienne.
Château de Rochetaillée.
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Publié le 24 juillet 2023

Un lit douillet, un petit-déjeuner en famille : le grand luxe !

Nous roulons une bonne partie de la journée dans les monts du Pilat, à la recherche de jolies petits villages : Saint-Julien Molin-Molette et son ancien moulin à soie, Malleval, ancienne ville fortifiée tout en hauteur, Pelussin, Sainte-Croix-en-Jarez et son impressionnante chartreuse.

Depuis les hauteurs, nous apercevons les Alpes, tout là-bas, au fond. Et comme un petit clin d'œil, nous apercevons le Rhône et Saint-Pierre-de-Bœufs, mon avant-dernière étape.

Doucement, au fil de la route qui me ramène dans mon petit village, je reviens à la vie normale..

Et voilà, le périple touche à sa fin. Après 118 jours de voyage, dont 23 avec mon cher Maxence, environ 3300km de route, la traversée de 25 départements et de beaucoup trop de ponts, sans aucune chute ni crevaison, mais avec une collision avec un piéton.

C'était une expérience incroyable, qui m'a permis de me dépasser, de croire en moi, et de faire des rencontres inoubliables.

Il n'est pas impossible que je roule sur la partie Nord de la France un jour, mais ce n'est pas un projet définitif pour le moment. En attendant, je compte bien voyager encore, sur des petites durées, avec ma chère Bernadette.

Merci à tous de m'avoir lu et merci pour tous les beaux messages que j'ai reçus et qui m'ont aidé à avancer !