Nous faisons notre entrée au Cambodge le 15 Novembre et avons choisi de nous rendre directement à la capitale pour que Blondie puisse aller dans un hôpital pour faire vérifier sa main.
Le programme du jour : 13h de bus youhou qui dit mieux ?!
Nous avons pu réserver notre voyage de Don Khon à Phnom Penh directement depuis la guesthouse où nous avons dormi et le bateau est venu nous chercher à 8h05 juste devant notre bungalow ! Si ce n’est pas du luxe ça ;)
En arrivant à la station de bus de Nadasang nous apprenons que le bus pour Phnom Penh ne part qu’à 10h -_-‘ heureusement il y a le wifi pour nous occuper !
Un peu dépitées nous voyons une antiquité roulante arriver et devinez quoi il n’y a pas la clim !! Ce bus est une vraie fournaise et tout le monde dégouline de sueur.
Nous ne sommes qu’à 15km de la frontière et notre accompagnateur nous explique que nous avons deux options pour passer la frontière :
- nous remplissons les formulaires, nous lui remettons ceux ci avec une photo d’identité, 40$ et notre passeport. Et il s’occupe de tout pour nous, nous n’avons même pas à descendre du bus.
- Soit vous décidez de descendre du bus avant la frontière avec toutes vos affaires et vous vous débrouillez. Il faut au final payer 2$ de tampons pour la sortie du Laos, 35$ de visa puis si vous avez de la chance vous passerez outre le contrôle de santé et économiserez 2$. Sans compter qu’il faut ensuite marcher environ 1km pour rejoindre le bus de l’autre côté, avec la chaleur, le sac sur le dos etc bref un pur bonheur !
En sachant que nous ne pourrions économiser que quelques $ nous avons clairement eu la flemme de descendre du bus 😀 et nous avons sagement attendu que le MR s’occupe de tout pour nous en sirotant un coca puis 1h plus tard distribution des passeports avec une nouvelle page remplie :-)
Visa du Cambodge Environ 50km après la frontière c’est le soulagement quand on nous annonce que nous allons changer de bus pour en prendre un avec climatisation !
Vers 15h30 c’est la pause repas et l’annonce fatidique.... nous arriverons à Phnom Penh vers 20h30-21h (au lieu de 18h30 initialement prévu). Voilà comment passer une excellente journée dans le bus à jouer à Candy Crush, lire sur sa Kobo, faire des hélicoptères en scoubidou, essayer de dormir etc
Le bus nous dépose dans le centre mais à environ 2km de notre auberge et nous prenons donc un tuktuk pour nous y rendre (ici 1km parcouru = 1$, du moins pour les courts trajets). Fraîchement arrivées à notre auberge, le panorama Mékong Hostel, une dernière épreuve nous attends ... gravir les 5 étages à pied ! Eh oui une belle vue sur le Mekong ça se mérite. Nous avons bénéficié d’une offre assez intéressante sur Booking et ne payons que 5$ chacune pour 2 nuits.
Le réceptionniste de l’auberge nous apprendra qu’ici tous les prix sont affichés en dollar américain malgré que la monnaie locale soit le riel ?! Je chercher encore l’explication mais dès que je l’ai je vous la donne.
Ce qui rend les choses un peu floues pour nous puisque lorsque l’on paye en dollar 💵 , la monnaie nous est rendue en dollar et en riel pour les sommes inferieures à 1$ (1$=4000 riels).
Nous trouvons le courage de ressortir pour aller manger une pizza à 5mn à pied chez Happy herb Pizza puis c’est enfin l’heure de s’allonger (le meilleur moment de la journée je vous assure !).
Vue de l’auberge 😉Début d’une journée maussade et riche en émotions.
On se lève vers 8h puis on descend prendre un petit déjeuner dans l’un des nombreux cafés de la rue. Puis nous nous séparons, Blondie doit aller à l’hôpital pour refaire une radio de sa main et étant déjà venue au Cambodge il y a 10 ans, elle me recommande fortement d’aller visiter la prison S21 qui lui a laissé un souvenir indélébile.
Via l’hostel où nous dormons je prends un tuktuk avec un Suisse, Steven, afin de partager les frais.
Vers 9h15, nous partons avec notre chauffeur fou qui n’hésite pas à slalomer entre les voitures et scooter, rouler en sens inverse si cela va plus vite etc bref on est pas rassurés ! Environ 45mn plus tard nous arrivons au camp d’exécution de Choeung Ek. Aussi appelé champs de la Mort ou Killing fields en anglais.
Nous payons 6$ l’entrée avec audio guide disponible en français qui est vraiment très bien fait. On peut ainsi visiter à son rythme avec la possibilité de réécouter les commentaires à tous moments.
Un peu d’histoire pour commencer...
Le 17 Avril 1975, l’armée de Pol Pot est entrée dans Phnom Penh. Appelés plus communément les Khmers Rouge (khmer car c’est le principale groupe ethnique du Cambodge et le rouge pour la couleur communiste).
En moins de 48h ils ont fermés toutes les usines, écoles, hôpitaux et ils ont obligés la population à fuir dans les campagnes ou à travailler dans dans des fermes collectives (travail forcé).
Pol pot croyait à la corruption des villes par une classe de privilégiée, l’élite sociale, il rêvait d’une société dirigée par ceux qui travaillaient la terre. Il voulait faire table rase du passé et recommencer à l’an 0.
A l’origine un cimetière chinois les Killing fields ont été transformés en camp d’exécution en 1976.
Les détenus étaient tués mains attachés dans le dos et yeux bandés. Mais ils n’étaient pas tués avec des balles car cela coûtait trop cher, ils utilisaient des outils d’agriculture, des haches, marteau, etc pourvu que ce soit facile à utiliser et bon marché. Certaines victimes n’étaient pas tout à fait mortes une fois tombées dans la fosse alors ils utilisaient des produits chimique, le DDT (utilisé comme pesticide par les agriculteurs alentours) pour achever ces pauvres gens. Le DDT est aussi utilisé aussi pour masquer les odeurs de décomposition des corps.
L’une des folles devises de Duch (commandant du camp) et de l’idéologie Pol Pot était :
« Mieux vaut tuer un innocent qu’épargner un ennemi »
La visite audio guidée comprend notamment de poignants témoignages de survivants.
Comme par exemple l’histoire d’une femme violée et battue par 12 soldats khmers puis laissée pour morte, nue dans un champ, elle a survécu mais a été obligée de fuir la région pour que personne ne sache ce qu’elle avait subi.
Un moment particulièrement difficile de la visite est celui où l’on se retrouve face à un charnier d’où ont été exhumé environ 100 corps nus de femmes et d’enfants, la plupart des femmes ont été violés avant de mourir. Et les bébés étaient quand à eux battus à mort contre un arbre, tristement surnommé le « Killing tree ». Des bouts de cervelle, du sang et des os ont été retrouvés au pied de cet arbre lors de la découverte de ce camp. Mais pourquoi tuer les bébés ? Car il ne fallait laisser aucune personne de la famille avec une envie de vengeance. Et aussi pour répondre à la folle devise de Pol Pot disant :« Pour se débarrasser de la mauvaise herbe il faut aussi arracher la racine ».
D’autre part, des chants révolutionnaire khmers étaient diffusés en permanence pour couvrir les cris des victimes mais aussi pour faire penser aux habitant sautour que des réunions avaient lieu et non des exécutions.
Pol pot a été renversé en 1979, mais des dizaines d’autres camps comme celui ci ont été recensés dans tout le Cambodge. Plus de 3 millions de cambodgiens ont perdus la vie durant cette période.
Stupa du souvenir La visite se termine par le stupa consacrée à la mémoire des défunts où sont exposés pas moins de 8000 crânes, classés selon le sexe et l’âge. Celui ci a été érigé en 1988 et chaque 9 Mai une cérémonie commémorative a lieu à Choeung Ek.
Je ressors bouleversée de cette visite et je n’arrive toujours pas à croire que cela s’est passé il y a si peu de temps !!
Nous remontons dans le tuktuk puis nous arrivons en ville pour la visite du musée du genocide de Tuol Sleng.
Il faut débourser 8$ pour l’entrée avec audio guide ou 5$ sans mais je vous recommande vivement de le prendre sans quoi vous ne pourriez réellement vous rendre compte de l’horreur. A moins bien sûr d’avoir un guide ;)
Photos prises par les dirigeants du camp pour leur registre En 1975, les forces des sécurité de Pol Pot firent du lycée Tuol Svay Prey, la prison de haute sécurité 21 ou S-21. Ce site est rapidement devenu le plus grand centre de détention et de torture du pays. Quand l’armée vietnamienne libéra Phnom Penh au début de l’année 1979, elle ne trouva que sept survivants (ils devaient leur survie à leur talent de photographe ou de peintre et les khmers pensaient donc utile de les garder en vie). Quatorze autres prisonniers avaient été torturés à mort l’approche de la mort et les photos de ces dernières victimes sont affichés dans les salles où leurs corps ont été trouvés.
Non identifiables les corps ont été incinérés puis les cendres inhumées dans 14 pierres tombales blanche qui se trouve juste devant le bâtiment A (celui où se trouvaient les salles de torture).
La visite de ce lieu est très éprouvante car tout a été laissé en état. On peut même encore voir des traces de sang au sol. L’aspect banal du lieu le rend d’autant plus épouvantable !
A l’origine un lycée ce lieu est devenu un lieu de torture, d’horreur et de souffrance... mais le S21 était un lieu ultra secret.
Des fils barbelés tout autour de l’enceinte pour dissuader les curieux de s’y aventurer. Et dans le bâtiment A , les aérations du rez-de-chaussée des anciennes salles de classe ont été condamnées et des barreaux ajoutés aux fenêtres pour contenir les prisonniers et leurs cris. 10 chambres au total, où des centaines de personnes ont été torturés sur des matelas en fer.
Les personnes étaient interrogées puis torturées jusqu’à l’obtention de réponses satisfaisante. Puis ils étaient tués.
Des tortures sous forme de simulation de noyade étaient largement utilisées.
En outre, certains prisonniers étaient vidés de leur sang pour approvisionner une banque de sang en faveur des soldats khmers rouge.
Pour leur « formation », les infirmiers khmers disséquaient les corps de prisonniers encore vivant et s’entraînaient à faire des injections sur des oreillers. Ils étaient parfois appelé pour maintenir en vie les prisonniers un peu plus longtemps pour finir l’interrogatoire.
Inutile de préciser que je suis ressortie d’ici avec les larmes aux yeux.
Je retrouve Emily pour le déjeuner puis elle m’annonce la triste nouvelle... Elle a bel et bien une fracture de la main et doit retourner en France pour se faire opérer :-(
La fracture datant déjà de 15jours, elle doit rentrer au plus vite et nous réservons son vol de retour pour le lendemain dans la foulée.
Le marché central Une fois les désagréables formalités accomplies nous décidons d’aller faire un tour au marché central pour nous changer les idées.
Nous étouffons de chaleur dans le marché et l’heure du coucher de soleil approchant nous nous rendons au skybar, Éclipse qui se situe sur le toit de la Phnom Penh tower (24 étages) ! Nous bénéficions d’une vue à 360 degrés sur la ville, seul un bâtiment a décidé de se mettre pile devant le soleil ! Ahah pas de chance mais cela ne nous empêche pas de déguster nos cocktails en admirant la vue.🍸
Un dernier petit tour de tuktuk pour rejoindre Bassac lane (nous avons appliqué la règle du 1km=1$ et ça marche ! Même si on nous propose évidemment plus on ne lâche pas l’affaire ;) ). Pour notre dernier dîner ensemble nous faisons honneur au pays de cœur de Blondie et nous allons manger japonais ! Nous rentrons à pied pour découvrir la vie nocturne de la ville et nous ne sommes pas déçues car nous tombons sur un genre de flash mob/ cours de danse qui nous aura beaucoup fait rire.
Ballade nocturnePalais Royal de Phnom Penh Le lendemain matin, jour de son départ, Emily décide de s’offrir un dernier massage en Asie pendant que je visite le Palais Royal et le musée national qui renferme une grande collection d’art khmer.
Puis nous nous retrouvons pour le déjeuner chez Friends, super restaurant qui propose des plats originaux à prix raisonnables (entre 5 et 8$). J’y ai d’ailleurs mangé la meilleure salade de ma vie (rien que ça oui !!). Roquette, citrouille rôtie, tomates cerise, fines tranches de poires avec du bleu assaisonnés avec du vinaigre de cidre ! Une véritable tuerie 😍
Friends salads Puis c’est l’heure de monter dans le tuktuk, celui ci me déposera d’abord à la station de bus puis emmènera Blondie à l’aéroport ...
Notre dernier voyage en tuktuk 😦- Me voici donc en voyageuse solo et c’est le cœur lourd que je monte dans le minivan en direction de Siem Reap (11$ avec la compagnie Larryta).
3 enfants en bas âge vont m’offrir un joli concerto de cris et de pleurs durant le trajet mais j’ai aussi fait la connaissance d’un français installé au Cambodge depuis 4 ans, il a ouvert un restaurant pour le moins original à Siem Reap... je vous en reparlerez plus tard ;)
Sur la route vers Angkor