J'écris ces lignes vendredi. soir. Pour le restaurant c'est raté. "On ne sert que les personnes de l'hôtel".
Bonjour l'hospitalité, d'autant plus que ce midi j'ai déjeuné dans ce restaurant. Rien à voir avec l'Italie, ils sont nuls pour l'expédition de colis mais ils ont le sens de l'hospitalité et du business. Donc, vite au Carrefour Express pour une pizza, une bière, du chocolat au lait et deux bananes. L'avantage c'est moins cher mais dans mon estancot super dernière soirée. Leçon : ne jamais se faire des films ils sont toujours à côté de la réalité. Ça m'apprendra à imaginer l'instant d'après alors qu'il suffit de vivre l'instant présent, bien assez satisfait et riche d'enseignements.
Cette étape, hors circuit, je l'ai souhaitée comme pour finir symboliquement le périple. Je reprendrai de Tramayes une autre fois, un jour quand l'envie de poursuivre sera plus forte que le détachement d'une vie de pèlerinage.
Pour ce final, j'ai envie de vous parler de mon sac à dos et des affaires portées pendant neuf jours. D'abord, il est récent c'est un Osprey 38 litres, léger, 800 grammes, confortable, aucune transpiration du dos. Je recommande. Comme vêtements de marche : tee-shirt manches courtes en laine de Mérinos, super confortablie avec suivant le temps un vêtement technique manches longues évacuant bien la transpiration.
Pantalon élastique à séchage rapide, chaussettes en laine mi-longues, chaussures Lowa, elles me font mal, pas facile de trouver le bon laçage, pas facile de trouver la bonne chaussure en fonction de la largeur du pied. Sur le gauche la malléole interne était douloureuse malgré un laçage super light. Incompréhensible. Pas de duvet, un drap de soie, un tarp-poncho super léger 230 grammes (pas servi), un bas imperméable en cas de fortes pluies, pas servi non plus. Une trousse à pharmacie avec les trucs d'usage, une mini trousse de toilette (savon, brosse à dents, mini dentifrice, petit serviette light). Je dis trousse mais en fait c'est un sac congélation plus léger, une gourde un litre.
Des lunettes de soleil et de vue, une casquette, pas utilisée et bien sûr Ma veste Goretex, pas utilisée mais indispensable ça peut vous sauver la vie, un couteau, non mon couteau, il peut aussi vous sauvez la vie.
Une frontale avec des leds, un brassard lumineux clignotant, la prochaine fois j'amène un gilet jaune, plus efficace et puis si je traverse une manifestation je l'aurai.
Des affaires de rechanges pour le soir : un pantalon polaire qui fait pas trop pyjama, une chemise canadienne pour le côté sauvage, un autre tee-shirt en laine, pas nécessaire je lave tous les jours et c'est sec le matin, pourquoi s'encombrer de choses inutiles. Les bons câbles pour le téléphone et la montre GPS Garmin Fénix 3 HR avec les étapes chargées, pas indispensable mais pratique quelques fois. Dans mon téléphone l'application Visorando avec la trace complète comme ça je sais toujours où je suis, pratique lorsqu'on est paumé et ça arrive. Ce programme fonctionne avec la carte IGN 1/25000 et les cartes Openstreet, tranquille car il faut bien cela. En France ou ailleurs, on peut se perdre facilement; le Morvan c'est 200 km de forêts sur 100 km de large, certes avec des villages seulement visibles lorsqu'on y arrive. De plus, la nuit on peut avancer sans problème. Les bâtons de marche toujours utiles pour la montée comme pour la descente et aussi pour tenir le poncho-tarp comme abri de fortune. Enfin évidemment, argent, papiers, carte bancaire, stylo, chèques, feuille de route avec les adresses, le nom des accueillants et autres details importants ( lieux de ravitaillement, fontaines, sources, etc.).
Une paire de chaussures légère pour après la marche. C'est pas parce qu'on randonne que l'on délaisse le confort surtout pour les pieds. Pas besoin de faire un dessin. En fin d'etape idéalement il faudrait faire des étirements ou de l'eutonie, quelques postures de yoga seraient idéal. J'en ai pas fait souvent, pas bien.
Pour la bouffe, le soir idéalement sucres lents indispensable qu'il faut agrémenter de ce qui nous plaît de manger en plus.
A midi, sandwich, salade, en général pas affamé mais cela permet de faire une pause, ça requinque.
En marchant, personnellement je ne mange rien, je bois, indispensable si on veut tenir longtemps, une eau légèrement sucrée ( 1 sucre / litre) c'est encore mieux vous pouvez tenir des heures avec cela.
J'allais oublier des gants en soie, un petit bonnet de laine genre marin. C'est à peu près tout.
Je vous donne des nouvelles du rhume et de la toux, disparus, perdus quelque part dans le chemin ce qui prouve bien que ce n'est pas le vent, la pluie (même quelques gouttes ), le froid, la chaleur, la transpiration qui nous rendent malade mais ....( Je ne suis pas toubib).
Que vous dire sur ce à quoi s'occupe le cerveau pendant la marche. Tout d'abord ce qu'il y a autour de soi : la difficulté du chemin, la météo du moment, le paysage, les bruits, les odeurs. Puis les douleurs de votre corps, les pieds, les jambes, les bras (à cause des bâtons) peut-être la tête, des frissons s'il y a beaucoup de vent, trop chaud si le soleil vous assomme, trop humide si un crachin vous trempe vos vêtements, trop sec s'il y a un vent du sud. Il y a vraiment de quoi s'occuper. Malgré cela des pensées vous viennent quelquefois lancinantes, quelquefois juste de passage.
A ce moment-là je me recentre sur amoi-même et mon environnement autrement plus passionnant et riche de réalité. Le reste n'est que élucubrations, un film que l'on se fait et qui ne sera jamais projeté.
Seulement neuf jours, ce n'est pas assez pour entrer dans ce monde de présence. Il faut un mois minimum, c'estpour cela que les pèlerinages étaient sur de longs parcours, le temps de se lessiver, d'extraire l'inutile et de ne garder que l'essentiel. Ne pas donner d'importance aux pensées, ce ne sont que des pensées rien de réel. La réalité se montre autour de soi, elle vous accompagne tout le temps, elle est fidèle.
Parti ce matin â 6h45, il fait nuit, c'est la dernière étape hors circuit j'ai hâte de rentrer.
La route serpente sur une colline boisée, le ciel est dégagé et brille de milliers d'étoiles. Je dois passer un col avec 500 m de dénivelé, prudence quelques voitures circulent à cette heure. Je m'arrête sur le bas côté à chaque passage.
Je franchis le col au bout d'une heure de marche à allure soutenue. Passé le col, la vallée de la Saône se présente avec son brouillard habituel. Je vais le rejoindre sans moins d'une heure très certainement.
C'est un trajet réalisé par un logiciel partant de Tramayes jusqu'à Charnay donc très certainement pas de sentier. J'en emprunte un mais très vite je reprends la route. Un flot incessant de véhicules circule, c'est samedi le jour des courses dans la plupart des foyers.
Petit arrêt banane dans un village encore endormi. Je presse le pas.
Dans quelques minutes je vais quitter la départementale pour me diriger vers Charnay.
800 mètres encore à marcher, neuf journées de pèlerinage qui s'achèvent, j'ai qu'une envie arriver et prendre une douche. Hier dans le gîte c'était spartiate.
Je vois la maison de Julian, quelques mettre nous séparent, je franchis le portail, j'arrête ma montre, 4 heures pile de marche pour 21 km. Bon rythme. Çà y eest, cette fois c'est bien fini. 267 km, pas suffisant pour devenir un vrai pèlerin. A suivre.