Les guides, de nombreux pèlerins, les récits lus sur les sites faisaient état de la nécessité d’avoir un tempérament d’aventurier pour se lancer sur ce chemin, de la dureté du camino qui ne faisait que monter et descendre. C'est en partie vrai mais chacun son camino, libre à vous d'organiser les étapes selon votre envie, votre humeur, votre tempérament et vos capacités physiques et mentales qui au fil du temps ne peuvent que s'endurcir et deviennent un moteur puissant pour avancer avec des sensations de liberté et d'aisance insoupçonnées en vous.
Chaque saison du camino a eu sa spécificité, ses rituels, son ambiance particulière, ses rencontres et évidemment ses paysages à la fois tous différents par leurs diversités et tous identiques grâce à cette sensation de découverte originelle pour chaque étape.
Le plus extraordinaire dans ce pèlerinage est que l'on s'attend d'abord à des changements de décors ou de beaux paysages, de belles rencontres mais ce que l'on découvre, au fur et à mesure des kilomètres engrangés, c'est un changement de soi. Ce qui paraissait impossible ou tellement loin du but s'approche tous les jours un peu plus, certains jours avec quelques désagréments mais le plus souvent avec bonheur et sérénité.
Pourquoi faire El Norte, cette question taraude tous ceux qui, un jour, décident de se lancer sur les chemins de Compostelle. Même si elle est souvent très personnelle, elle intrique également beaucoup le proche entourage du partant. Personnellement, j'avoue que le côté difficulté m'a attiré immédiatement, je dois être un peu masochiste mais je ne crois pas à l'expiation. Souffrir, selon moi, n'est pas un remède, c'est une alerte transmise par le corps au cerveau pour lui dire : fait quelque chose mec, ça ne va pas ce que tu t'imposes ou que tu acceptes comme souffrance. Réagi.
Marcher seul me convient sur de longues distances et voire sur plusieurs jours quelques soient les conditions; par forcément pour me retrouver, me suis-je déjà perdu ? Non, juste le plaisir de ne dépendre que de moi. Évidemment, marcher avec mon proche entourage familial ou amical me procure aussi de belles sensations, différentes et aussi enrichissantes.
Sur le chemin, le temps prend une autre dimension. Loin des pressions du travail, le rythme lent ou rapide de la marche permet sans aucun doute de s'apaiser, de retrouver le bonheur dans des choses simples trop souvent oubliées. Pas de compte à rendre, aucun exploit à réaliser, aucun point de contrôle, ni personne pour vous dire à quelle vitesse vous devez aller, le nombre de kilomètres que vous devez parcourir. Vous êtes face à vous-même et quelle que soit votre façon de parcourir le chemin, rapide ou lente, triste ou joyeuse, seul ou en compagnie, ce sera le vôtre et uniquement le vôtre. Donc, El Norte, c'est un peu tout cela à la fois. Je pense avoir vécu chaque instant comme unique, j'ai remercié la vie de m'avoir donné chaque jour cette impulsion de partir, cette envie d'aller voir plus loin. Jamais je n'ai eu le sentiment de me dire : mais qu'est-ce que tu fais là ? Sur de courtes étapes comme sur les longues j'ai toujours eu cette joie, non mesurable et c'est tant mieux, d'avoir parcouru la distance avec grand plaisir et d'arriver à bon port avec dans ma tête, les petites histoires du jour à raconter, les images des paysages sauvages et magnifiques de beauté, les rencontres inopinées. Il y a tellement de salut dans le mouvement et le partage qu'ils deviennent carrément un mode de vie personnel, une raison d'avancer. Bien sûr chacun avance à façon mais celle-ci me plaît bien.
Ce dimanche matin, j'ai carrément traîné au lit. Dire que j'ai bien dormi. Non pas tellement. Je me suis réveillé d'abord à une heure du matin pensant avoir dormi toute la nuit, puis vers cinq heures qui est mon heure presque habituelle de lever. J'ai décidé de me lever il était sept heures trente. Petit-déjeuner au séminaire, pour votre information si un jour vous séjournez, cher et pas top. Autant le prendre en ville mais comme ce matin il pleuvait, j'avais la flemme.
Neuf heures, visite de la cathédrale, presque vide, j'en profite. Vers neuf heures trente, une lumière intérieure me dit, tu dois aller sur la place de la cathédrale, vas-y tu verras, une belle surprise t'attend.
Je m'assois sur un des côtés de cette grande place où des pèlerins affublés de poncho ou trempés comme un linge dans une lessiveuse arrivent au compte goutte et en ordre dispersé. Un groupe d'adolescents en file indienne débarque sur cette place mythique en chantant à tue-tête des prières, un des leurs tenant à bout de bras une immense croix en bois comme jadis faisaient les pèlerins au moyen-âge pour atteindre la terre sainte.
Groupe d'adolescents Neuf heures trente-neuf, une silhouette connue débouche sur la place. C'est bien lui, c'est André, il avance tête dirigée vers le plaque centrale point zéro du périple compostellan. Mais à une dizaine de mètres de l'arrivée, il tourne la tête vers moi qui suit à cinquante mètres de lui et il me fait un grand signe.
Je lui fait comprendre de loin avec des gestes approximatifs de finir son étape et que l'on se retrouve dans quelques instants. Oui, c'est un moment extraordinaire, chacun doit le vivre dans toute son intériorité, sa sérénité et sa propre émotion d'y être parvenu.
Je le laisse dans son recueillement, reprendre son souffle, réunir ses esprits, vivre cet instant présent unique, rien qu'à lui-même, ce graal tellement attendu ou espéré.
Puis, il se dirige vers moi, aussitôt je me lève et avance aussi vers lui. Il a les larmes aux yeux et moi aussi. Accolades, tapes dans le dos. "Amazing" qu'il me dit. Nous nous regardons, je n'en crois pas mes yeux, lui non plus. Nous nous sommes quittés le matin du douze mai et nous nous retrouvons le dix-neuf juin, chacun ayant parcouru son camino à plusieurs centaines de kilomètres de distance l'un de l'autre. Quelle aventure de vie !
Incroyable non ?Voilà, El Norte c'est fini, les jours suivants ne seront que de la visite de Santiago pour lundi et deux jours de train pour rentrer à Pizay en début de soirée mercredi.
Si je devais remercier la vie pour tout ce qu'elle m'a donné sur ce périple, il ne me resterait plus assez de temps pour vous remercier. Donc je vais commercer par vous et remercier et ensuite je remercierai la vie.
Aussi, je remercie tous les suiveurs m'ayant suivis uniquement par leur pensée au moins une fois. C'est déjà beaucoup.
Un grand merci aux suiveuses(eurs) m'ayant suivis(ies) par la lecture uniquement sans oser ou vouloir envoyer un message.
Un très grand à tous les suiveuses et les suiveurs m'ayant suivis(ies) qui ont pris du temps sur leur temps pour m'envoyer des messages d'encouragements, d'amitiés, de joie de découvrir de nouvelles contrées, des smileys, des émojis, des conseils, une ordonnance (merci Eric) et qui ont quelques fois bataillés(ées) pour avoir une connexion avec la messagerie de My Atlas.
Un big merci, plein d'émotions pour André, mon compagnon de route sur des centaines de kilomètres en France qui j'ai revu ce matin à son arrivée et je verrai jusqu'à mardi, jour du retour pour moi. Il va poursuivre jusqu'à Fisterra et Muxia puis il veut continuer sur le chemin portugais. Je lui souhaite le meilleur. On se reverra j'en suis sûr.
Un big merci à Louis, le jeune philosophe avec j'ai passé des instants studieux, enrichissants. Nous avons encore plein de choses à partager dans les mois et les années à venir. Belle réussite à toi Louis et philosophe bien.
Un big merci à James qui a été aussi une rencontre éblouissante pour moi. J'espère que ton chemin se passe bien, pour celui-ci et tous les autres chemins de la vie que tu empruntera.
Un big merci à Jorien, l'étudiante hollandaise, chanteuse et guerrière très motivée contre l'utilisation du plastique dans le monde. Je lui souhaite bonne chance.
Un grand merci à Soline pour avoir accepter de venir partager notre repas ratatouille et steacks avec André. Je te souhaite le meilleur.
Un grand merci à Jeandinne, la jeune hollandaise étudiante en architecture qui devrait arriver demain à Santiago. Nous formions avec André un trio de marcheurs de choc. Nous irons boire un pot ensemble avec André.
Un grand merci à Noémie pour les quelques moments d'échanges et nos retrouvailles avant hier à Fisterra.
Un grand merci à Stéphanie, la roumaine avec j'ai fait une étape parfois dans le silence parfois avec des discussions sur tout et rien à la fois. C'était bien.
Un grand merci au vieux monsieur coureur de marathon espagnol qui m'a accueilli dans sa maison un jour de pluie. Ça me faisait penser à la chanson de Georges Brassens, "L'auvergnat", Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l'Auvergnat qui, sans façon,
M'as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid.
Ce jour-là il pleuvait et c'est vrai j'avais un peu froid.
Un grand merci à l'espagnol des 3000 km rencontré il y a trois jours puis hier à Muxia. Je n'ai pas tout compris lorsque tu me parlais mais je suis sûr que c'était super.
Un grand merci à Sylvain, de Lyon, pour nos échanges même s'ils ont été de trop courtes durées et à bientôt pour une bière à Lyon.
Un grand merci à Flavio, l'italien, un peu perdu au début avec qui j'ai pu reparler italien même si je ne sais pas grand chose de toi.
Un grand merci à Casten, le danois, pour les verres de vin et ton humour que j'arrivais à comprendre même en anglais. Alléluia, tu chantera si tu penses à moi.
Un grand merci à Marc, en retraite pour m'avoir écouté lorsque tu voulais en savoir plus sur l'instant présent, les quatre accords de toltèques et autres voies de liberté personnelle.
Un grand merci à Guy, le canadien avec qui nous avons tenté, non pas de convaincre Marc de lire Eckhart Tolle ou Miguel Ruiz, mais ces éventuelles lectures pouvant lui bouleverser sa vie.
Un grand merci à Stéphane, pour les échanges sur quelques étapes. Buen camino.
Un très grand merci à Patrick et Françoise pour cette belle retrouvaille à Bidarray et cette soirée presque estivale en votre compagnie. Merci d'avoir pris du temps pour moi.
Un très grand merci à Nadine et Jean-Louis pour ces quelques heures passées ensemble au milieu de nulle part à Golinhac. Merci pour tout ce déplacement pour moi.
Un très grand merci à Michelle et Claude pour vos messages, SMS et autres moyens tout le long de ce périple superbe. A bientôt à Pizay et en Italie chez moi
Un très grand merci à Michelle et Philippe pour les news et vos encouragements et la belle poésie du pèlerin.
Un très grand merci à Alexia, Hervé et Yan, pour vos encouragements. On se voit bientôt.
Un very big merci à mes petits-enfants Louise et Solal pour leur questionnements récurrents : "mais quand est-ce qu'il revient de sa randonnée Papylio? ". J'arrive bientôt mes bout choux.
Un very big merci aussi à Julian, Lucas, Elise et Laurie, tous mes enfants pour les pensées que vous avez eues pour moi et l'aide apportée à Guylaine lorsqu'elle en avait besoin.
Un très grand merci à ma Maman et à Denise ma sœur pour vos encouragements. Curieusement Maman, tu ne t'inquiétais pas trop lorsque j'étais sur le camino. J'ai senti aujourd'hui au téléphone que tu étais heureuse et soulagée que je sois arrivé sain et sauf. Ah ces mamans !
Ai-je oublié quelqu'un ? Si tel était le cas mille excuses.
L'amour, je ne vois pas trop ce que c'est, et c'est pas toujours facile à définir mais les preuves d'amour, oui. Guylaine m'a donné une belle et grande preuve d'amour. Buen camino à nous deux pour la suite du reste de notre vie ensemble.