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2 participants
De Previdè dans la province de Massa-Carrara en Toscane jusqu'à Sienne dans la province du même nom toujours en Toscane, 274 kilomètres de paysages de collines d'oliviers et de cyprès élancés.
Du 15 au 30 août 2021
16 jours
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Dimanche 15 août, il est quatre heures du matin, la nuit a été courte, c'est le jour du départ de chez nous à Pizay. Il nous reste 819 kilomètres à parcourir pour atteindre le point du vrai départ, 500 kilomètres en voiture, 309 kilomètres en train et les derniers 10 kilomètres, notre hébergeur viendra nous accueillir à la gare de Pontremoli, village typique des Apennins en bordure de Toscane. Nous logerons dans le B&B Eremo Goioso (Joyeux Ermitage) à Previdè, lieu de notre arrivée en septembre 2019 après 3 semaines de bonheurs simples et de belles rencontres. Ce sera notre point de départ cette année.

Depuis une quinzaine de jours nous préparons les sacs, ils sont légers, sept kilos avec les deux litres d'eau, il manque qu'un peu de nourriture pour les encas même si ce périple ne comporte que des étapes autour de vingt et un kilomètres par jour sauf une de vingt-neuf kilomètres. La principale difficulté sera la chaleur pour tous, les moustiques pour Guylaine et sans doute les hébergements à cause de la pandémie. On se laissera porter, les éventuels problèmes de couchage se régleront sur place. N'est-on pas sur une voie sacrée de pèlerinage médiéval : la Francigena. Les milliers de pèlerins qui ont parcouru ce chemin éternel ont certainement réussi à dormir quelque part malgré des moyens de communication rudimentaires.

Nous serons trois au départ, Guylaine, Tarchoun et moi. Nous sommes heureux de faire découvrir cette partie de l'Italie et en particulier ce tronçon de la Francigena à Tarchoun. C'est sans doute la plus belle des régions que traverse cette voie de pèlerinage. Le val d'Aoste fut aussi une étape inoubliable par son dénivelé négatif de 2000 mètres fait d'une traite et les belles vallées montagneuses couvertes de nuages cotonneux.

Arrivés à St André à 8h30, petite ville côtoyant Nice où j'ai passé une enfance et adolescence heureuses, c'est là que nous laisserons la voiture. Petits bonjours à ma maman, ma sœur et nous filons via le bus à Nice gare Riquier. Onze heures quarante, le train démarre direction Vintimille. Ensuite nous changerons trois fois pour arriver à Pontremoli vers 19h00. Notre hôte nous attend, encore dix kilomètres de voiture, nous voilà à Previdè. Rien n'a changé, petit hameau au milieu d'oliviers centenaires et de jardins luxuriants. L'accueil toujours aussi parfait, ici tout est fait pour que l'on se sente bien en toute simplicité.


Le voyage en train traverse la Ligure tout en étant à 90 % dans les tunnels, les dix pourcents restants la mer et les hordes de touristes sous des parasols multicolores.

Seul un épisode de fait divers est venu rompre cette monotonie voyageuse. En effet, une passagère du train a chuté quelque part, le train s'est arrêté en gare de quelque part en Ligurie, aucune idée des circonstances de l'accident, des ambulanciers sont intervenus pour lui prodiguer les premiers soins.


Rien de grave.

Vous avez compris, pour les belles photos ce sera demain sur le chemin menant à Pontremoli et notre étape du jour sera jusqu'à Filattiera. La chaleur devrait être modérée et le paysage sympathique mais pas encore exceptionnel. L'exceptionnel sera dans quelques jours, la marche est une activité facile qui nécessite de la patience et de l'humilité.

En gare de Nice, nous sommes en avance 

Souper à 19h30 sur la terrasse de cet ermitage joyeux (Eremo goioso) en compagnie d'un couple de pèlerins faisant la Francigena mais sur une seule étape. Demain ils iront jusqu'à Pontremoli (10 km) et puis basta cosi ! Ils craignent la chaleur. Les voies de ce chemin séculaire sont encore beaucoup trop impénétrables pour ces deux-là. Et nous ? Comment serons-nous imprégnés par ce chemin ? Se contentera t-il de fatiguer nos jambes et nos chevilles ? Ou bien viendra t'il chatouiller notre âme et se confondre en nous ? Mystère ? C'est ça le chemin et c'est très bien ainsi. A demain.


J'adore les trains.
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La journée démarre par un petit déjeuner copieux et entièrement fait maison : confiture, yaourt, gâteau, salade de fruits. Nos hôtes sont aux petits soins pour nous et nous encouragent pour la suite du périple. Un petit selfie devant l'entrée du gîte, c'est le départ de la saison deux de la Francigena. Le soleil nous accompagne toute la matinée au milieu des terrasses d'oliviers peu chargés en fruit et des vignes dont la couleur des grappes commence à virer au rouge foncé. Le sentier monte lentement jusqu'à un col où un panorama s'offre à nous permettant d'apercevoir, en direction du sud, les dernières collines montagneuses avant la mer. L'air est encore frais, il ne tardera pas à réchauffer nos fronts et mouiller nos tee-shirts en laine mérinos collés à notre peau rouge et déjà chaude.

Premier hameau après Previdè

Nous suivons le flanc de colline bordé de châtaigniers chargé de beaux fruits piquants, la voie sacrée monte tranquillement, entièrement à l'ombre. Seuls quelques petits ruisseaux viennent rompre ce calme pittoresque dans un décor bucolique.Nous sommes heureux de démarrer la voie sous un soleil radieux. La beauté du paysage nous aide dans nos premiers efforts et l'envie de découverte remplit d'énergie notre esprit encore un peu dans le voyage en train de la veille.

Après Previdè 

Après une heure trente de montée facile nous arrivons au Passo della Crocetta. A partir de là un sentier muletier descend jusqu'à Arzengio, village construit sur l'épaule de la colline et dominant Pontremoli, bourg médiéval surgissant entre deux cours d'eau paisibles.


Arzengio

Il est 11h30, nous traversons Pontremoli à la recherche d'une épicerie ou d'une panetteria (boulangerie) : rien d'ouvert aujourd'hui. Décidément il "ferra agosto" en Italie c'est la période des vaches maigres et des boutiques fermées pour congés annuels. Nous nous rabattons sur un bar de la Piazza della Republica où nous dégustons panini et focaccia au jambon cru de Parme, nous ne sommes pas très loin de la ville historique du jambon du même nom, des sanbitters San Pellegrino (qui veut dire pèlerins) et d'une bière alla spina (pression). Notre repas de midi nous suffira pour faire les 10 kilomètres restants, nous en avons fait dix ce matin, un bon début pour ne pas être trop cassés les jours suivants.


Pontremoli

Treize heures nous laissons ce joli village plein de charme et de touristes pour filer à Filattiera. Dix kilomètres dans le lit de la Magra, rivière s'écoulant jusqu'à la mer, le ciel est menaçant, quelques gouttes genre brumisateur viennent nous rafraîchir mais déjà le soleil apparaît à l'approche de notre étape du jour. Ces quelques gouttelettes nous ont fait du bien car marcher au fond de la vallée sans un souffle de vent avec un soleil de plomb nous aurait littéralement assommé. Notre hôtel, une grande bâtisse quelconque au bord de nationale avec en face un prieuré joliment conservé. L'église paroissiale de Santo Stefano di Sorano est située dans la plaine de Filattiera, le long de l'ancienne route de la Via Francigena, dans une zone de grand intérêt historique. Chronologiquement, la plaine était un ancien lieu de culte, comme en témoignent les nombreuses stèles qui s'y trouvent.

A l'approche de Filattiera


Malgré ce temps plutôt favorable, nous sommes contents d'arriver à notre hôtel, la première journée demeure un moment important pour la suite de la marche. Tout s’est bien passé.


Ce matin à Eremo Goioso.

La chambre de l'hôtel ressemble plutôt à une chambre de cité universitaire située du côté de la route départementale, la climatisation ne fonctionne pas et il fait chaud. Cela nous augure une belle nuit vachement reposante. Le lever sera à 5h30, petit-déjeuner à 6h00, départ trente minutes plus tard. L'étape de demain vers Aulla sera dans un décor moyennement joli. Finalement il vaut mieux démarrer par du banal et finir notre périple par du sublime.

Aulla se trouve dans le nord-ouest de la Toscane sur les flancs sud-ouest des Apennins dits « toscan-émiliens ». Bon, il y aura quelques temps forts comme la Fortezza della Brunella, forteresse construite en 1522, le Castello di Bigliolo, château sans grand intérêt et enfin le pont d'Aulla - long d'environ 300 mètres - traversant le fleuve Magra sur la route qui relie le village d'Albiano Magra à Aulla qui s’est totalement effondré le mercredi 8 avril 2020, faisant un blessé, le conducteur d'une camionnette. Décidément en Italie il ne fait pas bon de traverser les ponts. (Gênes n'est pas loin).

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Il cinq heures quarante-cinq le réveil tombe à pic, la nuit a été reposante malgré une climatisation relativement bruyante (nous avons réussi à la faire fonctionner) et un coussin trop dur pour moi. Surprise : plus d'eau dans la salle de bain. Que s'est t-il passé cette nuit pour que l'eau soit absente dans l'hôtel ? Nous apprendrons au cours du petit-déjeuner très frugal qu'à cause de la sécheresse la commune de Filattiera a coupé l'eau, le château d'eau n'étant plus alimenté. Décidément la Francigena réserve toujours des surprises aux pèlerins et sans doute plus aux habitants de la commune.

Il est six heures trente nous démarrons à la fraîche, nous rejoignons le haut du village car notre hôtel se situe dans la vallée en bas de la colline. Hier soir nous avions fait une petite reconnaissance du village, la passegiata, quelques gouttes de pluie ont écourté notre visite. Dommage !


Filatiera



L'étape du deuxième jour sera de 22 kilomètres, en grande partie dans les bois, deux cent cinquante mètres de dénivelé positif, nous devrions arriver vers treize heures sans nous presser et en prenant le temps de s’incruster dans le paysage de plus en plus maritime. Nous laissons derrière nous les montagnes superbes des Apennins aux formes en pic et aux parois lisses d’une roche grise rappelant les Dolomites.


Nous suivons un ancien chemin muletier plutôt joli et à l'ombre, où alternent les oliviers gorgés de fruits encore verts et les grappes de vigne en train de virer vers des couleurs foncées. Nous marchons quasiment sept kilomètres pour arriver à Filetto, petit bourg médiéval, désert mais plein de charme. Les origines du village fortifié de Filetto remontent aux besoins défensifs mis en œuvre par les Byzantins contre les Lombards, qui aux VIe et VIIe siècles ont affecté divers établissements en Lunigiana. Le système de frontière défensive, le limes, était alors basé sur le castrum de Filetto et Filattiera.



Filetto

Il est environ huit heures, nous profitons de ce paisible lieu pour reprendre un petit-déjeuner composé de capuccino et de focaccia. En suivant le chemin nous traversons il Bagnone, petite rivière juste avant d'arriver à Virgoletta, village médiéval juché sur un piton rocheux. Nous faisons un détour pour visiter cette petite merveille.

Le nom "Virgoletta" dérive par translittération de Verrucola - Verrucoletta. Au XIIIe siècle, Virgoletta suit le sort de la famille Malaspina. Malaspina est une famille illustre d’Italie, dont le nom, suivant la légende, découle d'un épisode remontant aux Grandes invasions, quand le premier de leur lignée, Accinus Martius, aurait tué le chef barbare Théodebert avec une épine, devenant ainsi leur ancêtre éponyme.

Le village est coupé par la rue principale étroite où sont assis de-ci delà les anciens causant des news du jour. Évidemment nous démarrons une petite conversation car le pèlerin inspire confiance surtout lorsqu'une barbe blanche bien taillée lui masque une partie du visage rouge de sueur. Une ancienne nous explique qu'elle ne marche plus beaucoup à son grand désespoir, qu'elle va faire ses courses à Villafranca en scooter, le reste du temps elle tourne dans cuisine toute la journée pour ses repas.

Avant d'arriver à Filetto

Nous traversons le village d'un bout à l'autre pour rejoindre notre chemin laissé quelques centaines de mètres en amont.

Filetto

Il nous reste douze kilomètres à parcourir, nous reprenons la marche dans un paysage ombragé alternant petites montées et belles descentes, en effet Aulla se rapproche du niveau de la mer.


Juste avant d'arriver à Aulla 

Il fait de plus en plus chaud, le bois et la végétation au fur et à mesure de notre avancée se raréfient laissant de grands espaces plombés par le soleil au zénith. Les taons et les moustiques se régalent de nos peaux en sueur, ils en profitent pour se loger sans vergogne et avec beaucoup de culot dans le moindre interstice de notre tête. Ils sont plus fatigants que le chemin qu'on parcours depuis ce matin.


Pont sur la Magra

Comme prévu nous arrivons dans le centre de Aulla où deux années plus tôt je prenais un dernier verre avec Daniel, notre ami savoyard et pèlerin assidu.

Dans le même bar qu'en 2019, nous commandons bières et une eau frizzante avant de passer commande pour le plat du jour. Ainsi la serveuse nous amènera quelques amuse-bouche en guise d'assortiments. Si vous commandez tout en même temps vous n'aurez pas les pseudos tapas. Donc si vous allez en Italie c'est bon à savoir.

Le temps, c'est ce que nous avons le plus à notre disposition en ce moment, donc nous le prenons pour déjeuner sur la terrasse de ce petit fast-food ou plutôt low-food d'Aulla. Quatorze heures dix, les sacs sur le dos nous partons à la recherche de notre logement de la paroisse de San Caprosio. Seuls sept cents mètres nous séparent de ce futur lieu de repos. Crédenciale, donativo (dix euros par personne) et signatures d'un document improbable nous permettent de rejoindre notre dortoir que nous partageons avec un italien hyper actif ce qui n'est pas notre cas. Douches, changement de tenues, rangement voilà tout est fait, la sieste peut démarrer.

Le dortoir

Demain l'étape ne représentera que 17 kilomètres, c'est bien ainsi, d'autant plus que la suivante sera de presque trente kilomètres, en bord de mer avec un soleil assommant et des températures dignes des tropiques.

Soirée dans une taverne où nous sommes les seuls clients. Aulla semble être une petite ville de passage pour pèlerins sauf que nous n'en croisons aucun.

Nous avons intérêt de réserver nos nuits pour la semaine prochaine le plus tôt possible, la Toscane semble très fréquentée par les touristes et les pèlerins cette année, peu de touristes étrangers, pas vus pour l'instant, Nous avons malgré tout réservés à Lucques ce week-end et à Sienne pour la fin du périple. Il vaut mieux garantir nos nuits dans ces villes magiques..


Soirée de folie à Aulla

Si vous devez ou s'il vous prend l'envie de visiter l'Italie, faites un grand détour pour éviter Aulla, allez directement à Lucques, ville sublime en bordure de Toscane

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Le parcours du jour sera le plus court du périple toscan mais il n'en sera pas moins difficile. En effet, il se compose d'une montée de presque dix kilomètres et d'une descente de sept kilomètres. L'essentiel consiste à bien gérer la montée même progressive pour ne pas être défait en descente surtout si elle comporte des passages délicats semés de cailloux roulants (rolling stones) ou de racines humides et glissantes par la rosée persistante du matin.

Lever 5h30, finalement la nuit a été fraîche, un petit courant d'air a balayé le dortoir de part en part sans pour autant nous mettre mal à l'aise. Les affaires sont rapidement rangées, direction un bar de la ville qui ouvre à 5h00, ils sont matinaux les locaux.

Notre dortoir à Aulla

Nous traversons une des rivières arrosant de part et d'autre la ville étape. Il est 6h10, le soleil se cache derrière les collines, l'air frais du matin nous aide pour notre respiration car le chemin démarre avec une pente raide sollicitant nos muscles encore engourdis et laissant sur l'estomac un cappucino avec croissants engloutis rapidement.

L'avantage d'une pente conséquente ou d'une élévation rapide est qu'elle nous fait découvrir la ville en panorama en peu de temps mais avec un effort conséquent. En moins de trente minutes, le tee-shirt semble sortir de la machine à laver sans essorage et mon corps dégouline de sueur.

Seuls les taons se régalent de morsures car ils aiment se baigner dans le gaz rejeté par notre peau dégoulinante. On dit que sa morsure est telmophage car elle permet au diptère de lacérer la chair ou le derme avec un stylet afin que le sang puisse s'en écouler. Le pèlerin a aussi ses ennemis du quotidien.

Aulla

Le sentier traverse des forêts de châtaigniers remplis de fruits, les sapins et autres arbustes nous protègent des premiers rayons de soleil. Nous avons bien fait de partir tôt. Demain l'étape sera de trente kilomètres en bord de mer, nous décollerons à cinq heures.

Bibola

Arrivés au premier promontoire, le village de Bibola se dresse sur une roche déjà ensoleillée. Sur le sommet, des restes d'un château médiéval avec les maisons construites autour de cet édifice en ruine ; les demeures sont enchevêtrées tel un labyrinthe imaginé pour un jeu vidéo moderne, nous visitons cet ensemble en prenant soin de reprendre le même trajet pour le retour.

Bibola était probablement l'un des forteresses byzantines qui défendaient le port de Luni. Au Moyen-Âge, elle jouxtait l'important château de Burcione (qui n'existe plus aujourd'hui), qui contrôlait ensemble l'une des routes reliées à la Via Francigena.

A partir de ce village tout à fait pittoresque, il nous reste une autre partie plus rude à gravir, toujours à l'ombre heureusement.

Pozano superiore

Il nous faut presque une heure pour atteindre le passage ouvert sur un panorama maritime superbe. Nous pouvons apercevoir sur notre gauche la baie de La Spezia avec le golfe des poètes, Port Venere, lieu touristique très prisé des italiens fortunés, Lerici, ville du bord de mer plus modeste mais tout aussi fréquentée.

A partir de là, la descente démarre pour atteindre rapidement Pozano Superiore où nous nous faisons déjà une joie de pouvoir espérer consommer un capuccino. Sur le parcours qui nous mène à ce futur breuvage tant attendu nous doublons un jeune couplé parti au mois de mai de Normandie pour rejoindre le chemin d'Assise. En effet les deux chemins partagent un même tronçon sur quelques centaines de kilomètres.

Déçus nous le sommes. Au village le seul commerce a fermé définitivement son business, adieu capuccino, bière ou autres boissons douces ou amères dont seuls les italiens ont le secret. Nous boirons de l'eau même pas fraiche à la fontaine du village avant d'amorcer la descente. On ne se laisse pas abattre pour autant.

Michael J.

Surprise, une vedette nous encourage sur le chemin : Michael J.

Le personnage empaillé et statufié dans la forêt nous salue sans émotion aucune. Nous le saluons à notre tour en y mettant un peu d'entrain.

Plus nous descendons plus il fait chaud, plus la végétation se raréfie et plus nous souffrons de la chaleur malgré nos chapeaux visses sur nos têtes et nos lunettes masquant une partie du visage rouge écarlate.

Avant d'arriver à Sarzana

La descente se termine, nous rejoignons un canal avec une eau poissonneuse, claire s'écoulant paisiblement vers Sarzana. Il fait chaud mais la vue du canal nous redonne du tonus pour finir les derniers kilomètres.

Le canal de Sarzana 
Petite pause 

Nous traversons la ville, il est 12h30, nous avons un peu d'avance par rapport à l'horaire donné par la montre Garmin. Il nous faut trouver un restaurant car des envies de salades fraîches nous taquinent depuis un moment, la bouche pâteuse reprendra des sensations plus confortables après une bonne frizzante ou une bière bien fraiche.

La piazza dei Martiri à Sarzana

Petite pose sur la place des martyrs (piazza dei martiri), nous nous faufilons dans la rue principale plus étroite et bien animée. Quelques dizaines de mètres suffisent pour trouver un restaurant servant des salades variées. Nous pouvons enfin nous asseoir à l'ombre d'un parasol, nous commandons nos salades, les Sanbitter, de l'eau frizzante, la bière sera pour un autre jour ou une autre envie. Nous savourons cet instant.

14h00, nous voilà repartis pour rechercher la paroisse lieu réservé il y a quelques jours pour y passer cette nouvelle nuit. Huit cents mètres de marche pour atteindre le lieu chrétien, petit coup de téléphone pour annoncer notre arrivée, visite du dortoir, douches, lessives et repos. La routine !


Le dortoir de la paroisse

Il est 18h45, sieste terminée nous prenons la route pour le centre-ville à la recherche d'un restaurant où seront servies des pâtes, on ne peut pas y échapper et des fruits de mer, la mer est à quelques encablures du village.

La ville semble très animée, un marché d'antiquités, d'objets d'art, de bijoux fantaisies s'étalent dans les rues étroites du centre. Nous croisons quelques pèlerins fatigués en quête d'un lieu pour reprendre des forces et du courage. Tous demain feront certainement l'étape Sarzana-Massa, 30 kilomètres en bord de mer mais hors des sentiers, tout sera en urbain donc beaucoup plus chaud et pas très sympathique.


Sarzana le soir
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Je bénis l'inventeur des bouchons d'oreilles, grâce à lui ma nuit fut normale malgré une grosse chaleur dans le dortoir et seulement cinq heures de sommeil. Les cinq heures furent d'un sommeil reposant.

Départ à quatre heures quarante-cinq, nous laissons les frontales dans nos sacs à dos, les lumières de la ville suffisent pour l'instant pour parcourir les premiers kilomètres. La ville dort, nous papotons sans élever la voix pour ne pas déranger les indigènes tout en zigzaguant dans les ruelles éclairées. On ne dérange personne sauf les chats qui se cachent à notre passage.

Après deux kilomètres juste à la sortie de la ville, nous grimpons une colline via une large voie en pierres menant à un château qui domine Sarzana. La pente est rude, les cailloux de la voie commencent déjà leur travail de sape sur nos chevilles car on perd facilement l'équilibre de marcher sur ce type de revêtement.

La ville derrière nous devient de plus en plus petite au fur et à mesure de notre progression pour disparaître bientôt derrière la colline. Ici le paysage alterne entre vignes, oliviers et propriétés vinicoles. Le chemin du jour sera mi urbain mi rural, par contre nous n'arrêtons pas de changer de direction. Je ne suis pas certain que le moine Sigerico ait emprunté ce tracé en 990 après JC.

Carrières de marbre vues depuis Avenza

Comme nous sommes partis tôt nous avons décidé de prendre notre religieux capuccino au dixième kilomètres vers Luni. Non loin de Luni, un bar mais il est chiuso, damned marchons jusqu'au suivant. Un, deux, trois, quatre kilomètres plus tard enfin la boutique tant fantasmée. Comble de chance, nous rencontrons notre jeune couple de français parti de Normandie au mois de mai. Dans le bar nous faisons une tablée autour de capuccini, de croissants italiens improbables (chocolats, marmelade, crème) : des croissants simples ça n'existe pas en Italie.

Évidemment nos discussions tournent autour du matériel emporté sur notre dos. Comme nous sommes français il aura fallu deux rencontres pour lâcher nos prénoms.

Sur la route, un peu avant de trouver le bar, je fais la rencontre d'un monsieur de 92 ans avec qui nous échangeons rapidement sur qui nous sommes, où nous allons mais c'est surtout lui qui parle. On n'arrive plus à l'arrêter, on a même appris qu'il avait dépanné une machine à frapper des pièces de monnaie parce qu'il avait trouver rapidement la raison de la panne : le poinçon s'était coincé dans le moule. On apprend plein de choses sur la Francigena même sur la technique numismatique.

Leçon de numismatique

Nous poursuivons notre chemin ou plutôt notre route à travers les usines de découpe de marbre, Carrare est à une encablure de Avenza et nous admirons ces entailles faites dans la montagne. De loin ces blessures montagneuses ressemblent à des coulées de neige. On peut tout de même s'interroger sur le fait que l'homme a défiguré le paysage pour son seul plaisir sachant que ce sont des plaisirs de riches. Depuis plusieurs kilomètres nous marchons sur des trottoirs dont les bordures sont en marbre de Carrare. On ne se refuse rien dans ces communes à moins que la Mafia soit passée par là pour blanchir ses milliards de lires il y a quelques années et ses millions d'euros depuis le début du 21ieme siècle.

Celle-ci on la voit de loin

Des millions de tonnes de marbre dorment dans de grands hangars et dans les cours des scieries allant du simple gros bloc aux plaques parfaitement découpées et lisses qui serviront de pierres tombales ou plus réjouissant d'escaliers ou autres édifices des riches demeures.

Magasin de marbre

Avenza sera la ville ou le plat s'arrête, en effet, nous devons franchir une colline cultivée de vignes avant d'arriver à Massa. La montée se fait à l'ombre et un panorama s'ouvre à nous laissant découvrir la vallée que nous venons de traverser.

Fini le plat ! 

Il est 12h00, le soleil cogne, les muscles commencent à donner du fil à retordre, le dessous des pieds hurlent, la tête rougit mais le moral est bon, il nous reste plus que cinq kilomètres à parcourir. Finalement cette étape a été moins problématique que ce que nous imaginions. C'est toujours ainsi, on imagine des tas de trucs et la réalité est autre. Dans ce sens ça nous va.

La montée s'achève, nous sommes au milieu de terrasses de vignobles et l'on aperçoit de l'autre côté de la colline gravie, la ville de Massa.

En moins d'une heure nous serons assis autour d'un soda rafraîchissant pour patienter : l'ostello ouvrira ses portes à 15h00.

Palais ducal à Massa

Notre ostello se situe sur la place de la mairie de Massa, il est superbe, la chambre très coquette donne sur une cour intérieure spacieuse à l'opposée de la place municipale loin des bruits que feront les touristes ce soir.

Il est 18h20, un petit tour de la ville s'impose. Ce soir nous décidons de faire le marché et de préparer notre repas : salade de tomates, concombre et fenouil puis pastaschiutta al pomodoro et parmesan, gorgonzola et birra. On devrait pouvoir tenir le coup demain étape de 26 kilomètres.

Notre bel ostello à Massa 

Le repas fut simple mais rafraîchissant et énergisant pour que la force soit avec nous demain. Un dernier petit tour en ville pour déguster un gelato puis direction l'ostello. Demain réveil à 4h30 mais cette fois-ci nous prendrons le temps de savourer un petit-déjeuner dans la belle salle commune de ce fastueux ostello. Une nuit pour 18.75 € par personne dans cet ostello situé sur la place principale de la ville c'est donné surtout lorsqu'on connaît les prix des hôtels en Italie. Caro, caro...

Piazza Mercurio la nuit
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Que dire de l'étape du jour de 27 kilomètres ? Bitume, usines, importante circulation de voitures, chaleur avec peu de montées, suffisamment pour suer tout notre corps même à sept heures du matin.

Le départ est donné à 5h20, la nuit à peine fraîche couvre encore la ville de Massa. Nous démarrons par une belle montée dans la ville pour rejoindre le château dominant la cité médiévale. Une fois arrivés au pied de cet édifice millénaire une petite route bordée de maisonnettes nous mène jusqu'à la nationale. Bien sûr rien n'est encore ouvert. Pour l'instant il n'y a qu'à Aulla où le bar central accueille les pèlerins ou les habitués du comptoir à 5h00, les deux gérantes ont fait leur business plan en conséquence, Aulla étant le passage obligé des pèlerins.

Massa au loin

Six kilomètres plus loin un bar providentiel se présente sur notre passage. Déjà deux pèlerins attablés dégustent leur café et fument cigarette après cigarette pour se donner du courage. Depuis Aulla nous les avons doublé plusieurs fois et eux-mêmes nous ont doublé tout autant. Ce sont deux romains un âgé de 70 ans environ il a un peu de mal à suivre son collègue plus jeune, la cinquantaine. Hier le plus ancien à décroché à Avenza, dix kilomètres avant Massa. Il a pris le bus, son ami lui a poursuivi jusqu'au bout de l'étape.

Un peu avant Pietrasanta

Après notre traditionnel capuccino, une montée nous attend, pas rude mais d'environ trois kilomètres. Le long de la voie menant à un col des panneaux affichent des expositions de tableaux dans la région. Il y a en a au moins une dizaine espacés de quelques centaines de mètres. Vous devez vous demander pourquoi j'ai choisi de publier celui-là. Celui qui devine gagne une crédentiale de la Francigena, petit document que l'on fait tamponner à chaque étape par notre hôte, preuve de notre passage.

Une exploitation de cannabis

Nous passons le col, la descente se fait par une route sans intérêt pour arriver dans une plaine urbanisée. Nous zigzaguons au gré du chemin bitumé jusqu'à ce qu'on croise une exploitation de cannabis totalement clôturée et entièrement automatisée. En effet, dans la verrières des ventilateurs se mettent en route en fonction soit de la température soit de l'humidité. Cette plante vertueuse doit être certainement légale pour son exploitation en Italie..

Un stock de marbre

Un peu avant l'exploitation de cannabis nous rencontrons le couple de jeunes français, ils ont planté leur tente un peu après Massa la nuit dernière, ils iront aussi à Camaiore aujourd'hui où ils rechercherons un nouvel emplacement pour leur nuit. Nous faisons le chemin ou plutôt la route ensemble, nous échangeons nos points de vue sur le matériel, nos futurs périples. Nous apprenons qu'ils sont profs et qu'ils ont pris une disponibilité depuis avril 2021.

Pietrasanta

Il est presque 11h00 nous arrivons à Pietrasanta, ville d'art et de culture, quelques touristes piquant leur dans les vitrines et des anciens statufiés sur les bancs d'une petite place certainement dû à la chaleur de l'instant.

Nous y faisons una piccola collazione avec du pain, du gorgonzola, des fruits et pour finir des boissons consommées dans un bar de la rue principale.

Nous reprenons la marche après cette petite parenthèse. Non loin du bar que nous venons de laisser une grande place ornée de statues originales s'ouvre à nous mais cette fois ce sont de vraies statues comme vous pouvez le voir dans la mosaïque de photos ci-dessous.

Même le Pape

La dernière partie de 9 kilomètres sera pénible, chaude, sans grand intérêt, exténuante, sans fin.

Pauvres moutons 

Seul un court passage d'une bambouseraie avec une cabane remplis de moutons viendra améliorer notre sort.

Nous entrons dans le centre de Camaiore, il est 14h00, le soleil nous assomme, nous nous atablons pour avaler des bouts de pizzas, de la focaccia et bien sûr de l'eau fraîche.

Il nous reste un kilomètre à parcourir pour rejoindre l'ostello dello Pellegrino situé un peu en bordure de la ville.

L'accueil est chaleureux, le service soigné, nous nous y sentons bien rapidement. Nos deux romains sont déjà affairés à laver leur vêtements.

A partir de là commence le rituel des douches, faire son lit, ranger les affaires et moi me creuser les méninges pour ne pas écrire les mêmes choses à chaque fois sur le blog. Désolé mais souvent les mots ne viennent pas.

Sieste 

L'ostello s'étend de l'église à une grande bâtisse, nous sommes en dortoir et ce soir nous serons en principe 6 pèlerins.

Grand luxe 

Il est 22h16, premier soir où l'on se couche aussi tard. Demain Lucques ville historique, nous y séjournerons deux jours, c'est bon de se reposer un peu.

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L'étape en terre toscane se présente en serpentant en montées-descentes au milieu des premiers reliefs des Alpes apuanes méridionales. On pénètre dans la Valfreddana et on en sort par la splendide ville de Lucques par un parcours le long des berges du fleuve Serchio. On est en zone légèrement urbanisée mais on peut profiter aujourd'hui de passages longs et agréables dans la forêt. On alterne de manière un peu inégale (un tiers de forêts et deux tiers de route) entre routes goudronnées et routes en terre.

Ce matin nous profitons d'un petit déjeuner copieux, préparé la veille par notre hôte. Il est un peu plus de 5h15 et nous sommes assis sur une belle table de petit-déjeuner garnie de multiples pains, confitures, brioches, tarte à l'abricot, yoghourt de toutes sortes, beurre, etc... Le seul hic c'est le jus d'orange enfin le jus de quelque chose qui a la couleur de l'orange. Pas mauvais mais d'un goût indéfinissable, est-ce de l'industriel ou un mélange de plusieurs fruits. On ne saura jamais.

6h10, départ, il fait clair, le ciel dominé d'un bleu azur, sans aucun nuage, l'air est frais juste bien pour marcher, la journée s'annonce bien.


Une fresque le long du chemin

Nous suivons une route au fond de la vallée qui nous éloigne rapidement de Camaiore. Nous alternons entre sentier et route jusqu'au pied d'une colline d'oliviers que nous arpentons sans effort. Le petit vent frais du matin nous aide à avancer sans dépenser trop d'énergie. Le paysage à la fois verdoyant et étagé, plutôt agréable commence à rappeler les futurs panoramas de Toscane, nous laissons la régionLigure pour entrer à nouveau en Toscane. L'épisode de la mer aura été de courte durée, seules trois étapes permettent d'approcher sans trop d'effort le bord de mer. Nous n'avons pas trouvé le courage de faire l'effort de plonger dans la Méditerranée, les après-midis étant trop chauds et incertains vis à vis du transport par bus depuis notre hébergement jusqu'à une plage publique. En Italie 95 % des plages sont privées et l'activité bronzette revient cher pour quelques quarts d'heure dans l'eau. Nous avons opté pour des visites des villes traversées, on n'est pas des touristes, nous sommes des pèlerins cramés par la boule de feu au dessus de nos têtes.

Arrivés au sommet, un petit village de quelques maisons et un bar. Il sera pour nous, nous prenons place sur la terrasse en bordure de route. Nous sommes étonnés de ne pas rencontrer nos acolytes romains, ils sont partis du même ostello que le notre quelques dizaines de minutes avant nous.

Le bar à Montemagno

De là commence une longue descente sur une route sans grand intérêt jusqu'au village de Valpromaro où nous nous arrêtons lorsque la gérante de la Casa Del Pellegrino nous invite à boire un café, de l'eau fraîche et même prendre une douche. L'endroit est convivial, l'hôtesse gentille à souhait. Nous échangeons bien sûr sur notre périple et nos bouts de vie. Nous apprenons qu'elle habite à Venise elle est là pour une semaine, elle fait partie de l'association des amis du chemin.

Casa del Pellegrino à Valpromaro

Nous nous désaltérons copieusement, avalons quelques gaufrettes, nous reposons nos pieds déjà un peu douloureux. Il est autour de 10h, le soleil poursuit son travail de réchauffeur de tête et de pieds du pèlerin motivé.

Casa del Pellegrino

Toute bonne chose a une fin, nous reprenons il camino, il nous reste encore pas mal de kilomètres à parcourir et nous voudrions profiter de Lucca (Lucques) objectif du jour.

En direction de Valpromaro

Le parcours se compose d'une première petite ascension après un plat montant de quelques kilomètres, puis une descente vers Valpromaro puis à nouveau une petite montée à l'ombre pour arriver dans un petit hameau où nous faisons une pause fruits.

Fait pour nous ! 

La descente vers la plaine où coule le fleuve Serchio sera longue, chaude et sans grand intérêt voire même dangereuse le long d'une route fréquentée par les cyclistes et les voitures. Nous sommes heureux lorsque enfin nous quittons cette chaussée surchauffée malgré quelques pauses près d'une fontaine bienvenue ou d'un bouquet d'arbres salvateurs.

Nous traversons le pont de San Macario pour prendre à gauche à la sortie du pont une berge aménagée large et ombragée qui nous mènera à Lucques dans un peu plus d'une heure.

Pont de San Macario

Nous rencontrons quelques amateurs de canoës, quelques promeneurs de chiens en laisse mais finalement peu de monde malgré notre approche de la grande ville.

Le fleuve Serchio 
Le Serchio juste avant d'arriver à Lucques 

Il nous reste cinq kilomètres à parcourir, nous devrions être à la fin de l'étape à 14h00. On s'aperçoit que quelque soit la distance et l'heure de départ qui varie d'une demie heure chaque jour nous arrivons toujours autour de 14h00. Cela a été vrai pour des étapes de 21 kilomètres, 26 kilomètres et même 30 kilomètres, le niveau de fatigue étant sensiblement le même à l'arrivée.


Le fleuve Serchio 

Nous sommes dans les faubourgs de la ville. Au loin le rempart ceinturant la cité apparaît majestueux, colossal, rassurant, il entoure la ville de Lucques comme une écharpe. Nous traversons une des portes de la ville, évidemment il y en a plusieurs. Notre objectif trouver un restaurant, manger du poulet et des patates poêlées et nous désaltérer.

Le premier restaurant à une centaine de mètres de la porte de la ville correspondant à notre désir et l'envie de nos papilles.

Poulet et patates poêlées 

Nous prenons notre temps pour apprécier cette victuaille et l'air frais de la petite ruelle où nous déjeunons.

Quinze heures j'envoie un message à notre B&B pour nous annoncer. Nous traversons la ville d'un trait en passant par la casa de Giaccomo Puccini (il maestro) et le point de fin d'étape du jour la cathédrale Saint-Martin de Lucques, una meraviglia.

Cathédrale Saint-Martin à Lucques

Il nous reste un kilomètre à marcher sous un soleil de plomb, bref très chaud.

Nous voilà à la porte opposée de la ville, le B&B n'est plus très loin.

J'arrête ma montre GPS, 27.56 kilomètres aujourd'hui. Nous repartirons de cette ville magique lundi 23 août, jour de mon anniversaire pour Altopascio où le parcours sera totalement sans intérêt et très moche d'après nos romains. On verra cela avec nos yeux et notre cœur lundi.

Nous déambulons dans les rues pittoresques et bondées de touristes de la cité moyenâgeuse à la recherche d'un restaurant et des idées pour le programme de visites de demain. Le tour des remparts affiche quatre kilomètres et cinq cents mètres, nous nous contenterons d'un kilomètre avant de plonger dans le centre de la cité.

Piazza del anfiteatro

Des lasagnes, un risotto et des raviolis rien d'original mais plutôt bien cuisinés sera notre "cena", nous finirons comme il se doit par un gelato mais cette fois-ci en terrasse, excellent aussi.

Nous rentrons dans notre B&B contents d'une journée bien remplie et heureux de passer la journée de dimanche dans un farniente tout de même organisé.

8

Aujourd'hui dimanche 22 août, il est 7h00, je peux dire que nous avons fait la grasse matinée par rapport aux autres jours. Le B&B bien situé à cent pas des remparts présente le défaut d'être proche de la route, certes peu fréquentée mais ce n'est pas le calme absolu comme nous avons pu l'apprécier dans les ostellos des paroisses lors des dernières étapes.

J'ajouterai une dernière remarque financière, un ostello, grand luxe comme à Massa, prix 18.75 € par personne, le B&B à Lucques 80 € la nuit pour deux pèlerins. La crédenciale est le passe partout absolu pour voyager pas cher mais à pied ou en vélo. Pour être tout à fait honnête nous avons vu tout le long du parcours des panneaux indicateurs de la Via Francigena, prononcer Franci, un insistant sur le i, puis gena, sans insister sur aucune syllabe, sinon vous ne serez pas compris. Je disais que nous avons vu des panneaux indicateurs de la via pour les voitures. Autant dire que le nom de pèlerin serai abusif pour ces voyageurs ne suant pas une goutte, n'ayant pas une ampoule au pied, ne buvant pas des capuccini à tous les bars, ne souffrant d'aucune courbature. Je n'irai pas jusqu'à prononcer la phrase : "Dieu reconnaîtra les siens". Sto scherzando ovviamente, vous chercherez la traduction sur Google. (Petit exercice comme les cahiers de vacances).


Du haut de la tour Guinigi

La journée est consacrée aux visites des curiosités de Lucques en particulier la tour Guinigi surmontée d'un jardinet avec des oliviers plantés en bordure d'un étroit chemin de ronde parcourant la périphérie de la tour. Nous gravissons les 44,25 mètres de cet édifice, il y en avait des centaines au moyen-âge. Édifiées par les riches commerçants ou les seigneurs pour montrer leur puissance et leur richesse qu'ils n'avaient sans doute pas dans leur cœur. Comme nous sommes des pèlerins aguerris nous grimpons l'autre tour celle de l'Orologio, moins haute mais pourvue d'un mécanisme d'horloge réalisé par un horloger suisse. Autant sur la première tour il y avait des touristes autant sur la seconde nous sommes pratiquement les seuls à admirer la ville vue d'en haut, plus près du ciel. N'est-ce pas le but inavoué de ce pélerinage ?

Depuis la tour de l'horloge et vue sur la Guinigi

Enfin notre billet nous donne la possibilité de visiter l'orto biologico (le jardin botanique) situé près des remparts non loin des deux tours dominant la cité illustre.

Les terrasses sont bondées, les touristes paraissent plus intéressés par les spécialités italiennes que par la visite du jardin botanique quasi vide. C'est vrai qu'il est 12h30, les efforts du matin nous permettent de décaler un peu le pranzo (déjeuner) pour une balade ombragée dans ce parc magnifique où chantent des fontaines de marbre, où piaillent des oiseaux multicolores et enfin où se reposent des tortues bizarres dans les petits étangs couverts de nénuphars en fleur : un petit paradis dans cette cité déjà paradisiaque.

L'éden en pleine ville 

Il est presque 14h00, nous décidons de nous restaurer avec une petite salade ou quelque chose de léger, nous voilà repartis dans le centre de la ville. Finalement d'un restaurant à un autre, nous atterrissons dans la même osteria qu'hier. La serveuse nous reconnaît même si nous avons changés de look, ce qui en dit long sur le choix des habits après randonnée. Même si les vêtements du jour ne marquent pas la différence avec ceux d'hier, il doit quand même y avoir un écart important : les fragrances entêtantes générées hier sur presque vingt-huit kilomètres en plein soleil.

Nous retournons au B&B après le petit limoncello et les petits biscuits offerts par la serveuse de l'ostello en signe de fidélité : sieste obligatoire.


La légende de Lucida Mansi

Le jardin botanique de Lucques est aussi enveloppé par une aura de mystère parce que la légende veut que son étang soit hanté par le fantôme de Lucida Mansi, jeune et belle dame appartenant à l'une des familles des plus puissantes de Lucques. Elle fut emportée par le démon au fond de l'étang avec son carrosse enflammé au début du 17ieme siècle. Echappons-nous de cet endroit maléfique les démons peuvent encore roder dans les parages.

Après le petit-déjeuner, au départ de notre découverte de la ville, j'ai démarré mon GPS. Au retour du déjeuner il affichait douze kilomètres et comme ce soir nous avons l'intention de faire le tour des remparts de Lucques sur une distance de 4.5 kilomètres, nous aurons parcourus au minimum dix-sept kilomètres, quasi une étape. Nous avons une bizarre conception du repos dominical et du repos à mi parcours.

Il est 22h00 pile, le GPS affiche 22 kilomètres, mes pieds me reprochent de les avoir ignorés toute la journée, ils se reposerons demain sur l'étape de 19 kilomètres pour Altopascio.

Vue à partir des remparts

Demain matin lundi 23 août, lever à 5h15, j'aurai 64 ans depuis dix minutes. Je suis un matinal depuis ma naissance et j'ai cette chance de fêter mon compleanno (anniversaire) dans des lieux différents.

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Cinq heures quinze, le réveil marque la fin d'une nuit plus chaude et beaucoup moins reposante que la première nuit dans ce même B&B.

Le petit-déjeuner préparé hier soir par l'hôte manque cruellement de produits frais comme fruits ou croissants. Il reste tout de même quelques yaourts, du beurre dans le réfrigérateur de la salle de déjeuner et un bon morceau de pain acheté il y a trois jours sur une des étapes.

Six heures dix, le chrono démarre. Quelques nuages pas menaçants nous accompagnent sur les premiers kilomètres. C'est une étape courte de dix-neuf kilomètres, totalement plate et d'après nos romains dépourvue d'intérêt.

Ciao Lucca ! 

Nous sortons de Lucca assez rapidement pour entrer dans un décor de petites maisonnettes avec jardin en bordure d'une route fréquentée. A cette heure il y a encore peu de circulation mais elle va rapidement reprendre car pour beaucoup d'italiens les vacances sont finies.

Nous avançons d'un bon pas sûr mais raisonné car aucune difficulté nous attend sur ce parcours, nous n'avons aucune raison de nous précipiter. Chi va piano va sano e va lontano.

Un peu après Lucca

Nous traversons un premier village couché le long d'une route départementale, un chantier nous oblige à faire un petit détour car impossible de le traverser. Nous passons donc par le centre bourg où tous les magasins et services affichent le rideau de fermeture. Seuls quelques anciens s'affairent dans leur jardin ou dans les sous-sols de leur maison pour arracher de l'herbe, tailler les oliviers et même remplir une machine à laver stockée dans un garage.

Capuccini à Porcari

Douze kilomètres parcourus, il est temps de trouver notre carburant : le capuccino. Le village de Porcari, sans grand intérêt, possède à l'entrée de la cité un bar avec un semblant de terrasse sur le trottoir juste en face de la mairie. Nous optons pour celui-ci sans prendre le risque d'aller plus loin. L'endroit n'est pas agréable mais il présente l'avantage d'être là et puis il vaut mieux un bar que deux tu l'auras. Nous avons fait le bon choix car les autres prestataires de capuccini affichent chiuso per ferie. Au bord de cette route très fréquentée nous nous attardons pas, les gaz d'échappement des voitures pressées polluent nos poumons sains bien gonflés par ce périple démarré il y a tout juste une semaine.

Mieux que le paysage alentour 
L'art s'installe partout 

Nous sommes dans une plaine avec au nord un relief mi forêts mi montagnes, plus au sud des petites collines émergent d'un horizon un peu flou. Comme s'il y avait un rideau presque transparent entre nous et le paysage.

Je trouve que les paysages toscans se font attendre, il nous reste que six jours de marche avant d'atteindre Sienne sans avoir pu, pour l'instant, admirer les décors vallonnés de cette région où vignes, oliviers et cyprès se conjuguent aux superlatifs de beauté et de sérénité.


Premier sentier du jour

Il nous reste moins de trois kilomètres à parcourir lorsque enfin la route laisse la place à un chemin de gravillons. Le soleil toujours au rendez-vous pilonne de ses rayons piquants sur cet espace découvert. Nous marchons moins d'un kilomètres lorsque apparaît l'abbaye de Pozzeveri totalement fermée mais avec un ostello pour pèlerins préférant les chemins sinueux, herbeux ou caillouteux aux routes bien bitumées et toute droites.

Nous y faisons une pause, le tenancier nous offre un capuccino, nous propose de nous reposer sous un tilleul aux larges branches couvrant une belle partie de la cour d'entrée.

Abbaye de Pozzeveri

Plus que trois kilomètres, nous foulons à nouveau le trottoir surchauffé d'une route fréquentée. De belles bâtisses couvertent d'un ocre jaune dont seuls les peintres toscans ont le secret ravissent nos yeux mi-clos par le soleil et nous questionnent sur le fait d'habiter encore à Pizay.

Belle bâtisse toscane

Il est 11h00, nous entrons dans la ville d'Altopascio en nous dirigeant dans le centre-ville à la recherche d'un bar, oui encore un, mais cette fois-ci apéro oblige : c'est mon anniversaire.

Ce sera Apérol-Spritz pour tous les trois plus une planche de charcuteries faites maison et fromage local. Assis en terrasse dans un petit salon de jardin à l'ombre d'un arbre centenaire, nous prenons le temps de déguster par petites gorgées ce liquide orangé légèrement alcoolisé. Nous mâchons presque religieusement les fines tranches de mortadella, de salami, de crudo (jambon cru), de saucissons, de focaccia aux saveurs d'un mélange de viandes grillées et d'épices délicates. Quel régal !

Ça valait bien la peine de marcher 160 kilomètres depuis Previdè pour se délecter aujourd'hui de victuailles aussi goûteuses et variées.

Comme je sais que vous mourrez d'envie de les voir, j'ai pensé à vous. Les voilà.

On avait déjà mangé les foccace

Vous allez peut-être penser : tout ce baratin pour ça. Marchez une semaine ou deux après cet effort vous admettrez que même un grain de raisin sec dégusté avec envie vous paraîtra comme une grappe vermeille prise au pied d'une vigne arrosée de soleil.


L'hôtel se dresse dans une rue secondaire du centre-ville. Les formalités effectuées, rangement et douches prises mes deux pèlerins entament une sieste bienvenue pendant que je me creuse les méninges un peu ralenties par l'astre flamboyant pour écrire quelques lignes de mon blog.

Il y aura une suite car la journée n'est pas terminée mais ce sera après la sieste.

Toute à l'heure nous visiterons l'église de San Jacopo et le centre historique de Altopascio.

Nous avons pris l'habitude de compléter nos repas avec des fruits plutôt juteux pour notre apport d'eau quotidien en général insuffisant malgré capuccini et autres boissons aromatisées consommées dans les bars.

La visite d'Altopascio ne s'éternise pas, le centre historique se regroupe autour d'une tour accrochée à l'église San Jacobo.

Vers 18h30 nous sommes affalés sur des chaises d'un bar près de la tour. Proche de nous des mamies discutent des unes et des autres en jettant de temps en temps un regard dans notre direction. Je profite d'un moment d'échanges ininterrompus pour immortaliser l'instant.


Les mamies

Ce soir nous avons réservé un restaurant non loin de la tour pour fêter mon anniversaire. Le choix du restaurant s'est fait un peu par défaut car celui prévu initialement s'est avéré trop loin de notre hôtel (4 kilomètres) et le prix d'un taxi aller-retour de 50 €, prix prohibitif. On se contentera de La Dispensa, petit restaurant du centre historique coincé sur un côté de la place de la tour.

Le choix des plats se présente plutôt bien, chacun peut choisir selon ses envies et sa faim.

Pour ma part, un plat de tagliatelle fraîches avec des copeaux de truffes avec une sauce sera un bon début puis viendra une pièce du boucher saignante avec des patatines rissolées arrosées d'un Chianti Gallo Antico courronné d'un tiramisu (sors moi de là ou bien remonte moi le moral - traduction littérale).

Le meilleur de l'Italie 

Nous finirons par un gelato, comme d'hab'.

Demain lever à 4h30, bonne nuit à toutes et à tous. Ce fut un bel anniversaire.

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Mardi 24 août, lever 4h30 , les affaires sont vite expédiées dans les sacs à dos, nous laissons les clefs sur le comptoir de la réception puis nous filons d'un bon pas vers le début de l'étape à une centaine de mètres de l'hôtel dont le confort et les prestations n'étaient pas à la hauteur de nos souhaits.

Le trajet suit la route principale sur les premiers kilomètres puis nous nous engouffrons sur un sentier large et très praticable la nuit. Nous traversons des sous-bois sans mouvement, en effet pas un souffle d'air ne vient perturber la sérénité de l'instant.

Randonner la nuit, une expérience

Nous laissons ce sentier plat et parfois avec quelques légères montées pour une ancienne voie pavée de la Francigena Antique. La route pavée d'une bonne largeur, deux voitures peuvent se croiser, traversent des espaces équestres et des haras isolés où quelques chevaux lèvent la tête sur notre passage pour retourner aussitôt à leur petit-déjeuner : du foin.

Nous, ce matin pas de petit-déjeuner. Nous le prendrons à Galleno, petite bourgade sans grand intérêt sur la Via Francigena, à environ douze kilomètres du départ.

Les 29 km du jour traverse une zone déserte et sauvage sur un plateau appelé Cerbaie. C'est en fait un chemin de terre très poussiéreux au milieu d'une forêt mêlée de taillis où des panneaux nous mettent en garde des battues possibles au sanglier les jours de chasse.

La voie pavée
La zone Cerbaie
Approche de Ponte a Cappiano
Plateau Cerbaie 

Nous voilà redescendu de ce plateau Cerbaie pour aborder une grande plaine où se mêlent des paysages toscans et des prairies desséchées rappelant le sud de l'Italie. Depuis ce point on peut dire que nous commencons à nous sentir en Toscane, celle des guides et des cartes postales. Mais ce n'est que le début, j'espère que la Via Francigena nous donnera des frissons de plaisir dans les jours à venir comme a pu le ressentir l'archevêque Sigerico lors de la traversée de cette région. Il y fit étape plusieurs fois là où habituellement les pèlerins ou les marchands ambulants n'en faisaient qu'une.

Ponte a Cappiano

Nous traversons le pont de Ponte a Cappiano pour suivre un canal d'abord rempli d'eau puis après quelques kilomètres seuls un filet verdâtre et des plantes séchées tracent une ligne au fond du chenal.

Le long du canal

Le soleil nous donne déjà des sueurs et il n'est que dix heures. Il nous faut avancer pour profiter au mieux de notre hôtel à San Miniato. La ville se partage entre San Miniato le bas et San Miniato le haut, bien sûr notre hébergement sera dans la ville du haut à 2.5 kilomètres de celle du bas. On n'est plus à ça près.


Nous voyons à l'horizon San Miniato le haut avec ses tours dominantes dressées vers un ciel légèrement nuageux, pas un souffle d'air, ne ne croiserons quasiment personne ni à vélo ni à pied.

Fucecchio

Avant d'approcher San Miniato nous devons grimper sur le plateau de la ville Fucecchio, halte pour déguster de l'eau frizzante et se faire tamponner notre crédenciale.

Il nous reste dix kilomètres à parcourir, les plus chaud et ceux où les pieds vous donnent du souci pour avancer à un rythme soutenu.

Le fleuve Arno

San Miniato le bas approche lentement mais sûrement malgré un ralentissement évident de notre allure. Objectif une salade, una insalatone en parlé local, cela nous suffira pour 12h45 et pour tenir jusqu'à ce soir.

Nous installons sur une terrasse Chez Rina, petit restaurant coquet au bord de la nationale. Ce petit encas nous aidera à gravir les 2.5 kilomètres de montée raide jusqu'à l'hébergement. Nous avons tout faux, en guise de insalatone, c'est-à-dire une salade avec plein de bonnes choses dedans la serveuse voulait nous servir des feuilles de salades et puis basta. Alors que l'on se relevait pour quitter ce lieu indigne de trois pèlerins ayant parcourus plus de 25 kilomètres depuis 5 heures du matin, la serveuse se ravise et nous promet une salade avec un peu de tout. Dans assiette il y avait, du mesclun, quelques miettes de thon, un demi oignon taillé et puis c'est tout. Le pain dans la corbeille n'aurait pas pu nourrir un chaton sevré. Autant vous dire que nous tordons le nez, nous aurions plutôt dû tordre le cou du cuisinier. Nous rappelons la serveuse qui se contorsionne en Scusi, Scusi (vous avez compris) pour lui demander des œufs, des tomates, des haricots, des carottes, bref de quoi faire une salade composée. Réponse : on n'en a plus. On lui commande une assiette de tomates qui met plus de 20 minutes avant d'atterrir sur notre table : une tomate verte coupée. La pauvre tomate devait se sentir bien seule pour cette grande assiette. Tout ce menu gastronomique pour 35 €, marge au moins 34 €. Elle est pas belle la vie des restaurateurs italiens. Scusi, scusi nous a répété la serveuse, Guylaine lui a fait la remarque que c'était excessivement cher et que son plat ne ressemblait pas à une salade. Donc Chez Rina à San Miniato le bas on oublie.

Après deux kilomètres et cinq cents mètres de transpiration, nous voilà dans notre chambre. Tout ce qu'on touche nous reste dans les mains. San Miniato commence vraiment à me plaire.

San Miniato le haut

La sieste réparatrice se termine vers 18h00, une petite balade dans la cité s'impose les pieds paraissent reposés et les muscles des jambes relâchés. Nous nous hissons vers la tour Federico ll dominant la ville haute et toutes les plaines alentours. Un petit vent tiède nous redonne un peu de tonus. Sur la place où est édifiée la tour pas de touristes, ils préfèrent siroter des spritz sur les terrasses des "trattorie" de la ville que de gravir les centaines de marches menant à la place de la tour.

San Miniato le haut 

Napoléon Bonaparte a visité deux fois San Miniato. La première fois, pour obtenir le certificat de noblesse de sa famille et la deuxième fois c'est au cours de la campagne d'Italie pour rencontrer le dernier de la famille, le chanoine Buonaparte.

Il semblerait que San Miniato vienne du moyen-âge, les Lombards établissent au 8ème siècle une église dédiée au saint martyr Miniatus. Au Moyen Âge, le village est mentionné comme San Miniato al Tedesco.

Il est temps d'éteindre la lumière, nous avons décidé de démarrer à 5h00, l'étape de demain devrait être magnifique. Il est temps !

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L'étape du jour s'annonce sous de bons hospices quand à la beauté des paysages. Nous devrions rentrer dans la Toscane des cartes postales, un pas après l'autre nous devrions la découvrir, la savourer, la désirer.

Comme c'est devenu presque une habitude lever à 4h30, départ 5h00 exactement.

Nous traversons la cité où Napoléon y a séjourné, nous croisons un bar Bonaparte encore fermé à l'heure de notre passage.

Nous suivons une route peu fréquentée qui serpente au milieu des oliviers et des belles demeures, nous n'en voyons que le contour, la lune présente éclaire peu notre chemin.

San Miniato domine deux vallées qui se rejoignent dont une coule l'Arno fleuve mouillant la ville de Florence.

La route goudronnée serpente et monte parfois durement vers un plateau, nous allons suivre des crêtes jusqu'à la rencontre d'une vraie piste de pèlerin comme on en voit dans les guides, bien large et dans un décor superbe.


Le matin à 5h00 à San Miniato

En suivant la crête, nous dominons une vallée à perte de vue. On peut seulement voir tout au fond le contour gris des montagnes appenines. Le soleil pointe son nez derrière ce décor impressionnant, nous nous arrêtons parfois pour admirer l'astre solaire s'élever lentement laissant dans son ascension des couleurs chaudes et lumineuses.

Le matin vers 6h00

Cela fait plus d'une heure que nous marchons lorsque apparaît enfin la piste tant appréciée du pèlerin moyen. Nous quittons le goudron pour une terre battue, poussière mais bienveillante pour nos pieds et notre moral.

La piste poursuit son tracé en serpentant tout en montées et descentes sur des crêtes et sur le plateau. Le paysage est bien celui des cartes postales, nous en prenons plein les yeux. Le guide de la Via Francigena avait dit juste : c'est splendide.


Sur le chemin en Toscane

10h00, le soleil cogne, un petit vent nous fait du bien et nous dessèche en même temps, c'est l'avantage d'être sur des crêtes. Le début de la piste de terre marque un secteur de production de blé, plus loin, nous y serons dans une environ, la piste traversera le secteur des vignobles et de l'olive.

Le paysage n'a plus rien à voir avec celui de la semaine dernière où même celle du début de la semaine. Ici, tout est beau, admirablement cultivé. Chaque angle de vue pourrait être un tableau peint par quelques artistes doués mettant en valeur les courbes gracieuses des collines et les délicates couleurs pastels des étendues et des belles bâtisses.

Décor toscan

Il nous reste cinq kilomètres avant la fin de l'étape, et c'est tant mieux même si le décor paradisiaque nous enchante à chaque tournant. Il fait chaud et les montées et descentes ont fatigué nos chevilles et nos pieds. Je parle souvent des pieds, c'est l'élément le plus important pour cette activité, il faut tout de même avoir toute sa tête pour profiter pleinement de chaque instant présent.

Il est 12h45, attablés dans un petit restaurant du centre de Gambassi nous dégustons un plat de tagliatelles fraiches au pesto et une belle salade de tomates bien mûres et goûteuses à souhait. Le cuisinier de la trattoria "Da Rina" à San Miniato devrait faire un stage dans ce petit restaurant où le patron est aux petits soins pour nous

Grosse sieste pour Guylaine, repos pour Tarchoun et blog pour moi. Nous décollons de notre chambre à 18h30 pour effectuer nos achats de fruits et la visite de la petite ville.

Nous déambulons dans les petites ruelles remplies d'histoire médiévales. La ville balayée par un vent du nord, domine les vallées tapissées de vignes et d'oliviers centenaires. De la place principale où se situe un magnifique parc aux essences provenant de nombreux pays, on peut apercevoir en direction du sud la ville de San Gemignano où nous ferons une halte demain avant de poursuivre jusqu'à Colle D'Elsa.


Gambassi Terme

Nous choisissons un restaurant dans le centre historique à proximité de la place centrale. Des pâtes bien sûr seront les bienvenues pour les 27 kilomètres de demain ainsi qu'un plateau d'assortiments de charcuteries, de fromages et de bruschettas en entrée. Tout en dégustant ces plats bien cuisinés et riches en calories, nous faisons connaissance d'un couple travaillant pour l'association de la Via Francigena. Chacun raconte un peu son parcours sur le chemin en délivrant de temps à autre des informations sur notre vie quotidienne. Gentiment ils nous invitent pour la soirée de samedi soir prochain à Sienne, organisée en coopération entre l'association et la municipalité de la ville : un spectacle de théâtre. Nous échangeons nos coordonnées via WhatsApp.

Et même un spectacle ! 

Nous quittons ce lieu de rencontres pèlerines pour déguster notre gelato du soir. Il est presque 22h00, retour à l'hébergement car demain réveil à 4h30.

C'est devenu un rituel.

Retour à l'hébergement
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L'étape du jour sera une variante. Après avoir visité San Gimignano bourrée de touristes impeccablement habillés nous poursuivrons sur 7 kilomètres la voie officielle pour ensuite bifurquer vers Colle Val D'Elsa puis nous atteindrons le couvent San Francesco dans le centre historique de la ville.

Départ 4h50 de Gambassi Terme, nous repassons vers notre lieu où nous avons dîné hier soir. Comme la ville est sur promontoire comme presque toutes les cités du secteur nous entamons une descente pour rejoindre une piste laissant apparaître un décor digne des plus beaux tableaux des peintres italiens.


Gambassi Terme ce matin

Le soleil transforme l'horizon en décor féérique aux contours d'un bleu électrique laissant deviner un paysage éblouissant.


La campagne toscane 

Nous avançons d'un pas rapide car nous avons hâte de découvrir au fur et à mesure que l'astre radieux se relève de son sommeil, les paysages décrits par le guide et que l'on nous a promis comme les plus beaux d'Italie.

Belle Toscane 

Nous approchons de San Gimignano et déjà la ville se dresse sur promontoire laissant apparaître les tours majestueuses déjà jaunies par les premiers rayons de soleil.

San Gimignano 

Tout le long du parcours, le paysage nous enchante, nous faisons constamment des pauses photos sans nous lasser du tableau toujours plus resplendissant.

San Gimignano

Passé San Gimignano le tableau toscan devient plus escarpé laissant les vignobles derrière nous pour s'ouvrir sur une végétation plus sauvage moins travaillée par la main de l'homme.

Nous quittons la voie officielle pour la variante du Colle Val D'Elsa situé à 3.75 kilomètres de l'intersection.

Nous attaquons une belle grimpette ou milieu des oliviers et d'arbres feuillus pour nous rendre sur un plateau large parsemé de maisons toscanes et de jardins impeccablement entretenus.

Nous dépassons le panneau annonçant la ville étape, il est 13h00 une salade nous remettra un peu d'énergie consommée depuis ce matin. Nous avons fait un petit goûter de fruits et de pain du pèlerin donné hier par l'épicier juste un peu avant la variante.

Nous étions à l'ombre pour savourer ce pain sec et les pieds à l'eau car une petite rivière poissonneuse coulait paisiblement devant notre pique-nique improvisé.

Colle Val D'Elsa

Il est 16h00, nous sommes reçus par le responsable du couvent San Francesco dominant la ville historique. Nous n'avons croisé dans le couvent aucun religieux, aucune religieuse et pour l'instant aucun pèlerin.

Ce matin avant d'arriver à San Gimignano

Ce vieux curé se grattant la tête devant ce feu symbole de l'enfer donnait une impression bizarre. Cela me faisait penser aux "sachant" qui réfléchissent pendant que la terre brûle et le monde s'écroule. Ce matin encore avant d'arriver à San Gimignano nous avons échangé longuement avec un monsieur de 82 ans né dans la région, ancien conseiller à la mairie de Centaldo ( petite ville du coin), il nous disait, entre autre, car la discussion a duré au moins quinze minutes qu'il n'avait plus plu en Toscane depuis le 20 mai. En effet nous traversons des paysages désolés, cramés par le soleil, les pistes de terre sont souvent craquelées signe d'une véritable sécheresse.

Sur son portail de sa maison superbe, il a fait fabriquer une plaque orientée nord - sud symbolisant Compostelle au Sud et le sceau du pape au nord.

Nous sommes partis heureux d'avoir échangés et appris beaucoup d'informations sur la région mais sans capuccino en prime.

Nous l'avons tout de même bu à l'entrée de San Gimignano.

Soirée pizza en terrasse dans le centre historique de Colle Val D'Elsa, le restaurant se rempli au fur et à mesure que nos parts de pizza finissent engloutis dans nos estomacs affamés. Petite passegiata vers le duomo moyennement mis en valeur à cause des dizaines de voitures stationnées sur la place de ce bel édifice. Toutes les villes n'adoptent malheureusement pas le sans voiture dans le centre et c'est bien dommage pour les piétons et pour les bâtiments eux-mêmes. Hier à San Miniato le centre était fermé à ces engins pollueurs et inappropriés pour des rues si étroites. Les restaurateurs avaient sorti leurs tables pour envahir la rue interdite aux engins motorisés. Cette nouvelle configuration changeait totalement l'aspect de la rue.



Notre lieu d'hébergement
Flânerie avant San Gimignano 

Demain l'étape sera courte, environ 15 kilomètres, ce sera notre avant-dernière avant notre arrivée à Sienne prévue samedi matin.

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Avant dernière étape de ce périple toscan, c'est la plus courte, elle a néanmoins quelques petites montées juste à l'arrivée de Monteriggioni, ville fortifiée au sommet d'une colline avec vue sur les collines boisées.

Monteriggioni est une ville construite par les Siennois en 1200, mais dans le temps, il était souvent une cause d'affrontements entre Sienne et Florence. Sa principale caractéristique est le mur de la ville, qui, avec 14 tours, fut pendant des siècles une des sentinelles les plus importantes de Sienne.

Comme l'étape ne présente pas de difficultés et ne s'étend que sur 15 kilomètres nous nous préparons pour démarrer à 6h00.

Dans le couvent plane un silence religieux, nous refermons délicatement la grande porte de l'édifice pour retrouver la route de la Via Francigena à quelques centaines de mètres.


Notre hébergement et Colle Val D'Elsa le matin

Nous retrouvons la trace de la Via Francigena rapidement juste à côté d'une pastisseria qui sert des cafés et bien sûr des viennoiseries. Capuccini, café lungo, pain au chocolat, croissants, tout est excellent et nous donne cette belle énergie du matin pour notre étape du jour.


Strove

Comme la ville domine la vallée, une belle descente sur un chemin pavé mène à la cité du bas. Nous retrouvons la route nationale que nous suivons parfois sur les trottoirs parfois sur les berges aménagées ce qui permet d'assurer une sécurité pour le pèlerin encore un peu endormi.

Nous faisons à peine trois kilomètres pour reprendre une piste de gravillons blanche traversant des vignobles et des champs labourés. Nous traversons le village de Strove, situé comme presque à chaque fois sur une petite colline. Le village charmant avec des maisons en pierres et une enfilade de ruelles pavées nous offre une belle vue sur San Gimignano au loin. C'est dans ces moments là que l'on se rend compte du chemin parcouru.

Abbadia à Isola

Notre allure et nos échanges font que les kilomètres défilent sans fatigue. A quatre kilomètres de l'arrivée un petit hameau avec ostello pour pèlerins nous autorise une petite halte café, gaufrettes et fruits. Dans une annexe de l'église un coin pause café et biscuits distribués par une machine à pièces tient lieu d'autel. Est-ce déjà une reconversion de l’Église ou bien un autre moyen de ramener les brebis égarées vers le droit chemin ? Dans combien de temps aurons-nous le distributeur d’hosties payant et utilisable à toute heure ?

Il n'empêche que le service est le bienvenu. Nous mettons nos pièces de un euro dans le distributeur de boissons tout en étant admiratif devant les tableaux du Christ en croix et la Madone col Bambino. Nous n'irons pas jusqu'à faire une prière ou une génuflexion devant la machine à café car la qualité du capucino sera vraiment très moyenne. Nous aurons au moins dégusté un capuccino béni ce qui n'est pas commun.

Nous reprenons notre aventure toscane en laissant derrière nous ce bel endroit très pittoresque et surprenant.

Il nous reste une plaine à traverser bien exposée au soleil avant d'attaquer la dernière ascension jusqu'à la ville fortifié.

La plaine avant l'arrivée

Au pied de la colline aboutissant aux remparts, une piste gravillons nous demande un dernier effort. Il est 10h30 nous voilà arrivés.


Suite royale en plain centre historique 

Notre hébergement présente l'intérêt d'être bien équipé pour nous faire le déjeuner. Guylaine et Tarchoun partent faire les courses à l'alimentari situé à quarante mètres de chez nous.

Les gérants brillent par leur antipathie et leur absence de toute forme de bienvenue. Certes dans la petite cité, des dizaines de touristes traînent leur vie et leurs sandales dans les rues pavées ce qui doit probablement agacer ces deux épiciers obligés de bosser.

Nous faisons nos courses chez eux malgré des prix de folie, à titre d'exemple une sauce tomate industrielle de 25 cl environ, devinez le prix ?

Douze euros. Et pour le merci et au revoir, grazie e arrivederci, on attend encore. Heureusement dans l'ensemble le pèlerin est bien accueilli même si le commerçant sait qu'il ne fera pas son chiffre d'affaires du jour avec ce type d'individu portant un sac sur le dos qu'on reconnaît à son allure balancée et à son odeur particulière lorsqu'on s'en approche. C'est ainsi, le pèlerin se démarque des touristes impeccablement sapés et chaussures lustrées même s'il fait un effort pour s'habiller. Mais le problème apparaît après quelques kilomètres sous un soleil de plomb à arpenter une piste poussiéreuse balayée par un vent sec et des taons qui espèrent vous piquer sans vergogne. Non seulement vous portez en vous une allure patibulaire mais en plus, tout ce qui est dénudé a été pilonné par ces bestiaux dépourvus de toute bienveillance et de pitié.

Personnellement je n’échangerai pour rien au monde ma condition de pèlerin poussiéreux pour celle des touristes bien propres sur eux, sachant qu'à notre arrivée dans les ostellos, après une bonne douche, nous nous transformerons en personnage du monde civilisé ou du citadin moyen mais encore loin des dress codes des touristes.


Petite balade autour des remparts

Ce soir nous dînerons dans notre suite, c'est ainsi que notre hôte la nomme. L'hébergement permet de se servir dans un réfrigérateur pour faire son propre repas. Nous ferons du riz agrémenté d'aubergines et de poivrons grillés, un concombre en entrée et des restes des pique-niques précédents.

La dernière étape de demain nous fera atteindre Sienne après vingt et un kilomètres de marche. Nous partirons donc à 5h00 afin de pouvoir profiter un maximum de la ville du Palio et de l'hôtel dont le prix est au-dessus des tarifs des ostellos avec la qualité en plus. J'espère mais on est jamais au bout d'une surprise en Italie.

La soirée s'achève par un gelato dégusté sur la place Dante Alighieri au bas de notre hébergement. La soirée risque d'être agitée car une soirée musicale tango à pris place à une cinquantaine de mètres de notre chambre. Comme le lever sera à 4h30 et il est 21h30 il nous reste sept heures pour trouver le sommeil.

Le petit-déjeuner est prêt, thé dans un thermos, croissants achetés, un violoniste accorde son instrument. Belle nuit en perspective.

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Se lever tôt et prendre un thé avec des croissants même de la veille c'est mieux que rien.

Nous laissons Monteriggioni derrière nous, après deux kilomètres de route, nous prenons une piste large traversant une plaine et des bois. Les oliviers et les vignes ne font plus partie du décor. Seules quelques fermes isolées coupent la monotonie du paysage, le ciel tourne au menaçant, nous devrions avoir de la pluie bientôt.

Deux semaines de canicule pour finir le périple sous la pluie.


A la fraîche 

Nous devrions passer près de deux châteaux du quinzième siècle, Chiocciola et Villa proches l'un de l'autre, plutôt abandonnés d'après le guide. Effectivement le château de Chiocciola semble bien conservé mais plus habité et celui de Villa paraît occupé

Les châteaux 

La piste se poursuit sur une large plaine autrefois des étangs réputés malsains et dangereux. Aujourd'hui ils sont cultivés et font la joie des pèlerins sur leur passage.


Il y a encore du chemin à faire 

Les gros nuages noirs et gorgés d'eau nous suivent de très près, bientôt ils seront sur nous. Nous aurons droit au baptême. N'est on pas sur un chemin sacré ?

Au baptême, nous y avons droit juste après la plaine des étangs asséchés.

Nous enfilons nos vêtements de protection de pluie. Nous n'avons pas marché dix minutes que déjà nous sommes trempés totalement. Seul le sac à dos tire son épingle du jeu. Chaussures, pantalons, chaussettes, sous vêtements mouillés. Et dire qu'on nous vend du matériel avec du Goretex sensé être imperméable, au bout de cinq minutes de pluie, certes assez forte, nous pataugeons dans nos chaussures.

Nous doublons le panneau Sienne, le périple est quasi accompli, plus que trois kilomètres de ville pour nous rendre à la place du Palio but ultime de notre randonnée.

Pause vêtements 

Dans la forêt la pluie doublait d'intensité au fur et à mesure de notre avancée, le petit chemin tranquille que nous empruntons devient une redoutable piste de glisse, les bâtons deviennent indispensables. Il faut avancer malgré tout.

La ville de Sienne se traverse sous une pluie fine, la température habituellement de trente degrés est retombée en quelques heures à quinze degrés.

Arrivés sur la place Del Campo, nous nous checkons nos poings devant l'édifice du Municipio situé en bas de la place inclinée.



Yeees !

Il est 11h30, nous dégustons nos capuccini et nos croissants sur la terrasse d'un café de la place Del Campo, la pluie devient plus éparse et ils nous est difficile de nous réchauffer. Nous profitons de cette pause goûter pour enfiler nos polaires certes par dessus le tee-shirt humide, aussitôt une chaleur se diffuse quasi instantanément dans nos vêtements humides.

Il est 12h00, nous laissons Tarchoun rejoindre son hôtel pendant que nous nous dirigeons vers le notre.

13h00, enfin dans la chambre après nous avoir fait poireauter quasiment une heure parce que le check-in est à 14h00. Les siennois savent recevoir.

15h30, douche, sieste et repos fait, nous pouvons arpenter les rues de Sienne avec un peu plus d'énergie qu'à notre arrivée.


Piazza Del Campo

Nous retrouvons Tarchoun sur la piazza Del Campo à 16h00 après avoir mangé une part de pizza sur le pouce.

Les visites d'aujourd'hui seront tranquille, nous choisissons d'aller voir la célèbre fontaine Fontebranda.

Fontebranda est l'une des fontaines de la ville médiévale de Sienne, située dans leTerzo di Camollia, dans la Contrada de l'Oca, près de la Porta de Fontebranda.

En fait c'est un bassin alimenté par des sources souterraines où des poissons multicolores barbotent aisément, le bassin est grand et il y a peu de poissons.


La fontaine Fontebranda

Ce petit lieu de fraîcheur nous fait découvrir au dessus de la fontaine une immense église : San Domenico.

Il nous faut remonter les escalators pour y accéder mais de cette église là vue sur Sienne est sublime.


Vue de l'église San Domenico

Comme nous n'avons pas fait mettre notre timbro sur la crédenciale, nous entrons dans l'église pour solutionner cet oubli. Nous en profitons pour la visiter et prendre quelques photos même si cela est interdit. Le bon Dieu ne va pas nous en vouloir alors qu'on a fait 280 kilomètres à pied depuis deux semaines.


L'église San Domenico

Il est presque 18h00, filons vers l'apéro dans un bar recommandé par des amis de Tarchoun. Le bar proche de la place Del Campo se situe sur une rue très achalandée. Comble de chance alors que nous sommes assis en terrasse juste en face de nous est célébré un mariage avec tambours et trompettes.

Alors que nous dégustons goutte à goutte notre Barolo, les mariés sortent du lieu de cérémonie pour envahir la rue. Les femmes habillées classe et très chic, les hommes plus classiquement en costume viennent trinquer dans le bar où nous sommes installés tranquillement. Des lanceurs de drapeaux marquent le clou d'une cérémonie nuptiale qui devient in fine un spectacle ouvert au public.


La cérémonie de mariage

Il est 19h30, nous nous attablons pour notre repas dans un restaurant recommandé par les amis de Tarchoun. Tout était excellent et un patron aux petits soins pour nous. Pâtes à la sauce au truffes, pâtes à la sauce avec sauge et pignons, pièce du boucher saignante aux truffes, petites douceurs toscanes, Chianti, Prosecco et espresso, le tout bien cuisiné, en quantité suffisante et servis avec le sourire.


Miam, miam puis dodo 

Vingt-deux heures sonnent, il est temps d'aller se coucher car le lever de 4h30 est bien loin, nous n'avons pas pu nous empêcher de faire tout de même sept kilomètres de visites l'après-midi. Bonne nuit.


Rue du restaurant ( rue des peintres)
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La journée, consacrée à Sienne, ville cousine et sans doute rivale de Florence débute par un copieux petit-déjeuner dans notre hôtel situé à un kilomètre de la piazza Del Campo à l'extérieur des remparts.

Nous nous retrouvons sur la place Del Campo à 10h00. Sur le parcours défilent des contrade. Les contrade de la ville de Sienne, constituent des regroupements culturels de quartiers médiévaux de la ville. Au son des tambours de jeunes hommes défilent habillés d'un costume et d'un collant bicolore, chacun fait tournoyer l'étendard de leur contrade. Un maître de cérémonie gère l'avancée ou les pauses régulières afin de montrer le meilleur de leur spectacle.

Contrade d'enfants

Hier à la même heure nous traversions les derniers bouquets de feuillus et les prairies séchées en pataugeant non sans difficultés, avant d'arriver dans le centre de la ville étape.

Aujourd'hui, le soleil rayonne sur la ville et réchauffe les pavés encore humides des rues étroites déjà parsemées de touristes ralentis par les pentes encore glissantes ou par l'attrait des vitrines aux décors harmonieux de produits italiens ou toscans.

Sienne la cousine de Florence 

Il est 12h00, nous sommes tous d'accord pour nous accorder un temps de repos. Sieste jusqu'à 14h00 puis visite du Duomo, de la bibliothèque et balade sur les toits de cette cathédrale majestueuse, toute de marbre avec une façade ciselée de statues et de mille ornements aux significations inconnues.

14h00, nous voilà repartis pour les visites plus classiques et pas forcément moins fatigantes

Visite del Duomo Santa Maria Assunta, puis la crypte et in fine le musée.

Perso, j'ai lâché l'affaire, chaque chaise du parcours sinueux de ces édifices est pour moi. Je me traîne littéralement, je tente d'écouter l'audioguide téléchargé avec mon billet, même les explications me fatiguent. Et pourtant tout est chef d'œuvre, pas le moindre recoin quelconque ou du déjà vu, je me contente de quelques prises photos en y mettant le plus de cœur possible.

Nos visites à Sienne 

Je dois être le seul de tout le musée à attendre assis sur une chaise le retour de Guylaine et Tarchoun partis visiter il Facciatone, extérieur panorama du musée, alors que tant d'œuvres sublimes m'entourent Guylaine possède des ressources cachées et inépuisables car elle va de pièce en pièce, de tableau en tableau sans le moindre signe de fatigue ou de défaillance subite. Mes muscles dédiés aux visites doivent être en berne, ils ne réagissent plus, je suis statufié comme comme l’œuvre en face de moi réalisée par un certain Domenico Beccafumi. Voir ci-dessous :

Angelo Annunciante de Domenico Beccafumi

Une dernière visite du batistero et ensuite c'est l'apéro que nous consommerons près du même édifice.

SanDamiano de Raphaëlle Vanni (1587-1673)

Nous profitons d'un dernier restaurant situé près de la place Del Campo moins accueillant qu'hier au soir. Les plats choisis un rapidement n'ont pas la même saveur que ceux d'hier soir. Nous ne prendrons qu'un secondo piato et contorni (viandes et légumes), nous nous réservons pour le dessert pris dans une gelateria au dessus de la place maintes fois citée.

Retour à l'hôtel, demain lever à 8h00, train à 10h40 nous arriverons à Nice après 5 correspondances à 19h00. Nous prendrons un bus pour Saint-André, la boucle sera bouclée. Fin de l'expérience Via Francigena saison 2 mais la saison 3 est déjà dans les cartons. Merci de nous avoir suivi et commenté.

Une contrade à Sienne à 20h00
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Nous quittons l'hôte à 9h30 pour rejoindre Tarchoun à un kilomètre en direction de la gare ferroviaire de Sienne . Le soleil a déjà réchauffé la chaussée qui nous conduit vers le premier train du matin.

10h41, le train démarre en direction d'Empoli, il semblerait que l'organisation de la circulation ferroviaire s'est sensiblement améliorée. Il y a quelques années prendre le train en Italie était aussi aléatoire qu'un taxi-brousse en Afrique, le confort en plus mais pas toujours.

Départ de Sienne

Le train chemine à petite allure dans la vallée arpentée il y a quelques jours mais en sens inverse. Nous sommes dans la machine sur rails à remonter le temps. Des flashes reviennent immédiat pendant notre court arrêt en gare de Monteriggioni, on peut voir depuis notre cabine somme toute confortable les remparts de la ville au loin dans la campagne inondée de soleil, de vignes et d'oliviers.

Le train s'arrête souvent, en fait dans toutes les gares jusqu'à Empoli. Et voilà que nous faisons une halte dans la gare Castellino in Chianti, petit village où Monsieur Léo Ferré y a vécu les dernières années de sa vie. Nous avions visité sa dernière demeure bien exposée, au milieu d'oliviers et de pieds de vignes, il y a une dizaine d'années. Sa dernière épouse avec qui j'avais discuté longuement, sans savoir que c'était Madame Marie-Christine Diaz. Léo Ferré est parti un 14 juillet comme pour faire un pied de nez à la révolution française, lui anarchiste-musicien-poète Rien ne prédestinait Marie-Christine Diaz à croiser le chemin du musicien-poète et anarchiste. Ce fut un moment délicieux avec beaucoup d'émotion et de respect pour ce grand Monsieur de la chanson. Je lui dois des bons intérieurs personnel d'une grande sérénité mêlés d'une grande énergie de vitalité. Merci Léo.

Gare de Castellino in Chianti

Nous remontons notre périple avec un angle de vue totalement différent, on a presque la sensation de n'avoir pas fait le même trajet qu'à l'aller et pourtant le train suit à quelques centaines de mètres notre Via Francigena. Je dis notre Via Francigena car elle nous appartient déjà un peu en l'ayant parcourue en 2019 du Col du Grand Saint Bernard à Previdè et cette année jusqu'à Sienne.

Les gares des correspondances

Pour aller jusqu'à Rome il nous faudra crapahuter encore presque 300 kilomètres à partir de Sienne puis si notre santé le permettra il nous faudra aller jusqu'à la limite de la partie italienne : Brindisi, Delà un bateau nous mènera hors d'Italie, du port de Brindisi jusqu'à Acre où le pied sera à nouveau en contact avec le sol caillouteux mais cette fois nous foulerons la Terre Sainte puis reprendra le périple depuis Âcre puis Nazareth et enfin Jérusalem.

Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d'un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d'Acre qui comporte plusieurs villages.

Une des Via Francigena

Mais pour l'instant, nous sommes dans ce train nous conduisant à Gênes puis Vintimille et enfin Nice. Les correspondances s'enchaînent avec en moyenne cinq minutes pour passer d'un quai à un autre. Nous jambes entraînées nous portent sans faiblir d'un wagon à un autre malgré les nombreux touristes hésitants et un peu sonnés par les longues heures de soleil passées sur les plages privées de Ligure.

Les grandes chaleurs semblent s'apaiser, l'écran d'information du wagon affiche une température extérieure de vingt-cinq degrés, loin des trente deux ou trois degrés de la semaine dernière.

Il est 15h35, le train Gênes- Vintimille démarre, nous longerons la Riviera mais cette fois sans les baigneurs cramés ou rougis par les rayons d'un soleil quelquefois agaçant.

16h38, nous dépassés Savona dans trois heures nous descendrons d'un autre autre train à Nice-Riquier au point de départ. Mais est-ce vraiment le point de départ ? Je me demande où se trouve le véritable point de départ ? Est-ce celui physique ou géographique ou celui qui a trotté un jour dans son esprit ? Celui qui a tout déclenché, tout imaginé voire même déjà tout planifié n'est pas celui-là le vrai point de départ.

Dans moins de trois heures nous serons parachutés dans le quotidien, dans la vie classique. Dans le wagon nous sommes moins bavards qu'à l'aller. Sans doute faut-il ce silence relatif, le train est très bruyant, pour atterrir de quinze jours d'extra ordinaire vie nomade et de pouvoir retrouver non sans mal notre chez soi.


En gare de Gênes

Arrivée à 19h00 en gare de Nice-Riquier, c'est la cohue, le train bondé déverse la horde de touristes et de travailleurs pratiquement tous montés à Monaco.

Un peu à l'arrache nous quittons Tarchoun, désolé Tarchoun, nous nous pressons vers la gare du bus pour l'ultime destination : Saint-André de la Roche, lieu de mon enfance et adolescence.

Nous entrons dans la gare routière, le bus vient de démarrer, un signe, il s'arrête. Ouf, nous y sommes, vingt minutes plus tard nous franchissons à pied le pont sous lequel coule la Banquiera qui est à sec.

Je sonne à l'interphone de l'immeuble de ma maman, cette fois c'est bien fini. La Via Francigena saison 2 s'achève.


Vue du train vers Gênes

Petit mot de Guylaine à vous toutes et à vous tous.

Bonsoir ou bonjour selon l'heure à laquelle vous lirez ce petit mot de la fin. J'ai passé deux belles semaines de marche,de rencontres avec des inconnus (ues), avec moi même, d'échanges sérieux ou drôles avec Elio et Tarchoun, à admirer de beaux paysages, à traverser des lieux chargés d'histoire ou beaucoup plus banals, toujours au plus près de la nature. Bref , un périple intense physiquement et émotionnellement ! Merci à mes genoux qui ont bien tenu le coup, à Elio et Tarchoun qui ont su s'adapter à mon rythme et à vous tous qui nous avez lus et accompagnés par la pensée. A bientôt pour des échanges plus interactifs.

Bisous à tout le monde.