Cinq heures quinze, le réveil marque la fin d'une nuit plus chaude et beaucoup moins reposante que la première nuit dans ce même B&B.
Le petit-déjeuner préparé hier soir par l'hôte manque cruellement de produits frais comme fruits ou croissants. Il reste tout de même quelques yaourts, du beurre dans le réfrigérateur de la salle de déjeuner et un bon morceau de pain acheté il y a trois jours sur une des étapes.
Six heures dix, le chrono démarre. Quelques nuages pas menaçants nous accompagnent sur les premiers kilomètres. C'est une étape courte de dix-neuf kilomètres, totalement plate et d'après nos romains dépourvue d'intérêt.
Nous sortons de Lucca assez rapidement pour entrer dans un décor de petites maisonnettes avec jardin en bordure d'une route fréquentée. A cette heure il y a encore peu de circulation mais elle va rapidement reprendre car pour beaucoup d'italiens les vacances sont finies.
Nous avançons d'un bon pas sûr mais raisonné car aucune difficulté nous attend sur ce parcours, nous n'avons aucune raison de nous précipiter. Chi va piano va sano e va lontano.
Nous traversons un premier village couché le long d'une route départementale, un chantier nous oblige à faire un petit détour car impossible de le traverser. Nous passons donc par le centre bourg où tous les magasins et services affichent le rideau de fermeture. Seuls quelques anciens s'affairent dans leur jardin ou dans les sous-sols de leur maison pour arracher de l'herbe, tailler les oliviers et même remplir une machine à laver stockée dans un garage.
Douze kilomètres parcourus, il est temps de trouver notre carburant : le capuccino. Le village de Porcari, sans grand intérêt, possède à l'entrée de la cité un bar avec un semblant de terrasse sur le trottoir juste en face de la mairie. Nous optons pour celui-ci sans prendre le risque d'aller plus loin. L'endroit n'est pas agréable mais il présente l'avantage d'être là et puis il vaut mieux un bar que deux tu l'auras. Nous avons fait le bon choix car les autres prestataires de capuccini affichent chiuso per ferie. Au bord de cette route très fréquentée nous nous attardons pas, les gaz d'échappement des voitures pressées polluent nos poumons sains bien gonflés par ce périple démarré il y a tout juste une semaine.
Nous sommes dans une plaine avec au nord un relief mi forêts mi montagnes, plus au sud des petites collines émergent d'un horizon un peu flou. Comme s'il y avait un rideau presque transparent entre nous et le paysage.
Je trouve que les paysages toscans se font attendre, il nous reste que six jours de marche avant d'atteindre Sienne sans avoir pu, pour l'instant, admirer les décors vallonnés de cette région où vignes, oliviers et cyprès se conjuguent aux superlatifs de beauté et de sérénité.
Il nous reste moins de trois kilomètres à parcourir lorsque enfin la route laisse la place à un chemin de gravillons. Le soleil toujours au rendez-vous pilonne de ses rayons piquants sur cet espace découvert. Nous marchons moins d'un kilomètres lorsque apparaît l'abbaye de Pozzeveri totalement fermée mais avec un ostello pour pèlerins préférant les chemins sinueux, herbeux ou caillouteux aux routes bien bitumées et toute droites.
Nous y faisons une pause, le tenancier nous offre un capuccino, nous propose de nous reposer sous un tilleul aux larges branches couvrant une belle partie de la cour d'entrée.
Plus que trois kilomètres, nous foulons à nouveau le trottoir surchauffé d'une route fréquentée. De belles bâtisses couvertent d'un ocre jaune dont seuls les peintres toscans ont le secret ravissent nos yeux mi-clos par le soleil et nous questionnent sur le fait d'habiter encore à Pizay.
Il est 11h00, nous entrons dans la ville d'Altopascio en nous dirigeant dans le centre-ville à la recherche d'un bar, oui encore un, mais cette fois-ci apéro oblige : c'est mon anniversaire.
Ce sera Apérol-Spritz pour tous les trois plus une planche de charcuteries faites maison et fromage local. Assis en terrasse dans un petit salon de jardin à l'ombre d'un arbre centenaire, nous prenons le temps de déguster par petites gorgées ce liquide orangé légèrement alcoolisé. Nous mâchons presque religieusement les fines tranches de mortadella, de salami, de crudo (jambon cru), de saucissons, de focaccia aux saveurs d'un mélange de viandes grillées et d'épices délicates. Quel régal !
Ça valait bien la peine de marcher 160 kilomètres depuis Previdè pour se délecter aujourd'hui de victuailles aussi goûteuses et variées.
Comme je sais que vous mourrez d'envie de les voir, j'ai pensé à vous. Les voilà.
Vous allez peut-être penser : tout ce baratin pour ça. Marchez une semaine ou deux après cet effort vous admettrez que même un grain de raisin sec dégusté avec envie vous paraîtra comme une grappe vermeille prise au pied d'une vigne arrosée de soleil.
L'hôtel se dresse dans une rue secondaire du centre-ville. Les formalités effectuées, rangement et douches prises mes deux pèlerins entament une sieste bienvenue pendant que je me creuse les méninges un peu ralenties par l'astre flamboyant pour écrire quelques lignes de mon blog.
Il y aura une suite car la journée n'est pas terminée mais ce sera après la sieste.
Toute à l'heure nous visiterons l'église de San Jacopo et le centre historique de Altopascio.
Nous avons pris l'habitude de compléter nos repas avec des fruits plutôt juteux pour notre apport d'eau quotidien en général insuffisant malgré capuccini et autres boissons aromatisées consommées dans les bars.
La visite d'Altopascio ne s'éternise pas, le centre historique se regroupe autour d'une tour accrochée à l'église San Jacobo.
Vers 18h30 nous sommes affalés sur des chaises d'un bar près de la tour. Proche de nous des mamies discutent des unes et des autres en jettant de temps en temps un regard dans notre direction. Je profite d'un moment d'échanges ininterrompus pour immortaliser l'instant.
Ce soir nous avons réservé un restaurant non loin de la tour pour fêter mon anniversaire. Le choix du restaurant s'est fait un peu par défaut car celui prévu initialement s'est avéré trop loin de notre hôtel (4 kilomètres) et le prix d'un taxi aller-retour de 50 €, prix prohibitif. On se contentera de La Dispensa, petit restaurant du centre historique coincé sur un côté de la place de la tour.
Le choix des plats se présente plutôt bien, chacun peut choisir selon ses envies et sa faim.
Pour ma part, un plat de tagliatelle fraîches avec des copeaux de truffes avec une sauce sera un bon début puis viendra une pièce du boucher saignante avec des patatines rissolées arrosées d'un Chianti Gallo Antico courronné d'un tiramisu (sors moi de là ou bien remonte moi le moral - traduction littérale).
Nous finirons par un gelato, comme d'hab'.
Demain lever à 4h30, bonne nuit à toutes et à tous. Ce fut un bel anniversaire.