Date : le 14 septembre 2022
Départ à 6h30 - Arrivée à 14h15
Distance : 28 km
Étape à Ponte d'Arbia (Toscane)
C'est le vrai départ pour la saison 3. Lever à 6h00 les yeux encore endormis mais une vraie envie de démarrer.
Nous laissons notre B&B Villa Fiorita derrière nous, entre chien et loup. Quelques pas sur la rue déjà bruyante, nous faisons notre première pause petit-déjeuner dans un bar tout proche de notre premier hôte. Capuccino, croissants et pains au chocolat viennent délicieusement nous donner la pêche pour ce premier jour. Ce matin, le ciel couvert ne paraît pas menaçant mais il règne une atmosphère humide et chaude. Peut-être de la pluie dans la journée.
Première étape, rejoindre la piazza Del Campo à 1.4 kilomètres de notre hôtel.
Les rues de Sienne, un peu désertes, contrastent avec l'ambiance surchauffée et animée d'hier soir.
Ce matin à sept heures Nous sortons rapidement de cette ville historique où hier des jeunes hommes s'entraînaient à lancer le drapeau symbole de leur quartier pour la grande "teuf" estivale de l'année prochaine.
La trace suit une campagne grisonnante et sans relief. Les blés moissonnés laissent les champs nus d'une terre grise toujours fertile et sèche se confondant avec le ciel capricieux du jour.
Ciao Sienne ! A peine trente minutes de marche, nous voilà dans un décor certes menaçant, orageux mais toujours aussi beau, laissant apparaître des collines d'oliviers bien alignés, de cyprès toscans toujours aussi majestueux et des fermes massives faisant penser aux forteresses médiévales.
La Toscane majestueuse Nous nous lassons pas de ce décor bucolique ouvert à perte de vue devant et derrière nous. Sienne s'éloigne de notre vue à chacun de nos retournements, majestueuse sur sa colline comme dominatrice d'une Toscane à ses pieds.
Premier petit village, Isola d'Arbia à cinq kilomètres de Sienne et notre première surprise : sa gare ferroviaire. D'une incroyable sobriété, avec tout le confort, elle est là dans l'attente d'un voyageur aussi modernes que dans nos gares urbaines.
Gare de Isola d'Arbia Un canapé, un fauteuil club, une vue idyllique, quoi de mieux ? Cela prouve que l'on peut être dans la sobriété et avoir tout le confort. (rires).
Pour le premier jour notre cadence sera prudente. Depuis Compostelle j'ai fait peu de sorties à pied. La seule que j'ai organisée en montagne pendant quelques jours avec mon filleul Yan, j'étais totalement essoufflé. Quelques réminiscences du Covid.
Nous empruntons alternativement des petites routes goudronnées, peu fréquentées, de belles pistes de gravillons blancs serpentant les collines toscanes bombées .
Les moissons sont faites.Après presque trois heures de marche nous rencontrons les premiers pèlerins du chemin romain. Un couple d'américains assez âgés nous rejoint. La dame à l'allure plutôt sportive me bombarde de questions. Ils viennent de démarrer la Francigena comme nous ce matin depuis Sienne et ils feront la même étape que nous sauf que la dame impose un rythme de dingue à son compagnon ou mari, le laissant loin derrière elle. Je réponds aisément à ses questions car elle n'a pas d'accent, par contre sans attendre la fin de mes réponses elle file bon train devant, me laissant seul avec son compagnon qui visiblement peine malgré un sourire compatissant.
La piste après Sienne. Nous faisons deux pauses : fruits et figues chipés sans vergogne sur un arbre au bord du chemin sous le regard éberlué d'un papy toscan à vélo. Un peu après la première pause une petite pluie sans malice nous oblige à sortir les ponchos. Guylaine et Tarchoun ont opté pour ce vêtement, j'ai choisi le parapluie top-top. Deux écoles qui s'affrontent. Sur cette randonnée j'ai voulu tester le parapluie spécial rando. En fait c'est un parapluie classique mais renforcé avec un long manche télescopique et un système simple pour l'accrocher aux bretelles du sac laissant les mains totalement libres. Premiers essais, c'est top. Mon sac n'est pas mouillé et mes pieds nus en sandales protégés. Et comme après la pluie vient le soleil je l'utilise aussi comme parasol. Plus de chapeau vous chauffant la tête déjà bien rouge de chaleur, plus de transpiration pénible à cause de l'imperméabilité du poncho. Que du bonheur, mais à condition que le vent soit assez sympa pour ne pas vous le plier en quatre à la première rafale. On ne peut pas tout avoir.
Il est quatorze heures, fin de la première journée. Je dois avouer que je suis content d'arriver, mes jambes sont fatiguées même si le parcours au-delà de la beauté du paysage fut finalement facile alors que le guide indiquait : étape difficile.
Nous rejoignons le Centro Cristi, un donativo à la sortie du village de Ponte d'Arbia où nous sommes accueillis par un monsieur très bienveillant appuyé sur une béquille tout aussi bienveillante que lui.
Ce soir, nous cuisinons des pâtes sauce tomates achetées au bar du village, le seul petit commerce de la cité endormie. Évidemment dans ce petit village il y a un pont qui donne son nom au village qui a été construit par la ville de Sienne en 1388, et reconstruit 1656 sous le prince Mattia de Médicis, Gouverneur de Sienne. Dire qu'il ne se passe rien à Ponte d'Arbia est exagéré car le 24 Août 1313, à moins d'un kilomètre du village, meurt Henri VII de Luxembourg, Empereur du Saint-Empire romain germanique. L'empereur, selon des sources historiques, aurait été empoisonné pendant la communion d'un moine du monastère Buonconvento, ville de passage demain.
Après douche et rituels d'usage je prend un temps non négligeable pour réserver les nuits suivantes. Les hébergements peu onéreux ou en donativo semblent bien pris d'assaut même en ce mois de septembre.
Cuisine digne des restaurants étoilés. Il est vingt heures, je retourne à mes réservations si l'on ne veut pas se retrouver avec des B&B à plus de trois cents euros la nuit. Non siamo americani noi !
Vu du pont d'Arbia