Bouleversante, chaotique, touchante, magique. Cette ile, ses habitants et leur histoire, nous ont touchés en plein cœur.
Mars 2018
13 jours
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"Où partir dans le monde en mars?". Notre voyage en couple au Sri Lanka s'est décidé après s'être posés cette simple question. Je souhaitais découvrir l'Asie et bénéficier de belles plages, Doudou avait la curiosité de s'aventurer dans une jungle tropicale et de s'immerger dans une autre culture. Quelques photos découvertes sur internet, renseignement pris sur le climat à cette saison qui semblait être idéal, nous voilà décidés à effectuer notre road trip au Sri Lanka.

Nous sommes arrivés à l'aéroport international de Colombo, capitale du Sri Lanka, à 4 heures du matin. En préparant notre itinéraire, nous avions en tête de prendre un bus local pour rejoindre directement Dambulla, situé à 4 heures de route. Une demi-heure avant d'atterrir, je soumets l'idée de prendre un taxi. Les quinze heures de trajet depuis Toulouse ont eu raison de ma motivation. Doudou accepte, je suis ravie et soulagée. Après s'être procurés une carte Sim locale avec forfait téléphonique et internet (10€ environ), nous sortons de l'aéroport. Il fait encore nuit, l'ambiance est déjà particulière. Les chants des oiseaux m'interpellent. Ce ne sont pas les chants que j'ai l'habitude d'entendre en France, ils me confirment que je suis dans un pays tropical. Associés à la chaleur et à l'humidité, l'immersion est déjà totale. Nous regardons sur l'application mobile Pickme les tarifs proposés pour le trajet que nous souhaitons effectuer afin de se faire une idée et de ne pas accepter un tarif trop cher des nombreux taxis situés devant l'aéroport. Un chauffeur nous interpelle. Nous entamons notre première négociation. Il nous propose au départ 14000 roupies. Bien-entendu c'est trop cher. Je lui indique que sur l'application ce ne sont pas les tarifs pratiqués et que nous n'allons donc pas prendre son taxi. Au final, il nous propose le trajet pour 6000 roupies, moins cher que sur l'application. Nous sommes satisfaits (et épuisés) alors nous le suivons. Son cousin, selon ses dires, nous rejoint. Avant de prendre la route, ils nous offrent un café dans un shop situé en face de l'aéroport et le cousin accompagne Doudou dans un tabac situé un peu plus loin à pied. Au départ, je ne suis pas très à l'aise, je me pose les questions habituelles de celui qui n'a justement pas l'habitude de voyager : nos bagages sont-ils en sécurité dans sa voiture, suis-je moi-même en sécurité seule avec le chauffeur? Le soleil commence à se lever, il y a déjà une telle effervescence dans la ville. Je finis par me détendre et je comprends alors que le reste du voyage devra toujours être basé sur la confiance pour pouvoir l'apprécier pleinement. Je n'aurai pas à la regretter.

Le chauffeur initial, qui devait être en fait un rabatteur, nous laisse finalement avec son cousin qui nous amène ensuite jusqu'à l'hôtel que nous avons réservé à Dambulla. Sur le trajet, je découvre des palmiers à perte de vue, une ile verdoyante, des buddhas à foison, des temples, des villes en pleine effervescence. Nous croisons des tuk-tuk, des bus, des scooters, des vélos. Le code de la route est bien différent du nôtre mais à sa façon, chacun est prudent. Je m'émerveille de ce que je découvre.

Sur le trajet, notre chauffeur fait une halte à un petit boui-boui situé en bord de route et nous propose de déguster nos premières noix de coco. La dame qui nous reçoit les prépare devant nous. Nous nous installons à une sorte de terrasse improvisée et nous dégustons notre première boisson locale entourés d'une dizaine de singes. Un moment simple mais magique.

En chemin
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Presque 4 heures de route plus tard, qui ne nous ont pas semblé très longues, nous arrivons à l'hôtel (guesthouse) à Dambulla. Etant donné que nous sommes arrivés plus tôt que prévu, notre chambre n'est pas encore prête. Le propriétaire nous invite à nous installer à la terrasse sur pilotis située à l'arrière de la maison. Nous nous émerveillons du lieu en sirotant une boisson encore non identifiée mais très appréciable.

Où loger à Dambulla : Lake holiday resort - 30€/nuit PDJ inclus. Situé en dehors de la ville, ce lieu est paisible et très propre. Ne pas hésiter malgré la localisation car vous trouverez toujours, absolument toujours, un moyen de locomotion peu onéreux pour vous déplacer.

L'hôtel et son environnement

Après 2 heures de sieste profonde, nous décidons de nous rendre aux grottes de Dambulla. Sachant que nous devons être couverts pour pénétrer dans ce lieu sacré, je glisse une étole et un pantalon dans notre sac à dos. En me voyant partir en short, le propriétaire semble inquiet. Je lui précise que nous avons tout le nécessaire mais il nous propose de nous enmener en ville pour acheter un sari et un sarong et nous déposer ensuite directement à l'entrée des grottes. Etant situées à 25 minutes à pied, nous acceptons volontiers. D'autant plus que j'avais à cœur d'avoir un sari dès mon arrivée au Sri Lanka. Une fois au magasin, doudou est accompagné au coin des hommes pendant que s'affairent déjà autour de moi quatre jeunes filles et une dame plus âgée. Chacune émet son avis sur la couleur qui m'irait le mieux et toutes prennent leur temps pour m'expliquer comment attacher mon sari. Leurs yeux pétillent et les miens aussi. Ce fut un moment d'échange très agréable.

L'arrivée aux grottes se fait sous une chaleur accablante et se dessinent devant nous de nombreuses marches. Nous prenons notre courage à deux mains, impatients de découvrir ce premier site culturel de notre périple. Nous croisons plus de locaux que de touristes, c'est une entrée en matière qui se fait dans une atmosphère calme et sereine. Une fois au sommet, nous devons laisser nos chaussures dans un casier pour quelques roupies (moins d'1€). Heureusement que nous étions au courant et j'avais prévu des chaussettes à enfiler : le sol est brûlant. Il y a de nombreux singes sur le site et une fois encore, cela ajoute du charme à la visite. La vue sur une partie de l'ile est magnifique, les temples blancs sont construits dans la roche brune. Sous un grand arbre planté dans la cour, des guirlandes de drapeaux bouddhistes sont accrochés. Nous pénétrons dans chacune des grottes et nous découvrons de nombreux buddhas : couchés, en position de méditation, peints aux plafonds. Des locaux sont en train de prier. J'y ressens toute la ferveur de leur croyance.

Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Tarif grottes de Dambulla : environ 8€.

Prévoir des chaussettes puisque les chaussures sont interdites et le sol peut être brûlant.

Ne pas oublier de se couvrir les épaules et les jambes avant de pénétrer sur le site.

Les grottes de Dambulla et le Golden temple

Une fois la visite terminée, nous nous baladons dans la ville. Nous flânons au hasard des rues. Cette ville n'a pas de charme particulier mais le fait d'être immergée dans cette circulation dense et devant les nombreuses échoppes où sont suspendus des paquets de chips suffit à m'évader. Nous songeons à rentrer à l'hôtel et nous avons déjà compris que nous n'aurons pas à attendre très longtemps avant qu'un chauffeur de tuk-tuk ne nous accoste. Nous négocions rapidement le tarif pour 150 roupies (environ 1€) et par la même occasion, nous organisons notre départ le lendemain matin pour Sigiriya. Le chauffeur nous propose de nous emmener à Sigiriya puis directement à Polonnaruwa que nous devrons rejoindre le soir. Nous refusons car nous avions prévu de tenter l'expérience du bus local pour nous y rendre. Nous convenons donc d'un aller-retour Dambulla/Sigiriya + balade aux alentours du rocher du Lion + pause repas pour 3000 roupies soit environ 17€ (depuis Sigiriya, il est obligatoire de repasser par Dambulla pour se rendre à Polonnaruwa. Nous prendrons donc ensuite le bus).

Tuk-Tuk
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Comme convenu, le chauffeur du tuk tuk vient nous récupérer à 6h30. Etant donné que nous partons tôt le matin, le propriétaire de l'hôtel a préparé notre petit-déjeuner à emporter. Il fait déjà jour et nous croisons de nombreux écoliers (en tenue traditionnelle blanche) attendre également leur chauffeur ou un bus pour se rendre à l'école. Le trajet dure une trentaine de minutes. Décidemment, j'aime beaucoup ce mode de transport. Il est impressionnant à priori mais je m'y sens bien. Une fois arrivés à l'entrée du site, le chauffeur nous indique qu'il nous attendra autant que nous le souhaitons et nous propose de garder nos sacs à dos le temps de la visite. Nous lui faisons confiance tout en nous assurant d'avoir nos passeports et notre argent sur nous, par sécurité. Il nous guide jusqu'aux guichets, nous traversons un préau entouré d'eau au son d'une musique indienne. Je suis sous le charme de cette entrée en matière. Nous traversons les jardins afin de nous rendre directement au pied du rocher et d'entamer l'ascension. Nous préférons d'abord monter au rocher afin d'éviter la foule qui commence déjà à arriver et nous prendrons le temps ensuite de nous balader dans les jardins et les ruines de la ville. Il fait très chaud et la montée des 1200 marches peut faire peur. Nous empruntons d'abord des escaliers en pierre, puis un escalier en colimaçon, dans le vide, et parfois des passerelles suspendues à la paroi. Toutefois, les deux paliers qui composent cette montée offrent des haltes reposantes : d'une part la galerie des Demoiselles où l'on peut observer des fresques datant du Vème siècle, ensuite la plateforme du lion. De cette statue gigantesque il ne reste aujourd'hui que les pattes qui entourent le dernier escalier qui mène au sommet du rocher. Il est beaucoup plus impressionnant que les autres car il est très à pic. Mais une fois arrivés au sommet, le spectacle est grandiose malgré la brume qui nous accompagne. Les ruines du palais sont magnifiques, chargées d'histoire, le paysage à couper le souffle. Le site est suffisamment grand pour pouvoir s'éloigner des autres touristes. Et nous verrons en redescendant que nous avons bien fait de venir à l'ouverture : ceux qui entament l'ascension sont à l'arrêt tandis que nous, nous descendons relativement tranquillement.

Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Tarif du Rocher du lion : environ 25€.

Déconseillé aux personnes souffrant du vertige.

Arrivée conseillée à l'ouverture du site (7h) pour éviter la foule et la chaleur. Prévoir de l'eau et des chaussures de marche.

Le rocher du Lion

Nous regagnons ensuite les jardins, vestiges de la ville qui entourait autrefois le rocher. Magnifiquement entretenus par les locaux, nous avons eu la chance que l'un d'entre eux nous montre tout son savoir-faire pour restaurer les vieilles pierres. Ce fut un échange très enrichissant. Nous avons adoré les jardins tout autant que le rocher. Ils sont grandioses. Nous y avons croisé nos premiers varans, nous avons fait une pause sur les berges du canal qui entourent les jardins… attention, crocodiles ! Tant par la richesse de son histoire que par sa biodiversité, ce site est superbe.

Les jardins

Une fois notre visite terminée, nous retrouvons le chauffeur du tuk-tuk à l'endroit qu'il nous avait indiqué. Il nous a attendus presque 5 heures et nous accueille avec le sourire. Il nous propose en suivant une balade dans les environs, par des chemins de traverse. Nous nous arrêtons quelques instants au bord d'un lac d'où nous apercevons au loin le rocher que nous venons de grimper. Nous croisons des locaux qui travaillent dans les rizières sous une chaleur accablante. Je lis la souffrance sur leur visage. Nous nous faisons discrets, presque gênés d'être en vacances. Nous croisons d'autres varans, des poules, des vaches en plein milieu de la route. Nous partageons avec notre chauffeur un délicieux repas et nous profitons de cette occasion pour comprendre son mode de vie. Il partage avec plaisir des photos de sa femme, de ses enfants. Ce jeune chauffeur nous a conquis par sa gentillesse et le respect de nos envies. Il nous ramène ensuite à Dambulla et nous dépose directement à l'arrêt de bus qui nous mènera à notre prochaine étape : Polonnaruwa.

Balade aux alentours de Sigiriya
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Le trajet en bus depuis Sigiriya dure environ 2 heures et coûte 2€ par personne. Une petite parenthèse sur ce mode de transport local s'impose : musique indienne en boucle et très forte, c'est dépaysant sur un trajet de 2 heures, plutôt décourageant sur un trajet de 6 heures… Nous vous conseillons de vous assoir à la dernière rangée du bus afin d'espérer avoir un petit peu plus de place. Lorsque le bus est plein, vous devrez déposer vos sacs à l'avant, dans un espace prévu à cet effet. Vous ne pourrez pas acheter de ticket à l'avance. Vous devez vous installer et un préposé aux tickets viendra à votre rencontre. Il y fait extrêmement chaud et la promiscuité n'arrange rien. Le chauffeur roule à une vitesse qu'on ne soupçonne pas possible au vu de l'ancienneté du bus. Quelques coups de frein brusques mais finalement le trajet s'est très bien passé. Ce n'est pas le plus confortable mais j'ai aimé pouvoir voyager avec les locaux même si je me sentais dévisagée. Les femmes me regardaient avec tendresse, les hommes avec davantage de jugement. J'avais bien-entendu adopté une tenue qui me paraissait raisonnable mais les regards peuvent être insistants. C'est une chose avec laquelle j'ai parfois eu du mal au cours du séjour, j'en reparlerai plus tard. Certains passagers nous ont proposé des bonbons, d'autres se levaient pour nous faire plus de place. C'est très gênant mais nous l'avons vécu lors de chacun de nos trajets en bus. Dernière précision, il n'y a pas d'arrêt de bus à proprement parlé ni d'indication lorsque vous êtes arrivés à destination. J'utilisais donc mon GPS sur le portable afin de m'assurer que nous descendions au bon endroit. Vous pouvez également demander aux passagers du bus. S'ils parlent anglais, ils se feront un plaisir de vous guider.

Bus local du Sri Lanka

Le bus nous dépose en plein centre ville en milieu d'après-midi, dans une rue passante et commerçante. Un homme s'approche de nous et nous propose de nous déposer où nous le souhaitons. Il me tend une carte avec ses coordonnées. Nous lui indiquons que nous préférons marcher car nous ne sommes qu'à 5 minutes à pied de notre hôtel. Il nous demande le nom de notre hôtel que nous lui indiquons sans méfiance. Tout à coup il s'énerve et me demande de façon agressive de lui rendre sa carte. Nous ne comprenons pas sa réaction. Nous saurons pourquoi le lendemain soir en arrivant sur Kandy, suite au prochain épisode… La ville n'est pas franchement agréable : poussiéreuse et bruyante, nous sommes ravis de constater que l'hôtel que nous avions réservé la veille est situé au bout d'une longue impasse, à l'écart du bruit mais à la fois proche du site des temples de Polonnaruwa. Il fait toujours très chaud lorsque nous arrivons et nous sommes formidablement accueillis par le propriétaire de l'hôtel qui nous offre un verre en terrasse et prend le temps de discuter avec nous : de son pays, de la France, de la ville. Le cadre est très appréciable. Nous sommes entourés de rizières et le jardin est très fleuri. Il y a des écureuils, des mangoustes. Ce lieu est apaisant et je ne regrette absolument pas notre choix. Nous prenons le temps de savourer cette pause puis nous rejoignons notre chambre située en rez-de-chaussée avec terrasse privative, vue sur les rizières.

Où loger à Polonnaruwa : Hôtel Ancient village - 34€ PDJ compris (fabuleux). Location de vélos 2€ pour la journée.

Hôtel très propre et possibilité de restauration. Cadre très agréable.

L'hôtel et son environnement

En fin de journée, nous partons faire une balade vers le lac de Polonnaruwa, sur les conseils du propriétaire de l'hôtel. Ce lac est surnommé "le petit océan". En le découvrant, cela prend tout son sens : il est immense et nous n'en apercevons pas la limite, ni d'un côté ni de l'autre. Nous le longeons sur quelques kilomètres, le soleil se couche et nous entendons les prières dictées dans les hauts parleurs de la ville. Ces prières ont une connotation arabe et nous nous demandons si elles sont donc musulmanes ou bouddhistes (le pays comptant ces deux religions). Nous aurons la confirmation plus tard qu'il s'agit systématiquement de prières bouddhistes. Nous les entendrons dans chaque ville que nous traverserons, à différentes heures de la journée. J'ai trouvé ces moments magiques. La confirmation d'être ailleurs.

Balade autour du lac

A la tombée de la nuit, nous regagnons l'hôtel pour prendre notre repas en terrasse. Un seul autre couple est en train de dîner, comme la veille à Dambulla. Les lieux que nous choisissons nous permettent d'apprécier pleinement ces moments de calme.

Repas à l'hôtel - environ 3€ par personne avec une boisson

Le lendemain matin, nous savourons un copieux petit-déjeuner en terrasse. Il fait un temps magnifique et nous déjeunons à nouveau en compagnie des écureuils, friands des omelettes. Il fait déjà chaud, comme à chacune de nos étapes dans cette partie du pays. Nous demandons au propriétaire de l'hôtel de louer un vélo chacun pour se rendre sur le site des temples de Polonnaruwa, pour lesquels il faut compter au moins plusieurs heures de visite. Il nous indique le chemin à prendre et nous propose de garder nos sacs à l'hôtel même si nous devons rendre la chambre le matin. En partant, nous nous arrêtons acheter quelques fruits frais au marché situé juste à côté afin de compléter le pique-nique que nous avons prévu pour pouvoir profiter pleinement du site.

Nous traversons la ville en vélo pour nous rendre d'abord au guichet situé à côté du lac et à 1 km du site. Attention, il n'est pas possible de se procurer le ticket d'entrée directement au site. Il y a beaucoup de vélos mais aussi beaucoup de voitures et de bus et aucune piste cyclable. Le bord de la route est en travaux. Ce n'est pas très loin mais il faut être prudent. Nous conseillons d'effectuer la visite en vélo car le site est immense et une fois encore, cette promenade au milieu des temples et des ruines dans une végétation dense est un moment plein de charme. Si votre hôtel n'en propose pas à la location, pas d'inquiétude, vous trouverez de nombreux magasins dédiés à cet effet dans la ville. Dès l'entrée dans les lieux, nous tombons sous le charme de ce site. Des arbres aux racines imposantes, des temples, des ruines, des singes, des vaches… et des serpents. Ce lieu est selon nous une étape incontournable, l'un de nos coups de cœur de notre voyage au Sri Lanka. Le site est divisé en plusieurs zones qui regroupent chacune différents temples à l'architecture impressionnante. Vous pouvez poser votre vélo où vous le souhaitez et visiter les sites qui vous plaisent.

Après cette journée fabuleuse, nous regagnons l'hôtel afin de récupérer nos sacs à dos et de rendre les vélos que nous avions loués. Après un dernier verre en terrasse pour se rafraichir, nous partons prendre le bus local qui doit nous amener jusqu'à Kandy. Nous repérons le pseudo arrêt de bus indiqué par le propriétaire de l'hôtel et nous attendons une heure au bord de la route, dans la rue principale de la ville. Nous croisons quelques hommes qui portent un bandana cachant tout le bas de leur visage. C'est étrange, nous ne l'avions pas remarque jusqu'à présent. Lorsque nous repérons enfin le bus qui mène à Kandy, nous faisons signe au chauffeur de s'arrêter. Mais en fait, il ne s'arrête pas vraiment. Il ralentit, nous dépêche de monter tout en continuant de rouler. Nous étions prévenus, c'est de coutume au Sri Lanka. Nous nous hissons dans le bus mais il n'y a plus aucune place assise de disponible. Nous sommes nombreux à être debout. En montant à la va-vite, je fais tomber ma bouteille d'eau et c'est un moine, assis derrière le chauffeur puisque ces places leur sont strictement réservées, qui me la ramasse. Nous devons déposer nos sacs à dos dans l'espace prévu à côté du chauffeur. Je m'agrippe tant bien que mal, ça secoue beaucoup et j'entends certaines personnes rigoler. Alors je ris avec eux. Je me dis tout de même que passer plus de 3 heures dans ces conditions risque d'être chaotique. Le bus se remplit de plus en plus, je ne sais plus où m'accrocher. Heureusement que Doudou est là pour me soutenir ! Finalement, environ trente minutes plus tard, le préposé aux tickets nous fait signe de le suivre jusqu'au fond du bus. Le passage est étroit puisque tout le couloir est occupé par d'autres passagers qui se tiennent également debout. Arrivés tant bien que mal au fond du bus, nous constatons que des personnes se sont encore une fois levées spécialement pour nous céder leur place. Nous insistons pour rester debout mais il semble que cela les vexe alors nous prenons nos sièges, au bord d'une fenêtre grande ouverte. Enfin, je respire ! Je me rends compte que je n'ai pas mon portable avec moi puisqu'il est resté dans le sac à dos à l'avant du bus. Tant pis, le terminus est Kandy, aucun risque de se tromper d'arrêt. Le trajet est relativement long car le bus fait de nombreux arrêts, certes très furtifs, mais nous ne sommes pas trop mal installés et cela nous permet de découvrir de nouveaux paysages. Décidemment, les palmiers sont légion au Sri Lanka ! Où que l'on passe, j'ai l'impression d'être dans la jungle. De nombreuses habitations très sommaires bordent l'ensemble des routes. Nous traversons plusieurs villes, toutes aussi chaotiques et pleines d'effervescence les unes que les autres. Nous arrivons à Kandy avec la nuit. Le bus nous dépose près de la gare centrale. Nous ressentons immédiatement une atmosphère pesante, les chauffeurs de tuk-tuk s'empressent autour de nous. Je ne me sens pas à l'aise et je demande à Doudou de trouver rapidement un chauffeur pour nous mener à l'hôtel situé sur les hauteurs de la ville. Nous avons un mauvais sentiment mais nous tentons de nous raisonner en supposant que c'est le fait d'arriver de nuit qui nous déstabilise. Nous montons dans l'un des premiers tuk-tuk qui nous accoste et je récupère mon portable dans le sac à dos. Je constate alors que ma mère nous a envoyé un message inquiétant. Il semblerait qu'il y ait des émeutes qui éclatent au Sri Lanka. L'ambassade nous a également envoyé un mail qui le confirme (nous nous étions enregistrés sur ARIANE avant de partir) : "Des incidents intercommunautaires violents se sont produits dans la région de Kandy. Les autorités ont déclaré l'état d'urgence et instauré un couvre-feu. Tenez-vous à l'écart des rassemblements, respectez les consignes et évitez de vous rendre dans cette zone". Bon là je l'avoue, je ne me sens pas très bien. Nous sommes justement à Kandy. Nous avions effectivement croisé l'armée à plusieurs reprises lors du trajet en bus mais sans y prêter nécessairement attention. Nous savions que la pays avait été en guerre civile pendant plus de 30 ans mais depuis qu'elle était terminée, 10 ans plus tôt, aucun incident n'avait eu lieu. Arrivés à l'hôtel, nous en parlons immédiatement avec le gérant de l'hôtel qui nous confirme les évènements récents. Il nous explique que cela fait trois jours (soit exactement depuis notre arrivée) qu'il y a des tensions entre les tamouls et les cinghalais et que des violences ont eu lieu dans les journée. Nous comprenons alors la réaction de l'homme qui nous avait accosté la veille à Polonnaruwa. Nous savons que le propriétaire de notre hôtel était tamoul, le chauffeur lui devait être cinghalais. Nous vivrons la situation inverse quelques jours plus tard pour les mêmes raisons. Nous entendons l'annonce du couvre feu à plusieurs reprises dans les hauts-parleurs de la ville, de nombreuses sirènes retentissent. La situation est impressionnante mais le gérant nous indique qu'à Kandy même nous sommes en sécurité car l'armée y est très présente. J'appelle donc ma mère et ma sœur pour les rassurer. Ma mère m'indique qu'elle a contacté l'ambassade dès qu'elle a vu l'information sur le site du gouvernement (je confirme, elle n'était pas tranquille que nous partions dans ce pays et surveillait de près l'information). Elle l'a donc su avant tout le monde étant donné que l'information n'est passée dans les journaux télévisés en France que trois jours après le début des émeutes. Nous échangeons quelques mots car nous n'avons presque plus de forfait, je les rassure sur notre situation et je promets que je les tiendrai au courant de notre itinéraire. Le gérant de l'hôtel nous prête gentiment le téléphone pour contacter à notre tour l'ambassade qui nous conseille de rester prudents et de tenir informées nos familles respectives. Nous allons enfin nous coucher, nous improviserons demain la suite de notre séjour. Depuis que nous préparions notre voyage au Sri Lanka, je rêvais de découvrir Kandy, son marché, son temple de la dent, son lac. Je me dis que puisque nous sommes en sécurité ici, rien ne nous empêchera de savourer notre visite le lendemain.

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A notre réveil, j'ai encore du mal à réaliser la situation. Tout semble calme, nous sommes sur les hauteurs de la ville et dans ce secteur, rien à signaler. Nous prenons notre petit-déjeuner en terrasse et je convaincs Doudou de se rendre au jardin botanique situé à l'extérieur de Kandy. Il ne souhaite pas aller en ville pour le moment, surtout pas au temple de la dent qui représente le bouddhisme par excellence (une relique de la dent de Bouddha y étant consignée) et qui pourrait faire l'objet d'une attaque au vu de la situation. Je me dis que j'ai toute la matinée pour l'en persuader. Inconsciente ou trop passionnée, je ne semble pas réaliser la gravité de la situation. Le gérant de l'hôtel nous propose les services d'un chauffeur de tuk-tuk pour nous accompagner jusqu'au jardin botanique, situé à une vingtaine de minutes de l'hôtel, et si on le souhaite, nous ramener ensuite à Kandy pour visiter la ville (pour 600 roupies soit environ 3€). Nous avons réservé une seule nuit d'hôtel (au lieu de deux initialement prévues) car nous avons décidé de nous éloigner ensuite de Kandy compte-tenu de la situation. Un peu par hasard, cherchant le calme à tout prix, nous avons choisi la ville de Nawalapitiya, bénéficiant d'une offre exceptionnelle sur une superbe lodge (l'un des avantages de cette situation si nous devons en trouver un). Nous prenons donc nos sacs à dos et nous réglons la chambre. En chemin, le chauffeur nous dépose à un magasin pour acheter une recharge pour le téléphone. Nous traversons la ville de Kandy pour rejoindre le jardin botanique et j'espère pouvoir y revenir dans l'après-midi.

Où loger à Kandy : Romance hills hotel - 56€ PDJ inclus. Hormis la vue depuis la terrasse qui est magnifique, nous n'avons pas été convaincus par cet hôtel, pourtant le plus cher de notre séjour. La salle de bains était très humide et nous n'avons pas trouvé le lieu très propre dans son ensemble.

Vue depuis la terrasse de l'hôtel et petit-déjeuner typique

Nous arrivons au jardin botanique toujours avec la chaleur mais sous un ciel plus chargé. Le chauffeur nous attendra le temps de notre visite et se propose de garder nos sacs à dos. Le lieu est très calme, il n'y a pratiquement personne. Nous comprenons que c'est dû à la situation. Nous découvrons de nombreuses fleurs, un arbre immense en plein milieu d'un grand espace, des jacquiers, des palmiers royaux, une jungle reconstituée, des chauves-souris par centaine suspendues aux arbres, différentes espèces d'oiseux, des bambous géants. La diversité est ici incroyable. Cette visite est l'occasion d'une balade très agréable. Nous prenons notre temps pour découvrir tous les recoins que le jardin a à nous offrir. C'est un moment de sérénité dont nous avions bien besoin.

Tarif du jardin botanique : environ 8€. Ouvert tous les jours de 8h00 à 17h30.

Le jardin botanique royal

A la sortie du jardin, c'est une toute autre ambiance qui nous attend. L'avenue est complètement embouteillée, l'armée est présente un peu partout. Nous rejoignons le chauffeur garé juste en face et je m'apprête à lui demander de nous déposer au lac de Kandy. Il ne m'en laisse pas le temps puisque dès qu'il nous aperçoit il nous indique de monter rapidement et nous dit que nous devons évacuer la ville car de violentes émeutes sont en train de s'y produire. Il nous explique que les universités ont été fermées en urgence, que tout le monde doit partir. En passant justement devant l'université, nous constatons que le campus est désert, la plupart des commerces ont fermé, c'est la panique dans la ville. Je me colle à Doudou, ne me sentant pas vraiment en sécurité dans un tuk-tuk. Nous croisons à nouveau des hommes avec un bandana sur le bas du visage, comme lorsque nous attendions le bus à Polonnaruwa. Le chauffeur nous explique que c'est un signal qui signifie "je suis prêt à me battre". Le pression monte d'un cran. Il nous indique que lui se sent en sécurité avec des touristes car nous ne sommes pas leur cible… Nous osons lui demander les motifs de ce conflit. Un moine bouddhiste aurait été lynché à mort par une foule de tamouls quelques jours plus tôt. Cet affront a été très mal vécu par les cinghalais qui se révoltent alors contre les tamouls. Il y a trente ans, la guerre civile opposait également ces deux populations qui se reprochaient mutuellement d'avoir été envahies par l'autre. Nous apprendrons le soir même qu'en fait, ce lynchage aurait été pris comme prétexte par les cinghalais (appartenant à un groupe extrême) qui préparaient ces attentats depuis des mois notamment grâce aux réseaux sociaux. Ce qui explique que dans la journée, je n'arrivais plus à passer aucun appel ni téléphonique, ni par aucun des réseaux sociaux. Quelques heures plus tard, je reçois un sms du gouvernement en anglais "Sur les directives du gouvernement, dans l'intérêt de garantir la sécurité nationale, l'accès à tous les sites sociaux est interrompu avec effet immédiat et jusqu'à nouvel ordre". Cette interdiction et l'état d'urgence ont pris fin la veille de notre départ, soit 10 jours plus tard. Depuis, nous suivons de près l'actualité du pays, et plus aucun incident n'a eu lieu. Je me dis que nous devions le vivre… quelle expérience!

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Après une heure et demi de route, non sans stress, nous arrivons à notre hôtel à Nawalapitiya, étape qui n'était absolument pas prévue dans notre parcours. Nous y resterons finalement 3 nuits, un vrai coup de cœur ! Ce lieu n'est indiqué dans aucun des guides que nous avons pu lire, sur aucun blog et pourtant c'est une merveille. Au cœur des plantations de thé dans les montagnes, dans un cadre absolument magnifique, nous avons pu retrouver ici un sentiment de sérénité et nous reposer tout en découvrant des coins superbes. L'hôtel que nous avons choisi est situé sur les hauteurs, à quelques kilomètres de la ville. Nous y rencontrons une touriste française voyageant avec ses 4 enfants, âgés de 3 à 8 ans. Elle nous raconte qu'elle arrive elle aussi de Kandy qu'elle a dû fuir en taxi. Ils ont vu des logements en feu, se sont retrouvés entourés d'hommes à moto, avec le visage caché par des bandanas et armés de kalachnikov. On entend dans son discours toute son angoisse, elle est encore tremblante. Je suis très touchée par son histoire, je la trouve extrêmement courageuse de voyager ainsi avec ses enfants en bas âge. D'ailleurs, le garçon âgé de 8 ans semble être bouleversé par cette situation. Il nous en parle plusieurs fois et nous demande ce qu'il faut faire si l'hôtel prend feu. Entendre d'autres personnes parler de ces évènements me fait réaliser à quel point la situation est critique et je nous félicite d'avoir choisi cet hôtel perdu au milieu de nulle part où il semble que rien ne peut arriver. Il est composé de quelques bungalows individuels en pierre et d'un petit restaurant extérieur, surplombant les plantations de thé. Notre logement est superbe, notre terrasse est entourée de ces mêmes plantations de thé. Nous décidons de rester à l'hôtel pour le reste de la journée et nous en profitons pour laver à la main un peu de linge. Nous savourons ce décors de rêve à la terrasse de notre bungalow. Nous mangeons le soir au restaurant de l'hôtel. Une fois notre commande passée, nous entendons le chef s'affairer en cuisine, située juste au fond de la terrasse. Nous entendons la friture, nous sentons les odeurs de nos plats en préparation. Le service est exceptionnel. Simple, à la fois en retrait et à l'écoute, le gérant de l'hôtel est extrêmement professionnel et d'une gentillesse qui nous aura marqués.

Où loger à Nawalapitiya : The tea cottage resort & Spa - 32€/nuit PDJ inclus (prix à confirmer car il nous semble que nous avons bénéficié d'une offre).

La restauration proposée est diverse et exquise : nos meilleurs repas au Sri Lanka et peut-être les moins onéreux !

Pas d'alcool sur place mais un chauffeur de tuk-tuk, travaillant exclusivement pour l'hôtel, peut aller en chercher en ville.

Le tarif pour une nuit comprend également une visite à la plantation et fabrique de thé située à quelques minutes à pied de l'hôtel.

L'hôtel et son environnement

Après une bonne nuit de sommeil, nous allons prendre notre petit-déjeuner en terrasse. A chacun de nos petits-déjeuners depuis notre arrivée au Sri Lanka, nous retrouvons toujours les mêmes fruits (mangue, banane, ananas, pastèque), une omelette, de la sauce au curry, du pain brioché. Nous nous régalons. Je ne me lasse pas de la vue incroyable que nous avons et nous prenons ainsi tout notre temps. Nous demandons au gérant de l'hôtel s'il est possible d'organiser une excursion à l'Adam's Peak dans la nuit qui suit car nous souhaitons monter les 5200 marches pour assister au coucher de soleil depuis le sommet. Il nous indique que compte-tenu de la situation il n'est pas certain que cela soit possible et il promet de se renseigner.

Un savoureux petit-déjeuner

Sur les conseils du gérant, nous décidons de nous rendre à une cascade à laquelle on pourra se baigner et située à 45 minutes à pied de l'hôtel. Il nous indique le chemin et après plus d'une heure de marche sous un soleil de plomb, nous réalisons que nous avons pris la direction opposée. Nous poursuivons tout de même notre balade, persuadés que nous trouverons une autre cascade étant donné que nous suivons un cours d'eau. Le chemin que nous empruntons est magnifique, avec toujours des plantations de thé à perte de vue, de grands arbres, des singes, des cocotiers. Nous finissons par arriver à un village très reculé dans lequel les habitations sont très sommaires. Les habitants nous regardent avec beaucoup de curiosité, certainement peu habitués à voir des touristes dans ce secteur. Ils sortent dans la rue et nous sourient, ils se postent aux fenêtres des étages et nous saluent de la main. Un monsieur est en train de coudre sur une machine à pédale, dans la rue. Quelle authenticité ! Nous dépassons ce petit village et là nous découvrons une fabuleuse cascade après 2h30 de marche en montée. Toutefois, il ne semble pas possible de s'y baigner. On ose à peine s'aventurer dans le chemin qui y mène. 5 jeunes habitants du village viennent à nous. Deux d'entre eux parlent un petit peu anglais et nous leur expliquons notre mésaventure. Ils nous accompagnent tous jusqu'à la cascade et nous indiquent les lieux sûrs où nous pouvons nous baigner et où l'eau est propre. Je n'ose pas me mettre en maillot alors je trempe juste les pieds et nous nous asseyons pour discuter tous ensemble. Ils nous expliquent qu'à cause du couvre-feu, ils ne sont pas autorisés à sortir du village. Ils nous posent de nombreuses questions quand on leur indique que nous arrivons de Kandy, curieux mais surtout soucieux de connaitre la situation dans leur pays. Ils nous demandent si nous sommes mariés et si c'est un mariage arrangé. Ils me demandent également s'ils peuvent se prendre en photo avec moi. Cela m'est arrivé souvent au Sri Lanka, avec tous les hommes avec qui nous avons échangé. Doudou est aussi invité à venir sur les photos mais c'est à peine s'ils lui laissent de la place dans le cadre. Cela nous fait sourire. Brusquement, ils nous indiquent qu'ils doivent partir. Nous trouvons ce changement d'attitude curieux, peut-être est-ce la situation ? Nous ne le saurons pas car nous préférons ne pas poser de question à ce sujet. Il est temps pour nous de rentrer également. Il fait extrêmement chaud et j'ai les pieds qui me fond mal car je ne suis qu'en claquettes, n'ayant pas prévu cette randonnée. Nous n'avons plus d'eau. Nous marchons pendant une demi-heure puis on s'arrête en bord de route pour faire une pause. Doudou prend l'initiative de faire signe à un camion de s'arrêter. Il lui demande s'il peut nous rapprocher de notre hôtel. Le chauffeur échange quelques mots avec le passager qui l'accompagne et ils nous font signe de grimper. Je suis ravie ! Nous ôtons nos chaussures et nous nous installons au milieu du camion, sur des sièges improvisés. Ils nous expliquent qu'ils se rendent à Kandy pour leur travail. J'ai du mal à imaginer qu'il soit possible de conduire un tel véhicule dans des routes sinueuses comme celles que nous traversons. C'est un vrai travail d'équipe, le passager guide le chauffeur dès qu'il y a un virage. J'avais remarqué que dans chaque véhicule que nous avons emprunté était suspendue une grappe de raisin, comme dans leur camion. Je leur en demande la signification et ils m'expliquent que c'est pour la "baraka". Arrivés au chemin qui mène à notre hôtel, nous leur demandons de nous déposer. A leur tour, ils me demandent s'ils peuvent faire une photo avec moi. Heureusement que Doudou n'est pas jaloux ! Nous les remercions chaleureusement pour leur gentillesse et nous regagnons notre hôtel, finalement ravis de s'être trompés de chemin. Nous avons passé une journée agréable, authentique et pleine d'échanges. En revanche, nous avons chacun un coup de soleil qui nous fait atrocement mal. Le soleil est très fort au Sri Lanka et nous ne nous sommes pas protégés une seule fois depuis notre arrivée. Chaque jour, je commençais à rougir énormément et cette journée en plein soleil a fini par aggraver la situation. La touriste française que nous avions rencontrée la veille me prête de la crème de coco qu'elle avait achetée en Thaïlande et qui me soulage immédiatement. Doudou ne veut pas en mettre, il le regrettera plus tard. Lors de notre repas le soir, le gérant nous explique qu'il est possible de faire l'Adam's peak mais que ce n'est pas très conseillé. Nous préférons alors y renoncer, avec beaucoup de regrets. Nous nous consolons en nous disant que de toute façon nous avons déjà bien marché. De plus, Doudou commence à avoir mal à la gorge et il est enrhumé. Nous avions emporté des médicaments contre la tourista, les maux de tête, les infections urinaires, des pansements, mais nous n'avions pas pensé au rhume dans un pays où il fait si chaud ! La faute à la climatisation dans les taxis, à vadrouiller en tuk-tuk à l'air libre et à l'insolation ! Le gérant nous propose de visiter la fabrique de thé le lendemain matin. Cette visite est offerte, c'est une belle occasion de mieux comprendre le travail d'une grande partie des habitants de cette région. Nous lui demandons également s'il est possible d'aller en ville ensuite car nous avons quelques achats à effectuer (recharge téléphone, crème contre les coups de soleil, fruits) et nous souhaiterions nous procurer des billets de train pour nous rendre à notre prochaine étape Ella, et ainsi effectuer parait-il, l'un des pus beaux trajets en train du monde. Il nous indique que ça risque d'être très compliqué d'en avoir car normalement il faut réserver à l'avance (nous l'ignorions malgré nos recherches). Je suis déçue mais je reste persuadée que nous trouverons une solution. Il nous confirme que le chauffeur de tuk-tuk de l'hôtel nous accompagnera dans la ville le lendemain et nous aidera à effectuer l'ensemble de nos achats. Décidemment, il n'est jamais compliqué de s'organiser au Sri Lanka.

Dans les environs de Nawalapitiya

Le lendemain matin, comme prévu, nous partons visiter la fabrique de thé, située à quelques minutes à pied de l'hôtel. Je commence moi aussi à être enrhumée et j'ai très mal à la tête. Merci Doudou ! Quand on aime on partage tout ! Je prends du paracétamol car je ne veux pas gâcher cette dernière journée à Nawalapitiya. Nous passons par des sentiers de terre et nous croisons des cueilleuses de thé. Un chien nous accompagne sur tout le trajet. Une fois arrivés à la fabrique, le fils du propriétaire nous accueille. Nous serons seuls pour la visite. Nous pénétrons dans chaque salle de travail où s'affairent de nombreux employés, majoritairement des femmes, et il nous explique les différentes étapes de production. Du ramassage à la mise en sachet, en passant par le séchage. Il y a une très forte odeur de thé bien évidemment et une sensation de moiteur. Pour finir la visite, il nous accompagne à un atelier de dégustation. Il nous enseigne la meilleure façon de boire du thé pour en extraire toutes les saveurs. C'est délicieux et c'est avec plaisir que nous achetons quelques paquets pour en offrir à notre entourage à notre retour en France: du thé noir et du thé blanc (qui sèche exclusivement au soleil).

Fabrique et plantations de thé

Nous retournons ensuite à l'hôtel pour le repas du midi, encore une fois succulent, puis le chauffeur de tuk-tuk nous accompagne comme prévu dans la ville. En chemin, il nous explique qu'il habite de l'autre côté de la montagne. Nous constatons que le bord des routes n'est pas très propre. Malheureusement, c'est un constat récurrent au Sri Lanka. Les habitants ne semblent pas être sensibilisés à la protection de leur environnement. Cette ville est comme toutes celles que nous avons pu traverser : chaotique, avec une circulation dense et tout autant de monde. J'aime beaucoup l'ambiance des villes au Sri Lanka : devoir courir pour traverser la route, essayer de se faufiler un passage sur les trottoirs, entendre klaxonner à tout va, les marchés de rue, les grandes affiches publicitaires. Alors oui, c'est bel et bien chaotique mais c'est selon moi une immersion totale, à l'opposé des sites touristiques. Le chauffeur nous demande ce dont nous avons besoin et nous accompagne à chaque magasin. Pour terminer, nous nous rendons à la gare en espérant trouver des billets pour le lendemain. C'est le chauffeur qui parle avec le guichetier. Ils échangent un long moment et avec un grand sourire le chauffeur nous annonce qu'il a réussi à nous avoir 2 places pour le lendemain à 11h00. Quel soulagement ! Sur le chemin du retour, il nous propose de nous arrêter à un temple hindouiste qui se situe au centre de la ville. Nous acceptons volontiers étant donné que nous n'en avons pas encore visité. Ils sont très différents des temples bouddhistes : beaucoup plus colorés et avec de nombreuses divinités (l'une pour la prospérité, l'autre pour le travail, une autre encore pour la famille,...). Je suis ravie d'avoir pu pénétrer dans ce lieu sacré et qu'on nous en ait expliqué les grandes lignes, ce qui me permet de mieux comprendre la différence entre ces deux principales religions du pays.

Tarif du billet de train Nawalapitiya / Ella - 2000 roupies soit environ 10€ en 1ère classe. Nous aurions préféré être avec les locaux mais il s'agissait des dernières places disponibles. Si vous le pouvez, réservez à l'avance. Le billet sera moins cher et l'immersion totale.

La ville de Nawalapitiya

Lorsque nous regagnons l'hôtel, nous décidons d'aller marcher à nouveau vers la fabrique de thé pour emprunter un sentier que nous avions repéré. Nous flânons au milieu des plantations de thé et nous grimpons jusqu'au sommet de la montagne. Nous y apercevons un sorte de hameau composé de quelques habitations en tôle. Une dame âgée nous salue depuis sa maison avec un grand sourire. Il y a beaucoup de vent et le ciel s'assombrit nettement. Nous craignons qu'il pleuve dans les jours à venir. Nous restons un moment assis à contempler la vue qui s'offre à nous et le sentiment d'être sur le toit du monde. Je suis nostalgique de devoir quitter cet endroit le lendemain. J'y ai ressenti quelque chose de très positif mais aussi beaucoup de tristesse face aux conditions de vie et de travail des habitants. Nous nous sommes souvent interrogés au cours de notre séjour sur le sentiment qui pouvait les habiter. Sont-ils heureux de mener une vie aussi dure mais simple ? Sommes-nous plus heureux en France avec tout le confort nécessaire mais aussi une pression permanente ? Ce sentiment quand on voyage me touche particulièrement. Je me laisse aller à m'interroger sur mon choix de vie et à chaque paysage que je contemple, un sentiment de béatitude m'envahit. Le voyage, c'est très personnel. On peut le partager mais ce qu'il nous inspire est propre à chacun. Il n'y a pas de mots. Nous prenons notre dernier repas à l'hôtel et nous partons préparer nos affaires pour le lendemain. Le train est prévu à 11h00 mais le gérant nous a expliqué qu'il était plus prudent de s'y rendre à l'avance, sait-on jamais…

7

A notre réveil, le ciel est toujours très chargé, et j'ai très mal à la gorge. Je décide donc de commencer les antibiotiques que nous avions emporté, doudou aussi. Nous faisons nos aurevoirs émus au gérant de l'hôtel. Il nous offre une carte postale et un porte-clé chacun et je retiens difficilement mes larmes. Il le remarque et semble être très touché aussi. Arrivés à la gare avec le chauffeur de tuk-tuk de l'hôtel, nous nous faisons confirmer le quai de départ. Non sans mal, car nous avons eu plusieurs informations contradictoires. La gare est très simple, fleurie et certains coins sont laissés à l'abandon, même un wagon entier. Le train arrive et nous regagnons nos places. Quelques minutes après le départ, il se met finalement à pleuvoir. Nous n'aurons donc pas les paysages spectaculaires promis par ce voyage en train mais cela reste très beau. La brume qui s'élève donne un côté mystique au voyage. Nous passons les 4 heures à contempler les rizières, les cascades, les plantations de thé, les habitations en bord de voie ferrée. Nous mangeons le repas préparé par l'hôtel et nous arrivons à Ella sous une trombe d'eau. C'est la première fois qu'il pleut depuis notre arrivée et c'est impressionnant. En quelques secondes, nous sommes trempés ! La gare d'Ella est très jolie, également très fleurie, comme toutes les gares que nous avons traversées.

Trajet en train

Nous attendons quelques minutes sur le quai, à l'abri d'un préau, espérant que la pluie cesse. Mais c'est peine perdue alors nous sortons pour trouver un chauffeur de tuk-tuk qui puisse nous amener à l'hôtel réservé la veille. Un chauffeur s'approche effectivement de nous, il nous demande le nom de notre hôtel (Ayubo resort) et nous comprenons qu'il parle à un collègue à lui en disant "bouddhiste", Ayubowan voulant dire bonjour en cinghalais, et refuse de nous déposer. La même situation que lors de notre arrivée à Polonnaruwa. Décidemment, ce conflit ne nous aura pas permis d'apprécier pleinement la gentillesse légendaire des Sri Lankais. Découragés et mal à l'aise dans cette région majoritairement tamoul, nous décidons de nous rendre à l'hôtel à pied malgré la pluie qui ne cesse de tomber. Nous croisons d'ailleurs des cueilleuses de thé qui se retrouvent obligées d'arrêter de travailler. Après 20 minutes de marche, nous découvrons notre hôtel, en retrait de la route. Il y a une petite cabane à l'entrée et des escaliers qui mènent en contrebas à un bâtiment. Nous frappons à la porte de la cabane et le propriétaire de l'hôtel nous accueille avec un grand sourire. Nous empruntons les escaliers et nous arrivons à notre chambre qui est en fait la seule de cet hôtel. La seconde étant toujours en construction. Lorsqu'il ouvre la porte de la chambre, je suis subjuguée. Il y a une grande baie vitrée qui donne sur une grande terrasse avec vue sur des rizières en terrasse, des plantations de thé et une immense stupa sur les hauteurs. Le cadre est absolument magique ! La chambre est très grande, en pierres rouges, et la salle de bains, en pierre grise, comporte tout un espace vitré qui donne également sur la même vue spectaculaire ! Le propriétaire habite dans la petite cabane à l'entrée, sûrement pas plus de 15m², et nous, nous avons une chambre extraordinaire. Nous nous en ferons plusieurs fois la réflexion au cours des deux nuits que nous passerons à cet endroit.

Où loger à Ella : Ayubo boutique resort - 33€/nuit PDJ inclus.

La chambre est superbe, la localisation idéale si vous préférez la tranquillité (à 20 minutes à pied du centre). Possibilité de restauration sur place.

L'hôtel et son environnement

La pluie ayant cessé de tomber, nous décidons d'aller découvrir les environs et de rejoindre le centre ville en passant par des chemins de traverse. Nous rencontrons des locaux qui nous indiquent le chemin à prendre. Nous passons par des jardins qui semblent privés et des cultures et en marchant je vois un serpent se faufiler dans un trou. Drôle de sensation ! Les environs sont très beaux et très natures. En revanche, nous sommes déçus par la ville. Il y a de nombreux bars à touristes, de nombreux commerces, aucun charme selon nous. On se croirait dans une station balnéaire en France, côté atlantique. Cette ville semble être faite pour les jeunes fêtards. Et ce n'est pas l'ambiance que nous recherchons. Nous rentrons ensuite à l'hôtel, la pluie n'a rien arrangé à mon rhume. Je continue les antibiotiques.

Les environs d'Ella

Le soir, nous dégustons un délicieux repas préparé par le jeune propriétaire de l'hôtel. Etant donné que nous occupons l'unique chambre, nous sommes seuls à dîner, à la lueur d'une bougie. Il reste avec nous tout le long de notre repas, nous pose des questions sur la France, nos métiers. Il nous raconte à son tour quelques-unes de ses expériences de vie. Il nous explique que le soir, afin d'éviter aux serpents de pénétrer dans sa cabane, il asperge de l'essence tout autour. Il nous explique également que les moustiques tigres porteurs de la dengue ne piquent que le matin aux alentours de 11h00. Cette conversation est très enrichissante car depuis le couvre-feu et les émeutes, nous nous sentons moins libres dans nos échanges, par peur de commettre un impair. Nous regagnons ensuite notre chambre et nous nous prélassons un long moment sur la terrasse, accompagnés de quelques chauves-souris. La nuit, l'environnement prend une toute autre dimension : mystérieux, presque effrayant.

Le lendemain matin, nous nous levons sous la grisaille mais sans pluie. Nous remarquons que des hommes sont en train de labourer les rizières qui se trouvent en bas de notre chambre. Nous prenons notre petit-déjeuner en terrasse, il est extrêmement copieux ! Le temps paraissant plus clément aujourd'hui, nous partons effectuer la randonnée de l'Ella Rock, dont le départ est situé à quelques minutes de l'hôtel. Cette ascension dure environ 1h30 et il parait que l'arrivée au sommet est une belle récompense avec vue sur la ville d'Ella et sa vallée. Nous enfilons des chaussettes hautes sur nos pantalons car les sangsues y sont très présentes. Le départ se fait en longeant la voie ferrée sur une bonne demi-heure. Les trains ne roulent pas vite au Sri Lanka. On les entend arriver de loin et on a largement le temps de se mettre sur le côté. J'ai beaucoup aimé cette partie de la randonnée. Nous n'étions pas très sûrs du chemin à emprunter ensuite car il n'y a aucune indication. Nous avons donc suivi les quelques autres randonneurs et nous sommes arrivés dans la partie des rizières puis de la forêt, toujours accompagnés de quelques singes. A ce moment-là, il se met à pleuvoir énormément. Le sol étant très glissant et la montée assez raide, cela ralentit notre marche et nous arrivons au sommet encore une fois trempés. Il y a une brume épaisse qui s'éleve dans le ciel et nous n'avons donc pas le point de vue espéré. Nous nous abritons à une petite cabane et dès que la pluie cesse, nous partons nous balader un peu plus loin. A notre retour, la brume s'est dissipée et nous apprécions la magnifique vue sur toute la vallée. C'est très haut et il ne faut pas avoir le vertige pour pouvoir s'approcher du bord. Sur le chemin du retour, nous repérons une petite gargote qui ne paie pas de mine, située au bord de la voie ferrée. Affamés, nous décidons de nous installer à la terrasse. Nous nous régalons ! Le cadre nous a finalement beaucoup plu, très authentique et pittoresque. Nous y restons presque une heure puis nous regagnons l'hôtel, avec la hâte de pouvoir nous doucher car nous sommes toujours trempés. A ce moment-là, Doudou s'aperçoit qu'il a une grosse sangsue accrochée à la cheville. Elle est déjà bien gonflée de sang, cela doit faire un moment qu'elle a élu domicile. Il la retire en tirant dessus (ce qui est déconseillé) et cela saigne un moment. Mais rien de grave, c'est plus la sensation qui lui a été désagréable.

En arrivant, nous constatons que des bottes de semis de riz ont été déposés dans les rizières. Lorsque nous étions arrivés la veille, elles étaient effectivement encore vierges. Un peu plus tard, des femmes piquent les semis dans la terre boueuse, pieds nus. C'est une belle opportunité qui nous est donnée de voir les différentes étapes.

L'ascension d' Ella Rock et les rizières en bas de notre chambre

8

Le lendemain matin, nous prenons la route en taxi direction Sinharaja. Le gérant de l'hôtel est parti en ville pour m'acheter un médicament ayurvédique contre le rhume. J'apprécie beaucoup cette attention et je bois cette infusion avec soulagement. Au départ, nous avions prévu de faire ce trajet en bus local mais il pleut à nouveau des trombes d'eau et les routes étant très sinueuses pour rejoindre la forêt tropicale, nous estimons que ce n'est pas très prudent. Cela nous évitera le changement de bus à mi-parcours et nous avons bien géré notre budget, nous pouvons donc nous le permettre. Le propriétaire de l'hôtel a fait appel à son père pour nous conduire à notre prochaine étape. C'est un Monsieur qui semble avoir 70 ans et il va devoir conduire 8 heures en une journée (4 heures aller-retour), sous une pluie battante. Rien que pour ça, nous nous refusons à négocier le tarif proposé (12000 roupies soit environ 65€). Le chauffeur nous offre un café sur la route. Il nous parle de son maitre au piano lorsqu'il était enfant et qui était français. C'est une personne très agréable, très douce. Il conduit extrêmement prudemment. Il n'est pas chauffeur de taxi de métier. Il est agriculteur retraité. Il rend service à son fils depuis qu'il a son propre hôtel. Il sait que j'espère voir des éléphants depuis que nous sommes arrivés au Sri Lanka, son fils à qui j'en avais parlé le lui a dit. Avec Doudou, on a choisi d'un commun accord de laisser faire le hasard plutôt que d'aller à leur rencontre sur des jeeps et entourés de touristes dans les safaris ou à l'orphelinat. Nous refusons de participer de quelque façon que ce soit au marché que représente l'éléphant, et surtout aux balades à dos d'éléphant. Il ne faut pas oublier que l'éléphant est un animal sauvage. Pour qu'il se montre si docile, c'est qu'il a été battu et maltraité jusqu'à ce qu'il en perde sa nature profonde. Bien sûr que ça fait rêver, je peux le comprendre, mais nos rêves ne doivent pas être réalisés à n'importe quel prix. Surtout pas ceux de la violence et du sacrifice. Notre décision aura finalement payé. En chemin, au seul moment où la pluie a cessé de tomber, le chauffeur me dit qu'il y a des éléphants au loin, il les aperçoit. Mon cœur s'emballe car si je tiens tant à en voir, c'est qu'ils sont les animaux qui ont accompagnée ma grand-mère dans son enfance. Née au Vietnam, elle y a vécu presque 7 ans et en a gardé un souvenir mémorable. Je lui avais promis avant de partir que si j'en voyais, je penserai fort à elle. On s'approche et je les vois à mon tour, il y en a deux. Un très gros, sûrement la maman, et un plus petit. Le chauffeur se gare où il peut. D'autres personnes se sont bien évidemment arrêtées mais ce moment reste un instant privilégié et magique. Je suis très émue et comme promis, je pense à ma grand-mère. Nous reprenons la route et nous arrivons finalement à Deniyaya où le chauffeur nous dépose. Il semble embêté de nous laisser dans cette grande ville et insiste pour nous amener jusqu'à l'hôtel. Mais, logé en plein cœur de la forêt, nous ne souhaitons pas lui imposer ce trajet en plus. Nous trouverons un tuk-tuk pour nous y accompagner. Il dépose nos affaires sur le trottoir, nous le remercions chaleureusement et nous lui souhaitons sincèrement bon courage pour le retour. Nous récupérons nos sacs, nous retirons un peu d'argent au distributeur et nous trouvons immédiatement un tuk-tuk qui va nous conduire à l'hôtel. La route est chaotique. Ce n'est pas vraiment une route d'ailleurs, mais plutôt un chemin composé de grosses pierres et de boue. Nous pénétrons au cœur de la forêt tropicale, c'est magnifique, grandiose. Quelle densité ! Et ce vert partout, ces arbres, c'est incroyable. Nous arrivons à l'hôtel 25 minutes plus tard et il se met à nouveau à pleuvoir énormément. Notre hôtel est en fait une guesthouse, composée de deux lodges à l'écart de l'habitation. Il n'y a que cette maison dans les environs. Nous sommes accueillis par la maitresse de maison, qui ne parle pas un mot d'anglais, le mari non plus d'ailleurs, et par le fils, qui nous servira de guide pour l'excursion dans la jungle prévue le lendemain. Le cadre est encore une fois superbe. Dommage qu'il pleuve car la terrasse est inondée et il est difficile d'y rester sans être mouillés. Nous commandons une délicieuse soupe au poulet puis nous nous reposons une heure. Dès que la pluie cesse, nous envisageons d'aller marcher dans la jungle et de découvrir les alentours. On cherche nos chaussures de randonnée partout, on retourne les sacs à dos. Elles ont disparu ! On réalise que nous les avions mises dans une poche à part, que nous devions accrocher au sac, car elles étaient encore humides de la veille. Doudou va voir les propriétaires et le fils appelle le gérant de notre hôtel à Ella pour savoir si elles sont restées dans la voiture. Notre chauffeur est catégorique, il les avait déposées sur le trottoir à Deniyaya. Il va bientôt faire nuit mais le fils nous propose de nous conduire en tuk-tuk jusqu'à la ville, dans l'espoir qu'elles y soient encore, sinon pour en acheter d'autres. Nous voilà donc repartis et en arrivant, nous avons l'agréable surprise de constater que les chaussures sont toujours là, sur le trottoir où des personnes n'ont pas arrêté de circulé depuis les 3 heures qui se sont écoulées. Nous ne sommes pas certains qu'à Toulouse nous les aurions aussi retrouvées… des chaussures quasiment neuves. C'est un grand soulagement et nous repartons à l'hôtel pour le dîner.

Où loger à Sinharaja : Rainforest Mount Lodge - 32€/nuit PDJ inclus. Le cadre est superbe. Il y a peu de logements à des tarifs raisonnables au cœur de la réserve. Le fils est un guide assermenté et les repas sont très bons. La lodge est très humide, la salle de bains très sommaire mais la terrasse sans vis-à-vis et qui surplombe la forêt est un vrai plus.

Notre rencontre avec des éléphants - L'hôtel et son environnement

Levés tôt le lendemain matin, nous prenons notre petit-déjeuner à la terrasse commune de la maison puis nous suivons le fils qui va donc nous servir de guide pour découvrir la forêt tropicale. Nous lui demandons une randonnée de 5 heures. Nous n'en ferons que trois. L'humidité y est importante, c'est très vallonné et mon rhume s'est amplifié, j'avais beaucoup de mal à respirer correctement. En arrivant à l'entrée du site, le guide dépose du sel en grande quantité sur nos chaussures et nos chaussettes afin de repousser les sangsues. Durant toute la randonnée, j'en aurai malgré tout des dizaines s'agrippant à mes chaussures. Nous empruntons un pont suspendu sous la brume, je rêvais d'en faire l'expérience. Durant ces trois heures de randonnée seuls avec le guide, nous avons pu voir de nombreuses espèces d'animaux : des serpents vert fluo, des araignées de la taille d'une main d'homme, des varans de la taille d'un crocodile adulte, des caméléons, et d'autres dont je n'ai malheureusement pas retenu ou bien compris les noms. Nous avons également rejoint une cascade où nous avons pu faire une fish pédicure en pleine nature. Ces poissons-là sont bien plus gros que ceux que l'on trouve dans les instituts. La sensation est très bizarre, ça chatouille énormément, difficile pour moi d'y rester bien longtemps ! Une fois la brume du matin qui s'est rapidement dissipée, il fait extrêmement chaud. Les grillons stridullent à tue-tête, nous entendons le bruit de la rivière, les chants des oiseaux, c'est magique.

Tarif de la randonnée avec guide : 3000 roupies soit environ 35 euros pour deux.

Faire appel à un guide pour ce type d'excursion me parait indispensable car, au-delà de ses nombreuses connaissances, on peut facilement se perdre ou rencontrer des animaux dangereux. Toutefois, en ce qui nous concerne, nous ne sommes pas adeptes des visites guidées car cela ne se fait pas forcément à notre rythme et nous sommes moins à l'aise. Nous ne le regrettons pas car c'est une expérience unique.

Sinharaja forest reserve

Nous revenons à l'hôtel exténués mais ravis de notre excursion. La maitresse de maison me propose un médicament contre le rhume. Nous demandons un tuk-tuk pour rejoindre notre prochaine étape après le repas du midi : direction l'océan à Tangalle (3000 roupies pour 1h30 de trajet). Nous ne négocions que très rarement les prix, peu habitués et souvent mal à l'aise pour quelques euros en moins.

9

Le trajet depuis Sinharaja se passe très bien mais il me tarde tout de même d'arriver. Mon rhume est à son apogée et le fait de rouler à l'air libre n'arrange rien. Je n'arrête pas de me moucher. Mais c'est bon signe, demain ça ira mieux. Notre chauffeur ne parle pas anglais et nous avons du mal à lui demander de nous déposer à l'hôtel qui se trouve au bord de l'océan, deux kilomètres après le centre ville. Nous le laissons donc nous déposer en ville et nous embarquons pour un autre tuk-tuk pour 300 roupies (environ 1€50). L'hôtel que nous avons choisi la veille est idéalement situé, au bord de l'océan, avec une plage de sable immense, parfois blanc selon la luminosité. Il n'y a pratiquement personne sur cette plage. Nous avons eu du mal à trouver un hôtel simple car désormais, ceux qui sont le long de la côte sont davantage occidentalisés et dits de luxe. Pour ces derniers jours au Sri Lanka, nous souhaitions pouvoir bénéficier pleinement de l'océan indien et de ses magnifiques plages. Nous ne regrettons pas notre choix. Notre chambre, en rez-de-chaussée, avec terrasse, hamac et douche semi-extérieure, offre une vue directe sur l'océan. Nous n'avons qu'à traverser le petit jardin où sont plantés des cocotiers et nous sommes directement sur la plage. C'est un cadre idyllique.

Où loger à Tangalle : Isana Beach House - 40€/nuit PDJ inclus.

L'hôtel et son environnement

Le beau temps est au rendez-vous. Les 3 jours de pluie sont derrière nous. Nous allons directement sur la plage et nous plongeons dans cet océan mythique. L'eau est chaude et peu agitée, nous en profitons pleinement puis nous partons nous promener le long de cette plage jusqu'au coucher du soleil. C'est un pur bonheur et nous ne regrettons pas d'avoir choisi de finir notre séjour par la côte plutôt que de l'y commencer. Nous prenons ensuite notre repas à l'hôtel mais nous sommes relativement déçus : nourriture occidentale. Demain, nous irons manger ailleurs. Nous nous endormons avec le son de la prière dans les hauts-parleurs et le bruit des vagues de l'océan.

L'une des plages de Tangalle

Le lendemain, nous savourons notre petit-déjeuner en terrasse et nous ne nous lassons pas de la vue sur l'océan. Nous pensons au tsunami qui s'y est produit quelques années plus tôt, ça nous parait irréaliste quand on imagine l'horreur de ce désastre. Pour cette journée, nous décidons de découvrir les autres plages de Tangalle en longeant la côte. Certains passages sont un peu difficiles car il faut marcher sur les rochers glissants qui séparent les plages mais nous découvrons des criques complètement désertes, on ne le regrette absolument pas. A chaque étape, à chaque plage, nous nous baignons. Nous marchons ainsi durant 3 heures puis nous arrivons à une autre plage où se trouvent quelques restaurants. Nous optons pour un petit boui-boui construit entièrement en terre. Il surplombe une crique et nous nous régalons avec des noodles aux crevettes. Nous poursuivons notre balade vers la plage très connue de Goyambokka. Le ciel s'obscurcit très vite mais il ne pleuvra pas et il fait toujours très chaud. Nous arrivons à une immense plage où il n'y a toujours que nous. C'est grandiose. Malheureusement, j'ai un bref mais violent épisode de tourista. Me tordant de douleur, nous nous décidons à demander à l'hôtel de luxe implanté sur cette plage si je peux utiliser les toilettes. Je suis très gênée mais je n'ai pas le choix. Ils acceptent, presque aussi gênés que moi. Une demi-heure plus tard je me sens beaucoup mieux. Nous remontons vers le centre pour trouver un tuk-tuk et revenir à l'hôtel afin de nous détendre à la terrasse de notre chambre avant d'aller dîner. Malgré ce petit incident, nous avons passé une merveilleuse journée. Les plages de Tangalle sont splendides. Certains diront qu'elles sont trop sauvages et préfèrent l'ambiance festive d'Unawatuna ou Hikkaduwa. Pour y être passés en bus plus tard pour rejoindre Galle et l'aéroport, je n'ai pas regretté notre choix. A chacun ses envies. Nous préférons le calme, la tranquillité et la beauté des paysages.

Les plages de Tangalle

Le soir, nous nous rendons à un restaurant repéré sur le GPS et situé à 200 mètres de l'hôtel en passant par la plage. Il fait déjà nuit quand nous y arrivons (la nuit tombe vers 18h30 au Sri Lanka). Une fois devant, sur le coup, nous avons un doute. Ce n'est pas vraiment un restaurant mais plutôt une baraque posée sur le sable avec quelques tables et des ampoules suspendues. Personne d'autre n'est installé. Nous nous décidons tout de même car après tout, plus on mange local et moins on risque d'être malades. Une jeune fille nous installe à une table. Nous changeons rapidement de place car elle est située juste sous l'ampoule et cela attire de nombreux insectes nocturnes. Une fois installés plus loin, nous apprécions le cadre. C'est certes très sommaire, mais l'accueil a été chaleureux et pouvoir dîner les pieds dans le sable, au son des vagues, est pour nous un bonheur simple mais merveilleux. Nous commandons d'abord un apéritif et quelques toasts à partager. A la lecture de la carte, nous constatons qu'il n'y a que des fruits de mer et des poissons, c'est exactement ce que l'on recherchait. La serveuse nous explique qu'il ne reste plus qu'un poisson mais très gros. J'opte pour ça et Doudou pour des encornets. On a très faim alors on prend en complément un plat de crevettes épicées. Heureusement qu'on le demande légèrement épicé… il pique sacrément ! Un autre couple de touristes français s'installe à la table sous les néons, ils ne tardent pas non plus à changer de place. Les plats que l'on nous apporte sont très copieux et délicieux. Tout est fait maison, dans une cuisine située derrière la cabane. Quel régal ! Les produits sont frais, nous y retrouvons toutes les saveurs du Sri Lanka. Durant le repas, un bateau de pêcheurs amarre sur la plage, à quelques mètres de notre table. Les hommes en ressortent les bras chargés de poissons, c'est la famille qui tient le restaurant. Lorsque nous regagnons l'hôtel en passant par la plage, nous croisons trois vaches, seules. Sans lumière, il n'était pas évident de les voir. Encore une surprise du Sri Lanka !

Le repas de l'océan indien

Où manger à Tangalle : Sea Dragon Restaurant. Nous conseillons ce restaurant les yeux fermés. Tout y était parfait et les prix dérisoires compte-tenu de la qualité et de la quantité.

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Avant de prendre la direction de Galle, nous optons pour une dernière baignade dans l'océan après un copieux petit-déjeuner. Mais il fait déjà très chaud et Doudou ne peut plus rester au soleil. Il est brulé au niveau des épaules (eh oui, il n'a pas voulu se protéger. En ce qui me concerne, depuis Nawalapitiya, je me badigeonnais tous les jours, même sous la pluie !) Nous rentrons donc prendre un denrnier verre à l'hôtel et nous partons rejoindre la route pour trouver le bus local direction Galle. Une fois n'est pas coutume, il n'y a pas d'arrêt mais un jeune Sri Lankais fait signe pour nous au bus que nous devons prendre et le chauffeur nous récupère au passage. En chemin, nous apercevons des éléphants en pleine ville, avec leur maitre. L'un deux se lave avec sa trompe sous un énorme jet d'eau, l'autre est en train de marcher. C'est magique car tellement inattendu ! 40 minutes plus tard à longer l'océan, nous arrivons à Matara pour effectuer un changement de bus. Nous y découvrons un temple en plein océan relié à la ville par un pont. L'envie de s'y rendre est trop forte et nous avons largement le temps. Ce temple est très peu visité par les touristes et pourtant le cadre est unique au Sri Lanka. L'eau qui l'encercle est d'un bleu magnifique. Une petite pause improvisée qui nous marquera.

Matara et son temple

Nous arrivons à Galle 45 minutes plus tard. La chaleur est accablante. Nous avons hâte de nous débarrasser de nos sacs à dos. L'hôtel que nous avions réservé la veille est situé à l'entrée de la ville nouvelle. Conseillé sur le guide du routard comme étant le plus propre, c'est pourtant la première fois où nous avons à demander à changer les draps. Il y a des tâches partout. Malgré cet incident, la chambre est effectivement propre et nous bénéficions d'un petit balcon avec vue sur les remparts de la ville.

Où loger à Galle : Sunset fort - 42€/nuit.

Les prix sont plus élevés à Galle. Cet hôtel est bien situé mais nous ne le conseillons pas nécessairement.

L'hôtel et son environnement

Nous partons ensuite nous balader dans la ville nouvelle. Galle est en effet divisée en deux parties, l'ancienne ville, identique en tous points aux autres villes que nous avons traversées : chaotique et pleine d'effervescence; Et la ville nouvelle, beaucoup plus touristique, avec très peu de voitures et à l'architecture très différente. La colonisation hollandaise à laissé son empreinte. Les habitations sont blanches ou en pierres lisses, il y a des colonnes à l'entrée. Le phare de Galle en est la parfaite illustration. Malheureusement il est à ce moment-là en travaux et entouré d'échafaudages. La balade sur les remparts et très appréciable et la ville est reposante. Nous échangeons quelques mots avec un commerçant qui nous raconte son expérience lors du tsunami. Il nous explique qu'il a eu très peu de dégâts dans sa maison car elle a été protégée par les remparts qui entourent cette partie de la ville. En revanche, dans l'ancienne ville, située en contre-bas, c'était un désastre. A l'écoute de son récit, nous sommes émus. C'est la première personne que nous rencontrons qui nous en parle naturellement. Nous poursuivons notre balade dans toutes les petites rues avant de regagner l'hôtel.

La ville nouvelle de Galle

Nous avions réservé une table au restaurant situé juste en face de notre hôtel et qui bénéficie d'une terrasse et d'excellents commentaires. Bien que très touristique, nous passons un agréable moment car nous avons pu nous installer à une table située dans une cour à l'arrière du restaurant et le repas était très bon.

Où manger à Galle : Elita restaurant. Poissons et fruits de mer. Excellent service

Dernier dîner au Sri Lanka

Le lendemain matin, après un dernier petit-déjeuner typiquement Sri-Lankais, nous partons à la découverte de la vieille ville, de son marché et de ses nombreuses boutiques afin de dénicher des souvenirs à offrir à notre entourage. Nous n'avons qu'un sac en soute alors nous achetons un sac de voyage supplémentaire spécialement pour nos achats (le deuxième sac en soute étant compris dans notre billet d'avion). Nous marchons à pied jusqu'au cœur de la ville, il fait une chaleur terrible. Cette ville a tout ce que j'aime : c'est la cohue. Il y a aussi des grandes statues de buddha. Nous nous rendons au marché et nous flânons au hasard des boutiques. Nous sommes agréablement surpris par les commerçants. Très souvent, ils nous offrent un tarif en-dessous de celui affiché. Dans l'un d'entre eux, nous repartons même avec deux porte-clés offerts. Nous achetons du tissu pour que je puisse coudre des vêtements, des tenues traditionnelles, des soins à base de noix de coco, des éléphants en bois sculpté pour ma grand-mère, des sacs de plage, un marque-page en bambou et beaucoup d'autres objets. Nous retrouvons ici de nombreux articles moitié moins chers qu'à la nouvelle ville… J'ai adoré finir notre séjour par cette expérience, nous avons pu constater qu'après treize jours passés au Sri Lanka, nous sommes plus à l'aise pour traverser les routes.

Nous repartons à l'hôtel afin de récupérer nos sacs à dos et nous rejoignons la gare routière pour prendre le bus direction Colombo. Notre vol est prévu à 2h20 du matin. Le trajet est censé durer 3 heures (nous ne prenons pas l'autoroute). Nous mettrons au final presque 6 heures ! Heureusement que nous avons de l'avance. Nous sommes assis à l'avant à deux sur un siège d'une place et demi, dans une chaleur accablante. Le bus est bondé et les gens qui se tiennent debout dans le couloir tombent régulièrement sur nous. En périphérie de Colombo, nous tombons dans les embouteillages qui dureront jusqu'à la gare routière où nous devons prendre une navette qui nous conduira ensuite à l'aéroport. La ville s'étend sur des kilomètres, nous n'en voyons pas la fin. Nous nous faisons la réflexion de voir des feux de signalisation. Nous n'en avions pas vu un seul depuis le début de notre aventure. Ce fut le pire trajet de notre voyage. Nous sommes arrivés à Colombo légèrement sur les nerfs, il faut l'avouer. Malgré ce trajet interminable, nous avons toujours de l'avance alors nous décidons de nous acheter à boire, le plus frais possible, avant de prendre la navette. La gare routière de Colombo est très grande, il fait nuit lorsque nous arrivons. Il y a de nombreux rabatteurs. Excédée par notre voyage en bus, je les supplie d'arrêter lorsqu'ils insistent et cela fonctionne. Nous trouvons un petit magasin où nous acheter à boire et là je constate qu'il y a des rats partout dans la ville. Ils sont énormes. Ils errent sur les trottoirs, près des arrêts de bus, des magasins., et des gens. Cette ville me parait sale et je suis bien satisfaite que nous ayons fait le choix de ne pas la visiter. Peut-être que certains endroits valent tout de même le coup, mais nous n'en avons pas fait l'expérience. Nous cherchons partout notre navette, il est très difficile de se repérer dans cette effervescence de bus, de tuk-tuk, de rabatteurs qui nous induisent en erreur. Nous finissons par trouver. Il s'agit d'un mini-bus, tout confort. climatisation, siège en cuir, et de la place ! J'ignore encore comment nous avons fait pour trouver ce bus, il devait y en avoir d'autres plus locaux mais je suis ravie que nous ayons eu cette chance pour les 30 dernières minutes de trajet, en passant cette fois-ci par l'autoroute. Nous arrivons enfin à destination, et il est temps pour nous de faire nos aurevoir à ce pays, avec un souvenir ému de toutes nos rencontres, de nos péripéties, de ces paysages grandioses et fiers d'avoir accompli ensemble un grand et beau voyage.

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Le Sri Lanka nous a plu. Parce que c'est un pays simple où il y a de nombreuses choses à découvrir, parce que ses habitants ont une histoire difficile, partagée entre la guerre civile terminée il y a à peine dix ans et le tsunami qui a dévasté une partie de leur ile et enseveli leur femme, leurs enfants. C'est un pays qui a su se relever de ses drames et qui lutte encore aujourd'hui pour ne pas retomber dans les travers des guerres de religion.

Nous avons aimé:

la densité de la nature, la beauté des paysages, l'architecture des temples, des pagodes et des buddhas, le chaos des villes, les trajets en tuk-tuk, la nourriture, l'immensité de l'océan indien. La culture de ce pays est remarquable et les nombreux sites qui la représentent sont un trésor de l'Histoire.

Nous regrettons:

  • Les regards insistants des hommes, c'est très malaisant. Quand j'y repense et que j'essaie de comprendre pourquoi, je me dis que les énormes affiches publicitaires de femmes occidentales en tenue légère implantés dans les villes n'y sont certainement pas pour rien. Elles n'ont rien à voir avec leur mère, leur épouse et les autres femmes du pays. Ils ont cette image en permanence sous les yeux et quand ils nous voient, ils passent de l'imagination à la réalité. Je me sentais coupable de ces regards insistants. Je regrette de ne pas avoir pu échanger à ce sujet avec une Sri Lankaise. Peut-être m'aurait-elle rassurée sur le fait que cela ne les blesse pas ? Doudou quant à lui, a reconnu que dans certaines situations cela pouvait être pesant.
  • Le manque de propreté dans l'ensemble du pays (sauf les plages à Tangalle). Nous craignons pour le maintien de la biodiversité de ce pays sur le long terme.
  • Les constructions à venir de grands complexes hôteliers au bord des plages. Nous avons vu de très nombreux affichages publicitaires tout le long de la côte et à mon sens, ces constructions dénatureront complètement l'île. Nous sommes satisfaits d'y être allés tant qu'elle est encore préservée.

Concernant le conflit qui a eu lieu durant notre séjour, nous sommes soulagés de constater que depuis, la situation s'est calmée. En revanche, nous craignons que cela ne se reproduise. Nous avons particulièrement ressenti la tension entre les cinghalais et les tamouls. Et quand on sait que la précédente guerre civile a fait des milliers de morts, nous sommes tristes d'imaginer une telle situation se reproduire. C'est un pays qui recèle de trésors, les différentes croyances de sa population ne devraient pas être un frein à son essor. C'est au contraire ce qui nous a séduits, à travers son histoire, ses monuments, sa nourriture. La richesse de cette ile réside dans sa diversité.

Ce voyage m'a ouvert les yeux sur ma propre situation en France et sur mon choix de vie. Pour résumer notre parenthèse Sri Lankaise, c'est donc avec nostalgie que j'évoque ce proverbe indien qui rappelle que "le monde semble bien sombre quand on a les yeux fermés". Alors, vibrez, pleurez, aimez, voyagez et n'oubliez jamais d'être vivants.