Après une heure et demi de route, non sans stress, nous arrivons à notre hôtel à Nawalapitiya, étape qui n'était absolument pas prévue dans notre parcours. Nous y resterons finalement 3 nuits, un vrai coup de cœur ! Ce lieu n'est indiqué dans aucun des guides que nous avons pu lire, sur aucun blog et pourtant c'est une merveille. Au cœur des plantations de thé dans les montagnes, dans un cadre absolument magnifique, nous avons pu retrouver ici un sentiment de sérénité et nous reposer tout en découvrant des coins superbes. L'hôtel que nous avons choisi est situé sur les hauteurs, à quelques kilomètres de la ville. Nous y rencontrons une touriste française voyageant avec ses 4 enfants, âgés de 3 à 8 ans. Elle nous raconte qu'elle arrive elle aussi de Kandy qu'elle a dû fuir en taxi. Ils ont vu des logements en feu, se sont retrouvés entourés d'hommes à moto, avec le visage caché par des bandanas et armés de kalachnikov. On entend dans son discours toute son angoisse, elle est encore tremblante. Je suis très touchée par son histoire, je la trouve extrêmement courageuse de voyager ainsi avec ses enfants en bas âge. D'ailleurs, le garçon âgé de 8 ans semble être bouleversé par cette situation. Il nous en parle plusieurs fois et nous demande ce qu'il faut faire si l'hôtel prend feu. Entendre d'autres personnes parler de ces évènements me fait réaliser à quel point la situation est critique et je nous félicite d'avoir choisi cet hôtel perdu au milieu de nulle part où il semble que rien ne peut arriver. Il est composé de quelques bungalows individuels en pierre et d'un petit restaurant extérieur, surplombant les plantations de thé. Notre logement est superbe, notre terrasse est entourée de ces mêmes plantations de thé. Nous décidons de rester à l'hôtel pour le reste de la journée et nous en profitons pour laver à la main un peu de linge. Nous savourons ce décors de rêve à la terrasse de notre bungalow. Nous mangeons le soir au restaurant de l'hôtel. Une fois notre commande passée, nous entendons le chef s'affairer en cuisine, située juste au fond de la terrasse. Nous entendons la friture, nous sentons les odeurs de nos plats en préparation. Le service est exceptionnel. Simple, à la fois en retrait et à l'écoute, le gérant de l'hôtel est extrêmement professionnel et d'une gentillesse qui nous aura marqués.
L'hôtel et son environnementAprès une bonne nuit de sommeil, nous allons prendre notre petit-déjeuner en terrasse. A chacun de nos petits-déjeuners depuis notre arrivée au Sri Lanka, nous retrouvons toujours les mêmes fruits (mangue, banane, ananas, pastèque), une omelette, de la sauce au curry, du pain brioché. Nous nous régalons. Je ne me lasse pas de la vue incroyable que nous avons et nous prenons ainsi tout notre temps. Nous demandons au gérant de l'hôtel s'il est possible d'organiser une excursion à l'Adam's Peak dans la nuit qui suit car nous souhaitons monter les 5200 marches pour assister au coucher de soleil depuis le sommet. Il nous indique que compte-tenu de la situation il n'est pas certain que cela soit possible et il promet de se renseigner.
Un savoureux petit-déjeunerSur les conseils du gérant, nous décidons de nous rendre à une cascade à laquelle on pourra se baigner et située à 45 minutes à pied de l'hôtel. Il nous indique le chemin et après plus d'une heure de marche sous un soleil de plomb, nous réalisons que nous avons pris la direction opposée. Nous poursuivons tout de même notre balade, persuadés que nous trouverons une autre cascade étant donné que nous suivons un cours d'eau. Le chemin que nous empruntons est magnifique, avec toujours des plantations de thé à perte de vue, de grands arbres, des singes, des cocotiers. Nous finissons par arriver à un village très reculé dans lequel les habitations sont très sommaires. Les habitants nous regardent avec beaucoup de curiosité, certainement peu habitués à voir des touristes dans ce secteur. Ils sortent dans la rue et nous sourient, ils se postent aux fenêtres des étages et nous saluent de la main. Un monsieur est en train de coudre sur une machine à pédale, dans la rue. Quelle authenticité ! Nous dépassons ce petit village et là nous découvrons une fabuleuse cascade après 2h30 de marche en montée. Toutefois, il ne semble pas possible de s'y baigner. On ose à peine s'aventurer dans le chemin qui y mène. 5 jeunes habitants du village viennent à nous. Deux d'entre eux parlent un petit peu anglais et nous leur expliquons notre mésaventure. Ils nous accompagnent tous jusqu'à la cascade et nous indiquent les lieux sûrs où nous pouvons nous baigner et où l'eau est propre. Je n'ose pas me mettre en maillot alors je trempe juste les pieds et nous nous asseyons pour discuter tous ensemble. Ils nous expliquent qu'à cause du couvre-feu, ils ne sont pas autorisés à sortir du village. Ils nous posent de nombreuses questions quand on leur indique que nous arrivons de Kandy, curieux mais surtout soucieux de connaitre la situation dans leur pays. Ils nous demandent si nous sommes mariés et si c'est un mariage arrangé. Ils me demandent également s'ils peuvent se prendre en photo avec moi. Cela m'est arrivé souvent au Sri Lanka, avec tous les hommes avec qui nous avons échangé. Doudou est aussi invité à venir sur les photos mais c'est à peine s'ils lui laissent de la place dans le cadre. Cela nous fait sourire. Brusquement, ils nous indiquent qu'ils doivent partir. Nous trouvons ce changement d'attitude curieux, peut-être est-ce la situation ? Nous ne le saurons pas car nous préférons ne pas poser de question à ce sujet. Il est temps pour nous de rentrer également. Il fait extrêmement chaud et j'ai les pieds qui me fond mal car je ne suis qu'en claquettes, n'ayant pas prévu cette randonnée. Nous n'avons plus d'eau. Nous marchons pendant une demi-heure puis on s'arrête en bord de route pour faire une pause. Doudou prend l'initiative de faire signe à un camion de s'arrêter. Il lui demande s'il peut nous rapprocher de notre hôtel. Le chauffeur échange quelques mots avec le passager qui l'accompagne et ils nous font signe de grimper. Je suis ravie ! Nous ôtons nos chaussures et nous nous installons au milieu du camion, sur des sièges improvisés. Ils nous expliquent qu'ils se rendent à Kandy pour leur travail. J'ai du mal à imaginer qu'il soit possible de conduire un tel véhicule dans des routes sinueuses comme celles que nous traversons. C'est un vrai travail d'équipe, le passager guide le chauffeur dès qu'il y a un virage. J'avais remarqué que dans chaque véhicule que nous avons emprunté était suspendue une grappe de raisin, comme dans leur camion. Je leur en demande la signification et ils m'expliquent que c'est pour la "baraka". Arrivés au chemin qui mène à notre hôtel, nous leur demandons de nous déposer. A leur tour, ils me demandent s'ils peuvent faire une photo avec moi. Heureusement que Doudou n'est pas jaloux ! Nous les remercions chaleureusement pour leur gentillesse et nous regagnons notre hôtel, finalement ravis de s'être trompés de chemin. Nous avons passé une journée agréable, authentique et pleine d'échanges. En revanche, nous avons chacun un coup de soleil qui nous fait atrocement mal. Le soleil est très fort au Sri Lanka et nous ne nous sommes pas protégés une seule fois depuis notre arrivée. Chaque jour, je commençais à rougir énormément et cette journée en plein soleil a fini par aggraver la situation. La touriste française que nous avions rencontrée la veille me prête de la crème de coco qu'elle avait achetée en Thaïlande et qui me soulage immédiatement. Doudou ne veut pas en mettre, il le regrettera plus tard. Lors de notre repas le soir, le gérant nous explique qu'il est possible de faire l'Adam's peak mais que ce n'est pas très conseillé. Nous préférons alors y renoncer, avec beaucoup de regrets. Nous nous consolons en nous disant que de toute façon nous avons déjà bien marché. De plus, Doudou commence à avoir mal à la gorge et il est enrhumé. Nous avions emporté des médicaments contre la tourista, les maux de tête, les infections urinaires, des pansements, mais nous n'avions pas pensé au rhume dans un pays où il fait si chaud ! La faute à la climatisation dans les taxis, à vadrouiller en tuk-tuk à l'air libre et à l'insolation ! Le gérant nous propose de visiter la fabrique de thé le lendemain matin. Cette visite est offerte, c'est une belle occasion de mieux comprendre le travail d'une grande partie des habitants de cette région. Nous lui demandons également s'il est possible d'aller en ville ensuite car nous avons quelques achats à effectuer (recharge téléphone, crème contre les coups de soleil, fruits) et nous souhaiterions nous procurer des billets de train pour nous rendre à notre prochaine étape Ella, et ainsi effectuer parait-il, l'un des pus beaux trajets en train du monde. Il nous indique que ça risque d'être très compliqué d'en avoir car normalement il faut réserver à l'avance (nous l'ignorions malgré nos recherches). Je suis déçue mais je reste persuadée que nous trouverons une solution. Il nous confirme que le chauffeur de tuk-tuk de l'hôtel nous accompagnera dans la ville le lendemain et nous aidera à effectuer l'ensemble de nos achats. Décidemment, il n'est jamais compliqué de s'organiser au Sri Lanka.
Dans les environs de NawalapitiyaLe lendemain matin, comme prévu, nous partons visiter la fabrique de thé, située à quelques minutes à pied de l'hôtel. Je commence moi aussi à être enrhumée et j'ai très mal à la tête. Merci Doudou ! Quand on aime on partage tout ! Je prends du paracétamol car je ne veux pas gâcher cette dernière journée à Nawalapitiya. Nous passons par des sentiers de terre et nous croisons des cueilleuses de thé. Un chien nous accompagne sur tout le trajet. Une fois arrivés à la fabrique, le fils du propriétaire nous accueille. Nous serons seuls pour la visite. Nous pénétrons dans chaque salle de travail où s'affairent de nombreux employés, majoritairement des femmes, et il nous explique les différentes étapes de production. Du ramassage à la mise en sachet, en passant par le séchage. Il y a une très forte odeur de thé bien évidemment et une sensation de moiteur. Pour finir la visite, il nous accompagne à un atelier de dégustation. Il nous enseigne la meilleure façon de boire du thé pour en extraire toutes les saveurs. C'est délicieux et c'est avec plaisir que nous achetons quelques paquets pour en offrir à notre entourage à notre retour en France: du thé noir et du thé blanc (qui sèche exclusivement au soleil).
Fabrique et plantations de théNous retournons ensuite à l'hôtel pour le repas du midi, encore une fois succulent, puis le chauffeur de tuk-tuk nous accompagne comme prévu dans la ville. En chemin, il nous explique qu'il habite de l'autre côté de la montagne. Nous constatons que le bord des routes n'est pas très propre. Malheureusement, c'est un constat récurrent au Sri Lanka. Les habitants ne semblent pas être sensibilisés à la protection de leur environnement. Cette ville est comme toutes celles que nous avons pu traverser : chaotique, avec une circulation dense et tout autant de monde. J'aime beaucoup l'ambiance des villes au Sri Lanka : devoir courir pour traverser la route, essayer de se faufiler un passage sur les trottoirs, entendre klaxonner à tout va, les marchés de rue, les grandes affiches publicitaires. Alors oui, c'est bel et bien chaotique mais c'est selon moi une immersion totale, à l'opposé des sites touristiques. Le chauffeur nous demande ce dont nous avons besoin et nous accompagne à chaque magasin. Pour terminer, nous nous rendons à la gare en espérant trouver des billets pour le lendemain. C'est le chauffeur qui parle avec le guichetier. Ils échangent un long moment et avec un grand sourire le chauffeur nous annonce qu'il a réussi à nous avoir 2 places pour le lendemain à 11h00. Quel soulagement ! Sur le chemin du retour, il nous propose de nous arrêter à un temple hindouiste qui se situe au centre de la ville. Nous acceptons volontiers étant donné que nous n'en avons pas encore visité. Ils sont très différents des temples bouddhistes : beaucoup plus colorés et avec de nombreuses divinités (l'une pour la prospérité, l'autre pour le travail, une autre encore pour la famille,...). Je suis ravie d'avoir pu pénétrer dans ce lieu sacré et qu'on nous en ait expliqué les grandes lignes, ce qui me permet de mieux comprendre la différence entre ces deux principales religions du pays.
La ville de NawalapitiyaLorsque nous regagnons l'hôtel, nous décidons d'aller marcher à nouveau vers la fabrique de thé pour emprunter un sentier que nous avions repéré. Nous flânons au milieu des plantations de thé et nous grimpons jusqu'au sommet de la montagne. Nous y apercevons un sorte de hameau composé de quelques habitations en tôle. Une dame âgée nous salue depuis sa maison avec un grand sourire. Il y a beaucoup de vent et le ciel s'assombrit nettement. Nous craignons qu'il pleuve dans les jours à venir. Nous restons un moment assis à contempler la vue qui s'offre à nous et le sentiment d'être sur le toit du monde. Je suis nostalgique de devoir quitter cet endroit le lendemain. J'y ai ressenti quelque chose de très positif mais aussi beaucoup de tristesse face aux conditions de vie et de travail des habitants. Nous nous sommes souvent interrogés au cours de notre séjour sur le sentiment qui pouvait les habiter. Sont-ils heureux de mener une vie aussi dure mais simple ? Sommes-nous plus heureux en France avec tout le confort nécessaire mais aussi une pression permanente ? Ce sentiment quand on voyage me touche particulièrement. Je me laisse aller à m'interroger sur mon choix de vie et à chaque paysage que je contemple, un sentiment de béatitude m'envahit. Le voyage, c'est très personnel. On peut le partager mais ce qu'il nous inspire est propre à chacun. Il n'y a pas de mots. Nous prenons notre dernier repas à l'hôtel et nous partons préparer nos affaires pour le lendemain. Le train est prévu à 11h00 mais le gérant nous a expliqué qu'il était plus prudent de s'y rendre à l'avance, sait-on jamais…