Je vais devoir atterrir, au propre et au figuré. Bien sûr, au bout de 15 jours, je suis content de rentrer et de retrouver Valérie et ma vie bretonne mais j'ai un peu le blues aussi de quitter ce pays attachant.
Je me revois arrivant fatigué et déboussolé il y a 15 jours. Je me revois estomaqué de mon passage express devant les contrôles de douane grâce au représentant de l'agence au Caire. J'ai beaucoup appris en deux semaines.🤣
C'est une société très différente de la nôtre, bien sûr. C'est lié aussi à leur grand respect des préceptes de leur religion, musulmane , juive ou chrétienne orthodoxe. Ici cela s'affiche sur les maisons en milieu rural. On pourrait rapidement penser que cette société est intolérante, en faît, c est tout le contraire. Les 3 religions cohabitent, les églises et mosquées sont voisines dans les villages. J'ai eu beaucoup d'occasion de mesurer l'engagement des gens envers leur religion, envers leur lieu de culte, toujours plus beaux que leurs maisons. J'ai découvert le rytme des pratiques musulmanes, les appels à la prière qui rytme la journée et la nuit. C'est sûrement là que j'ai le plus approché leur réalité quotidienne grâce à Ahmed qui a pris le temps de me décoder les comportements. Je n'oublierais pas ces réveils noctures au son de l'appel à la prière en particulier au Fayum. Étant seul avec mon guide, j'ai pu entrevoir la réalité du bakchich institutionnalisé, les billets pliés qui circulent aux chek- point. On met de l'huile dans le fonctionnement de la société. Je voyais des choses , Ahmed me traduisait Les faîts. Bien sûr, pour un Français, la présence de la police qui semble un peu partout, les contrôles aux entrées des routes est déroutante. L'Égypte est bordée de pays en conflit et elle redoute l'intrusion de bandits par les routes du désert, autant pour protéger la population que les touristes. Concernant les touristes, c'est sûr qu'on est bien "couvé" dès que l'on rentre dans le désert. Coup de fil régulier au guide et au chauffeur, j'en ai été le témoin. C'est devenu au fil du temps un sujet de discussion entre nous. Tous les sites touristiques sont protégées par la police mais plutôt dans un rôle rassurant. Je n'ai ressenti aucune animosité, les Égyptiens aiment les français. C'est lié à leur histoire. Je me suis plusieurs fois baladé seul tôt le matin ou en début de soirée pour rencontrer les gens dans les villages, on m'a toujours très bien accueilli. Seul souci, personne ne parle français. Je remercie encore mes professeurs d'anglais de la MJC de Saint Brieuc car mon anglais, même modeste était indispensable.
Il y a plusieurs Égypte, une Égypte moderne au Caire et à Alexandrie(que je n'ai pas vu) et une Égypte rurale, très religieuse, parfois très pauvre, mais très accueillante. Grâce aux leçons de langue arabe d'Ahmed et de Mahamoud, le chauffeur de 4x4, j'ai pu sortir 3 mots qui me permettait d'aborder les gens.c'etait très cool pour moi. Dans les villages avec Ahmed, j'ai pu accéder à des lieux impossible autrement. J'y est retrouvé le plaisir de la rencontre comme j'aime , comme lors de mes randos en vélo. J'ai pu toucher du bout des doigts la vie de la population féminine Egyptienne, particulièrement en milieu rural, avec Ahmed qui pouvait m'expliquer la vie familliale dans les maisons, même si la partie visible dans la rue choque nos certitudes. Désormais, je regarderai les informations venant du Proche Orient avec un autre regard.
Bien sûr, quand la population peine à vivre, la vie des animaux est difficile. J'avais souvent un peu de peine de voir des animaux maigres, entravées , ou les chiens en meute dans la rue et les chats sous les tables à quémander. La réalité pour une partie de la population ne semble pas plus beaucoup plus enviable .
Un aspect qui m'a semblé très différent est leur rapport à la destinée. Dieu te fait cadeau de la vie, quand ton heure est arrivée, Dieu te la reprend. C'est pourquoi le suicide est interdit par la religion. Tu n'as pas le droit de supprimer ta propre vie car elle appartient à ton dieu. C'est sans doute pour cela que la prévention routière semble non appliquée car seul le destin commande ta fin de vie. Si tu perds ta vie, c'est que c'était ton heure, il n'y a pas de hasard. De plus, selon les religions, tu auras une autre vie . Finalement , c'est une conception très proche de la religion de l'Égypte Antique. Il y avait aussi un clergé très puissant et Pharaon était un dieu vivant. La mort n'était qu'un passage.
Je me suis régalé lors des visites des sites historiques ou naturels mais vous l'avez compris, tous ces aspects secondaires de la société Egyptienne m'ont passionnés. Je lis maintenant un recueil des voyages effectués en Égypte par différents européens au 19 et début du 20ème siècle. Ce qu'ils décrivaient. Je l'ai souvent ressenti. La société rurale Égyptienne semble assez statique car chevillée à la religion et au Nil. La civilitation antique égyptienne était extraordinairement évoluée par rapport à la nôtre. Elle date de 5000 ans, comme la pyramide à degrés de Saqqara et pas 900 ans au mieux pour nos cathédrales et nos châteaux. Aucun monument en pierre en Europe, à part les menhirs et Stoneidge en Angleterre n'existait.On en vient à se demander quels secrets technologiques ont été perdus, en particulier pour les pyramides de Gyzet. Je suis admiratif devant ce grand peuple. Je reconnais que le climat très sec protège ces constructions antiques mais c'est anecdotique par rapport à l'exploit.
Ahmed me faisait souvent remarquer que les grandes constructions ont été faites au détriment du peuple. Un roi fort égalait souvent un peuple très pauvre. De plus, on ne construisait que 4 mois par an, pendant la période de crue du Nil. Les huit autres mois, le peuple travaillait la terre. Ce ne sont pas des esclaves qui construisaient les temples mais la population.
Un seul regret peut être : de ne pas avoir passé plus de temps dans les quartiers populaires du Caire. Le programme était déjà très chargé, sans jour de pause totale. J'ai adoré mais c'est un voyage qui demande une bonne santé et la capacité de dormir partout même dans des environnements délicats.
Bravo Atalante pour l'organisation sans faille. Merci Ahmed pour ta gentillesse, j'ai l'impression d'avoir voyagé , non pas avec un guide, mais avec un ami. Nous avons partagé une certaine intimité pendant 15 jours, en particulier dans la felouque et dans nos randonnées sportives dans le désert. J'ai eu vraiment la baraka totale dans ce voyage. Cerise sur le gâteau, je n'ai pas eu de souci avec mon ventre...j'ai surtout été trop gourmand. L'agence ne lésine pas sur la qualité des repas, que ce soit préparé par Mahamoud, le chauffeur du 4x4, le midi dans le désert ou préparés sur la felouque pendant trois jours, ou dans le choix des restos en ville. Des restos souvent discrets mais qui proposaient de la cuisine égyptienne traditionnelle.
Quand j'ai appris en arrivant au Caire, il y a deux semaines que j'allais être seul avec un guide, je ne savais pas trop quoi en penser.J'ai tout de suite compris que j'étais trop chanceux , que cela allait correspondre à mes attentes et que je pouvais supporter un certain isolement qui correspond sans doute à mon petit caractère .C'était vraiment un très beau voyage, dans le temps et dans la société Egyptienne.