Par DomiO
Voguez avec nous sur les canaux de Patagonie vers le Cap Horn et à la découverte des glaciers de la cordillère Darwin
Du 27 novembre au 9 décembre 2023
13 jours
Ce carnet de voyage est privé, ne le partagez pas sans l'autorisation de l'auteur.
26
nov

Nous allons embarquer ce Dimanche soir sur le voilier Tanana pour une expédition organisée par Tanana Expéditions.

Le but de cette navigation est le passage mythique du Cap Horn, la découverte de l’extrême sud de la Patagonie, de sa faune et des glaciers de la cordillère de Darwin.

La navigation prévue 

Chaque jour nous alternerons une navigation de 3 à 6 heures et une randonnée à partir du mouillage en soirée. Mais bien sûr la météo va être un facteur très important sur ce programme, elle peut nous empêcher de faire la totalité du parcours. A suivre donc !

 La voilier Tanana

Le voilier de 24m est prévu pour 8 clients et 4 membres d’équipage. C’est un voilier course - croisière gréé en cotre dessiné par Gilles Vaton, sa coque de 24 mètres en aluminium renforcée propulsé par 280 m² de voilure en fait un voilier rapide et sûr. Appuyé si nécessaire par un moteur de 250ch, il permet d'affronter sereinement toutes les conditions de mer. Un cockpit extérieur protégé et vitré assure une vision 360° pour admirer les paysages et la faune même par conditions difficiles. 6 cabines, 4 salles d'eau et un très grand carré permettent d'accueillir confortablement les 12 personnes que nous allons être pendant 2 semaines.

Une belle expérience de navigation australe et sous La Croix du Sud nous attend !

27
nov

Nous avons embarqué dans ce grand voilier hier soir.

Nous sommes 8 clients et 4 membres d’équipage. Le bateau est spacieux et on a eu le droit à la plus grande cabine 🤩

Notre cabine et cabinet de toilette privé 

La carré est spacieux avec coin repas et coin salon.

Le carré 
La cuisine 

Tout est grand sur ce bateau. Voyez la taille des winchs et du hale-bas. Trinquette et yankee en voiles avant.

Le gréement de Tanana

La nuit sera très tranquille à bord : le bateau ne bouge pas, 42T dont une quille a bulbe de 9T…). Ce matin nous partons faire les formalités de sortie d’Argentine et c’est long ici l’administratif. Tout l’équipage doit attendre les tampons sur le passeport pour pouvoir partir.

A l’entrée des autorités maritimes et douanières et Attente de 45 min pour l’autorisation 

Nous sommes libérés au bout de 45 min et quartier libre pour nous jusqu’au repas du midi. Mais pas pour le skipper qui doit encore valider notre départ auprès d’autres autorités avec une inspection du bateau en perspective. On espère un départ en mer cet après-midi.

L’entrée du ponton Club Nautic d’Ushuaia


Domi s’accroche  

La descente sur le bateau depuis le quai se fait compliqué en fonction des marées. Ici pas de ponton flottant!


Le cockpit au soleil pour le repas de midi

Le cockpit avec sa grande table et une casquette qui fait comme une serre avec le soleil de ce midi. Il fait chaud 🥵😎

Repas de midi avec des empanadas excellents !!


Le ponton d’ushuaia est bien rempli

Plein de bateaux Français sur le seul ponton d’Ushuaia. On parle avec tout le monde : charter, bateau perso en tour du monde, bateau pour mission scientifique comme le bateau “Captain Darwin”.

Et rencontre avec une légende la voile: Christophe Auguin, à droite
Prêts pour le départ mais il faut attendre un peu encore car pas assez d’eau pour partir.


 D'ailleurs les mouettes ont encore pied !!
Ça y est c’est le départ pour Puerto Williams à 16h !
28
nov

Sur la route entre Ushuaïa et Puerto Williams :

On a croisé le Bateau de Jean Louis Etienne qui commercialise des croisières pour financer son projet Polar pod. Gros voilier de 45 m et 5m de francs bords.

Le voilier Persévérance  

Puis nous doublons le phare appelé « les éclaireurs »

Le phare « les Éclaireurs » 

Ce phare a été appelé de ce nom français suite à l’expédition du commandant Martial qui avait envoyé des marins en chaloupe depuis Ushuaia par temps de brouillard afin de baliser le départ de son navire « La Romanche ». Ses marins avaient allumé un grand feu sur ce récif. Le nom est resté !

Après une navigation sous Yankee 2 ris seul on avançait à 7 noeuds dans un vent rafaleux entre 15 et 35 nds. Déjà bonnes sensations de glisse avec Tanana. Puis 1er mouillage à Puerto Williams au Chili

Tanana au mouillage  
 La baie à mouillage de Tanana

On a passé la nuit à bord devant Puerto Williams.


Le micalvi 

Mardi 28 novembre sous un soleil radieux, descente à terre par zodiac sur le port le plus austral au monde et le ponton Micalvi. Très célèbre endroit…Ce fut un bar fréquenté par tous les marins du monde après avoir été un bateau militaire allemand puis chilien. Il finit ses beaux jours comme ponton et musée car le bar a été fermé depuis quelques années.

Puis de nouveau on part pour les formalités d’entrée au Chili.

Attente pour autorisation d’entrée au Chili 

Enfin on a le sésame !

Repas préparé par nos cuisinières ! 

Visite de la ville, courses et enfin repas dans la salle à manger du Micalvi.

Retour au bateau pour un départ à 16h vers Puerto Toro.

Petit port avant le cap horn demain car les conditions sont favorables 😎😝

À bientôt pour de nouvelles aventures !

28
nov

On est arrivés à Puerto Toro à 19.30 après 25Mn avec des pointes à 11nds au portant sous un vent à 40nds sous yankee avec 2 ris… le bateau est très rapide et gîte à peine. La mer est encore plate dans le canal de Beagle. Le vent oscille en direction et en force sans arrêt.

 En route vers Puerto Toro

Nous n’avons pas encore envoyé la Grand voile. Patrick nous apprend à manipuler les winchs hydrauliques. Incroyable les forces en jeu !

Navigation dans le Beagle 


La colonie des manchots de Magellan

On a vu des manchots de Magellan et une colonie de cormorans sur l’île Martillo.

Une centolla cuite 

On est dans le dernier village le plus austral du Chili.

C’est un port de pêche de Centolla. Crabe ou araignée de mer d’ici. Nous en avons mangé à Ushuaïa avant de partir. C’est très bon et très fin.


Les bateaux de pêche 

Nous avons mouillé devant le petit port après avoir pris une bouée qu’il a fallu libérer car des bateaux de pêche sont arrivés pour se mettre à couple. Autant dire qu’on a préféré prendre nos distances avec leurs pare battages en pneus…

Les moules xxl de Puerto Williams  

Moules achetées à Puerto Williams au menu du diner. Autant vous dire qu’elles sont énormes et trois moules suffisent à nous caler. D’autant que nos excellentes cuisinières ont préparé un tiramisu comme dessert. On va prendre des kilos sous ces latitudes. La soirée se termine tranquillement. Demain on devrait avoir de plus grosses conditions et se mettre à l’abri jeudi avant de découvrir le cap Horn vendredi.

Mais chut🤫 c’est la météo qui va décider encore une fois. Nous devons rester prudents.

29
nov

On est resté au mouillage ce matin car trop de vent au large. Ça devrait se calmer dans l’après-midi. On reporte le départ à 14h.

On en profite pour aller visiter le tout petit port de pêche à la Centolla. C’est la fin de saison de la pêche. Ils commencent à ranger les gros casiers sur terre.

Les pêcheurs de centolla
 Les jeunes pêcheurs nous prépare un cageot de pinces

Le capitaine de Tanana négocie des Centolla contre une cartouche de cigarettes. On va en avoir au moins 5kgs. À 50€ le kilo c’est un plat de luxe. Elles sont partent d’abord à Punta Arenas pour être ensuite envoyées dans les plus grands restaurants dumonde.

Les pinces de Centolla 
Les alentours de Puerto Toro

Promenade dans le tout petit village et dans la forêt aux alentours pour la découverte des végétaux de pantagonie.

Coucou de Puerto toro
30
nov

Le 29 novembre à 14h30 départ de Puerto Toro cap 150. Nous hissons la grand voile pour la première fois et prenons 1 ris. D’abord à bout de bras puis au winch électrique placé près du mat. Ensuite ce sera le yankee. Avec 25 nds de vent nous filons à un bon 10 nds. Sensation agréable de glisser sur l’eau. La mer est calme.

Sous voiles et le soleil !!

À la sortie du Beagle, sur un petit îlot nous apercevons une colonie de lions de mer en compagnie de cormorans blancs et noirs.

L’îlot aux cormorans...
 et lions de mer

Le clou sera le vol des albatros véritables artistes du vol acrobatique au raz de l’eau. Nous longeons Isla Picton. Au loin Isla Nueva et plus au sud ce sera Isla Lennox que nous allons laisser à bâbord en prenant le Paso Goree. Les 3 îles abritent les autorités maritimes sous régime militaire chilien. Ces îles sont stratégiques, elles ferment l’entrée du Beagle et laissent à l’Est l’immensité de l’océan atlantique qu’aucune terre n’arrêtera. Surveillés par radar les militaires nous contactent et demandent une nouvelle fois qu’elle est notre destination… Nous y sommes maintenant habitués.

La navigation dans l’archipel 

Le vent monte d’un cran et ce beau voilier demande qu’à partir en glisse sur les risées. Nous sentons la puissance dans les voiles. On comprend maintenant la taille des winchs. La grande barre à roue est souple et c’est agréable à barrer.

Diane à la barre 

Premier virement de bord. Le skipper Patrick nous explique la manœuvre : il faut enrouler le yankee car un bas étais à poste pour la trinquette empêche le passage de la voile déployée. Il faut aussi gérer les bastacles qui tiennent le mat. On relâche celle sous le vent et on reprend au vent. On lance le virement et il faut reprendre de la vitesse sur l’autre amure pour relancer Tanana.

Malheureusement le vent change de direction et s’installe au sud sud-ouest. Dommage c’est dans la direction où nous voulons aller... Pas le temps de tirer des bords, en plus le vent finit par tomber: nous roulons le yankee, bordons la grand voile et démarrons du moteur de 250 chevaux.

Sur une mer d’huile, nous traversons à 6 nds la baie de Nassau en direction de l’archipel de Wollaston. Nous franchissons le détroit séparant Isla Freycinet et découvrant un paysage balayé par les tempêtes où seules poussent de rares herbes dans un camaïeu de vert et de brun.

Le temps pour nous d’apercevoir un dauphin solitaire gris et blanc que nous avons du mal à distinguer tant le temps est gris.

Un dîner chaud et copieux nous est servi en mer : steak argentin et gratin de légumes. Ça fait du bien car mine de rien le froid nous prend des calories.

C’est à 22h30 que nous mouillerons dans la caleta Martial de l’Isla Herschel. Le vent est maintenant au nord, nous assurons le mouillage avec 70 mètres de chaîne et évitons le kelp qui forment par endroit un tapis brun et luisant de grandes algues solides qu’il ne vaut mieux pas se prendre dans l’hélice.

Le beau tapis brun de Kelp 

La nuit sera calme. Le vent et la pluie arrivent à 6h du matin. On va rester à l’abri dans ce mouillage jusqu’à vendredi matin.


Atelier Centolla  

Le matin on fait un atelier centolla. On fait cuire les pinces puis on les décortique avec couteaux et ciseaux. C’est pas toujours facile à cause des épines sur la carcasse. On y passera 2h à 6 dans la bonne humeur. Il en restera 5kgs de chair. Ce qui est une véritable fortune. On va déguster cette chair fine et délicate pendant plusieurs jours.


À midi ce sera : entrée Chair de centolla à la mayonnaise et spaghettis à la centolla. Un fin délice pour les papilles !!!

Nous mesurons notre chance d’être au bout de monde à quelques milles du Cap Horn et de pouvoir déguster ce type de plats.

L’après midi nous débarquons sur la plage de sable fin. Une magnifique éclaircie nous accueille et le paysage est superbe. Si on fait abstraction du vent froid on peut se croire aux Antilles… bref on ne va pas trop rêver quand même…

La plage de sable fin de la caletta Martial  
Nos maillots de bain sous ces latitudes ! 

On part explorer les alentours d’une végétation rude qui s’est adaptée aux conditions climatiques extrêmes d’ici. Les arbres se planquent dans les failles du terrain au creux de petits ruisseaux. Tout se qui dépasse a été coupé ou sculpté par le vent.

La végétation en Patagonie 
On pourrait se croire aux Antilles !!
Arc en ciel sous la latitude 55.49.264 S 

On rentre au bateau à temps pour la prochaine averse de neige et un bel arc en ciel tout plat… quizz savez-vous pourquoi ??

1
déc

Lever à 5 heures du matin. Peu de vent et temps lumineux. La météo prévoit du vent d’ouest idéal pour doubler le Cap Horn mais ici le temps peu changer rapidement et nous interdire le fameux passage pacifique atlantique sens ouest est.

Départ à l’aube à 5h du matin 

Le mouillage est remonté, nous longeons l’île Herschel par l’ouest en évitant un banc de Kelp et un haut fond bouillonnant (merci la carte électronique)

Direction plein sud, on fait route maintenant dans le pacifique que nous quitterons rapidement après le passage du cap Horn. On laisse sur tribord Isla Jerdan et on aperçoit au loin les 3 pics qui se détachent de l’Isla Hornos. Nous croyons identifier le cap horn, à tort : le cap est caché, bien plus loin, tout à l’extrême sud. Le paysage est grandiose, isolé, à la fois austère et rude, mais si majestueux de part l’alternance de falaises abruptes sur l’océan et de collines arrondies tout en douceur.

Derrière nous, au loin la cordillère de Darwin se détache toute enneigée.

La cordillère de Darwin  

Il fait froid et le soleil toujours présent nous réchauffe.

Les albatros nous accompagnent en doublant Isla Hall. Les rochers au loin que l’on devine nous montrent la limite sud et le cap horn.

En route vers le cap horn 

Très vite nous lançons un empannage et cap plein est. Encore quelques miles et nous passons devant le célèbre cap horn. Rocher mythique et majestueux. Neptune nous laisse passer tranquillement sous ce cap dans des conditions météo exceptionnelles. Quelle sensation de suivre les traces de tant de marins qui avec différentes fortunes ont emprunté ce passage. Beaucoup de bateaux ont échoué dans ces contrées et nous restons humbles. Nous sommes émus et mesurons notre chance devant ces rochers que la puissance de la mer et du vent ont façonné en forteresse.

Le cap Horn 


Nous sommes très heureux, il s’en suit une séance de photos et une coupe de champagne. Nous sommes cap hornier!!

Heureux Cap hornier 

Merci beaucoup à toute l’équipe de Tanana expéditions (Patrick, Gaël, Silviana et Maria) de nous avoir fait vivre ce moment d’émotions.

Coupe de champagne pour fêter le passage du Cap Horn

Nous voguons maintenant en atlantique et apercevons rapidement la pointe suivante où est installé le phare tenu par une famille Chilienne qui y reste toute une année.

Phare du Cap horn 


Le mémorial  

A côté et très visible du large, le célèbre albatros de fer se dessine sur la crête (sculpture offerte par l’association des Cap hornier de St Malo et mémorial aux marins échoués).

Après avoir bien évité des rochers tout juste affleurants prêts à piéger les bateaux trop imprudents, nous poursuivons la navigation en remontant plein nord pour revenir dans le canal de Beagle.

Le cap horn s’éloigne derrière nous

Notre retour dans le Beagle est agréablement accueilli par un ballet de dauphins joueurs. C’est un groupe d’une 20aine de dauphins qui nous accompagnent maintenant, adultes et jeunes virevoltants d’un côté à l’autre de l’étrave et nous montrant leur agilité par des figures acrobatiques comme un saut périlleux avant. Nous avons hâte maintenant de rentrer au port et c’est un émerveillement qui s’offre maintenant à nous : plusieurs baleines nous montrent leurs nageoires dorsales dans un geyser d’expiration.

Baleines dans le canal de Beagle 

Finalement nous arrivons à Puerto Williams à 21h30 pour un dîner bien mérité.

2
déc

Nous restons à Puerto Williams, le départ pour les canaux est fixé au dimanche. Patrick doit rencontrer à nouveau les autorités pour avoir les autorisations d’aller dans les canaux. Nous ne sommes pas libres de nos mouvements en bateau, chaque changement de destination doit être déclaré, accepté et la taxe correspondante payée. On apprend à nos dépends que le samedi après 13h la taxe est multipliée par 3.

Nous montons dans le dinghy pour apponter le Micalvi. On dépose nos affaires de toilette dans Manamo le petit bateau de Patrick avec lequel il a commencé ses premières expéditions dans le coin avant d’acquérir Tanana.

École de voile de Puerto Williams

Devant l’école de voile la plus australe au monde, on admire les jeunes Chiliens qui se préparent à prendre la mer pour une sortie en optimist et laser. Ils n’ont pas froid aux yeux dans leur combi Néoprène. Il y en a même un qui dessale sous nos yeux avec son laser... Quel courage avec une eau à 8 degrés.

Petite balade en ville en direction de ‘la colombienne’ pour un café et des empanadas prévus pour déjeuner.

Les pics enneigés qui surplombent Puerto Williams nous attirent. Il faudrait plusieurs journées de marche pour les aborder, nous nous contenterons de monter au ‘Cerro Bandera’. La grimpette est agréable et très bien aménagée. Ici ce sont des marches et des passages faits de bois bien recouverts d’un treillis métallique permettant d’éviter les glissades.


600 mètres plus haut s’offre à nous une vue panoramique sur le beagle avec au loin Ushuaia.

Le beagle au loin et au sommet sous la neige 

Le temps se met à la neige, il fait froid, nous redescendons à Micalvi pour une douche chaude avant de revenir à bord.


Atelier Empanadas 

Silvina et Eugenia nous ont préparé un atelier empanadas que nous dévorerons pour le dîner.


 Arc en ciel sur le beagle

Le temps passe de la pluie au soleil, nous avons encore droit à un magnifique arc en ciel. Très bonne journée arrosée par un pisco-saour final de fabrication maison par Patrick

3
déc

Départ ce matin dès 7h30. Le temps de décrocher l’ancre et nous avançons en direction de la cardinale Est. Alerte à bord, que se passe t’il ? Le moteur s’arrête. Et nous sommes poussés par un vent à 35 nds. Impossible de relancer le moteur. On hisse rapidement la trinquette et on se met en fuite plein ouest à l’opposé de notre destination et du banc sable sur lequel on pourrait dériver.

Le moteur est accessible en remontant tout le carré grâce à une cinématique compliquée de vérins.

 Le moteur de Tanana

Essais répétés d’identification de la panne. L’arrivée de gasoil ne se fait pas. C’est la cuve intermédiaire normalement rechargée par le réservoir principal dans la quille qui est à sec. Une fois la cause identifiée, Gaël et Patrick réamorcent les conduites avec moultes difficultés. Le moteur redémarre. Cela nous a pris 30 minutes.

Nous remontons à présent le Beagle. Le vent toujours d’ouest alterne en intensité avec des pics à 40 nds. Tanana reste incroyablement stable mais notre vitesse descend à 4 nds.

À 16h30 nous mouillons dans la Caletta Ferrari dans une eau laiteuse provenant des glaciers plus en amont.

L’eau des glaciers 
Tanana au mouillage 
 A terre, les ruines des anciennes habitations

Nous aurons le temps de descendre à terre pour poser un filet de pêche à l’embouchure de la rivière.

La caletta est au fond d’une vallée glaciaire, c’est la plus à l’est et la première de la Cordillère de Darwin que nous allons parcourir dans les prochains jours.

Cocktail d’Olivier et toute l'équipe trinque

Ce soir Olivier nous prépare un punch campari, gin, pisco. Puis un autre et encore …. Fous rires en cascade

Objets artisanaux d’Argentine et fous rires lors des négociations

Patrick nous parle de son association qui aide des enfants dans un village au nord de l’Argentine. Nous participons à cette initiative en achetant des objets artisanaux et typiques fabriqués localement : semelles en peau de mouton, calebasses à maté et couteaux de gauchos.

4
déc

Opération récupération du filet posé la veille. Pêche infructueuse, avec le courant le filet a dérivé…

Le temps est calme avec une prévision d’un temps très perturbé et venteux les 2 jours prochains. Nous décidons de progresser dans le Beagle et de rentrer dans les canaux et fjords de la cordillère Darwin.

TANANA empruntant le canal Beagle Nord Ouest 

Dès le retour dans le Beagle, le vent se met à souffler. Ici les vents dominants sont de l’ouest et le beagle se trouve dans l’axe ouest-est. Autant dire que la topographie de la Patagonie avec ses montagnes entourant les canaux est un excellent couloir où le vent ne demande qu’à accélérer. Quand les modèles prévoient 25nds, il faut rajouter le double. En route vers l’ouest, nous enregistrons jusqu’à 43 nds vent de face. A l’embranchement de l’île Gordon dont nous allons faire le tour. Le courant est de 2nds, la vitesse du bateau chute à 3,5 nds. Ouf, dès ce goulet passé, le bateau accélère et nous reprenons de la vitesse.

Le spectacle commence ici avec un premier glacier au loin puis des glaciers qui se jettent dans la mer. Ce paysage de montagne est grandiose. Étrange impression d’être à la fois en haute montagne et sur la mer. Nous progressons dans des vallées glaciaires de plusieurs centaines de milliers d’années.

Le premier glacier plongeant dans la mer
Le glacier Francès 
Sur une ancienne moraine qui ferme un fjord nous découvrons des lions de mer sur leur rocher. 



 Le vol majestueux d'un albatros

Les albatros profitent du vent pour nous croiser et raser l’eau de leur vol toujours aussi majestueux sans battre des ailes.

Par un passage très étroit dans la moraine nous quittons le canal de Beagle pour entrer dans le fjord Pia. Le vent se calme un peu à l’abri des montagnes.

Nous mouillons face à une plage par 9m de fond. On met 80m de chaîne car les prévisions annoncent plus de 40 nds pour la nuit. En début de soirée, le bateau recule sous les rafales.


Un super repas nous est servi avec que des produits frais comme d’habitude. On mange très bien à bord et tout est fait maison.


Averses de neige !! Il fait froid 

On est mardi 5 décembre et le temps est bouché avec de grosses averses de neige.

Le mouillage a résisté toute la nuit aux coups de boutoirs sous les rafales mais le matin nous aurons dérivé de 30m. En sachant que le mouillage chaîne et ancre pèsent 380kg, imaginez les forces en jeu.

Nous allons devoir patienter au mouillage, aucune sortie n’est prévue aujourd’hui. Pas de visibilité et vent trop fort. Ce temps est inhabituel pour cette saison d’après notre skipper Patrick. Surtout les températures sont très froides environ 2-5 degrés. Il faut rappeler que nous sommes presqu’en été ici…

Journée d’anniversaire pour notre cuisinière, Silvina, bricolage, lecture, sieste… et surtout on mange un « gigot d’agneau de 7h » et un gâteau au chocolat. On prend quelques calories qu’il va falloir dépenser les prochains jours.


Les repas sur Tanana hauts en couleur ! 

Une éclaircie est là. On en profite pour aller se promener à terre le long de la plage devant le mouillage.

Balade le long du beagle  

On découvre de drôles d’empreintes dans le sable qui longe la mer et s’enfonce dans la forêt. À quel animal sont ces pattes ?

Les empreintes sur le sable

Nous imaginons pleins de bêtes bizarres et monstrueuses qui pourraient peupler la forêt de Patagonie impénétrable et sombre qui longe la plage.

Mais après vérification dans les livres à bord de Tanana, nous trouvons !!

Nandu de Patagonie, cousin de l’autruche d’Afrique

La bébête fait quand même 1,20m de haut…

6
déc

Il a bien plu cette nuit et le temps est toujours gris et froid. Dommage car le vent s’est calmé. On doit partir sur les glaciers qui plongent dans la mer.

Après un bon petit déjeuner avec du pain frais fait comme tous les jours, nous partons dans le bras Nord-est du Fjord Pia, le plus beau des 2 bras mais le temps est tellement bouché qu’on fait demi-tour pour prendre le bras Nord-ouest en premier pour se laisser l’opportunité de voir le premier avec plus de visibilité.

Falaises taillées par les glaciers  

Les montagnes vertigineuses nous entourent et de multiples cascades dévalent les parois.

Navigation dans le bras Nord Ouest du fjord Pia

Au fond du bras, nous découvrons 3 langues de glaciers et l’eau commence à se couvrir de grawlers (bloc de glace détaché du glacier et flottant entre 2 eaux) de plus en plus gros.

Les 3 langues glaciaires plongent dans la mer 

Nous devons avancer avec précaution pour éviter ces gros morceaux de glace. Les plus dangereux pour les coques sont les transparents.

Un  grawleur vélé par le glacier 

On les pousse avec une gaffe pour les faire glisser le long de la coque.

Le spectacle est magique et nous entendons le glacier qui craque.

La muraille spectaculaire du glacier  
 Gros plan sur les séracs

Nous récupérons un peu de glace dans un seau pour l’apéritif : whisky on the rocks et gin tonic. C’est surprenant de boire avec de la glace qui doit dater de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Préparation de l’apéro avec la glace de glacier 

Demi tour dans les glaces et nous remontons tranquillement le bras pour revenir faire le mouillage de la nuit à l’entrée du fjord. En effet le temps ne se lève pas, laissons nous encore l’occasion d’une éclaircie après déjeuner et la sieste afin de découvrir le plus beau bras dans l’après-midi.

Sieste après un bon déjeuner à base de ragoût de lentilles, on lève l’ancre et on part dans le bras nord est. Mais si le temps est encore bouché, le spectacle est grandiose et un mur de glace nous attend au bout de la route. On reste plusieurs minutes à admirer ce monstre de glace constellé de crevasses. Le vent a façonné dans la glace une armée de pénitents penchés dans le vent.

On revient de nouveau au mouillage sûr à l’entrée du fjord pour le dîner et la nuit.

Excellent dîner préparé par nos chef cuisinières 

Dîner aux falafels, crudités et pain au manioc et nous passons une soirée ciné tranquille devant un film sur le début des courses au large à la voile avec le passage du cap horn.

7
déc

Ce matin le temps est assez calme, la grisaille prédomine et le plafond est bas. Nous sortons de notre mouillage en regardant une dernière fois ce paysage si grandiose et toujours vierge. Nous progressons vers l’est, à gauche Isla Gordon et bientôt sur la droite nous apercevons le Seno (fjord) Garibaldi qui s’enfonce sur plusieurs milles avec son glacier accroché au sommet de la montagne.

La caletta Garibaldi au fond 


Isla Chair à gauche et Darwin à droite 

Nous virons sur notre bâbord à l’extrémité est de Isla Gordon. En face Isla Darwin et Chair.

Navigation dans des passages étroits  

Nous empruntons un dédale de canaux entre une myriade de petites îles. Le paysage est magnifique.


Aucune profondeur n’est indiquée sur la zone empruntée 

Cette partie n’est pas cartographiée. On passe dans ce raccourci grâce à l’expérience des navigateurs des expéditions dans les canaux de Patagonie dont le skipper Patrick de Tanana Expéditions. On est rassuré 😅

Nos copains les dauphins 

Nous apercevons au loin des dauphins qui chassent le poisson. Finalement ils se rapprochent et viennent nous accompagner.

Nous avons contourné Isla Gordon et rejoignons à présent le bras sud-ouest du Beagle qui nous ramènera à Puerto Williams.

Nous sommes sortis du dédale et face à l’océan pacifique. La houle nous accueille comme pour une invitation à partir au large vers cet immense océan mais ce sera pour une prochaine fois.

La porte vers le pacifique 

Nous faisons cap à l’est direction Ushuaia.

Assez rapidement nous entrons à droite dans la calleta Coloane.

2 livres de F Coloane 


Francisco Coloane est un écrivain chilien qui au travers de ses livres décrit en détail la vie des habitants émigrés qui se sont installés dans cette région reculée.


Amarrage à terre 

Nous apercevons les 2 grands glaciers et dans ce lac intérieur nous effectuons un mouillage avec ancre et 4 amarres de 100 mètres accrochées aux arbres de la rive.

 Le mouillage en haut dans le fond de la caletta

La manœuvre est parfaitement réussie par le skipper Patrick, son second Gaël aux commandes du dinghy, Silvina au guindeau et avec bien sûr l’aide d’un d’entre nous Olivier avec synchronisation par vhf portable.

Tanana à son mouillage 

Une fois le moteur éteint, l’émotion nous étreint devant la beauté spectaculaire de cette Caletta.

Caletta Coloane et ses cascades  

Elle est tout simplement magique et nous renvoie à la beauté originelle de notre belle planète sans l’intervention de l’homme comme si nous étions revenus au temps des peuples primitifs de la terre de feu ou des bateaux des explorateurs du 19e siècle. On s’attend à voir passer une chaloupe de la goélette Beagle avec son capitaine Fritz Roy et Darwin. Toutes les histoires des explorateurs nous remontent en tête grâce à tous les livres que Patrick nous met à disposition ou à toutes ses anecdotes et sa connaissance de l’histoire de la Patagonie.

Vue sur le glacier 
Notre joie d’être ici

Le temps se lève et le soleil brille franchement sur un ciel bleu parsemé de beaux cumulus blancs. Toute la caletta s’illumine et la couleur bleue du glacier s’intensifie. Nous partons pour un petit treck sur la colline qui nous fait face.

Les superbes paysages de la Patagonie 

En Patagonie point de sentiers, il faut se frayer un passage dans une végétation faite de tourbière spongieuse, d’arbustes denses et de forêts inextricables. Néanmoins après quelques efforts nous découvrons de magnifiques vues sur la Caletta.

Un castor 
L’habitat des castors et le travail de leurs dents puissantes 

Puis nous arrivons dans une plaine façonnée par des castors: arbres abattus à coups de dents, lac artificiels, huttes de castors, barrage de rondins,…

Les falaises et cascades 

Après les castors, nous sommes au pied de magnifiques falaises et un torrent s’écoule à nos pieds alimenté par les cascades venant du glacier.

Ensuite nous progressons en grimpant une colline. De là haut s’offre à nous une vue panoramique des 2 langues de glaciers qui se rejoignent en formant une mer de glace avec crevasses et séracs.

Le glacier  
Heureux devant ce paysage grandiose  
Tanana au fond de la Caletta  
Vue sur le beagle 
Les paysages grandioses  
Coucher de soleil sur le glacier 
8
déc

8 - 9 - 10 Décembre Caletta Coloane - Puerto Williams

Vendredi 8 décembre

Ce matin nous sommes éblouis une dernière fois par la beauté de cet environnement monumental de la Caleta.

Oh le beau coeur 
A la sortie de la caletta 

Le soleil brille et les sommets de la cordillère Darwin se détachent dans le bleu du ciel.

Nous avons 80 milles à parcourir, réveil à 6h30 pour larguer les 4 amarres de 100 mètres et l’ancre qui nous retiennent.

Le canal Beagle ressemble à une mer d’huile. Pas de vent. Nous le remontons plein est pour croiser Ushuaïa et arriver à Puerto Williams pour la clearance de sortie pour Tatana et son équipage. Pour notre part nous resterons au Chili pour poursuivre l’aventure.

En attendant notre destination finale nous allons croiser une partie avec pleins de grawlers qu’il faudra éviter, des fjords transversaux et jouir de la vue sans cesse renouvelée des glaciers descendant des montagnes enneigées.

La baie d’Ushuaia 

Puerto Williams approche, le vent forcit, des nuages s’amoncellent. La navigation a été calme.

Ouf il ne nous a pas touché…

C’est sans compter sur un bateau de pêcheur chilien qui a tout allure nous rattrape et fond sur Tanana. À toute vitesse il nous double dangereusement à une distance de moins de 5 mètres et nous fait ensuite une queue de poisson en frôlant la proie de notre bateau. Nous sommes tous incrédules et tétanisés. Ouf, nous l’avons échappé belle. À la radio le capitaine, droit dans ses bottes, nous répond simplement que tout est sous contrôle. Patrick ira dépose une déclaration de risque d’abordage aux autorités françaises.

Pour notre dernière soirée à Puerto Williams nous préparons un Asado au Micalvi. La soirée sera bien arrosée et Diane en verve…

9 décembre

À 13h nous quittons notre équipage qui part dans l’après midi à Ushuaia.

Nous prenons la route l’auberge de jeunesse avec nos sacs lourds.

 Vue de notre chambre

Une fois installés nous allons déjeuner à la Colombienne. Petite balade l’après midi.

La nature autour de Puerto Williams


Nous concluons ainsi notre voyage en voilier pour poursuivre notre route en Patagonie. Nous sommes heureux d’avoir navigué avec l’équipe Tanana expédition : Patrick, Gaël, Silvina et Eugenia.

Le bateau Tanana est hyper confortable dans ces conditions australes.

Nous mesurons aussi notre chance d’avoir pu réaliser le programme prévu avec le cap horn et la cordillère de Darwin. En effet, ici la météo est difficile et même en ce début d’été, il a fallu plusieurs fois se mettre à l’abri de grosses dépressions.

Ce voyage aura donné l’occasion de vivre des moments inoubliables pour un navigateur :

En tout premier, le mythique passage du Cap d’Horn, mais aussi la vision des glaciers se jetant dans la mer, la navigation sous les grains de la Patagonie, les soirées dans le célèbre Micalvi à Puerto Williams, le ponton des voiliers d’expéditions du bout du monde à Ushuaia, la nature vierge le long du Beagle comme les grands explorateurs l’ont découverte au 19e siècle, et toute la faune de ces contrées australes : les albatros et leur vol majestueux au raz de l’eau, les baleines, les dauphins, les manchots de Magellan, les canards « vapeur » qui pédalent sur l’eau avec leurs ailes sans jamais s’envoler 😊 et enfin les lions de mer se prélassant sur leurs rochers.

Nous repartons maintenant tous les deux vers d’autres aventures plus terrestres et remontons doucement vers le nord.

Départ demain pour Punta Arenas en avion.