Arrivée à Chiang Mai vers 13 heures après un trajet plus que secouant dans les 762 tournants (chiffre véridique) qui séparent Pai de Chiang Mai, j'ai la surprise de tomber sur Hilary et Rona que j'avais rencontrées à Chiang Rai et qui quittent Chiang Mai quelques heures plus tard. Nous décidons d'aller dîner ensemble et elles me racontent leur séjour à Chiang Mai, en me donnant quelques conseils de chouettes activités. En effet, Chiang Mai est une moyenne ville de presque 400.000 habitants dans laquelle, à part ses temples, on "fait" plus de choses que d'en "voir". Après leur départ, j'élabore mon programme des prochains jours, puis pars découvrir les alentours de l'auberge.
Photo 12 ci-dessus: fresque sur un des murs de mon auberge, avant-goût de ma journée du lendemain
Le lendemain, je pars avec un groupe pour une journée dans la nature: au programme, visite et aide à l'Elephant Sanctuary, centre de soins aux éléphants où les touristes peuvent s'en occuper, détente à une cascade, puis petite randonnée et descente de la rivière sur un radeau en bambou.
Une fois arrivés sur place, nous passons chacun une blouse fournie par le centre et portée par les bénévoles qui passent par le centre, afin de faire croire aux éléphants que nous sommes le même groupe que la veille et qu'ils ne s'effraient pas. On reçoit ensuite un petit briefing sur les éléphants, puis direction une petite clairière où on va les nourrir de bananes, pour une première prise de contact et qu'ils s'habituent à nos voix et nos odeurs.
Les éléphants peuvent vivre jusque 80 ans et les femelles ont, en général, une seule portée sur leur vie. Celle-ci dure environ 22 mois, et cela arrive parfois d'avoir des jumeaux (!). Il s'agit ici évidemment d'éléphants d'Asie, qui sont plus petits que ceux d'Afrique, qui ont un crâne à deux "bosses" contrairement à leurs cousins d'Afrique qui ont le crâne rond. Les éléphants d'Afrique ont une petite tête et de grandes oreilles et en Asie, c'est l'inverse, ils ont une grosse tête et de plus petites oreilles (je tire cette explication d'internet: ses oreilles étant remplies de veines, l'éléphant rafraîchit son sang en battant des oreilles. Comme il fait plus chaud en Afrique qu’en Asie, la nature a doté l'éléphant d'Afrique de très grandes oreilles). Ce genre de centres recueillent la plupart du temps des éléphants qui ont vécu et ont été dressés soit dans des cirques, soit sur des sites touristiques proposant des balades à dos d'éléphant, où ils sont maltraités. L'éléphant n'est pas un animal domestique et pour qu'il accepte de tirer des charges, de faire le beau ou de porter un siège et des personnes sur son dos, il faut le dresser dans la peur et l'isolement, ainsi que l'enchaîner dès qu'il n'est pas occupé et le piquer avec ce bâton pointu dont les cornacs sont toujours munis dès qu'il fait un pas de côté. Ces centres essaient de reproduire le plus fidèlement possible les conditions de vie en liberté des éléphants. Quand nous sommes descendus à la clairière, un des éléphants s'était d'ailleurs taillé ˆˆ
Après l'étape des gougouilles bananes, nous passons aux choses sérieuses: le bain de boue! L'idée étant de ramasser des paquets de boue par terre et de leur en enduire la peau. Même s'ils ont la peau épaisse, on voit qu'ils sentent les caresses et les massages, et qu'ils aiment ça! Bien sûr, l'équipe de locaux qui nous accompagne s'amuse, non pas à enduire les éléphants de boue, mais plutôt à nous en recouvrir, nous ˆˆ Et une fois le bain de boue fini, nous passons à la rivière pour les rincer!
Pour finir, petite séance photos pour chacun, où nos accompagnateurs s'éclatent à nous balancer des seaux d'eau dessus :D
Après cette super expérience avec les éléphants, ils retournent vers le centre et nous continuons notre chemin vers une cascade d'eau. En chemin, on tombe par hasard sur le petit serpent (inoffensif) de la photo 2. Une fois le puissant massage de dos sous la cascade fini, nous retournons vers le centre pour le dîner puis partons en balade.
Nous rencontrons la grosse chenille de la photo 1 ci-dessous, un singe domestiqué dont la maman est morte et qui a été recueilli par la dame que l'on voit sur la photo 2 en train de se faire nettoyer le crâne (hehe), et quelques plantes et fruits exotiques, comme la carambole de la photo 3 (un peu amère, mais pas mauvaise). Une forte pluie nous attrape malheureusement pour la fin de la balade et je n'ai donc plus pu prendre de photos, mais nous avons gagné, en revanche, un super chapeau fabriqué par notre guide à l'aide de ces énormes feuilles complètement étanches et d'un bâtonnet :)
Arrivés au bord de la rivière, nous avons énormément de chance et la pluie s'arrête pour notre descente d'une heure en radeau en bambou! Etant donné que c'était un peu périlleux, notre guide nous conseille de ne prendre aucun appareil électrique avec nous, donc pas de photo. C'était par contre une super expérience!! Nous étions 2-3 par radeau, de la largeur d'une personne assise et d'une longueur de 4-5 mètres, mené par un bonhomme avec un long bâton. On a traversé quelques petits rapides, c'était super drôle!! Et après tout ça, retour à l'auberge à l'arrière d'un pickup, où je me suis endormie comme un bébé.
Le lendemain, nouvelle aventure: la journée cours de cuisine thaï chez Mama Noii! On commence par un arrêt au marché où l'on nous montre les différents ingrédients de la cuisine thaï, dont ceux que nous allons utiliser dans nos recettes du jour. J'en profite pour prendre encore quelques photos d'aliments que je ne connais pas, comme le santol (fruit, photo 5), le durian (fruit, photo 6), des haricots géants (photo 8) et de petites aubergines blanches (photo 9), qu'ils utilisent dans beaucoup de plats. Sur la photo 2, du poisson séché, dont les thaïlandais raffolent.
Nous repartons ensuite en direction de la maison de Mama Noii. Pareil ici que chez Lang, à Pai, les fruits, légumes et épices sont majoritairement cultivés sur place et sans produits chimiques. Je me balade d'abord un peu pour m'imprégner du lieu, et puis le cours commence!
Photo de droite ci-dessus: notre table de travail
Aujourd'hui, exception apparemment, nous avons un petit groupe de trois; je suis accompagnée de Molly et Sam, un couple d'anglais. Au programme, une soupe, un plat, un curry, une entrée, un dessert et la recette du Thai Iced Tea. Pour chaque plat, nous pouvons choisir entre 3-4 options. Je choisis d'abord la Chicken in Coconut Milk Soup (ingrédients photo 1 et résultat photo 3) et le fameux, célèbre et typique Pad Thai dont je raffole (ingrédients photo 2 et résultat photo 3). Nous recevons chacun les différents ingrédients dont nous avons besoin et n'avons plus qu'à les éplucher et/ou les couper. Une fois nos ingrédients prêts pour la soupe et le plat, nous passons aux fourneaux et faisons cuire tout ça sous les instructions et l'œil attentif de notre cheffe cuistot (malheureusement, nous n'avons pas eu la chance d'avoir Mama Noii en personne). La préparation finie, nous passons à table! Résultat: un peu trop épicé pour moi, mais vraiment pas mal pour une première expérience :)
Nous passons ensuite au Massaman Curry. Pour faire un curry, je ne le savais pas, il faut faire le curry paste, cette pâte épicée qui va assaisonner le tout (mon résultat, photo 4). Ici, pas question de l'acheter tout fait (on en trouve sur les marchés, car la préparation est physique), mais nous écrasons et pilons nous-mêmes les ingrédients de la petite assiette orange (photo 1) après les avoir réduits un maximum au couteau. Du nerf, du nerf, ça prend du temps et il faut un bon muscle du bras droit pour enfin arriver à un résultat satisfaisant pour notre cheffe! :) Enfin, elle est contente, et nous passons aux fourneaux pour faire mijoter le tout (photo 5). Déjà bien remplis avec notre soupe et notre plat, nous décidons tous les trois de faire emballer notre curry pour le manger le soir.
Vient ensuite la préparation du Thai Iced Tea, qui consiste en du thé noir versé sur un mélange de lait, de sucre et de lait concentré, le tout arrosé de glaçons. Le tout se mélange ensuite et se boit à la paille; c'est agréable et surtout, bien rafraîchissant!
Molly et Sam n'ayant choisi que l'option demi-journée, je continue seule pour la salade et le dessert, et ai donc moins d'occasions de prendre de photos. Pour ces deux plats, j'avais choisi la Papaya Salad, délicieuse mais fort épicée (oui, j'ai une tolérance assez basse :D), et le Mango Sticky Rice comme dessert, que j'aime également beaucoup. Pas d'inquiétudes, il ne s'agit pas de colorants chimiques dans le riz mais bien de la couleur bleue obtenue en pressant des petites fleurs dans du jus de citron vert, comme dans la recette d'origine (la plupart du temps, le riz des Mango Sticky Rice que l'on trouve dans les restaurants n'est pas du tout coloré).
Cette journée a vraiment été une super chouette expérience, surtout pour moi qui n'aime pas spécialement cuisiner à la base. Je me verrais encore bien essayer de les refaire en Belgique mais pas sûre que je sois capable de refaire tout ça aussi bien avec les ingrédients qu'on trouve en Europe et sans aide d'un professionnel ;)
Revenue en milieu d'après-midi, je décide d'aller jeter un coup d'œil au quartier de China Town et au marché chinois. Une partie du marché et entièrement occupée par des fleuristes, qui sont réputés dans la ville pour faire de superbes constructions florales! Photo 5 : insectes grillés
Ayant sans doute pris de l'assurance au cours de cuisine du matin, je décide de ne pas mourir idiote et achète quelques fruits locaux au marché pour me faire ma propre idée. Au menu, du durian, du fruit du dragon et du pomélo. Pour la petite histoire, le durian est un fruit très apprécié dans l'assiette thaïlandaise mais dégage apparemment une odeur très forte et désagréable quand il est encore dans son enveloppe (je ne l'ai pas encore sentie jusqu'à présent), si bien que l'on voit souvent à l'entrée des hôtels, des restaurants et sur les frigos communs des auberges, des panneaux interdisant les gens d'amener du durian ;) Son goût n'est pas mauvais, en effet, mais il a une texture pâteuse un peu désagréable, le fruit du dragon n'avait malheureusement pas beaucoup de goût mais n'était pas mauvais, et le pomélo était délicieux!
Pour ma journée pleine au centre de Chiang Mai, je décide de suivre la balade proposée par le Lonely Planet, qui fait la tournée des principaux temples et monastères de la ville, ça faisait longtemps! Tout un programme! :D Je commence la journée au temple le plus célèbre de Chiang Mai et ayant le site le plus étendu, Wat Phra Singh. Photo 3: il y a souvent un moine qui se tient à disposition dans chaque temple, pour les gens qui viennent prier ou chercher une bénédiction, ils amènent alors de nombreuses offrandes en nourriture ou linge. Photo 4: une statue de Bouddha en jade, eh oui, pas de la crotte! Photos 5 et 6: les thaïlandais ont apparemment de coutume de reproduire des statues en or ou en cire de leurs moines les plus sages et révérés, une fois morts. C'est une manière de les garder un peu parmi eux. Alors moi, la première fois que j'en ai vus, j'ai cru que c'était de vrais moines en méditation et je suis restée plusieurs minutes immobile pour voir si leurs poumons bougeaient... :D Il faut dire qu'ils feraient de l'ombre aux musées Tussaud, tellement c'est bien réalisé! Photo 8: j'ai été très amusée par cette statue (en or, s'il vous plait!) représentant un policier héroïque devant la station de police ;)
Je poursuis mon petit bonhomme de chemin et arrive, sous la pluie, au superbe temple en teck de Wat Phan Tao (ce qui m'empêche de prendre une photo de l'extérieur). Il dispose de 28 piliers en teck menant à une statue particulièrement gracieuse de Bouddha. Je continue ensuite au temple de Wat Chedi Luang (à partir de la photo 3), avec son énorme et majestueux hall, son stupa datant de 1441 malheureusement un peu détruit et mon premier Bouddha couché.
A ce temple, j'ai l'occasion d'assister à un Monk Chat (animé par un bénévole, cette fois) avec trois autres touristes. Ces Monk Chats sont des séances organisées par différents temples et monastères qui permettent aux touristes (mais pas que) de rencontrer des moines (ou des bénévoles), et d'en apprendre d'avantage sur la vie monastique et sur le bouddhisme. Les moines, eux, sont contents de pouvoir pratiquer leur anglais.
Pendant cette séance, j'apprends que tout thaïlandais doit prendre la robe de moine au moins 2 fois dans sa vie, chaque fois pour une durée minimum d'une semaine, en pouvant y rester autant de temps qu'il désire. Beaucoup d'enfants sont envoyés au monastère car ils y sont nourris, logés et reçoivent une éducation gratuite et souvent poussée (apprentissage de 4-5 langues, dont le pali, la langue religieuse des livres bouddhiques, l'anglais et le chinois!). Tout le monde passe d'abord par le statut de novice avant de devenir moine. Cela fait une grosse différence: le novice n'a "que" cinq règles majeures à respecter (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas être saoul (les adultes sont autorisés à boire un peu d'alcool (!) mais pas à en être saoul), ne pas avoir de plaisir sexuel et ne pas raconter de mensonges), tandis que le moine en a 227! Bien sûr, il y a des règles plus importantes que d'autres. Si un moine enfreint une des cinq règles majeures, il doit remettre sa robe et ne sera plus jamais autorisé à être moine. Par contre, si une des règles mineures est enfreinte, le moine sera puni par le jeûne ou une retraite de méditation forcée à l'écart du monastère d'une durée plus ou moins longue.
Nous avons également parlé du bouddhisme. Notre interlocuteur nous explique que Bouddha n'est pas un dieu. Il y a en fait 5 Bouddha en tout ("bouddha" signifiant "enlighted", "l'éveillé"), mais on parle principalement de Siddhartha Gautama, le prince né à Lumbini (Népal) devenu Bouddha et pour qui l'enseignement aux fidèles était si important. Quand je lui demande si les fidèles prient Bouddha, le bénévole me répond (je cite sa réponse en anglais, car elle fait moins de sens en français): "We don't pray P-R-A-Y Bouddha, we pay P-A-Y respect to Bouddha". En effet, les bouddhistes ne parlent pas (de ce que j'ai compris) à Bouddha comme certains le font à leur dieu dans d'autres religions, mais ils récitent des textes en l'honneur de Bouddha appris par cœur, c'est comme ça qu'on les entend toujours parler en cœur, quand ils le font à voix haute.
Pour le côté plutôt culture thaï, j'ai également appris qu'avant, la façon traditionnelle de se dire bonjour était de joindre les mains et de les placer tour à tour devant le front, le nez, la bouche et enfin le cœur. Cette salutation a pour signification de faire référence et montrer du respect à Bouddha (le front, avec le troisième œil), à ses parents (le nez, pour le souffle de vie qu'ils ont mis en nous), à notre instructeur (la bouche, car il nous a appris par la parole) et enfin, à la personne que l'on a en face de soi (le cœur, les mains sont situées entre nous et la personne qu'on salue, comme signe d'égalité). Actuellement les gens, les gens ne placent "plus que" une fois les mains jointes devant leur cœur. Bref, quelle heure enrichissante et quelle chance pour moi d'avoir pu y assister!!
Je me dirige ensuite vers la place où se trouve le monument Anusawari Sam Kasat, ou monument aux trois rois, qui commémore la fondation de la ville lors de l'alliance entre les rois de Phayao, de Chiang Mai et de Sukhothai. Et puis vers mon dernier temple, celui de Wat Chiang Man, le plus vieux de la ville, datant de 1296. Je termine la journée au marché hebdomadaire du dimanche, très grand et populaire, installé dans la rue principale dès l'après-midi jusque tard dans la nuit.
Et enfin, pour finir mon séjour à Chiang Mai en beauté, je termine par prendre un cours de deux heures de Muay Thai, la boxe thaï, au club Por Silaphaigym de Chiang Mai, avec l'instructeur Prasit Silaphai. J'y retrouve pas mal de techniques du Krav Maga (puisque c'es un des trois piliers du Krav), mais également dans la manière de s'échauffer. Néanmoins, l'accent de Sil étant un peu difficile à comprendre en anglais, je me suis pris quelques pénalités de dix pompes quand je comprenais mal ses instructions et ne faisais pas le mouvement qu'il voulait... Tout ça dans la bonne humeur bien sûr ;) Malgré deux heures très intensives, ça m'a fait un bien fou de retrouver ces sensations après autant de temps, et si je ne faisais pas déjà du Krav, je commencerais bien le Muay Thai !!
Après ces deux premières semaines de découverte du nord de la Thaïlande et de nombreuses premières expériences pour moi, je quitte le pays pour me rendre un mois en Birmanie. Je reviendrai ensuite pour deux semaines d'exploration du centre du pays et de Bangkok, avant de m'envoler pour le Japon.