Alliyanchu, lecteurs!
Voici le récit de mon séjour au Pérou! Mais d'abord, quelques informations sur le pays: Superficie: 1 285 315 km² (plus de 42 fois la Belgique) Population: 32 280 640 habitants (plus du double de la population belge) Densité: 25 habitants/km² Indépendance: 28 juillet 1821 Monnaie: le Sol Devise nationale: "Fort et heureux par l'union"
Drapeau péruvien / Le Pérou à l'échelle du mondeC'est avec beaucoup d'excitation que j'arrive au Pérou, dans la hâte d'y retrouver un peu l'ambiance et l'authenticité de la Bolivie qui m'ont tant manquées en Argentine et au Chili. Après une escale de 7 heures à Lima, je redécolle pour Cusco, où j'arrive en fin d'après-midi! Enfin!! Là, changement de températures par rapport à Santiago: il fait vachement plus froid et il pleut par intermittence. J'ai connu mieux, et pourtant, en traversant la ville pour aller à mon auberge, j'ai le cœur en joie tant la ville me plait déjà! Je suis vraiment fatiguée par le voyage et ressens fort l'altitude (on est à 3390 m!), je profite donc de la fin de la journée et du lendemain pour travailler sur le blog et me reposer avant l'aventure qui m'attend dans les montagnes de la Vallée Sacrée. En plus, je sais que je vais revenir visiter Cusco avec les parents et je préfère me réserver pour découvrir avec eux. Le lendemain midi, j'ai la chance de dîner avec Danielle, la co-directrice belge de l'association péruvienne Associación Jóvenes Indígenas Inkas Vivientes grâce à qui je vais pouvoir vivre deux semaines dans des familles de tradition inca, qui est justement de passage à Cusco. Ça nous permet de faire un peu mieux connaissance qu'au salon des vacances de Liège, où je l'avais rencontrée avant mon départ. Tout de suite, le courant passe très bien entre nous. Comme beaucoup de personnes que j'ai rencontrées jusqu'à présent, elle a un parcours très intéressant! Elle a découvert le Pérou il y a quarante ans et en est tombée éperdument amoureuse. En Belgique, elle a fondé l'association Identité Amérique Indienne (ou Idamind, pour les intimes) qui organise, entre autres, des voyages au Pérou chaque année, des stages nature pour les enfants, ainsi que des cours d'artisanat et d'espagnol et des balades nature pour les adultes, tout en sensibilisant les gens à la cause écologique et en faisant découvrir la culture et le mode de vie incas. Elle vit au Pérou depuis quatre ans, maintenant, mais est encore régulièrement de passage en Belgique. Nous discutons aussi de ce que je vais pouvoir apporter aux communautés où je vais résider et, vu mon parcours et leurs besoins, nous décidons que je donnerai des cours d'anglais tous les soirs à ceux qui sont demandeurs. En effet, l'anglais les aide pour le tourisme: pour vendre leur artisanat aux gens de passage, mais aussi pour communiquer avec les touristes qui viennent séjourner chez eux et qui ne parlent pas espagnol, ou encore pour les nombreux hommes qui travaillent comme cuistot ou comme porteur sur El camino del Inca (le chemin de l'inca), ce trek de 3-5 jours emprunté par de nombreux groupes de touristes pour arriver à pied au site du Machu Picchu. Elle me parle aussi de leur mode de vie, très proche de la nature et je me rends compte qu'en plus d'une expérience humaine incroyable, je vais aussi beaucoup en apprendre sur le respect de la nature et découvrir un art de vivre proche de mes valeurs. Sur le chemin du retour vers l'auberge, je m'arrête au Mercado Central, le grand marché de Cusco. Là, je n'en crois pas mes yeux: je me croirais sur un marché bolivien!! J'y retrouve les étalages de viande, de fromages, de fruits et légumes, de jus de fruits,... un grand bordel organisé, coloré, bruyant et plein de vie! Comme quand je suis arrivée à La Paz, il y a plus de trois mois, j'ai cette étrange sensation d'être rentrée "à la maison", alors que je n'y suis jamais venue auparavant. J'ai la méga banane et suis super excitée à l'idée de pouvoir partager tout ça avec les parents, dans deux semaines!!
Le lendemain, dimanche 7, je prends un minibus en fin de journée et arrive deux heures plus tard à Ollantaytambo, mon dernier bastion de civilisation avant de me déconnecter du monde pour monter dans el Valle Sagrado, la Vallée Sacrée des Andes péruviennes. Le lundi, je me balade le matin dans Ollanta' et tombe sur une petite procession en l'honneur de je ne sais quoi (photo 3), vive le folklore! Malgré le côté très touristique de la place principale, je trouve que la ville a beaucoup de charme avec ses petites maisons et ses rues à gros pavés, et puis, ces immenses montagnes tout autour et les différents restes de la présence inca m'impressionnent beaucoup! Je dîne au marché avec Danielle, qui vit à Ollanta', puis elle m'emmène au bureau de l'association, où va se dérouler la première réunion de l'année. Je suis vraiment curieuse! :D Là, Marc, coopérant suisse germanophone qui débute son contrat, nous rejoint. Il va s'occuper de tout le côté informatique et digital de l'association pendant trois ans, une fameuse aide! Nous faisons brièvement connaissance et il me partage ses impressions des 4 communautés, qu'il a déjà visitées. Petit à petit, le président, Daniel, puis les différents membres de l'association (et représentants des 4 communautés) arrivent au bureau. La majorité porte le costume traditionnel: les femmes, la jupe colorée, le châle et le couvre-chef, et les hommes, le poncho et le chapeau. Tous vêtements fabriqués par eux-mêmes, bien sûr. Je suis déjà sous le charme! Bon, la réunion dure un certain temps et j'avoue que je décroche un peu par moments, sauf évidemment quand il est question de ma mission dans les communautés: nous décidons que je commencerai le lendemain et séjournerai dans les trois communautés les moins hautes (ce que je bénirai par la suite, vu les froides températures que j'aurai déjà à 3800 m!). Je passerai 3 nuits dans la première communauté, Patacancha, et 3 dans la deuxième, Rumira Sondormayo. Puisqu'elles ne sont séparées que par une rivière, les plus motivés pourront assister à 6 cours d'anglais, qu'ils soient d'un village ou de l'autre. Je terminerai par 5 nuits dans la communauté la plus basse, Huilloc. Pour contenter un maximum de familles, je changerai de maison presque tous les jours. Lorsque je ne serai pas en train de préparer mes cours ou de les donner, c'est moi qui serai l'élève avec eux, dans leurs tâches du quotidien. Les personnes présentent ont l'air vraiment enjouées à l'idée de m'avoir chez eux, ça fait plaisir! Chose que j'avais déjà beaucoup observée en Bolivie et que je retrouve avec plaisir au Pérou: même si l'on se réunit pour parler de choses sérieuses, on se taquine, on se titille ou on fait des blagues sur le quotidien. Les gens sont de nature joyeuse, aiment beaucoup rigoler et ont souvent beaucoup d'humour. C'est un plaisir pour moi de faire partie de si chouettes assemblées et de les regarder rire de bon coeur.
Photo 6: Une partie de l'assemblée avec de gauche à droite: Rolando, Juana, Cirilo, Daniel (le président), Rolando et DanielleLe lendemain, je retrouve Danielle au centre d'Ollanta', nous allons acheter un peu de matériel pour mes cours puis nous prenons un minibus (photo 1) et remontons la vallée jusqu'à Patacancha. Là, je suis accueillie par Lucio (à côté de moi, sur la photo 3), une de ses petites-filles, Yoselin (à droite du groupe, avec le chapeau), et ses amis du voisinage. Les enfants sont super curieux et excités, c'est trop marrant! :D Lucio et son épouse, Justina, me montrent ma jolie petite chambre (photo 5) et puis, nous dînons ensemble. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre niveau nourriture, mais le repas est délicieux! Tout est super naturel et frais du jardin. Nous terminons par un thé, bien sûr, et nous pouvons choisir entre de la muña (bonne pour la digestion) et de la menthe également fraîches du jardin (photo 6). Quel bonheur et quelles saveurs! Après le repas, Danielle redescend à Ollanta' et je commence à préparer mon cours du soir. J'essaie d'estimer au mieux le type de vocabulaire dont ils vont avoir besoin et m'habitue petit à petit à l'idée de devoir donner cours d'anglais... en espagnol! Non sans une pointe d'amusement face à ce nouveau challenge ^^ Une fois mon cours préparé, je vais près de Justina, occupée à décortiquer des pattes de moutons à la cuisine. Ici, on ne jette rien, pas même les pattes de mouton! Malheureusement, elle parle très peu espagnol, mais nous nous comprenons avec les mains et les pieds, comme on dit en allemand, et surtout avec beaucoup de sourires. Vers 17 heures, Lucio vient me chercher et nous montons avec Nicanor et Christian, ses deux petits-fils, à l'école maternelle du village, où je vais donner cours. Sur la petite place devant le local, une dizaine de femmes sont en train de tisser ensemble. Je m'approche pour les saluer et regarder ce qu'elles font mais elles sont très timides et après quelques sourires gênés, elles retournent à leur travail et leurs conversations. Petit à petit, quelques personnes arrivent, surtout des hommes, et des enfants qui jouaient tout près et sont curieux de voir ce qui va se passer. Je papote un peu avec les personnes présentes et constate que certains ont déjà appris un peu d'anglais, avec d'autres bénévoles ou en travaillant avec des touristes. Ils sont super motivés et me balancent fièrement les mots dont ils se rappellent! C'est vraiment attendrissant et encourageant :) Finalement, j'ai 5-6 adultes et une poignée d'enfants et décide de commencer le cours. Les plus petits, qui ne savent sans doute même pas encore lire ni écrire sont vite distraits et jouent à côté mais les autres sont vraiment intéressés et répètent en cœur avec moi! J'essaie le plus vite possible de marquer les visages et les prénoms dans ma mémoire, afin de pouvoir les interroger nominativement. On rit beaucoup quand ils galèrent à prononcer les mots et ils se taquinent entre eux. Les adultes posent beaucoup de questions, "et comment on dit ça?", "et ça, ça veut dire quoi, encore?",... J'ai beaucoup de plaisir à être là, et je pense qu'eux aussi! Finalement, il commence vraiment à faire noir et on ne voit plus ce qu'on dit, je leur donne donc rendez-vous le lendemain à la même heure et repars avec mes hôtes vers la maison. Là, j'y rencontre Graziela, la fille de Lucio et Justina et maman de Yoselin, et son époux, Amelco. Je découvre au souper la délicieuse soupe de quinoa péruvienne, bourrée de légumes (photo 9). Elle restera jusqu'au bout de mon séjour, un de mes plats péruviens préférés.
Le lendemain matin, je déjeune avec Lucio, puis refais mon sac et commence déjà à préparer mon cours du soir. En fin de matinée, Lucio vient me chercher et me conduit à ma deuxième famille, celle de Rolando, qui était un des élèves les plus motivés de mon cours de la veille, et Jesusa (leur maison sur la photo 1). Quand j'arrive, Rolando n'est pas là, mais je reconnais le beau visage et le sourire franc de Jesusa, qui tissait sur la place la veille. Je fais connaissance avec leurs quatre enfants: Marta, l'aînée, Benjamin, Eliasar (avec Jesusa, photo 7) et Melkiseder, le petit dernier qui ne marche pas encore (photo 8). Jesusa est en train de préparer le dîner, donc je lui propose de peler les patates et nous faisons connaissance. Elle est super communicative, aime beaucoup rire, parle très bien espagnol et me pose plein de questions! C'est celle avec qui je pourrai le plus communiquer et me lier de mon séjour dans les communautés, les autres femmes étant plus réservées et introverties, par tradition, sans doute. L'après-midi, je reste avec les enfants, qui m'emmènent en balade pour me montrer leurs moutons et les environs. C'est Marta qui parle le mieux espagnol et elle m'explique plein de choses, notamment les propriétés des plantes que nous voyons autour de nous et dont ils se servent presque tous les jours. Je suis vraiment impressionnée par tout ce qu'elle sait et tout ce qu'ils font avec, moi qui n'y connais absolument rien. Pour ne rien gâcher, nous avons même un peu de ciel bleu et la nature est vraiment à couper le souffle. Les petits me cueillent un bouquet de fleurs et c'est à celui qui en ramènera le plus! :D Enfin, nous allons chercher de l'herbe pour nourrir leurs cuys (cochons d'Inde, viande dont ils raffolent et mets réservé aux grandes occasions) (photo 10), puis nous rentrons et je passe la fin de la journée à regarder Jesusa tisser et Marta tricoter un bonnet pour sa poupée, en papotant avec elles. Le soir, les enfants m'accompagnent au cours et j'y retrouve avec plaisir quelques'uns de mes élèves de la veille: Rolando, Leonardo, Cirilo, et dans les enfants, Nephtali et son frère, Albino. Je suis un peu déçue de ne pas voir Lucio, Nicanor et Christian qui étaient vraiment motivés la veille, mais Danielle m'avait prévenue qu'ils sont souvent pris par leurs activités aux champs, avec leurs bêtes ou bien qu'ils oublient qu'il y a cours, tout simplement. La leçon se déroule aussi bien que la veille, puis nous rentrons avec Rolando et les enfants. Après le souper, Marta, très motivée, me demande de revoir un peu ce que nous avons vu ensemble au cours d'anglais. On peut dire que ça me change des élèves à qui j'ai donné cours en Europe ^^
Photo 11: Mon local, la classe de maternelle (el pronoei) et une partie du village, à l'arrièreLe lendemain se passe de façon assez similaire, à part que le temps est fort couvert, qu'il pleut par intermittence et qu'un froid glacial s'est installé. Il y a systématiquement un jour entre les murs et le toit et entre les portes, le sol et les murs, le vent froid se faufile partout et j'ai vraiment du mal à me réchauffer, malgré les couches que j'ai superposées. Eux, ils sont habitués et sont pieds nus dans leurs sandales, comme les Boliviens :) Une chance par contre, je reste deux nuits avec Rolando et Jesusa, donc je ne dois pas refaire mon sac et ai l'occasion de faire encore mieux connaissance avec eux, et puis, je me plais vraiment bien avec eux. Le soir, c'est déjà mon dernier cours à Patacancha et, ne sachant pas si j'en reverrai à Rumira, je demande à mes élèves à la fin du cours si je peux prendre une photo du groupe. Ils sont super heureux!! Et, emportés par le groupe, même les plus timides finissent par venir sur la photo. Je n'avais que deux adultes, cette fois, Rolando (en noir sur la photo 12, ci-dessus) et Cirilo (à genoux, en poncho orange), deux de mes élèves les plus motivés, et une petite troupe d'enfants, dont Nephtali et Albino (à gauche, en bleu et en bordeau).
Le lendemain, Rolando m'emmène en fin de matinée à Rumira Sondormayo, dans la famille de Leonardo, que je connais déjà du cours d'anglais, et Matiasa. Quand j'arrive, Matiasa est seule et occupée. Elle me montre ma chambre et me dit de me reposer. J'en profite pour prendre un break au chaud. Au bout d'une heure, je vais quand même la rejoindre dans la cuisine. Elle parle très peu et ne croise pas souvent mon regard, je ne sais pas si je l'ennuie ou si c'est de la timidité. Enfin, les enfants, Joel et Benjamin, rentrent avec Leonardo et nous terminons de préparer le repas ensemble. Leonardo, lui, est super loquace! Il répond volontiers à mes questions et m'en pose aussi beaucoup. Le repas se passe dans une chouette ambiance et je me rends compte que Matiasa n'est pas juste taiseuse avec moi, mais aussi avec le reste de la famille, ça me soulage un peu. L'après-midi, nous partons en balade avec Leonardo et les garçons, ils m'emmènent d'abord voir leur vache, Lucia, et son veau, Yola (photo 4: Benjamin et Lucia), et nous mangeons des cœurs de tiges de maïs (photo 5)! C'est vraiment bon en fait, il y a un jus sucré à l'intérieur. Nous continuons ensuite la balade plus haut dans les montagnes et allons jusqu'à la maison de la sœur de Matiasa, Mercedes, et de son mari, Andres, chez qui je dormirai deux jours plus tard. C'est vraiment gai de se balader dans la région, en plus, ça me réchauffe un peu. Le soir, c'est dans la pièce à côté de ma chambre, chez Leonardo et Matiasa, que je donne cours (photo 2). Cette fois, je n'ai que trois adultes, Leonardo, Graziela (la fille de Lucio et Justina) et son mari, Amelco (qui est aussi le frère de Matiasa et Mercedes), et une poignée d'enfants que je ne connais pas encore. J'ai cependant la bonne surprise de voir Marta arriver pendant le cours avec deux de ses amies :) Après le cours, Graziela et Amelco restent un peu avec nous et en profitent pour m'enseigner un peu de quechua! Je sors mon carnet et, comme une bonne élève, note le vocabulaire et les expressions qu'ils m'apprennent. Pour une fois, ce ne sont pas eux, les élèves, et ils rigolent beaucoup quand je me trompe dans les syllabes ou que je n'arrive pas à prononcer les mots correctement :D Moi, je suis contente de pouvoir faire de petits pas dans leur direction en m'adressant de temps en temps à eux dans leur langue. Nous préparons ensuite le repas avec les garçons. Leonardo m'explique qu'il travaille souvent comme cuistot sur le Chemin de l'Inca et qu'il adore cuisiner. Il y a d'ailleurs découvert certaines astuces avec des touristes et a également appris à ses garçons à préparer le repas. Je suis impressionnée :) Après le repas, il va chercher sa guitare et ils me chantent quelques chansons. Je passe une très bonne soirée! Le lendemain, je passe la matinée avec Matiasa. Elle est toujours aussi silencieuse que la veille mais je lui découvre une attention particulière à mon égard qui me touche beaucoup. Elle est contente que je l'aide dans ses tâches, me montre volontiers comment je dois m'y prendre et répond gentiment à mes questions. Ainsi, nous teignons la laine de leurs moutons (qu'elle a déjà filée) en différents tons de rouges avec des pigments naturels qu'ils ont fabriqués eux-mêmes à base de fleurs. Ensuite, nous trayons Lucia ensemble (une grande première pour moi! :D) et elle me montre comment ils fabriquent leur fromage (ils font aussi du beurre et du yaourt, qu'ils vendent au village). Je m'amuse beaucoup et suis ébahie de tout ce que ces gens font eux-mêmes!! Ça me donne fort envie d'avoir une vache quand je m'installerai en Belgique :D Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il est déjà l'heure pour moi de changer de foyer et d'aller faire connaissance de la famille de Juana et Isaac. Ils ont trois filles mais seules les deux plus jeunes vivent encore avec eux, Yuni et Ruthsaida, qui étaient à mon cours la veille. L'accueil y est un peu moins chaleureux et la famille parle beaucoup en quechua. Je passe l'après-midi près de Juana et Yuni, qui tissent, puis retourne donner mon cours d'anglais chez Leonardo et Matiasa.
Le dimanche matin, je retourne chez Leonardo et Matiasa, qui m'avaient proposé d'aller à la messe avec eux. Curieuse et honorée par cette invitation, j'avais bien sûr accepté. Je retrouve avec gaieté cette petite famille à laquelle je m'étais déjà attachée. La messe, comme à certains autres endroits durant mon voyage, est assez folklorique: nombreux discours du prêtre et longues lamentations suppliantes à renfort de larmes; néanmoins, l'accompagnement des chansons de Leonardo à la guitare est assez sympathique. Une fois la messe finie, nous retournons à la maison et l'on se régale avec de délicieuses truites pêchées du matin et divinement préparées par Leonardo! Matiasa me montre les bâtons de yaourt (photo 4) et les fromages (photo 5) faits avec le lait de Lucia qu'elle va vendre l'après-midi au marché. Rejoints par Ruthsaida et Yuni, les enfants de Juana et Isaac (où j'ai passé la nuit précédente), nous montons tous ensemble au marché de Patacancha. Je suis heureuse de pouvoir participer à cette activité hebdomadaire du village et curieuse de peut-être y retrouver les familles chez qui j'ai séjourné à Patacancha et quelques "anciens" élèves! Et je ne suis pas déçue! Non seulement, j'assiste à un beau moment authentique, sur cette place colorée des vêtements de chacun, vibrant de bonne humeur, où se mélangent les conversations, les éclats de rire et les cris des enfants qui jouent, mais en plus, j'y retrouve beaucoup de visages connus et des sourires particulièrement chaleureux! Beaucoup viennent me saluer (Jesusa, Rolando et les enfants, Cirilo, Lucio, Nephtali et son frère, Albino,...), ils ont l'air contents de me voir, et pendant un bref instant, j'avoue m'être presque sentie comme le Padre (Bolivie, Colquechaca), lorsqu'il arrivait dans une communauté. On me faisait fête et j'avais le sentiment heureux de faire, ne fut-ce qu'un tout petit peu, partie de leur communauté. Les gens qui ne me connaissaient pas, et qui me prenaient sans doute pour une touriste de passage pour la journée, avaient l'air tout surpris de mes retrouvailles chaleureuses avec certains des leurs. Moi, j'étais aux anges et profitais de chaque minute :) En fin d'après-midi, nous redescendons à Rumira et je passe encore un peu de temps chez Juana et Isaac, avant de donner mon dernier cours chez Matiasa (ma classe, photo 15). Je soupe chez eux, avec Mercedes, la sœur de Matiasa, chez qui je passe la nuit, et Nilda, sa fille. Puis nous rentrons toutes les trois chez eux, plus haut dans la montagne.
Photo 14: Leonardo, qui m'avait demandé de le prendre en photo dans son costume traditionnel et avec sa guitare Le lendemain matin, après avoir quand même passé un peu de temps avec eux et bien parlé avec Andres, le mari de Mercedes, en regardant Nilda et Yoska jouer ensemble, Nilda, Mercedes et moi retournons vers Rumira. En effet, je quitte Rumira aujourd'hui pour redescendre vers Huilloc, ma dernière étape, et en plus, c'est en quelque sorte la rentrée à l'école primaire et mamans et enfants doivent s'y rendre. N'étant pas trop pressée de faire mes adieux, ayant rencontré avec plaisir Jesusa et les enfants et Justina et Yoselin (ma première famille) à l'école et ne sachant pas combien de temps ça allait prendre à l'école (et étant aussi assez curieuse d'assister à ce moment), je décide de les y accompagner (photo 1). Finalement, voyant que ça s'éternise un petit peu, et puisque je voulais repasser prendre une douche chaude à Ollanta avant de remonter à Huilloc, je salue le plus discrètement possible Jesusa et Mercedes, que je sais que je ne reverrai plus, et pars sur la pointe de mes chaussettes. Je fais mes adieux à Matiasa, embarque mon sac resté chez elle et redescends en micro, vers Ollanta. J'ai le cœur serré de quitter tous ces beaux visages et ces personnalités attachantes mais j'avoue me réjouir énormément de prendre une douche chaude et de retrouver, je l'espère, des températures un peu plus élevées.
Photo 2 à 9: dans les descente de la vallée vers Ollanta Après une douche extrêmement régénératrice, deux heures de wifi à mon auberge d'Ollanta, où j'ai pu envoyer quelques nouvelles à la famille, et un bon repas au centre, je reprends le micro et remonte vers Huilloc. Arrivée là-bas, je demande mon chemin, cherchant la maison de Victoria et Daniel. Là, on m'envoie dans une première direction, puis dans une autre, pour me renvoyer dans la première. Je suis un peu confuse, et surtout bien chargée avec mes sacs et peine un peu. Je finis par revenir à mon point de départ pour redemander à la première personne à qui je me suis adressée, la tenancière de la mini supérette de Huilloc. Il semblerait qu'il y ait deux Victoria (au moins) dans le village, mais je ne sais pas lire le nom de famille de celle que je cherche sur le papier de Danielle. La dame finit par gentiment m'accompagner et, après avoir trouvé porte close chez la supposée "bonne" Victoria, elle me conduit chez leurs voisins, Jesus et Isabel, qui sont ma famille d'accueil pour la nuit suivante. Nous décidons que je n'ai qu'à intervertir et loger chez eux cette nuit, puis aller chez Victoria le lendemain. Ouf! L'après-midi est déjà bientôt finie et je ne vois pas comment avertir le village de mes cours (ils n'ont déjà même pas vraiment l'air au courant de ma venue...). Je décide donc de commencer mes cours le lendemain et en profite pour faire connaissance avec Elizabeth, la fille aînée de Jesus et Isabel, pendant qu'elle tisse, puis joue avec les trois plus jeunes, William, Yaneth et Edison. Les parents sont plus réservés et parlent moins bien espagnol, mais leur accueil est chaleureux et le souper se passe dans une bonne ambiance. Le lendemain, nous conduisons les moutons et les deux cochons au pâturage avec Jesus et Yaneth (photo 5), une petite balade sympathique qui me réchauffe un peu et m'offre une vue belle plongeante sur le village de Huilloc (photo 6).
Après le dîner, Elizabeth m'accompagne chez Victoria et Daniel, pour voir s'ils sont là et s'ils savent toujours m'accueillir. Daniel n'est pas là et Victoria parle très peu espagnol, je demande donc à Elizabeth de lui expliquer la confusion d'hier et pourquoi je suis restée chez Isabel et Jesus. Ça n'a l'air de poser aucun problème et elle propose même que je vienne tout de suite chez eux, je retourne donc chercher mes affaires. Une fois revenue, Rebecca, l'aînée, me sert du thé, pendant que j'entends un grand branle-bas de combat à l'étage: ça brosse, ça nettoie, ça secoue, ça aère... et tout le monde fait comme si de rien n'était quand il passe devant moi. Je suis morte de rire à l'intérieur. Visiblement, ils n'étaient pas au courant de ma venue, mais essaient de donner le change. C'est mignon :) Au retour de Daniel, nous faisons brièvement connaissance, puis il nous envoie, Rebecca et moi, prévenir les gens du village qui pourraient être intéressés par mes cours d'anglais. Les gens à qui nous parlons ont l'air enthousiastes et pourtant, le soir, lorsque je me rends chez Isabel et Jesus pour donner mon cours, puisqu'ils ont l'espace pour, seuls quelques enfants sont là. D'autres nous rejoignent en cours de route, mais la moyenne d'âge est très jeune, une bonne moitié ne sait sans doute pas encore lire ni écrire, et j'essaie d'adapter au mieux mon cours déjà préparé pour les villages précédents. Je rentre, un peu dubitative de ce cours très dissipé, avec Rebecca et Barnabe, son petit frère, et nous passons un chouette moment au souper avec toute la famille.
Le lendemain matin, Daniel doit partir au champ et m'explique, puisque Victoria parle peu espagnol, que je vais rester avec elle et peux l'aider à tisser. Trop bien!! :D Nous nous installons en face à face et commençons à "construire" le métier à tisser (photo 6). Nous ne parlons que très peu, mais je passe un très chouette moment! Je suis très contente d'enfin pouvoir prendre part à ces activités que j'ai observées si souvent, depuis le début de mon séjour dans les montagnes. Après le dîner, Daniel me demande de prendre des photos de et avec eux dans leurs costumes. Un plaisir pour moi!! :D Puis c'est le temps des aurevoirs, et Rebecca m'accompagne chez ma famille suivante, Bárbara et Jacinto. Là, personne. Je me dis que décidément, les gens n'ont vraiment pas l'air au courant de ma venue... Je remercie Rebecca et lui dis que je vais attendre seule. Au bout d'une heure, toujours personne... Par le plus grand des hasards, Daniel, président des Inkas Vivientes, passe devant la maison et me demande tout étonné ce que je fais là. Je lui explique la situation, et il appelle Agripina (ma famille du lendemain), pour lui demander si je peux venir un jour plus tôt. Et c'est ainsi décidé. Je reprends mon bardas et descends chez Agripina et Nemecio. L'accueil d'Agripina est plus ou moins chaleureux, mais ils parlent beaucoup en quechua, et je joue alors plutôt avec le petit dernier, Rodrigo. Vers 17h30, je pars chez Jesus et Isabel pour donner cours et le deuxième fils, Oscar, m'accompagne. En fait, il est très gentil, s'intéresse beaucoup et parle volontiers, ça me fait plaisir d'avoir des contacts un peu plus élaborés avec quelqu'un. Arrivés chez Isabel et Jesus, il n'y a personne. Nous attendons un peu, puis je commence quand même avec Oscar, William, Ilias (un de leurs amis qui passait par là et qu'ils ont convaincu de rester), puis Yaneth et Edison. Malgré leur petit nombre, mes élèves sont assez motivés, ça fait plaisir! Nous rentrons ensuite avec Oscar, et je rencontre Nemecio, le mari d'Agripina, au souper. Lui aussi est particulièrement sympathique et communicatif, une chouette compagnie.
Le lendemain, la matinée se passe assez calmement, et puis j'ai la joie de voir Danielle débarquer pour le dîner! Quelle bonne surprise!! :D Elle vient pour voir comment l'expérience se passe pour moi, prendre quelques photos (notamment, la photo 1, avec Nemecio, Rodrigo et Oscar) et pour m'interviewer sur mon séjour, afin d'alimenter le site internet de l'association. Je suis vraiment contente de la voir, de parler un peu français et de pouvoir lui partager mes impressions et lui raconter les derniers jours! Après le départ de Danielle, Agripina s'est mise en tête de m'apprendre à tisser, et je passe donc l'après-midi à commencer à tisser un bracelet, comme les petites filles, quand elles apprennent toutes jeunes ^^ Eh bien, c'est vraiment pas facile!! Les explications d'Agripina sont succinctes, pas très claires entre quechua et espagnol; je me trompe souvent dans les fils et Agripina doit venir rectifier le tir, avec plus ou moins de patience. Oups! Fin d'après-midi, je remonte chez Jesus et Isabel pour le cours. Au moment où j'arrive, les trois enfants partent chercher les bêtes au pâturage. Je me retrouve donc seule... Au bout de trois quarts d'heure d'attente, je finis par aller un peu me balader le long de la rivière puis rentre gentiment chez Agripina, assez déçue du bilan négatif des cours d'anglais à Huilloc.
Pour mon dernier jour complet dans les montagnes, c'est une journée spéciale! L'agence de voyage LimaTours d'Urubamba envoie 5 agents en reconnaissance à Huilloc dans le but d'inclure un passage par le village dans les tours qu'ils organisent. Ils viennent rencontrer Daniel, le président de l'association, mais aussi voir ce que le village peut proposer comme activités. Il s'agit donc de faire bonne impression! Agripina et moi rejoignons les autres sur la place principale. Quelle palette de couleurs, tout le monde s'est mis sur son 31! Costumes traditionnels, jupes et pantalons impeccables, pieds et sandales sans traces de boue, chapeaux plus fleuris les uns que les autres, colliers de fleurs cueillies du matin, instruments de musique! Je suis toute excitée :D A l'arrivée des agents, nous les accueillons avec de la musique et des chants et les escortons vers la place. Je lis de la surprise sur leurs visages quand ils me saluent et l'une d'entre eux me demande en chemin la raison de ma présence. Après leur avoir présenté la communauté et les avoir vêtus de costumes, nous avons droit à une chanson, puis une danse traditionnelle (photos 7-10), à laquelle ils sont invités à participer. Moi, j'en profite tout autant! :D Les hommes les emmènent ensuite dans une maison pour leur montrer la cuisine locale et pendant ce temps, les femmes sortent leur métier à tisser et exposent leurs réalisations. Agripina m'avait dit d'emmener le bracelet que j'avais commencé la veille et je m'installe donc parmi elles pour finir mon chef d'oeuvre (hum...). Nos invités reviennent et passent chez chaque dame, qui leur explique ce qu'elle est en train de réaliser. Moi aussi, à mon tour, je présente ma magnifique réalisation (photo 12), en plaisantant bien sûr sur mes incroyables talents de tisseuse :D C'est vraiment gag pour moi de me sentir comme appartenant plus à cette communauté, parlant un peu de quechua et connaissant plusieurs personnes de l'assemblée, qu'eux qui débarquent d'une ville située seulement à quelques heures de là. Quel étrange sentiment, je me sens vraiment privilégiée. Une fois nos invités repartis, nous avons droit à un petit discours de Daniel, puis Agripina et moi rentrons. Nous mangeons encore tous ensemble, et je me mets en route vers la maison de Bárbara et Jacinto en espérant, cette fois ne pas trouver porte close.
Arrivée là-bas, clap 2, il n'y a personne! Je n'ai vraiment pas de chance, avec eux ^^ Un peu plus d'une heure plus tard, l'aîné, Miguel, arrive avec son cousin et des truites qu'ils viennent de pêcher dans la rivière. Ouf! Il m'explique que Bárbara est au champ avec les moutons et que Jacinto travaille. Un peu plus tard, Jacinto rentre et m'installe dans ma chambre. Vu le peu de succès pour le cours d'anglais les jours précédents, je décide de ne pas y aller aujourd'hui et ça tombe bien, car les enfants, Miguel, Freddy et Luz Mary, que je finis par reconnaître du premier cours que j'ai donné à Huilloc, me demandent de voir un peu de vocabulaire avec eux. Et donc, tous ensemble, en préparant le souper, nous répétons quelques mots et expressions en anglais. Bárbara, qui semble parler très peu espagnol, est pourtant très communicative avec moi. Elle porte sur le visage une douceur et une bonté incroyables! Jacinto, lui aussi, est très doux et s'intéresse beaucoup. Les garçons, plus bavards que Luz Mary, plus jeune, me parlent de la coupe du monde de foot, pour laquelle le Pérou a été sélectionné!! Ils sont tout fous :D Je suis triste de ne pouvoir passer que si peu de temps avec cette dernière famille, si chaleureuse.
Le lendemain, je passe encore quelques heures dans la cuisine avec Bárbara, puis c'est déjà l'heure pour moi de reprendre mon bardas et de descendre définitivement de mes montagnes. Le cœur quand même un peu lourd, en finissant en beauté avec cette si chouette famille qui me rappelait la chaleur que l'on m'avait témoignée à Patacancha et Rumira, je monte pour la dernière fois dans le micro me ramenant à Ollanta. En retrouvant une connexion internet, je reçois avec joie une invitation de Danielle à dîner chez elle avec Arnaud, un belge venu comme bénévole au Pérou dans le cadre de son mémoire. C'est trop chouette de retrouver des compatriotes et de pouvoir partager mon expérience fraîchement terminée! Je passe la fin de l'après-midi calmement à l'auberge puis retrouve Arnaud le soir pour le souper. Il est fort curieux de mon séjour dans les communautés, puisque lui aussi va y aller. Nous passons une très bonne soirée, puis je m'effondre de fatigue dans mon lit.
Le lendemain matin, c'est la première fois depuis longtemps que je vois un ciel aussi dégagé! Sur les conseils de Danielle, je pars tôt le matin à l'ascension d'un pan de montagne autour d'Ollanta pour me rapprocher d'un de ces impressionnants greniers incas, sur le site de Pinkuylluna. La vue sur la ville et la Vallée Sacrée est absolument incroyable! J'ai le souffle coupé par la hauteur et la beauté des abruptes montagnes entourant la ville. Je n'aurais pas pu imaginer meilleure façon de terminer cette belle page de mon voyage et d'amorcer, tout doucement, la période de découverte du Pérou qui m'attend avec Papa et Maman.
Enfin, je redescends de mon perchoir et, après une dernière balade en ville pour trouver de quoi déjeuner, je rentre faire mon sac à l'auberge et quitte Ollantaytambo en direction de Cusco. Là, j'ai encore le temps de dîner en ville puis pars pour l'aéroport où un avion m'attend pour rentrer à Lima et y attendre gentiment l'arrivée des parents!!