Carnet de voyage

Peru

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Un proverbe péruvien dit: "Petit à petit, on va loin."
Du 5 janvier au 12 février 2018
39 jours
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Alliyanchu, lecteurs!

Voici le récit de mon séjour au Pérou! Mais d'abord, quelques informations sur le pays: Superficie: 1 285 315 km² (plus de 42 fois la Belgique) Population: 32 280 640 habitants (plus du double de la population belge) Densité: 25 habitants/km² Indépendance: 28 juillet 1821 Monnaie: le Sol Devise nationale: "Fort et heureux par l'union"

 Drapeau péruvien / Le Pérou à l'échelle du monde

C'est avec beaucoup d'excitation que j'arrive au Pérou, dans la hâte d'y retrouver un peu l'ambiance et l'authenticité de la Bolivie qui m'ont tant manquées en Argentine et au Chili. Après une escale de 7 heures à Lima, je redécolle pour Cusco, où j'arrive en fin d'après-midi! Enfin!! Là, changement de températures par rapport à Santiago: il fait vachement plus froid et il pleut par intermittence. J'ai connu mieux, et pourtant, en traversant la ville pour aller à mon auberge, j'ai le cœur en joie tant la ville me plait déjà! Je suis vraiment fatiguée par le voyage et ressens fort l'altitude (on est à 3390 m!), je profite donc de la fin de la journée et du lendemain pour travailler sur le blog et me reposer avant l'aventure qui m'attend dans les montagnes de la Vallée Sacrée. En plus, je sais que je vais revenir visiter Cusco avec les parents et je préfère me réserver pour découvrir avec eux. Le lendemain midi, j'ai la chance de dîner avec Danielle, la co-directrice belge de l'association péruvienne Associación Jóvenes Indígenas Inkas Vivientes grâce à qui je vais pouvoir vivre deux semaines dans des familles de tradition inca, qui est justement de passage à Cusco. Ça nous permet de faire un peu mieux connaissance qu'au salon des vacances de Liège, où je l'avais rencontrée avant mon départ. Tout de suite, le courant passe très bien entre nous. Comme beaucoup de personnes que j'ai rencontrées jusqu'à présent, elle a un parcours très intéressant! Elle a découvert le Pérou il y a quarante ans et en est tombée éperdument amoureuse. En Belgique, elle a fondé l'association Identité Amérique Indienne (ou Idamind, pour les intimes) qui organise, entre autres, des voyages au Pérou chaque année, des stages nature pour les enfants, ainsi que des cours d'artisanat et d'espagnol et des balades nature pour les adultes, tout en sensibilisant les gens à la cause écologique et en faisant découvrir la culture et le mode de vie incas. Elle vit au Pérou depuis quatre ans, maintenant, mais est encore régulièrement de passage en Belgique. Nous discutons aussi de ce que je vais pouvoir apporter aux communautés où je vais résider et, vu mon parcours et leurs besoins, nous décidons que je donnerai des cours d'anglais tous les soirs à ceux qui sont demandeurs. En effet, l'anglais les aide pour le tourisme: pour vendre leur artisanat aux gens de passage, mais aussi pour communiquer avec les touristes qui viennent séjourner chez eux et qui ne parlent pas espagnol, ou encore pour les nombreux hommes qui travaillent comme cuistot ou comme porteur sur El camino del Inca (le chemin de l'inca), ce trek de 3-5 jours emprunté par de nombreux groupes de touristes pour arriver à pied au site du Machu Picchu. Elle me parle aussi de leur mode de vie, très proche de la nature et je me rends compte qu'en plus d'une expérience humaine incroyable, je vais aussi beaucoup en apprendre sur le respect de la nature et découvrir un art de vivre proche de mes valeurs. Sur le chemin du retour vers l'auberge, je m'arrête au Mercado Central, le grand marché de Cusco. Là, je n'en crois pas mes yeux: je me croirais sur un marché bolivien!! J'y retrouve les étalages de viande, de fromages, de fruits et légumes, de jus de fruits,... un grand bordel organisé, coloré, bruyant et plein de vie! Comme quand je suis arrivée à La Paz, il y a plus de trois mois, j'ai cette étrange sensation d'être rentrée "à la maison", alors que je n'y suis jamais venue auparavant. J'ai la méga banane et suis super excitée à l'idée de pouvoir partager tout ça avec les parents, dans deux semaines!!

Le lendemain, dimanche 7, je prends un minibus en fin de journée et arrive deux heures plus tard à Ollantaytambo, mon dernier bastion de civilisation avant de me déconnecter du monde pour monter dans el Valle Sagrado, la Vallée Sacrée des Andes péruviennes. Le lundi, je me balade le matin dans Ollanta' et tombe sur une petite procession en l'honneur de je ne sais quoi (photo 3), vive le folklore! Malgré le côté très touristique de la place principale, je trouve que la ville a beaucoup de charme avec ses petites maisons et ses rues à gros pavés, et puis, ces immenses montagnes tout autour et les différents restes de la présence inca m'impressionnent beaucoup! Je dîne au marché avec Danielle, qui vit à Ollanta', puis elle m'emmène au bureau de l'association, où va se dérouler la première réunion de l'année. Je suis vraiment curieuse! :D Là, Marc, coopérant suisse germanophone qui débute son contrat, nous rejoint. Il va s'occuper de tout le côté informatique et digital de l'association pendant trois ans, une fameuse aide! Nous faisons brièvement connaissance et il me partage ses impressions des 4 communautés, qu'il a déjà visitées. Petit à petit, le président, Daniel, puis les différents membres de l'association (et représentants des 4 communautés) arrivent au bureau. La majorité porte le costume traditionnel: les femmes, la jupe colorée, le châle et le couvre-chef, et les hommes, le poncho et le chapeau. Tous vêtements fabriqués par eux-mêmes, bien sûr. Je suis déjà sous le charme! Bon, la réunion dure un certain temps et j'avoue que je décroche un peu par moments, sauf évidemment quand il est question de ma mission dans les communautés: nous décidons que je commencerai le lendemain et séjournerai dans les trois communautés les moins hautes (ce que je bénirai par la suite, vu les froides températures que j'aurai déjà à 3800 m!). Je passerai 3 nuits dans la première communauté, Patacancha, et 3 dans la deuxième, Rumira Sondormayo. Puisqu'elles ne sont séparées que par une rivière, les plus motivés pourront assister à 6 cours d'anglais, qu'ils soient d'un village ou de l'autre. Je terminerai par 5 nuits dans la communauté la plus basse, Huilloc. Pour contenter un maximum de familles, je changerai de maison presque tous les jours. Lorsque je ne serai pas en train de préparer mes cours ou de les donner, c'est moi qui serai l'élève avec eux, dans leurs tâches du quotidien. Les personnes présentent ont l'air vraiment enjouées à l'idée de m'avoir chez eux, ça fait plaisir! Chose que j'avais déjà beaucoup observée en Bolivie et que je retrouve avec plaisir au Pérou: même si l'on se réunit pour parler de choses sérieuses, on se taquine, on se titille ou on fait des blagues sur le quotidien. Les gens sont de nature joyeuse, aiment beaucoup rigoler et ont souvent beaucoup d'humour. C'est un plaisir pour moi de faire partie de si chouettes assemblées et de les regarder rire de bon coeur.

Photo 6: Une partie de l'assemblée avec de gauche à droite: Rolando, Juana, Cirilo, Daniel (le président), Rolando et Danielle

Le lendemain, je retrouve Danielle au centre d'Ollanta', nous allons acheter un peu de matériel pour mes cours puis nous prenons un minibus (photo 1) et remontons la vallée jusqu'à Patacancha. Là, je suis accueillie par Lucio (à côté de moi, sur la photo 3), une de ses petites-filles, Yoselin (à droite du groupe, avec le chapeau), et ses amis du voisinage. Les enfants sont super curieux et excités, c'est trop marrant! :D Lucio et son épouse, Justina, me montrent ma jolie petite chambre (photo 5) et puis, nous dînons ensemble. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre niveau nourriture, mais le repas est délicieux! Tout est super naturel et frais du jardin. Nous terminons par un thé, bien sûr, et nous pouvons choisir entre de la muña (bonne pour la digestion) et de la menthe également fraîches du jardin (photo 6). Quel bonheur et quelles saveurs! Après le repas, Danielle redescend à Ollanta' et je commence à préparer mon cours du soir. J'essaie d'estimer au mieux le type de vocabulaire dont ils vont avoir besoin et m'habitue petit à petit à l'idée de devoir donner cours d'anglais... en espagnol! Non sans une pointe d'amusement face à ce nouveau challenge ^^ Une fois mon cours préparé, je vais près de Justina, occupée à décortiquer des pattes de moutons à la cuisine. Ici, on ne jette rien, pas même les pattes de mouton! Malheureusement, elle parle très peu espagnol, mais nous nous comprenons avec les mains et les pieds, comme on dit en allemand, et surtout avec beaucoup de sourires. Vers 17 heures, Lucio vient me chercher et nous montons avec Nicanor et Christian, ses deux petits-fils, à l'école maternelle du village, où je vais donner cours. Sur la petite place devant le local, une dizaine de femmes sont en train de tisser ensemble. Je m'approche pour les saluer et regarder ce qu'elles font mais elles sont très timides et après quelques sourires gênés, elles retournent à leur travail et leurs conversations. Petit à petit, quelques personnes arrivent, surtout des hommes, et des enfants qui jouaient tout près et sont curieux de voir ce qui va se passer. Je papote un peu avec les personnes présentes et constate que certains ont déjà appris un peu d'anglais, avec d'autres bénévoles ou en travaillant avec des touristes. Ils sont super motivés et me balancent fièrement les mots dont ils se rappellent! C'est vraiment attendrissant et encourageant :) Finalement, j'ai 5-6 adultes et une poignée d'enfants et décide de commencer le cours. Les plus petits, qui ne savent sans doute même pas encore lire ni écrire sont vite distraits et jouent à côté mais les autres sont vraiment intéressés et répètent en cœur avec moi! J'essaie le plus vite possible de marquer les visages et les prénoms dans ma mémoire, afin de pouvoir les interroger nominativement. On rit beaucoup quand ils galèrent à prononcer les mots et ils se taquinent entre eux. Les adultes posent beaucoup de questions, "et comment on dit ça?", "et ça, ça veut dire quoi, encore?",... J'ai beaucoup de plaisir à être là, et je pense qu'eux aussi! Finalement, il commence vraiment à faire noir et on ne voit plus ce qu'on dit, je leur donne donc rendez-vous le lendemain à la même heure et repars avec mes hôtes vers la maison. Là, j'y rencontre Graziela, la fille de Lucio et Justina et maman de Yoselin, et son époux, Amelco. Je découvre au souper la délicieuse soupe de quinoa péruvienne, bourrée de légumes (photo 9). Elle restera jusqu'au bout de mon séjour, un de mes plats péruviens préférés.

Le lendemain matin, je déjeune avec Lucio, puis refais mon sac et commence déjà à préparer mon cours du soir. En fin de matinée, Lucio vient me chercher et me conduit à ma deuxième famille, celle de Rolando, qui était un des élèves les plus motivés de mon cours de la veille, et Jesusa (leur maison sur la photo 1). Quand j'arrive, Rolando n'est pas là, mais je reconnais le beau visage et le sourire franc de Jesusa, qui tissait sur la place la veille. Je fais connaissance avec leurs quatre enfants: Marta, l'aînée, Benjamin, Eliasar (avec Jesusa, photo 7) et Melkiseder, le petit dernier qui ne marche pas encore (photo 8). Jesusa est en train de préparer le dîner, donc je lui propose de peler les patates et nous faisons connaissance. Elle est super communicative, aime beaucoup rire, parle très bien espagnol et me pose plein de questions! C'est celle avec qui je pourrai le plus communiquer et me lier de mon séjour dans les communautés, les autres femmes étant plus réservées et introverties, par tradition, sans doute. L'après-midi, je reste avec les enfants, qui m'emmènent en balade pour me montrer leurs moutons et les environs. C'est Marta qui parle le mieux espagnol et elle m'explique plein de choses, notamment les propriétés des plantes que nous voyons autour de nous et dont ils se servent presque tous les jours. Je suis vraiment impressionnée par tout ce qu'elle sait et tout ce qu'ils font avec, moi qui n'y connais absolument rien. Pour ne rien gâcher, nous avons même un peu de ciel bleu et la nature est vraiment à couper le souffle. Les petits me cueillent un bouquet de fleurs et c'est à celui qui en ramènera le plus! :D Enfin, nous allons chercher de l'herbe pour nourrir leurs cuys (cochons d'Inde, viande dont ils raffolent et mets réservé aux grandes occasions) (photo 10), puis nous rentrons et je passe la fin de la journée à regarder Jesusa tisser et Marta tricoter un bonnet pour sa poupée, en papotant avec elles. Le soir, les enfants m'accompagnent au cours et j'y retrouve avec plaisir quelques'uns de mes élèves de la veille: Rolando, Leonardo, Cirilo, et dans les enfants, Nephtali et son frère, Albino. Je suis un peu déçue de ne pas voir Lucio, Nicanor et Christian qui étaient vraiment motivés la veille, mais Danielle m'avait prévenue qu'ils sont souvent pris par leurs activités aux champs, avec leurs bêtes ou bien qu'ils oublient qu'il y a cours, tout simplement. La leçon se déroule aussi bien que la veille, puis nous rentrons avec Rolando et les enfants. Après le souper, Marta, très motivée, me demande de revoir un peu ce que nous avons vu ensemble au cours d'anglais. On peut dire que ça me change des élèves à qui j'ai donné cours en Europe ^^

Photo 11:  Mon local, la classe de maternelle (el pronoei) et une partie du village, à l'arrière

Le lendemain se passe de façon assez similaire, à part que le temps est fort couvert, qu'il pleut par intermittence et qu'un froid glacial s'est installé. Il y a systématiquement un jour entre les murs et le toit et entre les portes, le sol et les murs, le vent froid se faufile partout et j'ai vraiment du mal à me réchauffer, malgré les couches que j'ai superposées. Eux, ils sont habitués et sont pieds nus dans leurs sandales, comme les Boliviens :) Une chance par contre, je reste deux nuits avec Rolando et Jesusa, donc je ne dois pas refaire mon sac et ai l'occasion de faire encore mieux connaissance avec eux, et puis, je me plais vraiment bien avec eux. Le soir, c'est déjà mon dernier cours à Patacancha et, ne sachant pas si j'en reverrai à Rumira, je demande à mes élèves à la fin du cours si je peux prendre une photo du groupe. Ils sont super heureux!! Et, emportés par le groupe, même les plus timides finissent par venir sur la photo. Je n'avais que deux adultes, cette fois, Rolando (en noir sur la photo 12, ci-dessus) et Cirilo (à genoux, en poncho orange), deux de mes élèves les plus motivés, et une petite troupe d'enfants, dont Nephtali et Albino (à gauche, en bleu et en bordeau).

Le lendemain, Rolando m'emmène en fin de matinée à Rumira Sondormayo, dans la famille de Leonardo, que je connais déjà du cours d'anglais, et Matiasa. Quand j'arrive, Matiasa est seule et occupée. Elle me montre ma chambre et me dit de me reposer. J'en profite pour prendre un break au chaud. Au bout d'une heure, je vais quand même la rejoindre dans la cuisine. Elle parle très peu et ne croise pas souvent mon regard, je ne sais pas si je l'ennuie ou si c'est de la timidité. Enfin, les enfants, Joel et Benjamin, rentrent avec Leonardo et nous terminons de préparer le repas ensemble. Leonardo, lui, est super loquace! Il répond volontiers à mes questions et m'en pose aussi beaucoup. Le repas se passe dans une chouette ambiance et je me rends compte que Matiasa n'est pas juste taiseuse avec moi, mais aussi avec le reste de la famille, ça me soulage un peu. L'après-midi, nous partons en balade avec Leonardo et les garçons, ils m'emmènent d'abord voir leur vache, Lucia, et son veau, Yola (photo 4: Benjamin et Lucia), et nous mangeons des cœurs de tiges de maïs (photo 5)! C'est vraiment bon en fait, il y a un jus sucré à l'intérieur. Nous continuons ensuite la balade plus haut dans les montagnes et allons jusqu'à la maison de la sœur de Matiasa, Mercedes, et de son mari, Andres, chez qui je dormirai deux jours plus tard. C'est vraiment gai de se balader dans la région, en plus, ça me réchauffe un peu. Le soir, c'est dans la pièce à côté de ma chambre, chez Leonardo et Matiasa, que je donne cours (photo 2). Cette fois, je n'ai que trois adultes, Leonardo, Graziela (la fille de Lucio et Justina) et son mari, Amelco (qui est aussi le frère de Matiasa et Mercedes), et une poignée d'enfants que je ne connais pas encore. J'ai cependant la bonne surprise de voir Marta arriver pendant le cours avec deux de ses amies :) Après le cours, Graziela et Amelco restent un peu avec nous et en profitent pour m'enseigner un peu de quechua! Je sors mon carnet et, comme une bonne élève, note le vocabulaire et les expressions qu'ils m'apprennent. Pour une fois, ce ne sont pas eux, les élèves, et ils rigolent beaucoup quand je me trompe dans les syllabes ou que je n'arrive pas à prononcer les mots correctement :D Moi, je suis contente de pouvoir faire de petits pas dans leur direction en m'adressant de temps en temps à eux dans leur langue. Nous préparons ensuite le repas avec les garçons. Leonardo m'explique qu'il travaille souvent comme cuistot sur le Chemin de l'Inca et qu'il adore cuisiner. Il y a d'ailleurs découvert certaines astuces avec des touristes et a également appris à ses garçons à préparer le repas. Je suis impressionnée :) Après le repas, il va chercher sa guitare et ils me chantent quelques chansons. Je passe une très bonne soirée! Le lendemain, je passe la matinée avec Matiasa. Elle est toujours aussi silencieuse que la veille mais je lui découvre une attention particulière à mon égard qui me touche beaucoup. Elle est contente que je l'aide dans ses tâches, me montre volontiers comment je dois m'y prendre et répond gentiment à mes questions. Ainsi, nous teignons la laine de leurs moutons (qu'elle a déjà filée) en différents tons de rouges avec des pigments naturels qu'ils ont fabriqués eux-mêmes à base de fleurs. Ensuite, nous trayons Lucia ensemble (une grande première pour moi! :D) et elle me montre comment ils fabriquent leur fromage (ils font aussi du beurre et du yaourt, qu'ils vendent au village). Je m'amuse beaucoup et suis ébahie de tout ce que ces gens font eux-mêmes!! Ça me donne fort envie d'avoir une vache quand je m'installerai en Belgique :D Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et il est déjà l'heure pour moi de changer de foyer et d'aller faire connaissance de la famille de Juana et Isaac. Ils ont trois filles mais seules les deux plus jeunes vivent encore avec eux, Yuni et Ruthsaida, qui étaient à mon cours la veille. L'accueil y est un peu moins chaleureux et la famille parle beaucoup en quechua. Je passe l'après-midi près de Juana et Yuni, qui tissent, puis retourne donner mon cours d'anglais chez Leonardo et Matiasa.

Le dimanche matin, je retourne chez Leonardo et Matiasa, qui m'avaient proposé d'aller à la messe avec eux. Curieuse et honorée par cette invitation, j'avais bien sûr accepté. Je retrouve avec gaieté cette petite famille à laquelle je m'étais déjà attachée. La messe, comme à certains autres endroits durant mon voyage, est assez folklorique: nombreux discours du prêtre et longues lamentations suppliantes à renfort de larmes; néanmoins, l'accompagnement des chansons de Leonardo à la guitare est assez sympathique. Une fois la messe finie, nous retournons à la maison et l'on se régale avec de délicieuses truites pêchées du matin et divinement préparées par Leonardo! Matiasa me montre les bâtons de yaourt (photo 4) et les fromages (photo 5) faits avec le lait de Lucia qu'elle va vendre l'après-midi au marché. Rejoints par Ruthsaida et Yuni, les enfants de Juana et Isaac (où j'ai passé la nuit précédente), nous montons tous ensemble au marché de Patacancha. Je suis heureuse de pouvoir participer à cette activité hebdomadaire du village et curieuse de peut-être y retrouver les familles chez qui j'ai séjourné à Patacancha et quelques "anciens" élèves! Et je ne suis pas déçue! Non seulement, j'assiste à un beau moment authentique, sur cette place colorée des vêtements de chacun, vibrant de bonne humeur, où se mélangent les conversations, les éclats de rire et les cris des enfants qui jouent, mais en plus, j'y retrouve beaucoup de visages connus et des sourires particulièrement chaleureux! Beaucoup viennent me saluer (Jesusa, Rolando et les enfants, Cirilo, Lucio, Nephtali et son frère, Albino,...), ils ont l'air contents de me voir, et pendant un bref instant, j'avoue m'être presque sentie comme le Padre (Bolivie, Colquechaca), lorsqu'il arrivait dans une communauté. On me faisait fête et j'avais le sentiment heureux de faire, ne fut-ce qu'un tout petit peu, partie de leur communauté. Les gens qui ne me connaissaient pas, et qui me prenaient sans doute pour une touriste de passage pour la journée, avaient l'air tout surpris de mes retrouvailles chaleureuses avec certains des leurs. Moi, j'étais aux anges et profitais de chaque minute :) En fin d'après-midi, nous redescendons à Rumira et je passe encore un peu de temps chez Juana et Isaac, avant de donner mon dernier cours chez Matiasa (ma classe, photo 15). Je soupe chez eux, avec Mercedes, la sœur de Matiasa, chez qui je passe la nuit, et Nilda, sa fille. Puis nous rentrons toutes les trois chez eux, plus haut dans la montagne.

Photo 14: Leonardo, qui m'avait demandé de le prendre en photo dans son costume traditionnel et avec sa guitare 

Le lendemain matin, après avoir quand même passé un peu de temps avec eux et bien parlé avec Andres, le mari de Mercedes, en regardant Nilda et Yoska jouer ensemble, Nilda, Mercedes et moi retournons vers Rumira. En effet, je quitte Rumira aujourd'hui pour redescendre vers Huilloc, ma dernière étape, et en plus, c'est en quelque sorte la rentrée à l'école primaire et mamans et enfants doivent s'y rendre. N'étant pas trop pressée de faire mes adieux, ayant rencontré avec plaisir Jesusa et les enfants et Justina et Yoselin (ma première famille) à l'école et ne sachant pas combien de temps ça allait prendre à l'école (et étant aussi assez curieuse d'assister à ce moment), je décide de les y accompagner (photo 1). Finalement, voyant que ça s'éternise un petit peu, et puisque je voulais repasser prendre une douche chaude à Ollanta avant de remonter à Huilloc, je salue le plus discrètement possible Jesusa et Mercedes, que je sais que je ne reverrai plus, et pars sur la pointe de mes chaussettes. Je fais mes adieux à Matiasa, embarque mon sac resté chez elle et redescends en micro, vers Ollanta. J'ai le cœur serré de quitter tous ces beaux visages et ces personnalités attachantes mais j'avoue me réjouir énormément de prendre une douche chaude et de retrouver, je l'espère, des températures un peu plus élevées.

Photo 2 à 9: dans les descente de la vallée vers Ollanta 

Après une douche extrêmement régénératrice, deux heures de wifi à mon auberge d'Ollanta, où j'ai pu envoyer quelques nouvelles à la famille, et un bon repas au centre, je reprends le micro et remonte vers Huilloc. Arrivée là-bas, je demande mon chemin, cherchant la maison de Victoria et Daniel. Là, on m'envoie dans une première direction, puis dans une autre, pour me renvoyer dans la première. Je suis un peu confuse, et surtout bien chargée avec mes sacs et peine un peu. Je finis par revenir à mon point de départ pour redemander à la première personne à qui je me suis adressée, la tenancière de la mini supérette de Huilloc. Il semblerait qu'il y ait deux Victoria (au moins) dans le village, mais je ne sais pas lire le nom de famille de celle que je cherche sur le papier de Danielle. La dame finit par gentiment m'accompagner et, après avoir trouvé porte close chez la supposée "bonne" Victoria, elle me conduit chez leurs voisins, Jesus et Isabel, qui sont ma famille d'accueil pour la nuit suivante. Nous décidons que je n'ai qu'à intervertir et loger chez eux cette nuit, puis aller chez Victoria le lendemain. Ouf! L'après-midi est déjà bientôt finie et je ne vois pas comment avertir le village de mes cours (ils n'ont déjà même pas vraiment l'air au courant de ma venue...). Je décide donc de commencer mes cours le lendemain et en profite pour faire connaissance avec Elizabeth, la fille aînée de Jesus et Isabel, pendant qu'elle tisse, puis joue avec les trois plus jeunes, William, Yaneth et Edison. Les parents sont plus réservés et parlent moins bien espagnol, mais leur accueil est chaleureux et le souper se passe dans une bonne ambiance. Le lendemain, nous conduisons les moutons et les deux cochons au pâturage avec Jesus et Yaneth (photo 5), une petite balade sympathique qui me réchauffe un peu et m'offre une vue belle plongeante sur le village de Huilloc (photo 6).

Après le dîner, Elizabeth m'accompagne chez Victoria et Daniel, pour voir s'ils sont là et s'ils savent toujours m'accueillir. Daniel n'est pas là et Victoria parle très peu espagnol, je demande donc à Elizabeth de lui expliquer la confusion d'hier et pourquoi je suis restée chez Isabel et Jesus. Ça n'a l'air de poser aucun problème et elle propose même que je vienne tout de suite chez eux, je retourne donc chercher mes affaires. Une fois revenue, Rebecca, l'aînée, me sert du thé, pendant que j'entends un grand branle-bas de combat à l'étage: ça brosse, ça nettoie, ça secoue, ça aère... et tout le monde fait comme si de rien n'était quand il passe devant moi. Je suis morte de rire à l'intérieur. Visiblement, ils n'étaient pas au courant de ma venue, mais essaient de donner le change. C'est mignon :) Au retour de Daniel, nous faisons brièvement connaissance, puis il nous envoie, Rebecca et moi, prévenir les gens du village qui pourraient être intéressés par mes cours d'anglais. Les gens à qui nous parlons ont l'air enthousiastes et pourtant, le soir, lorsque je me rends chez Isabel et Jesus pour donner mon cours, puisqu'ils ont l'espace pour, seuls quelques enfants sont là. D'autres nous rejoignent en cours de route, mais la moyenne d'âge est très jeune, une bonne moitié ne sait sans doute pas encore lire ni écrire, et j'essaie d'adapter au mieux mon cours déjà préparé pour les villages précédents. Je rentre, un peu dubitative de ce cours très dissipé, avec Rebecca et Barnabe, son petit frère, et nous passons un chouette moment au souper avec toute la famille.

Le lendemain matin, Daniel doit partir au champ et m'explique, puisque Victoria parle peu espagnol, que je vais rester avec elle et peux l'aider à tisser. Trop bien!! :D Nous nous installons en face à face et commençons à "construire" le métier à tisser (photo 6). Nous ne parlons que très peu, mais je passe un très chouette moment! Je suis très contente d'enfin pouvoir prendre part à ces activités que j'ai observées si souvent, depuis le début de mon séjour dans les montagnes. Après le dîner, Daniel me demande de prendre des photos de et avec eux dans leurs costumes. Un plaisir pour moi!! :D Puis c'est le temps des aurevoirs, et Rebecca m'accompagne chez ma famille suivante, Bárbara et Jacinto. Là, personne. Je me dis que décidément, les gens n'ont vraiment pas l'air au courant de ma venue... Je remercie Rebecca et lui dis que je vais attendre seule. Au bout d'une heure, toujours personne... Par le plus grand des hasards, Daniel, président des Inkas Vivientes, passe devant la maison et me demande tout étonné ce que je fais là. Je lui explique la situation, et il appelle Agripina (ma famille du lendemain), pour lui demander si je peux venir un jour plus tôt. Et c'est ainsi décidé. Je reprends mon bardas et descends chez Agripina et Nemecio. L'accueil d'Agripina est plus ou moins chaleureux, mais ils parlent beaucoup en quechua, et je joue alors plutôt avec le petit dernier, Rodrigo. Vers 17h30, je pars chez Jesus et Isabel pour donner cours et le deuxième fils, Oscar, m'accompagne. En fait, il est très gentil, s'intéresse beaucoup et parle volontiers, ça me fait plaisir d'avoir des contacts un peu plus élaborés avec quelqu'un. Arrivés chez Isabel et Jesus, il n'y a personne. Nous attendons un peu, puis je commence quand même avec Oscar, William, Ilias (un de leurs amis qui passait par là et qu'ils ont convaincu de rester), puis Yaneth et Edison. Malgré leur petit nombre, mes élèves sont assez motivés, ça fait plaisir! Nous rentrons ensuite avec Oscar, et je rencontre Nemecio, le mari d'Agripina, au souper. Lui aussi est particulièrement sympathique et communicatif, une chouette compagnie.

Le lendemain, la matinée se passe assez calmement, et puis j'ai la joie de voir Danielle débarquer pour le dîner! Quelle bonne surprise!! :D Elle vient pour voir comment l'expérience se passe pour moi, prendre quelques photos (notamment, la photo 1, avec Nemecio, Rodrigo et Oscar) et pour m'interviewer sur mon séjour, afin d'alimenter le site internet de l'association. Je suis vraiment contente de la voir, de parler un peu français et de pouvoir lui partager mes impressions et lui raconter les derniers jours! Après le départ de Danielle, Agripina s'est mise en tête de m'apprendre à tisser, et je passe donc l'après-midi à commencer à tisser un bracelet, comme les petites filles, quand elles apprennent toutes jeunes ^^ Eh bien, c'est vraiment pas facile!! Les explications d'Agripina sont succinctes, pas très claires entre quechua et espagnol; je me trompe souvent dans les fils et Agripina doit venir rectifier le tir, avec plus ou moins de patience. Oups! Fin d'après-midi, je remonte chez Jesus et Isabel pour le cours. Au moment où j'arrive, les trois enfants partent chercher les bêtes au pâturage. Je me retrouve donc seule... Au bout de trois quarts d'heure d'attente, je finis par aller un peu me balader le long de la rivière puis rentre gentiment chez Agripina, assez déçue du bilan négatif des cours d'anglais à Huilloc.

Pour mon dernier jour complet dans les montagnes, c'est une journée spéciale! L'agence de voyage LimaTours d'Urubamba envoie 5 agents en reconnaissance à Huilloc dans le but d'inclure un passage par le village dans les tours qu'ils organisent. Ils viennent rencontrer Daniel, le président de l'association, mais aussi voir ce que le village peut proposer comme activités. Il s'agit donc de faire bonne impression! Agripina et moi rejoignons les autres sur la place principale. Quelle palette de couleurs, tout le monde s'est mis sur son 31! Costumes traditionnels, jupes et pantalons impeccables, pieds et sandales sans traces de boue, chapeaux plus fleuris les uns que les autres, colliers de fleurs cueillies du matin, instruments de musique! Je suis toute excitée :D A l'arrivée des agents, nous les accueillons avec de la musique et des chants et les escortons vers la place. Je lis de la surprise sur leurs visages quand ils me saluent et l'une d'entre eux me demande en chemin la raison de ma présence. Après leur avoir présenté la communauté et les avoir vêtus de costumes, nous avons droit à une chanson, puis une danse traditionnelle (photos 7-10), à laquelle ils sont invités à participer. Moi, j'en profite tout autant! :D Les hommes les emmènent ensuite dans une maison pour leur montrer la cuisine locale et pendant ce temps, les femmes sortent leur métier à tisser et exposent leurs réalisations. Agripina m'avait dit d'emmener le bracelet que j'avais commencé la veille et je m'installe donc parmi elles pour finir mon chef d'oeuvre (hum...). Nos invités reviennent et passent chez chaque dame, qui leur explique ce qu'elle est en train de réaliser. Moi aussi, à mon tour, je présente ma magnifique réalisation (photo 12), en plaisantant bien sûr sur mes incroyables talents de tisseuse :D C'est vraiment gag pour moi de me sentir comme appartenant plus à cette communauté, parlant un peu de quechua et connaissant plusieurs personnes de l'assemblée, qu'eux qui débarquent d'une ville située seulement à quelques heures de là. Quel étrange sentiment, je me sens vraiment privilégiée. Une fois nos invités repartis, nous avons droit à un petit discours de Daniel, puis Agripina et moi rentrons. Nous mangeons encore tous ensemble, et je me mets en route vers la maison de Bárbara et Jacinto en espérant, cette fois ne pas trouver porte close.

Arrivée là-bas, clap 2, il n'y a personne! Je n'ai vraiment pas de chance, avec eux ^^ Un peu plus d'une heure plus tard, l'aîné, Miguel, arrive avec son cousin et des truites qu'ils viennent de pêcher dans la rivière. Ouf! Il m'explique que Bárbara est au champ avec les moutons et que Jacinto travaille. Un peu plus tard, Jacinto rentre et m'installe dans ma chambre. Vu le peu de succès pour le cours d'anglais les jours précédents, je décide de ne pas y aller aujourd'hui et ça tombe bien, car les enfants, Miguel, Freddy et Luz Mary, que je finis par reconnaître du premier cours que j'ai donné à Huilloc, me demandent de voir un peu de vocabulaire avec eux. Et donc, tous ensemble, en préparant le souper, nous répétons quelques mots et expressions en anglais. Bárbara, qui semble parler très peu espagnol, est pourtant très communicative avec moi. Elle porte sur le visage une douceur et une bonté incroyables! Jacinto, lui aussi, est très doux et s'intéresse beaucoup. Les garçons, plus bavards que Luz Mary, plus jeune, me parlent de la coupe du monde de foot, pour laquelle le Pérou a été sélectionné!! Ils sont tout fous :D Je suis triste de ne pouvoir passer que si peu de temps avec cette dernière famille, si chaleureuse.

Le lendemain, je passe encore quelques heures dans la cuisine avec Bárbara, puis c'est déjà l'heure pour moi de reprendre mon bardas et de descendre définitivement de mes montagnes. Le cœur quand même un peu lourd, en finissant en beauté avec cette si chouette famille qui me rappelait la chaleur que l'on m'avait témoignée à Patacancha et Rumira, je monte pour la dernière fois dans le micro me ramenant à Ollanta. En retrouvant une connexion internet, je reçois avec joie une invitation de Danielle à dîner chez elle avec Arnaud, un belge venu comme bénévole au Pérou dans le cadre de son mémoire. C'est trop chouette de retrouver des compatriotes et de pouvoir partager mon expérience fraîchement terminée! Je passe la fin de l'après-midi calmement à l'auberge puis retrouve Arnaud le soir pour le souper. Il est fort curieux de mon séjour dans les communautés, puisque lui aussi va y aller. Nous passons une très bonne soirée, puis je m'effondre de fatigue dans mon lit.

Le lendemain matin, c'est la première fois depuis longtemps que je vois un ciel aussi dégagé! Sur les conseils de Danielle, je pars tôt le matin à l'ascension d'un pan de montagne autour d'Ollanta pour me rapprocher d'un de ces impressionnants greniers incas, sur le site de Pinkuylluna. La vue sur la ville et la Vallée Sacrée est absolument incroyable! J'ai le souffle coupé par la hauteur et la beauté des abruptes montagnes entourant la ville. Je n'aurais pas pu imaginer meilleure façon de terminer cette belle page de mon voyage et d'amorcer, tout doucement, la période de découverte du Pérou qui m'attend avec Papa et Maman.

Enfin, je redescends de mon perchoir et, après une dernière balade en ville pour trouver de quoi déjeuner, je rentre faire mon sac à l'auberge et quitte Ollantaytambo en direction de Cusco. Là, j'ai encore le temps de dîner en ville puis pars pour l'aéroport où un avion m'attend pour rentrer à Lima et y attendre gentiment l'arrivée des parents!!

2

Le lendemain de mon retour à Lima, où j'ai retrouvé avec bonheur un peu plus de chaleur, je déjeune avec Andrea, une jeune péruvienne qui partage mon dortoir et qui est venue à la capitale pour assister aux manifestations en l'honneur de la visite du Pape François. Quelle effervescence dans tout le pays à cette occasion, d'ailleurs!! Je passe la matinée sur le blog puis vais dîner avec Andrea, qui semble s'être prise d'amitié pour moi. Elle est très sympa et ça me permet de lui poser plein de questions sur la culture péruvienne et leur mode de vie. Quel bonheur de pouvoir communiquer sans obstacle avec les locaux! Je savoure chaque fois cette chance que je n'avais pas en Asie. Je termine la journée sur le blog puis fais mes adieux à Andrea et me rends à notre futur hôtel pour attendre l'arrivée de Papa et Maman. L'excitation commence à monter!! J'ai un peu de temps devant moi et prends déjà possession de notre chambre. En voyant les beaux lits et la salle de bain, je ne peux m'empêcher de me réjouir à l'idée d'avoir un peu plus de confort et d'aise durant les trois prochaines semaines :D Et enfin, les voilà qui arrivent!! Je suis super heureuse de les retrouver et de les serrer dans mes bras après tout ce temps! Et puis... en fait, c'est exactement comme si on s'était quittés la veille, toujours le même bonheur d'être ensemble avec, quand même, une tonne de choses à se raconter et la super perspective de partir tous les trois à la découverte du Pérou :) Après un bon ceviche comme entrée en matière culinaire péruvienne (plat composé de poisson cru mariné (et "cuit") dans du jus de citron vert, avec de la coriandre, des oignons et des piments, une vraie tuerie!), la fatigue nous force à mettre fin aux conversations et nous nous effondrons au lit.

Le lendemain, nous avons tout un programme de visite de Lima et c'est Cecilia, notre guide du jour qui nous accompagne. Nous traversons d'abord différents quartiers en voiture: nous passons près du Museo de Sitio Huaca Pucllana, site archéologique d'un centre cérémoniel de la culture lima datant des années 400 (photo 1), puis par le quartier San Isidro et son Bosque el Olivar, ancienne oliveraie plantée au XIIe siècle et véritable oasis au cœur de la ville, sur laquelle de nombreuses résidences huppées d'un style très européen (photo 2) ont été construites mais qui est encore parsemée à de nombreux endroits d'oliviers de plusieurs centaines d'années. Nous partons ensuite vers les quartiers coloniaux du centre-ville en passant par la Plaza San Martín (photo 7), au centre de laquelle trône la statue équestre de José de San Martín, libérateur du Pérou, puis nous nous arrêtons à la belle église San Francisco (photos 8-9), où nous pouvons visiter les catacombes du monastère attenant, qui renferme quelque 70.000 sépultures (étalages en tous genres de crânes, tibias et autres fémurs :)). Nous marchons ensuite vers la Plaza Armas (photo 10), une des places principales de la ville, sur laquelle se situe le Palacio de Gobierno, résidence du chef d'état et siège du gouvernement (photo 11). On se rend vite compte que tous les accès de la place sont bloqués par la police et l'armée. Nous apprenons, en parlant avec les gens groupés aux entrées de la place, que les autorités ont bloqué les accès pour empêcher une manifestation du peuple protestant contre la pénurie d’eau. Les gens nous expliquent, désespérés, qu'ils n'ont plus d'eau pour subvenir à leurs besoins et que les ressources sont mal redistribuées puisqu'une certaine partie de la population ne rencontre pas ce problème. Finalement, Cecilia réussit à convaincre un des gardes que nous ne sommes là que dans un but touristique et nous pouvons passer les barrages, non sans garder en mémoire les visages dépités des gens avec qui nous avons parlé... La place, ancien centre de l'Empire espagnol, qui s'étendait alors sur tout le continent, en vaut vraiment la peine, bordée du palais gouvernemental, de la cathédrale et du palais de l'Archevêché (photo 11) et de tous ces bâtiments d'un jaune éclatant!

Nous retrouvons ensuite notre chauffeur qui nous emmène à notre dernière étape de visite, le Museo Nacional de Antropologia, Arqueologia e Historia. C'est, pour nous, l'occasion d'avoir une introduction détaillée de l'histoire du Pérou et surtout des différentes civilisations (pré-incas et incas) qui l'ont habité et qui ont contribué à la culture du pays, et que nous allons rencontrer tout au long de notre périple. Reconstitutions de lieux de culte chavíns, de tombes pré-incas, où l'on plaçait les corps en position de fœtus orientés d'une certaine façon par rapport au soleil, maquettes de sites incas dans les Andes,... le musée est parfait pour planter le décor et nous donne encore plus envie de partir "sur le terrain" :D Et après ce voyage dans le temps, Cecilia et notre chauffeur nous redéposent dans notre quartier de Miraflores, où nous nous régalons d'une causa limena (photo 7) et d'une chicha morada (boisson à base de maïs mauve), un plat et une boisson typiques du pays.

Contents d'avoir un peu de temps libre après cette matinée chargée d'explications, nous allons nous balader gentiment dans les parcs del Amor, qui nous fait penser au parc Güell de Barcelone, avec toutes ses mosaïques, Raimondi et el Faro, qui bordent le Pacifique. Il n'y avait pas de meilleure façon de terminer cette première journée, pas de meilleur endroit pour flâner gentiment parmi les familles péruviennes, tout en rattrapant le temps passé. Quel début prometteur! :)

Le lendemain, nous refaisons déjà nos sacs et, après le petit-déjeuner, nous partons à l'aéroport pour nous envoler vers la belle Arequipa, au sud du pays.

3

A cause des deux heures de retard de notre avion, nous n'arrivons que vers 16 heures à Arequipa. Nous déposons en vitesse nos affaires à l'hôtel puis rencontrons Patricia, notre guide pour les trois prochains jours de découverte de la Vallée du Colca. Nous n'avons que cette "demi"-journée pour visiter Arequipa (ce qui s'avérera bien trop court pour une si belle ville), le programme est assez chargé et avec le retard de notre avion, nous ne pouvons pas traîner. Nous commençons avec la Iglesia de la Compañia, petite église jésuite à la façade richement sculptée (photos 1-3) et l'immense cathédrale (photos 4-5) en sillar blanc (une roche volcanique qui résiste apparemment assez bien aux tremblements de terre) dont les orgues, qui seraient les plus grandes d'Amérique du Sud, ont été offertes par la Belgique (un peu de fierté nationale :)) en 1870. Endommagées pendant le transport, elles jouèrent néanmoins faux pendant plus d'un siècle :D

Une fois sortis de la cathédrale, le dédale des petites rues pleines de charme (malgré le ciel gris) nous amène au fameux monastère Santa Catalina. Véritable citadelle au cœur de la ville, comme on peut se le représenter sur la photo 1, elle couvre une surface de 20.000 m²! Construit en 1850, l'ensemble monastique s'articule autour de trois cloîtres reliés entre eux par des rues bordées de cellules qui accueillaient une ou plusieurs religieuses ainsi que leurs servantes(!); d'austères à luxueuses, elles reflétaient la fortune des familles des occupantes. Par exemple, celles équipées de fours privés, qui permettaient aux sœurs (fortunées) d'avoir une rentrée d'argent en revendant le pain et les pâtisseries qu'elles fabriquaient avec l'aide de leurs domestiques. Malgré la pluie qui finit par nous surprendre, les rues dégagent une sorte de paix et de chaleur, notamment grâce à leurs jolies couleurs. Heureusement pour nous, le musée fait deux nocturnes par semaine, et grâce à la motivation et la passion de Patricia, nous pouvons quand même visiter le monastère comme il se doit! C'est donc vers 20 heures que nous ressortons, hébétés par la densité d'informations que nous venons de recevoir (et épuisés par de bons restes de jetlag pour Maman et Papa), et que nous allons échouer au délicieux restaurant ZIGZAG, que Patricia nous avait recommandé. Et on n'est pas déçus! Papa et moi nous régalons avec une bonne pièce de viande sur pierre volcanique accompagnée de sauces maison et d'un bon vin chilien, une tuerie! Petit à petit, je me rends compte de la chance supplémentaire de visiter le Pérou, qui est dans le top mondial culinaire, avec Papa et Maman car je n'aurais sans doute pas pu avoir un si bel aperçu et tant profiter de la cuisine péruvienne si je l'avais fait seule :) Mmmmh!!! Enfin, nous prenons encore quelques clichés de la cathédrale mise en valeur par l'éclairage nocturne, sur le trajet vers l'hôtel.

Le lendemain, une longue route nous attend avec Edwin, notre chauffeur, et Patty, en direction de la Vallée du Colca, et le réveil sonne donc bien tôt! Le ciel est radieux et nous voulons en profiter, Papa et moi, pour vite encore prendre quelques clichés de la ville et lui rendre mieux hommage que la veille avant de partir. Sacs prêts et petit-déj' avalé, j'embarque mon fidèle compagnon photographique et retrace en express les quelques rues que nous avons parcourues la veille. Derrière la cathédrale, on peut apercevoir la pointe du volcan Misti qui culmine à 5.825m (rien que ça!) (photo 2). Sur la photo 3, la jolie Plaza de Armas (encore une ;)) entourée de bâtiments en sillar (dont la cathédrale) aux imposants balcons à colonnades.

Enfin, nous nous mettons en route, non sans une dernière petite halte à la sortie de la ville pour profiter d"une belle vue sur deux des trois volcans entourant la ville: le Misti (à droite sur la photo 12) et le Chachani (à gauche, dans les nuages) culminant, lui, à 6.075m. Et puis nous quittons les paysages urbains pour enfin nous aventurer dans la nature péruvienne! :D

4

Sur le chemin vers la vallée du Colca, nous traversons d'abord la superbe Reserva Nacional Salinas y Aguada Blanca, vaste territoire andin parsemé de dizaines de volcans et peuplé d'une faune de haute altitude, comme la vigogne (vicuña) (photos 3, 4 et 8), la viscache (viscacha), qui évoque un croisement entre un lapin et un écureuil géant (photo 7) et les alpagas (photos 9-15). La route nous amène à une altitude de 4.910m, au col de Patapampa (où nous voyons la viscache et où on se sent quand même un peu chancelants), avant d'entamer la douce descente qui va nous amener au fameux Canyon du Colca. Nous nous arrêtons de temps en temps pour observer et photographier les paysages magnifiques et les animaux que nous croisons en route, notamment quand nous avons la surprise de trouver gentiment mélangés un troupeau d'alpagas et un groupe de flamants roses... Quoi de plus normal? ^^ Ou que nous rencontrons un berger avec son troupeau et que nous pouvons faire connaissance avec un bébé alpaga tout mamé.

Enfin, nous entrons doucement dans la vallée du Colca. Nous dînons à Chivay avec Edwin et Patty. A table, je parle un peu avec Edwin, qui ne parle pas français, comme Patty. Lui qui semblait assez taiseux est tout content de pouvoir échanger avec nous (Patty et moi traduisons pour Papa et Maman) et nous nous retrouvons au beau milieu d'une conversation animée sur la politique du Pérou, l'utilisation de ses ressources et l'évolution de son économie. Nous passons un excellent moment qui, selon moi, est le début d'une réelle affection qui nous liera ces quelques jours passés ensemble. Après le dîner, nous visitons l'église du petit village voisin de Coporaque (photos 6-7) puis nous parcourons en voiture les derniers kilomètres qui nous séparent de notre lodge. La route, sur un des versants de la vallée, nous donne un petit aperçu des magnifiques paysages que nous observerons le lendemain, lors d'une exploration plus en détails du canyon. Après avoir déposé nos affaires dans la chambre, nous partons à la découverte du site, assez étendu. Nous passons par les quatre bains thermaux, en bordure de la rivière Colca, alimentés par une source naturelle dont l'eau monte jusqu'à 80°C! (photos 13-14), puis traversons la rivière.

Sur l'autre rive, nous tombons sur un troupeau de lamas sans doute proches de la tonte, vu la longueur de leurs poils ^^ et nous visitons un mini musée sur la faune locale et sur le processus de création de textiles à base de laine de lamas et alpagas. Nous y trouvons notamment un panneau explicatif des différentes espèces de camélidés qu'on ne trouve (à la base, avant la mondialisation...) qu'en Amérique du Sud: le lama, l'alpaga, la vigogne et le guanaco (photo 5), lointains cousins des chameaux et dromadaires. La vigogne et le guanaco ne sont pas domestiqués et vivent toujours en liberté; le lama et l'alpaga, au contraire, sont tous deux domestiqués, ce qui ne les empêche pas de se balader librement, tout en étant bien la propriété d'un berger. La vigogne et l'alpaga sont les espèces qui vivent à la plus haute altitude (entre 3.500m et 5.500m pour la vigogne et jusque 4.500m pour l'alpaga), le lama et le guanaco évoluent à plus basse altitude. Après le souper, sur les conseils de Patty et Edwin, je profite une petite demi-heure des bains d'eaux chaudes de l'hôtel sous le ciel étoilé. Malgré le froid dehors, c'est super relaxant de se retrouver dans cette eau chaude, tout en entendant (il fait trop noir pour le voir) le bruit du Colca à côté de moi, de l'autre côté du bord du bain. Franchement, y a pire endroit dans la vie! :D Et c'est donc complètement détendue et relaxée que je rejoins mon lit pour un bon dodo bien mérité avant la grosse journée du lendemain.

Le lendemain, grosse journée! Nous partons tôt pour réaliser un des rêves de Papa: aller observer les condors au lieu-dit Cruz del Condor! :D Le temps que nous terminions de nous préparer, Papa se balade encore un peu dehors et prend quelques clichés du site avec la belle lumière du matin (photos 1-2). Nous retrouvons Patty et Edwin à 7 heures et partons à Yanque, un petit village sur la route de Cruz del Condor, dont nous visitons l'église (photos 5-6) puis continuons notre route, en remontant le magnifique Canyon du Colca. Les paysages et les couleurs que nous observons du van sont absolument à couper le souffle! On ne sait où donner de la tête, à chaque nouveau tournant, on a l'impression que la vue est encore plus belle! Le décor est magique, presque irréel. Long de 100 km et d'une profondeur de 3.400m, il est le deuxième canyon le plus profond du monde après son voisin, le Canyon de Cotahuasi, qui le bat de 150 m! Son point culminant est à 4.350m d'altitude. Sur l'échelle des temps géologiques, il est assez récent: le río Colca a creusé des roches essentiellement volcaniques déposées il y a moins de 100 millions d'années le long d'une immense faille de la croûte terrestre. Si le climat est froid et sec dans les hauteurs qui surplombent le canyon, la vallée profonde et le temps généralement ensoleillé génèrent des courants ascendants que les condors utilisent pour planer, et, tout au fond, la végétation y devient presque tropicale, avec palmiers, fougères et orchidées dans des secteurs isolés (Lonely Planet). Un vrai bijou!

Vers 8h20, nous arrivons au fameux point de rendez-vous avec les condors. Nous le savions déjà, ce n'est pas du tout la meilleure période de l'année pour les observer, mais Patty reste optimiste et nous place, forte de son expérience, à l'endroit le plus propice pour les voir. Selon elle, nous devrions commencer à en voir vers 9 heures (on n'a oublié de demander si les condors avaient une montre suisse en poche). Ça nous laisse un peu de temps pour nous balader gentiment avant de revenir à notre spot stratégique. Le nom du Mirador de la Cruz del Condor (la croix du condor) vient de l’incroyable densité de colonies de condors qui nichent dans les corniches alentours et qui s’approchent extrêmement près de la falaise pendant leur vol, et de la présence d’une immense croix au niveau du Mirador. La vue plongeante sur les 1.200m de profondeur du canyon, la rivière au fond, les pics qui en sortent et les volcans environnants (l’ombre du Mismi surplombe tous les environs), rend l’observation du vol des condors d’autant plus impressionnante. Si le temps et les températures le permettent, on peut les voir planer sans effort au gré des courants ascendants venus du canyon. Vers 8h45, nous sommes tous les trois de retour à notre poste et commençons à guetter la vallée. Chaque gros insecte ou petit oiseau devient suspect! Mais rien... Et puis, à 9 heures pile (sans blague!), le premier condor se pointe! Dingue :D Tout le monde s'agite, les appareils photos mitraillent, mais il reste fort loin et donc fort petit (ma photo zoomée, photo 6, et celle de Papa, avec son super zoom, photo 7). C'est électrisant, on sent l'excitation dans l'assemblée! Nous devons ensuite attendre 9h25 pour voir le deuxième (ou le premier qui est revenu?), et il est encore plus bas donc plus difficile à repérer! Contre toute attente, j'ai visiblement un radar à condors, car malgré ma myopie de taupe, c'est moi qui les repère en premier et qui indique à tout le monde où il se trouve! Mélange d'anglais, d'espagnol, de français: "Mais si, là, dans la tâche brune, en face! Ah non, il est dans du vert, maintenant!" Pas peu fière, la gamine :D Enfin, nous profitons d'un dernier survol vers 9h45 et puis nous quittons notre mirador pour retrouver Patty et redescendre gentiment à pied la vallée sur quelques centaines de mètres, guettant toujours le précipice, au cas où :) Plus arides et différents de ce que nous avons observé plus bas, les paysages sont pourtant toujours aussi époustouflants! C'est un réel bonheur d'être entourés de cette magnifique nature.

Nous retrouvons Edwin et continuons en voiture la redescente de la vallée vers le petit village de Maca. Nous faisons néanmoins encore une halte au bord de la falaise pour observer et profiter du spectacle qui s'offre sous nos yeux. Le calme et la vue sont sans doute propices à ce genre de discussions, et Patty nous partage son fort ressenti des énergies de la vallée et de la montagne. Elle en est presque émue, on sent que ça veut dire beaucoup pour elle. J'ai déjà entendu des propos semblables lors de mon séjour dans la Vallée Sacrée, bien sûr, mais également dans la bouche de Danielle, et ça me parle beaucoup. Quand j'observe de tels paysages, une paix incroyable m'envahit. Energies des éléments présents ou "simple" puissance du décor? Je ne l'ai pas encore découvert... Nous nous arrêtons brièvement au village de Maca (photos 4-5) puis retournons sur Chivay, pour dîner au même restaurant que la veille. Cette fois, il y a du cuy au buffet et je m'amuse à en prendre un petit bout (photo 6), pour la beauté de la découverte ^^ Après le repas, nous nous baladons un peu dans Chivay, profitant du marché et des différentes statues de part et d'autre de l'allée principale qui représentent tous les costumes folkloriques des différentes fêtes de l'année (photos 7 et 9).

Enfin, Edwin nous dépose au village de Coporaque, point de départ d'une balade de 7km vers le site archéologique pré-inca de Uyo Uyo. Est-ce l'altitude (3.800m) ou la fatigue de la journée, quoiqu'il en soit, la balade nous semble longue et nous peinons par moments à suivre Patty qui marche d'un bon pas (elle a peur que nous soyons surpris par l'orage qui gronde au loin), tout en nous donnant moult explications. Incroyable condition physique, ces péruviens! Un peu moins de 3 heures plus tard, nous arrivons au fameux site (photos 10-11). Une occasion de plus de se rendre compte que, si les Incas sont mondialement connus et reconnus pour leur incroyable civilisation (c'est, en partie, aussi dû à l'étendue que leur territoire a eu à son apogée), les civilisations précédentes faisaient déjà preuve d'une incroyable organisation de la société et de leurs espaces. On attribue notamment la culture en terrasses aux Incas alors qu'elle était déjà utilisée bien avant. Une fois de retour à l'hôtel, Papa et Maman rendent les armes et se paient une bonne petite sieste pendant que je vais profiter une dernière fois des bains thermaux, dont les vertus sont grandes pour les muscles après une randonnée.

Le lendemain, samedi 27, nous pouvons dormir une heure plus tard puisque nous ne partons "qu'à" 8 heures! Petit-déjeuner englouti et sacs refaits, nous repartons en direction d'Arequipa pour monter vers Puno, située au bord du mythique Lac Titicaca!

5

Une longue route nous attend jusque Puno, mais Edwin et Patty nous ont prévu quelques arrêts sur la journée. Nous empruntons dans un premier temps la même route qu'à l'aller: nous repassons par le col de Patapampa et nous arrêtons cette fois au Mirador de los Volcanes (4.910 m) pour admirer le magnifique étal de volcans (monts Ubinas (5.675 m), Misti (5.822 m), Chachani (6.075 m), Ampato (6.310 m), Sabancaya (5.976 m), Hualca Hualca (6.025 m), Mismi (5.997 m) et Chucura (5.360 m)) qui étaient invisibles à l'aller à cause de la météo (photos 3-5), puis refaisons un stop à Patahuasi pour une tisane de menthe fraîche. Nous traversons ensuite la réserve nationale de Salinas y Aguada Blanca, avec un arrêt en surplomb du lac Lagunillas à 4.444m où est installée une famille de vendeurs d'artisanat péruvien qui a une vigogne domestique... Même si je ne valide pas le principe, ça reste la première fois que j'en vois une de si près, et elle est magnifique (photos 6-7)! Nous reprenons ensuite notre route à travers l'Altiplano jusqu'à notre prochain arrêt, au site de Silustani (3.897m) (photos 8-13). Il s'agit d'un site parsemé de tours funéraires du peuple guerrier aymara Colla. Ceux-ci dominaient la région du lac Titicaca avant d'être soumis par les Incas. Ces tours funéraires, ou Chullpas, contenaient les dépouilles de familles entières, avec de la nourriture et des biens pour leur voyage vers l'autre monde. Le site est partiellement entouré du lago Umayo (photo 13), qui abrite une grande diversité de plantes et d'oiseaux aquatiques andins. Après cette belle pause dans le doux soleil de l'après-midi, nous nous remettons en route pour la dernière ligne droite vers Puno (photo 14, sur les hauteurs de la ville). Nous y arrivons en fin d'après-midi et, après des aurevoirs émus avec Patty et Edwin, nous profitons de nos premiers instants au bord du lac Titicaca, à l'arrière de l'hôtel.

Le lendemain matin, nous partons tôt vers le port de Puno où nous retrouvons notre guide pour les deux prochains jours, Elida. C'est elle qui nous accompagne pour la visite des îles Uros, Amantaní (où nous passons la nuit) et Taquile. Après environ vingt-cinq minutes de bateau, où nous nous enfonçons de plus en plus dans les "champs" de roseaux, nous arrivons aux îles flottantes d'Uros (photos 5-11). Là, nous sommes pris en charge par une famille qui nous explique comment les îles ont été construites et comment ils les entretiennent. Elles sont fabriquées avec des roseaux légers appelés totora qui poussent en abondance dans les bas-fonds du lac. Elles se composent de nombreuses couches de totora, complétées en surface à mesure que les couches inférieures pourrissent (maquette photo 6). Les habitants utilisent également les roseaux pour construire des maisons, des bateaux et des objets artisanaux. Ces îles ont été créées au 13ème siècle par la tribu des Uros pour échapper à l'agressivité des Colla et des Incas. Mais aujourd'hui, leur métissage avec des personnes de langue aymara a entraîné la disparition de la langue des Uros, qui parlent désormais tous aymara. A l'occasion de cette petite visite, nous en apprenons également plus sur le lac Titicaca, le plus grand lac d'Amérique du Sud et, du haut de ses 3.810 m d'altitude, le plus haut plan d'eau navigable au monde! Il mesure 165 km de long sur 60 km de large, soit une superficie de 8.560 km², et atteint une profondeur maximale de 274 m. Le nom Titicaca trouve son étymologie dans les mots aymara Titi Khar'ka qui signifient Roc du Puma et désignent un rocher situé sur l'Isla del Sol qui aurait la forme d'une tête de puma. La moitié est du lac est en territoire bolivien. Après une petite balade en barque construite en roseau, nous retournons sur notre bateau et continuons notre périple vers Amantaní.

Deux heures et demies plus tard, nous débarquons à Amantaní, où nous sommes accueillis par Reina, qui nous héberge tous les quatre. Une fois nos sacs posés dans notre chambre, nous sympathisons avec elle et une de ses filles puis dînons ensemble avant de partir en promenade avec Eli. D'une superficie de 9,28 km², l'île a une population de 3.663 habitants répartis en 800 familles. Elle dispose de deux pics, le Pachatata (la "Terre Père") (photo 5) et le Pachamama (la "Terre Mère"), avec des ruines Inca et Tiwanaku sur leur sommet. Les collines sont en terrasses, principalement travaillées à la main et plantées de blé, de quinoa, de pommes de terre et d'autres légumes. Nous choisissons de grimper jusqu'au Santuario Pachamama (4.072m). Tout au long de l'ascension, la vue est toujours plus belle, avec la chaude lumière du soleil et l'eau du lac à perte de vue! Une fois en haut (ouf!), nous effectuons une petite procession autour du temple accompagnés d'autres visiteurs intéressés et faisons une offrande de feuilles de coca à la Pachamama, selon les instructions d'Eli. Enfin, nous rentrons retrouver Reina et son mari, Ephrain, pour le souper. A table, nous avons également la chance d'avoir la compagnie d'un de leurs amis de passage, qui est chaman, médecin et guérisseur et qui a plein d'histoires à nous raconter! Ensemble, nous traduisons Eli et moi du quechua/espagnol vers le français pour Papa et Maman. Tous les trois, nous tombons de fatigue mais la journée n'est pas finie! Lorsque des groupes de visiteurs viennent séjourner sur l'île, la coopération des familles organise une soirée de danses folkloriques en leur honneur et Reina et Ephrain nous proposent de revêtir les costumes traditionnels d’Amantaní et d'assister à la soirée! Pour les remercier de leur accueil et découvrir cet aspect de leur culture, nous acceptons de nous prêter au jeu et partons à la soirée dans nos habits d’apparat! Nous passons un très chouette moment avec Reina, Eli et les autres touristes, au son enjoué du groupe de musique local!!

Le lendemain, nous nous réveillons sous une triste pluie qui suit l'orage de la nuit. Nous prenons notre dernier repas avec Reina, Ephrain et leur ami avant de préparer nos bagages, de faire nos adieux à nos sympathiques hôtes et de nous rendre à l’embarcadère. Là, nous partons pour une heure de navigation jusqu'à Taquile. En chemin, le temps s’améliore et le soleil pointe timidement derrière les nuages. Nous accostons en début de matinée sur cette petite île vallonnée d'une superficie de 7 km² qui compte environ 2.200 habitants. Elle servit de prison durant la colonisation espagnole et au XXe siècle. En 1970, elle devint la propriété des personnes qui y vivaient jusque-là. Elle présente aujourd'hui un grand intérêt culturel car ses habitants vivent en accord avec les traditions ancestrales. Par exemple, la population fabrique et porte encore aujourd'hui les costumes traditionnels, qui comptent parmi les plus beaux du pays! Les hommes portent un bonnet en laine, semblable à un bonnet de nuit, qu'ils tricotent eux-mêmes (seuls les hommes tricotent!). Les couleurs du bonnet ont une signification sociale: rouge pour les hommes mariés; rouge et blanc pour les célibataires (photo 11). Les femmes, elles, tissent de larges ceintures colorées pour leurs maris (photo 12) ainsi que les nombreuses jupes qu'elles superposent, et brodent finement leurs chemisiers.

Nous visitons l'île sur la matinée et dégustons une délicieuse truite à midi, avant de remonter sur notre bateau pour rentrer à Puno. De retour à notre hôtel en milieu d'après-midi, nous nous séparons d'Eli et moi, je reste à l’hôtel pour travailler sur mon blog pendant que Papa et Maman partent en petits aventuriers à la découverte de Puno. Une fois rentrés, nous soupons, puis refaisons nos sacs en vue de notre départ pour la région de Cusco, le lendemain!

6

Le mardi 30 janvier, nous montons à bord d'un bus pour rejoindre Cuzco. C'est un retour au début de mon aventure péruvienne puisque j'y suis passée brièvement avant et après mon séjour dans la Vallée Sacrée avec les Incas Vivants et j'ai hâte de mieux découvrir cette ville qui m'avait déjà tant plu!! Une longue route nous attend mais quelques visites sont prévues sur le trajet. L'itinéraire nous permet en plus de profiter de superbes paysages tout au long du parcours traversant l’Altiplano. En milieu de matinée, nous nous arrêtons au petit village de Pucara (photo 1), 3.880m, qui tire son nom d’une des premières civilisations ayant peuplé l’Altiplano et qui accueille un centre cérémoniel inca majeur, surplombant le village. La renommée de Pucara vient des petits taureaux en terre cuite, les toritos de Pucara, que les gens placent sur le toit de leur maison pour attirer la bonne fortune sur le foyer - on en voit vraiment partout au Pérou. Lors de la visite du petit musée présentant la civilisation pucara, notre guide souligne l'étrange similitude des traits de visage de la cette civilisation avec ceux de la population mongole (photo 2). De lointains cousins? ... Nous reprenons un peu d'altitude pour l'arrêt suivant à 4.318m, au village de La Raya, frontière entre les provinces de Puno et Cuzco (photos 3-4). L'après-midi, nous faisons une halte au village de Raqchi pour la visite du site administratif et religieux inca dédié au dieu créateur Viracocha (photos 7-14). De loin, les ruines ressemblent à un drôle d'aqueduc, mais il s'agit en fait des vestiges d'un temple qui supportait jadis le plus grand toit inca parvenu à notre connaissance (dessin photo 12). La majorité des 22 colonnes de pierre circulaires qui le soutenaient furent détruites par les Espagnols et seules subsistent les fondations, mais une partie du site est en reconstruction (Lonely Planet). Enfin, nous faisons un dernier arrêt à Andahuaylillas pour la visite de l’Iglesia de San Pedro (photo 15), appelée aussi la "Chapelle Sixtine" des Andes. En effet, elle contient une profusion de sculptures et de peintures, et de nombreux trésors d'or et d'argent y seraient conservés. Réalité ou légende, les villageois se relaieraient pour la surveiller 24h/24! Nous arrivons en fin d'après-midi à Cuzco et, après une première prise de contact avec notre nouvelle guide, Juanita, et le check-in à l'hôtel, nous nous baladons un peu dans la ville. Le soir, nous avons la bonne surprise que le groupe de musique andine Tierra - très connu dans la région - vienne animer le petit resto où nous soupons. Nous passons un super moment!

Le lendemain, nous entamons la visite de Cuzco par le site de Q’enqo (labyrinthe ou zig-zag en quechua) (photos 1-4). C'est un grand rocher calcaire criblé de niches, d'escaliers et de sculptures symboliques qui constitue un des nombreux sanctuaires incas de la Vallée sacrée. À l'époque de l'empire inca, Q’enqo était un centre dédié aux cultes et aux rites. Mais le but principal de cette construction, qui pouvait être utilisée aussi bien comme autel, tribunal ou tombe est ignoré. Nous allons ensuite au site de Saqsaywamán (faucon satisfait en quechua), un des sites majeurs de la région. Il s'agit d'une forteresse inca construite à l'origine dans un but défensif. Le neuvième Inca, Pachacútec, qui donna à Cuzco la forme d'un puma, conçut Saqsaywamán comme la tête de l'animal, dont les 22 murs en zigzag symbolisent les dents. L'immense forteresse est composée de trois remparts parallèles longs de 600 m, qui sont constitués de blocs monolithiques parfaitement assemblés et encastrés les uns dans les autres. Le plus grand (photo 7) mesure 9 m de haut, 5 m de large et 4 m d'épaisseur, pour un poids d'environ 350 tonnes! Les techniques utilisées pour transporter ces masses restent un mystère...

Photo 12: la ville de Cuzco 

Une fois de retour en ville, nous visitons d'abord le site de Qorikancha (cour d'or, en quechua), le temple du Soleil (photos 1-9). Le temple fut édifié au milieu du XVe siècle, sous le dixième inca Túpac Yupanqui. A l'époque, les murs étaient recouverts de 700 feuilles d'or pesant chacun près de 2 kg! Le temple renfermait bien d'autres trésors en or massif mais quelques mois après l'arrivée des conquistadors, ces fabuleuses richesses avaient été entièrement pillées et fondues. Les murs, assemblés à la perfection, les niches et les portes constituent d'excellents exemples de l'architecture trapézoïdale inca. Après la conquête espagnole, le temple fut légué aux dominicains par Pizarro. C'est pourquoi on y trouve aujourd'hui un curieux mélange d'architecture inca et coloniale (Lonely Planet). Nous passons ensuite à la Cathédrale Notre-Dame. Elle fut construite en 1539 sur le site de l'ancien palais de Viracocha, avec des blocs récupérés du site de Saqsaywamán. Elle compte de nombreux tableaux de l’Ecole de Cuzco et de nombreux trésors d’orfèvrerie, d’argent et de pierres précieuses.

Nous avons quartier libre l'après-midi, donc nous établissons un petit parcours reprenant les endroits que nous voulons voir au centre ville. Après un bon causa limeña revigorant, nous nous dirigeons vers l’église San Francisco (photos 3-5), plus austère que les autres églises de Cusco, mais l’une des rares à ne pas avoir nécessité de reconstruction complète après le séisme de 1650. Le musée attenant conserve le plus grand tableau d’Amérique du Sud qui mesure 9m sur 12m (!) représentant l’arbre généalogique de Saint-François d’Assise, fondateur de l’ordre des franciscains. Nous avons l’occasion de monter dans le clocher et même sur les toits de l’église pour admirer Cuzco. Nous partons ensuite vers le Mercado San Pedro (photos 7-10), marché central de Cusco, où j'avais tant hâte d'emmener mes compagnons de route pour leur faire connaitre cette ambiance que j'avais découverte en Bolivie. Nous y retrouvons pléthore de comptoirs d'épices, de viande, de fruits, de quinoa (il y a 27 types différents de quinoa au Pérou!), de maïs (il y a 46 types différents de maïs au Pérou!), d'artisanat,... Puis nous flânons encore dans les rues et rentrons par la Calle Hatun Rumiyoc (la pierre majeur en quechua), l'une des rues les plus représentatives de la trace laissée par les Incas à Cuzco. En effet, les pierres des murs sont assemblées de telle manière qu'il n'y a pas d'espace entre elles, ni même de ciment pour les faire tenir. La rue tire son nom de la fameuse "pierre aux douze angles" (photo 13), dont le travail est exemplaire et le découpage des angles est d’une telle perfection qu’ils s’insèrent dans les pierres adjacentes au millimètre près. Les joints sont si fins qu’il y est impossible d’y glisser une aiguille!

Après cette belle première découverte de Cuzco et ses environs, nous partons le lendemain pour la Vallée Sacrée, qui nous rapproche doucement du... Machu Picchu!! Nous reviendrons à Cuzco après ces deux étapes et espérons pouvoir encore un peu gambader dans la ville, sous le soleil, cette fois!

7

Nous quittons Cuzco de bonne heure avec Juanita et Jorge, notre chauffeur, pour une journée consacrée à la découverte de la Vallée Sacrée. En milieu de matinée, nous faisons une première étape à Chinchero, petit village blanc à 3.760 m d’altitude considéré par les Incas comme le lieu de naissance de l'arc-en-ciel et entouré du magnifique paysage vert bordé de hautes montagnes, typique de la Vallée Sacrée des Incas. On y trouve principalement des maisons construites en adobe (mélange de boue et de paille), des petites rues pavées, des arcs coloniaux et des habitants portant encore les habits traditionnels. Sur ses 15.000 habitants, on y retrouve pas moins de 12 communautés différentes! Nous parcourons les rues du village et visitons son église coloniale. L'édifice est construit sur des fondations incas (photo 5). Nous avons la grande chance d'assister, tout à fait par hasard, au rassemblement des chefs des différentes communautés et à la procession vers l’église avec remise de leur "sceptre" (photo 7) avant de rentrer dans l’église.

Nous poursuivons notre excursion aux Salinas de Maras, qui s'étendent sur un versant escarpé de la Vallée Sacrée. Il s'agit d'un des sites les plus spectaculaires de toute la région. Des milliers de puits salants servent depuis l'époque inca à l'extraction du sel. A plus de 3.200 m d'altitude, jaillit un petit ruisseau saturé de chlorure de sodium (photo 2) provenant d'une source d'eau chaude, au sommet de la vallée. Dévié vers les puits, il permet de récolter, après évaporation, du sel pour le bétail. C'est un atout précieux dans cette région très éloignée de la mer. Aujourd'hui, les 700 à 800 familles qui possèdent les quelque 3.600 bassins sont organisées en coopérative. La production annuelle totale oscille entre 160 et 200 tonnes de sel récoltées. Outre son utilité et son exploitation, c'est un site très impressionnant et je ne me lasse pas de photographier les puits sous tous leurs angles! En retournant à la voiture, nous nous retrouvons parmi des villageois venus à pied des collines alentours pour aller célébrer le carnaval (?) dans la vallée. Comme je l'avais déjà vu en Bolivie, ils se serrent alors dans des camions pour finir le trajet plus rapidement.

Photo 1: le site, vu du haut de la colline  

En début d'après-midi, nous arrivons à la communauté de Misminay, qui nous héberge pour la nuit. Nous sommes accueillis en musique par Vicente, le responsable de la communauté, et quelques uns de ses membres. Après une première prise de connaissance et quelques échanges avec la famille de Jesus, qui nous loge, nous nous régalons avec eux d'un délicieux lomo saltado (photo 3), plat typique péruvien, puis partons en balade vers le site de Moray avec Juanita et Jesus. Juanita ne nous avait donné aucune info sur la nature de ce site et c'est donc ébahis que nous découvrons le caractère extraordinaire de l'endroit qui s'ouvre progressivement sous nos pieds, au fur et à mesure que nous nous en approchons. Le site semblerait avoir été formé par l’impact de météorites et il se distingue par une série de terrasses circulaires singulières qui ressemblent à des amphithéâtres. Le plus grand présente 12 plateaux et a une profondeur de 100 mètres! Selon les chercheurs, les terrasses circulaires de Moray fonctionnaient comme un centre de recherche agricole, où chaque palier semble jouir de son propre microclimat et servait à cultiver différentes plantes de manière expérimentale, afin de déterminer les conditions optimales pour chaque culture. Les terrasses ont été construites sur des murs de soutènement remplis de terre fertile. On les arrosait grâce à des systèmes complexes d'irrigation: en sous-sol des terrasses, il existe un système de stockage des eaux de pluie. Ce système a permis de cultiver plus de 250 espèces végétales! D'autres études indiquent que ce site était employé comme observatoire astronomique et centre de prévision météorologique, pour anticiper les changements qui pourraient se présenter, grâce à l’observation des mouvements de la lumière solaire et des ombres qui apparaissent derrière les montagnes de ce territoire.

Une fois de retour au village, nous participons à la préparation du repas. La famille de Jesus ne parle que quechua, mais nous nous comprenons par la gestuelle et les sourires et passons un moment bien amusant avec eux. Le temps de la cuisson, nous allons nous promener dans le village et assistons au retour des troupeaux pour la nuit et même à un match de football joué par les villageois :) Enfin, nous passons la soirée avec Vicente et la communauté avant de nous écrouler comme des masses sous les lourdes (mais chaudes!) couvertures de nos lits.

Le lendemain, je suis préservée grâce à mes boules Quies, mais papa et maman n'ont pas cette chance et sont réveillés à 5h45 par de la musique traditionnelle et les annonces villageoises diffusées sur mégaphone (situé à côté de notre chambre)! Tous les villageois sont déjà sur le pont et prêts pour une nouvelle journée de travail :) Nous petit-déjeunons avec notre petite communauté puis faisons nos adieux à nos charmants hôtes. Nous poursuivons notre route dans la Vallée Sacrée avec un bref arrêt au village de Maras pour admirer les vieilles portes des maisons et le monument de la place principale rappelant les sites principaux de la région (photo 2-5). Puis nous poursuivons notre route vers Ollantaytambo, porte d'entrée du site du Machu Picchu! Malheureusement, nous n'y restons pas suffisamment longtemps que pour pouvoir monter dans les communautés où j'ai séjourné avec les Jeunes Incas Vivants, car j'aurais volontiers été saluer quelques unes des familles! Nous visitons les ruines du temple et de la forteresse inca qui surplombent la petite ville. D'en haut, nous jouissons d'une belle vue sur la vallée et je suis, une nouvelle fois, frappée par la beauté et le côté presque irréel de ces majestueuses montagnes. Sur la photo 9, les ruines des greniers de Pinkulluna, desquelles je m'étais approchées lors d'une petite balade avant de quitter Ollanta la dernière fois. Forteresse redoutable, Ollantaytambo avait, pour les Incas, autant d'importance sur le plan religieux que militaire. Des murs, parfaitement ajustés, étaient en construction lors de la conquête et ne furent jamais achevés. Les pierres provenaient d'une carrière à flanc de montagne située à 6 km de là, au dessus de la rive opposée de l’Urubamba (photo 13). Le transport de ces énormes blocs jusqu'au site est un exploit qui a dû nécessiter les efforts de milliers d'hommes! Pour les faire passer d'une berge à l'autre, les Incas usèrent d'une technique ingénieuse: poser progressivement les pierres au bord de la rivière et détourner son cours. (Lonely Planet)

Photo 6: les Salineras de Maras, au loin 

Il est déjà temps de quitter Ollanta et nous embarquons en début d'après-midi à bord de l’Incarail, le train à destination d’Aguas Calientes, le village (touristique) le plus proche du Machu Picchu. Nous avons la surprise de l'agence de voyage péruvienne de voyager en 1ère classe et bénéficions d’un repas trois services avec apéritif et vin! Pas désagréable :) Au fil du temps, nous quittons progressivement les paysages plus secs et rocailleux de la Vallée Sacrée pour nous enfoncer dans un nature luxuriante, et nous constatons que la température et le degré d'humidité dans l'air augmentent légèrement! Une fois sur place, nous partons tous les trois nous balader dans la petite bourgade. Le "village" est très fonctionnel, sans beaucoup de charme et bourré de restos et de magasins pour touristes, mais la nature qui l'entoure est extrêmement impressionnante! Nous guettons le ciel, espérant ardemment avoir une météo clémente et un ciel dégagé le lendemain pour profiter au maximum d'un des grands points forts de notre voyage, le Machu Picchu! Au musée local, nous avons un petit aperçu des incroyables fouilles et restaurations qui ont été effectuées sur le site (photo 14).

Et c'est non sans excitation que nous nous couchons de bonne heure pour être en pleine forme pour l'aventure qui nous attend le lendemain!

8

A 4h45, le réveil sonne pour nous permettre de préparer nos bagages et d'enfiler un rapide petit-déjeuner avant d'embarquer à 6h30 à bord du bus qui nous amène à la citadelle du Machu Picchu. Le temps est gris et brumeux, mais nous espérons encore qu'il fera plus dégagé là en-haut. Après 45 minutes de montée sur un chemin étroit en lacet (photos 1-2), nous arrivons vers 7h15 à l'entrée principale. Une fois traversée, nous pénétrons enfin la citadelle!! :D Je sens qu'une partie de moi est toute excitée de découvrir ce fameux site mais il est très difficile de se rendre compte de son ampleur et de sa majesté, avec la brume. J'éprouve un drôle de sentiment... Sur les conseils de Juanita, nous entamons la visite par une lente montée dans le brouillard vers la Puerta del Sol (porte du soleil) à Intipunku. Nous espérons que d'ici là, l'horizon sera plus dégagé et que, de là haut, nous pourrons jouir d'une vue plongeante sur le site! Le chemin vers Intipunku en lui-même constitue une attraction spéciale, pour la qualité de sa construction et la présence de lieux cérémoniels tout du long, indiquant par ce fait la grande importance de ce chemin principal conduisant à la cité du Machu Picchu. Il était en effet parcouru dans l'autre sens par les Incas, puisque la Puerta del Sol était le point d'entrée du site (et c'est toujours le cas pour les trekkeurs qui arrivent à pied à la cité). Nous y croisons d'ailleurs les derniers marcheurs ayant parcouru el camino del inca, le chemin de l’Inca, durant 4 jours. Nous admirons au passage les fleurs luxuriantes et écoutons les innombrables chants d’oiseaux avant d’arriver en haut (2.720 m) vers 10 heures (photo 12). Là, nous n'y voyons toujours pas à 3 mètres et c'est un peu flippant de se dire que le versant de la colline tombe à pic juste à côté de nous mais que nous ne le voyons absolument pas! Pendant notre petit break ravitaillement, nous rencontrons un compatriote belge, Michael, résidant à Hasselt et, de surcroît, supporter du Standard de Liège!

Photo 13: la fin du Camino del Inca 

Nous redescendons lentement vers le site principal dans la brume et passons par la Hutte du Gardien avant de nous poser sur une des terrasses d'où nous sommes supposés avoir un bon point de vue sur les vestiges du site inca. Par intermittence, nous avons la chance d'apercevoir les ruines, entre les nuages. Mais il s'agit d'être rapide! Les nuages sont tellement nombreux que le temps de prendre l'appareil photo pour mitrailler, le site est de nouveau emballé dans son coussin d'ouate! Cela nous donne l'occasion d'un petit moment d'histoire et d'explications avec Juanita. La majestueuse citadelle inca du XVe siècle se dresse à 2.430 m d'altitude sur une crête rocheuse surplombant le Río Urubamba (photo 1). Traditionnellement considérée comme un centre administratif, politique et religieux, Machu Picchu aurait été, selon de récentes théories, un domaine royal conçu par Pachacútec, roi dont les conquêtes militaires ont façonné l'Empire inca. A son apogée, le site devait compter 500 habitants. Sa construction est une véritable prouesse d’ingénierie! On y retrouve bien sûr les murs traditionnels constitués de blocs de pierre polie assemblés sans mortier. Pour rendre le site habitable, on a dû le niveler, acheminer l'eau depuis les cours d'eau d'altitude par des canaux en pierre et construire des murs d'étayage afin de pouvoir cultiver du maïs, des pommes de terre et de la coca - les fameuses cultures en terrasses. La cité demeura inconnue des conquistadors et resta dans l'oubli jusqu'au début du XXe siècle, quand l'historien américain Hiram Bingham la "découvre" en 1911, guidé par des locaux. En dépit des études et des travaux plus récents, les connaissances concernant le Machu Picchu demeurent superficielles. Mais son emplacement et le fait qu'au moins huit routes d'accès aient été découvertes suggèrent que la cité était le centre névralgique des échanges commerciaux entre les régions de l'Amazonie et de la cordillère. En outre, l'exceptionnelle qualité du travail de la pierre et l'abondance des ornements attestent que le Machu Picchu fut un important centre cérémoniel (Lonely Planet). Nous reprenons ensuite la visite en nous enfonçant dans les ruines. Nous traversons d'abord les bains cérémoniels, pour arriver au Temple du Soleil (photo 10, bâtiment en hauteur), unique édifice rond du Machu Picchu. Constitué des pierres les plus ouvragées de la cité, d'un autel et de fenêtres trapézoïdales, il a pu servir à l'étude des astres. Nous remontons ensuite vers la Place sacrée.

Sur la Place sacrée, nous découvrons le Temple principal (photo 2), qui doit son nom à ses dimensions imposantes et à la perfection de sa construction (la détérioration de la partie arrière droite provient d'un tassement de terrain et non d'un défaut de maçonnerie). Derrière le Temple principal, on trouve la "sacristie". Elle se distingue par les deux blocs de pierre qui flanquent l'entrée et qui présenteraient chacun 32 facettes (photo 3) (Lonely Planet). Nous traversons ensuite la place centrale sur laquelle paissent gentiment un petit troupeau de lamas (photo 6). La place sépare la zone cérémonielle (photo 6, à droite) des secteurs résidentiel et industriel (photo 6, à gauche). Sur la photo 8, entourée en rouge, la Puerta del Sol, où nous étions au début de la journée. Sur la photo 10, en haut des terrasses, la Hutte du Gardien, reconnaissable à son toit de chaume. Nous entamons doucement notre dernière descente sur le site, qui nous amène au Tombeau royal (photo 11), situé sous le Temple du Soleil. Il s'agit d'une grotte naturelle soigneusement taillée par des maçons incas. En dépit de son nom, aucune momie n'y a été découverte. Photo 12, un exemple de l'ingénieux système de canalisations du site.

Nous terminons la visite du site sous la pluie et embarquons en début d'après-midi à bord de la navette pour rejoindre la gare d’Aguas Calientes où nous attend l'Incarail qui nous ramène à Ollantaytambo. Là, Jorge nous attend et nous rentrons tous les 5 à Cuzco en parcourant une dernière fois la belle Vallée Sacrée. Nous y faisons quelques arrêts photo, comme en-dessous de ce lodge particulier qui est constitué de trois capsules de verre accrochées à la falaise à 400 m du sol et accessibles uniquement en escaladant la paroi (photo 2)! Nous arrivons à Cuzco en début de soirée et nous baladons encore un peu dans les rues avant de souper puis de s'effondrer dans nos lits.

Le lendemain, après une dernière balade au centre ville et quelques courses, nous quittons définitivement Cuzco, faisons nos adieux à Juanita, Jorge et cette magnifique région marquée à jamais par les Incas et décollons pour Lima. Après une courte escale, nous redécollons pour Chiclayo, au nord-ouest du Pérou, où nous arrivons en fin d'après-midi. Le changement de températures est impressionnant, nous avons au moins gagné 10 degrés! Et ce n'est pas de refus :) Je bosse un peu sur mon blog pendant que Papa et Maman vont se balader en ville, puis nous nous retrouvons pour le souper. La ville ne casse vraiment pas trois pattes à un canard, mais bon, on devient peut-être un peu blasés avec toutes les belles choses qu'on a déjà vues jusqu'à présent :) Le lendemain, nous sortirons de la ville pour visiter des sites pré-incas.

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Le lendemain, nous sommes pris en charge par Luis, notre nouveau guide, et "Gatto" (chat en espagnol), notre chauffeur. Il est 8h30 et il y a déjà 24°C dehors, le pied!! Nous partons en direction du site de Túcume et de la vallée des Pyramides. Nous prenons la route Panaméricaine, qui relie l'ensemble des Amériques - des USA à l'Argentine, et longeons de nombreuses rizières. Le complexe archéologique de Túcume offre une des meilleures expressions des trois cultures qui occupèrent la zone: Lambayeque (750-1150 après JC), Chimú (1000-1400 après JC) et Inca. Le site comprend 26 pyramides d’adobe réparties sur 200 ha et on affirme que leur construction dura 500 ans! Les recherches ont déterminé qu'il exista de luxueux palais magnifiquement décorés avec des reliefs qui représentaient leurs dieux, leurs mythes et leurs rites. Les habitants se consacraient à l'agriculture, la pêche et la navigation afin d’effectuer des échanges avec d'autres villages de la côte sud-américaine. Au sommet d'un des miradors, nous rencontrons une sympathique classe d'étudiants archéologues de sortie avec leur prof (photo 11). Nous avons également l'opportunité de parler avec l'archéologue responsable des fouilles d'une des pyramides (photos 7-8).

Nous reprenons ensuite la route en direction de l’impressionnante nécropole de Huaca Rayada, centre funéraire de la culture Mochica. En 1987, quand l'archéologue Walter Alva vit circuler sous le manteau un nombre considérable d'objets superbes, il comprit qu'un site funéraire de la région était en train d'être pillé par les huaqueros, pilleurs de tombes. C'est ainsi qu'il découvrit le site de Sipán et ses tombeaux, dont une exceptionnelle sépulture royale mochica, appelée depuis "Tombeau du Seigneur de Sipán", l'un des hommes les plus puissants de l'ancien Pérou. La culture Moché ou Mochica a dominé la côte nord entre les années 100 et 800 après JC. Une des grandes particularités de ces peuples était les pyramides d’adobe aux murs décorés de couleurs (qui ne ressemblent aujourd'hui qu'à des grosses buttes de terre). Dans son tombeau, le Seigneur de Sipán était recouvert d'impressionnants ornements d’or, d’argent, de turquoise et de spondyles (type de mollusques). On y a également retrouvé des ossements de femmes, d'enfants, de guerriers et d'animaux qui ont été sacrifiés et enterrés pour l'accompagner dans l'autre dimension (photo 8). A la fin de notre visite, nous rencontrons l’archéologue en chef du musée (décidément!) avec qui nous papotons un peu, puis Papa se prête au jeu et accepte d'esquisser quelques pas de danse traditionnelle avec un groupe de jeunes apprenants, sous notre regard compatissant ^^ Le soir, nous avons la chance de nous régaler dans un délicieux resto de Chiclayo avec cocktails et musiciens jouant du jazz brésilien durant notre repas. On est bien!

Le mardi, nous partons en direction de Trujillo, plus au sud sur la côte. En chemin, nous avons plusieurs arrêts de prévus. Nous commençons par le Museo Tumbas Reales de Sipán, dans la ville de Lambayeque, qui complète notre visite de la veille. Le musée (où l'on ne peut pas prendre de photos) expose les ossements, les bijoux, les céramiques et autres vestiges archéologiques, découverts dans cette tombe. C'est extrêmement impressionnant! Plus loin sur la route, nous visitons El Brujo (photo 2), site archéologique de la culture Mochica aux fresques hautes en couleur, très connu pour la Señora de Cao, "reine" de la culture Mochica. On estime sa mort aux environs de 450 après JC. Les offrandes et la façon dont la momie a été préparée (enveloppée dans 26 couches de tissu en coton!) montrent l’importance que la reine avait pour son peuple. Les archéologues ont trouvé la momie en excellent état de conservation. Le fait qu’une femme ait été identifiée comme reine est extrêmement important pour l’histoire!

Nous poursuivons ensuite notre route vers Trujillo le long de la côte Pacifique et dînons à Huanchaco. Petite station balnéaire non loin de Trujillo, elle est très connue pour ses petites barques de pêche en roseaux, appelées caballitos de totora (« petits chevaux de roseaux »). En fin d'après-midi, nous arrivons à Trujillo et nous séparons de Luis et Gatto, qui rentrent à Chiclayo.

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Sans nouvelles de notre futur guide Pedro, nous nous levons vers 6h00 et petit-déjeunons à l’hôtel. Il finit par arriver vers 9h00 en tirant la tronche, nous faisant plus ou moins comprendre qu'il s'est fait remonter les bretelles pour on ne sait quelle raison. Moins conciliante que Papa et Maman, je suis contrariée par son attitude mais il finit par se dérider au cours de la visite et je suis le mouvement. Nous commençons la journée sur le site du Temple du Soleil (non visitable car en cours de fouilles) et de la Lune, centres religieux de la culture Mochica. La Huaca de la Luna est un chef-d'œuvre du génie créateur humain. Ses 12.000 mètres carrés de peintures murales polychromes sont un exemple exceptionnel de la technologie de construction en terre que les Mochicas maîtrisaient à la perfection. Il n’y a pas d’équivalent dans le monde en terme de complexité et de conception de peintures murales. Le temple représente également un témoignage exceptionnel de la tradition culturelle Moche parce qu'elle incarne le pouvoir politique par le biais d’idées religieuses, où le temple, l'espace le plus sacré de la communion entre les hommes et leurs dieux, est associé à la montagne sacrée, passage vers le monde des dieux et des divinités. La Huaca de la Luna est en fait un complexe architectural composé de deux temples sacrés en forme de pyramide tronquée, appelés Temple Ancien et Temple Nouveau entièrement construits en boue et en adobe. La construction du temple se prolongea pendant six siècles, jusqu'en 600, les différentes générations l'agrandissant et recouvrant les monuments précédents.

Nous rentrons à Trujillo en fin de matinée pour découvrir la ville, qui fut fondée en 1534 par Francisco Pizarro. Les façades pastel et les superbes portails en fer forgé de la plupart des édifices coloniaux en sont un signe distinctif. Nous commençons d'abord par la Plaza de Armas, la cathédrale, puis le bâtiment d'El Banco Nacional de Reserva del Peru, une magnifique demeure coloniale (photos 7-8). Après le dîner, nous poursuivons avec la visite du Musée Archéologique de Trujillo (photos 10-15) qui retrace l'histoire du Pérou de 12 000 avant JC à nos jours et renferme la momie d’une jeune fille datant de 1100 avant JC (photo 15)!

Nous nous rendons ensuite au site de Chan Chan, la plus grande ville pré-hispanique des Amériques et la plus vaste cité en adobe de la planète. D'une superficie d'environ 20 km², Chan Chan était la capitale impériale du royaume de Chimor (de la culture chimú), une civilisation intermédiaire tardive qui se développa sur les ruines de la civilisation Moche. La cité fut construite entre 850 et 1470, elle comptait environ 60.000 habitants à l'apogée de l'Empire chimú! La ville était composée de dix citadelles fortifiées, comprenant des salles de cérémonie, des chambres mortuaires, des temples, des réservoirs et des résidences. Elles renfermaient quantités d'or, d'argent et de poteries. Si la conquête inca n'entama pas cette prospérité, le pillage commença dès l'arrivée des Espagnols et, en quelques décennies, les trésors de Chan Chan furent réduits à rien. Sans doute impressionnante du temps de sa splendeur, la ville a été hélas dévastée par les inondations dues au phénomène climatique El Niño et des pluies torrentielles ont largement érodé sa partie extérieure. Mais lors de sa construction, certains murs dépassaient les 10 m de haut! Sur la photo 8, le Gran Hachaque Ceremonial, un bassin d'eau douce bordé d'herbes et de roseaux, qui jouait certainement un rôle majeur dans la vie rituelle.

En fin d'après-midi, nous nous faisons un dernier passage à l'hôtel le temps d'une douche et de boucler les valises, puis nous partons à l’aéroport de Trujillo pour un transfert vers Lima. A l'arrivée au centre de Lima vers 23h, nous trouvons notre hôtel sans courant. Heureusement, il est tard et nous nous débrouillons pour les quelques petites choses à faire avant de filer au lit.

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Toujours sans courant, nous nous levons vers 5h00 et quittons l'hôtel sans déjeuner car nous prenons le bus à 7h30 en direction de Paracas, pour une dernière escapade de 3 jours à la côte. Nous n'avons pas de bol car, pour une raison inconnue, notre bus démarre avec presque 2 heures de retard, pour arriver vers 13h15 à Paracas. Heureusement, le voyage est assez confortable grâce à nos sièges couchettes. A Paracas, nous découvrons notre superbe hôtel en bordure du Pacifique et, après une bonne douche et un petit en-cas sur la terrasse de l’hôtel, histoire de s’acclimater et de profiter du spectacle face à l’océan Pacifique, nous prenons un taxi pour nous rendre au centre. Après ces presque trois semaines intenses en découvertes, en altitude, en météo pas toujours agréable et en levers plus que matinaux, nous nous délectons de ce break relax et flânons gentiment sur la digue dans la douce chaleur du soleil. Nous savons que ce sont nos derniers jours ensemble avant le retour de Papa et Maman en Belgique et mon départ pour l'Afrique, et nous profitons de chaque instant. Le soir, nous essayons de contacter Edgardo, guide péruvien parlant français qui est aussi ornithologue et photographe pour le National Geographic et dont les coordonnées nous ont été transmises par Juanita, pour organiser une visite de la réserve nationale de Paracas le lendemain. Malheureusement, nous ne parvenons pas à le joindre. Sur la photo 11, un perro biringo ou perro calato ("chien nu"), chien sans poil. Il s'agit d'une race pré-inca dont la présence dans les Andes remonte à près de 3000 ans! On prêtait autre fois à ces animaux des vertus curatives, pensant que la proximité de leur corps chaud exempt de fourrure pouvait soulager des maladies comme l'arthrite.

Le lendemain, nous préparant à une journée de farniente, nous en profitons pour faire une petite grasse mat'. Quand nous sortons déjeuner, le ciel est bleu azur et il y a déjà 28°C, quel pied! Puis surprise, Edgardo, qui a eu notre message de la veille, nous recontacte et propose de venir nous chercher vers 10h. Moi, je décide de rester à l’hôtel pour avancer dans la mise à jour du blog et m'installe sur un des transats au bord de la piscine. J'ai rarement eu un si bel endroit pour accomplir mes tâches administratives :D Plus bas, quelques photos de la superbe réserve naturelle de Paracas que j'ai piquées à Papa. Après le dîner, nous profitons des infrastructures de l’hôtel durant tout l’après-midi : lecture, piscine et balade le long de l’océan. Le bonheur total! :D

Pour notre dernière matinée à Paracas, nous partons en bateau pour une visite de deux heures des îles Ballestas, où nous attendent paisiblement de nombreuses otaries et oiseaux divers. En "route", nous découvrons le Chandelier de Paracas ou Géoglyphe du Candélabre, situé au nord-ouest de la baie de Paracas (photo 5). C’est un géoglyphe de 50 m sur 150 m gravé dans un rocher de couleur crème recouvert de sable. Mais le sable n’arrive jamais à effacer complètement la figure étant donné que les vents en balaient l’excédent. Si l'on ignore qui l'a tracé et ce qu'il signifie, les théories ne manquent pas. Certaines le relient aux lignes de Nazca, d'autres en font un guide de navigation basé sur la constellation de la Croix du Sud, voire un symbole maçonnique ou un motif inspiré d'un cactus local aux propriétés hallucinogènes (Lonely Planet). Nous arrivons ensuite par une mer relativement calme aux îles Ballestas. Grâce à la grande quantité de poissons présente dans ses eaux froides, les îles Ballestas constituent une véritable réserve ornithologique où cohabitent de multiples colonies d’oiseaux marins et un grand nombre d’otaries: manchots de Humboldt, cormorans de Bougainville, sternes incas, pélicans thages, fous variés,... soit environ 60 espèces d’oiseaux! Malheureusement, la brume est très présente et il est parfois très difficile d'apercevoir tous ces beaux spécimens. Sur la photo 12, derrière le brouillard, une plage particulièrement consacrée à l'apprentissage de la nage aux jeunes otaries. Sur la photo 13, une partie des infrastructures dédiées à l'extraction du guano. En effet, durant des siècles, la zone insulaire va accumuler tout naturellement de grandes quantités de guano sur son sol. Au XIXe siècle, l’économie du Pérou commence à en tirer profit, avec des extractions jusqu’à 30 mètres de profondeur, en exportant le guano comme engrais vers l’Europe et l’Amérique du nord. Depuis le milieu du XXe siècle, l'extraction y est réglementée, procédant par campagnes de ramassages organisés. On y estime, actuellement, une production de plus ou moins 1000 tonnes de guano annuels prélevés tous les 7 ans.

Vers 11 heures, nous sommes de retour et je ne suis pas fâchée de refouler la terre ferme. Les odeurs de mer et de gasoil autour des îles et le remous m'ont donné une fameuse nausée! Rapides douche et collation, puis nous quittons déjà Paracas en début d'après-midi pour notre retour à Lima. Dans notre chambre, nous avons la bonne surprise d'être accueillis par trois Piscos Sours (apéro typiquement péruvien), sans doute suite à l’épisode de la coupure de courant lors de notre passage précédent, que nous dégustons religieusement avant le souper, puis notre dernière nuit tous ensemble!

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Pour notre dernier jour, nous décidons d'aller flâner dans le quartier de Barranco. Ancien village de pêcheurs devenu une enclave balnéaire très appréciée des Liméniens aisés au début du XXe siècle, Barranco est aujourd'hui un quartier bohème, romantique et charmant émaillé de splendides demeures d'époque (Lonely Planet). Le terme "barranco" désigne un type de falaise ravinée caractéristique de la côte de Lima. La falaise domine une plage étroite et une voie rapide qui relie les quartiers de Miraflores et de Chorrillos (photo 14). Il est très agréable de se promener au milieu des parcs fleuris et de parcourir les rues bordées de grandes villas entourées de jardin. Nous visitons l’église San Francisco de Asis (photo 5), puis déambulons simplement dans les rues des beaux quartiers résidentiels surplombant les plages.

Nous tombons ensuite sur une enfilade de ruelles bariolées, véritable musée à ciel ouvert d'art urbain! Après le dîner, nous retournons au quartier de Miraflores pour y effectuer les derniers achats de souvenirs puis rentrons à l’hôtel pour une dernière douche. Et vers 17h00, l'heure des grands aurevoirs a sonné: Papa et Maman partent à l’aéroport pour rentrer en Belgique, et moi, partagée entre un pincement au cœur de les voir partir après ces trois si chouettes semaines de découverte passées ensemble et l'excitation des aventures qui m'attendent encore, je reprends ma vie de baroudeuse solitaire pour mon dernier mois de voyage et retourne à mon auberge des premiers jours.

Au programme de mon dernier jour au Pérou: me remettre plus sérieusement à mon blog et profiter des dernières occasions d'encore me régaler de la cuisine péruvienne :D Je me délecte donc d'une causa limeña à midi (photo 1) et d'un dernier ceviche avec une chicha de maïs rouge au souper (photo 2). Plat typiquement péruvien, la causa limeña était déjà préparée dans l'ancien Pérou avec des pommes de terre jaunes écrasées et mélangées avec du piment. À l'époque de la vice-royauté, on y ajouta du citron et il prit sa forme actuelle tant dans sa présentation courante que dans les ingrédients utilisés. Il se prépare à base de pommes de terre jaunes, de citron, de piment, de laitue, de maïs, de fromage frais, d'œufs cuits dur, d'avocats et d'olives noires. Un vrai délice!!

Et vers 18 heures, avec mes braves et fidèles sacs à dos allégés de plus de 5 kg de choses qui me seront inutiles en Afrique et que j'ai laissées à Papa et Maman, je me mets en route pour l'aéroport. Une longue route m'attend vers l'Afrique mais, malgré une pointe de tristesse de quitter cette magnifique terre andine qui m'a tant donné et tant appris, je suis très excitée à l'idée de découvrir un nouveau continent pour la dernière étape de mon voyage! :D A bientôt, de l'autre côté de l'océan!

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Voilà déjà que mon aventure péruvienne se clôture et, avec elle, mon séjour en Amérique du Sud. Incroyable continent contenant tant d'extrêmes, d'opposés, de diversité, de variété... Tant d'images me viennent à l'esprit quand je pense à cette partie de mon voyage: les paysages époustouflants de Patagonie avec Becky, le fascinant désert d'Atacama, les visages des enfants de la Fundacíon Cadena (et de mes chères Blanquita et Chocolate ;)), la fin de l'hiver dans les montagnes avec le Padre, sa foi, son service et son dévouement à ses communautés à la spontanéité brute si touchante, le séjour chez Magui à Cochabamba, le magnifique désert de sel d'Uyuni, les vallées vinicoles, la voûte céleste et la chaleur du Chili, le séjour au cœur des communautés de la Vallée Sacrée péruvienne où j'ai tant appris et tant reçu, les régions si différentes qui jalonnent le Pérou et qui regorgent de merveilles naturelles, la culture et la philosophie inca, les fous rires, la complicité et les découvertes avec Papa et Maman, les super guides et hôtes que nous avons eus, tous ces échanges avec les locaux grâce à la langue et puis toutes ces couleurs, toute cette chaleur humaine, tous ces bouts de soleil, tous ces coins de ciel bleu, toute cette magnifique nature à laquelle j'ai enfin eu l'impression de me reconnecter...

Il m'est certainement difficile de quitter cet incroyable continent qui renferme encore tant de mystères, mais ce n'est pas un triste adieu, plutôt un aurevoir chargé de reconnaissance, d'attachement et d'impatience de le retrouver!