Carnet de voyage

Nepal

10 étapes
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Un proverbe népalais dit: "Viens comme un invité, repars comme un ami"
Du 19 avril au 26 mai 2017
38 jours
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Namaste, lecteurs!

Voici le récit de mes aventures au Népal! Mais d'abord, quelques informations sur le pays: Superficie: 147 179 km² (plus de 4 fois la Belgique) Population: 29 384 297 habitants (plus du double de la population belge) Densité: 200 habitants/km² Indépendance: 1768 Monnaie: la Roupie népalaise Devise nationale: "La mère et la mère patrie valent plus que les cieux"

Drapeau népalais / Le Népal à l'échelle du monde

Si j'étais presque (!) déçue de ne pas avoir trouvé en Inde le challenge auquel je m'attendais, j'ai rattrapé 38 jours en une seule journée, lors de notre passage au Népal (sous mes premières gouttes de pluie depuis mon départ de Belgique!). Si l'on ne compte ni l'arrivée du train à Varanasi à passé 2h du matin, après plus de 3h d'attente où, dépitée, Isa avait fini par s'endormir par terre sur son sac alors que moi, bien trop stressée à l'idée qu'on puisse nous agresser ou nous voler nos sacs, j'errais comme un zombie; ni la visite plus qu'inattendue d'une énorme vache sur le quai de la gare venue cracher ses poumons sur les rails, le trajet jusqu'à la frontière et le passage de la frontière lui-même se sont passés globalement sans encombres. C'est après que ça se corse. Après avoir enchaîné 7h de train et 3h de bus jusque la frontière, il nous restait un dernier trajet en bus vers Katmandou dont la durée de 7H30 nous avait été annoncée. Au final, nous avons royalement mis 12h, dans un bus local bourré (gens debout dans la rangée) et extrêmement peu confortable (vieux sièges en cuir défoncés et trop peu espacés pour que je puisse ranger mes gambettes). Non seulement, la route vers la capitale est dans un état exécrable (renforcé par le séisme de 2015, dont on voit des traces un peu partout dans le pays) et ne permet, sur certains tronçons, de rouler qu'à du 15 km/h voire de ne passer qu'à un véhicule de front, mais en plus, le chauffeur s'arrête de nombreuses fois, pour des durées et des raisons indéterminées. C'est donc épuisées et avec les nerfs mis à rude épreuve que nous sommes arrivées, Isabelle et moi, à 1h du matin à Katmandou, après 27 heures de voyage et avec 20 degrés de moins qu'à Varanasi. Démarrage en force!

 La frontière et mon visa

Le ledemain de notre arrivée, nous découvrons un petit boui-boui tenu par une dame et son mari fort sympathiques, où nous goûtons pour la première fois des momos, un ravioli originaire du Tibet cuit à la vapeur, devenu depuis une spécialité népalaise. Franchement pas mauvais! Derrière nous, une table de quatre français que j'entends parler d'un orphelinat de la région de Katmandou qu'ils ont visité. N'ayant plus aucune nouvelle de mon contact au Népal pour faire du bénévolat, je les interromps pour leur demander plus d'infos sur cet orphelinat. C'est comme ça que je rencontre Tiphaine et Max, qui sont en voyage pour plusieurs mois en Asie et qui ont été rejoints par deux de leurs amis pour deux semaines. Tiphaine et moi échageons nos contacts et elle me promet de m'envoyer les contacts de la dame qui tient cet orphelinat. Quelle super aubaine!!

Fort accablée par un gros rhume attrapé sur le trajet et encore K.O. du voyage, je n'ai pas vu énormément de la ville avant de la quitter pour partir au parc national du Chitwan, dans le sud. Mais voici quand même quelques impressions du quartier de Thamel, le quartier touristique où nous logions.

Dans un bar, nous rencontrons Julie, une américaine qui a habité plusieurs années à Katmandou et qui vit maintenant en Inde, où elle donne des formations de yoga et organise des tours à thèmes en Inde et au Népal pour des groupes européens. Nous sommes en fait dans le bar de son ami, Achut, un népalais qu'elle a rencontré dans l'Annapurna, alors que tous les deux étaient en train de ramasser les déchets sur une zone de trek. Leur amitié est née ainsi. Achut tient la première agence de trek verte du Népal et essaie de lutter, avec ses moyens, pour la préservation de l'environnement. Malheureusement, ils nous expliquent à quel point le Népal est corrompu et comme il est difficile de faire confiance à qui que ce soit et de mettre quoi que ce soit en place.

La veille de mon départ, nous assistons à une initiation à la méditation, suivie d'une conférence de trois heures avec un invité apparemment prisé, qui nous a parlé de la relation et de l'influence positive de la méditation avec et sur la mort. C'était extrêmement intéressant! Le soir, nous nous arrêtons une dernière fois chez le couple du petit resto de momos.

Après ce petit séjour d'acclimatation à Katmandou et près de dix très chouettes jours de voyage avec Isa, ous nous séparons et je pars pour 4 jours à Chitwan, dans le Teraï, zone plus tropicale frontalière avec l'Inde. Isa et moi comptons bien nous recroiser un peu plus tard au Népal.

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Je pensais avoir battu des records de durée de trajet de bus lors du voyage de la frontière indienne à Katmandou mais c'était sans compter le trajet vers Chitwan... :) Quand j'ai demandé au gars de l'auberge en réservant mon ticket de bus combien de temps durait le trajet jusque Chitwan, il m'a répondu: "7 à 8 heures. Si tu arrives à Mugling avant 10 heures, ça ira". Je ne savais pas trop ce qu'il y avait de spécial à Mugling mais, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas demandé. Le lendemain, à 5h30, j'étais repartie sur cette magnifique route de terre bosselée qui m'avait amenée à la capitale. Rebelotte pour la longue caravane de camions, de bus, de voitures, de motos et de piétons qui serpente le long de la rivière, entre les collines, à pas d'homme. C'est vers midi, après 20 minutes de la Xième pause que j'ai fait connaissance avec Mugling. Il s'agit en fait du dernier village avant le tronçon de route que les autorités ferment tous les jours pour construire la nouvelle route. En effet, ils font exploser la roche pour élargir la route et donc, tous les jours, ils ferment la route de 10h à 16h. Je comprenais désormais mieux l'intérêt d'y être avant 10h. Y étant arrivés vers midi, nous avons donc attendu 4 heures dans le bus en plein soleil que la route rouvre. Heureusement, il y avait quelques magasins et restaurants, mais étonnement, les prix affichés n'étaient pas de rigueur mais avaient triplé ^^ Au lieu d'arriver à 13h30 comme prévu, nous sommes arrivés à 19h30 à Chitwan, quand il faisait déjà bien noir. Vous imaginez ma joie immense de voir le manager de mon hotel sur sa moto, gentiment venu me chercher à l'arrivée du bus! Et, après une telle journée, je n'ai même pas sourcillé à l'idée de monter sur sa petite moto avec mes deux énormes sacs à dos et mon sac de couchage à la main.

Heureusement, j'avais prévu un séjour plus long que nécessaire à Chitwan pour pouvoir prendre le temps sans courir. Et le lendemain matin, je me suis simplement baladée le long de la rivière qui marque la frontière du parc national pour un peu découvrir les environs, avant les excursions tant attendues dans le parc, où j'avais bien l'espoir d'apercevoir les différentes espèces d'animaux sauvages présentes: éléphants, rhinocéros, tigres, ours lipus, léopards, crocodiles, gavials et autres daims, paons et espèces d'oiseaux.

Il y a énormément d'éléphants domestiques à Chitwan, dressés avec des méthodes +/- acceptables, selon les points de vue...

L'après-midi, je voulais me rendre au petit village Tharu de Bachhauli, plus authentique, pour aller à la rencontre de la population. Là, j'ai eu la chance d'arriver au moment de la sortie d'école primaire, avant d'être invitée par une petite dame qui m'a hélée de son jardin pour prendre le thé avec elle, sa belle-fille (qui parlait un peu anglais), la voisine et sa fille qui était persuadée que j'avais du chocolat dans mon sac et qui râlait que je ne lui en donne pas. J'ai essayé de lui faire comprendre que, par 30-35 degrés, je ne trimballe pas de chocolat avec moi, mais elle n'avait pas l'air convaincue... :)

J'ai ensuite assisté au coucher de soleil et au bain des éléphants au bord de la rivière. Là, j'ai eu un petit avant-goût de mes excursions du lendemain dans le parc: alors que j'étais assise le long de l'eau, un gars vient et commence à papoter avec moi. À un moment, les chiens qui étaient près de nous ont commencé à aboyer sans s'arrêter en regardant la rivière et là, le gars me dit calmement "Ah, sans doute un crocodile dans l'eau..." EUUUUH... bien sûr, je n'ai pas bougé (un fond de dignité qui me restait) mais je n'ai pas arrêté de surveiller l'eau jusqu'à mon départ ;)

Puisque le Lonely Planet mettait fort en garde les gens qui voulaient faire des excursions à pieds dans le parc, étant donné qu'il est très fréquent de rencontrer des animaux et que ça peut présenter de gros risques, et puisque je ne voulais pas faire d'excursion à dos d'éléphants afin de respecter mes convictions personnelles, je m'étais décidée pour une balade d'une demi-journée le matin à pied dans le parc (j'avais besoin d'un peu d'adrénaline et je faisais confiance aux guides, mais avec une demi-journée, je savais qu'on ne s'enfonçait pas trop dans le parc) et pour une excursion d'une demi-journée en jeep l'après-midi, qui permettait de s'enfoncer bien plus loin dans le parc, en courant moins de risques. Mon guide est venu me chercher à 6h et nous avons commencé la journée par une heure de descente sur la rivière en petite barque, avec d'autres groupes. Comme la majorité des balades en barque, celle-ci était extrêmement paisible. Elle nous a permis d'observer des daims, de nombreux oiseaux et même deux gavials, les crocodiles d'eau!

Photo 4: un  gavial (tête à droite, queue à gauche); Photo 5: un martin-pêcheur et son bleu éclatant, sur la branche

Mon guide et moi avons ensuite débarqué et avons commencé la balade à pied, dans une espèce de pleine avec de gros buissons, avant de rentrer dans la forêt. Je ne sais pas si c'était pour mettre un peu de piment ou si c'était de la vraie prudence, mais il s'arrêtait tous les 500 mètres pour écouter s'il n'entendait pas d'animaux approcher. En tout cas, mon coeur battait quand même un peu plus vite et j'étais aux aguets ^^ Finalement, on n'a vu aucun animal. J'étais un peu rassurée sur le moment même mais aussi un peu déçue. Nous avons fini la balade au centre d'élevage d'éléphants, l'endroit où ils sont dressés soit pour les balades de touristes soit comme monture pour la police chargée de la surveillance du parc. Ce n'était pas vraiment ma partie préférée donc on ne s'est pas attardés.

Photo 2: une termitière. Photo 5: le personnel du centre en train de préparer les boules de nourriture pour les éléphanteaux

Heureusement, j'avais encore l'excursion de l'après-midi pour tenter d'apercevoir des animaux dans leur environnement naturel. Départ à 14 heures pour 4 heures de safari dans une jeep de dix personnes et un guide. Et là, malgré les deux premières heures sans voir âme (animalière) qui vive à cause de l'heure de la sieste (oui oui!), j'ai été plus gâtée! :)

Photo 2: on a pu obersever de très beaux (et gros) oiseaux, mais ils n'étaient pas faciles à prendre en photo! En voici un beau coloré. Photo 4: on aurait loupé ce singe en roulant si on n'avait pas reçu une grosse branche sur la tête, lorsqu'il est passé au-dessus de la jeep en sautant d'un arbre à l'autre. Photo 5: on les voit peu, j'avoue, mais on peut deviner une maman rhinocéros et son petit (les deux légères ombres grises entre les deux couples d'arbres). Photo 6: un autre rhinocéros, un peu plus loin. Apparemment, il y avait un bain de boue pas loin et c'était l'heure où ils en sortaient. Photo 8: on a également vu de superbes paons, animal fétiche de la région. Photo 9: Sur les bords du marais de la photo 7, on a pu observer de fameux crocodiles et de très près! C'était assez impressionant de n'être qu'à quelques mètres, et nous avons croisé 2-3 groupes de marcheurs qui passaient par là! Heureusement, les guides savent plus ou moins où ils se trouvent. Photo 11: selon le guide, le crocodile de la photo 9 était un mâle, et celui de la photo 11, qui était de l'autre côté de la route, une femelle qui surveillait ses oeufs.

Malgré tout ça, notre guide n'était apparemment pas satisfait qu'on n'ait pas vu de rhinocéros de plus près et on a constaté qu'il rallongeait l'excursion car à 18h, nous étions toujours bien au coeur du parc. Et, grâce à sa persévérance, nous avons enfin pu approcher un rhino qui sortait de son bain! :) Tout le monde était super content!

Nous sommes donc ressortis du parc pile pour le coucher de soleil sur les berges de la rivière longeant le parc. Dans la jeep, j'avais eu la chance de faire connaissance avec deux charmantes anglaises. Elise a quitté son boulot il y a un an et vit et travaille depuis 10 mois et demis dans un ashram à Rishikesh, en Inde, et son amie, Anne, lui rendait visite. Elles avaient décidé de passer une dizaine de jour au Népal pour les vacances d'Anne. Après le safari, elles avaient prévu d'aller voir le spectacle de danse et de musique tharu à la salle des fêtes du villages et m'ont gentiment proposé de les accompagner. Nous avons passé une très chouette soirée ensemble!! :)

Photo 6: la très populaire danse du paon 

Après avoir eu froid à mon arrivée à Katmandou, j'ai retrouvé avec plaisir la chaleur à Chitwan (et oui, vous avez bien lu ˆˆ). Comme quoi, on finit vraiment par s'habituer à tout! Au bout de ces trois chouettes jours en nature plus tropicale, je quitte le sud du Népal pour monter dans les montagnes, et découvrir la région au pied de l'Annapurna, à Pokhara.

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J'avoue que j'appréhendais un peu le voyage en bus vers Pokhara, vu mes expériences précédentes. Mais, une fois quitté Chitwan, nous avons rejoint une belle route d'asphalte. Le bonheur (j'ai de plus en plus de bonheurs simples, c'est un charme!)!! Départ à 7h30 et arrivée à 15h30, comme prévu, un miracle! Toute ragaillardie de cette bonne surprise, j'ai commencé à planifier mon séjour à Pokhara dès mon arrivée à l'auberge. En m'entendant réserver mon taxi pour aller voir le lever de soleil sur l'Annapurna à Sarangkot le lendemain, une fille de mon auberge manifeste son intérêt pour m'accompagner. C'est comme ça que je rencontre Shermein, elle vient de Malaysie. Elle arrive en direct de Lumbini, à la frontière indienne (lieu de naissance de Bouddha que je n'ai malheureusement pas visité), où elle a fait la retraite silencieuse de Vipassana, et retrouve son papa le lendemain pour faire un trek dans l'Annapurna. On décide d'aller manger ensemble et je passe une super soirée, de bonne augure pour cette nouvelle étape. On partage le même avis sur tout un tas de choses - comme avec pas mal de voyageurs de longue durée. On parle de la vie qu'on a quittée et de la chance qu'on a de pouvoir faire confiance au lendemain, de se laisser surprendre par l'inconnu, mais aussi de notre refus ou inconfort de retourner dans une vie de stress, d'horaire, dans une société où tout tourne autour des choses matérielles, où l'on n'a pas de temps pour soi et pour les autres, pour prendre du recul sur sa vie et se poser les bonnes questions, et où l'on a peu de place pour l'essentiel. Elle ressort très positive de son expérience Vipassana et me la conseille vivement.

Le lendemain, nous quittons l'auberge à 5 heures. Au programme, lever de soleil à Sarangkot et visite du camp de réfugiés tibétains de Tashi Palkhiel, vivement conseillé par le guide.

Photo 2: malheureusement, on ne peut que deviner les sommets enneigés de l'Annapurna dans la brume du matin 

Après deux bonnes heures sous de grosses couvertures à papoter devant le lever de soleil, nous nous remettons en route, à la rencontre de la culture bouddhiste et tibétaine au camp de Tashi Palkhiel. Ce camp, ainsi que les trois autres de la région de Pokhara, a été créé dans les années 60, lors de l'exode de 1959, quand les droits des tibétains ont commencé à être baffoués et que des mesures ont été prises par le gouvernement chinois pour détruire leur particularisme culturel et religieux. A ma grande surprise, ces camps sont devenus aujourd’hui des villages tibétains où se perpétuent la culture, les traditions et le mode de vie du Tibet (j'avais en tête une autre image de ce qu'on pouvait appeler "camp de réfugiés"). Les enfants vont à l'école et certains ont même la chance de faire des études supérieures. Le Népal a été une vraie terre d'accueil pour les tibétains et le gouvernement les a beaucoup aidés. Malheureusement, la Chine met actuellement une telle pression sur le Népal, que les aides ont fortement diminué. Cela vaut la peine de visiter un de ces endroits pour faire connaissance avec la culture tibétaine. Un guide local nous a proposé ses services et nous avons pu voir différents endroits et rentrer dans les monastères du camp.

Photo 4: Un moulin de prière géant. Comme il est indiqué sur la photo 3, il est de tradition de faire le tour de ces moulins de prière (ou de les faire tourner, quand ils sont de plus petite taille ou en rangées) dans le sens des aiguilles d'une montre. Dans le cas des moulins géants, il y a toujours une cloche sur un des bords, qui sonne à chaque tour. Photo 6: L'intérieur d'un des temples, que j'ai été autorisée à prendre en photo. Photo 7: De plus petits moulins de prières, comme on en voit la plupart du temps. Photo 8: La maison de repos du camp. On a pu entrer mais pas prendre de photos. Là, une quinzaine de personnes âgées était dans la cours, agitait des moulins de prières, papotait ou tricotait. La communauté prend soin d'eux et leur apporte de la nourriture. Photo 9: L'école de moines.

Après notre retour sur les bords du lac de Pokhara, le départ de Shermein qui allait retrouver son papa, et un bon gros orage digne du Népal, j'ai pu assister à un magnifique coucher de soleil sur le Phewa Lake. Je n'étais pas la seule à avoir été séduite par l'endroit, bien sûr, et j'ai vite été rejointe par une jeune fille qui prenait des croquis du lac, observée par les enfants du coin, intrigués, et par d'autres touristes munis d'un appareil photo.

Le lendemain, armée de mon gros sac à dos que j'avais essayé d'alléger le plus possible, je partais à 8h avec mon guide pour trois jours de trek à l'assaut de Poon Hill (3210 m). Malgré mon excitation, j'avais un peu d'appréhension, puisque je n'avais jamais fait de trek, mais le lever de soleil sur Poon Hill avec la vue sur l'Annapurna était, apparemment, à couper le souffle. Le trek de Poon Hill est habituellement fait en une boucle de 4 jours, mais puisque je n'avais que 3 jours de dispo pour le faire, mon guide m'avait dit que c'était possible en partant et en revenant par la même route (sans faire de boucle, donc). N'ayant aucune idée de ce que ça impliquait, j'avais donc accepté.

Photo 1: Une vue de la vallée, pendant les deux heures de bus qui nous menaient à notre point de départ, Nayapul (1070 m). Photo 2: Le permis de trek, qui m'autorisait à rentrer dans le parc de l'Annapurna. Photo 3: un petit aperçu du chemin qui m'attendait pour les trois jours suivants... Photo 11: Une idée de notre itinéraire. Le guide m'avait annoncé un chemin facile et un peu vallonné pour le premier jour. Nous avons démarré vers 12h à Nayapul et sommes arrivés vers 16h15 (avec une pause midi d'une heure) à Tikhedhunga (1577 m). Photo 12: La "tea house" (comme sont surnommés les logements des trekkeurs) du frère de mon guide, où nous avons passé la nuit, et la cascade, en contre-bas (photo 13). Photo 14: Quand nous sommes arrivés, la belle-soeur de mon guide était en train de faire du vin de millet, typique de la région. Tout le monde fait son propre vin, plus ou moins fort. Ca a la couleur du vin blanc mais se boit chaud (!). C'est un peu amer, pas mauvais, mais je n'en boirais pas des litres ;-)

Comme j'étais la seule cliente de la tea house et que mon guide était le frère du propriétaire, j'ai eu la chance de passer la soirée en compagnie de la famille et d'un voisin, dans leur petite cuisine, avec le four enterré en terre cuite où l'on cuisine au feu de bois. Bon, je ne comprenais pas grand chose, puisqu'ils parlaient en népali et que mon guide ne traduisait pas tout le temps, mais on se comprend par des sourires et puis, c'était une bonne manière pour moi d'être plongée dans leur quotidien. Pendant que sa femme préparait mon Dal Bhat (plat typique népalais, littéralement "riz aux lentilles", que chacun prépare plus ou moins à sa sauce, tant qu'il y a du riz et des lentilles), mon hôte commence à écraser des graines sur un grand pavé creusé avec une pierre ronde. Je demande, par curiosité, ce qu'il est en train d'écraser et le voisin, qui parle un peu anglais mais qui a déjà bu plusieurs verres de vin de millet, me baragouine un truc avec "power" que je ne comprends pas. Et c'est quand j'avais déjà mangé la moitié de mon plat, sans rien remarquer de spécial, et que mon guide était revenu dans la cuisine que j'ai appris qu'il s'agissait en fait de graines de cannabis, qu'ils utilisent dans la cuisine :D J'ai mieux compris l'explication du voisin, du coup.

Le deuxième jour, départ à 8h30 pour la journée la plus dure, comme annoncé par mon guide. Nous avons devant nous 4 heures de marche sans les pauses (pour quelqu'un d'entraîné, peut-être...) et 1300 mètres de dénivelé. Tout ça, ce sont des informations que je comprends et enregistre, mais je n'avais vraiment aucune idée de ce qui m'attendait réellement. Je n'avais surtout pas pensé que, pour monter un tel dénivelé en si peu de temps, ce n'était pas de jolis chemins en lacets mais une sacrée volée d'escaliers qui m'attendaient. On a commencé par deux heures d'escaliers, sans aucun espoir de zone de plat, juste des marches et des marches et des marches, parfois égales, souvent hautes ou de travers. La suite était une alternance de chemins rocailleux et... de marches.

Si j'avais testé mes limites de patience et de compréhension dans les transports publics, le Népal mettait maintenant mes limites physiques à rude épreuve, moi qui me pensais plus ou moins en forme. Et quand le physique finit par laisser (lâchement) tomber, c'est le mental qui doit prendre le relais parce que bon, "il faut bien arriver en haut, quand même! Et j'ai pas envie de dormir dehors, et puis le lever de soleil est superbe, il parait, et puis merde, j'ai 27 ans et une volonté de fer!" Euhm... C'est donc en me parlant et en m'encourageant comme je l'aurais fait avec un ami (de temps en temps parasité par le refrain : "I HATE stairs"), en laissant ma dignité loin derrière (bien bas dans la vallée, sans doute même sous le niveau de la mer), et en enchaînant des pauses de plus en plus rapprochées au fur et à mesure que les heures passaient que nous sommes finalement arrivés à la pause midi, vers 13h, à Nangethanti (2600m), avec la promesse d'une dernière heure et demie de marche jusqu'à Ghorepani, où nous passions la nuit, et plus que (!) 274m de dénivelé. Là, pendant que je mangeais, nous sommes rejoints par un orage et une grosse pluie se met à tomber. Zut, on allait quand même pas repartir dans ce déluge? :) Nous nous mettons donc à jouer aux cartes avec d'autres trekkeurs (il y a plein de gens qui font le début de ce trek, puisque c'est le début du tour de l'Annapurna Base Camp). Mais au bout de 20 minutes, la pluie s'est un peu adoucie et mon guide s'impatiente (il avait sans doute peur qu'on n'arrive jamais à destination, vu mon rythme de marche) et, après m'être équipée de tout ce que j'avais d'imperméable dans mon sac, nous nous remettons en route. Et c'est 2h15 plus tard, après 15 minutes d'une dernière maudite volée de petites marches, que je suis arrivée complètement épuisée et trempée à mon logement, tels Frodon et Sam au sortir des escaliers du mont Venteux. Là, après unen douche bouillante, j'ai savouré le feu ouvert (comprenez le gros tonneau en métal au milieu de la pièce dans lequel on brûle du bois), une barre de granola et mon bounty, mon repas et un black tea puis me suis effondrée de fatigue dans mon sac de couchage à 19h30, avec l'espoir immense d'avoir un ciel dégagé le lendemain pour le lever de soleil (rien n'était certain, selon mon guide, et vu l'orage qui grondait encore), et en appréhendant un peu l'énorme déception d'avoir parcouru ce chemin pour rien s'il faisait couvert le lendemain.

Photo 1: Un aperçu de mes marches adorées et mon guide, bien devant moi. Photo 2: Ah oui, parce que c'était déjà dur pour moi avec mon sac à dos, mais j'imagine même pas ce que c'est pour les porteurs et les locaux qui se tapent la même route avec parfois jusqu'à 70 kg sur le dos (remarquez les souliers appropriés). Photo 7: Une des zones "plattes" bénies. Photo 10: Ma tête de vainqueur, à l'entrée de Ghorepani, pensant être bientôt arrivée et avant de savoir qu'il nous restait une 30aine de minutes de marche(s).

L'avantage, quand on va dormir à 19h30, c'est que même en se levant à 4h00 du matin, on a 8h30 de sommeil (je devrais y penser plus souvent). Premier geste de la journée après avoir collé les lunettes sur mon nez: ouvrir la tenture pour vérifier le ciel. Et là, miracle ô bénédiction, par tous les saints du ciel, de la terre et de l'enfer (oui oui!), le ciel est dégagé et se colore tout doucement d'orange!!! Je saute dans mes habits et c'est parti pour la dernière ascension! Bon, de nouveau, j'avais un peu sous-estimé le chemin, et une fois n'est pas coutume, nous entamons une longue montée d'escaliers d'une demi-heure. Si cette fois, je n'ai plus le sac à dos ni la fatigue de la journée, je constate pour la première fois à quel point l'oxygène manque à cette altitude et, à bout de souffle, je dois m'arrêter à 2-3 reprises. Décidément, ce trek aura ma peau! Mais finalement, les arbres et les buissons se font de plus en plus rares et nous arrivons enfin à Poon Hill, point culminant à 3210m. Là, j'en prends plein la vue et c'est au bord de l'émotion, avec tout le chemin parcouru et la difficulté rencontrée, que je profite du lever de soleil, sans savoir où donner de la tête tellement c'est magnifique! Le ciel qui se colore d'orange à la montée du soleil, les versants pleins de neige, les premiers sommets de l'Annapurna qui deviennent rosés, le paysage des montagnes avec les drapeaux tibétains en avant plan, et surtout, je me rends compte de la chance que j'ai d'être là et d'assister à ce magnifique spectacle. Et là, surprise, je retrouve deux filles qui partageaient ma chambre à Pokhara et qui font le trek de l'Annapurna Base Camp, puis le groupe de 10 thaïlandais et leurs guides avec qui j'avais dîné le premier jour, puis la suédoise rencontrée la veille à la pause midi et qui fait la boucle de Poon Hill seule, et puis surtout, Anne, l'anglaise avec qui j'avais passé une si bonne soirée à Chitwan (et qui attendait Elise, qui avait eu quelques difficultés à la montée)!! C'était gag de voir la tête de mon guide à chaque fois que je rencontrais quelqu'un que je connaissais :D

Et c'est le ventre rempli d'un bon petit déj' et la tête pleine de magnifiques images que j'entame la descente, toute guillerette à l'idée de faire certes le même chemin mais cette fois beaucoup plus rapidement! La première partie se passe sans encombre, j'étais même à plusieurs reprises devant mon guide (victoire personnelle). C'est en arrivant à la longue volée de marches qui m'avait tant éprouvée la veille que je suis passée par la troisième et dernière (ouf!) épreuve de ce trek. Si j'avais eu du mal lors de l'ascension du deuxième jour à cause de la difficulté physique des escaliers sans fin et de la fatigue et si, le matin, c'était le manque d'oxygène qui m'avait posé problème, la descente interminable de marches a vraiment éprouvé mes genoux. J'avais l'impression d'avoir 100 ans et j'étais à deux doigts de descendre le reste sur mes fesses, si je n'avais pas eu peur que ça prenne trois fois plus de temps. J'ai donc été forcée (pour la Xième fois) de rallentir le tempo, et d'être particulièrement précautionneuse d'où je posais mes pieds, cherchant les pierres les plus plates et les marches les moins hautes. Nous sommes enfin arrivés chez le frère de mon guide où nous avons dîné et j'ai sauté de joie (dans ma tête, parce que j'avais retrouvé ma dignité abandonnée la veille dans la vallée) quand j'ai appris que nous n'avions plus qu'une demie heure de marche avant de prendre une jeep qui nous ramenait à Pokhara. Une fois dans la jeep, je me suis endormie comme un vieux débris, bénissant l'inventeur de la voiture.

Photo 1: Forêt de rhododendrons

Pendant tout le trek et les premières heures qui ont suivi, j'avoue avoir vraiment remis ma condition physique en question et avoir fort douté de moi, me disant que ce n'était qu'un trek de trois jours, et que je ne serais sans doute jamais capable de faire d'autres treks, si je n'étais pas capable de mieux pour ce petit-là. J'ai fini par prendre du recul et me suis rendue compte que les marches (oui, encore elles) avaient joué un rôle très décisif et que ce n'est sans doute pas si fréquent d'avoir une portion aussi grande, surtout dans un si petit trek et pour deux jours de suite. J'ai appris par la suite que c'est une des parties les plus dures du trek de l'ABC et c'est vrai que j'ai rencontré beaucoup de gens à Poon Hill qui avaient eu beaucoup de difficultés aussi. Au final, malgré une petite déception car ce n'était sans doute pas l'itinéraire avec les paysages les plus variés, je suis vraiment contente de l'avoir fait. Tout d'abord pour le défi personnel (qu'est-ce qu'on les aime, ceux là!), et ensuite, bien sûr, pour les 2 magnifiques heures que j'ai passées à Poon Hill et les émotions que j'y ai ressenties.

  Photo 2-3: D'autres pauvres porteurs dont je connaissais tout le labeur (ok, j'exagère un peu) 

Et pour mon dernier jour à Pokhara avant de repartir vers Katmandou, je suis tout d'abord tombée complètement par hasard sur Lea, l'allemande qu'on avait quittée à Varanasi, qui n'était même pas sûre de venir au Népal et à qui on n'avait pas eu l'occasion de dire au revoir; et puis je suis allée manger dans le petit resto familial où j'avais été tous les soirs de mon séjour à Pokhara. Là, j'ai regardé les dessins animés à la TV avec les enfants, médusée la bouche ouverte, en essayant de comprendre malgré le népali et en riant avec la maman des gags simplissimes; puis je me suis retrouvée à vanter les charmes du trek de Poon Hill à un américain qui hésitait à le faire. Comme quoi, la vie est vraiment bien faite!

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Et me revoilà sur les routes népalaises, pour mon dernier grand voyage en bus. Sur le chemin de Katmandou, nous avons croisé plusieurs groupes de manifestants de différents partis politiques. En effet, les élections approchent et tout le monde se mobilise: ce sont les premières élections en 20 ans! Le Népal a une histoire politique assez chaotique et un gouvernement peu à l'écoute du citoyen, jusqu'à présent. Le pays a en effet connu une guerre civile sanglante de 1996 à 2006 au terme de laquelle la rébellion maoïste avait signé un accord de paix aboutissant à la fin de la monarchie hindoue et la naissance de la démocratie. Le roi avait été démis de ses fonctions et s'en est suivi une succession de gouvernements plus fragiles les uns que les autres. C'est finalement suite et grâce (si l'on peut y voir un seul point positif) au terrible tremblement de terre de 2015 que des accords ont été trouvés et que la réforme a vu le jour, transformant le Népal en république fédérale. Les élections prévues pour le 14 mai rassemblent tout le monde et les partis font ardemment campagne.

À mon arrivée dans ma nouvelle chambre, je rencontre Aswini, australienne d'origine sri lankaise, beau visage super sympathique, avec qui je commence déjà à blaguer. Elle me propose de souper ensemble et je passe une super soirée! Je me rends compte qu'on a exactement le même humour pince-sans-rire et décalé, mais qu'on peut aussi parler de sujets plus sérieux. Elle a aussi quitté son job pour voyager et est au Népal depuis un mois et demi. Ses origines font qu'elle s'identifie plus à l'hindouisme comme religion et elle a beaucoup à m'apprendre. Les sujets ne manquent pas et l'ambiance est bonne, mon deuxième séjour à Katmandou commence très bien! Le lendemain, elle est là pour me remonter le moral quand je reviens déboussolée de l'ambassade de Chine qui a décidé de ne délivrer aucun visa pour la Chine aux non-népalais jusqu'au 22 mai, ce qui me force à changer tous mes plans et me fait perdre mes billets d'avion (je devais quitter le Népal le 17 mai). Je finis par passer l'après-midi avec un groupe de voyageurs, dont Paul, français qui voyage depuis 7 mois et qui me permet de relativiser beaucoup par rapport à cette nouvelle.

Le soir, ayant retrouvé le moral et décidé de remplacer la Chine (que je garde pour plus tard, bien sûr) par la Thaïlande pour sa proximité avec la Birmanie, l'étape d'après, je retrouve Anne et Elise, rencontrées à Chitwan et brièvement vues à Poon Hill. Je les avais recontactées, sachant que c'était leur dernier soir au Népal et qu'elles avaient manifesté l'envie de me revoir. Nous avons passé une super soirée, à faire mieux connaissance et à se raconter tout ce qui nous était arrivé depuis qu'on s'était quittées; et j'ai trouvé en Elise une fameuse copine qui a aussi beaucoup souffert pendant la descente des marches (elles avaient eu la chance de faire la montée par un autre endroit plus soft).

Le lendemain, ayant pris la décision de profiter un max de Katmandou, je pars visiter le Swayambunath Temple, aussi connu comme le Monkey Temple, grand lieu de rassemblement et de prières bouddhique. Sur le chemin, je passe entre autres par une série de petits temples et tombe sur cette fresque poignante sur le tremblement de terre de 2015. Sur la photo 6, on voit le temple surplombant la ville. Photo 7: une classe parmi d'autres qui étaient venues visiter le site. Photo 9: comme une grosse débutante, je me suis fait chiper ma bouteille de Sprite par un singe. Ils sont très nombreux sur et autour du site du temple (sans doute une des raisons du "Monkey Temple"), et, habitués à recevoir de la nourriture des touristes, ils sont devenus peu craintifs et plus agressifs. Je ne les aime vraiment pas. Bref, ça m'a quand même permis de faire cette photo assez drôle ^^ Les cinq dernières photos ont été prises dans l'Amideva Buddha Park. Il s'agit, pour les trois premières, de trois énormes statues côte à côte, c'est assez impressionnant et le travail sur chaque statue est magnifique, comme sur toutes celles du site.

Ensuite, c'est parti pour l'ascension du petit mont de Swayambunath (ça m'avait manqué, les escaliers ;)). Photo 3: mur de manis, des pierres gravées de mantras bouddhiques tibétains (le mantra est, je site l'ami Wikipedia, une "formule condensée, formée d'une seule syllabe ou d'une série de syllabes, répétée sans cesse avec un certain rythme, dans un exercice de méditation ou à des fins religieuses"). Photo 10: Quand je disais qu'il y avait des singes partout, étalés sur les marches du temple, en train de prendre du bon temps, ou bien même en train de manger les offrandes des fidèles, sur les temples...^^

J'ai adoré cette visite au temple. Elle m'a permis d'enfin approcher la culture népalaise, contrairement à mes visites à Chitwan et Pokhara que j'avais trouvées fort touristiques, et de plonger tout doucement dans les rites et la richesse bouddhistes, qui me plait beaucoup et que je trouve plus à portée que l'hindouisme, ou peut-être juste plus accessible pour les non-bouddhistes (très peu de temples hindous sont ouverts aux non-hindous, tandis qu'on peut pénétrer dans tous les temples bouddhistes, ce qui fait une grosse différence si l'on veut s'imprégner de quelque chose de nouveau).

Le soir, je retrouve Aswini et rencontre Joukje, hollandaise, et Cicel, des îles Féroé. Elles me font découvrir le succulent Palak Paneer (plat indien à base crème et d'épinards) et les onions naans, butter naans et garlic naans du restaurant Western Tandoori, petit restaurant familial très populaire parmi tous les backpackers des environs et toujours plein.

Le lendemain, matinée peinarde et après-midi au Garden of Dreams avec Aswini, Joukje et Valentina, une autrichienne rencontrée à l'auberge. Le Garden of Dreams est un petit havre de paix situé le long d'un des grands axes de Katmandou qu'on arrive cependant à oublier dès qu'on en passe l'enceinte, tellement il y fait calme et paisible, avec toutes ses fleurs, ses fontaines et ses écureuils.

Le soir, nous rejoignons des amis de Valentina qu'elle a rencontrés lors de ses deux semaines de bénévolat avec All Hands (représentés dans différents endroits du monde), où elle a contribué à la reconstruction d'une école. Riches rencontres avec ces bénévoles qui donnent vraiment envie de participer à un des projets All Hands! Nous finissons la soirée à trois, avec les meilleures, Aswini et Joukje. Joukje a passé deux mois au Népal, trek de l'Annapurna, retraite de Vipassana à Lumbini, bénévolat dans une petite famille de fermier pendant deux semaines et elle suit une formation de cinq jours en massages ayurvédiques quand on fait connaissance, encore une fameuse histoire! Elle a aussi le même humour pince-sans-rire que moi et dit que je fais ressortir le pire en elle. Moi, je suis persuadée que c'est plutot l'inverse... Quel bonheur de les avoir rencontrées, j'ai l'impression de les connaître depuis longtemps. On forme un fameux trio et on n'arrête pas de rire! Et pourtant, sans doute par le fait qu'on vient de se rencontrer ou peut-être par un sentiment naissant d'amitié et de respect partagé, chacune de nous trois s'ouvre facilement et parle simplement de ses moments difficiles, ses peurs ou déceptions.

Malheureusement pour notre petit trio, nous devons momentanément nous séparer: Aswini part le lendemain pour une retraite de 4 jours au monastère bouddhiste de Kopan et moi pour 4 jours en périphérie de Katmandou, à la découverte de la grande stupa de Bouddhanath ou Bodnath ou Boudha, c'est selon, à l'écart de la grosse pollution du centre ville.

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Sur le chemin vers Bodnath, je fais une halte d'une demi journée dans la petite bourgade de Pashupatinath. C'est un peu le Varanasi népalais, grand lieu sacré de crémation. Pour l'histoire, des centaines de milliers de népalais s'y étaient rassemblés lors de la crémation de la quasi totalité de la famille royale népalaise, suite au massacre de juin 2001 (cet évènement restera mystérieux! Il a été raconté que le prince héritier était arrivé ivre au banquet familial et avait ouvert le feu sur sa famille (un désaccord avec ses parents quant au choix de son épouse en serait la cause), avant de retourner l'arme contre lui. Certains soupçonnent cependant un complot du frère du roi, seul absent du banquet, qui a été couronné roi suite au massacre). Photo 4: les ghats de crémation. Photo 5: le temple principal, avec l'arrière-train doré de l'énorme statue du taureau de Shiva.

Je continue ensuite ma route vers Bodnath, me trompant sans doute de chemin car je n'ai rien vu du "charmant chemin à travers les campagnes" décrit dans le Lonely. J'y arrive en fin d'après-midi et, crevée par la route, je décide de me fristouiller un truc à l'auberge et de planifier mon séjour sur place plutôt que de ressortir. Après une bonne nuit de sommeil dans mon nouveau logement, je me lève à l'aube pour assister au lever de soleil sur le magnifique stupa de Bodnath. C'est le plus grand stupa d'Asie, et un lieu extrêmement sacré, où les bouddhistes du monde entier viennent prier. Il est posé sur une succesion de trois terrasses qui forment un mandala géant. Je site à nouveau Wikipédia: "cette base représente la terre, la coupole l'eau, la tour surmontant la coupole le feu, la couronne l'air et le pinnacle l'éther. La base de la tour, carrée, constitue une harmika qui porte les yeux du Bouddha", le symbole que l'on lit comme un 9 et que l'on prend pour le nez au milieu du visage est en fait le signe tibétain pour le chiffre 1 et représente l'unité parfaite; "la partie supérieure en forme de pyramide allongée se compose de 13 degrés qui représentent le chemin vers l'éveil."

A mon arrivée au stupa vers 5h30, moi qui pensais ne trouver que quelques touristes motivés et quelques fervents moines, je tombe sur des dizaines de pélerins tournant autour du stupa en récitant des prières, faisant tourner les moulins de prières le long du stupa, ou parfois même se prosternant tous les trois pas. Je suis prise dedans et fais le tour du stupa, me laissant enivrer par le ronronnement des prières prononcées à haute voix et par les chants des moines, accompagnés de tintements de cloches. Quelle ambiance! Quelle intensité et quel calme, en même temps. Je suis conquise. Je finis par rentrer dans l'enceinte du stupa et par trouver un petit coin où observer le lever du soleil sur la fameuse flèche dorée.

Vers 13 heures, Aswini descend du monastère de Kopan et Joukje quitte le centre de Katmandou pour venir me rejoindre et célébrer à nous trois l'anniversaire de Joukje. Nous passons l'après-midi ensemble, à papoter sur une terrasse.

Le lendemain, je profite que le consulat mongole se trouve à Bodnath pour y postuler pour mon visa. Et l'après-midi, je pars en promenade vers le monastère de Kopan, à 30 minutes de marche de là. Le monastère de Kopan est un monastère bouddhique ouvert à tous. Ils organisent des retraites de 10 jours ou plus avec cours de bouddhisme ou de méditation, mais entre les périodes de retraite, tout qui veut peut y séjourner autant de temps qu'il veut et profiter des jardins, des temples, de la bibliothèque, assister aux prières des moines ou tout simplement jouir de la quiétude et de la spiritualité du lieu. C'est un endroit où j'aimerais beaucoup revenir et séjourner, mais le surlendemain, une retraite de 2 semaines commençait et m'empêchait donc d'y séjourner.

Là, j'ai l'occasion de profiter du calme du temple principal et des jardins pour me poser une paire d'heures, avant d'atterrir à la librairie car une grosse pluie se met à tomber. J'y rencontre Aswini avec qui je papote un peu et quelques minutes plus tard, en montant à la bibliothèque, j'ai la grande joie de tomber sur Isabelle, que je n'avais plus vue depuis deux semaines!! Je savais qu'elle était à Kopan, mais le site étant grand et certaines parties n'étant accessibles qu'aux personnes résidentes, je n'étais pas du tout sûre de pouvoir l'y voir. On passe deux heures à se raconter nos dernières aventures, comme deux ados toutes excitées de se voir! Et puis je me remets en route, avant que la nuit ne tombe.

Le lendemain, je quitte un peu à regrets Bodnath, mais en sachant bien que j'y reviendrai puisque je dois venir rechercher mon visa. Et de retour au centre de Katmandou, c'est la réunion du trio pour le dernier jour (déjà!) de Joukje, qui rentre aux Pays-Bas. Là, c'est la fête de se retrouver et nous passons une super dernière soirée, comme on le voit sur la deuxième photo :) Après une courte nuit, de (tristes) aurevoirs à Joukje, avec la promesse de se retrouver toutes les trois en Europe dans pas longtemps (bon, après mon retour, quand même ˆˆ), des aurevoirs à Aswini pour une semaine, c'est le départ pour 8 jours à l'orphelinat Mary Home Child Help Center à Goldhunga en périphérie de Katmandou. C'est l'orphelinat dont Tiphaine m'avait donné les coordonnées. J'y retrouve Kopila et sa grande famille de 15 enfants.

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Après m'être fait temporairement piquer mon taxi par Joukje qui croyait que c'était le sien pour l'aéroport (heureusement, le taximan a fini par lui demander si elle s'appelait bien Doris), j'embarque dans la voiture et pars pour 30 minutes jusqu'à l'orphelinat. A mon arrivée, je suis accueillie par une dizaine d'enfants qui me saluent chacun à leur tour en se présentant. Je vois de la curiosité mais aussi beaucoup de gentillesse dans les sourires. Ama, la maman de Kopila, une magnifique petite dame en sari au visage rayonnant et aux cheveux courts (on n'en voit pas beaucoup au Népal!), me remet une écharpe, en signe de bienvenue et de remerciement. Ils m'ont gardé une assiette de leur dîner, que je mange près d'eux.

Malheureusement, au fil de l'après-midi, je me sens de plus en plus mal pour je ne sais quelle raison et je finis la journée au lit. Kopila arrive fin d'après-midi et vient me saluer, tracassée par mon état. Son mari, Gokarna, m'apporte ensuite de l'eau avec quelque chose dedans, je ne sais pas quoi. Je suis d'abord fort méfiante, ne sachant pas si mon état n'est pas lié à une intoxication dûe à l'eau en premier lieu mais ma bouteille d'eau est bientôt vide et il faut vraiment que je m'hydrate. Il semble au final que l'eau que Gokarna m'a apportée est de l'eau sucrée. Mon état ne s'améliore pas et je vois la nuit poindre à l'horizon avec inquiétude. Je finis donc par saisir la proposition que Kopila m'avait faite plus tôt d'aller à l'hôpital. Je préfère écarter tout risque, ne connaissant pas exactement les conditions sanitaires dans lesquelles la famille vit. Au final, rien d'alarmant, juste une petite intoxication alimentaire et une bonne déshydratation. Heureusement, Kopila avait insisté pour m'accompagner et s'est occupée de moi comme une petite maman, et nous sommes finalement de retour vers minuit au Mary Home. Le lendemain, je me remets doucement le matin et passe une grosse partie de l'après-midi à jouer au ping-pong avec trois des garçons, Nabaraj (12 ans) qui me taquine en riant des balles que je rate, Gaurav (10 ans), plus timide mais que je réussis quand même à faire rire une ou deux fois, et Sanjay (15 ans), surnommé "le roi du ping-pong" par les autres, qui finit par nous rejoindre après m'avoir beaucoup observée. On ne parle pas beaucoup, l'anglais de Nabaraj et Gaurav est assez limité même si Nabaraj esssaie vraiment, et Sanjay est beaucoup plus taiseux, mais on rit et on s'amuse beaucoup! En fin de journée, je suis curieuse d'entendre de la si belle musique et fait connaissance avec Ganesh (17 ans), qui joue de la guitare depuis 2 ans et maîtrise déjà vraiment bien. Il voudrait être guitariste professionnel plus tard. On est vite rejoints par Nabaraj qui semble beaucoup m'apprécier et par Suman (14 ans), très discret, mais qui reste quand même près de nous. Je parle beaucoup avec Ganesh, il a un bon anglais et est très curieux. Il me fait découvrir les morceaux de guitare qu'il joue le mieux et me dresse une liste de ses groupes et chanteurs népalais et indiens préférés.

Je me sens très bien accueillie par cette grande famille, leur chaleur et leur sympathie sont très touchantes. Certains sont plus timides et m'observent de loin mais je leur laisse du temps, et espère qu'ils finiront par m'approcher d'un peu plus près :) Kamala, qui est l'enfant la plus âgée de la famille (21ans), s'occupe des repas et est un peu la maman de substitution, quand Kopila n'est pas sur place. Avec Ama et Bikram, le garçon le plus âgé (18 ans), ils s'assurent que tout tourne bien, consolent ceux qui se sont fait mal et règlent les disputent entre les plus petits. Ils forment cependant tous une grande fratrie où il n'y a pas de préféré, où tout le monde joue avec tout le monde et où tout le monde s'entraide. C'est épatant de les voir fonctionner d'une si belle manière. Chacun aide à la vaisselle, au rangement et au nettoyage sans chicaner et chacun doit faire sa propre lessive, sauf Surakshya (6 ans), la plus jeune. A la fin de la journée, Kopila passe au centre (elle est très occupée par les élections du dimanche suivant, car elle fait partie d'un nouveau parti alternatif et est très engagée dans les dernières campagnes précédant le grand jour, et est peu présente au centre) et me propose de l'accompagner, ainsi que Gokarna (son mari), Susamsa (8 ans) et Prasamsa (3 ans), leurs deux fils, et Ama au mariage hindou de son neveu, le lendemain! Moi qui avais rêvé de pouvoir participer à un mariage hindou en Inde, me voilà vraiment gâtée!

Le lendemain, la journée commence tôt avec les essayages de sari de Kopila. Ensuite, je suis prise en charge par Kamala et les filles, qui sont toutes excitées à l'idée de me maquiller et de faire ma coiffure! J'avoue, j'avais un peu peur de ressembler à la Bête après son bain en vue de sa soirée avec la Belle (pour ceux qui ne voient pas, photo ci-dessous), mais finalement, le résultat n'est pas si terrible et l'enthousiasme des filles suffit à me faire plaisir. Je réenfile le sari et les bijoux que Kamala est allée me chercher en vitesse, nous faisons une petite séance photos (obligé!) sous les regards attentionnés des enfants et partons avec Ama et une cousine de Kopila qui habite pas loin. Après avoir chargé Kopila et famille chez eux, nous partons à la maison des parents du marié. Là, c'est la folie, il y a des gens partout, tout le monde est sur son 31, mange, rit, et bien sûr, fait des photos avec tout le monde! Il y a un orchestre au rez-de-chaussée et les gens dansent, l'ambiance est vraiment à la fête!

Photo 3: une photo des dames de la 3e génération de la famille, avec le marié au centre et Ama, en vert, sur la droite. Photos 5-6: la bénédiction des mariés, avec offrandes et prières, qui dure plusieurs heures (!). Photo 7: Tous les membres de la famille proche des mariés viennent chacun leur tour laver les pieds des mariés, les bénir et leur donner une enveloppe d'argent. Photo 8: Photo avec un ami de la famille et en fond, Kopila à côté de moi et Gokarna et Susamsa derrière. Photo 9: Des petites filles qui avaient commencé à me faire la conversation, toutes curieuses et intriguées par ma présence au mariage :)

Après le passage chez les parents du marié, nous nous mettons en route pour la salle de banquet. Là, on assiste d'abord un peu aux bénédictions des mariés (personne ne regardait vraiment, le reste de l'assemblée s'amusait ailleurs, sans doute très habitués à ces cérémonies et n'y voyant rien d'exceptionnel, contrairement à moi). Ensuite, nous faisons un passage au buffet et puis nous finissons près des mariés, au moment des bénédictions par la famille. En milieu d'après-midi, nous partons chez une cousine de Gokarna qui vit à Dubai et qui était de passage pour un jour à Katmandou. Nous passons la fin de l'après-midi et la soirée là-bas. C'était assez gag au final, car j'étais la seule personne à être en sari, ils étaient tous en jeans et robes à l'europénne, et ça les faisait beaucoup rire qu'en plus, je sois la seule à ne pas boire d'alcool ni manger de viande au repas. Comme si les cultures et les rôles étaient inversés :) Tout le monde a été très accueillant avec moi, comme si j'étais de la famille, et j'ai vraiment eu de la chance de vivre cette journée en mode népalais. J'avoue que j'ai aussi adoré porter un sari une fois dans ma vie, et assister au mariage!

Pendant le reste de mon séjour, j'ai vraiment appris à faire connaissance avec les enfants. Comme je l'espérais, j'ai fini par avoir un moment privilégié avec presque chacun d'entre eux, même les plus timides qui ont fini par se sentir à l'aise et venir m'aborder, jouer avec moi ou bien juste passer un moment en ma compagnie. De chacun d'eux, j'ai des souvenirs attendris que j'espère ne pas oublier.

Surakshya (6 ans) qui m'a montré ses talents de constructeur le premier jour en construisant des tours de plus en plus hautes avec des cubes de bois; qui n'aime pas trop les devoirs et est le clown de la classe, qui demande toujours à Bikram de lui couper les cheveux courts comme un garçon mais qui adore danser, prendre des photos, faire le pitre et manger, par dessus tout. Ashina (10 ans), qui me faisait tout le temps des sourires et qui m'a demandé de lui faire réciter sa dictée, puis qui a joué trois parts de pendu avec moi: la première où elle m'a mis un mot en népali, la deuxième où il manquait une lettre du mot, et la troisième où elle a essayé de me faire deviner une phrase en anglais qui ne voulait rien dire :D Alisha (11 ans), qui m'a prise en charge sur le trajet d'une heure jusqu'à l'église (Kopila et Gokarna se sont convertis au protestantisme, les enfants ont suivi, et ils vont tous ensemble à l'église tous les samedis), me disant où je devais marcher et me prenant par la main pour traverser, qui parle très bien anglais pour son âge, qui adore écrire des poèmes et qui est venue s'assoir près de moi à plusieurs reprises pour papoter.

Sunita (14 ans), plutôt chat-sauvage, qui avait l'air assez pince-sans-rire, qui mangeait aussi lentement que moi et qui finissait toujours la dernière à table avec moi, et qui, malgré le fait qu'elle a passé peu de temps avec moi en solo, s'est levée lors de la prière de mon départ pour faire un petit speech pour me remercier. Bimala (14 ans), soeur biologique de Gaurav, vraiment adorable, qui me souriait dès qu'elle me voyait, qui s'est révélée plutôt câline et qui a pris quelques photos avec Kamala et moi (photo 6, ci-dessous); qui adore faire des coiffures à tout le monde - elle aide les filles le matin à se coiffer pour l'école - et qui est vraiment douée; elle ne voulait par contre jamais que je l'aide pour la vaisselle, mais m'a appris ce que mitosa voulait dire, à savoir "c'est bon!" (et j'ai pu me la péter dans les restaurants par la suite). Anjila (15 ans), avec ses grands yeux et son sourire coquin, qui venait toujours me chercher, malgré le fait qu'elle parlait très peu anglais; qui aide énormément Kamala à la cuisine et au ménage; qui m'a appris le mot "merci" en népali, dhanyabad, et qui me lançait un "dhanyabad, miss!" avec un grand sourire canaille à chaque fois qu'elle me voyait :) Kamala (21 ans), qui adore les belles robes et le maquillage et qui a pris ma préparation pour le mariage très à coeur; qui m'a montré au moins une centaine de selfies d'elle sur son téléphone ( ;) ); avec qui j'ai quand même réussi à communiquer par des sourires et quelques mots d'anglais ou de népali, et qui semblait m'apprécier beaucoup. Elle a fini par comprendre que je voulais vraiment aider et m'a demandé de cuisiner avec elle les deux derniers jours, une façon de partager plein de choses sans avoir besoin de parler.

Ensuite, dans les garçons, Bishal (9 ans), un adorable petit bonhomme au coeur aussi grand que ses yeux et son beau sourire, qui ferait fondre n'importe qui; qui parle un très bon anglais pour son âge et aime beaucoup l'école, et qui adorait venir parler avec moi ou se blottir contre moi en regardant la tv. Gaurav (10 ans), plus timide et qui parlait peu anglais mais avec qui j'ai bien ri en jouant au ping-pong. Nabaraj (12 ans), avec qui j'ai eu le plus de contacts (comme Ganesh), qui me lançait des sourires et des regards très attentionnés mais qui savait aussi être très rieur et canaille; il ne parlait malheureusement pas très bien l'anglais mais était tout heureux de m'apprende la phrase "comment vas-tu?" en népali, tapailai kasto chha?, et me la posait à chaque fois qu'il me voyait ˆˆ. Suman (14 ans), très timide au début mais qui m'avait quand même fait croire qu'il s'appelait Namsu, dont l'accent anglais était difficile à comprendre et qui se refermait à chaque fois que je ne comprenais pas ce qu'il disait du premier coup; responsable de Punte, un des deux chiens de la maison; et qui a fini par surmonter sa timidité et par m'emmener dans une petite balade d'une demie heure dans le village, sur une butte où j'ai pu regarder le coucher de soleil. Sanjay (15 ans), qui m'a observée de loin pendant les premiers jours et qui a fini par venir s'assoir une fois à côté de moi pour me parler pendant plusieurs heures; il m'a d'abord posé beaucoup de questions sur mon voyage puis m'a expliqué qu'il adorait dessiner et, en insistant un peu, j'ai pu voir son carnet de dessins, de superbes vue de la nature népalaise et des études d'animaux ou de fruits; à ma grande surprise, il s'est également levé lors de la dernière prière pour me remercier pour tout ce que je lui avais appris et le chouette moment passé ensemble. Ganesh (17 ans), et les chouettes moments de musique et de papote que j'ai eus avec lui, son regard si gentil, sa voix douce, ses traits d'humour et son intérêt en plein de choses. Bikram (18 ans), le coiffeur et grand blagueur de la famille, qui fait rire tout le monde avec son grand sourire et son humour, qui parle peu anglais mais qui essayait quand même de me taquiner. Et enfin, Rajkumar (18 ans), qui était peu là et aidait plutôt à la maison de Kopila et Gokarna, et qui s'occupait beaucoup de Susamsa et Prasamsa.

Photo 1: une des peintures de Sanjay, affichée dans la salle de jeux. Photo 2: à la messe, le samedi. Ils ont une fameuse chorale avec trois guitaristes, un synthé, un batteur et des choeurs; l'église était pleine! Photo 3: Punte, toujours prêt à faire la fête. Photos 4-5: notre dernier repas tous ensemble, Kamala avait spécialement fait des sel rotis, un dessert de fête, en mon honneur. Ca goûtait un peu comme des croustillons, c'était délicieux! Photo 6-8: Kamala et Bimala, Kamala et moi, et Surakshya. Photo 9: Nabaraj, à gauche, et Gaurav.

Je garderai de super souvenirs de cette semaine passée avec les enfants. Je n'ai malheureusement pas été aussi occupée que ce que j'aurais voulu, mais les rencontres et les moments passés avec les enfants, Kopila et sa famille sont ce que je garde en mémoire. Je suis vraiment chanceuse d'avoir pu partager leur quotidien et j'ai été épatée et attendrie de voir l'esprit de fraternité, de tolérance, d'ouverture, de partage et d'amour ainsi que la profonde piété que Kopila et Gokarna ont réussi à leur transmettre. Je verrai encore longtemps leurs beaux sourires dans ma tête et j'entendrai encore longtemps les "good morning miss", "dhanyabad miss", "miss, sit!" résonner dans mes oreilles. J'espère pouvoir leur rendre visite encore et leur apporter mon soutien, comme je peux.

Photo de groupe ci-dessous, de gauche à droite et de haut en bas: Ganesh, Nabaraj, Sanjay, Gaurav, Suman et Bikram, puis Kamala, Kopila, moi, Anjila, Bimala, Sunita et Alisha; et enfin Ama, Surakshya, Anisha et Bishal.

7

De retour au centre-ville, j'ai la chouette surprise d'y retrouver Aswini et on passe une super soirée ensemble, où on rattrape la dernière semaine.

Le lendemain, je pars à Bodnath pour y rechercher mon visa mongole et terminer la visite de la ville (la pluie que j'avais eue le dernier jour passé là-bas m'avait forcée à changer mes plans). J'étais tellement contente de retourner dans cette petite bourgade! J'ai pu y visiter les 4 monastères ci-dessous, retourner dans mon petit resto, où j'ai été accueillie avec tellement de chaleur et, bien sûr, me réémerveiller devant ce superbe stupa.

Photos 1-3 ci-dessus : Ka-Nying Monastery. Sur la 3e photo, ce n'est pas un hotel mais bien le bâtiment abritant les chambres des 200 moines et étudiants!! Photos 4-6: Tharlam Monastery, avec son énorme statue de Bouddha dans le temple principal et ses superbes peintures colorées à l'entrée du temple. Photos 7-9: Tharig Monastery. Photos 10-12: Dilyak Monastery

Photo 3: J'ai trouvé la photo de couverture du Lonely Planet, ma petite victoire du jour ;) 

Le lendemain, Aswini et moi décidons d'aller passer quelques heures à Patan, qui a aussi une superbe Durbar Square (signifiant "place du palais"), comme Katmandou et Bhaktapur. Chacune de ces trois places a été fort endommagée par le tremblement de terre de 2015, et la reconstruction/rénovation est en cours, comme on le voit sur certaines des photos ci-dessous.

Le lendemain, journée peinard avec Aswini avant nos grands adieux, puisqu'elle retourne à Sydney le dimanche et que moi, je quitte le centre pour Bhaktapur, une autre petite bourgade en périphérie de Katmandou.

8

Pour ma dernière étape hors de Katmandou, j'avais choisi de rester quelques jours dans la petite ville musée de Bhaktapur, qui a aussi été fort endommagée par le tremblement de terre de 2015. Dans le guide Lonely Planet, j'avais trouvé un itinéraire à travers la ville passant par de petits coins insolites et reliant les endroits les plus populaires. Je me suis amusée à suivre le chemin, comme un jeu de piste, essayant de repérer les petites portes peu visibles et les sculptures et gravures cachées sur les temples et les maisons.

J'ai commencé par Durbar Square, à côté duquel je séjournais. Photo 1: la porte dorée, la plus belle pièce d'orfèvrerie en or de tout le Népal, qui permet d'entrer dans le palais, et le Palais dit "aux 55 fenêtres", à droite. Photo 2: le Nag Pokhari, un bassin encerclé d'un imposant serpent à deux têtes en pierre. Photo 4: Bhagwati Temple qui s'est complètement effondré lors du tremblement de terre et dont il ne reste que le superbe escalier qui ne mène... nulle part. Photos 5-6: Ce qu'il reste du temple Fasi Dega, après le tremblement de terre, et le projet de reconstruction.

Je me suis ensuite enfoncée dans la ville. Photo 6: La ville en pleine reconstruction. Les habitants s'arrangent entre eux et hommes, femmes et parfois même enfants reconstruisent leurs maisons avec les outils dont ils disposent.

Ci-dessous, le Dattatreya Square et le Dattatreya Temple, avec ses chèvres, et puis la fin de la balade avec la fameuse fenêtre du Paon, célèbre pour sa démonstration de travail du bois (et sa résistance au temps), et le Hanuman Ghat, un petit esemble de temples en bord de rivière. Photo 5: Non, le monsieur n'aide pas la madame à se laver les cheveux (je cite le Lonely Planet: "The three-storey temple is raised above the ground on a brick and terracotta base, which is carved with erotic scenes, including unexpected humour where one bored-looking woman multitasks by washing her hair while being pleasured by her husband"). Photo 12: Les tracteurs à la népalaise.

Ci-dessous, Taumadhi Square et le Nyatapola Temple à gauche et le sanctuaire Kasi Biswanath à droite (photo 1). Avec sa toiture en 5 étages et ses 30 mètres de haut, le Nyatapola Temple est le temple le plus haut de tout le Népal. Photo 2: 3 générations jouant à un jeu de société au pied du sanctuaire. Et puis Potter square, qui tient son nom du rassemblement de pottiers tout autour. Je n'ai pas eu la chance de voir les étalages immenses de potteries sur la place à mon passage, mais les gens étaient en train de préparer les tas de foin pour alimenter les fours (photo 7). Photo 9: une école de dessins de mantras. Photo 10: un célèbre juju dhau (ou "roi du yaourt"), le meilleur yaourt de tout le Népal se fait à Bhaktapur. Et la renommée est justifiée :)

Après cette petite pause culturelle à l'écart de la pollution et de la poussière du centre-ville, j'y retourne pour ma dernière étape au Népal, avant de m'envoler pour la Mongolie.

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Pour la dernière étape du voyage au Népal, j'ai profité jusqu'au bout du Lonely Planet pour faire une dernière visite guidée du centre-ville, avant de renvoyer le guide vers la Belgique, je me suis remise à la rédaction du blog et j'ai doucement préparé mon départ vers la Mongolie. Comme à Bhaktapur, j'ai suivi une des balades du guide dans la ville, à la découverte de petites cours cachées derrières des mini portes qu'on ne voit que si on en connait l'existence et de quelques endroits insolites ou symboliques.

Photos 3-4: la place principale de commerce, animée dès très tôt le matin jusque tard le soir par des vendeurs en tous genres et sur laquelle se situe un temple en l'honneur du dieu du commerce; les gens font une offrande, puis en font trois fois le tour dans le sens des aiguilles d'une montre avant d'agiter la cloche située à droite de la photo 4, pour s'attirer chance et prospérité dans leur business. Photo 8: la rue des magasins féminins, où les femmes viennent acheter leurs bijoux et leur maquillage pour les grandes occasions. Photos 11-12: Le plus remarquable et le plus beau travail sur bois de la ville, surplombant maintenant un shop de photocopies et de magazines.

La veille de mon départ, incroyable coïncidence: je tombe tout à fait par hasard sur Tiphaine et Max, le couple de français qui m'avaient donné les coordonnées de Kopila quelques jours après mon arrivée au Népal. Plus incroyable encore, nous nous rendons compte que nous quittons tous les trois le Népal le lendemain en direction de la Mongolie! Nous ne prenons pas les mêmes vols mais décidons de se retrouver le lendemain à l'aéroport de Katmandou, puis une dizaine d'heures plus tard, à l'aéroport d'Oulan-Bator! :D Trop chouette!!

A la fin de ce séjour un petit peu plus long que prévu au Népal, c'est l'heure du deuxième bilan. Comme je l'ai mentionné plusieurs fois, j'ai rencontré au Népal beaucoup plus de challenges qu'en Inde, contrairement à ce à quoi je m'attendais. J'ai été mise face à différentes limites que je ne me connaissais pas et j'ai appris pas mal de choses sur moi. Mais le Népal, ça n'a pas été qu'un défi. Ca été surtout la découverte d'une culture et d'un pays que je ne connaissais absolument pas. J'ai d'abord été étonnée d'y trouver pas mal de similitudes avec l'Inde, avant d'y trouver beaucoup de différences. J'ai été frappée et attristée, dès le départ, par les traces laissées par le tremblement de terre de 2015 et surtout, par la situation toujours fort précaire d'une grande partie de la population et de l'état encore très mauvais des infrastructures (routes, maisons, monuments...), malgré les deux années écoulées depuis les évènements. Mais le peuple éclipse ces images de dévastation. J'ai été impressionnée, par contraste avec l'Inde, de voir autant de femmes dans les commerces et les restaurants, tenant parfois les rennes du business et parlant souvent mieux anglais que les hommes. Et puis, l'accueil et la gentillesse des népalais que j'ai eu la chance de rencontrer et de côtoyer, qui me font repenser au proverbe népalais que j'ai cité en début de ce carnet: "Viens comme un invité, repars comme un ami". J'y ai vu des paysages magnifiques et rencontré de très chouettes voyageurs qui m'ont marquée, et j'y ai découvert le bouddhisme, sa culture, son histoire et la ferveur de ses adeptes, et puis la méditation. J'ai commencé par une partie très touristique avec le Chitwan et Pokhara, pour finir par trois semaines à Katmandou, où j'ai appris à connaitre et même à préférer la ville à mes deux premières étapes, contrairement à une grande partie des touristes qui fuient la capitale au plus vite. J'ai pu bourlinguer autour du centre ville, tout en repassant par mon pied-à-terre au centre entre les coups, où je pouvais retourner aux mêmes adresses et me balader sans carte ni plan, en me créant mes habitudes et en m'y sentant presque comme à la maison. Et puis, bien sûr, j'y ai été accueillie comme un membre de la famille chez Kopila. Je garde des souvenirs de paysages à couper le souffle et de la chaleur d'un peuple qui a beaucoup souffert mais qui garde l'espoir d'un avenir meilleur. Tout comme pour l'Inde, je rêve de pouvoir y retourner et en apprendre d'avantage sur ce superbe pays et son incroyable population.

Je vous invite, pour ceux qui veulent suivre mes aventures en Mongolie, à vous abonner au carnet suivant, ce qui vous permet de recevoir un mail dès que je poste un nouvel article. À bientôt, de l'autre côté de la frontière!