Carnet de voyage

Namibia

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Dernière étape postée il y a 2028 jours
Un proverbe namibien dit: "L'univers est un livre dont on n'a lu que la première page, quand on n'a vu que son pays."
Du 14 février au 9 mars 2018
24 jours
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Wa lalapo, lecteurs!

Voici la suite et fin de mes aventures autour du monde, en Namibie! Mais d'abord, quelques informations sur le pays: Superficie: 825 418 km² (plus de 27 fois la Belgique) Population: 2 484 780 habitants (plus de 1/4 de la population belge) Densité: 3 habitants/km² Indépendance: 21 mars 1990 Monnaie: le Dollar namibien Devise nationale: "Unité, Liberté, Justice"

Drapeau namibien / La Namibie à l'échelle du monde 

J'avais donc quitté le centre de Lima le lundi 12 février en fin de journée pour me rendre à l'aéroport et décoller à 22h00 en direction de São Paulo, au Brésil. J'arrive le lendemain vers 6 heures du matin, termine ma nuit tant bien que mal sur une banquette (il n'est que 3 heures du mat' à l'heure péruvienne) puis passe la journée à l'aéroport puisque mon avion ne décolle pour Johannesburg (Afrique du Sud) que vers 18h30. Et en début de soirée, c'est le grand saut vers le continent africain! 9 heures plus tard, nous arrivons le mercredi 14 février vers 7h20. J'ai 2 heures d'escale et en profite pour faire une petite selfie avec un lion et m'imprégner doucement de l'Afrique, via les vitrines des magasins de l'aéroport et les grandes photos du pays affichées. J'ai hâte d'enfin sortir au grand air!! :D Tout arrivant à point à qui sait attendre, après plus de 35 heures de voyage, je pose enfin bagage dans mon auberge de Windhoek vers 13h00! Il doit faire une trentaine de degrés et le ciel est légèrement nuageux. Je suis fort fatiguée et décide de faire une petite sieste avant de partir au centre pour rencontrer des tours opérateurs qui vont me permettre de visiter le pays. En effet, malgré mon permis de conduire international obtenu grâce à Papa et Maman en vue de partir en 4x4 sans agence à la découverte du pays, j'ai fini par avoir peur d'être limitée ou de perdre du temps à chercher des compagnons de route désireux de visiter les mêmes choses que moi et disposant d'autant de temps sur place. Conclusions de mon après-midi: le centre de la ville est sympa même si pas très exotique, avec ses églises de type allemand, ses rues piétonnes et ses centres commerciaux, c'est par contre assez gai et dépaysant d'être de nouveau une des seules blanches dans la foule, j'ai rendez-vous le lendemain avec une agence de voyages, Wild Dog Safaris, et j'ai de quoi me faire une bonne petite salade à l'auberge pour le souper! Tout pour bien démarrer mon séjour :)

Suite à mon rendez-vous le lendemain avec les Wild Dogs, je décide de m'inscrire pour deux tours de 7 jours, un dans le nord du pays et l'autre dans le sud (voir photo 6 ci-dessus), avec un retour d'une nuit à Windhoek entre. Nous partons le lendemain avec 8 autres voyageurs, un guide/chauffeur et un cuistot. Pour le tour sud, nous ne sommes encore que 5 inscrits mais ça devrait se remplir d'ici là. Je suis vraiment excitée à l'idée de partir à la découverte de ces grands espaces et des nombreuses espèces animales qui foulent le sol namibien! :D

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Au programme de notre tour dans le nord: le beau parc national d'Etosha et tous les animaux qui y vivent, puis la redescente par la côte, tout cela sous tente (sauf la dernière nuit), en changeant tous les soirs de campement. A moi l'aventure! :D Une fois aux Wild Dogs, je rencontre mon groupe et nous avons droit à un petit briefing puis nous démarrons dans notre super safari truck (photo 6) vers 10h. Dans le groupe, à part Nadine et Julia, deux cousines allemandes, nous sommes tous des voyageurs solos: Jing Jing (ou Éléonore, le prénom international qu'elle s'est choisi), de Chine; Alain, du Luxembourg; Pauline, de France; Rose, du Royaume-Uni; Pam, des USA et Jacob, des USA également. Moyenne d'âge: de 20 à 60 ans. Pour nous accompagner, Jason, guide et chauffeur, et Pauly Pauly, notre cuistot. Nous faisons d'abord un premier stop à une heure de route de Windhoek, au plus grand marché de Namibie dédié à la sculpture sur bois, à Okahandja. Vaisselle, sculptures, figurines d'animaux, bijoux,... on y trouve de tout! Et bien sûr, il faut marchander. Moi, je viens de débarquer et ne me sens donc pas du tout d'humeur acheteuse. Par contre, je me régale de tous ces beaux sujets avec l'appareil photo. Sur la photo 4, incroyable sculpture d'une seule pièce de quasi 2m de haut! Nous reprenons ensuite notre route en direction de la Okonjima Nature Reserve, une réserve de 22.000 hectares à mi-chemin entre Windhoek et le parc national d'Etosha. Sur le chemin, nous croisons déjà pas mal d'espèces différentes comme des autruches (que je n'ai pas pu photographier), des babouins (photo 7), des springbocks (photo 9) et un gnou (photo 10). Arrivés à notre lieu de résidence, nous montons le camp (je partage ma tente avec Jing Jing, qui est vraiment super drôle et intéressante), puis nous dînons. Nous avons un peu de temps libre après, l'occasion de découvrir l'infrastructure du camping. Nous sommes seuls dans notre petit coin de nature et les sanitaires sont vraiment sympathiques, en pleine nature et à l'air libre, bien sûr!

Vers 15 heures, un guide du parc vient nous chercher et nous partons en safari pour quelques heures dans la réserve! Sur notre premier trajet, nous rencontrons un koudou (photo 2, avec ses immenses oreilles), des springbocks (photo 4, que je trouve si élégants avec leurs jolies couleurs et toujours en train de bondir), des chacals (photo 5) et des phacochères (photo 6). C'est la fête aux animaux, je suis trop contente! :D Nous nous arrêtons alors à l'AfriCat Foundation, qui protège les guépards et autres grands carnivores dans des situations de conflit entre l'homme et l'habitat sauvage dans tout le pays, et leur offre un espace où évoluer. L'organisation s'occupe des félins pris dans des pièges de fermiers ou orphelins et leur donne une seconde chance d'être relâchés dans la nature en les aidant à (re)devenir des chasseurs indépendants.

La fondation a été créée en 1993. Au début, leur objectif était principalement de s'occuper des animaux afin qu'ils puissent être relâchés, mais ils se sont vite rendu compte de l'importance de la recherche sur ces animaux et de l'éducation des populations locales. Ainsi, ils ont réussi à convaincre une partie des fermiers alentours de ne plus abattre les félins qui s'attaquaient à leurs troupeaux mais de les capturer, afin qu'ils puissent être pris en charge au centre. Tout ceci dans un but de conservation de ces espèces et pour empêcher que la pyramide de la nature ne s'effondre, si un des maillons venait à disparaître (photo 15). Ils ont décidé de commencer dès le plus jeune âge et accueillent des groupes de maternelle, de primaire, ainsi que des groupes d'adultes. On leur montre comment les félins sont auscultés, répertoriés et soignés et on leur explique leur programme de réhabilitation. On leur apprend la différence entre un guépard et un léopard (notamment avec la photo 13, guépard au-dessus, plus élancé pour la course (il peut atteindre jusqu'à 110 km/h!), et léopard en-dessous, plus trapu et musclé pour monter aux arbres), on leur parle de l'équilibre fragile de la nature. Bref, tout un programme vraiment chouette qui a l'air de porter ses fruits, dans toutes les régions du pays concernées!

Une fois notre visite du centre terminée, nous partons vers l'énorme enclos (protégé) de Lewa, une femelle léopard, où nous pouvons l'observer pendant de longues minutes se régaler avec un fameux morceau de viande, avant qu'elle ne saute de son perchoir et ne s'approche à quelques mètres de nous avec curiosité (petit coup d'adrénaline :) ). Après qu'elle soit repartie se balader sur son terrain, nous partons à la recherche des 5 guépards sans doute en train de faire la sieste. Et nous finissons par les trouver, d'abord les deux femelles, puis les trois mâles. Nous sommes dans la voiture, mais ils ne sont qu'à 2-3 mètres de nous et dès qu'ils remuent une patte, certains d'entre nous sursautent héhé Enfin, nous les laissons tranquilles et finissons par rentrer au camp pour la soirée. Sur le chemin du retour, nous croiserons encore des petits dik-diks, la plus petite des antilopes africaines, facilement reconnaissable à ses grands yeux :) Le gros plan de la photo 4 a été pris par Alain, le luxembourgeois.

Après un petit apéro au coucher de soleil et une papote en groupe autour du repas de Pauly Pauly, nous nous retirons dans nos palaces en tissu et je m'endors, curieuse de savoir si nous aurons des visiteurs curieux à quatre pattes sur notre campsite pendant la nuit :D Le lendemain, nous partons en direction du parc national Etosha!

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Après une bonne première nuit sous tente et un rapide lever de soleil entre le démontage de la tente et le petit-déjeuner, nous partons vers 7h30 en direction du parc national d'Etosha. En sortant de la réserve d'Okonjima, nous croisons notre premier bubale roux (photo 3), une espèce que l'on n'observe pas souvent. Sur la photo 4, une gigantesque termitière, comme on en voit partout dans cette région. Arrivés en début d'après-midi dans le parc d'Etosha, nous montons le campement et dînons avant une petite pause d'une heure et demie à l'ombre pour laisser passer les heures les plus chaudes. Vers 16h30, c'est Jason, cette fois, qui nous emmène pour un petit safari de fin de journée. Prudent, il nous annonce que, étant dans la saison des pluies, nos chances d'observer les grands mammifères sont plus maigres que dans la saison sèche. En effet, pendant la saison sèche, les animaux restent à "proximité" des espaces et des routes créés pour le tourisme, pour s'abreuver aux plans d'eau installés par la population. Mais pendant la saison humide, s'il pleut suffisamment, il y de nombreux autres plans d'eau naturels, eux, et les animaux se retirent alors dans les zones les moins fréquentées par l'homme. Il faut savoir que le parc d'Etosha s'étend sur plus de 20.000 km² (!), ils ont donc suffisamment d'espace pour vivre tranquillement, du moins dans la saison humide. Finalement, la prudence de Jason s'avère tout à fait superflue! Dix minutes après avoir quitté le campement, nous voyons au loin un attroupement de voitures et nous précipitons pour les rejoindre! Là, nous découvrons une fameuse horde d'éléphants, avec petits, qui ne sont qu'à quelques dizaines de mètres de nous, imperturbables! Waouw, c'est vachement impressionnant!!! :D Quelle élégance, quel calme! Une fois la horde passée, reste un petit dernier qui s'approchera fameusement de notre camion, sous nos yeux ébahis (photos 11-12). Nous croisons aussi nos premières pintades namibiennes ou guineafowl (photo 10), aussi appelées "government chicken" parce qu'elles sont protégées par le gouvernement (^^) et nos premiers zèbres. En bonus, les beaux springboks et des bébés koudous.

Pour la deuxième partie de notre balade, nous sommes tout aussi chanceux! Nous rencontrons plusieurs groupes de girafes, parmi lesquels il y en a toujours une plus curieuse qui nous observe longuement; un troupeau d'oryx (photo 3), l'animal national de Namibie et un de mes animaux favoris, si beau avec ses chaussettes blanches et ses cornes qui mesurent jusqu'à un mètre (!); un éléphant solitaire (les mâles, devenus de jeunes adultes deviennent trop pénibles pour la horde et se font chasser par les femelles qui restent avec les petits, c'est un système matriarcal); deux fois la même horde de zèbres, dont un petit jeune; un rollier à longs brins (photo 8), oiseau national du Botswana et une outarde kori (photo 9), qui pèse 15 kg et vole rarement. Après un coucher de soleil malheureusement un peu terne à cause d'une couche de nuages sur l'horizon, une douche bien méritée et un des bons repas de Pauly Pauly, je pars au "King Nehale waterhole" (un "waterhole" est un plan d'eau où les animaux viennent s'abreuver, souvent installé par les responsables des parcs (éclairé par de grands spots, s'il se trouve près d'un camping) ou les autorités de la région) avec Pauline (FR), Rose (UK) et Pam (US) avec le grand espoir de pouvoir observer des animaux, qui sait peut-être des rhinocéros ou des lions, que nous n'avons pas encore vus (photo 15). A notre arrivée, nous voyons vite fait un éléphant venu boire qui s'éloigne déjà, dommage! Et puis malheureusement, plus rien sur l'heure et demie qui suit, à part une très jolie chouette et des cris de lions, au loin. Nous rentrons nous coucher et décidons de nous lever avant l'aube le lendemain pour venir retenter notre chance.

Le lendemain, Jing Jing se joint à nous au "watering hole" pour observer les animaux à l'aube, mais toujours rien. Je suis d'abord déçue, puis me rends quand même compte de la chance que j'ai d'être là et de voir le jour se lever, d'entendre la nature s'éveiller. Quel calme, quel bonheur. Après le démontage du campement et le petit-déj', nous prenons la route. Aujourd'hui, ce sera une sorte de "journée safari". En effet, nous dormons le soir dans un autre camping du parc et avons plusieurs centaines de kilomètres devant nous, pendant lesquels nous sommes susceptibles à tout moment de voir des animaux. Nous commençons d'ailleurs de bon matin avec une famille de mangoustes, toujours sur le camping, puis un jeune chacal, à la sortie. Sur notre chemin, nous passons à différentes reprises le long de grandes lagunes peuplées de flamants roses. Sur celle de la photo 3, petit bonus avec un éléphant à l'arrière-plan. Tout en conduisant notre char, Jason est super attentif et nous repère un des rares rhinocéros noirs du parc! On le voit sur la photo 4, au loin. Quelle vue! Nous nous arrêtons et attendons. Le rhino est en plein repas et ne fait pas vraiment mine de se rapprocher. Jason, qui a repéré une horde d'éléphants, plus loin, nous propose d'aller les voir, puis de revenir vers le rhino en espérant avoir la chance de le voir de plus près. Sur la photo 8, une veuve royale, oiseau vif difficile à avoir en photo (ce beau gros plan est un cliché d'Alain (LUX)). Puis nous faisons demi-tour et retournons vers le rhino qui s'est par chance rapproché de la route! En nous voyant nous rapprocher à vive allure, il pique un sprint, waouw! Puis finit par s'arrêter et nous avons le loisir de l'observer se balader et se désaltérer au petit étang. Fameuse bête! Après avoir repris notre route, nous tombons sur un troupeau de jeunes zèbres mâles en train de se mesurer les uns aux autres, pour montrer qui est le dominant (photo 12).

Nous continuons notre route et arrivons à un point d'eau où nous croisons pour la première fois plusieurs espèces d'animaux différentes au même endroit (photos 3-8). Là, j'ai enfin la sensation d'être vraiment dans la nature! En effet, cela me semble tellement irréel de voir tous ces animaux incroyables et vu qu'ils ne sont pas souvent très proches de nous, j'ai parfois l'impression que je regarde un documentaire à la télévision ^^ Girafes, gnous, koudous, bubales roux, springboks,... Nous sommes gâtés! Vers midi, nous nous arrêtons au Halali camp, situé au centre d'Etosha. Il dispose aussi d'un "waterhole" (photos 9-11) où nous observons une maman koudou et ses petits, puis deux marabouts (photos 10-11). Les gens sont en général assez respectueux autour des waterholes et c'est assez prenant d'être une vingtaine de personnes en train d'observer en silence des animaux vivre leur vie paisiblement. Au dîner, un petit curieux (ou bien un petit gourmand qui finira les éventuelles mies de notre repas) nous observe du haut des poutres de l'abri où nous mangeons: un choucador à épaulettes rouges (photo 12).

Une pause d'une heure après le repas, puis nous reprenons notre route en direction du campement du soir! Sur le chemin, nous avons encore la chance de croiser quelques animaux, comme ce troupeau d'autruches majestueuses. Sur une grande partie de l'itinéraire, nous longeons l'immense Pan d'Etosha (photo 8, le sable à l'arrière-plan), ce désert salin plat qui couvre une surface de 5000 km² et qui, pendant quelques jours à la saison des pluies, se transforme en une lagune peu profonde peuplée de pélicans et de flamants. Une des choses qui me frappera le plus sur ce trajet, est l'immensité et la profondeur du spectacle qui défile sous mes yeux: ce ciel azur infini, de temps en temps parcouru par un nuage solitaire, et ces étendues plates à pertes de vue... En fin d'après-midi, nous arrivons au camp d'Okaukejo, pas fâchés de se dégourdir un peu les jambes!

Une fois nos tentes montées, nous allons à plusieurs au waterhole du campsite, où nous avons droit à un superbe coucher de soleil, même sans animal en vue. Le soir, Pauline et moi décidons d'y retourner après le souper, dans l'espoir d'y apercevoir l'un ou l'autre animal. Et nous ne sommes pas déçues! En effet, quand nous arrivons, un zèbre est en train de se désaltérer, puis nous le voyons quitter assez rapidement le point d'eau sans raison apparente... Quelques minutes plus tard et à force de forcer sur nos yeux pour essayer d'apercevoir quelque chose dans cette lumière jaunâtre, nous voyons un rhinocéros arriver (photo 6)!! On est trop contentes! :D

Sur ce beau moment, nous allons nous coucher avec des images plein la tête de tous les museaux et autres becs que nous avons croisés pendant la journée. Quelle belle aventure!

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Une fois le camp plié et le petit-déj' avalé, nous quittons doucement le parc d'Etosha. Avant d'atteindre la sortie, nous apercevons encore une famille d'écureuils (photo 1), puis d'autruches. A une heure de route d'Etosha, nous nous arrêtons au Otjikandera Himba Village, dont les habitants vivent encore selon les traditions ancestrales himba (ou du moins, c'est ce qu'on nous a dit). Les Himba sont un peuple namibien d'éleveurs semi-nomades, ils sont à peu près 50.000 à mener encore de nos jours une vie très proche de celle de leurs ancêtres. Les femmes himba ne s'habillent pas à l'occidentale et portent pour tout vêtement une jupe plissée en peau. Elles s'enduisent le corps d'un mélange odorant de beurre, d'ocre et d'herbes. La substance, qui pare leur peau d'une teinte orange foncé (exemple photo 12, sur mon bras), fait fonction de protection contre le soleil et les insectes. Elle est également appliquée sur les cheveux tressés, leur donnant l'aspect de dreadlocks. Les Himba élèvent du bétail (vaches, chèvres et moutons), mais leurs territoires se trouvent dans un environnement parmi les plus rudes au monde. Leur survie tient donc essentiellement à l'existence de solides alliances entre villages ou clans différents. C'est d'ailleurs l'extrême dureté des conditions climatiques et l'isolement qui en a résulté qui a permis aux Himba, tenus à l'écart des influences extérieures, de conserver relativement intact leur patrimoine culturel (Lonely Planet). Nous sommes reçus par un des villageois, préposé aux visites. En chemin vers le village, nous nous arrêtons quelques minutes pour observer un groupe d'hommes en train de jouer à un jeu appelé Awalé, qui consiste en 12 trous dans le sol (6 par adversaire) contenant chacun 4 graines. Le but du jeu est de "voler" le plus de graines à son adversaire à l'aide de différentes stratégies. Au village, nous passons surtout du temps avec une dame qui nous emmène dans une hutte et nous explique leur mode de vie. La majorité d'entre nous est assez mal à l'aise, se sentant comme dans un zoo, et assez sceptique sur la véracité de leur vie dans ce village. En effet, il arrive souvent que des faux villages soient construits et que des locaux revêtent les vêtements traditionnels le matin pour accueillir les touristes. Difficile de savoir si ce village en fait partie ou pas. Quoi qu'il en soit, je décide de faire +- confiance à Jason et aux Wild Dogs et de ne pas manquer de respect à la dame et reste dans la hutte avec 2-3 autres de mon groupe, l'occasion de poser quelques questions. Néanmoins, le malaise s'est fait sentir par notre guide et Jason et nous ne nous attardons pas.

De là, nous n'avons plus une très longue route jusque notre campement de la nuit et nous arrivons au Hoada Camp Site en deuxième partie d'après-midi (photos 4-12). Le campsite nous donne un bel aperçu du paysage typique du Damaraland, une région de montagnes faites d'amoncellements de roches, de vallées sinueuses à sec et d'arbres aux formes étranges. Il est en effet situé au milieu de superbes collines de granit, d'énormes rochers éparpillés aussi gros que nos tentes, comme posés là par une gigantesque main, et d'arbres surprenants aux troncs blancs crevant le ciel bleu et se teintant de rouge au coucher du soleil. Quel havre de paix, quel spectacle à couper le souffle, au coucher du soleil!!

Photo 13: Jing Jing et Rose / Photo 15: l'ombre de mes comparses, une fois le soleil couché 

Le lendemain, nous nous enfonçons encore plus dans le Damaraland. Nous passons tout d'abord par le Grootberg Pass, où nous faisons un break photos, l'occasion de prendre aussi une photo de notre groupe: photo 8, de gauche à droite: Pam, Jing Jing, Nadine, Alain, Pauly Pauly, Jacob, moi, Rose et Jason, puis Julia et Pauline. Photo 9, la même photo, du polaroid de Julia.

Nous continuons notre route à travers des paysages toujours aussi incroyables! Sur les photos 3 et 4, un cactus d'une espèce empoisonnée. Jason nous explique à quel point son poison est fort grâce à l'histoire de ces marcheurs qui ont voulu se servir du bois mort d'un de ces cactus pour alimenter leur barbecue et qui ont été retrouvés morts empoisonnés, à cause des émanations de poison du cactus sur leur nourriture, lors de la cuisson. Mieux vaut le savoir!

En fin de matinée, nous arrivons au site de Twyfelfontein, ou "source douteuse", qui forme l'une des plus grandes galeries d'art pariétal du continent africain. A ce jour, plus de 2.500 pétroglyphes y ont été découverts! Remontant pour la plupart au moins à 6000 ans, les gravures ont sans doute été réalisées par des chasseurs san qui ont entamé la forte patine recouvrant le grès local. Celle-ci s'est reformée au fil du temps, venant protéger les œuvres contre l'érosion. Dans les temps reculés, la source attirait sans doute des animaux et par conséquent des chasseurs, qui ont laissé la trace de leur passage sur les rochers. Beaucoup de gravures représentent des espèces ayant aujourd'hui disparu de la région - éléphants, rhinocéros, girafes et lions. La présence d'une otarie atteste par ailleurs de l'existence, à l'époque, de liens avec le littoral, distant de plus de 100 km!

Après le dîner, nous n'avons plus beaucoup de route à faire jusqu'au Madisa Campsite, où nous passons la nuit. Une fois encore, le campsite est entouré de ces collines de gros rochers et, du haut de l'une d'entre elles, nous profitons d'un superbe coucher de soleil.

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Le lendemain matin, nous quittons progressivement le Damaraland pour nous rapprocher de la côte. Nous passons le long du Brandberg, massif de granit rose (photos 1-2 et 6) dont le nom signifie "montagne de feu" et qui est dominé par le Königstein, point culminant du pays (2.573 m). En chemin, nous nous embourbons une première fois dans le sable et réussissons à nous en sortir en poussant tous ensemble notre truck (photo 4), puis une seconde fois sur une "route" secondaire parallèle à une zone de travaux, où nous recevons l'aide d'une grosse pelleteuse qui vient nous tracter (photo 5), ouf!

En fin de matinée, nous arrivons à la réserve de Cape Cross Seal, une réserve abritant une colonie reproductrice d'otaries à fourrure qui semblent bien profiter des fortes concentrations de poissons présentes dans les eaux glaciales du courant de Benguela. Ce sont 100.000 otaries (voire davantage) qui se prélassent sur la plage et s'éclatent dans les vagues! Malgré le boucan et l'odeur très forte, c'est marrant de les regarder faire leur vie à quelques mètres de nous. Et leur nombre est vraiment très impressionnant! Certaines ont l'air toutes douces et on aurait presque envie de les caresser mais il faut néanmoins se tenir à distance car elles peuvent être assez agressives et, ayant une mâchoire semblable à celle d'un chien, elles peuvent faire des dégâts. En effet, la vie en groupe permet de se reproduire et de réduire le risque de prédation, mais les otaries sont au fond des animaux très solitaires et ne cessent de se quereller entre elles pour défendre leur espace. Sous une première couche de poils grossiers, les otaries portent une épaisse fourrure rase, qui reste sèche et isole l'animal du froid et de l'humidité, lui permettant de se maintenir à une température de 37°C et de passer de longues périodes dans les eaux froides (Lonely Planet).

Après un maigre dîner pour moi, les odeurs m'ayant coupé l'appétit, nous faisons un autre arrêt qui donne tout son sens au nom de la côte nord namibienne: Skeleton Coast ou la Côte des Squelettes... Souvent noyée dans le brouillard, cette côte est en effet un littoral périlleux pour les bateaux! Au fil du temps, elle s'est transformée en un cimetière de navires imprudents et de leurs marins entraînés dans ses bas-fonds rocheux et sablonneux. Les navigateurs portugais l'appelaient jadis "les sables de l'enfer", car le sort de l'équipage était scellé une fois que le navire s'était échoué...! On peut voir un peu partout des images d'épaves rouillées enfoncées dans les sables hostiles de la Côte des Squelettes, mais néanmoins, les plus fameuses d'entre elles ont disparu depuis belle lurette. En effet, l'épais brouillard et les vents violents qui déferlent sur l'Atlantique Sud constituent de vigoureuses forces d'érosion qui n'ont laissé que quelques traces des innombrables navires échoués sur le rivage à la grande époque du commerce maritime (Lonely Planet). Sur les photos 5 et 6, le navire Zeila, échoué en 2008. Sur la photo 3, une concrétion de sel marin, en vente sur le bord de la route. En fin d'après-midi, nous arrivons à la ville de Swakopmund, où nous passons la nuit et... dans un hôtel, cette fois! :D Petite ville de 45.000 habitants, Swakopmund est coincée entre l'Atlantique capricieux et le magnifique désert du Namib, que je découvrirai plus en profondeur dans le circuit Sud une semaine plus tard. Avec ses maisons à colombage allemandes et ses promenades en bord de mer, on dirait parfois une ville balnéaire de la mer du Nord ou de le Baltique transplantée sur le continent africain. En effet, les premiers résidents permanents européens étaient allemands; ils s'y installèrent en 1892 dans des maisons préfabriquées importées d'Allemagne (Lonely Planet). Après une bonne douche et une brève reprise de contact avec le reste du monde grâce à la connexion internet de l'hôtel (;)), nous allons manger un bout tous ensemble dehors. Et nous passons une très bonne dernière soirée, échangeant sur les projets de chacun pour les prochains jours, puisque dés demain après-midi, le groupe se scinde. Jing Jing et Jacob continuent leur route dans le désert du Namib, vers Sossusvlei, tandis que nous rentrons sur Windhoek pour reprendre nos chemins respectifs!

Mais il nous reste encore une matinée d'activités à Swakopmund le lendemain! Plusieurs options nous avaient été proposées et, tout comme Rose et Alain, j'avais décidé de m'inscrire au Living Desert Tour, une matinée de découverte du désert entourant Swakop' et surtout de la faune qui y (sur-)vit! Car, si la ceinture côtière de dunes peut sembler dépourvue de toute vie, une fascinante variété de petits animaux bien adaptés au désert y survivent grâce à l'humidité des brouillards marins qui planent sur les terres, formé par le choc entre l'océan Atlantique froid et la chaleur du désert. Notre guide vient nous chercher vers 8h30 avec son 4x4 et nous y rejoignons d'autres touristes. Nous faisons d'abord un premier arrêt d'introduction à côté de ce "cimetière" de chevaux (photo 2), qui s'explique selon toute vraisemblance par une maladie virulente contractée par les chevaux des colons de l'époque et qu'on aurait emmenés à l'entrée du désert pour les abattre fissa avant que la maladie ne se répande plus. Nous nous trouvons sur un des bords du fameux Désert du Namib qui s'étend quasiment sur l'entièreté de la côte atlantique namibienne et est bordé, à l'est par le Kalahari Desert, dans lequel il se forma il y a plusieurs millions d'années. Composées de sable quartzique coloré (photo 10: de gauche à droite en caillou, granuleux et fin), ses dunes présentent des teintes variant du crème à l'orange (sur les contours du désert) et du rouge au violet (plutôt dans les profondeurs). Nous faisons également la connaissance de deux animaux un peu particulier: le gecko transparent (photos 4-5) dont on peut voir les organes à travers sa peau et le lézard sans patte et aveugle (photos 7-8) vivant à la surface du sable, protégé de la chaleur et de la brûlure du soleil et qui a perdu, au fil du temps, ses pattes et ses yeux, n'en n'ayant plus l'utilité. En effet, c'est un nageur! Non pas sous l'eau, mais sous le sable, et il n'a donc ni besoin de pattes ni d'yeux pour se déplacer. Incroyable!

Nous reprenons notre route, impressionnés par notre brillant guide qui sait, tout en maniant notre véhicule, repérer à l’œil nu les traces laissées dans le sable par les espèces que nous désirons observer! Il nous amène ainsi à une petite butte de sable recouverte de végétation où nous découvrons un beau caméléon. Bien sûr, notre guide est équipé de vers et nos appareils photos se régalent au moins autant que le caméléon devant ce fascinant spectacle! Nous trouvons ensuite un Sand Diving Lizard (photos 6-7), un des lézards les plus rapides au monde: il peut atteindre la vitesse d'1 mètre par seconde! Ce qui lui permet également, quand c'est nécessaire, de s'immerger extrêmement rapidement dans le sable. Plus tard (et ne me demandez pas comment), nous trouvons une Vipère du désert ou Sidewinder Snake, tapie à la surface du sable, en attente d'une proie (photo 11: seul un de ses yeux est apparent, entouré en noir). La particularité de ce serpent est que ses yeux sont situés sur le sommet de sa tête et non sur les côté, ce qui lui permet de se terrer dans le sable avec un seul œil à l'air libre pour guetter ses proies. Comme son nom anglais l'indique, ce serpent se déplace sur le côté, ce qui lui permet de gravir les dunes sans peine.

Nous rencontrons ensuite plusieurs Traquets tractrac ou Tractrac Chat Birds, de beaux petits oiseaux gracieux et peu craintifs qui ont sans doute l'habitude de se régaler du reste des vers des guides en fin de tour et qui nous accompagnent sur la fin de la visite (photos 1, 5-6, 9); et un scarabée du Namib (photo 2), surnommé Toktokkie en référence au son qu'il produit lorsqu'il communique avec ses semblables en tapant son abdomen contre le sol. Cette espèce a développé une incroyable technique pour réussir à s'abreuver suffisamment, malgré les conditions de sécheresse extrême du désert: le matin, ils se positionnent sur la crête d'une dune la tête en bas dans le sens opposé du vent, de telle manière que l'humidité des brouillards matinaux se condense sur leur abdomen et crée ainsi une goutte qui coule directement dans leur gosier! Enfin, nous terminons avec quelques fourmis du désert, facilement reconnaissables à leurs deux bandes noires sur l'abdomen et à leurs longues pattes qui leur permettent de se tenir éloignées de la surface du sable brûlant. Spécialistes de la vie dans le désert, ces fourmis se révèlent capables de fermer pendant de longues durées leurs orifices respiratoires pour prévenir la perdition d'eau causée par la respiration! Sur la photo 8, un melon !nara (le "!" au début du mot se prononce avec un clic émis en faisant claquer la langue sur le côté de la bouche. En effet, les langues de plusieurs groupes san de Namibie sont des langues "à clics". C'est très marrant à écouter!). Historiquement, la survie de l'homme dans le désert fut rendue possible par cette curieuse plante épineuse, surnommé "concombre du désert". Attention, bien que cette cucurbitacée pousse en milieu désertique, il ne s'agit pas d'une espèce du désert, car elle n'a pas la capacité d'empêcher la perte d'eau par transpiration et doit puiser celle-ci dans la nappe phréatique à l'aide d'une longue racine pivotante. Elle constitue l'aliment de base de certaines tribus, des chacals et des insectes (Lonely Planet).

Après cette matinée d'une grande richesse qui a rendu la nature encore plus fascinante à mes yeux, nous dînons brièvement à Swakop', faisons nos adieux à Jing Jing, avec qui je me suis particulièrement bien entendue, et à Jacob et entamons les 5 heures de route qui nous séparent de Windhoek. Arrivés en ville, seul Alain reste au même hôtel que moi. En effet, lui aussi a réservé deux tours d'affilée avec les Wild Dogs et la nuit intermédiaire à Windhoek est comprise dans le package. Lui part le lendemain en direction des chutes Victoria, à la frontière nord-est, entre la Zambie et le Zimbabwe. Je profite de ma belle chambre d'hôtel pour laver mes vêtements et les étaler partout afin qu'ils soient secs le lendemain matin. Car c'est reparti pour une semaine de camping, dans le sud du pays, cette fois! :D

6

Le lendemain matin, je déjeune avec Alain, avant que les Wild Dogs ne viennent nous chercher pour nous emmener à leurs bureaux, point de départ de nos groupes respectifs. Une fois arrivés, j'y rencontre le mien: nous ne seront "que" 7 mais aurons le même type de véhicule, qui nous assure plus de confort pour les longs trajets que nous allons parcourir. Dans mon groupe, deux couples: Kyo (Japon) et Henry (Kenya) et John et Ann (UK), et deux voyageuses solo: Lilly (de Berlin) et Maria (autrichienne vivant à Berlin). Directement, le contact est plus facile avec les filles et, moi qui n'avais plus parlé allemand depuis un bail, je m'y replonge avec plaisir!! Comme pour le tour nord, nous avons un premier briefing au bureau avant de démarrer vers 9h30. Nous empruntons directement la route du sud, en direction du Kalahari Desert. Avec ses 2,5 millions de km², ils'agit de la plus grande étendue de sable au monde! Elle recouvre des parties du Botswana, de la Namibie, de l'Afrique du Sud, de l'Angola, de la Zambie, du Zimbabwe et de la RDC. En fait, le terme "désert" est inapproprié car, même s'il n'existe pas de plans d'eau permanents dans cette région, la végétation y est souvent assez abondante. On parlerait plutôt d'une savane sablonneuse semi-aride. A part un arrêt photo au Tropique du Capricorne et deux brefs arrêts aux petites villes de Rehoboth et Kalkrand, l'objectif de la matinée est d'arriver à notre campement du soir. Nous posons bagage en début d'après-midi, dînons puis avons 1h30 de repos dans le lodge de notre campsite. Et ce n'est pas de refus! La chaleur se fait beaucoup plus sentir ici que dans le nord et l'ombre et les brumisateurs (voire la piscine, pour d'autres) font un bien fou. Nous avons même la visite d'un paon et de quelques biquettes, qui se font vite chasser par le personnel ^^! Vers 16h00, l'activité reprend et un guide du site nous emmène en safari! :D Nous savons que les grands mammifères du pays se trouvent surtout dans le nord, qui est beaucoup moins aride que le sud, mais notre guide reste optimiste sur nos chances de quand même croiser quelques spécimens. En effet, certaines espèces de girafes, d'éléphants et de zèbres sont dites plus "déserticoles" et se sont adaptées aux conditions de sécheresse du sud. L'oryx, animal emblématique de Namibie, est, lui, présent dans tout le pays. Nous nous arrêtons d'abord pour observer un nid particulièrement énorme de Républicains sociaux , une petite espèce de passereaux endémique des zones arides du sud de l'Afrique (photo 7), puis un grand troupeau de gnous bleus (photos 8-10). Sur la photo 12, une corne de springbok.

Nous continuons notre route et, grâce aux bons yeux de notre guide (encore un!), nous apercevons un couple de Calaos à bec jaune (photo 2), parfois surnommés "bananes volantes", en référence à leur bec en forme de banane. Et puis, au loin, nous voyons 3 autruches (un mâle et deux femelles, selon notre guide) qui font la course entre elles (ou bien avec nous). C'est incroyable de voir à quelle vitesse elles se déplacent (photo 3, une des trois, au loin)!! Sur les photos 4 et 5, des œufs d'autruche abandonnés. Ça pèse lourd, ces p'tits machins! Nous poursuivons notre route, traversons un pan (ces grandes étendues de sables qui se remplissent d'eau à la saison des pluies) et tombons sur un groupe de girafes dont quelques jeunes! Nous nous arrêtons et descendons même de voiture, sans trop s'approcher néanmoins, pour ne pas les ennuyer. Nous croisons ensuite la route de plusieurs oryx (photos 8 et 11), indéniablement mon animal préféré, tant il est fascinant! En effet, c'est une antilope qui fait preuve d’une tolérance extraordinaire aux fortes températures. Sa température interne peut atteindre 45 °C! Il a toutefois un système de thermorégulation lui permettant de garder sa température faciale à 38 °C, s'il le faut. Au lieu de gaspiller l’eau de son corps en transpiration et halètements, il laisse sa température corporelle monter de quelques degrés au-dessus de la normale quand il fait très chaud. La nuit, il rejette la chaleur accumulée. Sa résistance est essentiellement due à sa capacité à se passer d’eau pendant presque toute l’année. En outre, son comportement est orienté vers l’économie d’énergie et d’eau. Plutôt que de s’exposer en pleine chaleur, il s’allonge à l’ombre d’un arbre, ou, lorsqu’il ne trouve pas d’ombre, il se place de façon à présenter le moins possible son corps au soleil. Quand il ne manque pas d’eau, il a recours à l’évaporation, en suant et en haletant comme la plupart des mammifères. Lorsque il halète, une évaporation intense refroidit ses muqueuses nasales qui sont drainées par de nombreuses veinules. Ainsi rafraîchi, le sang de ces veinules passe par un extraordinaire réseau situé non loin de la base du cerveau. Et lorsque le sang chaud de ses artères carotides passe dans ce réseau, il se rafraîchit à son tour, avant d’entrer dans la cavité cérébrale. L'oryx est l'archétype même de l'animal qui s'est adapté au désert. Nous finissons par rencontrer un cobra (photo 12), juste avant de nous installer sur une grosse butte et de nous préparer pour un coucher de soleil pas piqué des hannetons!

Gâtés que nous sommes, nous avons même droit à un apéro à déguster pendant que le soleil rejoint ses pénates. Personne ne se fait prier et chacun y va de sa petite commande, dans le vaste éventail que nous propose notre guide :) J'opte pour un Gin Tonic puis vais m'installer aux premières loges. On pourrait croire que c'est le Gin qui parle, mais en fait, pas du tout: nous avons droit à un spectacle absolument magnifique qui me fait prendre conscience pour la première fois de ma vie que les colorations des levers et couchers de soleil des films Disney Roi Lion n'ont absolument rien d'exagéré! Grâce au plafond de nuages hauts et à différentes ondées au loin, entre le soleil et nous, le ciel se pare de mille couleurs! Je n'en crois pas mes yeux, c'est un instant absolument magique...

Même une fois le soleil couché, j'ai du mal à décrocher mes yeux de l'horizon, mais il faut bien rentrer car la nuit tombe vite. Et nous faisons bien car, à une quinzaine de minutes de notre campement, une pluie torrentielle s'abat sur notre 4x4 et avec la seule protection du toit, nous sommes bien trempés! Quand nous arrivons, Tuhafeni, notre guide et chauffeur, et Ruben, notre cuistot, ont gentiment monté nos tentes (tâche qui revient à chacun d'entre nous, normalement) et en plus, le repas est prêt! Décidément, nous sommes vraiment choyés!

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Le lendemain, nous continuons notre longue route vers le sud. Et pour cause: le soir, nous logeons près du Fish River Canyon, qui est tout proche de la frontière sud-africaine! Tout au long de la route, le paysage évolue: de la savane semi-aride du Kalahari, nous passons à des étendues beaucoup plus sèches et rocailleuses. Sur la photo 2, un messager sagittaire, oiseau de proie de la région. En milieu de matinée, nous arrivons à un site un peu particulier: le Mesosaurus Fossil Site. Ce site se trouve dans le lit asséché d'un ancien lac, où l'Histoire s'est marquée dans d'impressionnantes formations de roches contenant des fossiles vieux de 6.000 ans d'une créature appelée Mesosaurus. On a un aperçu de sa supposée apparence sur le panneau à l'entrée du site, photo 6. Il mesurait environ 1 mètre de long. Les fossiles de cette sorte de reptile, découverts de part et d'autre de l’Atlantique sud, apportent la preuve de la dérive des continents, puisqu'on en a trouvé dans les sédiments du Permien inférieur aussi bien ici qu'en Amérique du Sud. Sur la photo 14, un immense nid de républicains sociaux, dont la spécificité est le fonctionnement en colonies de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d'individus qui nichent dans d'immenses nids communs, perchés sur des branches ou des poteaux. Ces derniers comportent plusieurs dizaines de petites chambres auxquelles les oiseaux accèdent par des tunnels étroits dont on voit les entrées. Ces abris les protègent de la chaleur de la journée, mais aussi de la fraîcheur des nuits en se blottissant à plusieurs dans une chambre. Ingénieux! Photo 15, un daman, curieuse petite créature qui fut un temps en voie d'extinction et dont l'étude fossile et anatomique prouve qu'il est un parent proche de... l'éléphant!! :D

Une fois les explications de notre hôte hollandais sur le Mesosaurus terminées, nous pouvons nous balader sur le reste du site et découvrons une curiosité botanique de la région: le kokerboom (arbre à carquois), un aloès poussant uniquement dans le sud de la Namibie (photos 1-5). C'est une plante fascinante dont plusieurs espèces animales de la région se nourrissent afin de profiter de sa teneur en eau! Ses branches, lisses, sont recouvertes d'une fine couche de poudre blanchâtre qui réfléchit les rayons du soleil. Ça évite ainsi que l'eau contenue à l'intérieur ne s'évapore. Sa couronne est souvent très arrondie en raison de ses branches séparées en deux à répétition. Sur la photo 6, un agame des rochers et sur la photo 7, la femelle de la même espèce. Vers la fin d'après-midi, nous arrivons à notre campsite dont les décors particuliers recréent l'ambiance des relais-routiers présents le long des parties les plus sauvages de la mythique Road 66 américaine.

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous levons avant l'aube et partons en vitesse à la découverte du fameux Fish River Canyon, où nous espérons bien voir le lever du soleil. Avec ses 160 km de long, ses 27 km de large (au point le plus large) et ses 550 m de profondeur dans son canyon intérieur, le Fish River Canyon est le plus grand canyon d'Afrique et le deuxième plus grand canyon au monde, après le Grand Canyon (USA). Cela fait maintenant des millénaires que la Fish River, une rivière qui rejoint le fleuve Orange à 110 km au sud du canyon, creuse cette gorge dans ce désert aux airs lunaires. Mais en réalité, le Fish River Canyon se compose de deux canyons imbriqués l'un dans l'autre qui se sont formés à des périodes distinctes. Les premières couches sédimentaires de grès, de schiste et de matière éruptive entourant le Fish River Canyon se seraient constituées il y a environ 2 milliards d'années. Il y a 500 millions d'années, une période d'activité tectonique le long des failles de la croûte terrestre conduisit à ouvrir un immense fossé dans la croûte terrestre, formant ainsi le premier canyon, le canyon externe. Cette vallée nouvellement créée accueillit un cours d'eau, la Fish River, qui commença à y creuser un lit sinueux pour former ce qui constitue aujourd'hui le canyon interne (Lonely Planet). Nous arrivons à temps sur le site et sommes les seuls à profiter de cet incroyable spectacle. L'infinité de l'horizon, l'aridité du paysage, cette langue orange d'une douce lumière se répandant petit à petit sur les roches mauves, roses, grises, et le silence incroyable qui règne sur le site, tous les ingrédients sont là pour créer un moment d'une grande sérénité. Nous parcourons ensuite à pied une partie du chemin longeant la crevasse et c'est l'occasion pour moi de faire un peu mieux connaissance avec Lily, avec qui j'ai beaucoup de plaisir à parler. Elle n'a que 16 ans (!) mais fait déjà preuve d'une grande maturité et s'intéresse à plein de choses! Elle est en Namibie pour 3-4 mois, dans le cadre d'un échange via son école, du réseau Waldorf. C'est bien la 4e fois de mon voyage que je rencontre quelqu'un en lien avec ce type d'enseignement un peu en décalage du système traditionnel et il a l'ai vraiment riche. A creuser! Enfin, nous devons bien détacher nos yeux de cet incroyable spectacle et retourner au campement pour déjeuner, puis reprendre la route. Sur le chemin, nous croisons un groupe de babouins chacma (photo 10).

Cette fois, nous remontons un peu vers le nord et surtout, nous partons vers l'ouest, en direction de Lüderitz, ville côtière. Malgré l'aridité du paysage et les conditions climatologiques extrêmes de cette région du pays, nous croisons quand même différentes espèces le long de notre route. Décidément, ces animaux sont incroyables! Des oryx, bien sûr, des zèbres, des autruches (photo 1) et ces fameux chevaux sauvages (photos 2-3) que nous pourrons mieux observer encore le lendemain. En fin d'après-midi, nous arrivons à Lüderitz, petite ville vestige de l'époque coloniale allemande. Certainement un des endroits les plus incongrus d'Afrique, Lüderitz est entourée par le désert du Namib et la côte atlantique sud, battue par les vents. Avec son étonnante architecture Art nouveau, ses églises et ses boulangeries, elle semble être restée figée dans son passé du XIXe siècle! Son histoire est intrinsèquement liée à l'industrie diamantaire de la Namibie et elle connut un formidable essor au début du XXe siècle, quand les premiers diamants furent découvert et que le business se développa (Lonely Planet). Notre hôtel est, lui aussi, à front de mer et je profite de la fin d'après-midi bercée par le bruit des vagues et la douce brise. Ayant conscience qu'il s'agit vraisemblablement de mes derniers instants au bord de la mer durant mon tour du monde, ce moment a une saveur particulière. Je sens que la fin de mon épopée approche et essaye de vivre chaque seconde dans la conscience du moment.

Le soir, nous dînons avec Lily et Maria au resto de l'hôtel, puis je me délecte de cette nuit dans un vrai lit, avant les prochaines nuits sous tentes.

8

Le lendemain matin, alors que certains ont choisi de faire une excursion en mer en extra, j'en profite pour dormir un peu plus tard, et déjeuner et me préparer à mon aise au départ. Après avoir récupéré Kyo et Henry au port, nous nous éloignons de la côte pour la matinée et partons visiter la ville fantôme de Kolmanskop, à 20 km de là. Au milieu des sables du désert de Namib, les bâtiments croulants de cette petite ville jadis luxueuse émergent des dunes malmenées par le vent. Kolmanskop, lointain souvenir de la richesse d'une époque où les diamants pouvaient être ramassés à la main dans le désert... Construite dans les années 20 pendant la période de la "ruée vers les diamants" puis abandonnée lorsque des diamants plus gros et de meilleure qualité furent trouvés le long de la côte, la ville se situe dans le célèbre Sperrgebiet ou "zone interdite". Ce secteur de l'industrie diamantifère namibienne hautement surveillé et interdit d'accès au public pendant presque tout le siècle dernier fut créé en 1908, suite à la découverte de diamants près de Lüderitz. Du nom du pionnier afrikaner Jani Kolman dont le char à bœufs s'ensabla ici, Kolmanskop était à l'origine le siège de la société minière Consolidated Diamond Mines. A son apogée, le lieu possédait un casino, un bowling et un théâtre! Mais la chute des ventes de diamants après la Seconde Guerre mondiale et la découverte de filons plus riches à d'autres endroits mirent fin à cet âge d'or. En 1956, la ville était déjà totalement déserte! Et le sable y reprenait ses droits... Laissant planer une ambiance étrange sur le site et donnant tout son sens au mot "fantôme" (Lonely Planet). Après une petite visite guidée qui nous donne notamment accès à l'intérieur de certains bâtiments restaurés comme le bowling (photo 3) et une habitation (photo 5), nous pouvons nous balader librement sur le site. C'est évidemment bien plus gai d'errer seul entre ou dans ces bâtiments déserts où la nature règne à nouveau. Notamment dans l'hôpital (photos 9-11), où je suis prise de quelques frissons tant l'ambiance est glauque :D Les longs couloirs vides où souffle le vent, les craquements de la toiture, les quelques tables d'opération et autres fauteuils abîmés éparpillés, comme si les lieux avaient été quittés précipitamment, les murs parfois défoncés,... les ingrédients parfaits pour un peu de suspens et de piquant! Je ne viendrais pas m'y balader la nuit, en tout cas! Néanmoins, la lumière est magique et je m'éclate avec l'appareil photo :D Sur la photo 12, la piscine surplombant la ville, puis la vue d'en haut sur les alentours et les restes de la localité.

Je continue mon petit tour et termine par les maisons des membres les plus prestigieux et les plus riches de la société (photos 4-7). Je finis la visite dans le musée intérieur du site, qui relate l'histoire de la ville et consacre une pièce entière aux nombreuses tentatives de vol de diamants du personnel de la compagnie sur les dernières décennies :D Les exemples les plus marquants: à l'intérieur d'une radio (découverte aux rayons X de 35 diamants le 24 mai 1993), dans les chaussures, dans le rectum (photo 13, découverte aux rayons X de 120 diamants le 11 décembre 1985), grâce à des pigeons voyageurs (478 diamants entre 1990 et 2007) ou dans des petits paquets envoyés hors des limites du site avec des arbalètes ^^

Après un petit pique-nique, nous retournons à la côte et faisons un stop au Diaz Point. Sur le chemin, le paysage a un étrange air bolivien avec ses flamants roses et ses lacs salés colorés de rouge, comme dans le désert d'Uyuni (photos 4-5). A Diaz Point, nous trouvons un phare, une reproduction de la croix érigée en juillet 1488 par le navigateur portugais Bartolomeu Dias revenant du cap de Bonne-Espérance (photo 11), une mer déchaînée, des phoques se larvant sur les rochers ou jouant dans les vagues et quelques pêcheurs.

Nous reprenons notre route après cette petite balade à l'air marin et rentrons à nouveau dans les terres. En chemin pour notre campsite de la nuit, à Aus, nous nous arrêtons à un waterhole construit pour les derniers chevaux sauvages écumant et survivant dans cette zone hostile. Oui, oui, j'ai bien dit "chevaux"! Les plaines désertiques situées dans cette région abritent en effet quelques-uns des seuls chevaux sauvages au monde capables de vivre dans le désert! Une des nombreuses théories sur l'origine de ces animaux singuliers suggèrent qu'il s'agit de descendants des chevaux de la cavalerie de la Schutztruppe (armée impériale allemande) abandonnés durant l'invasion sud-africaine en 1915. Leur apparence osseuse et miteuse est loin de refléter leurs probables hautes origines et leur capacité d'adaptation à ces rudes conditions. Les années de pluie abondante, ils prennent du poids et leur nombre croît pour atteindre plusieurs centaines d'animaux. Même s'ils sont capables de vivre sans eau durant 5 jours consécutifs, ces chevaux auraient sans doute disparu depuis longtemps sans les efforts de quelques individus, dirigés par un agent de sécurité de la Consolidated Diamond Mines, qui est parvenu à collecter des fonds afin de creuser le waterhole où nous nous arrêtons (Lonely Planet). De plus, les effets du changement climatique se font aussi ressentir dans cette zone du monde et les périodes de pluie sont de plus en plus espacées et la population de ces chevaux se réduit de plus en plus... A notre arrivée à Garub Pan, pas âme qui vive! Je commence à être habituée au côté aléatoire et tout à fait imprévisible de l'apparition d'animaux sauvages dans ces grands espaces et doute grandement que notre halte soit couronnée de succès. Tout à fait à tort, femme de peu de foi, puisque voilà un petit canasson qui arrive et vient se désaltérer longuement au point d'eau. Bientôt suivi par deux autres!! C'est vraiment incroyable de les voir débarquer de nulle part, dans cette chaleur absolue, avec cette ligne d'horizon vacillante et cette étendue jaune et grise à perte de vue, comme si rien n'était plus normal. Nous parlons tout bas, bien sûr, pour ne pas risquer de les déranger mais ils nous ont repérés, bien sûr, et on sent quand même une curiosité de leur part à notre égard. Une fois les visiteurs repartis (quoique, ce sont plutôt nous, les visiteurs...), nous levons aussi le camp et nous dirigeons vers Aus. En chemin, nous croisons un bel oryx et puis, surprise, 6-7 autres chevaux sauvages, sur le bord de la route, en train de brouter les maigres touffes d'herbes qui s'y trouvent!

Au campsite, nous profitons de l'étrange beauté de cette région lunaire et rocailleuse. En effet, le Sperrgebiet est composé à 40% d'un désert, 30% de prairies et le reste n'est que rochers et montagnes granitiques. Il est évident que les restrictions d'accès à cette zone, au profit de l'industrie diamantifère, ont contribué à préserver une grande partie de la zone dans son état original. Après un beau coucher de soleil avec Lily sur les hauteurs de notre campsite, un bon repas et une bonne douche, c'est avec une fameuse excitation que je me couche dans ma tente. En effet, demain, nous partons enfin au cœur du Désert de Namib, raison principale de ma présence en Namibie!! :D

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Le lendemain matin, nous passons par la mini ville de Aus (photo 1) pour faire le plein sans nous y attarder, puis nous entamons notre longue route vers le nord. Sur le chemin, toujours ces étendues rocailleuses et hostiles à perte de vue... Pour la première fois et à plusieurs reprises, nous croisons des troupeaux d'oryx (ou gang des chaussettes blanches, comme j'aime les appeler ^^) et même un troupeau de zèbres (photo 12)! Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de notre destination, le paysage se couvre progressivement d'une couche de sable plus fin...

Nous arrivons à notre campsite en milieu d'après-midi. Nous montons nos tentes, nous rafraîchissons autour ou dans la piscine du camping avec Lilly et Maria, puis partons avec le groupe pour un premier coucher de soleil dans le fameux désert. Une fois garés au pied d'une grosse dune, chacun part de son côté pour trouver son meilleur spot et profiter de la vue. Lilly, Maria et moi restons ensemble et avons la chance de voir un bel oryx d'assez près pendant notre ascension! Une fois trouvé notre petit coin un peu en hauteur et à l'abris du vent (faut dire que ça chasse vachement!), nous nous installons et profitons du début de soirée dans cet univers incroyable. Les couleurs et le mélange roches/sable me rappellent un peu le désert d'Atacama, au Chili... Décidément, j'en aurai déjà foulés, des déserts! Et ils me fascinent toujours plus...

Le lendemain, nous avons un fameux programme! Nous quittons le campsite (où nous laissons notre campement) avant les premières lueurs de l'aube et filons à grande allure vers la Dune 45 (photo 1, située à 45 km de la ville de Sesriem) pour assister au lever du soleil! Ca, ça me parle! :D Arrivés sur place, il ne faut pas traîner pour grimper sur la dune de 80 m de haut, au risque de ne pas être installés quand le soleil montrera le bout de son nez. Comme toujours avec les dunes, j'évalue très mal la hauteur et ne me rends pas compte qu'il s'agit déjà d'une fameuse ascension! Le sable est froid, les muscles des jambes tirent et le souffle est court mais il n'est pas question d'arriver trop tard! Le mental reprend là où le physique faillit. Et cela en vaut la peine! Nous sommes toutes les trois installées et avons même le temps de se ravoir avant que le spectacle ne commence :D Quelle beauté, quelle douceur de lumière, quelles incroyables couleurs! Une fois encore, je me rends compte à quel point j'ai de la chance de vivre ce moment! A l'heure convenue avec Tuhafeni, notre guide, nous entamons la redescente car notre petit-déjeuner nous attend et puis, le reste du programme de la journée! Nous petit-déjeunons au milieu de cette superbe nature puis, une fois la vaisselle faite et le barda rangé dans le camion, nous partons pour notre prochaine étape: les dunes de Sossusvlei!

Mais d'abord, quelques informations sur le fascinant Désert du Namib. Il est considéré comme le plus vieux désert du monde, car soumis à des conditions arides ou semi-arides depuis au moins 55 millions d'années. Les conditions désertiques qui y règnent sont la conséquence du courant marin froid de Benguela d'origine antarctique, qui refroidit les masses d'air océanique au large des côtes de Namibie. Lorsque ces masses d'air parviennent au-dessus des terres continentales plus chaudes, elles se réchauffent et se dilatent, ce qui les empêche de libérer l'humidité qu'elles contiennent sous forme de pluie. Le désert occupe une superficie d’environ 80.900 km² et englobe la majorité de la Namibie centrale. Il s’étend sur plus de 1 500 km le long de la bande côtière nord-sud, large de 80 à 160 km qui longe l’océan Atlantique (comprenant notamment la Skeleton Coast et Swakopmund, où j'étais une semaine plus tôt). À l’est, une zone de transition semi-aride est bordée par un plateau montagneux. Au sud, le désert du Namib se fond progressivement avec le désert du Kalahari. Dans la partie sud se trouve une immense zone de dunes mobiles qui s’étend sur 300 km. Certaines de ces dunes – dont celles de Sossusvlei – atteignent 350 m de haut et figurent parmi les plus hautes dunes du monde! Partout ailleurs, le territoire reste fidèle à son nom, namib, mot nama qui a donné son nom au pays, qui signifie "vaste plaine aride". La couleur rouge est due à l’oxydation du sable. Le site du vaste salar de Sossusvlei se forma sans doute il y a 3 à 5 millions d'années par l'accumulation de sable provenant du désert de Kalahari, charrié par le fleuve Orange jusqu'à la mer, puis déposé au nord par le courant de Benguela (Lonely Planet). Ici, le paysage change constamment: les couleurs évoluent sans cesse avec la lumière, tandis que, contrairement aux dunes anciennes du Kalahari, celles du Namib se déplacent avec le vent et adoptent des formes distinctes en perpétuelle évolution. Quelle zone fascinante! Nous abandonnons Ruben et le camion et partons pour 5 km marche qui nous mèneront à la célèbre Dune Big Daddy, qui culmine à plus de 300 m et que nous pouvons escalader si nous le désirons. Après l'ascension de la dune Elim pour le lever de soleil, je suis un peu hésitante, ayant peur de retarder le groupe... La balade est propice à la réflexion avec Maria et Lilly, qui se tâtent également. Heureusement, il est encore tôt, les températures sont encore douces, et la balade est plutôt agréable. Pour moi qui adore les déserts, c'est vraiment gai de se promener ainsi librement et sans personne à l'horizon! Nous croisons de nombreuses empreintes d'oryx (photo 2), quelques points de végétations, et caressons du regard (du moins, pour le moment...) les sommets des hautes dunes qui nous entourent. Le ciel bleu clair offre un contraste impressionnant avec les dunes géantes de sable rouge. Enfin, nous arrivons au pied de Big Daddy (photo 8, et le tracé de notre ascension, en rouge) et, encouragée par Lilly, Maria et John qui ont décidé de l'escalader, je me mets au défi d'arriver jusqu'au sommet! Temps d'ascension prévu: 1 heure...

Une fois nos peaux recrèmées et un couvre-chef installé sur nos têtes, c'est parti! Lilly, avec ses grandes jambes, et John, habitué des randonnées, partent devant, tandis que Maria et moi suivons à notre rythme. Une fois lancées, nous nous rendons compte qu'il s'agit d'une ascension par paliers. Les pentes sont raides, les muscles crient et, à chaque pas, on s'enfonce dans le sable et redescend de 20 cm, mais la motivation est là et les quelques zones de "plat" sont régénératrices! Et puis, le paysage gagne de plus en plus en majesté au fur et à mesure que l'on prend de la hauteur. Tout n’est que pur orange et rouge des dunes, bleu du ciel et blanc de la croûte saline, tachetée ici et là par les points verts des buissons du désert. Quelle incroyable beauté! Petit à petit, le Deadvlei, que nous traverserons par la suite, apparaît sous mes yeux (photo 6) et je distingue tout au loin quelques'uns de ces célèbres arbres morts depuis plusieurs centaines d'années (les ptits points noirs au fond du vlei). Et puis, au bout d'1h10 de montée, j'arrive enfin au sommet et retrouve mes trois compagnons. Quelle libération et quelle fierté d'y être parvenue!!! Et quel bonheur de pouvoir admirer le désert à perte de vue, à 360°!! Bien sûr, nous immortalisons l'instant par quelques photos en mode "warrior" :D Puis nous nous posons quelques minutes avant d'entamer (déjà! Mais nous avons peur de faire trop attendre le reste du groupe resté en-bas) la redescente.

Même expérience qu'en Mongolie après l'ascension de notre dune dans le désert de Gobi, le temps de la redescente est ridiculement court par rapport à celui de l'ascension! :D En plus, pour mettre un peu de fun, je décide de descendre en courant (sans manquer de me vautrer une fois, bien sûr) et donc, je me retrouve environ 5 grosses minutes plus tard de nouveau sur le plancher des vaches! Mais c'était VACHEMENT drôle :D Sur la photo 1, une meilleure idée de la hauteur de Big Daddy. De nouveau, Lilly et John partent devant, et Maria et moi nous faisons un petit shooting photos dans ce paysage irréel. Le Dead Vlei, cuvette au sol durci par une croûte blanchâtre salée qui fut autrefois une oasis, se distingue du Sossusvlei par son isolement du lit de la rivière. Comme son nom l’indique, le Dead Vlei ne reçoit plus l’eau de la rivière depuis que celle-ci changea soudainement son cours. Les conditions climatiques sont d'une telle sécheresse que les arbres jadis abreuvés par la rivière ne se décomposèrent jamais, au contraire, ils furent complètement dépourvus d'humidité! Tant et si bien qu'aujourd'hui, 900 ans (!) plus tard, leurs squelettes figés parsèment toujours la surface craquelée de la cuvette blanche et lui confèrent une impression de désolation absolument grandiose...

Après une bonne vingtaine de minutes dans ce stupéfiant "musée", nous retrouvons nos compagnons et regagnons gentiment le campsite. En début d'après-midi, nous tapons un brin de causette avec les filles à l'entrée du site, pour profiter des ventilateurs du bar, puis partons 2 heures plus tard en direction du Sesriem Canyon pour une balade et un dernier coucher de soleil. Le canyon, profond de 30 m et long de 3 km, a été sculpté autrefois par la rivière Tsauchab. Née dans les montagnes du Naukluft, celle-ci a creusé son lit au travers du sable du désert du Namib, dans un agglomérat de sable et de cailloux vieux de 15 millions d'années. Au milieu du XIXème siècle, elle rejoignait encore l’océan Atlantique, mais elle s’est asséchée, et les dunes de Sossusvlei lui ont fait un barrage insurmontable... La balade dans le canyon est plaisante et apporte un peu d'ombre et de fraîcheur. Une fois notre petit tour fini, nous remontons pour profiter du coucher de soleil. Je savoure chaque minute et observe avec délice le paysage se teinter progressivement d'orange, de rouge puis de rose.

Une très belle et douce façon de clôturer cet inoubliable et stupéfiant séjour dans le désert du Namib...

10

Le lendemain, nous entamons notre dernière traversée de la Namibie rurale après le petit-déjeuner. En chemin, nous longeons le massif du Naukluft, caractérisé par un haut plateau bordé de gorges, de grottes et de sources qui dessinent de profondes entailles dans les formations dolomitiques (Lonely Planet). Les heures de route qui nous séparent de Windhoek me permettent d'encore profiter de la charmante compagnie de Lilly et Maria. Mais hélas, toutes les bonnes choses ont une fin et, une fois de retour à la capitale, c'est le moment de faire ses adieux (jusqu'aux prochaines retrouvailles en Europe) et de reprendre, pour une dernière semaine, ma vie de solo traveller. Il me reste, en effet, une semaine à Windhoek avant de décoller pour le grand retour en Belgique!

Pour cette dernière semaine, j'ai prévu, outre de travailler sur mon blog, de visiter un peu le centre-ville et de faire une balade dans la réserve Daan Viljoen, proche de Windhoek. Après une bonne journée de repos à l'auberge, je décide de participer à une des visites guidées gratuites de la ville, le samedi matin. Nous commençons par le Zoo Park (photo 1-3), ancien zoo public et aujourd'hui parc agréable du centre-ville. Il y a 5.000 ans, à l'âge de la pierre, le lieu était un site de chasse à l'éléphant, comme en attestent les ossements des deux pachydermes (évoqués par la sculpture, photo 2) et les différents outils de quartz retrouvés ici. Nous longeons ensuite la belle petite Christuskirche (photo 4), église luthérienne allemande construite en 1907 (qui me fait étrangement penser à une maison de pain d'épices), pour arriver au Parlement namibien (photo 5), ancien siège administratif allemand du Sud-Ouest africain. Clin d’œil à la bureaucratie du gouvernement colonial, son nom, "Tintenpalast" signifie "palais de l'encre", en référence à toute l'encre utilisée pour une paperasserie excessive :) Nous nous arrêtons ensuite au pied de la statue de Sam Nujoma (photo 6), président fondateur de la Namibie, et du musée de l'Indépendance (bâtiment de droite sur la photo 4). Photos 7 et 8, un monument commémorant les nombreuses victimes des différentes ethnies namibiennes durant leur longue lutte contre le colonialisme, ainsi que leur liberté enfin acquise. Photo 9, des fragments d'une des météorites retrouvées dans le sud du pays. La pluie de météorites dont elle provient fit s'abattre plus de 21 tonnes (!) de roches extraterrestres composées à 90% de fer. Jusqu'à présent, au moins 77 extraits de météorites ont été retrouvés au sein d'une zone de 2.500 m²; le plus gros affichant un poids de 650 kg!

Le lendemain, j'embarque dans un autre "city tour", organisé par une agence, cette fois. Nous commençons par les mêmes coins du centre-ville que j'ai visités la veille, puis nous éloignons progressivement du centre. Nous nous arrêtons au Single Quarters, un marché local où nous goûtons même le bœuf namibien, bien épicé et cuit au BBQ, un délice! Nous reprenons ensuite la voiture et traversons le fameux quartier de Katutura, où vivent pas moins des 2/3 des 325.000 habitants de Windhoek. Naguère frappé par la misère, Katutura est aujourd'hui une banlieue animée de la capitale, où pauvreté et opulence se côtoient. Le conseil municipal a fait installer l'eau courante, l'électricité et le téléphone dans une bonne partie du secteur (Lonely Planet). Néanmoins, certaines zones se constituent toujours d'habitats précaires faits de simple tôle ondulée et nombreux sont encore les gens qui doivent aller chercher leur eau au puits... Les incendies accidentels domestiques sont fréquents et se propagent extrêmement vite, sans que les pompiers ne puissent accéder à toutes les zones facilement... Après cette matinée de visite très instructive, je rentre à l'auberge et profite de mon après-midi pour un dernier skype avec la Belgique, avant les grandes retrouvailles! :D Le lendemain, je travaille sur mon blog la journée, puis retrouve pour le souper Alain, le luxembourgeois qui était dans mon tour Nord et avec qui je suis restée en contact, et Sanders (Hollande) et André (guide d'origine hollandaise vivant en Namibie), qu'il a rencontrés pendant son tour aux chutes Victoria. Nous passons une agréable soirée et je déguste un succulent steak!

Le mardi, c'est journée musées! Je commence par le musée de l'indépendance (que j'avais déjà vu de l'extérieur lors de mes deux précédentes visites de la ville), dédié à la lutte anticolonialiste pour l'indépendance du pays. La visite commence par l'histoire de la Namibie sous la domination coloniale (allemande de 1892 à 1915, puis sud-africaine de 1915 à 1990) avec l'apartheid et les nombreux combats entre locaux et colons, puis retrace le mouvement de résistance avec Sam Nujoma et l'émergence de la SWAPO, pour finir par le processus d'indépendance et la proclamation de Nujoma comme premier président namibien. Je passe ensuite au musée national, dont une grande section se consacre à l'art rupestre et à l'artisanat local (photos pas permises), puis termine au musée Owela dont la collection est axée sur l'histoire naturelle et culturelle de la Namibie. J'y ai un meilleur aperçu des différentes ethnies namibiennes et de leur histoire. Photos 11 et 12, femmes Herero dans leurs habits traditionnels, une énorme crinoline portée sur une kyrielle de jupons, associée à une coiffe en forme de corne, un héritage des missionnaires allemands de l'époque victorienne. Photo 13, deux jeunes filles Himba. Photos 14 et 15, une hutte de l'ethnie San et des chasseurs San en pleine chasse.

Le lendemain, je retrouve une nouvelle fois Alain qui souhaitait aussi aller se balader dans la réserve naturelle Daan Viljoen avant son retour en Europe. La description du Lonely Planet laisse présager de nombreuses rencontres avec des animaux et nous sommes tout fous d'aller, pour une fois, à leur rencontre sans guide! Malheureusement, nous ne sommes pas fort chanceux et, à part une jeune autruche à l'entrée du site, un groupe de singes au loin (photo 10) et quelques oiseaux, la seule vraie rencontre impressionnante est celle avec un grand troupeau de gnous, duquel nous pouvons nous approcher à quelques mètres seulement (pensée émue à Mufasa, qui se fait piétiner par un troupeau de gnous dans le Roi Lion 1)!! Néanmoins, la balade est très agréable, les paysages sont superbes et Alain, qui a suivi plusieurs semaines de cours de guide nature en Afrique du Sud juste avant son séjour en Namibie, a plein de choses à m'apprendre sur cette nature fascinante! 9 km plus tard, nous sommes de retour à l'entrée de la réserve et rentrons à Windhoek.

Je profite de mon dernier jour pour flâner en ville et profiter de l'auberge. Et pour mon tout dernier soir, je décide de symboliquement boucler la boucle de mon voyage en soupant dans un restaurant indien situé non loin de mon auberge et qui m'a été recommandé par d'autres. Ai-je perdu l'habitude des plats épicés ou bien ce Palak Paneer était fort chargé, nous ne le saurons jamais mais quoiqu'il en soit, malgré mon palais explosé et les flammes qui me sortent des oreilles, je savoure ce bond dans le passé en me remémorant tous les incroyables moments que j'ai vécus les 12 derniers mois. Demain matin, c'est le grand retour vers la Belgique, les retrouvailles tant attendues avec la famille et les amis et le grand saut dans le bain occidental et normé que j'ai presque fui un an plus tôt. La chaleur que me procure la pensée de tous les visages que je vais revoir joue sans doute un grand rôle mais, en essayant de faire abstraction des merveilleuses personnes qui m'attendent en Belgique, je me sens en paix et prête à rentrer.

Le lendemain, je remballe une ultime fois mon bardas après le petit-déjeuner, puis, pleine d'excitation, d'un peu de peur et de beaucoup de joie, je me mets en route vers l'aéroport pour le grand décollage!

Publié le 1er septembre 2019

Ainsi, voici venu le temps du bilan de mon séjour en Namibie. Plus je m'en approchais, avant le grand saut de l'Océan Atlantique, plus je réalisais à quel point cela tombait bien que ma dernière étape se passe sur un nouveau continent. Je ne regrette pas une seule seconde de mon voyage et n'aurais pas souhaité qu'il soit plus court, mais s'il y a bien une chose qui m'a manquée, c'est d'être entourée des personnes que j'ai laissées en Belgique. Passer trois semaines avec Papa et Maman puis les voir repartir en sachant qu'il ne me restait même plus un mois en solitaire n'a pas été aussi simple que j'aurais pensé. C'était comme croquer dans un met délicieux après un temps de diète et voir l'assiette retirée après la première bouchée. Mais le fait de savoir que je repartais à la découverte de quelque chose de totalement différent et que je n'avais encore jamais vu a totalement éclipsé cette frustration. Indéniablement, les choses sont bien faites et rien n'arrive par hasard :)

Un nouveau continent, donc, avec de nouveaux paysages fascinants, une faune que je n'avais encore jamais vue évoluer en liberté (voire jamais du tout), et une culture, une histoire humaine et terrestre complètement différentes de ce que j'avais découvert jusque-là. Bien sûr, j'avais déjà vu des déserts, des bords de mer et d'océan, des canyons et même des animaux de la savane, mais rien n'est jamais vraiment pareil. C'est la lumière, les odeurs, la température, la caresse du vent, le silence, les personnes avec qui on partage le moment,... Tous ces petits éléments qui font que chaque endroit sur Terre est unique.

Je repense à ces incroyables et majestueux mammifères, oiseaux, reptiles et insectes qui, à l'image de la flore locale, m'ont époustouflée par leur beauté et leurs incroyables propriétés et caractéristiques qui leur permettent d'évoluer et survivre dans des endroits hostiles, improbables. Comme la nature est fascinante! Les inventions de l'Homme ont permis de réaliser de grandes choses (si l'on ne parle que des inventions positives), mais la nature elle-même est un exemple de complexité et d'ingéniosité, qu'on la considère d'une perspective scientifique ou spirituelle. Il est impossible, évidemment, de revoir tous ces animaux et toute cette flore sans repenser aux paysages qui les entouraient: Fish River Canyon, les baies de Swakopmund et de Lüderitz, Etosha, le Kalahari Desert, les milliers de km à la ronde qui nous offraient la perception du concept d'infinité, la profondeur de l'horizon, les plaines tantôt verdoyantes, tantôt sablonneuses, tantôt d'une aridité presque agressive, doucement caressées par le soleil du matin et du soir ou écrasée par un soleil de midi, et puis, bien sûr, l'incroyable et indescriptible désert du Namib... Assurément, la Namibie était au rendez-vous dans toute sa splendeur!

Enfin, la configuration du pays et le fait que je l'ai, au final (et contrairement à ce que je souhaitais au départ), principalement découvert via des tours organisés m'auront permis de profiter un maximum de ces dernières semaines. Je n'avais presque rien à organiser, qu'à me laisser guider et donner libre cours à chacun de mes élans de curiosité et mes envies de découvertes sans devoir me tracasser de ma nourriture, mon logement ou ma sécurité. Tout cela en faisant de très chouettes rencontres, principalement d'autres voyageurs solos avec leur histoire propre! J'aurai eu, à de nombreuses reprises, l'occasion de me poser calmement pour savourer avec sérénité chaque seconde que j'étais en train de vivre et d'avoir le sentiment de presque arriver à arrêter le temps. J'ai ainsi pu encore mieux prendre conscience de la chance que j'avais d'être là et d'avoir vécu cette année hors du commun mais aussi pu mieux apprivoiser la fin proche de cette incroyable aventure et le retour vers la Belgique. La chaleur, bien que parfois abondante, ne m'a jamais gênée et me berçait plutôt d'un doux sentiment de bien-être. Le silence qui régnait sur la majorité des sites renforçait encore la profondeur de ces moments. Je pense que c'est d'ailleurs un des rares pays où j'ai pu partager et apprécier tant de moments de silence avec d'autres personnes, ce qui n'est vraiment pas commun. Comme si le côté irréel des paysages imposait une forme de respect, d'humilité et de fascination dont l'expression la plus appropriée était le silence.

Outre les images colorées et les découvertes incroyables tant de sites, d'animaux que de voyageurs, je retiendrai de ce séjour un sentiment de douceur, de laisser-vivre et de paix intérieure.

Il n'y avait pas plus belle façon de finir ce voyage.