Carnet de voyage

Japan

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Un proverbe japonais dit: "Une tasse de thé, c'est comme prendre un bain de l'intérieur".
Du 12 au 28 août 2017
17 jours
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Konichiwa, lecteurs!

Voici mes aventures en pays nippon! Mais d'abord, quelques informations sur le pays: Superficie: 377 915 km² (plus de 12 fois la Belgique) Population: 126 451 398 habitants (plus de 11 fois la population belge) Densité: 334,6 habitants/km² Fondation de la nation: 11 février 660 av. JC Monnaie: le Yen

Drapeau japonais / Le Japon à l'échelle du monde 

Après 6 heures dans l'A380 (oui, oui, celui à deux étages :D), je débarque à Tokyo! Moi, le ptit pioupiou qui avais peur de partir en Erasmus en Allemagne, je débarque seule à Tokyo avec mon sac plus grand que moi et je me rends à mon auberge comme une grande (ah ben oui, les taxis de l'aéroport au centre-ville coûtent à peu près 300eur, donc ça met les choses en perspective), merci les 8 mois dans le métro berlinois! :) Et voici mes premières impressions du Japon: une geisha toute dans son rôle dans le métro, une "chambre" de 3m carrés "fermée" par un rideau et un lit d'une cinquantaine de cm de large qui ressemble plus à un divan, des toilettes avec des manettes de OUF que je m'empresse de tester (bon, faut avoir les fesses sur la planche pour que ça fonctionne donc j'avoue, je n'étais pas rassurée), une chambre commune (lits encerclés de rideaux, donc) où l'on ne peut pas mettre de réveil, il faut demander à la réception de venir nous réveiller chaque matin (...) et... j'avais déjà une petite idée de ce qui m'attendait en ayant été voir la tête des douches avant mon souper et en ayant vu un peu trop de corps (de femmes, pas de fantasme!) nus à mon goût mais mon subconscient, mon inconscient, mon conscient et tout le monde dans ma tête refusaient de faire face à cette découverte disons originale, dépaysante et tropicale: des douches communes YIPIE!! Oui, j'avais réservé un lit dans un spa (option la moins chère) féminin, mais quand même, il était pas mis non plus que les douches étaient joyeusement prises en communauté... alors oui, j'avoue, l'idée de ne pas prendre de douche m'a traversé l'esprit mais puisque j'avais réservé 3 nuits dans ce havre de nudité, ça risquait d'être problématique au bout d'un moment. Donc bon, j'ai empoigné mon courage à deux mains (ben oui le reste, je ne pouvais pas le prendre dans la salle de douche...), j'ai laissé ma dignité au vestiaire avec mes habits (j'vous aimais bien, les gars!) et surtout, surtout, j'ai enlevé mes lunettes et essayé de me convaincre que, vu que moi je ne voyais rien sans mes lunettes, sans doute que personne ne pouvait me voir non plus... naïve, allez-vous dire, mais ça a plus ou moins marché: non, je n'ai pas fini par m'habituer, mais au moins, j'ai réussi à me laver tous les jours, victoire! :D

Le lendemain, je me rends tout d'abord à l'office du tourisme de la ville pour accomplir ma grande tâche du jour: réserver mes premiers déplacements dans le pays. Sur place, je me rends vite compte que ça va être galère car ce sont les vacances japonaises (pile pendant mes deux semaines, chouette hasard...) et qu'énormément de transports sont déjà plein. Je décide donc de réserver tous mes déplacements ce jour-là pour ne pas avoir de blague et je finis par passer... 3h30 à l'office du tourisme avec une adorable petite dame qui parle très bien anglais, qui est super drôle et qui se décarcasse comme elle peut pour trouver des solutions qui collent au parcours que j'avais imaginé. J'étais tellement gênée de l'avoir monopolisée aussi longtemps et elle avait été d'une telle aide que j'ai fini par aller lui chercher un petit bouquet de fleurs pour la remercier. Et vu sa réaction, ça valait vraiment la peine :)

Les déplacements enfin règlés, je m'apprête à commencer ma journée de visite vers 16h quand je me fais aborder en anglais par deux petites dames qui me demandent où je vais et m'indiquent le chemin. Quand je les remercie, elles me demandent si j'ai un peu de temps. M'attendant à quelque chose comme un sondage et ayant quand même déjà perdu la majorité de ma journée, je dis que oui. Et là, elles me demandent si je serais d'accord de les accompagner à leur église (interdiction à quiconque de penser au monsieur qui veut montrer les petits chats dans sa voiture...). Etant dans une bonne vibe suite à ma journée à l'office du tourisme avec ma nouvelle amie, étant surprise de recontrer des japonais(es) qui parlent anglais et me disant que je vais pouvoir découvrir leur culture d'une façon plus personnalisée, je leur dis que je suis d'accord. Et là (c'est peut-être à ce moment précis que j'aurais du sentir l'oignon), ça a l'air de leur faire suuuper plaisir! Je me dis "cool, encore des gens à qui j'aurai fait plaisir aujourd'hui". Nous partons toutes les trois prendre le métro et on papote: une des deux parle un peu français car sa fille vit à Paris et qu'elle y est déjà allée plusieurs fois (mais elle ne parle pas anglais) et l'autre est prof d'anglais (mais ne parle pas français), on essaie donc de communiquer comme on peut et j'avoue que le mix d'anglais et de français à la sauce de l'accent japonais, j'acquiesce et souris beaucoup mais ne capte pas tout. Bref, je comprends quand même qu'elles font partie d'une paroisse chrétienne et là je me dis que "mince, je connais déjà mais que bon, peut-être que je vais enfin rencontrer Jésus, dans une paroisse chrétienne dans la banlieue de Tokyo, qui sait?". Dans leur petite église, je suis accueillie à grands coups d'alléluia (jpensais que c'était "konichiwa" moi, mais bon), et on nous sert un thé glacé. Une dame en tailleur nous rejoint et me pose quelques questions sur moi et me souhaite la bienvenue. Elle m'explique ensuite que leur manière de prier est la suivante: répéter en boucle le mot "alléluia" très vite et à voix haute (sinon c'est pas drôle) pendant plusieurs minutes et quand on n'arrive plus à dire distinctement "alléluia", c'est que Jésus est rentré en nous (aïe) (non, non, ce n'est pas parce qu'on le dit super vite). Et nous commençons donc à prier ensemble. D'abord, j'arrive à me concentrer et puis les secondes passent et je commence à avoir une très forte envie de rire, je me demande ce que les parents diraient s'ils me voyaient là, je me dis que c'est une situation dinguissime, je pense que heureusement que je suis seule sinon j'échangerais sans doute des regards éloquents avec mon compagnon de voyage et que ça serait encore pire, mais en pensant à ces regards, ça me donne encore plus envie de rire, du coup j'ai des hoquets qui se glissent dans mes "alléluia" et là j'ai peur qu'elles se vexent et puis en plus, notre hôte se penche de temps en temps vers moi pour écouter si je dis bien "alléluia" ou plutôt si je n'y arrive pas, donc je redeviens un peu plus sérieuse mais quand même la situation est vachement cocasse donc je me force à penser à des trucs tristes, je me mords les joues et puis, enfin, mes copines se taisent et notre hôte termine la prière. Ouf, sauvée!

Après cette première étape intense, je ne suis toujours pas au bout de mes surprises. Notre hôte me demande si je crois en Jésus, question piège! Je lui réponds que c'est pas facile et que j'aimerais bien mais que bon voilà quoi, il se laisse un peu désirer. Vu qu'elle parle très peu anglais, autant parler à un sourd et, en voyant les points d'interrogation dans ses yeux, je finis par dire que oui (version courte). Elle me dit que la Bible est la parole de Jésus (oui bon, j'ai aussi une autre perspective là-dessus mais pour des raisons identiques à ma réponse à la question précédente, je me tais), et que donc il faut faire ce qui est dit dans la Bible. Mais encore...? Et là, nous commençons à parler baptême, Jean-Baptiste, immersion complète dans l'eau et tout le tintoui. Je commence à devenir un peu dubitative quand elle me dit que la prière et les alléluia, c'était la première partie et que la deuxième partie, c'est le baptême. Je fais l'innocente genre je comprends pas (un peu comme quand je voulais pas comprendre que c'était des douches communes) et elle m'éclaircit directement en disant "oui oui, maintenant, il faut te baptiser, en immersion complète dans l'eau" et là BAM, je lui sors la carte du "mais je suis déjà baptisée" (sourire d'ange, merci papa et maman) et je pense m'en sortir comme ça. Oui, mais pas en immersion complète, or il est mis dans la Bible (et BAM, elle va me chercher une Bible en anglais et elle me lit le passage) que le baptême est en immersion complète comme avec l'ami J-B (non, pas Justin Bieber) et tu peux aller dans le vestiaire te déshabiller. Et là, juste là précisément, moi qui n'ai jamais dit non à rien de culturel depuis le début de mon voyage, même si j'étais pas toujours convaincue, ça devenait vraiment beaucoup trop de nudité en trop peu de jours et j'ai dit non. Aïe, malaise, petits rires gênés. Oui mais, tu crois en Jésus et ce sont les mots de Jésus et patati, on est repartis pour un tour. Et mon désir de ne pas les vexer ou les blesser se transforme tout doucement en impatience: Non. Bon, on est un peu dans une impasse mais c'est clair dans ma tête et je pense qu'elles voient bien que je ne changerai pas d'avis donc, petite pirouette: "maybe next time?" hehe on finit par faire un petit tour dans leur chapelle et on se reprend une salve d'alléluia (j'arrive à être un peu plus concentrée, occupée à remercier tous les dieux, Zeus, Allah, Grand Mère Feuillage et leur clique que ça se soit solutionné comme ça) et puis on s'en va toutes les trois et elles me ramènent à l'endroit où elles m'avaient recontrée, une heure plus tôt, sans oublier de me donner la carte de visite de l'église et de me dire "tu reviendras hein, et là, peut-être que tu te feras baptiser!" hahaha quelle expérience! Finalement, je n'aurai pas recontré Jésus (peut-être qu'il m'attendait dans la bassine, je ne le saurai jamais), mais ça reste un épisode vachement gag de ma vie que je pourrai toujours ressortir aux moments opportuns.

Je reprends donc où j'avais été interrompue et me rends aux deux tours (Tolkien, sortez de ce corps) des bureaux du gouvernement métropolitain de Tokyo qui offrent gratuitement (alors là, faut en profiter doublement!) une vue sur la ville depuis leur 48e étage. Enfin, je commence à avoir une idée un peu plus concrète de la ville :) Après cette prise de hauteur parmi les gratte-ciels, je redescends de mes nuages et vais manger un bol de niboshi ramen chez Nagi, dans le petit quartier typique de Golden Gai. Rues piétonnes étroites, bâtiments avec maximum un étage, de quoi me plaire plus que les géants de béton que l'on voit partout à Tokyo. Et je découvre un mini resto où l'on fait la file dans l'escalier (ah ben oui, c'est assez populaire et il doit y avoir une douzaine de places assises!), et où l'on commande son plat dans une machine électronique (heureusement, les cuistots, eux, ne sont pas électroniques, et je les regarde virvolter de l'autre côté du bar).

Pour mon deuxième et déjà dernier jour à Tokyo (il m'en restera un et demi à la fin de mon séjour au Japon), je décide de commencer tôt la journée au plus grand marché de poisson au monde, le marché Tsukiji. Selon le guide, il faut se pointer vachement tôt donc je demande à la réception qu'on vienne me réveiller à 6 heures. Bon moi, il me faut trois réveils pour me lever donc après que la dame m'ait secoué les jambes et soit repartie, je me retourne et me rendors, malheureusement... je me réveille une heure plus tard en catastrophe et me mets vite en chemin. J'avais lu dans le guide que le marché changerait d'endroit dès novembre 2016 et donc, toute contente d'avoir lu ces infos précieuses, je me rends bien en dehors du centre, au nouvel endroit indiqué par le guide. Dans le métro, je revérifie quand même sur la carte de la ville fournie par l'office du tourisme et constate qu'il n'y a aucune metion de ce changement d'endroit, je commence à douter. Je finis par descendre à mi-chemin et par demander à quelqu'un qui me confirme bien que le marché est toujours à son emplacement initial, merci Lonely Planet... Je refais donc le chemin en sens inverse et arrive, non sans une grosse déception, aux abords du marché vers 10h30 (faut savoir qu'à 11h, y a quasiment plus personne...) et à l'entrée, un super panneau indiquant que le marché est fermé pour cause de jour férié... Comme quoi, j'ai bien fait de ne pas me lever à 4h du mat et c'était pas si grave que je me rendorme ou que je me plate de chemin, j'ai au moins pu voir la baie de Tokyo (photo 1). Pour compléter le tableau, il se met à dracher et je suis obligée de rentrer à l'auberge. Décidément, y a quelque chose qui veut m'empêcher de visiter Tokyo! Vers 13h, la pluie s'est arrêtée et je retente ma chance en partant vers Yanaka, un des rares quartiers de Tokyo à avoir conservé ses maisons datant d'avant la deuxième guerre mondiale. Là, je suis la balade du Lonely Planet qui m'emmène dans des petites rues de maisons typiques quasi désertes, avec des temples et des cimetières à tous les coins de rue! Quel calme, quel charme! :) Photo 9: Je riais, au début, de voir ces distributeurs tous les 500m, même dans des petits quartiers tout ce qu'il y a de plus tranquille, et puis je me suis vite rendue compte qu'il tombait bien à point, vu le rythme avec lequel je descendais mes bouteilles d'eau, vu la chaleur. Photo 12: une ancienne fabrique de saké, restaurée à l'identique de l'extérieur.

Du quartier de Yanaka, je fais un bon au quartier de Ueno, avec son grand parc et ses temples. Photo 3: une idée de la tête du parc automobile japonais, faudrait pas que les voitures soient trop larges! En tout cas, on peut dire qu'ils savent faire peur preuve d'unen vachement grande rentabilité de l'espace... ;) Photo 4: un petit bureau de police. Car oui, au Japon, les bâtiments n'ont pas d'adresse propre: on les renseigne à l'aide du nom de leur quartier, mais peu de rues ont des noms et si les maisons portent un numéro, c'est en fonction de l'ordre dans lequel elles ont été construites par rapport aux autres. D'où ces petits bureaux de police où l'on peut s'adresser pour avoir de l'aide pour trouver une adresse. Photo 5: il est interdit de fumer en rue. Au Japon, les campagnes anti-cigarette ne se focalisent pas sur la déterioration de la santé du fumeur dûe à la cigarette, mais plutôt sur celle des ges autour du fumeur (dans la culture japonaise, l'intérêt de la communauté passe avant l'intérêt individuel) et donc, il est interdit de fumer en rue pour ne pas incommoder les autres; et il existe donc des espaces fumeurs en rue, oui oui :) Photo 9: une idée de la hauteur des nuages... vous avez dit "brouillard"? Photo 14: un espace de joueurs en ligne, très populaire ici!! Je n'ai pas osé rentrer pour prendre des photos. Photo 15: on se croirait presque de retour à Berlin :)

Le lendemain, je quitte enfin tout ce béton pour plus de verdure: direction la région du mont Fuji et des cinq lacs!

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Sur la route vers la région du Fuji, malgré les brumes assez épaisses au loin et les passages de pluie, je constate à mon grand plaisir qu'on s'enfonce dans de grandes étendues non seulement vertes, mais aussi bien vallonnées. À mon arrivée à Kawaguchi-Ko, j'ai de la chance, il ne pleut pas (!) et je parcours les 3km jusqu'à l'auberge au sec. Coup de bol car peu de temps après mon check-in, il se remet à pleuvoir... jusqu'au soir. J'en profite pour prendre une après-midi relax et profite de la bonne connexion internet.

Le lendemain, malheureusement, rebelote, il pleut des cordes quand je me lève... Avec les quelques semaines de mousson derrière moi qui ont déjà modifié mes plans contre mon gré, la pluie rend mon humeur vraiment maussade. Je m'étais tant réjouie d'être en pleine nature, et je n'ai plus l'énergie du début du voyage qui m'aurait poussée dehors avec mon poncho et mon appareil photo. Même si j'ai bien besoin de ce jour "off" pour avancer sur le blog, je n'ai pas l'habitude de rester coincée à l'intérieur et j'ai l'impression de perdre mon temps (oui, j'ai encore du chemin à parcourir dans l'idée de "ne rien faire n'est pas perdre du temps" ;)) Pour le ledemain, mon dernier jour complet sur place déjà, je décide de sortir, quel que soit le temps.

Et le lendemain, le dieu de la pluie ayant dû entendre mes grommellements, il fait sec et même, et même (!), on pourrait imaginer voir le soleil sortir des nuages, oui madame!! Pour visiter la région, il y trois lignes de bus touristiques différentes (principe du "hop on, hop off", où l'on descend et remonte dans le bus aux différents arrêts de la ligne) qui font le tour de trois des cinq lacs. Sur les conseils des gens de l'auberge, je décide de prendre une des lignes le matin et une autre l'après-midi, elles deux couvrant déjà une grande surface. Premier arrêt pour moi, le téléphérique de Kachi Kachi Yama qui donne vue sur le lac Kawaguchiko d'un côté et sur le mont Fuji (par temps clair) de l'autre. Si les nuages sont beaucoup trop bas et épais pour apercevoir le mont Fuji (photo 4, il est sensé se situer au loin...), la vue sur le lac est vraiment charmante! Je reprends ma route et descends quelques arrêts avant le terminus pour continuer la route à pied, le long du lac. En me baladant, je réalise à quel point la nature est différente de tout ce que j'ai vu dans le reste de l'Asie. Tout est très vert mais on est loin de la végétation luxuriante, on serait plus proche des forêts... de nos bonnes vieilles Ardennes :) Même si, je rencontre différentes fleurs que je qualifierais plutôt d'exotiques et que je doute pouvoir voir un jour au signal de Botrange (même si, avec le réchauffement climatique...)

L'après-midi, j'embarque sur la deuxième ligne qui, après avoir longé l'autre bord du lac Kawaguchiko, m'emmène sur les bords et dans les alentours du lac Saiko. Premier arrêt, le village reconstruit mais typique de Saiko Iyashi-no-Sato Nenba, qui a vraiment existé et où l'on peut observer la construction de maison typique de la région avec des toits en chaumes en forme... de casques de Samouraï (de profil) :) Dans chacune des maisons, une spécialité de la région est représentée, estampes, services à thé, et dans l'une d'elle, on peut même se déguiser en geisha pour les filles et en samouraï pour les garçons et faire un shooting photo à travers le village (exemple que j'ai trouvé gag d'une photo de samouraïs chevauchant de grosses motos ˆˆ (photo 8)). Photo 9: un des nombreux points de vue où l'on pourrait voir le mont Fuji, mais rien n'y fait, les nuages ne daignent pas se lever.

Je continue ensuite ma route vers un type d'étape un peu différent, deux attractions dans la région: deux grottes de lave créées par des éruptions du mont Fuji, la Narusawa Hyoketsu Ice Cave et la Fugaku Fuketsu Wind Cave, où l'on trouve des blocs de glace naturelle et qui servaient jadis de frigos géants. Photo 3: longue file pour descendre dans Narusawa Hyoketsu. Photos 6, 7 et 8: un peu de verdure et de champignons dans la forêt autour des grottes. Ce type de grottes servaient aussi à conserver les oeufs des verres à soie afin non pas d'avoir seulement deux périodes d'éclosion par an (au rythme de la nature) mais 3 ou 4 et d'intensifier la production de soie au Japon (photo 12). Après la visite des deux grottes, j'attrape le dernier bus (17h, un peu tôt à mon goût...) et rentre à l'auberge.

Photo 13: quand tout est en japonais et que t'es content qu'il y ait des imaaach' 

Ayant vu la veille que le ciel allait être plus ou moins "clair" entre 4 et 6 heures du matin, je retrouve un mini engouement oublié depuis longtemps à cause de la mousson et me sors du lit pour tenter ma chance et voir le mont Fuji du toit de notre auberge lors du lever de soleil. Bon, la vue n'est pas époustouflante avec les maisons et les cables électriques et non, Fuji ne s'est toujours pas montré mais ça m'a quand même réchauffé le coeur de voir enfin, depuis si longtemps, un beau soleil orange :)

Et... pendant cette nouvelle journée pluvieuse (j'ai vraiment joué de chance pour ma journée de visite), en attente de mon bus de nuit vers Kyoto, travaillant sur le blog face à la fenêtre du salon aux alentours de midi... je relève la tête et BAM qui est-ce que je vois, sorti des nuages??? LE MONT FUJI OUI OUI OUI!! Le temps d'attraper mon appareil photo et de foncer sur le toit de l'auberge, de prendre quelques clichés et 5 minutes plus tard, il était reparti dans les nuages... mais moi, je l'avais enfin vu et je pouvais partir en paix :D

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Après une pas trop mauvaise nuit dans le bus, j'arrive de bon matin à Kyoto... le ciel est bleu et le soleil se lève! Quel bonheur et quel bon présage pour mes prochains jours dans le top 1 des destinations japonaises! Bon, je commence quand même par une petite mésaventure, histoire de voir si je suis bien réveillée: ne connaissant pas le réseau de bus, je me résous à me rendre à pied à mon auberge avec mon barda; trajet annoncé par l'application qui sauve des vies (maps.me): 3 km, soit. Mais arrivée devant ce que je pense être mon auberge, le monde s'écroule: petite affiche de la photo 1 sur la porte d'entrée. Il est 6 heures du mat', je suis au milieu de Kyoto, les rues sont vides (enfin, c'est pas comme si les gens parlaient anglais et pouvaient m'aider, mais un peu de soutien moral, merde!), je n'ai pas internet et j'ai payé plus de 80euros pour mes nuits à l'auberge. PFFF!! J'essaie toutes les portes que je trouve, je sonne même à une sonnette, rien n'y fait... je reprends quand même le mail de confirmation de réservation que j'avais reçu et constate qu'à un mot près dans le nom de l'auberge, je ne suis pas au bon endroit HIHI :D soulagée, je me remets en route comme un vieil âne vers la bonne destination, 2km plus loin. Après une bonne sieste de matinée (ça se dit?), le soleil me donne des ailes et je me mets en route pour le sanctuaire shintoïste de Fushimi-Inari Taisha, qui me donnait vachement envie sur photos et qui, en-dehors du centre, fait une excursion parfaite pour l'après-midi. Autre petite anecdote (décidément, on dirait que je commence à fatiguer...), je prends LA ligne de bus qui passe par le site mais le nom de l'arrêt de bus étant différent du nom du sanctuaire, je me plante, et 20 minutes après m'être réjouie d'une joie non dissimulée de voir tous les touristes du bus (en gros, tout le bus) descendre à un arrêt bien avant "le mien", je me rends compte que j'aurais dû descendre à cet arrêt-là aussi... Damned! (bon, faut voir la tête du réseau de bus aussi... photo 2) Photo 3: J'avais déjà constaté le respect de l'ordre et de tout un chacun des japonais, mais quand même... faire la file pour attendre le bus, même pour moi et mon sang allemand, c'est choc :D

Bref, je finis par arriver au sanctuaire et là, enfin, j'ai la vraie sensation de rencontrer LE Japon auquel je pensais en planifiant mon voyage. Non seulement, je vois des geishas partout (oui, ce sont des touristes japonaises qui ont loué le "costume" pour la journée, mais quand même!), mais un décor plus japonais, tu meurs, et c'est un paradis pour la photo et les jeux de lumière et de profondeur!

Pour la partie historique, les arches oranges s'appellent "torii" (portiques de sanctuaire) et forment un sentier de 4 km qui serpente jusqu'au sommet du mont Inari-san. Je cite le Lonely Planet: "Le Fushimi Inari fut bâti au VIIIe siècle par le clan Hata, qui le dédia aux divinités du riz et du saké. Puis, l'agriculture ayant perdu son rôle prépondérant, les divinités se virent attribuer le rôle d'assurer la prospérité dans les affaires." Les renards, que l'on voit partout sur le site sont les messagers d'Inari, la déesse des Céréales. La clé que l'on voit dans leur gueule est la clé du grenier à céréales. De plus, pour les japonais, le renard est une créature sacrée et mystérieuse qui a la capacité de "posséder" les humains, leur point d'entrée favori étant le dessous des ongles (bien sûr...) (Lonely Planet). Pendant que je redescends la colline, il se met à pleuvoir et devant l'intensité de la pluie, je finis par sortir mon "beloved" poncho. Habituée à ressortir particulièrement du décor parée de ce bel accoutrement, je me rends compte une fois dedans que je ne saurais avoir meilleure tenue de camouflage: le poncho a presque la même couleur que les torii et le bas de mon pantalon gris et mes baskets foncées passent parfaitement pour le pied noir des portiques. Mon humour ne s'est pas amélioré en passant la frontière japonaise et je me demande en riant si les gens me prennent pour un gros torii ambulant :D

Je termine la journée dans Gion, le quartier (piétonnier, pour ne rien gâcher) le plus célèbre de la ville où vivent et travaillent les geishas. Il était, vers le milieu du XVIIIe siècle, le plus grand quartier des plaisirs de Kyoto. Sur une des places, je tombe sur une petite kermesse avec des stands. Quelle ne fut pas ma surprise de voir un des petits gamins porter une vareuse de foot "Belgium"!!! La photo est floue, mais il fallait que j'immortalise cet instant.

Le lendemain, je décide de me consacrer au centre-ville. Je commence par le quartier de la gare, avec le temple bouddhique To-ji. Vu le prix de l'entrée pour "un temple de plus" et en plus de tout le reste déjà, je me contente de l'enceinte du site et admire la grande étendue de fleurs de lotus, puis le temple, depuis la barrière. Je passe ensuite au temple Nishi Hongan-ji, qui est malheureusement fermé (enfin, je suppose puisque je ne trouve aucune information nulle part mais qu'on m'interdit l'entrée... sans doute ma tête de spaouta), puis au temple Higashi Hongan-ji, très impressionnant par sa taille et où l'on explique la construction de ces gigantesques temples, pour lesquels il fallait amener d'énooormes troncs des montagnes (pour les poutres que l'on voit danns le hall de la photo 7), sur d'énooormes luges, comme on le voit sur la reproduction mignature de la photo 8. Petite anecdote: les cordes traditionnelles n'étaient pas assez résistantes et craquaient sous le poids du bois, alors les fidèles ont eu l'idée de faire don de leurs cheveux et avec ceux-ci, des cordes ont été tressées (comme cette super longue corde sur la photo 9) et se sont avérées bien plus résistantes!

Ensuite je passe l'après-midi dans le quartier d'Higashiyama, avec des endroits plein de charme comme le temple de Kiyomizu-dera, perché sur une colline et entouré de verdure. A l'entrée du site, le Lonely Planet suscite ma curiosité avec une sorte d'attraction sur laquelle il reste très mystérieux, Tainai-meguri, "une petite promenade souterraine dans l'obscurité, l'une des attractions touristiques les plus originales de Kyoto". Tout comme le guide, je resterai discrète sur mon expérience, pour ne spoiler personne (:D). En plus du temple principal (malheureusement en rénovation et enveloppé d'une grande bâche) et de Tainai-meguri, deux autres endroits-clés: le sanctuaire Jishu-jinja, où l'on peut tenter de s'assurer l'amour en parcourant tout droit, les yeux fermés, les 18m qui séparent une pierre d'une autre (photos 9-11) ou où l'on peut tout simplement acheter des plaques "porte-bohneur" avec inscrit dessus le voeu que l'on souhaite voir exhausser (photo 15). Et le deuxième endroit est la cascade de Otowa-no-taki dont on peut boire l'eau qui est supposée apporter longévité et bonne santé (photo 15). J'en aurais bien eu besoin, malheureusement, la file était interminable et mon programme (vu l'heure à laquelle ferment les temples (16h-17h)) était trop serré pour que je puisse prendre le temps de faire la file, dommage.

Photo 7: Y avait même une offrande à Père-Fouettard dans le temple... 

Je me remets donc en route et traverse tout un quartier de petites rues piétonnes pleines de charme (mon quartier préféré de Kyoto), dont Ninen-zaka et Sannen-zaka, en direction du parc Maruyama-koen et des temples bouddhiques Kodai-ji et Chion-in.

Malheureusement, malgré le fait que j'aie abrégé ma visite de Kiyomizu-dera, j'arrive trop tard pour le temple de Chion-in (photo 1) (j'ai quand même un peu flâner dans Ninen et Sannen-zaka, mais aussi le temple fermait 1/2h plus tôt que ce que le guide n'indiquait...) et me rends au pas de course vers Kodai-ji, en espérant pouvoir toujours y rentrer. Ouf, il ferme 1/2h plus tard que l'autre, je me faufile encore à l'intérieur et peux encore parcourir les différents jardins du site (photos 2-4). Enfin, je fais demi-tour vers le parc pour me re-rapprocher du centre-ville pour mon souper et termine ma visite de la journée par le sanctuaire shintoïste de Yasaka-jinja, au bas du parc, considéré comme le gardien du quartier de Gion.

Le troisième jour, je commence par mon passage quotidien au supermarché pour mes provisions de la journée et j'en profite pour photographier un en-cas apparemment particulièrement apprécié des japonais et que je ne connais pas du tout, un triangle de riz avec d'autres trucs, enveloppé dans ce qui me semble être une feuille d'algue et de forme triangulaire (photo 1). Sur la photo 2, le terminal de bus de la gare et les brumisateurs qui raffraichissent les passants, car oui, il fait chaud! Bref, pour le début de la journée, j'ai prévu une visite tout à fait hors du centre, et dans des espaces naturels. Après une heure de bus, j'arrive dans la région d'Arashiyama. Première étape: le temple de Tenryu-ji et surtout, ses beaux jardins et les montagnes d'Arashiyama en toile de fond. Photo 6: une des énormes cigales qu'il y a absolument partout au Japon et qui font un potin pas possible. Photo 8: un petit lézard sympa avec presque l'arc-en-ciel complet sur ses écailles.

Je passe ensuite au site voisin, l'immense bambouseraie d'Arashiyama, très impressionnante et populaire, on comprend pourquoi. Bien sûr, je me prends au jeu et photographie à gogo mais il est très difficile de rendre l'atmosphère des lieux et la lumière très particulière qui filtre entre les épais fûts verts des bambous. Je retourne ensuite vers la rue principale et m'arrête chez un artisan estampeur qui travaille dans sa vitrine, sous les yeux attentifs des enfants passants; puis je déguste un Ama-zake, spécialité de l'endroit. Photos 7 et 8: sur le chemin de retour au centr-ville, les montagnes au loin, puis une dame que j'ai réussi à capturer sur son vélo, surtout pour ses jolies moufles/mitaines, portées par une grande partie de la gente féminine ici, qui empêchent leurs mains de bronzer et leur permettent de garder un tein le plus blanc possible, nec plus ultra de l'élégance au Japon.

Dès mon retour en ville, je me dirige vers le nord du quartier d'Higashiyama, où l'on trouve différents temples dans des sites très verts et surtout, la promenade de la Philosophie, Tetsugaku-no-Michi. Je commence par le temple Nanzen-ji et ses jardins; puis entame la paisible promenade le long du petit canal bordé de cerisiers (malheureusement pas en fleurs à cette époque). Je savoure vraiment cette balade au calme, au son des cigales, et en presque pleine nature, à l'ombre des arbres. Je quitte un moment la promenade pour visiter le temple de Honen-in mais les indications étant peu claires, je dévie de la promenade un peu trop tôt et me pensant un peu perdue, je tombe tout à fait par hasard sur un cimetière (je découvre ensuite qu'il est attenant au temple) d'un charme incroyable. Je suis seule, aucun touriste à l'horizon et je vois juste ce petit jardinier qui travaille au pied d'un arbre. Ma curiosité me pousse à monter les quelques marches qui me séparent de lui et je découvre ce cimetière si paisible et si beau, avec ses groupes de tombes bien ordonnées, ses gigantesques arbres et la lumière du soleil qui filtre à travers. Je suis sous le charme et y resterais bien des heures. Je finis quand même par me remettre en route et, à la fin de la promenade, j'ai encore une ou deux heures d'ensoleillement devant moi (finalement, le temple de Honen-in en lui-même ne cassait pas trois pattes à un canard et j'ai vite fait le tour) et décide d'aller jeter un coup d'oeil au Palais impérial et à son parc (photos 14-16).

Enfin, je termine la journée dans le quartier de Ponto-cho, où je me régale dans un de ces fameux restos à sushis avec tapis tournant recouvert d'assiettes que l'on pique au passage, avant d'aller un peu goûter aux charmes de la petite allée piétonne du quartier, bordée de lanternes et de façades en bois traditionnelles.

4

Pour mon dernier jour à Kyoto, je quitte la ville pour aller visiter la très célèbre Nara, à trois quarts d'heure en train de là. Nara a été la première capitale permanente de l'histoire du Japon et comprend 8 sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, pas de la crotte! Elle est aussi fort connue pour son grand parc habité par quelques 1200 daims. Je cite le LP: "Considérés comme des messagers des dieux à l'époque prébouddhique, bénéficiant aujourd'hui du statut de Trésors nationaux, ces animaux parcourent nonchalamment le parc et ses environs en quête de friandises offertes par les visiteurs". Attention, il est aussi mentionné dans le guide que les daims sont domestiqués et les gens se comportent de manière conséquente avec eux; de grâce, ce n'est pas le cas et de nombreux gens (enfants surtout, à qui on fourgue de la nourriture dans les mains pour qu'ils aillent les nourrir comme on le ferait avec des canards) se font mordre ou reçoivent des coups de tête ou de bois. Comme dans différents pays d'Asie où il y a des singes et où les gens les ont habitués à être nourris par l'homme, j'ai constaté que certains daims étaient voleurs voire bagarreurs quand de la nourriture apparaissait, des comportements qu'ils n'avaient pas à la base, si l'homme s'était abstenu dès le début... Bref, y avait quand même des daims sympas aussi, comme celui de la photo 2 qui fait un sourire Colgate pour la photo :D Je commence la visite par le temple de Kofuku-ji, avec ses deux pagodes de 1143 et de 1426 (respectivement de trois et cinq niveaux). Celle de cinq niveaux est la deuxième plus haute du Japon, après la pagode To-ji de Kyoto, qui ne la surpasse que de quelques centimètres. Je continue ensuite avec les jolis jardins de Yoshiki-en, gratuits pour les étrangers (j'étais tellement ébahie que j'ai dû prendre une photo...) (photos 5-8)! Sur la photo 9, les barrières de travaux que je trouvais super craquantes :) Arrive enfin la visite du site majeur de Nara, le majestueux temple Todai-ji qui habrite, dans le Daibutsu-den (pavillon du Grand Bouddha) le célèbre Bouddha Daibutsu. Il faut quand même dire que le pavillon est l'un des plus grands édifices de bois au monde (et encore, le bâtiment que l'on peut voir actuellement (reconstruit en 1709) ne représente que deux tiers de la construction d'origine). Le Bouddha qu'il habrite est l'une des plus grandes statues de bronze au monde, elle fait un peu plus de 16m de haut, pour 437 tonnes de bronze et 130kg d'or, oui madame!

Photo 4: un super entrepôt à parapluie, très japonais/ Photo 15: la grand-mère du Petit Chaperon Rouge

Je continue ma petite route et croise toujours plus de daims... Quand on dit que y en a beaucoup, y en a vraiment beaucoup! Ils ne sont vraiment pas farouches et s'installent où bon leur semble :D Je passe par le temple de Nigatsu-do qui offre une jolie vue sur le reste de Nara puis termine ma visite au superbe sanctuaire shintoïste de Kasuga Taisha. Le sanctuaire, ainsi que les allées boisées qui y mènent, est paré de centaines de lanternes, en métal ou en pierre, qui sont allumées lors de la fête des lanternes de Mantoro. Sur la photo 11, on peut imaginer le résultat de toutes ces lanternes allumées lors de cette fête, grâce à une pièce du santuaire plongée dans le noir avec pour seule lumière les lanternes, créée pour les visiteurs. Le sanctuaire a été fondé au VIIIe siècle et fut reconstruit tous les 20 ans, selon la tradition shintoïste, jusqu'à la fin du XIXe siècle!

Enfin, je retourne à Kyoto et me prépare, le lendemain, à partir pour quelques jours dans les alpes japonaises (oui, on les appelle comme ça), à Takayama.

5

Après une matinée de bus, priant pour être dans le bon, vu mon ticket complètement en japonais, j'arrive à bon port à Takayama, aux portes des alpes japonaises. Je décide de commencer l'après-midi par un bon repas puis me met à la rédaction du blog le reste de la journée. Aiguillée par le Lonely Planet et conseillée par une française travaillant à mon auberge, je décide de faire le lendemain la balade d'une journée à Kamikochi, au coeur des alpes, dans le Chubu Sangaku National Park, d'une superficie de 174 323 ha. Bon, le plafond est très bas, la brume est épaisse mais il ne pleut pas, et c'est déjà pas mal (je finis par me contenter de peu, comme quoi...). Je descends du bus au Taisho Pond, un lac formé lors de l'éruption du Mont Yakedake (caché dans la brume) en 1915, qui a bloqué la rivière et formé cette étendue d'eau (photos 3-5). Je continue ma route sur un chemin en pilotis dans la forêt bordant le lac, innondée depuis la fameuse éruption et parsemée de petits étangs plein de poissons et de canards, jusqu'aux marais Tashiro Shitsugen qui offrent un fameux panel de couleurs, avec le jaune fluo des herbes, le rouge des métaux dans l'eau et le vert foncé, presque noir, des montagnes de part et d'autre (photos 8 et 9). J'arrive ensuite le long de la rivière Azusa et là, miracle, le plafond nuageux s'amincit un peu et on commence à apercevoir les montagnes autour. Je suis sous le charme!!

J'arrive au pont Hotaka où tout le monde s'arrête pour manger et décide de continuer ma route pour devancer la foule de familles et de marcheurs (j'avais en effet prévu le coup et avais mon casse-croûte dans le sac à dos, ce qui me permettait de m'arrêter où bon me semblait, malin le lapin!). Je me réenfonce ainsi dans la forêt où je tombe sur des petits torrents et... des singes! Ici, il est interdit de les nourrir et donc aucune agressivité, ils vivent leur vie juste à côté des randonneurs (plus à l'aise, tu meurs)! Enfin vient le moment de la pause midi, près du pont Kappa, avec les montagnes et collines en toile de fond qui se dévoilent timidement. Une fois passé le pont, le retour se passe presqu'uniquement dans la forêt et je mitraille donc beaucoup moins. Juste une dernière photo de la rivière avec un peu de soleil sur les montagnes avant de reprendre le bus vers Takayama. Et une demie heure plus tard, il se met à dracher, décidément j'ai vraiment eu un bon timing!

Encouragée par différentes personnes m'ayant relaté ses bienfaits surtout après une journée de marche, forte de mon expérience dans mon super logement à Tokyo (euh...?) et me disant que je ne reviendrais quand même sans doute jamais au Japon, je prends mon courage à trois mains et décide d'aller me relaxer (tout est relatif quand t'es à poil avec des dizaines d'autres dames, mais bon) dans un onsen, ce bain public typiquement japonais. Bon, j'avoue, je me baladais en essuie d'un bain à l'autre (les dames me regardaient vraiment bizarrement... ou bien elles admiraient mon incroyable silhouette, je ne sais pas...) mais j'ai quand même joué le jeu! J'ai beaucoup admiré les plafonds et les jolis jardins autour (ben oui, sinon, y avait toujours bien un corps ou l'autre qui se mettait dans mon champs de vision -_-). Mais franchement, pas de quoi casser trois pattes à un canard! Même en payant un prix un chouya plus élevé, ça ne reste que trois différents bains à des températures de ouf (dont un en extérieur avec des ptites pierres et une mini cascade, certes) et moi qui pensais devoir me forcer à sortir (on s'habitue presque à être nu, oui oui), j'ai dû passer un pacte avec moi-même pour rester au moins une demie heure dans l'eau. Allez, je reconnais, après je me suis éclatée avec toutes les lotions et les produits qu'ils mettent à disposition dans les "douches" (ce sont en fait des rangées de coiffeuses avec miroir et petit tabouret; parce que oui, dans les onsen, on se douche assis en papotant avec sa voisine. Hem) :D

M'étant inscrite à une excursion pour visiter un petit village l'après-midi du lendemain, je décide de visiter Takayama le matin. En effet, en planifiant mon itinéraire, je pensais loger à Kamikochi pour profiter directement des environs mais les logements étant tellement chers (genre 80eur la nuit, alors que je payais ça pour 3-4 nuits aux autres endroits au Japon) je m'étais rabattue sur la ville de Takayama qui, au final, était réputée pour son architecture typique peu altérée par le temps et qui avait beaucoup de charme. Je me lève donc tôt le matin et commence par faire un tour au marché Miyagawa, le long de la rivière, puis atteris au sanctuaire Sakurayama Hachimangu, dédié à la protection de Takayama. Malheureusement, il se met à pleuvoir, mais je décide de quand même poursuivre ma balade, parée du plus beau poncho du monde. Je retourne vers le centre et passe par les rues piétonnes où l'architecture a été la mieux préservée, mais la pluie se transforme en trombes d'eau et, trempée, je rends les armes et rentre à l'auberge, incapable de visiter plus et surtout, d'en profiter.

Pour la visite du village folklorique de Shirakawa-go l'après-midi, je rencontre Anna, russe, de mon auberge. Nous nous rendons ensemble au bus, toutes les deux peu convaincues par le temps (il drache toujours...) mais il est impossible d'annuler la visite et nous avons déjà payé. Nous rejoignons d'autres touristes dans le bus et surtout, une guide japonaise SUPER motivée qui déborde d'entrain et est absolument adorable. Impossible de garder nos mines maussades avec cette guide et c'est de bonne augure car, après une heure de route, nous arrivons à destination et... il ne peut plus!!! Nous nous arrêtons d'abord un peu en hauteur pour avoir une vue d'ensemble sur le village, c'est absolument charmant et encore différent de ce que j'ai vu jusqu'à présent. Grâce à la pluie, les grenouilles sont de sortie, comme la petite de la photo 3. Ensuite, nous reprenons le bus qui nous amène en bordure du village. Il s'agit d'un vrai village (contraire des villages témoins) de quelque 600 habitants et 110 édifices dans le style gassho-zukuri, qui est patrimoine mondial de l'Unesco. Le style gassho-zukuri fait référence aux toits particuliers de ces maisons, en chaume et très pentus afin de supporter les chutes de neige très abondantes de cette région montagneuse. À l'intérieur des maisons, les vers à soie étaient élevés à l'étage qui était chauffé par des foyers placés au rez-de-chaussée. La chaleur permettait également de conserver le chaume au sec. Cette toiture spécifique demande un peu d'acrobatie pour changer sa paille, et des poutres sortant du faîte permettent aux artisans de s'accrocher pendant qu'ils travaillent sur le toit. Sur la photo 8, une photo du dernier changement de toit en 2001 d'une des plus haute maison de Shirakawa-go (5 étages!), de la famille Nagase, datant de 1890 construite avec des cyprès japonais âgés de 150-200. Il faut savoir qu'il a fallu trois ans pour construire cette maison et que plus de 500 personnes ont travaillé au dernier changement de toit (après plus de 80 ans!). Après une heure et demi de temps libre sur le site, nous rentrons à Takayama.

Et le lendemain, je boucle ma boucle japonaise et rentre à Tokyo pour y passer deux jours avant mon grand saut vers l'Amérique du Sud!

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Heureux hasard (je dis "heureux" puisque ma première impression de Tokyo avait été fort mitigée à cause de tout ce béton), il me reste à visiter différents sites bien verts pour mon dernier jour complet de visite à Tokyo! Je commence par le site de Meiji-Jingu, un sanctuaire shintoïste qui rend hommage à l'empereur Meiji et son épouse Shoken, situé dans un énorme parc. Le torii en bois de la première photo mesure 12m de haut et a été sculpté dans un cyprès de Taïwan vieux de 1500 ans. Photo 4: pendant la période Meiji, le Japon s'est fort tourné vers la culture occidentale, ses us et coutumes; l'empereur Meiji appréciait d'ailleurs particulièrement les vins de Bourgogne ;) Au cours de ma balade dans le parc, je vois de plus en plus de groupes de gens en costume se déplacer, prendre des photos (photo 5, coup de chance d'être arrivée à ce moment-là) ou... répéter des chorégraphies (photo 7)! Et en effet, sur le chemin de retour vers la bouche de métro, je passe devant une énorme scène où des groupes de danses se succèdent! Super ambiance et... quelle synchronisation et quelle élégance dans les groupes!

Je passe ensuite dans un tout autre décor et m'enfonce dans le quartier de l'électronique et du Manga, Akihabara, surnommé "l'épicentre de la culture geek" par le Lonely Planet. Bien sûr, cela fait partie de la culture japonaise et je ne pouvais manquer ça! Façades d'immeubles entièrement recouvertes de pub manga, personnes déguisées dans la rue et... centres de jeux électroniques où la musique va à fond, où les rangées de joueurs n'ont pas de fin et où l'on mange, boit et même fume (dingue, surtout pour le Japon!) les yeux rivés sur l'écran (photo 5)!

Photo 1: S'il est interdit de fumer en rue, le Japon a pensé à tout et a créé des espaces fumeurs... dans la rue! 

Pour l'après-midi, je rechange complètement de décor et pars dans le quartier d'Asakusa. Petit détour par le bord de l'eau pour prendre une photo du Super Dry Hall et sa flamme dorée de 360 tonnes. Selon le Lonely Planet, la compagnie prétend qu'elle représente la mousse sur un verre de bière, mais les habitants la surnomment "l'étron d'or"... ˆˆ (pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, comme moi, ça vaut la peine de googler ce mot) Pour ensuite me diriger vers le site du quartier, le Senso-ji. Dans le Lonely Planet, ils mettent que c'est le temple le plus visité de Tokyo et... j'en ai très vite la confirmation. Une foule dense qui n'avance pas, pour venir voir quoi, au juste? Une statue en or d'une déesse bouddhiste, Kannon, que deux pêcheurs auraient miraculeusement retiré des eaux du fleuve en 628, selon la légende, mais qui n'est même pas exposée au public... Malgré la beauté des différents temples et pagodes (celle de 5 étages fait 55m de haut!) du site, et devant l'impossibilité de prendre des photos décentes avec cette agglomération de gens partout, je perds très vite patiente et m'extirpe rapidement de ce cauchemar de monde (oui, oui, les voyages rendent zen qu'ils disent :D ) Et je termine paisiblement la journée dans un endroit qui me convient bien mieux: les jardins du palais impérial, grands espaces verts au calme! Situé en bordure du quartier d'affaires de Marunouchi, j'ai un autre aperçu des gratte-ciels de Tokyo, qui me dérange néanmoins bien moins que lors de mon premier séjour (le soleil y jouerait-il un petit rôle? :)). Sur la photo 11, le contraste entre les bâtiments d'époque du site et les gratte-ciels à l'arrière plan qui m'amuse beaucoup. Enfin, dernier petit tour par la gare qui vaut le détour, et qui dénote fort par rapport au reste de l'architecture de la ville; avec son style qui ressemblerait bien au style des gares hollandaises voire belges, selon mon opinion. Dernière photo: Je m'étais étonnée, au début de mon séjour, qu'ils dessinent un garde qui dort sur leurs panneaux d'attention, puis je me suis rendue compte qu'il ne dormait pas, mais qu'il se bassait en avant avec les yeux fermés en signe de respect et de remerciement. Je voulais partager cette grande découverte :D

Et le lendemain, ouf, j'ai encore ma matinée avant de prendre l'avion pour enfin pouvoir visiter le fameux marché aux poissons de Tsukiji! Je me lève donc bien tôt et me rends sur le bon site, directement cette fois (...). Alors, qu'est ce qu'il a de spécial, ce fameux marché? Bon déjà, c'est quand même le plus grand marché au poisson du monde, avec environs 2000 tonnes de poissons et fruits de mer qui y transitent tous les jours (hé ouais!). Parmi toutes le sortes de poissons, c'est le thon rouge (maguro) qui tient indiscutablement la vedette: il fait l'objet d'une vente aux enchères tous les jours à 5h du mat (oui, m'dame)! Il est possible, pour un nombre limité de personnes extérieures, d'assister à la criée au thon (nom officiel), mais ça se mérite: seuls 120 visiteurs sont autorisés à y assister depuis une galerie, et il faut être à 5h sur place pour s'inscrire. Petit détail en plus: premier arrivé, premier servi! Donc, sur les conseils du Lonely Planet, il vaut mieux se présenter à 4h pour être sûr d'avoir une place... Moi, je ne suis plus aussi courageuse (aussi, les transports en commun n'étant pas ouverts aussi tôt, il faut soit prendre un taxi, soit dormir sur place, dixit le LP) et j'arrive donc là vers 7h, toute guillerette. Je passe devant le sanctuaire Namiyoke-jinja, dont les divinités protègent les marins (photo 2), et me présente à l'entrée du site. Et là, on m'indique que le secteur des grossistes intermédiaires (en gros, la partie intéressante) n'ouvre qu'à dix heures aux touristes (en sachant que vers 11h, il n'y a quasi plus personne sur le site...) et on m'oriente vers une autre direction. Je suis quand même vachement déçue mais commence à me balader sur le reste du site. Ici, et c'est sans doute une des grandes particularités de l'endroit, rien n'est fait pour le touriste. Le marché vit et il est la scène d'une chorégraphie échevelée de charriots élévateurs et de charette à bras, personne ne s'occupe des touristes et il vaut mieux faire attention à ne pas se retrouver en plein milieu! Sur la photo 3, un aperçu du site avec les camions en train de se vider et les hommes à vélo ou sur machines se déplaçant à grande vitesse. N'ayant pas de plan du site et ne sachant pas exactement où se situe ce fameux secteur des grossistes intermédiaires, je me dirige innocemment (oui oui!) vers un endroit qui m'a l'air plus animé que le reste. Ha ha! Enfin je les vois, ces étals de poissons, enfin je la sens cette effervescence! Et, tout en étant en alerte pour ne me retrouver sur le chemin de personne, je commence à me balader en prenant des photos et des vidéos. Et bien m'en a pris de ne pas attendre avec l'appareil photo car cinq minutes plus tard une petite dame avec un gilet fluo (et très gentille, je dois le dire, je me serais prise des coups de pieds aux fesses si je n'avais pas été au Japon...) m'indique que je suis sur le secteur des grossistes intermédiaires, que non, cette partie n'est pas ouverte au public avant 10 heures et que non, je ne peux ni filmer ni prendre de photos. OUPS! Elle me fournit un plan du site et m'oriente vers le marché extérieur.Il s'agit de 4-5 mini rues avec des magasins vendent des algues et autres matériels liés à la consommation du poisson, et avec toute une série de petits restaurants (photos 8-10) où l'on peut manger du poisson venant directement du marché (plus frais, tu meurs!). Et y en a où il faut faire la file! Devant encore faire le trajet jusqu'à l'auberge, mes bagages et quittant le centre-ville à midi pour l'aéroport, il m'est impossible d'attendre jusque 10heures l'ouverture du secteur des grossistes... Quand même fort déçue après avoir eu l'excitation de voir ce lieu unique en effervescence, je décide de quand même profiter de l'endroit comme il se doit et malgré les 8 heures du matin, je m'avale une assiette de thon cru (avec du riz quand même):D Sur la dernière photo, une photo aérienne du site (partie inférieure), fameuse superficie!

Ainsi se terminent mes aventures en Asie et commence une nouvelle page de mon voyage, de l'autre côté de l'océan ou, puisque ma route est pleine de surprises, déjà même dans l'océan... à suivre! :)

7

Après cette étape courte mais intense au Japon, voilà de nouveau le moment de faire le bilan. J'avoue, je n'ai décidé de m'y arrêter que parce que j'y anticipais une escale obligatoire pour passer de l'Asie en Amérique du Sud et parce que je savais que je ne le choisirais jamais comme destination de vacances. Néanmoins, j'avais quand même un peu de curiosité pour sa culture et son architecture. Etant préparée à des dépenses plus élevées, j'avais limité mon séjour à deux semaines, dès le début. Et en effet, le côté financier a vraiment été difficile à gérer psychologiquement, surtout lorsque cela s'ajoutait à une météo peu (voire pas du tout) clémente lors des étapes en nature (en plus!), ce qui faisait que non seulement je payais fort cher mais en plus, pour ne même pas en profiter... De mon point de vue, le Japon n'est clairement pas une destination faite pour les backpackers, ou en tout cas, pas dans le cadre d'un tour du monde, mais je reste convaincue que chaque pays vaut la peine d'être visité et qu'il y a toujours quelque chose à en retirer et à y apprendre, donc tant qu'à y être, j'ai essayé d'en profiter un maximum, dans les limites de mon budget. Et heureusement, mon voyage au Japon ne s'est pas résumé à des tracas d'argent et une humeur aussi maussade que le ciel gris que j'y ai eu par moments! :) J'y ai aussi été absolument charmée par l'architecture (surtout à Kyoto, mon étape coup de coeur), j'y ai découvert une culture incroyable de plusieurs centaines d'années encore fort présente actuellement non seulement sur les sites historiques mais aussi dans les moeurs des gens (la cérémonie du thé, manger sur une natte au sol et enlever ses chaussures avant de passer à table, se saluer en se penchant en avant,...); une grande finesse et une grande classe non seulement dans leur manière de se comporter (tout le monde fait la file pour tout, personne ne s'énerve ou s'impatiente, on sourit!) mais aussi dans leur look (les gens sont souvent fort élégants et, chose impensable dans notre culture, la majorité des hommes porte un sac à mains!); beaucoup de respect pour les autres, l'ordre et l'environnement; et presque trop de politesse (anecdote véridique: une fois, j'attendais un bus devant un hôtel plutôt haut de gamme et je me suis rendue compte que chaque fois qu'une voiture quittait l’hôtel, vraisemblablement avec des clients, deux ou trois hôtesses se postaient sur le trottoir et faisaient de grands signes d'au revoir jusqu'à ce que la voiture tourne au coin, puis saluaient en se penchant bien bas en avant).Je me suis aussi rendue compte que dès que les gens parlaient un peu anglais, ils étaient ravis d'aider (aussi, certains qui ne connaissaient pas l'anglais et qui me parlaient en japonais pendant plusieurs minutes, sans s'arrêter devant mon regard interrogatif), et j'ai rencontré plusieurs personnes de l'industrie touristique qui m'ont aidée avec tant d'enthousiasme, d'humour, une voix qui chante et un regard si pétillant, qu'il m'était impossible de ne pas être attendrie et de ne pas avoir envie de rire avec eux. J'y ai (ré)appris à monter à l'arrière du bus et à sortir par l'avant ainsi qu'à faire la file en l'attendant, à ne pas payer l'addition à table mais bien à la sortie car on ne sort pas d'argent là où on a mangé, j'y ai amélioré ma technique pour manger avec des baguettes, même les grains de riz (oui oui!) et, bien sûr, j'y ai fait l'expérience des bains publics! Bref, je pense pouvoir dire que tout l'un dans l'autre, c'est un bilan plutôt positif et j'en garderai de beaux souvenirs (notamment ceux de mes nombreux fou-rires en solo)!

Même si en quittant la Thaïlande, j'avais déjà un peu eu l'impression de quitter l'Asie (le Japon étant, pour moi, un peu à part), le fait de concrètement passer de l'autre côté de l'océan, d'arriver en Amérique du sud, d'approcher tout doucement le cap des 6 mois et de passer dans la deuxième moitié du voyage, je me suis retrouvée de manière vraiment involontaire à faire le point sur cette première partie du voyage. Que d'expériences incroyables vécues, que de personnes extraordinaires rencontrées et que de lieux magnifiques visités! Même moi qui l'ai vécu, ça me donne presque le tournis de voir défiler ces images inoubliables! Que de choses apprises sur moi, que de leçons de vie et d'humilité, et quel sentiment de mieux-être je ressens, cette sensation de re-respirer à pleins poumons pour la première fois depuis longtemps et d'avoir laissé en chemin un poids ou d'être sortie d'un costume que, je m'en rends compte maintenant, je m'étais sans doute mis toute seule, en tombant dans les déformations et les brèches de notre société qui semble pourtant si attirante pour les populations des pays que je traverse. Et l'impression (à tester à mon retour, suspense!) d'avoir des codes et d'être mieux armée pour ne pas retomber dans ce que je vais appeler ces travers. WAOUW! :D Pourtant, je dois aussi vraiment me rendre à l'évidence: je suis fatiguée. Etonnamment, ce n'est pas spécialement une fatigue de faire et défaire mon sac et de dormir dans des endroits différents toutes les 3-4 nuits, comme j'ai pu avoir par périodes au début, mais plutôt une fatigue physique qui me rend par moments très lasse et, surtout avec la chaleur et la moiteur de la mousson, sans forces. Voyageant seule, je n'ai aucun point de repère, personne faisant le même voyage que moi, et n'ai aucune idée si mon programme est trop chargé ou pas! Et là, les personnes sages de mon entourage me disent: "Chargé par rapport à quoi? A qui? Ce voyage, tu le fais pour toi, ne te compare pas!" Et, après plusieurs semaines de réflexion déjà en Asie (tout comme il m'a fallu longtemps pour accepter que j'avais le droit d'être fatiguée par mon voyage), j'ai décidé de lever le pied en passant en Amérique du Sud. Ayant déjà parcouru un certain chemin intérieur et répondu à beaucoup de mes questions parfois même pas formulées, ayant acquis une certaine assurance en tant que voyageuse (ainsi que de manière plus générale) et une certaine confiance en la vie, j'ai l'impression de passer dans une phase où il va plus s'agir de profiter du voyage. Je suis maintenant en paix avec l'idée que je ne peux pas tout visiter partout et j'ai envie de rallentir la vapeur. Et ça tombe plutôt bien, puisqu'en planifiant mon voyage, j'avais prévu, à l'instinct, entre 5 et 7 semaines dans chacun des 4 pays d'Amérique du Sud que je vais visiter. Alors, la vie est bien faite ou pas? :)