Après un petit-déj' au terminal des bus de Buenos Aires, je me mets en quête du bus qui m'amènera à la Fundación, située dans la périphérie de la ville, à Ciudad Evita. Ce n'est pas chose aisée... Tania, la copine belge du cours de Krav Maga via laquelle j'ai connu la Fundación et que je vais retrouver là-bas, m'a dit quel bus je devais prendre, mais pas où. Je prends d'abord un taxi qui m'amène en ville et m'indique là où il pense que je trouverai mon bus 180. Ce n'est pas là. Je continue mon chemin et demande à trois personnes différentes qui m'envoient chaque fois dans une autre direction... La ville est immense, il fait chaud et je suis bien chargée, ras-le-bol! :D Je finis par décider d'aller au terminal des bus locaux et là, enfin, je trouve le point de départ de mon 180!! La Fundación doit être à une trentaine de kilomètres du centre en voiture, mais c'est deux heures après que le bus s'approche enfin. Je rate d'abord le bon arrêt, et à l'arrêt suivant, le bus n'attend pas que je sois descendue pour redémarrer! C'est donc deux arrêts trop loin que je descends -_-' Je sais que la Fundación est en bordure de la deuxième favela de Buenos Aires et je suis un peu sur le qui-vive en la longeant, mais j'arrive sans encombres devant le grand panneau d'entrée du site (photo 1, capture d'écran de Google Streetview). Bingo! :D
Quand j'arrive, je suis gentiment accueillie par Diego, volontaire colombien, qui m'indique où est Tania: au potager! Ça commence bien :D Elle est en train de travailler parmi les légumes avec une petite équipe de jeunes et me propose de venir les aider. Malgré la mauvaise nuit dans le bus et la route, je trouve ça plus chouette de m'immerger directement dans l'ambiance et je commence donc à gratter la terre. Pour les jeunes, je suis comme un nouvel animal au zoo! héhé Ils me posent des questions mais j'ai vraiment du mal à les comprendre: toujours pas habituée à cette fameuse façon de parler et puis, ils ne font pas vraiment d'effort pour parler plus lentement (I love teenagers :D), au contraire même pour certaines qui me testent déjà ˆˆ Néanmoins, je dois quand même remercier Pôpa et Môman de m'avoir donné, à leur insu à l'époque, le même prénom que le célèbre poisson du dessin animé Le Monde de Nemo, qui me donne un capital sympathie incroyable auprès des jeunes :D Ainsi se termine cet après-midi paisible, dans la chaleur du soleil descendant et le calme de l'endroit. Photo 2: le bâtiment principal avec la salle à manger/de jeux, les cuisines, le bureau et les pièces de rangement. Photos 3 et 4: la graaande plaine de jeux et le terrain de football. Photos 5 et 6: l'enclos des oies et des poules et le potager, grand projet de Tania qui se développe bien. Et enfin, photos 7 et 8: la maison des bénévoles et le salon ainsi que sa grande fresque murale. Nous sommes à trois dans la maison quand j'arrive. Des 6 autres bénévoles, Tania et Ferdinand (son compagnon belge, volontaire depuis 5 ans à la Fundación) habitent de leur côté, Edmy (Vénézuela, volontaire depuis 1 an) est en vacances, Diego (Colombie, volontaire depuis 1 an) occupe momentanément la maison d'un ami absent; dans la maison avec moi restent Jessica (Mexique, volontaire depuis 2 ans) et Fernanda (Brésil, volontaire depuis 10 mois). On peut dire que c'est international! Et que ça va bien m'aider à mettre mes cours d'espagnol en pratique, car bien sûr tout se fait en espagnol la journée avec les enfants, mais le soir, ça continue à la maison :) Pour mon premier soir, Tania propose de manger tous ensemble à la maison et nous terminons autour d'un plat d'empanadas maison, s'il vous plait! Super chouette!
Mais, en plus des bénévoles et des enfants, il y a d'autres habitants à la Fundación! Avec nous, dans la maison, deux chattes dont Jess est dingue, l'une plutôt caline, Cinza (preuve en photo 1) et l'autre plus sauvage, Bikina (photo 2); et puis Blanca, chèvre adorable qui s'apparente plus à un animal de compagnie tellement elle est sociable, qui adore rentrer dans la maison pour filer au bac à légumes et qui passe la plupart des nuits sur le siège de la photo 4, sur notre terrasse; Helado chienne fidèle qui cherche aussi toujours notre compagnie; José Mari, le cheval; les trois lapins avec les deux canards (qu'on ne voit pas sur la photo 7); le cochon Pepa qui veut toujours s'échapper de son enclos, pour le plus grand bonheur des bénévoles qui doivent l'y remettre (phot 8) et enfin, les oies et leurs nombreux bébés devenus bien grands durant mon séjour, qui partent se balader sur le site le week-end, quand il y fait plus calme. Une fameuse ménagerie qui apporte beaucoup de vie à l'endroit et qui évolue avec les enfants.
La Fundación est en fait un centre de jour pour les enfants de la favela (bidon-ville) d'à côté. Ils vont à l'école le matin puis viennent au centre l'après-midi. Il y a de gros problèmes de drogue dans la favela et nombreux sont les enfants dont un ou les parents sont soit sous l'emprise de la drogue soit en prison à cause de ça. Ca fait 7-8 mois que Tania et Ferdinand travaillent le matin dans la favela en collaboration avec le prêtre local, jeune et dynamique, et essaient d'aider les drogués qui veulent s'en sortir. Depuis qu'ils ont commencé, ils ont déjà réussi à sortir une septantaine de personnes de la drogue! Quelle victoire!! Mais il y a encore beaucoup de travail... Tania me raconte des histoires dramatiques. Je trouve leur travail tellement courageux et impressionnant, voire parfois même dangereux car évidemment, les dealers qui vivent dans la favela ne voient pas leur travail d'un bon oeil... Au centre, nous travaillons donc les après-midis de la semaine; les week-ends et les matinées sont à nous et j'en profite pour étudier mon cours d'espagnol tous les matins, et le soir et le week-end, pour passer du temps avec mes compagnons et continuer à trier mes innombrables photos.
Le lundi, c'est le jour du soutien scolaire, il n'y a pas d'activité particulière mais on aide les enfants qui viennent avec leurs devoirs. Les mardis et jeudis, ce sont les jours des petits, de 3 à 11 ans. Il y en a entre 35 et 50, selon s'ils viennent ou pas. Et les mercredis et vendredis, ce sont les jours des grands, de 12 à 18 ans. Il y en a à peu près 25, quand ils viennent tous. Avant, les deux groupes venaient tous les jours, mais le nombre n'était pas gérable pour les volontaires et l'organisation était plus difficile au niveau des activités, avec les différentes tranches d'âge. Notre journée commence à 11h. Nous installons les tables et préparons les locaux. Chaque groupe a sa propre configuration: pour le soutien scolaire, des groupes de tables (photo 1) et une petite table pour le dîner (il y a max une vingtaine d'enfants qui y viennent); pour les grands, une grande table suffit (photo 2); et puisque les petits sont nombreux, deux grands C et une table à part pour les tout petits (photo 3). Vers 12h, les enfants arrivent. Ils ont une heure de temps libre, avec les jouets à l'intérieur ou bien sur la grande plaine de jeux et au terrain de foot, dehors. A 13h, on dîne. Les enfants ont tous les jours un repas chaud ici, comme ça on est sûr qu'ils aient un repas correct au moins une fois sur la journée. Viande et féculent et si on a de la chance, un peu de légumes, parfois même du potager :) Et puis un dessert. Après, et c'est nouveau de quelques mois, tout le monde passe au lavage de dents!! :D Car il y en a peu qui se les lavent à la maison. Je trouve que c'est vraiment une super initiative! Ensuite, de 14h30 à 15h30, les volontaires se répartissent les groupes et chacun fait une activité: bricolage, jeux de société, potager, pâtisserie, jeu de piste, ... De 15h30 à 16h30, les enfants ont de nouveau une heure de temps libre, puis nous mangeons le goûter. Et vers 17h, la journée se termine.
Le lendemain de mon arrivée, c'est la journée des petits. Si j'avais apprécié le côté paisible de la fin de l'après-midi de la veille, je pense que je peux qualifier la journée du jeudi de tout sauf paisible... :D Pour les grands, nous sommes plutôt là comme encadrement, mais les petits ont besoin d'une surveillance constante et que nous ayons les yeux absolument partout. Nous devions en avoir une quarantaine ce jeudi et ça fusait dans tous les sens! Quand ils sont dehors, ils s'amusent entre eux et nous, à part les pousser sur les balançoires, on s'assure principalement que personne ne se blesse et qu'ils restent sur le site. Mais quand on passe à table, au brossage de dents et à l'activité de l'après-midi, ça devient plus... intense. Je ne connais pas encore les prénoms et ai souvent du mal à les comprendre quand ils parlent, mais je me sens surtout particulièrement impuissante à cause du blocage de la langue. Si je me débrouille sans problème dans la vie de tous les jours du voyage, mettant un point d'honneur à ne parler qu'espagnol, j'ai l'impression de redémarrer à zéro avec eux car je ne connais pas du tout le langage approprié; vocabulaire de l'enfance, bien sûr, mais aussi expressions d'usage quand il faut les recadrer. Pour moi, c'est un jour très hard core. Le lendemain, la journée est plus relax avec les grands, ouf :) Nous terminons la semaine en passant une chouette soirée chez Diego avec Jess et Fernanda. Pour le week-end, Ferdinand et Diego m'ont assigné une tâche importante: puisque Ferdinand a de la famille en visite et que Diego vit chez son ami, ils me demandent de m'occuper des animaux en leur absence. Oufti! Moi, même pas peur, j'ai accepté bien sûr. Et je me suis donc amusée à nourrir les lapins, changer José Mari (le cheval) d'endroit trois fois par jour et donner à boire à Pepa (le cochon), tout ça avec mes fidèles compagnons Helado et Blanquita (la chèvre, oui oui) sur mes talons :) J'étais aussi censée remettre la Blanquita dans l'enclos des oies pour la nuit mais j'ai abandonné en la retrouvant le lendemain matin sur le fauteuil de notre terrasse ˆˆ Bon, ça été moins amusant quand deux gars de l'armée sont venus m'avertir que Pepa s'était échappée de son enclos... (Grâce à des fonds relevés en Belgique, la Fundación est en train de faire construire un bâtiment qui sera dédié uniquement au groupe des grands. Le temps des travaux, l'armée, qui est fort présente dans cette partie de la ville, a demandé si elle pouvait occuper le bâtiment et nous avions donc en permanence un groupe de soldats au fond du domaine.) J'appelle Jess et Fernanda en renfort, n'ayant aucune idée de comment ramener ce foutu cochon dans son enclos (quand elle s'échappe d'habitude, Diego et tous ses muscles la soulèvent et la ramènent de force. Moi, impossible.) Nous commençons donc maladroitement à la cerner pour la ramener vers l'enclos. Cause toujours. Je prends un bâton et la pousse gentiment comme je peux. Marche pas. Je finis par me résoudre à y aller à mains nues (yucks!) et pousse de toutes mes forces sur son popotin, elle fait deux mètres dans la bonne direction puis repart dans un autre sens. J'ai les mains qui sentent l'enclos à cochons (#VIVELAFERME). Bref, après avoir perdu Fernanda qui a renoncé, plusieurs tentatives courageuses de la brave Jess qui a peur des animaux et mes regards désespérés vers l'équipe de soldats en place, il y a quand même trois gentils gaillards qui viennent nous aider et nous finissons par réussir à la remettre dans sa maison! Pfiou... quel sport :D
Et ainsi, je suis tout doucement rentrée dans le rythme des différents jours de la semaine. Le lundi, le soutien scolaire où nous sommes aidés par 5-6 dames qui, elles, prennent des enfants en one-to-one, et où j'avais à ma table un bonhomme qui ne voulait pas travailler et deux autres qui ne vont pas à l'école, dont l'un sait plus ou moins lire et l'autre pas du tout, et où j'ai vraiment galéré à les garder tous les trois occupés de manière sensée. Le mardi et le jeudi avec les petits et le mercredi et le vendredi avec les grands. Et, au bout de cette semaine, je réalise que c'était déjà beaucoup moins difficile qu'au début! Non seulement je connais une grande partie des prénoms, mais en plus j'ai appris les mots et expressions nécessaires et ai pu, grâce à ça, un peu me rapprocher des enfants, qui se sont maintenant habitués à ma présence, et être d'un plus grand soutien pour l'équipe en place. En plus, le courant passe super bien avec les autres bénévoles et on passe de chouettes soirées avec les filles à la maison. Entre temps, j'ai aussi fait la connaissance d'Edmy (Vénézuela), qui est rentrée de vacances et qui est vraiment chouette. Nous terminons cette bonne semaine par une soirée billard avec Diego et Fernanda.
Et après un week-end paisible (certes un peu perturbé par l'inflammation d'une de mes glandes salivaires qui donnait à la moitié gauche de mon visage la forme du poire (sexyyy) et qui m'inquiétait un peu, à quelques jours de mon départ pour la Patagonie), j'entame déjà mes derniers jours à la Fundación. Le lundi, soutien scolaire (photo 1) où je suis avec deux petites dont il faut vérifier les devoirs et un autre bonhomme qui ne va pas encore à l'école et qui s'occupe avec un memory, suivi de la soirée « portes ouvertes » (tous les 1-2 mois) (photos 2-4). Les parents ont ainsi l’occasion de venir voir ce que leurs enfants ont fait sur les derniers mois, comme leurs nombreux bricolages, accrochés au mur ou présentés sur des tables, ainsi qu’un diaporama de toutes les photos des dernières activités, prises par les animateurs. C'était chouette de voir comme les enfants étaient fiers de montrer leurs réalisations et tout le monde a regardé attentivement le diaporama! On voit que les parents présents connaissent bien les animateurs, et que le « travail » ne se fait pas seulement avec les enfants, mais aussi avec leur famille, pour celles qui en sont désireuses. Et puis dernier jour avec les petits, où j'ai immortalisé quelques instants. Photo 5: quand je dis que Blanquita est presque un animal domestique... ˆˆ Photo 6: un nouveau chiot dans la ménagerie, qui aura bien occupé les enfants! Photo 9: les petits, allés rendre visite à Pepa, qui devait inévitablement faire pipi quand je prenais la photo...
Et puis c'est déjà le temps des aurevoirs! Avec mes deux compagnons préférés, Blanquita et Helado, et puis avec la petite famille de bénévoles qui m'a accueillie si chaleureusement! Nous refaisons un souper à la maison la veille de mon départ avec toute la troupe, pour finir en beauté :) Sur la photo, de gauche à droite: Edmy à ma gauche, puis Tania et Diego, Ferdinand derrière et Jess et Fernanda à l'avant. Une super équipe!
Je ne savais pas spécialement à quel type d’infrastructure m’attendre avant d’arriver à la Fundación mais certainement pas à autant de verdure, surtout en plein milieu d’une zone urbaine! J’ai directement été sous le charme de la taille du site, des grands espaces verts, de la plaine de jeux, du potager, de la présence de tous les animaux qui ont un sacré capital sympathie et, bien sûr, des six super volontaires et de leur fameux travail. Dès les premiers instants et tout au long de mon séjour, j’ai été fort touchée par la chaleur et l’affection qui lient les enfants et les bénévoles. Ils saluent chaque animateur à leur arrivée, d’une poignée de mains ou d’une accolade et, même s’il faut élever la voix de temps en temps et qu’il y a quelques fortes têtes (ˆˆ), les désaccords se règlent dans le dialogue et personne ne part fâché à la fin de la journée. C'est impressionnant. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’il y a un réel respect des enfants envers les volontaires, résultat évident de tout le travail accompli depuis des mois, voire des années, avec eux. Il y a un cadre et les enfants le connaissent. Le centre les aide, les guide, leur montre une route peut-être un peu plus ensoleillée que celle qu'ils suivraient s'ils n'y venaient pas chaque semaine. Il y a beaucoup d'affection et d'écoute, les volontaires essaient de faire réfléchir les plus grands à certains aspects de la vie, au travers de leurs activités, ils essaient de leur ouvrir l'esprit. Ils éditent même un petit journal, sous la supervision de Diego, rédigé par les enfants et remis aux parents, reprenant les divers activités et évènements des dernières semaines. Et puis, le potager (une activité qui remporte un réel succès puisqu’il y a chaque jour des enfants désireux d’y travailler et qu’il continue à s’agrandir, avec toujours plus de légumes et d’épices!), le brossage de dents, les animaux tout autour, l'équipe de foot des garçons entrainée par Ferdinand et celle des filles (!!) entrainée par Diego, qui participent maintenant au tournoi local! Que de belles initiatives!
Bref, une fameuse et belle suprise pour moi que de découvrir cette Fundación qui donne de l'espoir et envie de s'occuper de ses frères Humains. Et c'est le coeur quand même lourd et avec l'impression que ces deux semaines n'étaient que deux jours que je reprends ma route, certes pour des perspectives quand même fort réjouissantes puisque je m'envole le lendemain pour la Patagonie, en compagnie d'une visiteuse de Belgique :D