Même s'il y fait presque aussi chaud que dans la "Death Valley", c'est bien depuis mon petit bureau de Wezembeek-Oppem que je vous écris. Et oui, nous sommes rentrés!
Depuis la publication de notre dernière étape, nous avons été bien occupés. D’abord, nous avons passé du temps avec nos amis Sue et Nicolaj. Puis Madeleine et Romain sont arrivés et notre rythme de voyage s’est sensiblement accéléré. Ajoutez y quelques étapes sans connexion internet. Et voici comment ce carnet de voyage est demeuré à l'abandon pendant 3 semaines. J’essaye ce soir de retrouver le fil narratif et de reprendre où nous nous étions arrêtés. Je m'en voudrais de ne pas vous conter jusqu'au bout nos extraordinaires pérégrinations en Californie!
28/6 - Mon amie d’Harvard, Sue, et son mari Nicolaj, oncologue d’origine danoise, habitent une immense villa de plein pied tout en haut d’une colline à Santa Rosa. A notre arrivée, tardive, ce vendredi, ils nous accueillent chaleureusement, avec une délicieuse soupe de poissons faite maison. Pour la première fois depuis 6 semaines, nous nous endormons dans un vrai grand lit! Bonheur.
29/6 - Ce samedi, nous partons explorer ensemble les environs de Santa Rosa. Santa Rosa est une ville sans grand intérêt si ce n'est sa localisation, au cœur des vallées de Sonoma et de Napa, le pays du vin aux Etats-Unis. Nous commençons par une belle ballade sur les Monts Tamalpais qui surplombent la baie de San Francisco au Nord. La vue de l’observatoire est extraordinaire, avec Sausalito et sa marina à l’avant-plan, l’immense ville de San Francisco à distance et Oakland plus à l’est. Et à l’ouest, l’océan Pacifique à perte de vue.
Nous rejoignons ensuite les abords du Golden Gate bridge et admirons ce majestueux symbole de la prospérité californienne.
Nous le traversons ensuite pour rejoindre le « Lands End », le bout de la terre, à l’extrémité nord-ouest de la ville de San Francisco. Un joli sentier de randonnée nous permet de longer la côte de la pointe jusqu’au pied du Golden Gate, en alternant des étapes au-dessus des falaises avec des passages sur les plages. Celles-ci sont bien animées : joueurs de beach volley, groupes qui boivent de la bière et écoutent de la musique autour de feu de bois, familles avec jeunes enfants. Nous rencontrons un étrange homme se dandinant fièrement, tout nu et tout rouge, au milieu de la plage bondée. Nous sommes bien à San Francisco, ville réputée pour sa tolérance. Un peu plus loin, une jeune femme asiatique joue du violon auprès d’une étrange arche de bois fleurie. Un couple d’origine indienne descend les escaliers qui mènent à la plage et se dirige vers la violoniste. Et soudain, 2 cameramen surgissent et les filment tandis que l’homme s’agenouille. Oui, vous avez deviné : c’est une proposition en mariage ! Une foule d’amis se précipite en applaudissant : le coup était bien préparé !
Les vues sur la baie et le Golden Gate sont magnifiques. Dans le soleil couchant, des groupes de pélicans passent et repassent.
Cette belle journée se clôture par un excellent dîner à la « Cliff House », une institution à San Francisco. Construit en 1858 avec la cargaison de bois d'un navire naufragé à cet endroit, cet établissement a été partiellement détruit quelques années plus tard par l'explosion d'un navire chargé de dynamite. Il brûle en 1894, est reconstruit, survit au tremblement de terre de 1906 pour brûler à nouveau en 1907. Une sorte de phénix de la restauration...
30/6 – Matinée relax chez Sue et Nicolaj, où nous profitons de l’agréable piscine. Nous vidons également notre brave roulotte de fond en comble et la nettoyons. C’est que nous devrons la restituer demain ! C’est fou comme on s ‘y est habitué, à ce petit studio sur roues !
En début d’après-midi, Sue, Nicolaj et moi partons à la découverte de l’immense Trione-Annadel State Park qui borde leur propriété au sud. Collines, lacs et forêts : un petit coin de paradis. Ils me racontent comment ils ont dû s’enfuir en pleine nuit en octobre 2017 pour échapper à l’immense incendie qui a détruit 9000 maisons dans les environs. De leur jardin, ils ont vu les flammes embraser les montagnes, tandis qu’ils vibraient au grondement des citernes de propane explosant dans les propriétés embrasées. Par chance, le vent brûlant du sud s’est arrêté de souffler alors que le feu n’était plus qu’à quelques kilomètres de leur maison, permettant aux pompiers d’arrêter la progression de l’incendie.
A 16h, nous sommes attendus pour un dîner chez Gary, l’un de leurs amis et ex-collègue de Nicolaj. Nous arrivons vers 16h25 et ... passons immédiatement à table ! C’est qu’on dîne tôt dans ce pays ! Nous passons une excellente soirée, arrosée de vins sublimes, et sommes déjà de retour à 20h30 !
1/7 – Tôt ce matin, nous reprenons pour la dernière fois la route avec notre gros RV. Il est vide et propre ! Mais la route est longue et fort embouteillée. Nous mettons près de 2 heures à atteindre le centre de Cruise America, non sans avoir galéré pour faire le plein et, surtout, chercher, en vain, une «dump station», un endroit pour vidanger les réservoirs d’eau sale du véhicule. Peine perdue. A notre arrivée, nous nous préparons à payer une pénalité de $55 pour ce manquement. Coup de chance : le centre est complètement débordé. On nous prie de laisser notre véhicule dans la file d’attente avec les clés sur le tableau de bord et le contrat de location sur le siège. 15 minutes plus tard, nous recevons le décompte par email et, surprise, pas de pénalité ! Ils n’ont rien vu. Chouette !
Au total, avec ce véhicule, nous aurons parcouru 4969 miles, soit 8000 kms, traversé 9 états et visité 15 parc nationaux. Si l'on oublie sa consommation gargantuesque, il faut reconnaître que c'est un solide véhicule. Nous n'avons connu aucun incident technique, pas même une crevaison. Et pour accomplir notre long périple, il est difficile d'imaginer un moyen de locomotion plus confortable!
Un sympathique Brésilien nous conduit à l’aéroport de San Francisco, über oblige, où nous réceptionnons notre nouveau véhicule de loisir, une Toyota RAV4 gris foncé. Spacieuse et surtout économe et silencieuse !
Notre prochaine étape est l’aéroport de San Carlos, à 12 miles au sud de l'aéroport de San Francisco. Nous y avons rendez-vous avec Sid Basu, notre instructeur d'origine indienne. Et comme à New York, je m’installe avec plaisir aux commandes d’un avion, un Piper PA 28 Warrior cette fois. Niki occupe la position de photographe à l’arrière. Décollage vers San Francisco. Notre demande de survoler SFO, l’aéroport international, est refusé car le trafic est trop important. Pas de souci, nous piquons plein est vers Oakland en suivant le « Bay Bridge », survolons Oakland et son aéroport, puis retraversons la baie plus au Nord. Nous survolons Treasure Island, puis longeons la ville de San Francisco. Un petit tour au-dessus d’Alcatraz et nous voici déjà au Golden Gate Bridge. 3 petits tours et il est déjà temps de rentrer par le même chemin. Magique !
2/7 – Ce lundi, Niki et moi partons sur la route des vins de Californie. En direction de Napa Valley, nous nous arrêtons d’abord dans une intéressante forêt pétrifiée, un ensemble de séquoias géants ensevelis sous des cendres brûlantes lors d’une éruption volcanique et transformés en pierre par un mystérieux processus chimique.
L’étape suivante nous amène, dans la vallée de Napa, au Castello Di Amorosa, un joli vignoble au centre duquel a été construit un impressionnant château de style italien, avec plus de luxe et moins de charme.
La visite d’un vignoble californien n’a pas grand-chose à voir avec la rencontre sympathique d’un petit viticulteur. Ici, c’est plutôt dans le style Disneyland, avec téléphérique pour emmener le touriste par-dessus les vignes vers les chais et dégustation payante bien entendu. A 11 heures du matin, nous n’avons pas vraiment envie de débourser $60 pour goûter 5 verres de vin et décidons donc de nous en tenir à la charmante balade sur la route qui louvoie entre ces jolis vignobles.
Nous quittons ensuite la route touristique pour rejoindre par le col la vallée de Sonoma, parallèle à celle de Napa. Tout près de Sonoma, nous repérons la propriété de la famille Jacuzzi, dont la fortune provient de l’invention du bain à bulles. Si si. Vraiment ! Le vignoble est recommandé par le Routard, référence s’il en est en ce domaine. En cette fin d’après-midi, la proposition de dégustation, beaucoup moins chère, apparaît soudain bien tentante. Hélas, il est déjà 17h15 et ils ferment dans 15 minutes. Nous aurons donc droit à une demi-dégustation, suivi de l’acquisition d’un précieux flacon.
Alors que nous quittons le parking, nous réalisons que le "Cline Family Cellars", l’autre château recommandé par le Routard, se trouve juste en face et que lui ne ferme qu'à 18 heures. Re-demi-dégustation. C’est donc armés de 2 bouteilles que nous prenons le chemin du retour.
Nous retrouvons Sue et Nicolaj pour un dîner d’adieu dans un petit restaurant italien. Les pâtes fraîches sont délicieuses. C'est qu'on sait vivre dans ce pays!