Grand périple aux Etats-Unis
Mai 2019
10 semaines
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Comme entrée en matière, nous ne pouvions rêver mieux! Si l'on élimine la longue attente en file indienne pour passer l'inévitable contrôle d'immigration qui nous a volé nos mandarines (mais pourquoi donc en ai-je parlé ?), on peut dire que notre voyage transatlantique fut très confortable. Nous prenons immédiatement la direction de notre hôtel, The Manhattan Club, par les transports publics très efficaces et déposons nos bagages. Ensuite, le nez en l'air, nous parcourons Midtown et découvrons ébahis l'extraordinaire enchevêtrement de gratte-ciels de ce "milieu de la ville'. Nous admirons en particulier les nouvelles constructions, fièrement dressées vers le ciel : 432 Park Avenue avec ses 2 étages vides tous les 10 niveaux pour laisser passer le vent, le One57, le très étroit Steinway Tower et, surtout, l’impressionnante Central Park Tower, encore en construction et qui culminera à 541m! Ramen revigorant dans un restaurant japonais glacial et très bruyant de Hell's Kitchen. Découverte nocturne de Time Square et de sa foule bigarrée pour bien terminer cette première journée.

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Dès le matin, nous filons en métro afin d'explorer le site du World Trade Center, à la pointe sud de Manhattan. Le « 9/11 Memorial » est superbe et émouvant. 2 immenses puits carrés en granit occupent les emplacements des 2 tours détruites. De l’eau s’y déverse en cascade, aspirée par un puit central dont on ne voit pas le fond, tel l’absence des êtres disparus que rien ne peut combler. Un poirier miraculeusement sauvé du désastre et soigneusement protégé par une barrière en acier fait l’objet d’une sorte de culte, chacun venant toucher son écorcé blessée et brûlée par endroits.

Nous visitons également le musée dédié aux attentats. Il occupe un immense espace dans ce que furent jadis les fondations des tours WTC 1 et 2. Par moment, la visite est très émouvante, le déroulement des attentas étant minutieusement recréé, avec notamment les messages téléphoniques laissés par certaines victimes et des débris tant des avions que des tours. Dans une grande salle, les photos de toutes les victimes sont affichées tandis que leurs noms sont prononcés un par an par une voix un peu sinistre. Les carcasses tordues et calcinées des camions de pompier achèvent de rappeler l'ampleur de la catastrophe.

Suite beaucoup plus réjouissante : Visite d’Oculus, la nouvelle gare la plus chère du monde, dessinée par Calatrava. Et franchement, je préfère la gare de Guillemins.

Ensuite, découverte du panorama époustouflant du « One World Observatory », au 102ème étage de la nouvelle tour phare « One WTC ». La vue couvre tout Manhattan et ses alentours, la statue de la Liberté et Ellis Island. Inoubliable !

Nous prenons encore le fameux ferry orange qui nous emmène gratuitement à Staten Island et retour, une petite croisière de 25 minutes dans chaque sens offrant des vues magnifiques sur la statue de la Liberté.

Un hamburger bio (et végétarien pour Niki) dans Greenwich Village clôture cette belle journée.

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Ce mercredi, nous explorons la nouvelle promenade créée sur la rive de l’Hudson par la reconversion très réussie d’une ancienne ligne de chemin de fer aérienne. Le chemin verdoyant et joliment aménagé traverse le « Meat Packing District », offrant de belles vues sur la "Hudson River, sur de vieux bâtiments industriels ainsi que sur les récentes constructions. La promenade s'achève près des "Hudson Yards", les anciens chantiers navals reconvertis en pharaonique projet immobilier, en cours de construction. A ne pas manquer : "the Vessel" un étrange ensemble d'escaliers et de passerelles ressemblant vaguement à un saladier.Il est étonnant de voir à quel point la ville entière est en construction. Au sud comme au nord, près de Central Park comme le long des rives, d'ambitieux gratte-ciels poussent, transformant profondément la "skyline" de la ville.

Petit lunch au soleil, sur la pelouse de Central Park, puis nous repartons à la découverte de Soho et de ses belles façades à colonnades de fonte. En soirée, dîner avec nos amis Sonia et Nick dans un restaurant grec de l'Upper East Side. Niki sympathise avec la serveuse qui nous offre le dessert.

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Au petit matin, nous filons en métro vers le "Port Authority Bus Terminal", la grande gare routière de Manhattan. Nous y embarquons dans un bus "46 West Line" de la NJ Transit Company. Le bus traverse l'Hudson River par le Lincoln tunnel et nous emmène dans le New Jersey. Après 30 minutes environ, nous débarquons à l'arrêt "Two Bridges Road", littéralement au bord de l'autoroute. Un rapide coup de fil, quelques minutes d'attente et Elena, la réceptionniste russe de l'école de pilotage, nous emmène vers l'Essex County Airport - indicatif KCDW.

Après quelques formalités, Lihan, notre jeune instructrice chinoise nous emmène vers un Cessna 172P Skylark. J'ai soigneusement choisi le plus vieil avion de la flotte car c'est aussi... le plus lent! Niki s'installe à l'arrière avec l'appareil photo. Je tiens les commandes tandis que Lihan me guide et s'occupe de la radio. Sous un ciel fort nuageux et une légère pluie, nous décollons et prenons immédiatement plein est, vers Manhattan. Nous survolons l'aéroport très animé de Teterboro et rejoignons la rivière Hudson. Nous la suivons à 2000 pieds (650 m) vers le sud. La vue sur Manhattan est à couper le souffle. Nous atteignons bientôt Ellis Island et la statue de la Liberté dont nous faisons 2 fois le tour. Nous traversons ensuite la baie, descendons à 1500 pieds (500 m) et remontons l'East River. Nous veillons bien à éviter une zone centrée sur 56th Street et 5th Avenue, localisation de la Trump Tower, dont le survol est strictement interdit. Passée cette zone, nous traversons Manhattan à la verticale de Central Park et reprenons le chemin du Essex County Airport. Atterrissage sans difficulté, formalités administratives et nous voici déjà de retour, un peu fatigués mais très heureux de ce magnifique périple.

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De retour dans Manhattan et après une sieste réparatrice, nous partons explorer Chinatown. Il fait froid et humide. Enseignes en chinois, marchands de fruits exotiques, étalages de poissons, le voyage continue… Le quartier est beaucoup plus décrépi et moins glamour que ce que nous avons visité jusqu'ici. Dans un petit parc, des groupes d’hommes et de femmes jouent aux cartes et à d’autres jeux avec une grande animation.

La ballade se prolonge dans Little Italy, de moins en moins italienne et de plus en plus chinoise, résultat inéluctable des flux migratoires récents. Nous trouvons quand même un authentique bistrot italien de 1891 pour prendre un bon cappuccino. Un magasin retient notre attention : on n'y vend que des articles de Noël et ce, toute l'année. Dommage qu'il nous manque de la place dans nos bagages...

En fin d'après-midi, nous mettons le cap sur Greenwich Village, explorons le quartier de NYU, l'université de New York, et en particulier sa magnifique bibliothèque. Un délicieux plat de pâtes chez Rosemary's clôture cette belle journée.

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Pour ce dernier jour à New York, nous prenons d’abord la direction de l’incontournable Metropolitan Museum, en lisière de Central Park. Suivant à la lettre les recommandations du Routard, nous découvrons un temple égyptien entièrement reconstruit, le living room complet d’une villa de Frank Lloyd Wright, l’aile américaine et ses fabuleux vitraux de Tiffany, l’impressionnante « cathédrale » consacrée à l’art moyenâgeux en France, le plafond d’une hutte funéraire de Papouasie ou encore 3 magnifique Vermeer soigneusement cachés. Petit hot-dog new-yorkais pour Didier et nous attrapons un bus qui redescend la 5ème avenue à pas d’homme tant le trafic est intense.

Plus tard dans l’après-midi, nous descendons dans le bas de Manhattan à hauteur du City Hall et traversons à pied le Brooklyn Bridge pour rejoindre DUMBO sur l’autre rive. Acronyme de "Down Under the Manhattan Bridge Overpass", ce quartier très à la mode offre, depuis ses rives aménagées, de magnifiques vues sur la « skyline » de Manhattan. La promenade nous emmène ensuite vers les hauteurs de Brooklyn Heights.

Dîner mexicain dans le quartier et nous reprenons le métro vers notre Club.

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Départ matinal de LaGuardia vers Boston et 45 minutes plus tard, nous débarquons à Logan Airport. Bus, métro et nous voici à Kendall Square où nous abandonnons nos bagages. Le soleil est au rendez-vous. Nous reprenons la Red Line vers Harvard Square. Petite salade au soleil sur Brattle Square et promenade vers la Charles River que nous traversons pour rejoindre ma terre promise : Harvard Business School. Moment d’émotion en faisant découvrir à Niki le campus où j’ai étudié il y a plus de 20 ans déjà ! Plein de nouveaux bâtiments, mais l’esprit n’a pas changé et l’endroit est toujours aussi beau et impressionnant.

Le soleil est encore de la partie lorsque nous retournons sur Harvard Yard, rendons hommage à John Harvard (photo spéciale pour Michel et Eric) et visitons la Widener Library et sa superbe bible de Gutenberg.

En fin de journée, nous filons toujours en métro dans le North End, en bordure du port, pour dîner au Legal Sea Food original, un restaurant de fruits de mer réputé (ils ont maintenant une trentaine de succursales). Nous y goûtons l’incontournable New England Clam Chowder (soupe de palourdes) et dévorons chacun un énorme homard dodu et charnu.

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Aujourd’hui, il fait infecte : Fine pluie froide, ciel plombé.

Nous décidons d’explorer l’Institute of Contemporary Art et son intéressant bâtiment que je ne prendrai pas en photo car la lumière est trop moche. Nous y découvrons une œuvre extraordinaire de Ragnar Kjartansson: The Visitors: 9 artistes chantent et jouent de différents instruments dans différentes pièces d’une immense demeure historique. Chacun d’entre eux est filmé, seul dans une pièce, mais tous jouent et chantent en parfaite synchronisation avec tous les autres. Les 9 vidéos sont projetées sur des écrans géants disposés dans une grande pièce obscure, ce qui permet d’en regarder 3 ou 4 simultanément et de se déplacer entre les différents artistes. L’effet sonore et visuel est totalement fascinant et nous restons de longues minutes à découvrir cette œuvre unique.

Un peu plus loin, le port de Boston se dévoile derrière une immense baie vitrée, nous happant dans le paysage (voir photo). Nous découvrons enfin d’étranges totems gravés dans du bois de liège et de la frigolite. Etonnant.

La promenade nous emmène ensuite dans le centre historique de Boston. Nous sommes bien loin de l’agitation de New York : il n’y a personne dans les rues. Clairement, la météo y est pour quelque chose! Nous nous réchauffons dans l’amusant Food Court de Quincy Market, à côté de Faneuil Hall.

En fin de journée, nous dinons à Kendall Square chez Meadball, un bar-restaurant servant plus de 100 bières, dont plus de 30 références belges (Duvel, Rochefort, Chimay et bien d’autres) ainsi que différents plats cuisinés à la bière belge.

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Pour ce dernier jour en Nouvelle Angleterre, nous mettons le cap sur Copley Square, au cœur de Back Bay. Nous nous promenons dans Newbury Street et découvrons ses belles boutiques et galeries d’art. Une charmante galeriste et son amusant teckel nous proposent avec insistance un joli tableau peint de papillons colorés sur un fond rose et or à $40.000. Elle nous offre généreusement les frais de port vers la Belgique. Nous allons y réfléchir.Nous prenons ensuite Commonwealth Avenue, belle avenue large et arborée. Nous traversons le Public Garden et le Boston Common, les « Central Park » de Boston et explorons les jolies ruelles de Beacon Hill.

Petit tour dans le romantique Old Granary Cemetery avec ses alignements de pierres tombales datant des années 1700.

Il est hélas déjà temps de nous embarquer pour San Francisco que nous atteignons en fin de soirée.

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Après un solide petit déjeuner avec des croissants délicieux mais pas de pain complet au goût de Niki, nous quittons notre charmant petit hôtel, situé en plein "Downtown", traversons Union Square et descendons Powell, l'une des avenues fort en pente parcourue par une ligne de Cable Cars, les amusants trams-funiculaires de la ville.

Nous vistons le SFMoMA, le nouveau Musée d’Art Moderne de San Francisco, logé dans un étrange bâtiment polyforme pas franchement très réussi (voir photo - Oui, c'est le gros bâtiment en brique rouge avec un truc rond dans la toiture surplombé d'un gros bazar gris). Une chouette exposition consacrée au « Sea Ranch », un étonnant développement immobilier en Californie du Nord, nous passionne.

Ensuite, balade dans les "Yerba Buena Gardens" un parc verdoyant où se déroule un festival de poésie, oui, absolument !

Nous rejoignons Chinatown, beaucoup plus animé et riant que celui de New York. Partout, on se presse, on vend, on achète. Des étalages débordant de poissons, voire même de têtes de poisson, ou encore de fruits exotiques. Des canards laqués pendant aux fenêtres des restaurants. De la fumée s’échappe des casseroles. Nous mangeons dans un boui boui crasseux chaudement recommandé par le Routard. Avec des gestes et dans un anglais approximatif, la serveuse nous fait comprendre que l’on a droit à 3 choix pour remplir notre assiette pour $5.00. Nous choisissons au petit bonheur la chance et mangeons fort copieusement en nous léchant les babines.

Nous rejoignons ensuite la Coit Tower, qui nous offre un magnifique panorama sur la ville et la baie. Retour dans un tram très vintage et délicieux sushis pour terminer cette journée.

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Une fois n’est pas coutume : vous aurez plein de photos et peu de texte. Car aujourd’hui, avant de nous envoler pour Las Vegas, nous nous sommes baladés dans le quartier hispanique de Mission, réputé pour ses belles fresques murales engagées. En voici donc quelques illustrations…


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15/5 - Agréable vol de San Francisco à Las Vegas avec un bel airbus d'Alaska Airlines, affublé d'une tête d'eskimo sur la queue. A l'approche, Las Vegas se dévoile complètement, et, en particulier, ses extraordinaires hôtels-casinos aux dimensions démesurées, comme d'étranges champignons dans le désert.

Notre appartement est à l'image de cette ville : démesuré! Living avec cuisine américaine, table à manger pour 4 et grand salon, chambre à coucher avec lit "king Size" et salle de bain. Notre chambre de San Francisco tiendrait probablement tout entière dans la salle de bain!

Un uber nous emmène bien vite pour une première exploration nocturne du strip. Nous dînons au "Lemongrass", un délicieux restaurant thaï recommandé par le Routard à l'intérieur du luxueux complexe hôtel/casino/restaurants/galeries commerciales Aria, l'un des plus récents. Nous observons le beau spectacle des fontaines du Bellagio et nous nous promenons sur le strip illuminé de mille écrans géants avant de rentrer en uber à notre appartement.

Il faut noter qu'ici, uber marche fantastiquement bien. C'est moins cher qu'un taxi et nous n'avons jamais attendu plus de 3 minutes pour un chauffeur. Quant à ceux-ci, sur base de nos discussions, ils semblent vraiment apprécier le service. En effet, ici, à Las Vegas, ils ont tout le temps du travail. Et comme la vie à Las Vegas est plus de 50% moins chère qu'en Californie, leurs revenus uber leur permettent de vivre confortablement tout en leur laissant beaucoup de liberté.

16/5 - Désirant éviter une obésité foudroyante, nous partons explorer le Whole Food Markets, un supermarché bio (c'est une chaîne nationale, mais nous n'imaginions pas en trouver un ici, dans la ville de tous les excès). Le résultat est génial : Les produits, notamment les fruits et légumes, ainsi que le bar à salade et le rayon traiteur sont tous bios et attirants. On est entre Delhaize et Rob, mais avec la taille d'un Cora. Nous faisons le plein de choses saines (salade, soupe fraîche de légumes, fruits) et rentrons bruncher à l'appartement. Nous repartons explorer le strip ensuite et, en particulier le Venetian (reconstitution de la façade du palais des doges et du campanile de la place St Marc, gondoles avec gondoliers chantant et mini-canal...) et le Bellagio et ses magnifiques galeries fleuries. Très rapidement, nous saturons. C'est qu'il y a un monde fou partout et beaucoup de bruit, notamment avec une musique 'boum boum' omniprésente.Retour dans notre oasis de calme. Petit plouf dans la grande piscine où, temps frais aidant, je suis tout seul. Lessive. Une belle salade feta pour dîner.Enfin, nous rejoignons une fois encore le Bellagio pour assister au show que nous avons réservé : "O" du Cirque du Soleil. Nos places (à $150/place quand même - les plus chères sont à $450!) sont médiocres, à l'extrémité de la scène, tout en hauteur. Juste avant le début du show, nous nous déplaçons discrètement vers de bien meilleurs sièges. Ouf! Le spectacle est juste extraordinaire. 90 minutes de pure féerie. Trapèzes, voltiges, plongeons, natation synchronisée, clowns, jongleurs, contorsionnistes, équilibristes, feu... tout y passe dans un décor fantastique, immense et en changement permanent. D'immenses plans d'eau apparaissent et disparaissent, comme par magie. Nous repartons subjugués.

17/5 - Préparation de nos bagages et grosse flemme. Nous évitons la tentation des casinos et optons pour le bord de la piscine. En fait, on a gagné tout ce qu'on n'a pas perdu 😀.

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C'est le Grand Jour! Nous voici chez Cruise America pour réceptionner le "RV" ("Recreational Vehicle" en anglais, camping car) que nous avons réservé. Sachant que ceci va être notre véhicule et notre logis pour 45 jours, nous sommes un petit peu stressés. Heureuse surprise, notre véhicule est neuf! 3000 miles au compteur et brillant de propreté. Il est aussi bien équipé avec un grand frigo et même un surgélateur, une cuisinière et un micro-ondes, toilette et douche (bon, ce n'est évidemment pas grand), petit évier séparé pour se brosser les dents, table de camping et espaces de rangement à gogo.

Avant de rejoindre le centre de location, nous avons regardé avec attention la vidéo proposée, étape nécessaire à la bonne opération du véhicule. C'est qu'il faut comprendre comment utiliser le frigo à propane et électrique, le double système d'alimentation électrique, les toilettes, les circuits d'évacuation des eaux grises et noires etc. Rapide tour de découverte avec l'employée de Cruise America, réception de nos kits de cuisine et de literie et embarquement de nos bagages, et nous voici en route.

Premier arrêt : Whole Food Markets. Nous y faisons le plein de victuailles : fruits, légumes, fromages, riz, pâtes, eau, cookies & chips (pour Didier), œufs, tisanes, épices, huile d'olive, boissons, vin, ... Nous rejoignons notre grand véhicule avec un immense caddy. Nous voilà vraiment partis...

Nous empruntons la Highway 515, puis la 93 South jusqu'à Kingman, puis bifurquons vers l'est sur le 40, en direction de Flagstaff, Arizona. Nous égrenons les kilomètres au travers d'un paysage désert et totalement minéral. Le RV est vraiment un grand véhicule : près de 8 mètres de long et bien haut. En cas de vent, par exemple sur le passage du Hoover Dam, le barrage Hoover, il faut être particulièrement prudent à ne pas faire de grands écarts. Attention aussi aux angles morts: Il faut apprendre à interpréter correctement les images des doubles rétroviseurs. En chemin, tout brinquebale et nous devons nous arrêter pour changer certains objets de place et mieux les arrimer. Le V8 Ford est agréablement puissant, mais un peu bruyant dans les côtes, quand on monte dans les tours.

Peu avant Flagstaff, nous obliquons vers le nord sur la route 64 qui nous mène, après 5 heures de route et 450 kms droit sur le parc du Grand Canyon (Rive Sud). Nous y arrivons alors que la nuit est bien tombée, trouvons les indications relatives à notre emplacement de camping sur la porte du bureau fermé et nous y installons. Prestement branchés au niveau électrique et hydraulique, nous nous offrons un verre du délicieux rouge de Napa Valley découvert à Las Vegas et dînons d'une tartine au cream cheese et saumon fumé. Petite hésitation entre les 2 grands lits disponibles : à côté de la salle de bain ou au dessus de la cabine? Nous optons finalement pour le premier car il offre plus d'espace vertical.

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Un soleil radieux et un ciel tout bleu nous accueillent ce matin. Bref passage au Visitors Center pour acquérir notre pass "America the Beautiful" - $80 pour avoir accès à TOUS les parcs nationaux pendant un an avec notre RV! Nous prenons la navette gratuite "purple" qui nous amène de Tusayan, notre lieu de résidence, vers le Grand Canyon Village, point de départ de la découverte du canyon.

Nous y rejoignons immédiatement la South Rim, la rive sud et découvrons émerveillés le superbe paysage. Tant de grandeur est franchement indescriptible. C'est juste somptueux! Si je compte bien, c'est la 4ème fois que je découvre cet endroit, et y éprouve une fois encore un sentiment de beauté infinie et d'humilité face à cette nature grandiose.

Equipés de nos nouvelles chaussures de randonnée, nous empruntons le "Rim Trail" à Mather Point et nous baladons le long de la falaise sur plus de 20 kms, jusqu'à son extrémité, Hermit's Rest. Au départ, une foule de touristes de toutes origines se presse, admire, se prend en selfie (cause de 2-4 morts par an ici de touristes imprudents qui reculent dans le canyon, sans blague!). Au fur et à mesure que nous progressons vers l'ouest, la foule diminue. On la retrouve à chaque arrêt des navettes gratuites qui emmènent les visiteurs moins aventureux de point de vue en point de vue. Elle finit toutefois par diminuer d'ampleur, et, pour les derniers miles de notre périple, nous sommes presque seuls dans cette nature grandiose. Au passage, nous rencontrons des lézards, de gros rapaces, des écureuils, et aussi quelques "mule deers", sorte de grandes biches peu farouches.

Nous empruntons à notre tour la navette rouge qui nous ramène au Grand Canyon Village, puis la bleue et encore la "purple" pour retrouver notre roulotte, heureux d'une journée juste extraordinaire.

Une manipulation idiote et malheureuse m'a fait perdre les photos prises avec mon Nikon. Il me reste les panoramiques pris avec mon téléphone pour partager avec vous tant de beauté.

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Vous vous êtes peut-être demandés comment j'avais réussi à publier 3 étapes de notre périple en un dimanche. La raison en est simple : la nature s'est rappelée à nous aujourd'hui. Nous nous trouvons à plus de 2000 mètres d'altitude et, comme on le sait tous, en haute montagne, le temps peu changer rapidement. Bref, aujourd'hui, il fait froid, très froid. Ce matin, il pleuvait et, au cours de l'après-midi, c'est carrément de la neige qui s'est mis à tomber.

Point positif, le chauffage de notre RV fonctionne au poil. Dès qu'il est actionné, une puissante soufflerie réchauffe l'espace en quelques minutes. Point négatif : c'est très bruyant et nous le coupons très vite!

Nous explorons tout ce qui peut s'explorer à l'intérieur dans un endroit totalement tourné vers l'extérieur. En face de notre camping, il y a un cinéma IMAX qui projette un film sur la première descente de la rivière Colorado par Powell en 1898. Nous ne payons que 50% du prix d'entrée car le film a un problème de son. La bande son est décalée de quelques secondes, ce qui ne manque pas de produire un effet comique à certains moments.

Nous nous rendons ensuite au Grand Canyon Village avec la navette gratuite et nous y visionnons un autre film d'introduction au parc national. Après quelques minutes, l'image s'interrompt pour cause de projecteur défaillant.

Il ne nous reste qu'à nous installer confortablement chez Starbucks pour y rédiger ce carnet de voyage en sirotant un Cappucino bien chaud !

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Ce matin, la température est passé légèrement au dessus de zéro, faisant fondre la neige et transformant notre camping en grand champs de boue. Le ciel est encore bien bouché et, de temps à autre, il pleut ou neige un peu, on ne sait pas très bien. Nous nous préparons pour le départ : Rangement de tout ce qui traîne pour que rien ne tombe ou ne se renverse - Frigo en mode propane - Débranchement des connexions à l'eau et à l'électricité (Un moment de distraction et j'ai failli partir en arrachant le câble électrique!) - Première vidange des eaux grises et noires (opération un peu délicate à faire de préférence avec des gants) - Plein de carburant. Et nous voici repartis.

Pour atteindre Page, en Arizona, nous pénétrons une fois de plus dans le Parc National du Grand Canyon et y empruntons la route 64 vers l'Est,. En chemin, nous nous arrêtons aux différents points de vue de cette portion de la corniche que nous n'avons pas parcourue samedi. Malgré le temps maussade et la visibilité réduite, le paysage demeure spectaculaire. Et, à mesure que nous progressons, la visibilité se fait meilleure, révélant de nouveaux angles et de nouveaux paysages, toujours aussi grandioses.

Et puis soudain, il se remet à neiger...

Nous quittons le parc. Niki prend le volant et nous roulons d'abord vers l'est, jusqu'à rejoindre la route 89 en direction du nord. Les paysages sont ici aussi grandioses, immenses et désolés. On the road...

215 kms plus tard, nous traversons le Hoover Dam, le barrage Hoover, celui qui a entraîné la création du magnifique Lake Powell, et rejoignons le camping que nous y avons réservé. Accès gratuit à la zone du lac grâce à notre super pass "America the Beautiful"! Nous nous enregistrons, découvrons notre espace (dans la section "tente/RV No Hookup" car aucune place avec branchements (eau, électricité) n'était disponible - nous camperons donc en autonomie), et partons à la découverte des lieux.

Nous découvrons d'abord, à quelques kilomètres vers le nord, la Lone Rock Beach, une immense plage au bord du Lac, face à un énorme monolithe, où de nombreux camping cars se sont installés. Promenade jusqu'à l'eau. Belle lumière. Surprise : nous trouvons des coquillages. Comment sont-ils arrivés là, sur la plage d'un lac artificiel créé en 1966? Mystère!

Nous découvrons encore, au coucher du soleil, la spectaculaire "Scenic Drive", une route qui surplombe le lac et offre de magnifiques vues sur ce spectacle un peu irréel d'un lac de couleur opale entouré de falaises rouges éclairées par les dernières lueurs du jour.

Décidément, cet endroit nous en met plein les yeux!

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Hier soir, j’ai essayé de nous réserver sur internet des places pour visiter l’un des « Canyons des Antilopes » (Il y en a 2 tout proche l’un de l’autre : le Lower Antelope Canyon et l’Upper Antelope Canyon). Horreur : pas une place disponible ! Consternation. Au saut du lit, je téléphone donc à quelques-unes des agences recommandées par le Routard et qui assurent ces visites. On me répond que tout est complet. Comme j’insiste un peu, on me dit que, si nous venons sur place, on nous mettra sur une liste d’attente au cas où il y aurait un désistement.

Nous nous rendons donc chez Ken’s Tours : un immense parking et un petit bâtiment au milieu du désert. Nous sommes en pleine réserve Navajo et l’endroit est donc géré par des Indiens. Nous sommes assez loin ici de l’habituelle efficacité américaine : c’est le grand bazar.

Ainsi, on nous dit que tout est complet et qu’il n’y a pas de « liste d’attente » contrairement à ce qu’on m’a affirmé par téléphone. Mais on nous suggère quand même d’attendre sur le côté. On propose bientôt à un autre couple, également sans réservation, de s’asseoir près de nous. Et 5 minutes plus tard, tout est réglé : il y a de la place pour nous 4 pour le prochain départ dans 45 minutes. Au moment du départ, notre guide se présente puis, tout compte fait, elle est remplacée par une autre. On ajoute encore des gens au groupe. Ca me rappelle un peu une certaine entreprise italienne...

Les règles d’usage sont pour le moins particulières : pas de sac (ni pochette, sac à dos ou sac à main – Dans notre groupe, un italien s’emporte car on lui impose d’aller déposer sa banane avec ses papiers dans sa voiture !. Pas de jupe ni de robe (vraiment). On peut prendre des photos mais pas de vidéo (on nous le répète 10 fois). Les trépieds sont interdits, de même que les « selfie sticks ». Et, sachez-le, il est strictement interdit de prendre des photos d’un escalier ou d’une plateforme…

Enfin, nous nous dirigeons vers le canyon. Étonnamment, de l’extérieur, on ne voit strictement rien. Nous pénétrons par un escalier métallique dans une anfractuosité dans la roche et, miracle, nous nous retrouvons dans un décor féerique et difficilement descriptible.

L’eau a creusé au cours du temps un canyon tarabiscoté dans la pierre rouge-orange. Les formes sont magnifiques, tout en rondeurs et ondulations. On dirait presque des voiles de couleur. Nous parcourons le canyon en file indienne car c’est très étroit, avec plein de touristes devant et autant derrière, par groupes de 10-12 avec chaque fois un guide.

On avance lentement car tout le monde prend plein de photos de tout, tellement c’est photogénique. Cet endroit est étonnant car il transforme tous les visiteurs en photographes compulsifs.

Et, à propos de photo, notre guide, une jeune Navajo, en connaît un bout. Elle règle tous les smartphones du groupe, iPhone, Samsung, Huawaei… en mode « Pro » et ajuste la balance des blancs sur "Nuage" pour améliorer le rendu des couleurs. A plusieurs endroits, elle nous propose de prendre une photo pour nous car elle connaît un angle spécifique qui révèle une forme de rocher particulière. Finalement, nous lui confions chacun à tour de rôle notre smartphone et avançons ainsi, de photo en photo, la guide multipliant les prises de vue, avec ou sans nous, en mode normal ou panoramique.

Au total, la visite prend une heure. Nous avions parcouru un kilomètre à moitié sous la terre. Et c’était GENIAL !

Nous nous rendons ensuite au Horseshoe Bend (le coude en fer à cheval), un point de vue unique sur un coude de la rivière Colorado. Ici aussi, c’est une aventure car il faut trouver le parking au milieu du désert où nous devons laisser notre RV. Puis une navette vient nous chercher pour nous amener au départ d’un sentier, au pied d’une colline. Ici aussi, on ne voit rien de spécial, juste du désert à perte de vue. Et puis, arrivé en haut de la colline, on devine une sorte d’immense blessure dans le sol.

Mais c’est seulement lorsqu’on arrive au bord de cette blessure qu’on réalise son ampleur. Le Colorado a creusé une profonde gorge dans le sol, et s’enroule majestueusement autour d’un éperon rocheux. C’est un vrai précipice de 300-400 mètres de profondeur ! Alors que nous nous apprêtons à quitter le site, un rayon de soleil passe par miracle entre les nuages. Et voici le résultat :

Nous dînons au Blue Buddha Sushi Bar, un endroit au décor bar vintage et où l'on nous propose des sushis américanisés plutôt bons, tels ces « Spicy lobster rolls » : oui, des sushis au homard piquant.

Décidément, ce pays est "amazing"!

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22/5 - Nous quittons les berges du Lake Powell vers le Nord par la Route 89 jusqu'à Mt Carmel Junction où nous tournons vers l'Ouest sur la Route 9. Rapidement, au fur et à mesure que nous approchons du Zion National Park, le paysage change. Nous entrons dans un large canyon aux parois en pierre rouge. Le canyon se resserre progressivement, tandis que la route devient elle aussi plus étroite et sinueuse. Arrivés à l'entrée du Parc, nous faisons une fois de plus bon usage de notre pass "America the Beautiful" - remboursé par cette 3ème utilisation. Cette fois, toutefois, nous devons payer un supplément de $15 car notre véhicule est trop haut et trop large. Pour nous, les Rangers ferment l'un des tunnels d'accès au parc à la circulation en sens opposé afin que nous puissions rouler au milieu de la route et, donc, ne pas arracher la climatisation qui dépasse du toit!

Après 180 kms de route, nous atteignons notre camping à Springdale, Utah, juste à la sortie sud du Parc National. Nous installons notre RV dans l'espace qui nous est alloué, branchons tout ce qui est nécessaire et sautons dans une des navettes gratuites qui nous amène de Springdale au Visitors Center. De là, nous embarquons dans une autre navette gratuite qui nous emmène dans les profondeurs du Parc National.

Zion National Park consiste en fait en 2 vallées spectaculaires, encaissées entre d'impressionnantes falaises rocheuses, et creusées par la Virgin River et son affluent. Les rivières ont créé une vallée de prospérité et d'abondance végétale au sein de ce paysage plutôt désertique et minéral, créant de beaux contrastes entre les verts et les rouges. Ce parc est l'un des premiers créés aux Etats-Unis, en 1909 déjà!

La navette nous amène d'abord au Zion Lodge, point de départ de notre première promenade. Un sentier nous mène vers la "Lower Emerald Pool", un petit étang plus marron qu'émeraude, dans lequel se jette une chute d'eau. C'est une ballade assez facile de 2 kms. Le temps est un peu maussade, mais la nature est vraiment magnifique.

De retour et encore plein d'énergie, nous reprenons la navette qui nous emmène tout au fond de la vallée, au point appelé "Temple of Sinawava". Nous y suivons le "Riverside Walk", la promenade le long de la rivière qui nous amène après 2 kms aux "Narrows", les gorges. A partir de ce point, il est possible de remonter la rivière en marchant dedans. C'est paraît-il très spectaculaire car, à certains endroits, les gorges ne font que 60 centimètres de largeur! Peine perdue : la randonnée est interdite car le débit de la rivière est beaucoup trop important. Retour donc à notre point de départ, puis, grâce au service de navettes, à notre bien confortable roulotte.

23/5 : Aujourd'hui, il fait frais et il pleut. Et la météo n'annonce aucune amélioration avant cet après-midi. Matinée relax donc. Lessives. Un peu d'administration. Et bien entendu, rédaction de ce carnet de voyage. Le point sensible est le chargement et la sélection des photos, ce qui nécessite une bonne connexion wifi/internet. Ce matin, c'est le rêve. Le débit numérique est maximal et me permet de publier les 2 étapes, en attente depuis 48 heures et que vous avez probablement découvertes hier.

Après un petit lunch, la pluie semble avoir cessé. Nous prenons la navette vers le parc et entamons un petite randonnée. Très vite, la pluie se remet à tomber. Hésitation, puis abandon. De retour au Visitors Center, c'est une véritable drache qui tombe. Une fois celle-ci passée, nous explorons Springdale, petite ville exclusivement dédiée au tourisme et à l'aventure. Entre les motels et les restaurants, quelques magasins de sport, de souvenirs et des galeries d'art.

En fin de journée, nous dînons chez Oscar, un restaurant mexicain sympa dont les plats constitueront la seule photo intéressante de la journée. Niki commande un enchilada aux légumes et moi un demi-rack de spare ribs. Voici le résultat! Vous remarquerez la présence incontournable du Ketchup et du Tabasco, comme sur toutes les tables de n'importe quel restaurant américain. Quelle machine marketing extraordinaire!

24/5 : Angels Landing

Ce matin, je me suis levé aux petites heures, ai enfilé mon meilleur équipement de randonnée et me suis faufilé en silence en dehors du camping car. Objectif : la piste d'atterrissage des anges, le mythique "Angels Landing trail". Navettes jusqu'au point dit "The Grotto". Et là, surprise : il y a une longue file de randonneurs qui attendent patiemment (voir photo). Je rejoins la file et me renseigne. Oui, c'est bien la file d'attente pour la randonnée que je souhaite entreprendre. Bientôt une Ranger vient expliquer qu'ils ne laissent passer que 15 personnes par quart d'heure, ceci afin d'éviter un embouteillage dangereux plus haut, en altitude, lorsque le passage devient trop étroit. Mieux vaut attendre en sécurité en bas et à l'ombre. Résultat: 2 heures d'attente!

De la file, l'objectif de la randonnée est visible (au centre de la photo de droite) : un éperon rocher de 500 m d'altitude, tellement étroit que "seuls des anges pourraient s'y poser". Un panneau nous avertit de tous les dangers possibles habituels : chute, hypothermie, déshydratation. On y indique le nombre de victimes depuis 2004. Comme vous pourrez le constater, le chiffre est attaché avec un velcro pour qu'on puisse facilement adapter la statistique!

Au cours de cette attente, nous découvrons nos compagnons d'attente : un jeune couple venant de Columbus, Ohio, une voyageuse Norvégienne, en route depuis 7 années, et son compagnon californien, cultivateur de marijuana (légale depuis peu) et un couple de femmes de Nouvelle Angleterre. Enfin, nous recevons le précieux cachet, sésame magique pour plus tard.

Traversée d'un petit pont au-dessus de la Virgin River, et, très rapidement, ça commence à monter, doucement d'abord, sèchement très vite. Nous grimpons de près de 400 mètres sur moins de 2 kms! Le chemin est tortueux mais de bonne qualité. Après environ une heure, j'atteins "Scout Lookout", un point de vue intermédiaire. Nous sommes au bord d'un précipice et la vue sur la vallée vers le Nord est déjà exceptionnelle.

Mais le pus beau reste encore à venir. Grâce à mon cachet un Ranger de faction me laisse accéder au chemin qui mène à Angels Landing. Il s'agit d'une arrête rocheuse étroite. A certains endroits, la crête fait moins d'un mètre de large, avec 300-400 m de précipice de part et d'autre. De plus, la crête monte de façon abrupte, avec un dénivelé de près de 100 m sur moins de 400 m. Âmes sensibles s'abstenir!

Une grosse chaîne est installée aux points les plus critiques. Et l'ascension commence. Bien entendu, on ne peut y aller qu'un à la fois, en file indienne et les croisements sont difficiles. A chaque petit palier, des groupes attendent leur tour pour monter ou descendre. Ces moments d'attente permettent de souffler un peu.

Enfin, j'atteins le sommet, une longue langue de roche étroite. Fait étrange : je me retrouve avec le même groupe que dans la file d'attente en bas, malgré le fait que nous soyons tous monté à notre rythme! Franche rigolade, photos les uns pour les autres, partage de noix et de chocolat. Des écureuils et chipmunks rodent pour voler les miettes. Moment magique et vue panoramique incroyable.

La descente est évidemment plus facile. Au total, j'ai parcouru 8.8 kms, pour un dénivelé positif de 542 m en 4h11. Je m'en vais retrouver Niki, fourbu mais content!

19

25/5 - Ce samedi, nous quittons Zion National Park. Nous traversons le parc, cette fois d'Ouest en Est. Comme à l'aller, les Rangers interrompent le trafic en sens opposé pendant le passage du long tunnel construit en 1930, ceci afin que je puisse y rouler au milieu des bandes de circulation (vraiment, mais c'est prévu et bien organisé). Nous nous arrêtons une dernière fois pour admirer encore la magnifique vallée et les falaises à pic.

Nous empruntons la Route 9 vers Mt Carmel Junction et nous nous y arrêtons pour faire le plein. Diable, c'est que ce V8 Ford de 3.5L glougloute comme un chameau. Encore 30 gallons (100 litres) ajoutés au réservoir! Clin d’œil amusant : la pompe à essence est pourvue d'un petit écran TV pour ne pas s'ennuyer pendant le remplissage. Nous empruntons la 89 vers le Nord, puis bifurquons sur la Route 12.

Après 140 kms de route, nous arrivons aux portes du Parc National de Bryce Canyon. Et si l'aventure commence là où s'arrête notre zone de confort, on y est un peu ici car, pour la première fois, nous n'avons rien réservé. Une petite douche froide nous attend à l'arrivée : un panneau indique que l'un des campings du parc est complet et que l'autre est juste fermé. Grrr. Nous rebroussons donc chemin vers Bryce Canyon City, la petite ville hyper touristique située juste avant le parc.

Une file de camping cars nous attend à l'entrée du "Ruby's Inn RV Park and Campgrounds", ainsi qu'une file de clients dans le bureau. Nous apprenons alors que lundi, c'est "Memorial Day", soit la commémoration des soldats US morts au combat. Et donc, un week-end de 3 jours où tout Américain qui se respecte entasse sa famille, son chien, du bois, de la viande et des bières dans son camping car et part en camping! Coup de chance : il reste juste un emplacement pour une tente. Et comme notre RV fait moins de 26 pieds de long (soit 7.92m), et bien, il peut l'occuper! Ca fait une grande tente, ça! Nous ne discutons pas, nous y installons prestement, dégustons une délicieuse salade dont Niki a le secret et filons vers le parc.

Pour nous y rendre, nous empruntons l'une des navettes gratuites qui passent toutes les 15 minutes. Comme à Zion, il s'agit de vieux bus conduits généralement par des personnes âgées (retraités volontaires?) parfois assez bavardes et quelque fois très drôles. Il y a beaucoup de monde et les navettes sont prises d'assaut à chaque arrêt. nous descendons au "Sunset Point" et découvrons le canyon.

Et, une fois encore, le vocabulaire manque pour décrire le paysage. C'est juste spectaculaire, grandiose, extraordinaire...

Pour cet après-midi, nous décidons de la jouer relax et choisissons une balade facile : la combinaison du "Queen's Garden trail" et du "Navajo Loop", soit un trajet de 4.6 kms et 183 m de dénivelé. Le chemin nous emmène dans les profondeur des cheminées de fées, "hoodoos" et autres vestiges de l'érosion. Il y a toutefois beaucoup de monde sur ce sentier. Lorsque nous découvrons 3 kms plus loin que le Navajo Loop est fermé, nous préférons donc continuer sur le "Peekaboo Loop" plutôt que de rebrousser chemin. Un coup d’œil plus attentif à la carte aurait pu nous en décourager! En effet, si l'objectif d'être seuls dans la nature est rencontré, le sentier se termine par un longue ascension abrupte et épuisante! Au total, nous aurons parcouru plus de 9 kms avec un dénivelé de 480 m! Pas mal pour une mise en jambe.

26/5 - Jour d'élections. Nous pensons à vous!

Nous entamons notre journée par un arrêt au "Visitors Center". Nous y visionnons un film d'introduction au parc de 20 minutes, intéressant mais totalement vieillot, en format 4:3 et que l'on peut encore acquérir en cassette VHS! Clairement, ce pays n'investit pas assez dans ses infrastructures touristiques...

Nous empruntons ensuite le "Tower Bridge trail", une belle ballade aller-retour de 5 kms et 245 m de dénivelé. On y descend à grande enjambées, emmitouflés dans nos vestes car le vent souffle en rafales glacées. Et on le remonte à petits pas et en T-Shirt, la pente étant raide et le soleil cognant fort dans le fonds du canyon. Les paysages changent à chaque virage. Un moment, on se croirait dans le désert, avec des dunes jaunes. L'instant suivant, nous avançons au pied d'une forteresse de pierres rouges...

Nous nous rendons ensuite au Bryce Point, à l'extrémité Est de la corniche, que nous suivons, au bord du gouffre, jusqu'au Sunset Point. Encore 5 kms de grand air et de vues inspirantes!

Affamé par cette belle journée de balades, nous nous rendons au "Ruby's Inn General Store". Il apparaît que la famille Ruby possède tout à Bryce Canyon City : l'hôtel, le camping, la pompe à essence et le supermarché. Ce dernier toutefois n'est pas exactement achalandé à notre goût. Après beaucoup d'hésitation, nous nous rabattons sur une icône de l'art US que nous dégustons dans notre camper, accompagné de brocolis, carottes et pâtes.

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Hier soir, nous nous sommes endormis au bruit de la pluie qui clapote sur le toit de notre camping car. A notre réveil, quelle surprise! Il a neigé.

Nous quittons Bryce Canyon par la "Scenic Route 12", une "merveille" selon le Routard qui y consacre un chapitre, et l'une des plus belles routes du monde selon National Geographic. Hélas, le temps est très nuageux, et nous ne profitons pas beaucoup des superbes panoramas qu'elle devrait offrir.

La pluie se met à tomber. Rapidement, elle se transforme en forte averse. De part et d'autre de la route, nous admirons les petites cascades qui se forment. Nous passons les petites villes de Cannonville, Escalante et Boulder. Après Boulder, la route se met à monter. Et la pluie se transforme en neige!

Nous suivons un chasse-neige qui dégage la route devant nous, et avançons donc sans aucun encombre jusqu'à un col situé à plus de 9000 pieds, soit 2804m! On ne regarde jamais assez la carte depuis l'avènement du GPS...

Juste après le col, le chasse-neige fait demi-tour et nous entamons donc la descente. Au début, tout se passe plutôt bien. Le camping car, bien lourd, réagit plutôt bien. Mais, à un moment, au début d'une forte pente, nous nous retrouvons bloqués. 2 énormes caravanes se sont mises en ciseaux sur le bas-côté, ne laissant qu'un étroit passage entre elles. Quelques voitures passent au compte-goutte.

La neige tombe maintenant en gros flocons et s'accumule sur la route. J'essaye de déplacer mon énorme RV et, horreur, me rend compte qu'il commence également à glisser vers le bas-côté. J'ai toutes les peines du monde à me ranger sur le côté sans partir complètement en glissade. Nous voici donc totalement bloqués aussi, gros stress !

Vive l'efficacité américaine! Moins de 15 minutes plus tard, 2 chasses-neige arrivent et, sous la supervision d'un Ranger, dégagent la route, puis les 2 caravanes bloquées. Nous nous remettons en route, bien prudemment, et descendons au ralenti la superbe route.

Beaucoup plus bas, nous voici rebloqués. C'est que les Rangers ont carrément fermé la route avec un cadenas. Nous attendons quelques minutes jusqu'à ce que l'on vienne nous libérer.

En début d'après-midi, nous arrivons épuisés par cette route dans la petite ville de Torrey, juste à côté du Parc National de Capitol Reef. Nous ne comptions pas y faire étape, mais les circonstances en ont décidé autrement. Nous prenons la dernière place libre au sympathique camping de Sand Creek. Niki nous réconforte avec une délicieuse omelette aux champignons. Notez la présence de Ketchup Heinz sur la table, comme sur toute table US qui se respecte (sauf que le nôtre est bio!)

En fin de journée, nous prendrons un délicieux dîner au Rim Rock Restaurant, un petit restaurant adossé à un motel, avec une vue magnifique sur les montagnes aux alentours. Il a cessé de neiger. Je me régale d'un gros steak, tandis que Niki déguste une truite d'Utah. A la fenêtre, 2 colibris se nourrissent à une petite mangeoire. L'aventure continue...

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Les jours se suivent et ne se ressemblent pas! Un beau soleil éclaire notre roulotte ce matin.

Puisque nous sommes juste à côté, nous décidons d'explorer le Capitol Reef National Park. Peu connu, celui-ci s'articule autour de Fruita, une oasis de verdure au milieu d'un canyon aride et rocailleux. Des colons mormons y ont jadis planté 3000 arbres fruitiers, d'où le nom de Fruita! Nous découvrons la belle route scénique qui traverse le parc et nous arrêtons pour admirer quelques superbes panoramas.

Nous entamons une petite randonnée dans un joli canyon sablonneux et verdoyant. L'érosion a creusé dans les parois plein de petites niches et cavités. De loin, on pourrait croire qu'il s'agit d'une ville troglodyte, avec plein d'appartements creusés dans le rocher. Nous admirons également les étonnantes fleurs des cactus.

Après 30 minutes de marche, le ciel s'assombrit et le tonnerre gronde. Nous rebroussons prudemment chemin et reprenons la route en RV sous la pluie. Notre reportage photographique s'en trouve quelque peu compromis.

Nous quittons Capitol Reef NP par la magnifique Route 24 vers l'Est. Celle-ci nous fait traverser des paysages grandioses de falaises immenses et de profonds canyons. Nous obliquons ensuite vers le nord, traversons le "San Rafael Desert" et nous arrêtons au Goblin Valley State Park. En plein milieu du désert, l'érosion a créé à cet endroit un étrange phénomène : des milliers de pignons rochers aux formes étranges. On dirait vraiment une forêt de champignons minéraux de grande taille, sorte de grande ville Schtroumpf rouge, c'est enchanteur, même sous un ciel plombé !

Nous reprenons la longue route rectiligne à travers le désert, rejoignons l'immense autoroute I70 que nous prenons vers l'est puis suivons les indications "Arches National Park" vers le sud. Comme les campings du parc national sont tous complets, nous trouvons un endroit où nous poser à Moab, capitale des sports extrêmes des USA.

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Aujourd’hui, nous visitons l’emblématique Arches National Park, à 10 kms au nord de Moab.

Une belle route scénique d’environ 40 kms traverse le parc de part en part, offrant de magnifiques perspectives sur les massifs rocheux, le désert en contrebas et les cimes enneigées des montagnes de La Sal au loin.

De temps à autre, nous nous arrêtons dans les grands parkings aménagés et, après une courte balade, admirons les différentes arches et points d’intérêt : le « Balanced rock », une énorme pierre en équilibre instable sur une mince colonne à 40 m de haut, la « double arch », la « delicate arch », celle qu’on voit généralement sur les photos etc. Nous nous étonnons de la diversité des effets de l’érosion : à Bryce, elle a créé des milliers de cheminées de fées, au Gobelin State Park, ce sont des drôles de champignons, et ici, le parc compte près de 2000 arches naturelles !

A l’extrémité nord, nous garons notre immense véhicule sur le parking du « Devils Garden », le jardin des diables. J’enfile mes chaussures de marche et me voici parti pour une belle randonnée de 9 kms, tandis que Niki se repose. J’emprunte le « Double O Arch trail », nommé pour sa destination, un étonnant empilement de 2 arches, une petite au ras du sol, surplombée d’une plus grande, plus élancée, à 30 m de haut, l’ensemble formant une sorte de 8 à l’envers.

Au passage, j’admire la magnifique « Landscape Arch », la plus belle selon moi : une mince lame de roche de 32 m de haut et 88 m de long !

Et voici encore la « Navajo Arch » et la « Pine Tree Arch » (et j'en passe...)

A un moment, le sentier emprunte une longue arrête rocheuse de 2-3 m de large, avec d’un côté 5-6 m de contrebas et de l’autre une chute de plus de 30m. C’est impressionnant, d’autant plus que le désert s’étale à l’infini de part et d’autre. Vertigineux !

De retour à Moab, nous découvrons le « Moonflower », un sympathique supermarché bio, bien achalandé. Nous faisons le plein de fruits, légumes, soupes, sauce pour les pâtes, chocolats etc.

Nous dînons à la Moab Brewery, un immense restaurant célébrant l’aventure sous toutes ses formes (une jeep trône au milieu, des kayaks et rafts sont suspendus au plafond, des VTTs sont accrochés au mur…) accolé à une brasserie artisanale. Nous dégustons donc notre hamburger et enchilada végétarien accompagnés d'une bière locale.

Avant de rejoindre notre loft, nous visitons encore une belle petite librairie - Vive les horaires US : Elle ne ferme qu’à 22 h ! Encore une belle journée d'aventure bien pleine !

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Aujourd'hui, nous quittons Moab pour explorer Canyonlands National Park. Canyonlands comprend 3 parties distinctes : "Island in the sky" au nord, "The Needles" au sud et "The Maze" à l'ouest. Nous commençons notre exploration par "Island in the sky", cette île dans le ciel, située au nord de Moab, au-delà de Arches National Park sur la route 191. Il s'agit en fait d'un haut plateau aux parois abruptes que seule une étroite bande de terre de quelques dizaines de mètres relie au niveau inférieur. Les cow boys l'utilisaient dans le temps pour y parquer du bétail car il suffisait de bloquer l'étroite langue de terre pour que les bêtes ne puissent s'échapper. Le haut plateau surplombe le désert que le Colorado et la Green RIver ont creusé, y creusant de profondes entailles.

Notre exploration commence par le "Green River Overlook", d'où les gorges creusées par cet affluent du Colorado sont remarquables. Une fois encore, les panoramas sont époustouflants, à couper le souffle. Les photos ne peuvent rendre toute l'immensité du paysage.

Nous explorons ensuite "Upheaval Dome", un étrange cratère, probablement formé par une météorite, pulvérisée lors de l'impact. Il faut évidemment escalader les parois pour avoir une bonne vue du cratère, que l'on contourne ensuite le long de son arête sur quelques centaines de mètres.

Nous reprenons notre RV et traversons l'ensemble de l'île pour rejoindre "Grand View Point Overlook", l'extrémité sud de l'île dans le ciel. La vue y est juste inoubliable. Nous suivons le sentier qui longe la corniche, une balade de 3 kms à se dévisser la tête.

En fin de journée, nous quittons "Island in the sky" et prenons encore le temps de visiter le "Dead Horse Point Overlook", un parc d'état situé juste à côté. Ce sinistre nom fait référence à une bande de mustangs emprisonnés parqués sur cette étroite bande de terre aride, puis oubliés par leurs propriétaires. Sans eau, les chevaux sont hélas morts.

Ici encore, les superlatifs manquent : la vue sur les boucles du Colorado, le désert et les montagnes est grandiose!

Nous en avons pris plein la vue. Sur la route, une pancarte attire notre attention : "Horsethief campground", le camping des voleurs de chevaux. L'endroit est sauvage à souhait. Quelques emplacements pour une tente ou un RV, des toilettes sèches et le désert tout autour. A l'entrée, on trouve des enveloppes. On y indique le numéro de l'emplacement choisi, on y glisse $15, on en détache un espèce de coupon et on la met dans la boîte aux lettres. Puis on fixe le coupon à la borne à l'entrée de l'emplacement choisi. Et c'est réglé.

Loin de tout, le silence est total et la voûte céleste magnifique. Ce pays est géant !

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Pour rejoindre "The Needles", la partie sud de Canyonlands que nous comptons visiter demain, nous reprenons la route, repassons devant Arches National Park, traversons Moab et filons vers le sud sur la Route 191. Les 2 entrées du parc sont séparées de 120 miles, soit environ 200 kms.

Cette étape de route me donne l'occasion d'aborder un élément de notre voyage dont j’ai envie de vous parler depuis quelques temps : notre adhésion à l’étrange congrégation de « Cruise America ».

Ici, en particulier dans cette région des grands parcs nationaux, il y a vraiment beaucoup de camping-cars. Ils sont de toutes tailles : d’une simple cabine posée sur un pick-up jusqu’aux monstres de 10 m de long qui tractent encore derrière eux une voiture ou un bateau. Quelques compagnies se disputent le marché de la location de ces véhicules. "Cruise America", la compagnie que nous avons choisie, en est clairement le leader. Comme tous les véhicules de leur flotte, et comme vous avez pu le voir sur nos photos, notre R-V est décoré : une belle photo d’un parc national (Grand Prismatic Spring dans le Yellowstone) sur les côtés et à l’arrière, un chien sur le hublot de la porte (c’est pour mettre en évidence le côté familial) et, sur la loggia au-dessus de la cabine, le bitume d’une route sous un ciel bleu. Cette déco rend leurs véhicules très reconnaissables, aucune autre société n’opérant de la sorte.

Partout où nous nous garons, dans les parcs nationaux ou dans les campings, il y en a généralement plusieurs. Ainsi, un jour, après une balade, alors que je m’apprête à déverrouiller la portière, Niki m’alerte sur une grosse bosse dans la cabine. Nous constatons, effarés, les dégâts, jusqu’à ce que je m’aperçoive que ce n’est pas notre véhicule. Le nôtre est intact, 10 m plus loin !

Pour illustration, une aire de parking dans un parc national. La photo est prise de la cabine de notre véhicule. 

Sur la route, nous en croisons évidemment beaucoup. Nous les reconnaissons facilement grâce à la loggia décorée. Et c’est devenu un petit jeu entre nous de les compter. Ainsi, entre Zion et Bryce, nous en avons compté 7. Et entre Bryce et Moab : 10 !

Plus étrange, nous nous saluons en nous croisant, d’un appel de phare et de signes de la main. Certains les agitent frénétiquement, comme si nous étions des amis chers. Nous sommes convertis !

Nous quittons la Route 191 vers l'ouest, en direction de Canyonlands/The Needles. La route continue à nous réserver des surprises!

Hélas, à notre arrivée dans le Parc National, nous découvrons une fois encore que le camping est plein. Nous faisons demi-tour et, heureux de l'expérience d'hier soir, nous dirigeons vers un autre de ces campings BLM (pour Bureau of Land Management) semi-sauvages. En suivant une mauvaise piste en tôle ondulée, nous arrivons à un étrange agglomérat de rochers. On y a défini 10 emplacements de camping tout autour, de telle façon que chacun soit pratiquement isolé des autres.

Nous nous y installons, nous préparons un délicieux Chili Con Carne et assistons à un coucher de soleil flamboyant dans le désert. On en a encore pris plein les yeux!

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Après un bon petit déjeuner (qu'il est agréable d'avoir un vrai frigo en camping!), nous rejoignons l'entrée de "The Needles", la partie sud du Canyonlands National Park, à quelques miles de notre bivouac. Une fois de plus, notre sésame "America the Beautiful" nous en ouvre gratuitement les portes. Il fait estival aujourd'hui, avec un grand soleil, un ciel bleu sans nuages et des températures qui atteindront 30°. Ca fait du bien!

Nous rejoignons "Squaw Canyon Flat", j'enfile mes chaussures de randonnée et me voici parti. Je remonte le "Big Spring Canyon" le long d'une petite rivière. Les paysages sont enchanteurs : verdure et fleurs auprès de l'eau encadrées de parois de roches. Le soleil est déjà haut dans le ciel et il fait bien chaud. Au bout du canyon, une solide escalade me permet de passer dans le canyon adjacent, le Squaw Canyon, que je redescends jusqu'à mon point de départ. Au total, une belle boucle de 12 kms avec 320m d'élévation.

Je retrouve Niki et nous prenons une bonne salade féta avant de repartir. Nous suivons la route scénique qui nous permet de découvrir "The Needles", sorte de concentré de tout ce que nous avons vu jusqu'à présent : vallée "aux dimensions bibliques" selon le Routard, falaises rouges, étendues désertiques et beaux panoramas. Nous nous arrêtons au bout de la route, à "Slickrock foot" et effectuons une belle randonnée de 5 kms avec quelques magnifiques points de vue.

Avec 17 kms dans les pattes, je suis plutôt content de reprendre notre véhicule. Nous quittons le parc et mettons le cap vers le sud. Après 1h30 de route, nous atteignons la petite ville de Monticello. Nous nous installons au "Old West RV Park". Le tenancier du camping, Jim, est un vrai cow boy, avec gilet en cuir et chapeau, et... revolvers à la ceinture. C'est que, ici, c'est "free carry" (=port libre). Jim et l'un de ses amis se baladent donc, pistolet à la ceinture... Nous dormirons en sécurité ici, c'est certain...

Oui, vous avez bien vu! Ils sont tous les 2 armés! 
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2/6 - Nous quittons notre camping de cow boys, prenons la Route 666 vers l'est et nous arrêtons brièvement à Cortez, bourgade sans intérêt, pour nous réapprovisionner. En chemin, nous avons quitté l'Utah et nous trouvons maintenant au Colorado, révélant une nouvelle palette de couleur. Nous avons abandonné le rouge des rochers, le désert à perte de vue et les paysages minéraux. Ici, tout est vert! Collines boisées, immenses prairies, cultures, troupeaux de vaches : c'est un autre monde, beaucoup plus reposant pour les yeux.

Nous atteignons le Mesa Verde National Park (Et de 8!) et, oh surprise, y trouvons une belle place, arborée et bien isolée, dans le camping! Nous enfilons nos chaussures et partons à la conquête du "Point lookout trail", un joli sentier très escarpé qui nous mène à un superbe point de vue sur la vallée. Remarquez comme tout est vert!

Comme dans tous les campings US, notre emplacement est équipé d'un coin pour faire du feu et un barbecue. Ah nous, la bonne première grillade!

3/6 - Mesa Verde est un immense plateau en altitude qui était habité et cultivé par des peuplades indiennes entre 850 et 1150. L'intérêt particulier du parc réside dans les "cliff dwellings", les constructions réalisées par ces tribus dans la parois rocheuses. Les indiens cultivaient le dessus du plateau mais s'abritaient à flanc de falaise. Nous visitons la plus grande construction de ce type, le bien nommé "Cliff palace" (Palais de la falaise) qui abritait probablement 200 habitants. Belle balade un peu acrobatique!

Hélas, pour le reste, le parc a été fort abîmé par des incendies de forêt ces dernières années. Nous visitons encore quelques ruines indiennes puis reprenons la route, d'abord vers l'est sur la 160, puis vers le sud sur la 84. En chemin, nous rencontrons un violent orage avec de magnifiques éclairs et de la grêle. L'aventure continue...

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4/6 : Nous avons passé la nuit à Chama, petite bourgade isolée à la frontière entre le Colorado et le Nouveau Mexique. La ville recèle un trésor : elle est le point de départ d'une ancienne ligne de chemin de fer à voie étroite datant de 1880 et qui la relie, en traversant des paysages spectaculaires, à une autre petite ville sans aucun intérêt : Antonito dans le Colorado. C'est la "Cumbres & Toltec Scenic Railroad" : Tous les jours en saison, 1 train à vapeur effectue le périple en une journée, soit moins de 100 kms à une vitesse de 15-20 km/h. A défaut de faire le voyage, nous assistons au départ du train. Il est spectaculaire à souhait : jet de vapeur, sifflets, grondement de la machine et crissement de l'acier contre l'acier. Niki, un peu trop près, se prend une giclée de suie de charbon! C'est là qu'on comprend bien pourquoi on n'en utilise plus!

Pour les fans de western et de mécanique... 

Nous poursuivons notre périple vers le sud et effectuons un crochet par Los Alamos, ville perdue dans la montagne et longtemps gardée secrète. C'est ici qu'a été réalisé le "Projet Manhattan", l'effort de développement de la première bombe atomique pendant la 2ème guerre mondiale. Nous y visitons le Bradbury Science Museum. Intéressant, très touffu et aussi interpellant. Le monde est-il vraiment plus sûr avec cette arme entre nos mains?

En fin de journée, nous arrivons à Santa Fe, nous y installons et dînons à "The Shed". Délicieux, mais très très épicé. Nos lèvres et langues sont anesthésiées!

5/6 - Santa Fe est une ville résolument différente. Tout d'abord parce que c'est la 2ème plus vieille ville des Etats-Unis, fondée en 1610 par des Conquistadors espagnols. Jusqu'en 1848, la ville était mexicaine! De plus, il y a ici une forte culture indienne. Le résultat est charmant. Pas de grattes-ciels. Une grande unité architecturale de bâtiments construits en adobe, sorte de terre battue avec de grosses poutres de bois. Une agréable quiétude. Plein de galeries d'art. Un havre de paix. Nous nous y baladons pendant toute la journée, savourant l'étonnant charme et la beauté des lieux.

Le symbole de la ville est le piment rouge. De grosses grappes décoratives pendent aux réverbères et à l'entrée de nombreux bâtiments. On en retrouve également abondamment dans la cuisine locale. Notre dîner chez Choza, le meilleur restaurant "New Mexican" de l'état selon le Routard, nous fait abondamment transpirer. C'est délicieux, mais très très très épicé! Pimenté, ce voyage!

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6/6 - Nous quittons Santa Fe vers le nord et repassons du Nouveau Mexique au Colorado. Notre route nous mène en fin d'après-midi au Grand Sand Dunes National Park, un endroit totalement étonnant. Une étonnante combinaison de vents contraires et de rivières ont entraîné l'accumulation de sable au pied de montagnes, créant les plus hautes dunes de sable d'Amérique du Nord. Ceci y crée un paysage hors norme de plage devant des montagnes enneigées.

A notre arrivée, le camping du parc est déjà plein. C'est que c'est ici la pleine saison touristique, les congés solaires ayant commencé. Nous nous installons donc dans l'étonnant camping/ supermarché/pompe à essence/restaurant situé juste à l'entrée du parc. On y loue également des planches de surf pour descendre les dunes! Un violent orage éclate, d'énormes éclairs zébrant le ciel.

7/6 - Nous nous forçons à partir un peu plus tôt que d'habitude afin d'éviter la cohue annoncée à l'entrée du parc, utilisons pour la 9ème fois notre "Belle Amérique" et rangeons notre roulotte au parking des dunes. Pour accéder à celles-ci, il nous faut encore traverser la rivière bien fraîche, dans laquelle pataugent déjà quelques familles.


Nous attaquons l'escalade de la Star Dune, la plus haute, culminant à 230 m. Ce n'est pas immense, mais la progression dans le sable est fatigante. Après une petite heure de marche, nous atteignons le sommet, offrant une perspective extraordinaire à 360°. Clairement, l'appareil photo de mon smartphone, tout Leica qu'il soit, est un peu perdu par la combinaison de sable clair, ciel bleu et montagne.

Lorsque nous redescendons au niveau de la rivière, c'est Blankenberge le 21 juillet! Nous fuyons bien vite...

Nous trouvons un petit coin de calme plus reculé pour manger notre salade quotidienne. Hélas, assez soudainement, le ciel se couvre de nuages. Puis vient la pluie. Pas de problème ! Nous irons chercher le soleil ailleurs...

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La pluie nous ayant chassé des grandes dunes de sable, nous cherchons une destination sympathique et ensoleillée pour passer une journée. Le Routard nous convainc de mettre le cap sur Manitou Springs, à quelques encablures de Colorado Springs. Nous y arrivons le 7 juin au soir, trouvons un agréable camping pour nous accueillir et nous installons. Et ce samedi, nous partons à la découverte de cette sympathique petite ville.

Comme son nom l'indique bien, Manitou Springs est surtout réputée pour ses sources d'eau minérale. Bien connue des Indiens, elles furent abondamment exploitées dès le XIXème siècle. Naturellement pétillantes, elles faisaient exploser les bouteilles de verre au début de leur exploitation! La ville connut un beau développement en tant que station de thalassothérapie.

Aujourd'hui, il ne subsiste de cette grande époque que 8 ou 9 fontaines, disséminées dans le centre ville, où l'on peut goûter les précieux breuvages. De façon générale, l'eau y est aujourd'hui fort chargée en minéraux divers, en sel en particulier, et légèrement pétillante. Elles offrent surtout le prétexte à une jolie balade, de fontaine en fontaine, sous un beau soleil.

La ville est sympathique et souriante, avec de jolies maisons colorées et des jardins soigneusement tenus, ainsi que quelques œuvres d'art.

En début d'après-midi, nous mettons le cap sur le "Garden of the Gods", un endroit assez magique rassemblant de beaux rochers rouges dans une belle verdure, avec des montagnes enneigées en arrière plan. Ce magnifique jardin, anciennement terre sacrée de tribus Indiennes, est aujourd'hui un parc public de la ville de Colorado Springs. Il est bien aménagé et l'on peut s'y promener, y faire du vélo ou encore de l'escalade. Quel dommage qu'on puisse aussi en faire le tour en voiture!

Après cette belle journée estivale, nous nous mettons en route vers Boulder, au nord de Denver, où nous avons rendez-vous avec nos amis Susan et Tom. En chemin, comme presque chaque jour en fait, le ciel s'assombrit. Alors que nous sommes sur une large autoroute, une violente averse de grêle s'abat sur nous. Les grêlons sont gros comme des pop corns et frappent violemment le pare-brise. Le claquement de la glace sur le toit est assourdissant. Des embouteillages se créent aux abords des ponts car des véhicules s'arrêtent en dessous pour s'abriter, tandis que de la glace s'accumule sur l'autoroute. Dantesque!

Hé! Pas de souci, hein! L'aventure, on connaît maintenant. Une fois encore, on est passé à travers, et on est arrivé à bon port!

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8/6 - Ce soir, nous avons rendez-vous à Boulder avec nos amis Susan et Tom Churchill. Susan et moi étions dans la même section à Harvard Business School. Susan m'a proposé de nous retrouver sur le parking de leur entreprise, où nous pourrons nous installer avec notre RV. Nous y sommes reçus comme des rois : non seulement nous avons accès aux douches et toilettes de l'entreprise, mais nous avons aussi le bonheur de pouvoir utiliser : 1) une machine Nespresso (enfin du vrai café et plus cet horrible instantané); et 2) le véhicule de leur entreprise pour nous déplacer, un énorme pick-up RAM à double cabine et double train de roues à l'arrière.

Bon, c'est à peine plus petit que notre RV, mais c'est quand même beaucoup plus maniable! 

Nous dînons avec Susan, Tom et leurs 3 enfants dans un ancien Burger King transformé en restaurant indien. Miam Miam, c'était succulent !

9/6 - Le lendemain, nous nous retrouvons au pied du National Centre for Atmospheric Research, un bâtiment dessiné par l'architecte I.M. Pei, récemment décédé. Si cela vous intéresse, n'hésitez pas à le googler sur internet. Nous, on l'a franchement trouvé trop moche pour le photographier! Le bâtiment se trouve au pied des "Flatirons", des formations rocheuses en forme de fers à repasser. Nous y effectuons une belle balade avec Susan et Tom. Les rocheuses sont fort différentes des montagnes vues jusqu'à présent. Ici, le paysage est beaucoup plus vert et alpin. On se croirait un peu en Suisse. Hélas, il fait fort nuageux et les photos ne donnent donc qu'une idée maussade de la beauté de l'endroit.

Plus tard, nous explorons la ville et, en particulier, Pearl Street dont une section a été transformée en piétonnier. Il fait beau et souriant. Nous dînons à la West Flanders Brewery. Et non, ce n'est pas l'adresse de la section locale du Vlaams Belang, mais bien une micro-brasserie/restaurant créée par des Américains que notre pays inspire beaucoup. Nous y dégustons un délicieux hamburger bio, accompagné bien entendu d'un échantillon de la production locale. Oui, il fait bon vivre à Boulder, Colorado!

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Nous nous sommes échappés tôt et discrètement ce lundi matin, afin de ne pas croiser en pyjama et pantoufles les employés de Susan et Tom! Nous quittons Boulder par l'impressionnant canyon qui ferme la ville à l'ouest et rejoignons la petite ville de Nederland, à 2000m d'altitude dans un paysage montagneux : ça ne s"invente pas! La ville est située au bord d'un charmant lac à côté duquel nous petit-déjeunons.

Nous rejoignons ensuite le Rocky Mountain National Parc, magnifique domaine situé au cœur des Rocheuses. Ici, nous trouvons des paysages de montagne comme en Suisse ou en Autriche : des montagnes tranchantes, de la roche gris-argenté, des sapins etc. C'est juste immense et grandiose.

Nous rejoignons le "Bear Lake" à 2750 m pour notre première randonnée et partons à la conquête de 3 lacs : les Nymph Lake, Dream Lake et Emerald Lake. Très vite, le sentier se couvre de neige glacée. La progression devient difficile. Et le dernier lac est encore totalement gelé. C'est que nous sommes ici à plus de 3000m d'altitude. L'air est piquant et le paysage grandiose.

Sur la route du retour, nous nous arrêtons encore pour admirer un beau wapiti qui broute au bord de la route. Plus tard, nous verrons aussi un colibri vert électrique butiner une fleur dans notre camping. Je n'ai hélas pas pu le photographier!

Chouette! On va encore passer 2 jours ici!

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Désolé pour notre silence radio - Nous venons de passer 5 jours complets dans des immensités sauvages où aucun wifi ne sévit... Je vous en parlerai plus tard...

11/6 - Nous poursuivons notre exploration de la partie Est du magnifique parc national des Rocky Mountains avec 2 belles randonnées. Tout d'abord, je m'en vais seul dans le "Moraine Park", le bas de la vallée du lac des Ours, découvrir le "Cub Lake". Belle ballade de près de 10 kms. Hélas, la forêt tout autour du lac a brûlé. De plus, le ciel est fort nuageux. Pour les photos spectaculaires, on repassera.

Plus tard, avec Niki, nous partons à la découverte du joli lac de Bierstadt. Mais qui donc a bien pu lui donner un nom pareil? La navette du parc nous dépose au pied du sentier de randonnée. Belle balade de 5 kms, avec une solide ascension de 240m dans le premier kilomètre, puis une douce descente vers le parking où nous avons laissé notre véhicule.

12/6 - Ce matin, nous empruntons la "Trail Ridge Road", la plus haute route pavée continue d'Amérique du Nord. Celle-ci traverse le parc d'Est en Ouest. C'est une vraie route de montagne avec d'étroits lacets et une forte pente. En chemin, nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour profiter de la vue magnifique sur la vallée du Lac des Ours.

Très vite, nous atteignons la neige! De part et d'autres de la route, la couche dépasse les 3 mètres. La végétation disparaît, laissant la place à une sorte de toundra rocheuse, paradis des marmottes! La route passe un col à 3713m avant de redescendre en forte pente vers l'autre versant. C'est juste grandiose.

Dans la descente, fort ralentissement du trafic. C'est que 2 orignaux, les fameux "moose" ou grands élans d'Amérique du Nord, se promènent en contrebas de la route.

En chemin, nous nous arrêtons pour découvrir le "Green Mountain Trail", un joli sentier de 6 kms qui serpente dans une forêt de pins vers la "Big Meadows", la grande prairie. Au bout de celle-ci, bien visibles aux jumelles, mais trop loin pour être pris en photo, nous observons une dizaine d'orignaux, mâles et femelles qui broutent paisiblement.

Nous reprenons la route qui redescend jusqu'au "Grand Lake", à la sortie ouest du parc. Nous continuons notre chemin et empruntons la Route 125 qui file vers le nord. Nous ne sommes plus dans un parc national, et pourtant, le paysage demeure grandiose. Plaines immenses, profonds canyons, torrents de montagne... Sublime! Nous passons de petites villes perdues telles Rand, 59 habitants.

Nous nous laissons guider par notre intuition et suivons une mauvaise piste de 22 miles (35 kms) qui nous mène au Lake John, un bel endroit perdu dans la plaine, avec de jolies montagnes en toile de fond. C'est un rendez-vous de pêcheurs qui y ont aligné leur camping cars le long du rivage. Nous nous intercalons facilement et observons avec bonheur de beaux pélicans. Aucun bruit. Aucune lumière la nuit. Des millions d'étoiles. C'est la vie sauvage. Ce pays est grand!

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13/6 - Nous quittons Lake John et le verdoyant Colorado pour le Wyoming, l'état le moins peuplé des Etats-Unis. Comptez 584.000 habitants pour un territoire grand comme la moitié de la France! Ca fait peu de monde au km². Riverside, Saratoga, Walcott, Rawlins, Muddy Gap, Sweetwater Station... Nous avalons les kilomètres sur des routes infinies, dans une immense plaine semi-désertique. Les vents puissants rendent la conduite de notre monstre volumineux particulièrement fatigante. Il faut en permanence ajuster la trajectoire et éviter de faire de trop grands écarts, notamment lorsqu'un poids lourds (taille XXXL) nous croise.

Nous atteignons la petite ville de Dubois en fin de journée et, fourbus, décidons d'y faire étape. Sur les recommandations de l'employé du camping, nous dînons au Nostalgia Bistrot et y dégustons un délicieux steak, patates chemise, asperges.

14/6 - Nous rejoignons ce matin le Grand Teton National Park. Souvenir des trappeurs français à l'humour décalé, les Tetons désignent une rangée de magnifiques pics montagneux qui surgissent brutalement de l'immense plaine américaine. Quelques beaux lacs se sont formés à leur pied, offrant des paysages absolument somptueux.

Nous trouvons un emplacement pour notre roulotte à Coulter Bay, au bord du grand Jackson Lake" puis partons nous promener vers le "Heron Pond" et le "Swan Lake". Partout, on nous avertit des dangers liés à la présence de nombreux ours. Hélas, nous n'en verrons pas un seul! A vrai dire, nous ne verrons pas grand chose comme animaux, à part quelques écureuils et beaucoup d'oiseaux (ainsi que de trop nombreux moustiques...).

De retour au point de départ de notre randonnée, nous observons ceci:

Et quelques minutes plus tard...

Bon, c'est vraiment du cabotage. Mais cette promenade est bien plaisante. Ceci dit, on s'est quand même fait un peu rincer par une averse subite, mais nous commençons à nous habituer à cette météo capricieuse.

En fin de journée, nous rejoignons notre "Campground". De derrière notre emplacement part un petit sentier qui descend droit sur le lac. Moment de sérénité après une belle journée d'aventure.

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Enfin une bonne connexion wifi pour vous raconter la suite de nos aventures!

Ce 15 juin, nous quittons notre campement dans le Grand Teton National Park et montons droit vers le nord, vers le Parc National de Yellowstone. Les 2 parcs sont immédiatement voisins. Nous arrivons donc par l'entrée sud et suivons la Lewis River. Petit arrêt pour admirer les "Lewis Falls", les jolies et toniques chutes à quelques encablures de la route.

Nous nous arrêtons au "Visitor Center" de Grant Village, là où nous avons réservé un espace pour notre RV. Nous y apprenons que le "Old Faithful", le geyser probablement le plus connu du monde, devrait se manifester dans 40 minutes. Nous reprenons donc immédiatement la route vers l'Ouest, vers l'Upper Geyser Basin. Le temps de trouver une place dans l'immense parking et de trouver notre chemin, nous atteignons l'espace dédié à l'observation de ce monument géologique juste à l'heure dite et au moment où tout le monde s'en va! C'est qu'il a jailli un peu plus tôt que prévu cette fois. Zut et flûte!

Pas de souci, comme depuis environ 150 ans, il s'envoie en l'air toutes les 94 minutes en moyenne, pendant +/- 10 minutes, nous nous préparons notre petite salade quotidienne et lunchons dans notre vaste salle à manger.

A l'heure dite et même un peu plus tôt, nous retournons sur le bel espace d'observation, un immense pont de bois en arc à distance respectueuse du puit. C'est que le jet bouillant peut quand même s'élever à près de 55 mètres de haut, et qu'il ne faut pas se trouver en dessous, même par grand vent. Le site en lui-même est extraordinaire : une sorte d'immense plateau de couleur blanche calcaire descend en pente douce, révélant ici et là des fumerolles et vapeurs. Soudain, alors que nous attendons notre "Old Faithful", un autre geyser se met à jaillir un peu plus bas, l'imprévisible "Beehive". Et dès que celui-ci se calme, nous observons enfin, fascinés, le vieux fidèle, qui crache ses 50.000 litres d'eau bouillante en 4 minutes. Géant!

En haut à gauche, le "Beehive". Et à droite et en bas, le somptueux "Old Faithful". 

Nous explorons ensuite cet "Upper Geyser Basin", en nous promenant sur les passerelles aménagées. Le spectacle est grandiose : ça crache, ça fume, ça bouillonne et ça siffle dans tous les coins. Une vraie marmite du diable! Les couleurs des sources sont stupéfiantes. L'eau est généralement d'une grande clarté tandis que les parois et alentours se colorent en fonction des minéraux et des micro-algues. On aurait souvent envie de s'y baigner, mais de très nombreux panneaux nous informent que c'est illégal, dangereux et nuisible. Il suffit peut-être d'indiquer la température de l'eau, non?

Nous remarquons une jolie source à l'eau d'une grande pureté et aux parois de couleur jaune, verte et ocre. Surprise : c'est la "Belgian Pool"!

L'immense "Old Faithful Lodge" à l'architecture rustique fournit un arrière-fond intéressant à notre balade. Et un rapide coup d’œil à son grand hall en rondins vaut le détour!

Nous reprenons la route et explorons encore, à quelques kilomètres de là, les Black Sand Basin et Biscuit Basin, chacun présentant une multitude de sources, bains de boue et petits geysers. Je ne vous présente qu'une fraction des photos prises tant tout semble photogénique sur le moment!


En fin de journée, nous atteignons sous un ciel de plomb le "Midway Geyser Basin", où se trouve la "Grand Prismatic Spring" qui décore notre camping car. C'est une source qui jaillit dans un grand bassin circulaire fumant d'une couleur bleue intense, dont les abords s'ornent de multiples couleurs. Et nous nous émerveillons encore une fois devant la beauté de ces contrées...


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Pour ce 2ème jour dans le Yellowstone NP, nous mettons le cap sur Canyon Village. Nous contournons le majestueux Yellowstone Lake et traversons la Hayden Valley. Et là, au détour d'un virage, surprise: des bisons. Oh, non, pas quelques bisons. Beaucoup de bisons... Pour un peu, on se prendrait pour John Wayne ou Kevin Costner...

Nous découvrons ensuite le "Grand Canyon of the Yellowstone". Et s'il n'a pas le côté grandiose de son cousin d'Arizona, ce grand canyon est malgré cela très très impressionnant, notamment par l'ampleur de ses chutes. Dans la plus importante d'entre elles, l'eau se jette dans le vide et se fracasse dans un vacarme effrayant 100 mètres plus bas. Un difficile sentier de randonnée nous amène juste au-dessus d'elles, avec vue plongeante sur la cascade. Vertigineux! Au passage, on comprend enfin ce qui a donné son nom à cet endroit magique.

Nous explorons encore le "Norris Geyser Basin", un autre domaine géothermique du parc. Comme ceux déjà visités, tout y bouillonne, crachote et fume. Mais le soleil n'est pas au rendez-vous, la pluie bien. Je ne sors donc même pas mon appareil cette fois.

Sur la route du retour, nous recroisons quelques bisons, tout près de la route cette fois. Bonheur!

De retour au Grant Village, je me régale naturellement d'un hamburger de bison au Grant Village Restaurant. Niki, plus raisonnable, déguste une belle truite aux asperges.

Avant de nous coucher, nous suivons le petit sentier qui descend derrière notre camping car et savourons la magnifique perspective du Yellowstone Lake, encadré des Absaroka Mountains.

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16/6 - Au détour d’une synchronisation difficile, j’ai retrouvé une photo prise avec mon téléphone au Norris Geyser Basin juste avant l'orage le 16/6. Celle-ci est si spectaculaire que je ne résiste pas à la partager avec vous à la mauvaise page de ce carnet :

17/6 – Notre camping se situe au bord du « West Thumb », un cratère volcanique remplit d’eau, sorte d’extension du somptueux Yellowstone Lake. Et, bien entendu, il s’y trouve également une zone d’activité géothermique que nous ne manquons pas de visiter. Ici encore, les bassins colorés emplis d’eau pure et bouillante côtoient des marmites de boue à grosses bulles et quelques geysers. En particulier, la « black pool » mérite le détour. En effet, dans le passé, elle était noire, mais des modifications de température de l’eau l’ont transformée en magnifique piscine couleur émeraude. Spectaculaire !


Voici la spectaculaire et mal nommée "Black Pool" 

Avant de quitter ce bel endroit, nous effectuons encore une belle petite randonnée vers un point de vue sur le lac. La Ranger qui nous informe insiste sur le risque important de rencontrer des ours à cette saison et nous recommande chaudement d’acheter un spray au poivre pour parer à toute attaque. Prudents, nous effectuons la précieuse acquisition. $50 quand même ! Je le porte fièrement à ma ceinture, mais ne trouve évidemment aucune occasion de le sortir : pas un ours à l’horizon.

Nous prenons ensuite la route vers le sud, atteignons le Parc du Grand Teton et le traversons entièrement du Nord au Sud. Nous nous arrêtons au String Lake, un joli lac de montagne, dont je fais le tour en passant par le Leigh Lake, une plaisante randonnée de 6 kms.


A notre grand désarroi, tous les campings traversés sont pleins cette fois-ci. Nous nous voyons obligés de rouler jusqu’au camping de « Gros Ventre », en français dans le texte, tout au sud du parc, un immense terrain enfouis dans les bois. Et comme presque chaque soir, c’est sous la pluie que nous nous y installons.

18/6 – Nous empruntons une dernière fois la spectaculaire Teton Park Road pour atteindre le « Jenny Lake », un beau lac de montagne aux eaux limpides. Un joli sentier de randonnée le longe et nous mène aux « Hidden Falls », de belles chutes de l’autre côté. Remarquez mon spray anti-ours à la ceinture!

Tandis que Niki redescend vers le bord du lac, je poursuis l’ascension vers le splendide « Inspiration Point », puis m’enfonce davantage dans le « Cascade Canyon ». J’y rencontre une randonneuse, un peu secouée, qui vient de tomber nez à nez avec un ours. Celui-ci est parti sans demander son reste. Damned ! Je l’ai manqué de peu !

Un peu plus loin, j’ai la chance d’apercevoir 3 orignaux : un magnifique mâle aux fiers bois, une femelle et un petit. Ils sont un peu loin pour les prendre en photo, mais je profite à fond du spectacle avec mes fidèles jumelles. C’est une belle consolation.

Enfin, je fais demi-tour et retrouve Niki au débarcadère. C’est qu’un sympathique promène-couillon traverse le lac de part en part, nous permettant de profiter d’une petite croisière pour le chemin du retour.

Il est hélas déjà temps de quitter cet endroit magnifique. Nous atteignons en début de soirée Jackson Hole, une station de ski huppée. L’endroit est pris d’assaut en ce début de vacances d’été pour les petits Américains. Un seul camping peut nous y accueillir et le prix nous fait tomber à la renverse : $105 pour nous y parquer pour la nuit! Jusqu’à présent, nous avions payé entre rien du tout et $60 pour les plus chers ! C’est vrai qu’il y a une piscine en plein air que je m’empresse de visiter !

Pour nous consoler, nous suivons les précieux conseils du Routard et visitons le « Silver Dollar Bar », un immense saloon plein à craquer et avec un beau comptoir décoré de 2000 pièces d’argent ! L'endroit est digne d'un bon western. Nous y dînons tranquillement lorsqu'un groupe s’installe sur la scène et commence à jouer. Et alors, surprise, tout le monde se met à danser. Des jeunes, des vieilles, des cow boys qui gardent bien leur chapeau sur la tête. Super ambiance ! Bien entendu, nous ne manquons pas cette occasion unique et dansons aussi ! L’aventure continue…

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19/6 - Initialement, nous avions prévu de traverser le Montana et l'état de Washington pour passer par Seattle et redescendre toute la côte Pacifique jusqu'à San Francisco. Nous avons toutefois déjà un jour de retard par rapport à ce programme et nous avons fait beaucoup plus de miles que prévu. La perspective d'avaler de l'asphalte tous les jours jusqu'à la fin du voyage nous entraîne à changer le plan. Nous décidons de piquer plein ouest pour rejoindre au plus vite la côte californienne, à hauteur du Redwood National Park. Nous voici donc embarqués dans une traversée de l'Idaho, un état où il n'y a pas grand chose à voir! Vous connaissez l'Idaho?

A vrai dire, il est difficile de vraiment appréhender l'immensité de ce pays sans avoir eu l'occasion de le traverser. Nous roulons tout droit sur des centaines de kilomètres avec d'infinies étendues désertiques de part et d'autre de la route. Il nous faut parfois ralentir un peu pour traverser une petite ville perdue, sa pompe à essence, son supermarché "Dollar Family", le Aldi local, et quelques commerces vétustes aux vitrines sales ou carrément abandonnés. Dans beaucoup de jardins, des carcasses de voiture, de vieux bateaux et de vieilles caravanes. Les fermes sont remplies de vieux matériel agricole.

Étonnamment, partout, nous croisons des camping cars et des caravanes. A croire que tous les résidents du coin passent leurs vacances en camping. Les camping cars sont généralement de vrais bus de 10-12 mètres, beaucoup plus grands que le nôtre. Et souvent, ils tractent une voiture en plus. Quant aux caravanes, elles sont proprement gigantesques et sont tractées par de volumineux pick-ups vrombissants à double cabine.

Notre route passe (pas tout à fait par hasard) par le "Crater of the Moon National Monument" (Monument National du Cratère de la Lune). Il s'agit des vestiges d'une violente éruption volcanique d'il y a 2000 ans. Celle-ci a laissé de larges coulées de lave et quelques intéressants cônes volcaniques. Seuls quelques pins ont pu grandir dans ce paysage aride et, comble du malheur, victime des attaques d'un insecte, beaucoup sont morts. Bref, le paysage est, comment dire, tourmenté! Imaginez-le en plus sous un vent violent. Les astronautes de la NASA se sont entraînés ici, en préparation des expéditions Apollo vers la Lune. D'où le nom.

Après peu d'hésitation, nous décidons de ne pas parquer notre RV entre 2 monticules de pierres volcaniques pour y passer la nuit. Nous trouvons un endroit moins désolé à Carey, la petite bourgade suivante.

20/6 - Nous arrivons en début d'après-midi à Boise, la capitale de l'Idaho. On nous en a vanté son quartier basque. En effet, au début du XXème siècle, de nombreux Basques sont venus ici pour y exercer leur métier de berger. Il y a bien une rue où tous les restaurants proposent de la paella, mais l'ambiance n'y est pas. Nous préférons le "Fork" où nous nous régalons. Pour le reste, la ville est vraiment sans intérêt. J'ai quand même fait une belle photo, en guise de consolation... Allez! Demain, on trouvera mieux!

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21/6 - Longue étape de Boise dans l'Idaho à Bend dans l'Oregon. Plus de 500 kms d'une route infinie. Nous passons notamment les spectaculaires "Drinking Water Pass" et "Stinking Water Pass". Nous cherchons désespérément un chouette endroit pour passer la nuit et finissons sur le parking d'un Wal-Mart. Et nous n'y sommes pas seuls! D'autres camping-cars comme le nôtre profitent de cette halte gratuite, mais également une faune d'un autre genre : sdf et marginaux dans de vieux camping-cars en bout de vie ou carrément dans leur voiture. Plutôt tristounet. De plus; quelques Johnnys y effectuent des essais pétaradants pendant la nuit. Nous fuyons l'endroit dès le petit matin.

22/6 - Notre route nous mène au "Crater Lake National Park" (Parc National du Lac du cratère), seul parc national de l'état de l'Oregon. Vous n'en aviez jamais entendu parlé? Et bien nous non plus. C'est en regardant la carte que nous l'avons découvert. Et pourtant, quelle merveille! C'est le lac le plus profond d'Amérique du Nord et l'un des plus profonds du monde : 594 mètres! Situé à 1880 mètres d'altitude, il a été formé par l'explosion d'un volcan il y a 7700 ans. Rempli uniquement par la pluie et la fonte des neiges, son eau est d'une très grande pureté. La combinaison de la grande profondeur et de la pureté de l'eau lui donne une couleur d'un bleu profond, unique. Assez parlé. Jugez-en par vous-même! Aucun trucage, aucune retouche!

Une très belle route le contourne par l'ouest. En été, il y a moyen d'en faire tout le tour en voiture, mais là, on sort à peine de l'hiver et c'est encore trop enneigé (vraiment!). Nous nous arrêtons à tous les points de vue tant c'est beau. Je fais des centaines de photos pour essayer de capturer ce bleu totalement extraordinaire.

Nous effectuons aussi une belle balade dans la forêt. C'est assez magique de se retrouver aux sports d'hiver à la fin juin...

Nous reprenons la route, du bleu plein les yeux, et quittons l'Oregon pour la Californie.

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Nous traversons l'extrême nord de la Californie d'est en ouest, jusqu'à Crescent City, porte d'entrée du Redwood National Park. Ce parc national et les 3 parcs d'état qui le complètent protègent une magnifique forêt de "Coast Redwoods", une espèce particulière de séquoias ("sequoia sempervirens" = séquoia éternel), à ne pas confondre avec les Séquoias Géants que l'on trouve au Yosemite et Sequoia National Parks. Ce sont en fait les arbres les plus hauts du monde, avec des tailles dépassant allègrement les 110 mètres! Ils sont moins larges que les séquoias géants, mais plus élancés.

Les zones protégées ne représentent que 4% des surfaces originellement occupées par ces arbres magnifiques. Mais elles sont vierges de toute exploitation humaine. Il s'agit donc vraiment d'une forêt primaire. On y trouve un très grand nombre d'arbres vieux de plus de 500 ans, certains dépassant les 2000 ans! Les plus grands ont des troncs dont le diamètre dépasse les 7 mètres. L'une de leurs particularités est la capacité pour de jeunes pousses de repousser sur les racines d'un vieil arbre malade ou détruit par la foudre, d'où l'idée d'éternité.

Nous découvrons avec beaucoup d'émotions ces arbres grandioses et majestueux. Il est malheureusement fort difficile de les prendre en photo tant ils sont immenses, mais les quelques images qui suivent vous donnent une idée de la beauté de ces forêts.

Le Parc National comprend un très grand nombre de sentiers de randonnées, que nous parcourons allègrement. La lumière légèrement tamisée par les hautes branches, la forte odeur de pin, la douceur des sentiers couverts d'épines, tout concours à faire de ces randonnées un moment fort de contact avec la nature.

Le parc longe la côté de l'Océan Pacifique à un endroit très brumeux et humide. C'est donc aussi le royaume des fougères et de la mousse.

Au détour d'une bretelle d'accès à la Highway 101, nous tombons nez-à-nez avec une bande de wapitis mâles et les photographions en attendant qu'ils acceptent de dégager la chaussée...

Un vrai barbecue dans la forêt complète agréablement cette expérience intense de retour à la nature...

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Lorsque je vous ai décrit les magnifiques arbres du Redwood National Park, j'ai omis de mentionner que cette magnifique forêt est étalée le long de la côte Pacifique de la Californie. Dès notre arrivée à Crescent City, nous avons donc fait face à l'océan.

Premier contact avec le Pacifique 

Contrairement aux idées que vous pourriez en avoir, style plages de sable blanc ensoleillées et jeunes femmes en maillot rouge en train de courir voluptueusement, l'océan Pacifique ici est glacé et inhospitalier. Nous faisons face à d'immenses plages de sable gris sombre ou noir, jonchées de branches et de débris apportés par les eaux déchaînées. A certains endroits, une brume épaisse s'élève doucement de l'océan, effaçant l'horizon et donnant un aspect fantomatique à la côte sauvage et à ses collines. C'est très beau, mais n'invite certainement pas à la baignade!

Alors que nous essayons d'atteindre le joli phare de Crescent City en contournant la marina, nous passons à côté d'un petit bâtiment où quelques personnes s'affairent à nettoyer et découper de gros poissons. Nous apprenons que ce local est mis gratuitement à disposition des pêcheurs amateurs pour qu'ils puissent y nettoyer leurs prises. Les poissons sont vraiment impressionnants : des bêtes de 80 cms de long et de 20 à 30 kgs! Nous discutons avec l'un d'entre eux pendant quelque temps. Finalement nous lui demandons si nous pouvons lui acheter un morceau de cet énorme "halibut" (flétan en français) qu'il est en train de découper. Très gentiment, il nous coupe une grosse partie du filet et nous l'offre! Encore un délicieux dîner cuisiné dans notre camping car!

26/7 - Nous descendons la route 101, la Pacific Coast Highway jusqu'à Eureka, petite ville sans grand intérêt. On y trouve l'impressionnante Carson Mansion qui, hélas, ne se visite pas. Des panneaux nous avertissent gentiment des risques de tsunami! Tiens, on n'avait pas encore pensé à ceux-là!

Un peu plus au sud, nous obliquons vers Ferndale, une jolie petite ville un peu endormie, avec de belles maisons victoriennes.

A partir de Ferndale, nous suivons la magnifique "Sequoias of the Lost Coast road", une route scénique découverte dans mon livre de National Geographic : "Les 400 plus belles routes du monde" et qui traverse cette section de la côte appelée "côte perdue". Un panneau déconseille de la parcourir en RV. Nous décidons de l'ignorer, sans vraiment savoir ce qui nous attend.

Extraordinairement sinueuse, la route monte et descend à flanc de colline, offrant des panoramas fabuleux sur cette côte sauvage et décharnée.

Mais cette route est aussi en très mauvais état et présente des pentes de 6 à 10%. Je découvre avec plaisir que le véhicule, malgré son poids, répond bien aux sollicitations. La route est tellement mauvaise que tout brinquebale dans le véhicule, dans un bruit effrayant. J'ai un peu peur que quelque chose ne casse tant nous sommes secoués dans tous les sens. L'énorme V10 de 6.2L délivre ici toute sa puissance gloutonne et se tire avec les honneurs de ces sollicitations incessantes. Au final, tout tient en place et nous arrivons à bon port, en une pièce, mais fort fatigué.

Nous traversons un pont d'acier au tablier en bois et pénétrons dans le Humboldt Redwoods State Park, où d'immenses séquoias nous accueillent avec sérénité.

27/6 - Nous parcourons une portion de route scénique appelée "Avenue of the Giants". Cette belle avenue serpente entre de majestueux séquoias sur près de 30 kms. Magnifique!

Plus au sud, nous quittons la Pacific Coast Highway 101 pour prendre la Route 1, la route côtière. Cette découverte de la "Côte brumeuse de Californie" est également recommandée dans mon guide National Geographic. De Leggett, celle-ci descend sur 170 kms vers Bodega Bay. Elle offre de spectaculaires panoramas sur l'océan, parfois brumeux, parfois bien clair, mais toujours très sauvage. D'énormes rapaces chassent le long de la route. Nous nous arrêtons ici et là pour marcher sur la plage ou découvrir un beau point de vue.

Mine de rien, la route est étroite, très sinueuse et souvent à flanc de précipice. Bref, ce sont de nombreuses heures d'une conduite difficile et réclamant une attention soutenue. Malgré la beauté des paysages, nous ne sommes pas mécontents, en fin de journée, d'obliquer vers Santa Rosa où nos amis Sue et Nicolaj Andersen nous accueillent chaleureusement.

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Hello. Petit flash spécial de Californie. Il y a eu 2 secousses sismiques en Californie ces 2 derniers jours dans le désert du Mojave. Nous sommes dans le Yosemite, à environ 700 kms au nord de ce point. Nous avons bien senti la secousse hier. J'ai proposé aux enfants de laisser des chaussures à l'entrée de la chambre pour pouvoir évacuer rapidement. Et puis on a dormi comme des pierres et on a plus rien senti !

Encore une aventure !


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Même s'il y fait presque aussi chaud que dans la "Death Valley", c'est bien depuis mon petit bureau de Wezembeek-Oppem que je vous écris. Et oui, nous sommes rentrés!

Depuis la publication de notre dernière étape, nous avons été bien occupés. D’abord, nous avons passé du temps avec nos amis Sue et Nicolaj. Puis Madeleine et Romain sont arrivés et notre rythme de voyage s’est sensiblement accéléré. Ajoutez y quelques étapes sans connexion internet. Et voici comment ce carnet de voyage est demeuré à l'abandon pendant 3 semaines. J’essaye ce soir de retrouver le fil narratif et de reprendre où nous nous étions arrêtés. Je m'en voudrais de ne pas vous conter jusqu'au bout nos extraordinaires pérégrinations en Californie!

28/6 - Mon amie d’Harvard, Sue, et son mari Nicolaj, oncologue d’origine danoise, habitent une immense villa de plein pied tout en haut d’une colline à Santa Rosa. A notre arrivée, tardive, ce vendredi, ils nous accueillent chaleureusement, avec une délicieuse soupe de poissons faite maison. Pour la première fois depuis 6 semaines, nous nous endormons dans un vrai grand lit! Bonheur.

29/6 - Ce samedi, nous partons explorer ensemble les environs de Santa Rosa. Santa Rosa est une ville sans grand intérêt si ce n'est sa localisation, au cœur des vallées de Sonoma et de Napa, le pays du vin aux Etats-Unis. Nous commençons par une belle ballade sur les Monts Tamalpais qui surplombent la baie de San Francisco au Nord. La vue de l’observatoire est extraordinaire, avec Sausalito et sa marina à l’avant-plan, l’immense ville de San Francisco à distance et Oakland plus à l’est. Et à l’ouest, l’océan Pacifique à perte de vue.

Nous rejoignons ensuite les abords du Golden Gate bridge et admirons ce majestueux symbole de la prospérité californienne.

Nous le traversons ensuite pour rejoindre le « Lands End », le bout de la terre, à l’extrémité nord-ouest de la ville de San Francisco. Un joli sentier de randonnée nous permet de longer la côte de la pointe jusqu’au pied du Golden Gate, en alternant des étapes au-dessus des falaises avec des passages sur les plages. Celles-ci sont bien animées : joueurs de beach volley, groupes qui boivent de la bière et écoutent de la musique autour de feu de bois, familles avec jeunes enfants. Nous rencontrons un étrange homme se dandinant fièrement, tout nu et tout rouge, au milieu de la plage bondée. Nous sommes bien à San Francisco, ville réputée pour sa tolérance. Un peu plus loin, une jeune femme asiatique joue du violon auprès d’une étrange arche de bois fleurie. Un couple d’origine indienne descend les escaliers qui mènent à la plage et se dirige vers la violoniste. Et soudain, 2 cameramen surgissent et les filment tandis que l’homme s’agenouille. Oui, vous avez deviné : c’est une proposition en mariage ! Une foule d’amis se précipite en applaudissant : le coup était bien préparé !

Les vues sur la baie et le Golden Gate sont magnifiques. Dans le soleil couchant, des groupes de pélicans passent et repassent.

Cette belle journée se clôture par un excellent dîner à la « Cliff House », une institution à San Francisco. Construit en 1858 avec la cargaison de bois d'un navire naufragé à cet endroit, cet établissement a été partiellement détruit quelques années plus tard par l'explosion d'un navire chargé de dynamite. Il brûle en 1894, est reconstruit, survit au tremblement de terre de 1906 pour brûler à nouveau en 1907. Une sorte de phénix de la restauration...

30/6 – Matinée relax chez Sue et Nicolaj, où nous profitons de l’agréable piscine. Nous vidons également notre brave roulotte de fond en comble et la nettoyons. C’est que nous devrons la restituer demain ! C’est fou comme on s ‘y est habitué, à ce petit studio sur roues !

En début d’après-midi, Sue, Nicolaj et moi partons à la découverte de l’immense Trione-Annadel State Park qui borde leur propriété au sud. Collines, lacs et forêts : un petit coin de paradis. Ils me racontent comment ils ont dû s’enfuir en pleine nuit en octobre 2017 pour échapper à l’immense incendie qui a détruit 9000 maisons dans les environs. De leur jardin, ils ont vu les flammes embraser les montagnes, tandis qu’ils vibraient au grondement des citernes de propane explosant dans les propriétés embrasées. Par chance, le vent brûlant du sud s’est arrêté de souffler alors que le feu n’était plus qu’à quelques kilomètres de leur maison, permettant aux pompiers d’arrêter la progression de l’incendie.

A 16h, nous sommes attendus pour un dîner chez Gary, l’un de leurs amis et ex-collègue de Nicolaj. Nous arrivons vers 16h25 et ... passons immédiatement à table ! C’est qu’on dîne tôt dans ce pays ! Nous passons une excellente soirée, arrosée de vins sublimes, et sommes déjà de retour à 20h30 !

1/7 – Tôt ce matin, nous reprenons pour la dernière fois la route avec notre gros RV. Il est vide et propre ! Mais la route est longue et fort embouteillée. Nous mettons près de 2 heures à atteindre le centre de Cruise America, non sans avoir galéré pour faire le plein et, surtout, chercher, en vain, une «dump station», un endroit pour vidanger les réservoirs d’eau sale du véhicule. Peine perdue. A notre arrivée, nous nous préparons à payer une pénalité de $55 pour ce manquement. Coup de chance : le centre est complètement débordé. On nous prie de laisser notre véhicule dans la file d’attente avec les clés sur le tableau de bord et le contrat de location sur le siège. 15 minutes plus tard, nous recevons le décompte par email et, surprise, pas de pénalité ! Ils n’ont rien vu. Chouette !

Au total, avec ce véhicule, nous aurons parcouru 4969 miles, soit 8000 kms, traversé 9 états et visité 15 parc nationaux. Si l'on oublie sa consommation gargantuesque, il faut reconnaître que c'est un solide véhicule. Nous n'avons connu aucun incident technique, pas même une crevaison. Et pour accomplir notre long périple, il est difficile d'imaginer un moyen de locomotion plus confortable!

Un sympathique Brésilien nous conduit à l’aéroport de San Francisco, über oblige, où nous réceptionnons notre nouveau véhicule de loisir, une Toyota RAV4 gris foncé. Spacieuse et surtout économe et silencieuse !

Notre prochaine étape est l’aéroport de San Carlos, à 12 miles au sud de l'aéroport de San Francisco. Nous y avons rendez-vous avec Sid Basu, notre instructeur d'origine indienne. Et comme à New York, je m’installe avec plaisir aux commandes d’un avion, un Piper PA 28 Warrior cette fois. Niki occupe la position de photographe à l’arrière. Décollage vers San Francisco. Notre demande de survoler SFO, l’aéroport international, est refusé car le trafic est trop important. Pas de souci, nous piquons plein est vers Oakland en suivant le « Bay Bridge », survolons Oakland et son aéroport, puis retraversons la baie plus au Nord. Nous survolons Treasure Island, puis longeons la ville de San Francisco. Un petit tour au-dessus d’Alcatraz et nous voici déjà au Golden Gate Bridge. 3 petits tours et il est déjà temps de rentrer par le même chemin. Magique !

2/7 – Ce lundi, Niki et moi partons sur la route des vins de Californie. En direction de Napa Valley, nous nous arrêtons d’abord dans une intéressante forêt pétrifiée, un ensemble de séquoias géants ensevelis sous des cendres brûlantes lors d’une éruption volcanique et transformés en pierre par un mystérieux processus chimique.

L’étape suivante nous amène, dans la vallée de Napa, au Castello Di Amorosa, un joli vignoble au centre duquel a été construit un impressionnant château de style italien, avec plus de luxe et moins de charme.

La visite d’un vignoble californien n’a pas grand-chose à voir avec la rencontre sympathique d’un petit viticulteur. Ici, c’est plutôt dans le style Disneyland, avec téléphérique pour emmener le touriste par-dessus les vignes vers les chais et dégustation payante bien entendu. A 11 heures du matin, nous n’avons pas vraiment envie de débourser $60 pour goûter 5 verres de vin et décidons donc de nous en tenir à la charmante balade sur la route qui louvoie entre ces jolis vignobles.

Nous quittons ensuite la route touristique pour rejoindre par le col la vallée de Sonoma, parallèle à celle de Napa. Tout près de Sonoma, nous repérons la propriété de la famille Jacuzzi, dont la fortune provient de l’invention du bain à bulles. Si si. Vraiment ! Le vignoble est recommandé par le Routard, référence s’il en est en ce domaine. En cette fin d’après-midi, la proposition de dégustation, beaucoup moins chère, apparaît soudain bien tentante. Hélas, il est déjà 17h15 et ils ferment dans 15 minutes. Nous aurons donc droit à une demi-dégustation, suivi de l’acquisition d’un précieux flacon.

Alors que nous quittons le parking, nous réalisons que le "Cline Family Cellars", l’autre château recommandé par le Routard, se trouve juste en face et que lui ne ferme qu'à 18 heures. Re-demi-dégustation. C’est donc armés de 2 bouteilles que nous prenons le chemin du retour.

Nous retrouvons Sue et Nicolaj pour un dîner d’adieu dans un petit restaurant italien. Les pâtes fraîches sont délicieuses. C'est qu'on sait vivre dans ce pays!

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3/7 - Ce mercredi, c'est la fête! Nous retrouvons Madeleine et Romain à l'aéroport de San Francisco. Bon, ce serait encore mieux si leurs bagages étaient arrivés en même temps. Maigre consolation : KLM offre la séance de shopping. Nous trouvons un chouette petit centre commercial que nous nous appliquons à dévaliser. Madeleine et Romain ont posé 3 étapes culinaires incontournables au voyage: hamburger, Kentucky Fried Chicken et Mexicain. Dans le centre commercial, il y a justement une « brasserie » avec, quelle chance, une promo sur les hamburgers! Nous irons encore faire une petite balade digestive dans Haight-Ashbury, berceau du mouvement hippie, et ses belles maisons victoriennes colorées. Ces vacances à 4 commencent bien !

4/7 - En attendant les bagages, nous filons découvrir Twin Peaks, 2 collines jumelles culminant à 281 m et supposées offrir un magnifique panorama sur la ville. Peine perdue, elles sont enfuies dans un épais brouillard. Nous descendons alors sur Alamo Square et ses mignonnes "7 sisters", 7 maisons victoriennes aux jolies couleurs, qui se détachent sur les gratte-ciels en contrebas.

Après 2 heures d'attente et un peu d'énervement (de moi surtout), nous récupérons enfin les sacs de voyage et prenons la longue route (300 kms) vers le mythique Yosemite National Park.

Notre hôtel, le Yosemite View Lodge, se situe quelques kilomètres avant l’entrée Sud Ouest du parc, sur la route 140. Celle-ci longe l’impétueuse Merced River, celle qui a façonné une bonne partie du parc. Les 50 derniers kilomètres dans son étroite vallée sont somptueux. Mais il est déjà bien tard lorsque nous arrivons. Une pizza au restaurant de l’hôtel et nous filons nous reposer dans notre grande suite familiale avec cheminée au gaz.

5, 6 et 7/7 - Nous prenons 3 jours pour découvrir ce somptueux parc. Au cœur de celui-ci, il y a la Yosemite Valley, une grandiose vallée verdoyante, encadrée de hautes falaises à pic, et, en particulier, les célèbres "El Capitan" et "Half Dome". (Pour un bel aperçu de El Capitan, allez voir "The Dawn Wall" sur Netflix). On se sent tout petit dans cette nature immense.

De partout, de l'eau jaillit, chute, se vaporise. Certaines chutes font 700 m de haut!

Une agréable randonnée nous amène aux abords d'un joli lac. Fidèle à sa nature, Madeleine décide d'aller nager. Le contact avec l'eau est toutefois brutal : elle est tellement froide (12-13°) que tremper ses pieds est réellement douloureux. Ceci n'arrêtera certainement pas ma fille. Après un peu d'hésitation, je finis par suivre également. Glacé, mais divin!

La vallée est magnifique, mais très très embouteillée. Dès les jours suivants, nous grimpons en altitude et allons découvrir en voiture et à pied les vertigineux points de vue.

Tant de beauté inspire beaucoup mes enfants!

Finalement, on s'y met tous!

Le samedi soir, j'ai réservé une table au "Majestic", plus connu sous son ancien nom, l'"Ahwanee". C'est un hôtel monumental, construit dans un style rustique avec des séquoias géants en 1927 (aujourd'hui, ce serai juste interdit évidemment). La salle à manger fait 40 mètres de long et près de 12 mètres de haut. Nous y dégustons un délicieux repas tandis qu'un pianiste interprète une agréable version "lounge" de musiques de films et de séries. Après le repas, nous nous amusons à explorer le bâtiments et ses immenses salons.

Pour quitter le parc, nous empruntons la spectaculaire Tioga Road qui le traverse entièrement d'est en ouest. Nous effectuons une jolie promenade au milieu de magnifiques (on manque de superlatifs pour décrire un endroit aussi beau) séquoias géants. Enfin, dans la très belle "Tuolomne Meadows", une prairie à perte de vue, un petit hôte de la forêt passe nous dire au revoir...

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7/7 - Nous quittons le Yosemite National Park par la spectaculaire Route 120 et filons vers le Sud Est par la Route 395. Sur près de 500 kilomètres, nous traversons des paysages désertiques, encadrés à notre droite par les impressionnants sommets enneigés des Parcs Nationaux de Kings Canyon et de Sequoia, et à notre gauche par les "White Mountains". Nous nous approvisionnons en essence, en eau (beaucoup) et en provisions dans une petite ville perdue, Big Pine. En fin de journée, nous traversons le col de Towne, dans la "Panamint Range", à 1511 m, et dévalons ensuite jusqu'en dessous du niveau de la mer, dans Death Valley. Il est près de 20h30 lorsque nous arrivons à notre hôtel, le bien nommé "Oasis at Death Valley" à Furnace Creek. Malgré l'heure avancée, il fait torride. Oui, c'est même pire qu'à Bruxelles pendant la canicule! Tout autour de l'hôtel, des vaporisateurs d'eau aident à supporter l'écrasante chaleur.

L'histoire de notre hôtel mérite d'être racontée. En 1875, un prospecteur découvre du Borax dans la Death Valley, un minerai utilisé comme savon à l'époque. Pour son exploitation, une société installe une voie ferrée et construit un camp pour y héberger ses ouvriers, à un endroit où jaillit une source chaude. On y plante des dattiers et quelques arbres. Dans les années 30, l'exploitation du Borax n'est plus suffisamment rentable et l'entreprise se demande que faire de toutes ces installations (voie ferrée, routes, camp de travailleurs...). Et pourquoi pas du tourisme? Grâce à un effort de lobbying, l'entreprise contribue à établir Death Valley comme un Parc National, tandis que son "ranch" est transformé en hôtel. Et c'est une magnifique réussite!

Hélas, ce soir, le restaurant de l'hôtel est complet. Il reste bien quatre places au bar, mais comme Madeleine et Romain n'ont pas 21 ans, ils ne peuvent s'y installer, loi anti-alcool oblige! Heureusement, un mini-snack est encore ouvert et nous propose des pizzas et des pâtes. On s'en contente avec bonheur.

8/7 - Nous prenons un agréable petit-déjeuner dans le jardin de l'hôtel, à l'ombre de magnifiques grands arbres. Nous prenons ensuite la route, airco à fond, vers le "Golden Canyon". Il est encore tôt et la chaleur est supportable. Nous prenons donc le temps de remonter le joli canyon à pied, en emportant évidemment plein d'eau...

Nous filons ensuite vers l'"Artist Drive" et son incroyable palette de couleurs, produit magique des abondants minéraux.

Nous rejoignons le Devil's Golf Course, immense étendue de sel cristallisé. Oui, ce paysage est bien diabolique, avec des arrêtes tranchantes comme des sabres !

Nous clôturons cette balade matinale par une visite à Badwater, le point le plus bas d'Amérique du Nord, à 86 m sous le niveau de la mer.


Retour à l'hôtel pour luncher d'une salade rafraîchissante dans notre chambre. Au robinet, il est difficile de faire la différence entre l'eau chaude et l'eau froide. Cette dernière provient en effet de la source chaude à 29°. De même, le petit plouf dans la très belle piscine, alimentée en continu par la source, ne refroidit pas autant qu'on l'aimerait. Pendant que Niki fait une petite sieste et que Romain lit, Madeleine et moi nous réfugions au Visitor Center dont la climatisation est merveilleuse. La température affichée est de 112° Fahrenheit, soit près de 45° Celsius. Je sais : on a presque eu ça en Belgique!

En fin d'après-midi, nous reprenons la route et allons admirer la vue depuis Dante's View, à 1500 m d'altitude. Le paysage est juste époustouflant.

Sur la route du retour, nous nous arrêtons au Zabriskie Point, où les rayons du soleil couchant colorent les collines plissées.

Et cette fois, nous avons réservé notre table au restaurant de l'hôtel, à la décoration très "Far West" et nous nous y régalons...

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Que le temps passe vite! Nous sommes déjà rentrés depuis près d' un mois et mon carnet de voyage est toujours en chantier. Il est donc grand temps que je vous conte la suite et la fin de ce périple magnifique.

9/7 - Les pleins d'eau et de carburant faits, nous avons quitté Furnace Creek pour une longue traversée du désert. 456 kilomètres de bitume brûlant sur une route désolée pour atteindre la mégalopole de Los Angeles. En chemin, nous passons par Ridgecrest, épicentre du tremblement de terre de la semaine précédente. La petite ville a l'air à moitié abandonnée, comme d'ailleurs toutes les petites bourgades que nous croisons en chemin. Nous assistons à une distribution d'eau potable en présence de l'armée.

En fin d'après-midi, nous atteignons notre luxueux appartement situé à Santa Monica. Installation, quelques courses au Ralph's et petit dîner. En fin de journée, nous partons nous balader au bord de mer. La jetée de Santa Monica ressemble à une grande fête foraine, une foire du midi permanente avec néons éblouissants, animations bruyantes et fritures populaires. Presque insupportable après 8 jours dans la nature!

10/7 - Il y a tant à voir dans cette ville hyper speedée que nous mettons un peu de temps à nous accorder sur le programme. De plus, les distances sont grandes, ce qui nous oblige à bien réfléchir à la logique de notre itinéraire. Heureusement, Google Maps nous aide à éviter les bouchons, et, de façon générale, la circulation est plutôt fluide sur les larges highways.

Ce matin, nous explorons donc "Downtown", c-à-d le centre-ville. C'est qu'il y a bien un centre-ville à Los Angeles, ensemble de buildings de différentes époques, de musées spectaculaires et de jolies places. Nous admirons l'étonnant bâtiment abritant "The Broad", le "Walt Disney Concert Hall" de Frank Gehry ou encore le superbe Bradbury Building datant de 1893. Petit tour dans le funiculaire d'Angels Flight, bien connu des amateurs de polars de Michael Connelly et dans le bruyant "Grand Central Public Market".

Après une petite pause, Madeleine, Romain et moi découvrons le superbe Petersen Automotive Musuem, à l’étonnante façade en acier rouge. Superbe collection de véhicules de toutes les époques.

Niki nous rejoint pour dîner au Farmer's Market, un marché en plein air fondé en 1934 où de nombreuses échoppes proposent une cuisine variée. Madeleine et Romain mangent chinois, Niki libanais tandis que je savoure du poulet frit bien américain. Il n'y a pas de petits plaisirs...

Nous clôturons cette belle journée par une visite nocturne à l'incontournable Griffith Observatory, "là où les stars sont les étoiles". Vite, allez revoir la scène mythique de La La Land... Bien entendu, l'endroit est pris d'assault et il nous faut près d'une heure pour escalader la colline à pas d'homme. Mais quelle vue! Madeleine et Romain parviennent in extremis à observer Jupiter et ses 4 lunes dans le grand télescope avant qu'il ne ferme.

11/7 - Madeleine, Romain et moi filons explorer Universal Studios. Entre l'exploration de l'hôpital de la série "The Walking Dead", la visite du village de Hogsmeade et ses toits enneigés, celle des impressionnantes tours de Hogwarts (Poudlard), la traversée des studios en petit train et autres attractions cinématographiques, nous passons une journée juste formidable!

12/7 - Nous nous attaquons au LACMA, l'immense "Los Angeles County Museum of Art". Même si la moitié des salles sont hélas fermées, le musée est juste grandiose. Après plusieurs heures d'exploration, Niki et moi nous installons pour écouter un concert de jazz en public tandis que Madeleine et Romain poursuivent une visite détaillée de l'exposition consacrée à la calligraphie coréenne...

Notre découverte de la ville se termine par une baignade sur la magnifique plage de Venice Beach - L'océan est glacé, mais les vagues revigorantes - et une belle balade le long des canaux de cette Venise américaine. Cette ville est juste immense!

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13/7 - Nous quittons Los Angeles et suivons la magnifique route côtière "1" vers le nord. Hélas, le temps est capricieux et, pendant une grande partie du trajet, une épaisse brume de mer nous empêche de pleinement profiter du paysage. A midi, nous dégustons rapidement notre habituelle salade grecque sur une plage exposée à un petit vent frais peu californien.

Nous atteignons Santa Barbara en cours d'après-midi et partons à la découverte de la ville. Partant de son mignon petit port et de la plage, State Street en constitue l'artère principale. Malgré quelques beaux bâtiments, de jolies vitrines et un sympathique choix de glaces artisanales et de cafés glacés, la ville ne nous laisse pas un souvenir impérissable. Le dîner "Fish & Chips" sur la terrasse en plein air du "Endless Summer", ambiance "California Surfing", face au coucher de soleil dans le port constituera finalement le clou de cette journée.

14/7 - Nous reprenons la route 1 en direction de Monterey. Cette fois, le soleil est de la partie et les paysages sont époustouflants. Malgré la proximité de Los Angeles, la côte est extraordinairement sauvage et préservée.

A Big Sur, nous demandons conseil pour une balade au Visitor Center. Sur le parking, une jolie biche nous observe...

Nous nous arrêtons au "Andrew Molera State Park" et effectuons une jolie balade qui nous mène en 20 minutes à une plage d'apparence paradisiaque. Notre enthousiasme est un peu modéré par le vent frais qui souffle avec force et les énormes rouleaux de l'océan glacé. Ceci n'empêche évidemment pas notre dauphin familial de s'y plonger avec délice.

Au Piedras Blancas Colony, de paresseux éléphants de mer nous attendent pour une séance photo.

Non, il n'est pas mort. Il se repose...

De temps à autres, un mâle se redresse et fait entendre sa voix.

Soudain, un énorme animal se traîne hors de l'eau et exhibe son impressionnante trompe.

Et là, sans raison apparente, il se jette sur un congénère, une femelle probablement, et le/la mord violemment. C'est chouette, le monde sauvage!

Nous rejoignons Monterey en fin de journée, en traversant encore des paysages somptueux.

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Il devient grand temps que je termine ce carnet... En voici donc l'avant-dernière étape. Bonne lecture!

14/7 - Nous arrivons en fin de journée à Monterey, jolie petite ville côtière fondée en 1602 et abritant encore quelques constructions de l'époque des conquistadors. Dîner cosy de pizzas et hamburgers au Alvarado Street Brewery & Grill, une microbrasserie locale, puis agréable promenade en bord de mer.

15/7 - Au petit matin, nous filons vers le port et embarquons avec enthousiasme sur le bateau de Chris's Whale Watching. Dès la sortie du port, nous admirons les phoques qui se reposent sur les rochers, entourés de cormorans et de pélicans.

Assez rapidement, des dauphins nous rejoignent et accompagnent le bateau.

Après près de 2 heures de navigation, nous observons au loin le "pfouit" brumeux de la respiration d'un cétacé.

Et tout d'un coup, la magie opère : nous somme littéralement entourés de baleines. Elles nagent près du bateau, plongent, remontent à la surface. Un impressionnant ballet aquatique tout autour de nous. C'est que nous sommes dans une zone riche en plancton et elles viennent s'y nourrir.

C'est totalement éblouis et émus que nous reprenons le chemin de la côte, non sans profiter d'un dernier adieu.

Après une "clam chowder" réconfortante et un petit peu de repos, nous partons visiter la minuscule ville de Carmel, très riche et très propre, et sa très jolie plage.

Nous dînons chez Peppers, un restaurant mexicain délicieux de Carmel où nous nous régalons.

16/7 - Notre journée commence par une requête expresse de Madeleine et Romain : un vrai petit-déjeuner américain avec des pancakes. Promesse tenue au Old Monterey Café où nous dégustons des portions gargantuesques, attablés à côté du shérif de la ville et de son adjoint.

Ensuite, visite du magnifique aquarium de la ville, installé dans une ancienne conserverie de sardines. Les images parlent d'elle-même...

Un dernier coucou aux outres et nous prenons la route vers San Francisco.

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Il est grand temps de boucler ce carnet de voyage... Voici donc la dernière étape!

16/7 - La route de Monterey à San Francisco est fort chargée et nous mettons près de 3 heures pour en parcourir les 120 miles. Nous arrivons en fin de journée dans notre maison réservée sur AirBnB et située dans le "Sunset District", la partie de la ville qui longe l'océan Pacifique. Fatigués par le voyage, nous cuisinons quelques pâtes et regardons une série sur Netflix, non sans avoir été nous promener sur la plage pour y admirer les derniers rayons de soleil sur l'océan.

17/7 - Nous entamons cette journée par une ballade à vélo dans le vaste et magnifique Golden Gate Park, poumon vert de San Francisco. Menés par Madeleine, nous y visitons le Conservatory of Flowers, un petit bout de forêt tropicale et de plantes exotiques abritées dans une photogénique serre blanchie, ainsi que le très joli Japanese Tea Garden.

Un lunch léger chez Dragoneats et nous voici parti à la conquête du gigantesque De Young Museum, abrité dans un bâtiment futuriste à la façade en cuivre. Le musée est tellement riche que nous nous perdons littéralement dans ses collections.

En fin de journée, nous rejoignons le centre-ville (Union Square) et nous y baladons avant de dîner. Niki nous invite au Sanraku, un délicieux restaurant de sushis.

18/7 - Pour cette dernière matinée de voyage, nous filons vers Nob Hill et Russian Hills. Après avoir descendu la très très pentue Lombard Street en voiture, nous découvrons les belles maisons victoriennes de ces collines mythiques.

Hélas, il est déjà temps de nous en aller. Nous rejoignons l'aéroport de San Francisco, rendons notre voiture de location et rejoignons le terminal international.

Au total, de Las Vegas à San Francisco, Niki et moi avons parcouru près de 7.000 miles, soit plus de 11.000 kilomètres. Notre escapade en RV (le trajet en bleu sur la carte) nous a permis de traverser 9 états en 4.969 miles (7.997 kms). Ensuite, nous avons roulé 2.030 miles (3267 kms) sur les routes californiennes en compagnie de Madeleine et Romain (la boucle en rouge). Notre précieuse carte "America The Beautiful" nous a magnifiquement servi en nous donnant accès à 15 Parcs Nationaux!

Nous embarquons le cœur lourd dans l'Airbus A380 d'Air France. C'est finalement assez logique d'emprunter le plus gros avion du monde pour clôturer cet immense voyage dans ce gigantesque pays...

THE END