INDE du NORD - 2ème partie Bénarès

Du Rajasthan aux rives du Gange en passant par Khajuraho, un grand périple dans une Inde mystique et romanesque ! Entre merveilles mogholes, forteresses hiératiques et temples exaltés...
Février 2007
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Ici commence la deuxième partie de notre voyage en Inde. On laisse derrière nous le Rajasthan ...

Envol pour Varanasi, l’une des sept villes saintes de l’Inde en bordure du Gange, le fleuve sacré de l’hindouisme, et la c'est un autre monde qui nous attend...

L'aéroport de kajuraho. 

Le vol est court...et c'est la première fois que nous voyons la chaîne de l'Himalaya...les plus hauts sommets de la planète.

La chaine de l’ himalaya ...

Atterrissage, installation à l’hôtel et première visite de la ville de Bénarès, étape très importante de notre voyage en Inde.

Varanasi ou Bénarès est une ville située tout entière sur la rive gauche du Gange, face au soleil levant, l'autre rive étant dénuée de toute construction. La ville, dédiée à Shiva, est très fréquentée par les sâdhus et les pèlerins de tout le pays. Elle est la ville sacrée de l'hindouisme.

Une première vision de cette ville, et de nuit est  une expérience incroyable...

Bien que la tradition la fasse remonter à 3000 ans avant notre ère, la ville de Varanasi a été probablement fondée au VIIe siècle av. J.-C. ce qui en fait l'un des centres urbains continûment utilisés les plus anciens.


La ville de Varanasi est surtout célèbre pour ses ghāts, berges recouvertes de marches de pierres qui permettent aux dévots hindous de descendre au fleuve pour y pratiquer ablutions et pūjās. Le bain dans le Gange est censé laver de tous les péchés. C'est aussi sur des ghāts spécialisés, le plus fameux étant Manikarnika, que l'on pratique les crémations à Vārānasī.

Varanasi, bouillonnante jour et nuit... 

Descente en cyclo-pousse au bord des ghats pour la Puja du soir.

 Descente vers les ghats      
        Les ghats de nuit.

La pūjā est une cérémonie d'offrande et d'adoration où il est rendu hommage à la divinité.

L'invocation, réalisée par le pûjari (l'officiant), débute par le tintement d'une clochette, qui appelle la divinité. Elle se poursuit par l'offrande de fleurs fraîches, de denrées, d'encens, accompagnée de musique et de la récitation de mantras.

Dans la société Hindoue, la Puja tient un rôle essentiel. C’est un acte central et quotidien de l'hindouisme.

Puja du soir sur les bords du Gange 
Offrandes...posées sur le Gange... 

Après le spectacle fascinant de la Puja, nous naviguons sur le Gange, dans une atmosphère surréaliste…

Navigation sur le Gange dans une ambiance inoubliable.... 

Des feux multiples embrasent les Ghats, et l’odeur de chair brûlée est partout… (les photos qui suivent, et qui illustrent cette partie de mon récit, ne sont pas les miennes...ce sont des photos récupérées sur internet mais je les crois essentielles pour bien saisir l'ambiance pesante qui est partout dans cette ville...)

Dans le religion hindoue, mourir c'est se libérer de l'état où nous sommes actuellement pour passer à un état meilleur. Pour cette raison, le sens de la mort est si peu dramatique pour les Hindous, qu'ils souhaitent finir leurs jours au bord du Gange, et veulent après être incinérés, que leurs cendres se mêlent à l'eau du fleuve sacré.

Crémations discontinues sur les Ghats... 

Le Mani Karnika ghat à Varanasi est le site le plus sacré de tout le sous-continent. Y être incinéré signifie pour le défunt la fin du cycle des réincarnations. L'accession directe au Nirvana. Nuits et jours les cadavres ne cessent de s'y consumer sur des dizaines de bûchers.

Atmosphère impossible à faire ressentir par des mots... 

Une phrase de Pasolini extraite de « L’odeur de l’Inde » illustre parfaitement cette ambiance unique,

"... Autour des bûchers, nous voyons beaucoup d'Indiens, recroquevillés, avec leurs inévitables guenilles. Aucun ne pleure, aucun n'est triste, aucun ne se préoccupe d'attiser le feu : tout le monde semble simplement attendre que le bûcher s'éteigne, sans impatience, sans le moindre sentiment de douleur, ou de peine, ou de curiosité..."

Pas le moindre sentiment de douleur, ou de peine, ou de curiosité...attendre uniquement que le bûcher s'éteigne.

Les femmes n'assistent pas à la crémation. Il est dit que les larmes des femmes seraient un obstacle à la Libération... Tous les Indiens n'ont pas droit au bûcher... Seuls ceux qui sont décédés d'une mort naturelle "normale" peuvent prétendre à l'incinération. Les enfants de moins de 10 ans, les défunts victimes de la variole ou de la lèpre, ainsi que les femmes enceintes ne peuvent pas atteindre à la Libération par le biais de l'incinération.

Ceux qui sont morts suite à un accident, une maladie, un meurtre n'ont également pas le droit de brûler le long du fleuve... leurs cadavres ira directement rejoindre les eaux sacrés. Leur mort brutale ne peut être que le fruit d'un mauvais karma... Aussi le salut par la crémation leur est-il refusé.

Les saddhus, déjà assurés d'atteindre à la Libération, n'ont donc pas besoin du feu purificateur et salvateur. Une fois lestés, ils sont immergés, assis dans la position du lotus, directement dans les eaux sacrées du gange.

Le défunt est généralement enveloppé dans un linceul de couleur. Rouge s'il s'agit d'une jeune femme, orange s'il s'agit d'une personne âgée et blanc s'il s'agit d'un jeune homme.

Le cadavre est transporté jusqu'aux abords du fleuve sur le brancard en bambou. On immerge le corps à plusieurs reprises. On le dépose ensuite sur la berge où on lui versera de l'eau du Gange dans la bouche.

Rituel de l'immersion dans le Gange. 

Puis on dresse le bûcher funéraire, sur lequel viendra reposer le défunt. Le fils aîné (à défaut le plus proche parent), préalablement rasé et vêtu d'un simple dothi blanc, ira cherché le feu sacré. Il tournera ensuite autour du bûcher un nombre variable de fois avant d'y mettre le feu.

A la fin de la crémation, la plupart des restes sont balancés dans le Fleuve. La place est sommairement nettoyée. Le fils aîné remplit alors une vasque en terre cuite d'eau du Gange. Il est le dernier. Tous les autres sont déjà partis. Il tourne le dos au lieu de la crémation et balance le pot par dessus son épaule. C'est l'ultime geste d'adieu. Le fils, sans se retourner, peut maintenant s'éloigner. Il a effectué son devoir.

Près de 400 défunts effectuent quotidiennement leur dernier voyage. Nuits et jours, la fumée des bûchers nimbe d'une funeste odeur la cité millénaire.

 Offrandes et incantations au Gange.

Après cette incroyable soirée, qui aura marquée définitivement notre mémoire, nous rentrons à l’hôtel où le sommeil ne viendra pas facilement…

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Lever très matinal pour assister avec les pèlerins au lever du soleil sur le Gange.

Le Gange, long de plus de 2.500 km, le Gange fait partie des sept rivières sacrées de l'Inde. Plonger dans ses eaux est supposé laver le fidèle de ses pêchés. A Bénarès, 77 ghâts, des berges en escalier, permettent aux dévots d'accéder au fleuve. Ils sont situés sur la berge gauche du Gange, face au soleil levant. La rive droite est vierge de toute construction.

  Salut au soleil   

L’ambiance au bord des ghats est particulièrement exceptionnelle au lever du jour. Nous prenons une barque et pouvons ainsi observer les ghats d’un autre point de vue. Les gens se lavent, se brossent les dents, font la lessive et prient. Les hindous s’immergent dans l’eau sacrée censée les laver de leurs pêchés certains la boivent…alors que l’on trouve de tout dans ce fleuve, des cadavres, des excréments, des immondices de toutes sortes… Le Gange contiendrait 1,5 millions de bactéries pour 100 ml d'eau. Le seuil d'alerte est fixé à 500.

Immersion, prières et ablutions dans l’eau sacrée  

Le spectacle est incroyable,stupéfiant, surréaliste.... Au bord du Gange la vie et la mort se côtoient. L’ambiance et les sensations sont quasiment indescriptibles. Varanasi, il faut le voir pour le croire qu’elle que soit l’heure du jour ou de la nuit.

crémations permanentes  (video internet résumant parfaitement l'ambiance des gaths)

Sur les gaths, nous sommes immergés dans l’Inde fascinante, là rien n’est comme ailleurs, ici c’est un autre monde…

Les sâdhus sont omniprésents.

Un sādhu « homme de bien, saint homme » est, en Inde, celui qui a renoncé à la société pour se consacrer au but de toute vie, selon l'hindouisme, qui est la moksha, la libération de l'illusion, l'arrêt du cycle des renaissances et la dissolution dans le divin, la fusion avec la conscience cosmique. En tant que renonçants, ils coupent tout lien avec leur famille, ne possèdent rien ou peu de choses, s'habillent d'un longhi, d'une tunique, de couleur safran pour les shivaïtes, jaune ou blanche pour les vishnouites, symbolisant la sainteté, et parfois de quelques colliers.

Les sadhus, pour certains, frottent leur corps avec des cendres... 

Au-delà de la recherche spirituelle, les raisons qui poussent à choisir la vie de sādhu peuvent être diverses : fuir sa caste, échapper à une situation familiale pénible, à une situation économique calamiteuse, mais aussi pour une femme à l'infamie du veuvage. Le nombre de sadhus seraient de quatre à cinq millions de personnes en Inde.

Nous rencontrons sur les gaths un homme hors norme, surnommé ici le "Sâdhu-Ganesh"...un homme souffrant d'éléphantisme du visage, et là, nous comprenons ce qui peut pousser un être humain à devenir sadhu...

 Comment pourrait-il  vivre ailleurs qu’ici ?  

Dans leur recherche d'absolu, les sādhu pratiquent des tapas, récitations de mantras, rituels magiques, contrôle du souffle, yoga, abstinence sexuelle, vœu de silence, méditation ou mortifications. Un grand nombre d'entre eux consomment rituellement du haschich. D'autres cependant refusent cette consommation qu'ils jugent opposée à leur idéal. Les sādhu shivaïtes frottent leur corps avec des cendres, symboles de mort et de renaissance. À l'image de Shiva, ils portent leurs cheveux extrêmement longs.

A présent, il est temps pour nous de quitter cet endroit…


Avec en souvenirs, la fumée, l'odeur, les ruelles étroites tout le temps sales de Bénarès, cette étrange atmosphère que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

Avec pèlerins, touristes, résidents, chiens galeux et vaches sacrées, comment pourrait-il en être autrement à Bénarès ?

Par plus de 30 degrés, le mélange de détritus, d'urine et de bouses de vaches dégage une odeur nauséabonde.

Tous nos sens ont été stimulés. En s'approchant de Manikarnika Ghat, le lieu où se tient la majeure partie des crémations, l'odeur de chair brûlée déroute. La vision de corps en flammes, si peu familière, aussi. On semble hors du temps. Et puis, le bruit des processions fait sortir de l'état second dans lequel on se trouve plongé.

L'orange des vêtements de pèlerins, le doré des linceuls s'impriment sur la pupille. On déambule entre vaches et mendiants, dans une cour des miracles qui, à la nuit aidant, se veut moins rassurante. La rue appartient alors à quelques Indiens, amis de substances hallucinatoires et autres pestiférés.

A 5h, quand, avec le soleil, les ghâts s'animent à nouveau, un autre spectacle commence. Celui des dévots se baignant dans le Gange, espérant laver leurs pêchés grâce au fleuve sacré. Celui d'Indiens récurant aux côtés des autres leurs saris, ou se brossant vigoureusement les dents.

Et pour finir le spectacle que nous offrons nous, celui de visiteurs, médusés, et dont la rétine et la mémoire resteront à jamais marquées par ces lieux uniques au monde et que l’on ne reverra probablement jamais...

Adieu BENARES…tu nous à marqué à jamais... 
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Pour terminer notre séjour en Inde, nous faisons une excursion vers Sarnath, site sacré où le Bouddha tint son premier sermon après l’illumination. Sarnath est une cité bouddhiste se trouvant à une dizaine de kilomètres au nord de Varanasi

 Le Dhamekh stupa   

Ce stupa s'élèverait à l'endroit où Bouddha prononça son premier sermon. Haut de 34 mètres et large de 43 mètres à sa base, celui visible aujourd'hui aurait au moins 1500 ans mais des fouilles ont montré qu'il aurait été construit à la place d'un stupa de l'époque Maurya (200 ans avant J.-C.) La partie en pierre qui entoure la base du stupa est ornée de frises florales et géométriques.

                   bas-relief moderne montrant les cinq premiers disciples de Bouddha vénérant la roue du Dharma. 

Et pour terminer notre séjour en inde, nous visitons une école dans le village de Sarnath.

Visite d'une école et un dernier sourire... Namasté  nous dit cette femme « Je salue le divin qui est en vous »

Dans l’après-midi, nous quittons l'Inde...

Vol Varanasi / Delhi puis Delhi / Genève via Francfort

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Galère au retour :

Suite à un attentat en Inde, fouille individuelle de chaque passager…d’où chaos indescriptible dans l’aéroport, bilan : 7 heures de retard au départ de New Dehli …

Ensuite problème a la descente sur Francfort, le train d’atterrissage ne sort pas, largage du kérosène et pour finir atterrissage normal, le pilote a réussit à sortir le train.

Evidemment ratage de la correspondance pour Genève et finalement nous arrivons à notre destination finale avec plus de 6 heures de retard mais avec tous nos bagages qui ont miraculeusement suivis.

Mais au final, malgré les déboires au retour, ce voyage en Inde restera une fantastique aventure et est une de nos plus belles destinations ...Avec Bénarès pour terminer, un endroit qui marque les visiteurs à tout jamais et dont on repart jamais le même...

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A bientôt …

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