Après plus de 9 mois de projets, nous arrivons à Madagascar en touristes. L’objectif est simple : profiter et reprendre de l’énergie avant le retour en France.
Nous posons nos sacs chez nos amis Mathias et Carole à Antananarivo, capitale de Madagascar. La ville est en hauteur et son climat est agréablement frais à cette saison. Nos hôtes nous font découvrir la ville et nous emmènent faire une promenade vers Angakovely. Le paysage vallonné, les champs colorés, les rizières vertes flashy en terrasse, le tout entouré de terre rouge qui contraste avec le reste : c’est magnifique !
AngakovelyLe pays étant très grand et les routes en mauvais état, il est difficile de joindre deux étapes en moins de 12h (pour 570 km…). Nous devons donc choisir judicieusement les contrées à explorer. Découvrir Madagascar, c’est aussi expérimenter ses taxi-brousses, vans régionaux surchargés de passagers et de denrées qui sillonnent les routes de montagne à toute vitesse.
Nous partons vers le Nord : Cap sur Mahajanga, ville côtière prisée par les vacanciers malgaches. Il y fait chaud et humide et la mer est marron (rose certains soirs chanceux). Grand port du pays, cette ville accueille les boutres, bateaux traditionnels en bois avec une voile triangulaire. Les marins y chargent de gros sacs de 50 kg en passant par une passerelle de 20 cm sur 4 mètres de long, des équilibristes !
Port aux boutres à Mahajanga À Grand Pavois, les plages sont remplies de parasols, presque jusqu’à la mer. Nous apprécions de voir les malgaches profiter de la plage et des vacances, ce qui était plutôt rare en Afrique de l’Ouest ou au Kenya.
Un peu plus loin, le Cirque Rouge, formé de falaises de roches rouges, s’étire à 180° et nous offre un panorama magnifique. Des crêtes, des pics, des nuances de couleurs et plus bas, des massifs roses et ronds, c’est somptueux.
Cirque Rouge La nourriture est très variée car l’île regorge de ressources avec son climat diversifié. Notre grand gagnant est le zébu, une vache à bosse, dont la viande est très tendre. On la mange à toutes les sauces : steak, tartare, burger, toujours un délice ! Mais le zébu, c’est aussi un moyen de locomotion très prisé notamment pour transporter du matériel encombrant qui ne rentre pas dans les tuk-tuk ou pour se déplacer sur des routes inaccessibles en voiture.
Charette de zébu et crevettes Lors de nos deux passages dans les parcs nationaux (Ankarafantsika et Ankarana) nous admirons les lémuriens diurnes et nocturnes (plus de 100 espèces et sous-espèces sont recensées sur l’île) sauter doucement de branches en branches, parfois avec un petit accroché sur le ventre ou se lover dans le creux des arbres pour piquer un somme.
Lémuriens A Ankarafantsika, le vent et la pluie ont sculpté la roche sableuse en tranches dentelées. Allant du jaune au rouge, avec certaines strates roses ou blanches, le canyon s’étale sur une centaine de mètres jusqu’à la vallée verdoyante et contraste avec ses couleurs chaudes. En descendant à l’intérieur, là où les fortes pluies ont laissé des sillons, nous nous sentons tout petits face aux roches qui nous surplombent sur une centaine de mètres de haut. À nos pieds, de petites cheminées, semblables à des champignons, surgissent par milliers. Une croûte épaisse protège la structure avant que le vent ou l’eau ne l’emporte. Difficile d’imaginer que ce paysage lunaire est voué à disparaître, terrassé par les éléments au fil des ans.
Canyon d'Ankarafantsika Un peu plus au nord, changement d’ambiance à Nosy Be : très touristique, cette petite île au large de la grande est remplie de vazas (« étranger blanc ») qui profitent du farniente et des filles. Nous dénichons une chambre à l’écart du tumulte mais avec vue sur mer. Parfait !
Nosy Be C’est aussi là que nous découvrons l’extraordinaire faune marine locale avec notamment les requins-baleines ! Pour le trouver, on repère les oiseaux et bonites qui chassent le plancton et remuent l’eau. Et… nous le rejoignons dans l’eau avec nos masque et tuba ! C’est majestueux, comme une étoile filante, reflétant la lumière du soleil. Il se déplace lentement, ce qui nous rassure malgré ses cinq mètres de long. Les adultes peuvent atteindre jusqu’à 20 mètres de long, cela en fait le poisson le plus gros du monde. Pour dîner, il se met à la verticale, avale le plancton et l’eau par la bouche et le rejette par ses branchies. Les jeunes mâles viennent autour de Nosy Be pour manger puis plongent à des profondeurs extrêmes (1800 mètres) et disparaissent des radars, ce qui en fait également une espèce mystérieuse.
Immersion avec les requins-baleines Deux jours plus tard, c’est le tour des poissons et tortues marines dans la réserve marine de Tanikely : un vrai aquarium géant, avec des centaines de poissons qui se croisent devant nos yeux. Il y en a de toutes les couleurs, jaunes, bleus, rouges, à paillettes, arc-en-ciel. De très gros aussi, presque 50 cm ! Un long au grand nez, des anémones avec de petits némos et de grosses tortues que l’on suit tranquillement.
Réserve marine de Tanikely Le reste du temps, nous explorons l’île : le Mont Passot avec la vue sur les lacs sacrés, les champs et les rizières. Les reliefs vallonnent le paysage, laissant tantôt un lac, tantôt la mer dans ses creux. Les beaux arbres à coton, petits serpents et superbe caméléon rythment nos promenades.
Promenade au Mont Passot Dans les terres, les arbres d’Ylang-Ylang sont cultivés pour ses fleurs parfumées. Son parfum sent bon et fort et persiste toute la journée. Une usine artisanale transforme cette fleur en essence : de l’eau, un alambic, des fleurs, le tout décanté et on obtient le fameux jus parfumé. A l’odeur, on dirait de l’alcool tellement c’est fort et concentré, c’est d‘ailleurs la base du parfum Channel n°5.
Culture et transformation d'Ylang-Ylang Dernier temps fort sur l’île, la découverte de la moringue, boxe traditionnelle sans gants. Les luttes sont orchestrées par tranches d’âge, les boxeurs peuvent avoir des tailles et poids complètement différents. C’est impressionnant de voir David contre Goliath et l’issue du combat n’en est pas déterminée pour autant. Heureusement, les arbitres interviennent rapidement s’ils soupçonnent un danger pour un combattant.
Combats de Moringue À Ankarana, nous nous faufilons dans les tourelles de tsingy grises, roches calcaires sculptées par le vent et l’érosion. Il y a 250 millions d’années, cette roche était sous l’eau. La tectonique des plaques, la chaleur, la disparition des eaux et les pluies ont formé ces roches en dentelles cisaillantes. "Tsingy" signifie «marcher sur la pointe des pied » en malgache : l’ethnie du nord se cacha dans cette région pour échapper à celle de Tana armée de fusil. Plus loin, un océan de tsingy s’étale à perte de vue. Le chemin est orné de pain d’anis, d’oranges des singes, mangées par les makis et d’épines du christ, un mélange de flore et de couleurs.
Tsingy d'Ankarana Enfin, à la pointe Nord de l’ile : la région de Diego-Suarez (ou Anstiranana), accueille l'une des plus grandes baies du monde. La mer s’infiltre dans des mangroves jusqu’au pain de sucre qui fait face à Diego. Elle ressemble à un lac d’eau turquoise, tout plat et plus froid qu’à Nosy Be.
Baie d'Antsiranana La visite des Tsingy Rouges nous vaut quelques frayeurs en moto-cross avec les 15 cm de sable sur toute la piste. Elie prend plaisir à piloter en mode Paris-Dakar ! Le spectacle valait le détour : cette fois-ci, c’est le sable qui a été sculpté par le vent et la pluie. De couleurs blanches à ocres, rouge à jaune, la lumière de la fin d’après-midi les rend encore plus belles ! Ces sculptures naturelles se déploient dans plusieurs vallées canyons.
Tsingy Rouges Notre séjour et voyage de 11 mois s’achève avec 2 semaines dans la baie de Sakalava pour se remettre en forme. Formule à base de kitesurf, longues nuits, calamars et jus frais. A l’écart de la route, au milieu des dunes et de la forêt de pin, de petites cabanes se cachent dans le sable. Le souffle fort du vent forme un clapot à la surface de l'eau transparente, qui se transforme en plus grosses vagues à l'abord des îlots lointains.
Kitesurf dans la baie de Sakalava Le coin est magnifique, notamment la mer d’émeraude, plus au nord. On y accède en bateau à voile avec une immense bôme accrochée en haut du mat. Cette mer intérieure très plate s’étend sur des centaines de mètres, l’eau est turquoise, très transparente, presque chimique.
Mer d'émeraude La balade dans les trois baies est aussi sublime : des mini tsingy dentelés par la mer entourent des piscines naturelles, les zébus pâturent l’herbe surplombant la baie, des pécheurs lancent leur barque à la limite du tombant et des « champignons-tsingy » s’élèvent au milieu de cette eau presque blanche. Le tout forme un paysage extraordinaire !
Balade dans les trois baies Nos aspirations frugales ne s’arrêtent pas là, à Antananarivo nous visitons l’atelier de ferronnerie Violette et Dieudonné : une centaines d’artisans créent des objets du quotidien, inspirés de la culture malgache, à partir de vieux tonneaux d’huile et de gasoils ou de tôle recyclée. Ce petit village solidaire accueille aussi les familles des artisans (la plupart en marge de la société, malvoyants, sans abris, anciens détenus), une école pour les enfants et un potager pour avoir un peu d’autonomie alimentaire. Très inspirant !
Atelier Violette et Dieudonné C’est aussi l’heure du départ et nous en profitons pour ramener un baobab juste avant de prendre l’avion de retour en France. Arrivés à l’aéroport, chargés comme des mulets ça donne ça :
Quelques bagages pour le retour en France Nous sommes ravis de notre voyage mais contents de revenir en France après tout ce périple. Il nous reste encore une étape qui sera surement délicate : la ré-acclimatation à la société... Après une année autour de la simplicité, difficile de revenir la semaine du Black Friday…