Île était une fois Noirmoutier

C'est l'histoire d'un bout de terre niché en Vendée, auquel une bonne fée a donné beauté et spécificité : l'île de Noirmoutier.
Janvier 2021
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C'est LA question que vous vous poserez forcément. C'est certain, passer par le Gois pour arriver sur l'île est plus exotique et aventureux. Si c'est cette option que vous choisissez, regardez bien les heures des marées. Des panneaux vous indiquent s'il est encore temps de passer, côté continent et côté île. Ne vous engagez pas si c'est trop juste ! Tous les ans, des véhicules se font surprendre par la marée. Non, l'homme n'est pas plus malin que la nature, malgré la vitesse des véhicules ! La voie est assez étroite et vous roulez en vitesse réduite, la marée, elle, n'a nul besoin de ralentir. Le mieux pour profiter du Gois, c'est finalement de se garer avant et d'en faire une partie à pied (là aussi, selon la marée).

Passage du Gois 

Je passe toujours pas le pont. J'aime surplomber la mer de la hauteur de la structure, j'ai l'impression de voler telle une mouette enhardie. On redescend assez vite sur terre, mais comme c'est pour voir, au choix, soit du joli soit du beau, ce n'est pas un drame. Je m'arrête au parking de la Pointe de la Fosse, juste à côté du pont. Je l'ai traversé en voiture, et c'est amusant ensuite de le voir d'en bas.

Pointe de la Fosse 

Pour vous y rendre:

Une fois passé le pont, continuez tout droit. Au rond-point, prenez la première sortie.

Devant vous se déploie la mer et, parfois, quand le ciel est avec nous, les couleurs peuvent laisser songeurs. Une belle entrée sur l'île. Il est possible aussi d'y voir un lever de soleil si le cœur vous en dit. et si les nuages n'occultent pas l'astre brillant.

Pointe de la Fosse 

Je suis allé sur l'île plusieurs fois en janvier, et parfois par temps très frais (par exemple, ce lundi 11 janvier 2021). Ça peut paraitre un peu dingue au premier abord. Au second aussi. Puis, à la réflexion, pas bête la bête ! Je profite ainsi de beaux panoramas (l'île est belle en toute saison) sans avoir à subir la foule estivale, qui empêche d'ailleurs de se plonger corps et âme dans la contemplation de la mer. En janvier, l'île est pour vous. Si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas vous y rendre en hiver, le mois d'avril est un autre temps idéal, ou vous pouvez attendre la mi-septembre. Les jours sont plus cléments. Ou encore, si vous êtes fans comme je le suis de cet endroit et qu'à chaque fois il vous met la tête à l'envers, allez-y dès que vous pouvez. Pour ma part, j'évite juin, juillet et août.

Petit savoir en supplément :

D'où vient le nom Noirmoutier ? Certainement de l'ancien français noir moustier, c'est à dire monastère noir. N'imaginons pas de monastère totalement peint en noir. Que nenni. Il faut y voir le fait que des moines habillés de noir, donc des cisterciens, vivaient là.

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Pour vous y rendre :

Retournez au rond-point et filez en direction de Noirmoutier-en-l'île. Suivez les panneaux "Le Gois" et vous finirez par y arriver.

Vasières et grèves sablonneuses 

Pas d'inquiétude, vous en viendrez à boue ! Le paysage enserrant le Gois est composé de vasières et de grèves sablonneuses. Elles renferment un trésor que les pêcheurs à pied avertis ou amateurs viennent chercher : des palourdes, des coques et des huîtres sauvages. En cas de fortes marées, les hommes bottés affluent de toute part. Difficile de se garer aux abords du passage ! Je vous conseille, si vous souhaitez parcourir une partie du Gois à pied, de vous munir de bottes. Ce n'est pas glamour mais c'est efficace pour marcher dans la matière gluante. Peut-être apercevrez-vous de joyeux volatiles, tels des aigrettes, des mouettes, ou autre animal à plume de tout poil.

Passage du Gois 

Longue de 4,2 km, la voie permet de traverser le Gois pour aller de l'île vers le continent (vous atterrirez dans la commune de Beauvoir-Sur-Mer), ou inversement. Avez-vous remarqué les beaux pavés (et là, on peut vraiment dire sous les pavés la plage) ? Ils ont été posés entre 1935 et 1939. Mais le Gois existe déjà depuis bien longtemps. Un passage est mentionné dès 820 pour rejoindre l'île qui se nommait alors l'île d'Her. Et la première apparition du passage sur une carte géographique date de 1701. Plus proche de nous, Le Gois est devenu un site classé en 2017.

Balise refuge 

Sont-ce, pour les cigognes, quelques nids ? Pas du tout ! Ces étranges promontoires sont des balises refuge. Il en existe neuf construites sur toute la longueur du Gois. Les petits retardataires qui auraient oublié la marée mais que la marée, elle, n'aurait pas oubliés, peuvent y grimper. Ils ne pourront plus rien pour leur véhicule, cependant ils auront la vie sauve. Il faut dire qu'à marée haute, la hauteur de l'eau varie de 1,30 m à ... 4m !!!

Petit savoir en supplément :

Le pont est bien plus récent que le passage du Gois, puisqu'il a été construit en 1971.

La petite maison dans le marais 

Et pourquoi pas, tant que vous êtes dans le coin, aller faire un tour dans les marais qui jouxtent Le Gois ? Les eaux tranquilles sont apaisantes et les oiseaux s'y baignent avec un plaisir évident. Il est toujours amusant de les voir s'ébattre librement dans cette eau riche en nutriments ! Trône là une maison abandonnée qui ajoute au charme du lieu.

Des petits îlots apparaissent 

Deux chemins permettent d'admirer les marais : l'un longe directement le marais et serpente entre les différentes réserves aquatiques.

Chemin entre océan et marais 

L'autre chemin trône sur une digue et permet de profiter tout à la fois du Gois, du Marais et de l'océan. Les plus enhardis pourront carrément arpenter les deux !

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Pour vous y rendre :

En partant du Gois, reprenez la route en direction de Noirmoutier-en-l'Île, puisque c'est dans cette localité que nous nous rendons à présent. La petite astuce est de se garer sur un parking situé rue Marouettes. Sinon il est aussi possible de se garer un peu plus loin, le long de la D948, au parking de l'Etier du Moulin. Attention aux jours de marché, car ce second parking est vite rempli.

Puis à pied :

Si vous vous êtes garés au parking rue Marouettes, vous pouvez poursuivre la route qui passe entre les entreprises et vous atteindrez le cimetière. C'est le meilleur point de vue, vous êtes au plus proche des bateaux. De l'autre parking, traversez la route et empruntez la rue Marouettes (il y a une biscuiterie à son angle). Sinon vous pouvez passer sur le côté de l'aquarium, puis passer une écluse et vous diriger vers la jetée Jacobsen, sur votre droite.


Adieu bateaux 

Dans la Hanse de Luzan sont déposés des bateaux qui, d'année en année, perdent bois et couleurs. Ce cimetière est à la fois un beau spot pour faire des photos mais aussi un lieu un peu triste. J'y vais tous les ans et constate l'avancée inexorable des dégradations au gré des marées, du vent, de la pluie et du froid.

Quelques couleurs résistent encore à l'assaut du temps 

Qu'était leur vie avant de venir s'échouer définitivement dans ces vasières ? Bateaux de pêche, de plaisance, de commerce ? Ce cimetière est un lieu de mémoire, un témoignage d'activités.

Cette fois, c'est la fin 

De certains, ne reste quasiment plus rien. La nature a repris le dessus.

Petits et grands, même destin 

D'autres attendent leur heure.

Petit savoir en supplément :

Ne vous y méprenez pas, il y a bien tout de même âmes qui vivent sur l'île. A l'année, environ 4500 noirmoutrins profitent de la douceur des lieux. La haute-saison revenue, le chiffre monte à environ 10.000 ! L'île compte 65,5% de maisons secondaires. Ce n'est pas rien. Je m'en suis rendu compte chaque fois que je suis venu en janvier : bon nombre de maisons ont leurs volets clos.

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Pour vous y rendre:

Il faut rejoindre l'avenue Georges Clemenceau.

Essayez de vous garer le long de cette avenue si vous le pouvez, sinon tentez votre chance dans les rues adjacentes.

Il est intéressant de ne pas se garer trop près de la plage car vous longez ainsi des maisons de villégiature du XIXe siècle - début XXe.

Cabines de plage 

Voici les célébrités de Noirmoutier. Tout le monde fait un détour pour voir les cabines en bois de la plage des Dames. Depuis le XIXe siècle, elles se dressent sur le sable. A cette époque, il était inconvenant de se changer devant les gens : le maillot de bain s'enfilait bien caché des regards. Les dames ressortaient arborant un costume de bain allant du talon jusqu'au cou. Peu de peau devait être visible, principalement pour éviter de bronzer. Le tourisme balnéaire était en ce XIXe siècle réservé aux personnes les plus riches, et les dames se devaient de garder la peau blanche. Les bains de mer sont bien souvent thérapeutiques et minutés, et sont voués à avoir une bonne santé.

Aujourd'hui, une association tente de faire en sorte de préserver les cabines en bon état. Les propriétaires ont pour devoir de garder la leur bien peinte et solide.

Une plage très fréquentée 

L'été, la plage des Dames, exposée plein est et étant ainsi préservée des vents dominants, voit un afflux important de baigneurs. Difficile de se garer aux abords et de trouver un coin de sable pour poser sa jolie serviette lorsque les beaux jours estivaux sont de retour. Il faut dire que le cadre de baignade est attractif avec le bleu de la mer, le jaune pâle du sable, le blanc des cabines et le vert des pins et des chênes.

Aux abords de la plage, on peut boire un verre en terrasse, les yeux tournés vers la Grande Bleue en toile de fond. Et pourquoi pas naviguer en se rendant au centre de voile ?

La mer vue du bois 

En toute saison, marcher dans le sable est agréable. Une fois garé plus ou moins loin de la plage, le mieux est de la longer, de traverser la pointe Saint Pierre, puis de nouveau parcourir le sable de la plage des Sableaux. Et enfin, quitter la plage pour s'engager dans le bois de la Chaise. En suivant le chemin pédestre, vous pouvez revenir vers la plage des Dames. La mer s'offre à la vue entre les arbres. C'est superbe ! Vous pouvez pousser jusqu'à l'estacade et marcher sur cette dernière. Vous dominez alors la mer qui vous entoure.

Au bout de l'estacade, le bois de la Chaise 

L'estacade actuelle date de 2014. Son premier ancêtre date de 1889, et servait d'embarcadère pour les bateaux venant de ou partant vers Pornic. Il est possible d'y pêcher l'éperlan à la ligne ou au carrelet.

Petit savoir en supplément :

Vous pouvez accompagner votre plat de poisson avec des bonnottes. Prenez-en bonne note ! Originaire de Barfleur, cette petite pomme de terre primeur a conquis l'île dans les années 1920. Elle a failli disparaitre ensuite car, trop petiote, la bonnotte ne pouvait pas se cultiver mécaniquement. Il en est actuellement récolté environ 100t au mois de mai. Rare et goûteuse, elle est attendue par tous les fins gourmets.

Plage de l'Anse-Rouge 

Non loin de la plage des Dames se trouve celle de l'Anse-Rouge d'où s'élève un sémaphore. Au programme ici aussi: mer, sable, cabines, rochers, calme et volupté.

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Pour vous y rendre:

Vous pouvez vous garer rue de la Bonnotte. A pied, descendez la rue du Père Crepier jusqu'à la plage du Mardi-Gras.

Un plus petit parking rue Monseigneur Sobeaux vous permet d'accéder directement à la plage du Vieil.

Plage du Vieil 

La plage s'étend, longée de maisons blanches aux volets bleus, typiques de l'île et particulièrement belles dans le quartier du Vieil. A marée basse, les rochers se découvrent et le lieu devient le paradis des pêcheurs à pied.

Plage du Mardi-Gras 

Vous n'avez pas envie de vous contenter d'une seule plage ? Ça tombe bien, vous pouvez prolonger votre balade maritime en longeant aussi la plage du Mardi-Gras. Observez au passage cette maison de pierre si particulière. C'est sur cette plage qu'a été tourné le film "César et Rosalie". C'est aussi sur cette plage qu'a été effectué, et 1832, l'essai du tout premier sous-marin français.

Bécasseaux sanderling et  Tournepierres à collier
Mouette 
 Goéland

Ouvrez-bien l'œil, sur cette plage s'agitent des oiseaux. Vous venez de faire connaissance avec ceux que j'ai rencontrés lors de ma dernière visite.

Maison typique de l'île 

Le quartier du Vieil est un quartier typique et préservé, plus intimiste, où les rues sont souvent étroites. Les maisons se parent à la belle saison de roses trémières et d'hortensias. Vous pourrez vous y balader en chantonnant : c'est une maison blanche aux volets bleus, pas adossée à la colline, on y vient à pied… ou à vélo !

Petit savoir en supplément :

L'île peut être totalement parcourue à pied ou à vélo. Elle compte 80km de pistes cyclables et 60km de sentiers pédestres.

Chapelle Saint-Hilaire du Vieil 

Construite en 1913 sous la conduite de Monseigneur Sobeaux (d'où le nom de la rue où elle se trouve), la chapelle Saint-Hilaire a adopté volontiers le blanc ambiant. Elle doit son appellation à Saint-Hilaire, premier évangélisateur de l'île. La tour clocher, quant à elle, date de 1960.

Silhouette d'un bateau devant la rosace 

Une belle rosace colorée orne le chevet plat de la chapelle.

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Pour vous y rendre :

Vous pouvez vous garer sur un parking situé Rue de la Pointe.

 Bateaux de plaisance VS bateaux de pêche

Il existe un lieu niché à l'extrême pointe nord-ouest de l'île. Il n'est autre que le port de l'Herbaudière qui compte 547 places. C'est un port en eau profonde où l'on peut voir des bateaux endormis et d'autres en partance vers le grand large. Les bateaux de plaisance côtoient les bateaux de pêche, plus colorés. Ces derniers rapportent des poissons frais à la criée, que l'on peut ensuite déguster dans les restaurants alentour.

Autre vue du port 

A l'origine, l'Anse de l'Herbaudière accueillait les bateaux pilotes de l'entrée de la Loire. Deux jetées, construites respectivement en 1869 puis 1950, ont transformé le lieu en un port. Il fut sardinier au début du XXe siècle, période pendant laquelle les pêches se faisaient dans de petites barques appelées pinasses. Non loin de ce lieu de pêche se trouvaient les conserveries : la dernière vit ses portes se fermer en 1965. L'activité de pêche se reporte alors sur le crabe et l'araignée de mer. Le port de plaisance vit le jour peu de temps après, en 1973.

Les rochers, la plage, et au loin ... 

Si marcher sur le sable ne vous fait point peur, vous pouvez longer la plage qui est juste à côté du port. Vous profitez ainsi de la beauté d'une côte rocheuse, et de loin, il est possible d'apercevoir l'île d'Yeu (observez-bien la photographie ci-dessus, on peut la voir au troisième plan, comme plongée dans la brume).

Petit savoir en supplément :

Ne vous fermez pas comme une huître, il va bientôt être l'heure d'y goûter ! Il serait dommage de s'en priver, elles ont une chair fine et un goût iodé, pour vous y aider. Pour laquelle opterez-vous : la fine, la fine de claires, la spéciale ? Avec un filet de citron ou une vinaigrette à l'échalotte ? Les choix sont multiples mais le plaisir est toujours le même. N'hésitez pas à vous rendre sur le port du Bonhomme pour en apprendre plus au sujet de l'huître. Sur l'île, une quarantaine de producteurs sont prêts à vous en vanter les mérites. Et si vous voulez varier les menus, vous pouvez tout aussi bien déguster les moules de bouchot, dont le nom vient du pieux en bois sur lequel elles sont élevées.

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Pour vous y rendre:

Le parking est situé Rue de l'Atlantique.

Un des moulins 

A Noirmoutier, il était possible de se faire du blé. Et ce, grâce aux moulins ! Des champs étaient consacrés aux cultures céréalières et l'île était avantageusement venteuse. D'un souffle, le vent venait faire tourner les ailes de 32 moulins. De nos jours, il en reste encore 23.

Un moulin caché derrière les bosquets 

Le travail de meunier est harassant et incessant. Cette activité perdure jusqu'en 1945. Depuis, les moulins ont été restaurés et transformés en habitations. Un endroit idéal pour se vanter d'avoir une drôle de maison de vacances ! Les moulins de la Guérinière sont aussi appelés les quatre moulins de la Court. Mais pourquoi donc ? Parce qu'au XVIIIe siècle se trouvait non loin de là une cour de justice.

En observant bien les moulins, on se rend compte que chacun a sa girouette particulière. Et qu'un seul n'a pas d'ailes : c'est le moulin d'amour. Drôle, non ? Car d'habitude, l'amour en donne, des ailes.

Un paysage bucolique à souhait 

Les moulins s'amusent à cache-cache parmi les dunes grises et blanches préservées. Des sentiers pédestres ont été aménagés pour ne pas les abîmer. Ces sentiers permettent aussi de rejoindre la mer.

En face des moulins, la mer 

Et devinez comment s'appelle la plage qui s'offre alors à vous ? La plage… de la Court. Et là encore, le charme opère. En fin de journée, nous pouvons y voir de magnifiques couchers de soleil.

Petit savoir en supplément:

L'île produit aussi du sel. C'est un savoir faire ancestral. L'eau de mer passe de canaux en bassins, entretenus avec le plus grand soin. Sous l'effet du soleil et du vent, l'eau de mer se cristallise. Les grains les plus gros, le gros-sel, coulent. Les grains plus fins, la fleur de sel, restent en surface. Riche en sels minéraux et en oligo-éléments, ce sel est produit dans 3000 œillets et est le fruit du travail d'une centaine de sauniers.

La fleur de sel est aujourd'hui le sel le plus recherché et le plus cher. Alors qu'au XIXe siècle, on ne le vendait pas, car il était bien moins considéré. Ce sont les sauniers qui en profitaient.

Petit condiment en supplément : la salicorne, une plante herbacée qui ne pousse qu'en terrain salé, pourra agrémenter savamment vos plats.

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Rien de mieux que de consulter le site internet de l'office de tourisme pour préparer un séjour à Noirmoutier. De quoi rester songeur encore un peu plus…