De l'Amazonie équatorienne au sanctuaire mondial de l'avifaune de Mindo, des villages indigènes du nord du pays à Cuenca dans le sud.
Mars 2020
18 jours
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Ce n'est plus un grain de sable, c'est carrément un bac, une dune ! On aura vraiment de la chance si on réussit à partir.

Dans l'ordre : Notre virus bien aimé, qui a pris ses quartiers d'hiver dans notre coin et qui essaime à tout va. On risque bien sûr de le choper au passage, mais on risque aussi de se faire refouler ici ou là comme des pestiférés.

Ce n'était pas assez : Air France nous prévient hier qu'en raison d'une grève nous serions bien avisés de changer nos dates de voyage. Facile, quand on a des réservations qui s'enchaînent !

Et cerise sur le gâteux, SMS cette nuit de la compagnie équatorienne qui devait nous transporter de Quito à Lago Agrio le lendemain de notre arrivée en Equateur, SMS nous faisant savoir sans détour que notre vol est annulé.

A Lago Agrio nous devons prendre un colectivo qui en 2 heures nous dépose au bord d'un fleuve, où nous embarquons sur une pirogue pour rejoindre le lodge en 4 heures. Là, pas d'électricité, pas de téléphone, pas d'internet, et 6 heures de décalage.

Aujourd'hui, je sens que ça va être compliqué de rassembler les pièces du puzzle !

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Le climat équatorial ne nous change finalement pas tellement du climat qu'on a connu chez nous depuis quatre mois : il pleut sans arrêt, la différence c'est que ce n'est pas un petit crachin gentil et discret... Au chapitre des aléas du voyage, le virus a fait son apparition dans la réserve amazonienne où nous devions nous rendre. Du coup vols annulés, lodge bouclé, on va s'adapter, comptez sur nous.

Nous sommes à Mindo, et c'est très bien (sauf les "rues", jamais vu ça). Ça grouille d'oiseaux et de papillons. On vous en shoote quelques photos, en particulier des morphos, splendides papillons bleus.

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Journée casse-pattes pour les traîne-savane : Nous sommes toujours à Mindo et nous allons prolonger notre séjour de deux ou trois jours, il y a tant à voir et à faire ici.

Par exemple la tarabita. Une tarabita, c'est un genre de chariot de supermarché suspendu à un câble à travers un ravin profond, au-dessus de la canopée. Un moteur de camion actionne tout ça. Le chariot-nacelle embarque en principe six personnes, mais seulement trois américains (es) pour une traversée supersonique. Et de l'autre côté, c'est 2 heures et demie de marche qui nous attendent dans la forêt pluviale (on dit bien pluviale), en bord de précipice, avec d'innombrables traversées de chutes et de cascades, imaginez l'état des chaussures à la fin de la journée... Et tout ça pour aller voir la plus belle, la plus grande, la plus tout, la cascade Reina.

On a l'air de critiquer, mais en fait, tout cela est magnifique. Magnifique et crevant, heureusement au retour vers la tarabita, une brave femme a installé son petit restaurant comme on aime : des poteaux, des tôles, des chiens et une de ces soupes de lentilles !

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C'est à peine croyable, mais ce matin on a eu du soleil ! Du coup, pas question de laisser passer l'occasion d'aller traîner dans un jardin d'orchidées. Intéressant pour ces fleurs, bien sûr, mais aussi pour toute la végétation tropicale et l'avifaune qui y séjourne.

On suit de loin toute la paranoïa créée par cette coronavérole et on commence à se demander si on pourra rentrer un jour au pays. Mais après tout, on n'est pas si mal ici...

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Comme convenu, un pick-up vient nous cueillir à 6 heures au saut du lit. Nous ne serons que tous les deux avec un guide naturaliste. Le pick-up nous conduit à 5 ou 6 km par une piste forestière. Le jour se lève quand nous attaquons notre marche, jumelles en bandoulière et appareils photos armés, prêts à tirer. La première demi-heure, la déception guette : quelques piafs, c'est tout. Et puis le guide s'arrête, installe sa lunette et le festival commence. Ceux que nous souhaitions voir sont bien là, les toucans, et bien là. Les cinq variétés que compte la région sont présentes ce matin. Ils ne viennent certes pas nous manger dans la main, mais ils sont à une distance qui permet de les observer et de les photographier, comme vous pouvez constater plus bas.

Bon, c'est quand-même plus de 3 heures de marche en forêt et une grosse fatigue à l'arrivée. Et cet après-midi, comme on n'en a pas eu assez, on retourne mitrailler quelques poignées de colibris et autres volatiles colorés.

Demain, on quitte Mindo, direction le nord du pays.

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Après 5 jours passés dans la cuvette de Mindo, arrosée 15 heures par jour, mais vraiment attachante, nous avons pris la route ce matin pour Otavalo, un des pôles touristiques du pays, on va vous expliquer pourquoi. Les 100 premiers kilomètres se sont faits sous une pluie battante, une partie de la montagne avait déménagé pendant la nuit pour s'installer sur la chaussée. Après on a dû affronter la conduite équatorienne, le rapport de force, où le plus faible (nous) a le choix entre finir dans le ravin ou faire le timide. Compensation, notre logement est superbe, limite luxueux, un immense jardin avec deux lacs, une salle de bain comme on ne savait même pas que ça existait, etc...

Nous avons passé l'après-midi à arpenter les rues et le marché d'Otavalo. Alors oui, pourquoi cette ville attire-t-elle les touristes ? Parce que les indiens d'ici (les Otavaleños) ne ressemblent pas aux autres autochtones amérindiens : ils sont très fiers de leurs traditions, vestimentaires en particulier, les femmes dans leur robes longues et leurs corsages brodés, les hommes avec leurs pantalons corsaires blancs et leurs chapeaux en feutre noir. Depuis toujours ils ont tenu tête aux envahisseurs en accédant à toutes les fonctions qu'habituellement on leur refusait, au point que des instituts internationaux se sont penchés sur leur cas afin de savoir pourquoi ils sont comme ça !


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Avec des noms comme ça, on sent qu'on est vraiment en pays Quechua, et pas celui de Décathlon. On a voulu revoir un lac de cratère (enfin, un lac de caldéra, les émules de Tazieff feront la différence) que l'on avait failli voir lors de notre premier voyage, il y a 37 ans ; failli parce qu'il était dans le nuage. Mais aujourd'hui ces mêmes nuages sont montés d'un étage et on a pu admirer ce beau lac et ses deux îles plantées au milieu. L'une d'elle a la forme d'un cochon d'Inde, d'où le nom du lac "Cuicocha" : en quechua, lac se dit "cocha" et cochon d'Inde se dit "cui", n'oubliez pas que le "u" se prononce "ou", c'est plus drôle.

Tant qu'on y était on a poussé un peu dans le parc national, et nos amis fidèles les nuages sont revenus à la charge, la route régulièrement encombrée par les glissements de terrain. Les gens qui vivent dans cette contrée n'ont pas la vie facile, quelques vaches (des pies noires !) et quelques cochons (gorets dans la brume).

Retour par une petite ville très indienne (mot à proscrire ici, sauf si on veut vraiment se les mettre à dos), ses habitants en tenue traditionnelle et ses alignements de maisons colorées. Demain, impossible de trouver un avion pour Cuenca, nous changeons une fois de plus notre programme, nous allons à Guyaquil, sur la côte du Pacifique. Après, c'est plus tard.

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Pas de photo aujourd'hui, on a eu autre chose à faire. Après toutes les modifications de programme on en était à aller à Guayaquil en avion, puis à Cuenca en bus et y rester 4 ou 5 jours, et revenir à Guayaquil pour prendre l'avion pour Amsterdam, Lyon et Lorient : on ne peut plus simple. Toutes les réservations étaient faites (et payées). Les rumeurs ont commencé au petit déj à Otavalo : les aéroports fermaient pour 45 jours. A notre arrivée à l'aéroport de Quito, vol pour Guayaquil annulé. Pas d'autre issue que de tenter de rentrer au pays. Un vol KLM ce soir archi plein. On annule tout ce qu'on peut annuler et on se met à la recherche des bureaux d'Air France, que l'on trouve. L'employée se triture les méninges et son terminal et finit par nous dégoter des vols sur mesure : départ demain soir à 21:30 et arrivée à Lorient le lendemain vers 17:30. On se dit que c'est trop beau pour être vrai. D'autant plus que Castaner veut faire l'intéressant, une fois de plus, en interdisant tous les déplacements.

Bref on sait où on est (dans un palace, tous les hôtels abordables étant fermés), mais on ne sait pas où on sera demain. Le moral est toujours bon, sauf évidemment quand on nous cède une place assise avec un air condescendant...