Les Maisons sur l’Agout, la rivière traversant la ville, ont valu à Castres, unique sous-préfecture du Tarn, le surnom de « petite Venise du Languedoc ». Leurs reflets aux couleurs pastel scintillent sur la rivière. Les premières maisons remontent à la fin du 12ème siècle. Des siècles durant, elles ont servi d’ateliers aux tanneurs, chamoiseurs et parcheminiers qui utilisaient l’eau de la rivière pour travailler la peau. Les caves, appelées «caoussino» en occitan (littéralement cela signifie usine à chaux), ouvraient sur la rivière. Elles possédaient des lavoirs. Après avoir nettoyé et rincé les peaux dans l'Agout, on les déposait dans les cuves emplies de chaux.
Au rez-de-chaussée étaient situés les appartements des ouvriers puis ceux des maîtres.
Aux deux derniers étages, se trouvaient les séchoirs. Ces pièces étaient pourvues de petites ouvertures qu'il devait être aisé de fermer avec des volets de bois pour, en été, défendre les cuirs des ardeurs du soleil et en hiver de la force de la gelée.
C'est en naviguant sur l'Agout que nous avons découvert ces maisons.
Le musée Goya est un musée d’art hispanique unique en France, présentant la création en Espagne de l’Antiquité au XXe siècle. Il est situé dans un ancien palais épiscopal d’architecture classique du 17ème siècle dont les plans ont été dessinés par Jules-Hardouin Mansart, l’un des architectes de Versailles.
C’est le legs de Pierre Briguiboul en 1894, fils d’un peintre et collectionneur Castrais, à la Ville de Castres qui détermine sa vocation hispanique en faisant entrer au musée trois toiles de Goya.
Depuis, la politique d’acquisition menée par la Ville et le musée permet d’enrichir régulièrement cette remarquable collection.
Le musée Goya présente aussi des expositions temporaires. Au moment de notre visite, il s'agissait de Walter Barrientos, peintre péruvien contemporain . Il crée des univers peuplés de figures humaines et animales souvent en relation avec le monde andin.
Il aime citer Huaman Poma de Ayala, premier chroniqueur péruvien du 16ème siècle qui, à travers des illustrations et des récits, relate la conquête espagnole et la chute de l’empire Inca.
Né à Castres en 1859, Jean Jaurès est issu d’une famille bourgeoise. Il fait de brillantes études, arrive premier à l'Ecole Normale Supérieure (1878) et troisième à l'agrégation de philosophie (1881). Il devient professeur de philosophie au lycée d'Albi en 1881 et se marie avec Louise Bois cinq ans plus tard.
Jean Jaurès fait ses premiers pas en politique à 25 ans. Il choisit le camp républicain et est élu député à Castres en 1885. Battu aux élections de la circonscription de Carmaux en 1889, il reprend son poste d’enseignant à la faculté de Toulouse. Trois ans plus tard, il devient docteur en philosophie avec sa thèse De la réalité du monde sensible. Il rédige ensuite sa monumentale Histoire Socialiste de la Révolution Française avant de se représenter aux élections municipales de 1890.
La grève des mines de Carmaux en 1892 plonge Jaurès dans la réalité de la classe ouvrière et le convertit au socialisme. Il est élu, grâce au soutien des ouvriers, député de la ville minière de Carmaux. Il conserva ce siège de 1893 à sa mort (sauf entre 1898 et 1902). Jaurès intervient de nouveau pour défendre des ouvriers dans la grève des verriers de Carmaux. Jaurès propose la création d'une autre verrerie sous la forme d'une coopérative ouvrière. Elle est fondée en 1896 à Albi.
Jaurès publie de nombreux articles pour défendre le socialisme dans la Dépêche de Toulouse et dans L'Humanité, journal qu'il fonde en 1904. Pour lui, "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage". Après avoir dans un premier temps condamné Alfred Dreyfus, Jaurès s’emploie à le défendre. En 1905, il participe activement à la fusion des deux partis socialistes français, donnant naissance à la S.F.I.O (Section Française de l'Internationale Ouvrière). Il contribue à développer l'unité ouvrière avec la C.G.T et à favoriser le dialogue entre les partis et les syndicats.
Jean Jaurès était un homme d’idées. Profondément pacifiste, ses discours le rendirent impopulaire à la veille de la Première Guerre mondiale. Son désir de réconciliation entre les peuples est perçu par ses ennemis comme une trahison. Les appels au meurtre furent lancés et entendus. Il fut assassiné le 31 juillet 1914 (trois jours avant le début des hostilités), par un nationaliste, Raoul Villain, au Café du Croissant à Paris. Son meurtrier a déclaré vouloir éliminer "un ennemi de son pays" à la veille de la guerre. Dix ans après sa mort, ses cendres furent transférées au Panthéon, rejoignant ainsi les grands hommes de la patrie.