La magie des grands espaces en amoureux: vous en rêvez? Nous aussi! Nous décidons donc de la vivre sur "the skyline trail" pendant 3 jours intenses de trek dans une nature sauvage au cœur du Canada
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Nous y voilà : le Canada. Et le mythe d’être « into the wild » qui devient réalité. Les sensations sont fortes, uniques. Les paysages interpellent et nous emportent. Nous nous laissons volontiers emportés.


Le calme, la solitude, la nature. Je respire profondément et c’est parti.


Le Skyline Trail est un trek de 3 jours qui invite le randonneur à côtoyer les limites de la montagne pour jouer avec celles du ciel. Rien que pour son nom, cet itinéraire est très prisé des Canadiens.


La randonnée se fait en autonomie et sous tente. Les places sont pourtant chères, pas en termes de budget, mais de demande. Sur ce parcours de 44,1 km, plusieurs emplacements sont implantés avec à chaque fois seulement 8 places. Obligation de réserver. Et tôt. On a de la chance, on s’y prend à peine un mois avant (les Canadiens s’y prennent dès janvier pour août, imaginez !) et on réserve ce qu’il reste. Le hasard fait bien les choses.

C'est parti!

TOPO:

44,1 Km de marche

11h35 de marche

Dénivelé + : 1410 M

Denivelé - : 1928 M

Altitude maximale : 2510 M

Sac à dos avec matelas, sac de couchage, tente, vêtements, popote, nourriture pour trois jours et eau

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Etape 1 : Lac Maligne-Snowbowl (12,2 km – 3h de marche)

Après avoir été pris en stop sur la route du lac Maligne pour atteindre le départ du chemin, nous démarrons par 33° C notre aventure. Il est 14h. Forêt accueillante, douce et ouverte. Les lacs Lorraine et Mona ponctuent le parcours et nous offrent leur aura rafraîchissante.


Après une heure, on dépasse le Evelyne Creek. La rivière a en soi un pouvoir imaginaire qui nous ramène aux films de l’Ouest canadien. Nous, ici, en plein milieu de cette nature généreuse.


Peu à peu, le chemin monte davantage à travers les sapins de moins en moins hauts. De jolies fleurs prennent le relais. Ça y est, le paysage se révèle à nous. Au-dessus des sapins, un panorama époustouflant de toutes parts. Le sol tapissé de fleurs jaunes, rouges, roses, certaines étrangement poilues contraste avec les sommets dénudés et rocailleux sur fond de ciel bleu. On y est sur la Skyline! Juste grandiose…


The skyline 


Et nous ne sommes pas seuls finalement : nous faisons la rencontre de toutes petites marmottes, joueuses et loin d’être farouches. Nous nous prenons volontiers au jeu de les observer en toute simplicité.

Nous atteignons le Little Shovel Pass à 2240 M et l’autre vallée très verdoyante et sauvage s’ouvre majestueusement à nous. Je me sens comme plongée dans le livre que je lis à ce moment-là « Mille femmes blanches » de Jim Fergus : je suis comme l’une de ces femmes qui découvrent l’étendue des grands espaces en même temps qu’elles s’intègrent aux peuples des Amérindiens. Un autre monde, une autre ambiance.


Vue sur la vallée de Snowbowl


Après 35 minutes de descente, nous atteignons le camp de Snowbowl. Les emplacements sont cachés, à l’état naturel, toujours séparés par des sapins. Comme à chaque fois, il y a des tables de pique-nique, éloignées des casiers ou perches à ours, eux-mêmes à distance des tentes. Les toilettes à l’air libre sont, elles, situées à un autre endroit, au bout d’un chemin à la végétation dense. Aller aux toilettes relève aussi en soi d’une aventure mais nos efforts sont récompensés : elle n’est pas belle la vue ?


Elle n'est pas belle la vue?

On savoure notre fin de journée paisible et détendue : c’est si magique d’avoir ce privilège d’être ici, au beau milieu d’une nature si bien préservée.


De nombreuses marmottes sont ici comme chez elles, elles profitent ensemble, se courent après, jouent avec les fleurs. Un geai bleu vient aussi à notre rencontre mais méfiance : il cherche à chiper notre nourriture selon les quatre étudiants Canadiens qui sont avec nous dans ce campement et avec qui on sympathise.

Le soir, après avoir fait la vaisselle et nous être lavé les dents loin du campement et à plus de 70 mètres d’une source (instructions sous peine d’une amende de 2000 dollars, quand même !), nous rejoignons notre tente et nous laissons une partie sans bâche pour observer les étoiles. C’est superbe.


Mais plus tard dans la nuit, je me réveille et je suis perturbée par une lumière orange forte : la lune est si étrange et hallucinante en même temps, je n’ai jamais vu ça et pour cause : le smog s’installe dans l’air à cause des incendies lointains qui touchent le Canada cet été 2017.

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Etape 2 : Snowbowl-Tekara (18km - 5h20 de marche)

Soleil rouge, air brumeux. Ambiance particulière, inconnue. Chaleur beaucoup plus supportable qu’hier.


Un kilomètre après notre départ, nous tombons sur une jolie rivière qui nous donne le sourire : nous pouvons enfin recharger nos bouteilles d’eau et nous en profitons pour nous laver un peu.

Le chemin est très joli, toujours harmonieusement fleuri. Une marmotte pose sur une pierre, c’est comme si elle nous disait bonjour.


Le trail est ensuite un faux plat montant mais la marche est très agréable, on se sent bien avancer. Le paysage se transforme peu à peu au fil des kilomètres pour devenir moins végétal, plus sec puis rocheux jusqu’à Big Shovel Pass à 2286 M. Les marmottes semblent aussi se transformer en taille, poids et pelage. Intéressant.



Un nouveau versant se dévoile à nous : gris, caillouteux à travers lequel notre chemin sillonne et nous avec. Ambiance désertique. Des plaques de neige ponctuent même le parcours ainsi que des parterres de mousse verte agrémentés de petites fleurs roses.



On descend, on remonte à travers d’énormes roches, parfois rougeâtres pour arriver au Lac Curator d’un bleu-vert pur. Nous affrontons ensuite une montée longue et raide qui fait palpiter nos cœurs. Attention, ça glisse ! En 45 minutes, nous atteignons avec soulagement le col The North à 2480 M. Nous discutons avec un jeune Canadien qui, lui, s’est fixé de faire tout le trail à pied en une journée. Bravo ! Nous ne l’envions pourtant pas. Nous apprécions, au contraire, de pouvoir prendre notre temps sur ce parcours si grandiose.


Lac curator

La suite est très exposée au vent, ce qui ralentit notre avancée. Nous marchons sur une crête large de laquelle on surplombe deux lacs de montagne. Et là, devant nous, d’un coup, nous distinguons des formes mouvantes : c’est un troupeau de mouflons (?). Notre surprise est grande et le spectacle magique.


Plus loin, nous découvrons enfin la vallée dans laquelle nous dormirons ce soir, là-bas, en bas, près d’un petit lac. Nous ne faisons maintenant plus que descendre sur un chemin très agréable et ouvert. La joie, la légèreté sont au rendez-vous. Nous faisons quand même attention où nous mettons les pieds car c’est assez caillouteux et irrégulier. Nous franchissons quelques cours d’eau à l’aide de petites roches installées en guise de pont. Le ciel retrouve davantage ses teintes bleutées par ici. Tant mieux !


Pour finir, nous traversons à nouveau des forêts dont les sapins sont parfaitement alignés.

Comme nous arrivons relativement tôt par rapport à d’autres groupes, nous avons le luxe de pouvoir choisir notre emplacement, ce sera le N°5. Et je fonce aux toilettes encore loin, loin, dans la forêt. C’est tellement pressant que je n’ai même pas peur des ours cette fois-ci 😊 (enfin, j’ai quand même mon spray).

Après notre installation, nous allons vers la rivière et on s’amuse à remonter jusqu’à une petite « chute » d’eau. Elle est froide mais on tente l’expérience de s’y tremper car on a bien transpiré aujourd’hui ! L’endroit est génial, le soleil chauffe, on savoure…


Perche et casiers à ours

Cette nuit-là, je mets le réveil car selon les Canadiens, très sensibles à la beauté des cieux, cette nuit sera exceptionnelle. Jasper et son parc national sont d’ailleurs réputés pour abriter l’un des cieux les plus étoilés du Canada. Pourtant, les étoiles sont encore endormies et ne se manifestent pas franchement. Faute au smog probablement… Bonne nuit quand même !

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Jour 3 : Tekara-Jasper (14km-3h15)


7h40 : réveil sous un ciel nuageux et menaçant comme annoncé. On se dépêche pour démarrer rapidement. Il fait bien plus frais que les autres jours. Le paysage, le même qu’hier, semble pourtant bien différent, comme tourmenté, plus hostile aussi mais ce changement de temps n’enlève rien à sa beauté.

Nous montons pendant une bonne heure, seuls, les premiers randonneurs probablement. J’aime d’habitude cette sensation d’être complètement seule mais au Canada, j’apprécie aussi de laisser passer d’autres randonneurs avant nous pour qu’ils fassent déjà du bruit et avertissent donc les éventuels ours de notre présence. Ce matin, c’est à notre tour de jouer ce rôle. Et tout se passe très bien 😊

Après ce beau passage en forêt, nous sommes à nouveau à découvert : j’apprécie beaucoup cette partie qui fait penser à un plateau. La variété et la couleur vive des fleurs rendent le lieu idyllique, romantique. De part et d’autre, les montagnes nous dominent. Le soleil se dégage un peu de son manteau épais et la vue en contre-bas sur la vallée s’ouvre à notre grand enchantement. La rivière coule toujours paisiblement.


On croise un couple de randonneurs qui fait le trail dans l’autre sens. Ils entament donc leur premier jour aujourd’hui. Ils ont l’air peu équipé. Au vu des prévisions météorologiques, je ne les envie pas. Je me dis que nous avons de la chance avec le temps. L’expérience peut devenir bien plus difficile, pénible, extrême dans d’autres conditions.



Après 1h35 de marche, nous arrivons à la hauteur du dernier campement nommé Signal. Le chemin redevient plus large et pierreux : il s’agit d’un chemin forestier également emprunté les vététistes. Et mon angoisse monte car il est clairement signalé que cette dernière partie est également le domicile de nombreux ours. Les consignes de sécurité sont rappelées à l’aide d’un panneau jaune. Alors, voilà, on chante, on parle fort, on est attentif.



Le chemin est assez monotone à travers une forêt dense. Je me sens rassurée de croiser de temps en temps d’autres marcheurs qui répondent parfois à mes appels « hey, hey » initialement adressés aux ours. C’est marrant même si c’est un peu ridicule !

Aïe ! et là, il commence à pleuvoir. Ce n’est pas encore gênant et nous sommes bien équipés. On entend soudain du bruit sur notre droite. Aaaaah, j’ai peur ! J’étais en train de chanter alors je chante plus fort et on accélère inconsciemment le pas. Ouf, c’est passé. Un ours ? Fort probablement. Nous n’avons même pas cherché à tourner la tête pour le constater…

Ça y est, il pleut vraiment. Heureusement, notre timing est plutôt bon : nous arrivons à la fin du trail à 11h. Nous avons été bien plus rapides que prévu ! Merci aux ours et à la pluie qui y sont sûrement pour quelque chose.


BILAN:

Comme après toute aventure, nous sommes fatigués certes mais très heureux de ces trois jours passés ensemble dans ce décor spectaculaire.

L’expérience des grands espaces, de la faune et de la flore canadiennes sont comme un rêve éveillé.

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