Mercredi 30 août, 14 heures, au volant de Joey les Compères arrivent à Perth. « C’est si bon de rentrer à la maison ». En arrivant en ville, nous sommes submergés par cette douce sensation. Nous avons presque fait le tour de l’Australie, nous avons vadrouillé, nous avons rencontré de nombreuses personnes, nous avons découvert le pays. Maintenant, nous rentrons chez nous. Là où tout a commencé, là où nous avons nos repères.
Nous sommes soulagés, rassurés. A partir de maintenant, tout ce que nous allons vivre à Perth sera du bonus. Nous avons gagné notre PVT. Nous avons réalisé ce que nous voulions. Nous avons trouvé des réponses à nos questions. A partir de ce mercredi 30 août, nous devons profiter et laisser doucement couler les jours.
Nous retournons au Billabong, notre auberge de coeur où par pur hasard on nous attribue exactement la même chambre. Dans la foulée, nous reprenons la voiture à la rencontre de notre futur propriétaire. Nous avons trouvé une colocation, une semaine plus tard nous pourrons emménager. Chouette. Dès le lendemain matin, nous fonçons à la salle nous réinscrire. Le sport nous a beaucoup manqué, nous avons besoin de nous dépenser et de retrouver notre équilibre. Dans l’après-midi nous avons un entretien avec notre ancienne entreprise, Landscape Australia. Ils nous reprennent, augmentent notre salaire et nous font commencer le lundi suivant. Les choses vont vites. En 24 heures nous avons bouclé tout ce qu’il nous restait à boucler pour nos deux prochains mois à Perth.
Il ne nous faut que très peu de temps pour reprendre nos marques. Nous retrouvons Dan, notre ancien coloc devenu un super copain. Nous rencontrons également de nouvelles personnes dont William un franco-chinois avec qui nous avons de grandes discussions à l’auberge. Ah l’auberge… Nous avions légèrement oublié que toutes les personnes n’ont pas la même notion du respect de l’autre, notamment du sommeil. Les nuits sont entrecoupées par les cris des voisins, la musique et les claquements de portes. Génial lorsque nous devons nous lever à 5 heures du matin pour aller travailler. Vivement que nous déménagions.
En parlant de travail. Nous avons repris nos fonctions de landscapers avec l’expérience en plus. Paulo (notre nouveau supervisor) et Jenn nous attendent avec impatience. Nous avons déjà travaillé avec eux, ils sont géniaux et nous les adorons. Luke ne sera pas de la partie, apparemment le baobab qui a poussé dans sa main et son imposture au travail ont été démasqués ! Les habitudes au travail reviennent très vite, ainsi que la routine. Seul le rythme et l’intensité changent. Nous allons devoir travailler plus car l’entreprise a un audit dans deux mois avec le client (la ville de Rockingham) afin de savoir si le contrat sera gardé ou non. Nos corps sont bien rodés et nous n’avons pas de difficultés majeures à nous remettre à la tâche.
Le jeudi 7 septembre nous intégrons notre nouvelle colocation à Willeton, au sud de Perth et à 25 minutes de notre travail. Une aubaine. Aujourd’hui, nous vivons avec 8 personnes, nous sommes donc 10 dans la maison. Les colocs sont plus âgés, en majorité français avec deux chiliens et une israélienne, il n’y a que des couples. C’est très agréable car nous échangeons beaucoup le soir et chaque personne a une chouette singularité. Parmi ces couples, Juliette et Dimitri des lillois passionnés de musique, de podcasts, de festivals… Un réel coup de cœur. Nous nous estimons très chanceux d’avoir intégré cette grande maison. C’est propre (pour le plus grand bonheur de Salomé), calme le soir, chaque personne est respectueuse. Cela nous avait grandement manqué. Et cerise sur le gâteau , notre chambre est immense !
Le décor est posé, nous n’avons plus qu’à profiter et préparer doucement notre road trip en Asie.
Mais puisqu’en Australie rien ne peut couler de source sans qu’il n’y ait de pépin, notre tendre Joey nous a lâché. Au début nous avons pensé à une blague de sa part. Mais non, il a simplement décidé de rendre l’âme. C’est fou comme on peut s’attacher à une voiture. Ici, notre voiture c’est comme notre maison. Joey c’était notre bien à nous.
Alors que nous roulions sur le freeway après notre journée de travail, nous avons entendu un cliquetis dans le moteur. Plus nous avancions, plus ce cliquetis devenait régulier. Et puis au fur et à mesure nous ne pouvions plus accélérer. Enfin, nous commencions à sentir une odeur de cramé. Après nous être rabattus sur la bande d’arrêt d’urgence, nous appelons notre propriétaire qui s’y connaît en voiture. Il nous dit quoi faire mais nous sommes perdus. Nous ne savons pas comment ça se passe en Australie pour le remorquage, quel sera le prix, combien de temps allons-nous rester bloqués. Beaucoup de questions, d’inquiétudes et surtout beaucoup de fumée sous le capot. Nous raccrochons et appelons Paulo, qui ni une ni deux fait demi-tour et nous rejoint pour nous guider et nous aider. Merci Paulo. Nous arrivons finalement à nous faire remorquer jusqu’à la maison. Le verdict tombe : le moteur de Joey a lâché en même temps que les larmes de Salomé ont coulé. 4 000$ de réparations ou bien nous revendons la voiture en l’état en acceptant de perdre 5 000$. Les comptes sont vite faits, nous revendrons la voiture en l’état.
C’est la désillusion et surtout l’incompréhension. Comment ? Pourquoi ? Et qu’allons-nous faire ? Face à une Salomé en larmes et au bord de la crise d’angoisse, Paul est plus posé et positif. A chaque problème sa solution. Oui, nous allons être très embêtés. Comment aller au travail ? Paulo se propose de venir nous chercher. Comment aller à la salle ? Nous prendrons le bus et irons moins souvent (car quand même 45 minutes de transport). Comment faire les courses ? Juliette et Dimitri nous proposent de nous conduire. Et nos vadrouilles ? Nous verrons. En posant toutes ces choses nous réalisons qu’il y a des solutions et que les gens qui nous entourent sont généreux. Nous songeons à louer une voiture pour le temps qu’il nous reste, ou bien demander au travail un prêt. Nous verrons.
Finalement, le plus dur dans tout ça c’est de dire « au revoir » à Joey. Il nous a accompagné depuis Cairns. Nous avons vécu de si beaux moments avec lui. Il nous entendu rire, pleurer, chanter, nous disputer, râler sur les autres automobilistes, nous émerveiller des paysages. Il a subi nos vêtements plein de terre, trempés de sueur, les miettes de nos meat pie, le café renversé de Salomé. Il a écouté nos silences qui cachaient des rêveries. Il a sûrement deviné nos projets, nos ambitions. Il a vu Salomé s’assoupir. Il a facilité la conduite de Paul. C’est drôle, mais dire « au revoir » à Joey c’est comme dire « au revoir » à un fidèle compagnon.
C’est un nouveau challenge pour nous, un nouvel obstacle pour la fin de notre aventure en Australie. Tâchons de le prendre avec du recul et de continuer notre route. Au revoir Joey, merci pour tes loyaux services.
PS : Nous voudrions ajouter une petite note de bas de page… Il y a 10 jours, notre cher Paulo s’est blessé en taillant une haie. Rien de bien méchant, seulement 4 points de suture et une petite visite à l’hôpital. Globalement, expérience intéressante, 5 étoiles pour les services à l’hôpital, un peu moins pour la facture… Heureusement c’était au travail et donc pris en charge. Il ne manquait plus que ça ! Maintenant, le mauvais œil, tu rentres chez toi et tu nous laisses tranquille ! :D