Carnet de voyage

En partant du centre

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Notre premier voyage : rejoindre la Bretagne et découvrir la France en roulotte attelée par deux trait comtois avec nos enfants.
Août 2018
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Publié le 9 août 2018

Nous sommes dans la ferme de Layat pour notre dernière nuit dans un lieu connu et accueillant. Une boule dans le ventre nous laisse un goût étrange. La veille encore, Volcom se cabre dangereusement au démarrage avec une puissance exceptionnelle. Qu'avons-nous loupé ? Malgré cela nous devons partir, rien, pas d'obligation, seulement c'est maintenant, il ne faut pas reculer. Tous le monde nous dit "avec le voyage ça lui passera", croyons-les.

Nous nous levons au petit matin de cette période caniculaire pour se préparer. Nous sommes prêts, il est midi passé. Heureusement une brise légère vient nous donner l'illusion qu'il ne fait pas trop chaud. Les chevaux sont harnachés, dans le calme mais avec une forte pression dans tous nos membres, nous les attelons à la roulotte pour ne plus revenir sur nos pas. Pour la première fois, les chevaux démarrent...sans encombre. Place à la confiance, balayons la peur. Au fond de nos cœurs, ce sentiment d'oppression s'est envolé.


Il y a des montées, il y a des descentes, des plats, des faux-plats, des étangs, des châteaux, des fermes, ces maisons avec des tours auxquelles il manque des tuiles tels que les contes de fées nous les ont fait imaginer. Nous sommes dans le berceau de la royauté depuis le seizième siècle.

Chaque étape nous apprend et apporte quelque chose. Parfois nous faisons 5km parfois 10, parfois plus. Mais peu importe s'il y a l'essentiel pour nous. Nous sommes rythmés par la recherche d'herbe, d'eau et d'ombre. Il faut que le chemin soit carrossable, sans ornière ou nid de poule, autant dire que nous privilégions les petites routes. Ici ça ne manque pas. Au contraire nous fuyons les grosses montées même s'il faut rajouter une étape pour les contourner. Nous continuons de faire du tri dans nos affaires pour alléger la roulotte. Les vélos des enfants, la selle de cheval et plusieurs bricoles sont redescendus dans la famille, tant pis nous ne pourrons pas tout faire.

Cela fait maintenant 10 jours que nous avançons. Nous longeons quand c'est possible l'Allier, l'une des dernières rivières sauvage d'Europe paraît-il. Traversons des forêts immenses, rencontrons des fermiers qui nous prêtent un bout de champ et parfois nous dormons tout simplement dans les espaces aménagés des communes où l'on peut trouver le nécessaire. Bientôt nous changeons de page sur l'atlas routier pour découvrir un nouveau département...


Jour 1, la pression monte, finalement tout se déroule bien et notre première soirée de nomade est belle.
De belles activités en beaux lieux pour camper.
En passant par des lieux tout nouveaux pour nous tous.
Sans parler de l'hospitalité des habitants du coin qui nous offre à boire, à manger et qui nous invite chez eux.
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Publié le 5 octobre 2018

Déjà deux mois que nous ne sommes plus sédentaires. Harnacher les chevaux est quasiment notre quotidien et nous pouvons dire que nous n'avons plus d'appréhension avant les départs matinaux.

C'est un roulottier chevronné du nord de l'Angleterre qui nous avait dit, parmi plusieurs conseils, de suivre les rivières. Nous pourrions toujours y trouver de l'eau, de l'herbe même pendant la sécheresse et des routes avec peu ou pas de relief. Alors, lorsque cela fût possible, nous l'avons fait. Un peu comme si nous étions sur les traces d'un grand aventurier.

Suivre l'Allier jusqu'à Nevers n'étant pas vraiment notre direction, nous l'avons longé jusque après la ville de Moulins. Nous étions très fiers de nos chevaux. Pas un écart, ni même un regard oblique envers un quelconque panneau lumineux ou passage clouté biscornu.

Nous avons continué au nord sur une cinquantaine de kilomètres pour finalement prendre plein ouest, vers notre destination évidemment. Nous avons commencé à traverser les rivières et les contreforts du nord du Massif Central se sont fait sentir dans les petites jambes de nos chevaux. Ça y est nous étions dans le Berry. L'écho de ce pays avait atteint nos oreilles et nos danses jusque dans notre vallée d'origine. Et aujourd'hui nous y pénétrions. Le Cher puis l'Indre, c'est, pour le moment, ici que nous avons été les mieux reçus. L'accueil amène aux rencontres, à la découverte et aux bons moments. Avant ce territoire, nous campions d'étangs de pêche en stades municipaux puis en aires de pique-nique. Ici les villages nous cherchent les emplacements adéquats, proposent leurs services, invitent à leur fête et une fois, une seule fois bien-sûr nous offrent le restaurant...

Depuis le début du voyage nous avions du mal à trouver des petits producteurs qui font de la vente en direct. Quand j'aperçois une petite fromagerie bardée de bois, dans un joli village aux maisons anciennes rénovées avec goût, nous demandons l'arrêt aux chevaux. Enfin nous pouvons nous offrir des produits de qualité. Mais en plus de ce plaisir, la fromagère nous invite chez elle. Et chez elle... C'est magnifique. La ferme berrichonne avec les chèvres, la cour intérieure pavée et des poules et des oies et puis la rivière en bas, les prunes, les soirées sous les étoiles. On n'a pas vu les enfants pendant deux jours. Le matin, ils désertaient la roulotte de bonne heure pour rejoindre les copains à la salle de traite et déjeuner avec le lait des chèvres. Si nous n'avions pas dû partir, nous y serions encore.

Mais le voyage c'est le mouvement. Alors après le Berry de George Sand qui nous a tout autant plu par son bocage et ses châteaux, ce fût le parc naturel de la Brenne. Le pays aux mille étangs, enfin aux 4000 étangs depuis que les carpes d'amour, esturgeons et autres poissons de valeur y sont élevés. L'avantage d'être nomade, c'est d'avoir le luxe d'observer les multitudes d'oiseaux depuis sa cuisine avec un jardin différent à chaque étape. Nous ne comptons plus les échassiers, les martins-pêcheurs, les guêpiers, bernaches et autres migrateurs observés aux jumelles.

Certaines personnes nous demandent si les enfants ne s'ennuient pas trop, comme si le voyage était un prétexte à être divertie continuellement. Le voyage est pour chacun une école, où l'apprentissage de l'autonomie et des responsabilités nous concerne tous les quatre à notre échelle. Et quand les tâches journalières sont accomplies, chacun est libre "d'utiliser" son temps comme il l'entend. La nature s'avère être un terrain de jeux idéal pour les enfants alors que nous, adultes avons souvent besoin de bricoler sur la roulotte, le vélo, les harnais...et regarder les cartes topos, les cartes routières, les photos satellites, en gros notre itinéraire.

Nous avons eu le très grand plaisir de rencontrer d'autres roulottiers ! Trois autres couples, avec des enfants. C'est au bord de la Creuse, une très belle rivière, que nous sommes finalement restés dix jours dans ce campement improvisé. Chacun pouvait enfin partager et apprendre des expériences des autres dans ce nouvel univers, celui des nomades lents et sans gazoil. Dix jours paisibles au rythme des repas partagés ensemble, de la pêche, toujours bredouille mais qui n'a pas démotivé notre fils, des chevaux et comment chacun travaille avec. Nous avons découvert la podologie équine ou comment les chevaux sont tout simplement fait pour vivre sans fer à leur pied. Et puis toujours cette rivière, à l'eau fraîche et claire, dans laquelle nous nagions avec joie. Tout nous ramène à la vie simple, de la cuisson sur le feu à la cueillette des mirabelles, et surtout le site préhistorique sur lequel nous sommes. Ici se trouve une grande ressource de silex de qualité, nous trouvons tous les jours un fragment de lame taillée ou un quelconque outil de travail manuel datant du néolithique.

Le voyage doit reprendre son cours, nous souhaitons rejoindre la côte ouest bretonne avant la période des tempêtes.

Après la Creuse, c'est la Vienne que nous suivons. Le paysage avance lentement devant nos yeux mais nous remarquons à chaque commune que nous traversons, des différences de relief, de végétation, d'architecture et de matériaux de construction, la France défile sous les sabots. Ici, ce sont les maisons troglodytes, là des vignobles, les premiers que l'on voit depuis notre départ du sud. La région est passante, ça y est nous sortons de la diagonale du vide. Les TGV, les autoroutes et nationales sillonnent la page de notre atlas routier. Il faut faire des choix entre la circulation et les côteaux au sud, nous passerons au nord dans les zones maraîchères de l'ancien lit fluvial. Nous voilà dans le Val de Loire, patrimoine mondial de l'Unesco.


Un été de rencontres et de détente, ici baignade dans le Cher
Les animaux sauvages ou domestiques, contact au quotidien
Le Berry de Georges Sand, l'occasion de réviser nos classiques
Bal Folk Berrichon
Le château de Sarzay, une ruine remontée en trente ans par un couple de passionné.
Les balades et la pêche, une grande occupation. Surtout s'il s'agit d'apprendre la technique.
Une clairière au milieu de la Brenne, une parenthèse coupée du monde
Des étangs, des petites routes, des forêts encore et encore. Autant prendre les guides pour m'exercer un peu.
Tout ça est assez fatiguant quand même
À la Guerche sur le bord de Creuse, notre rassemblement de roulottiers.
La salle de bain avec lumière naturelle
Les activités ludiques de plein air
Les repas pris en commun, parfois très élaborés.
Des chevaux et des poneys de partout, bientôt le pays sera envahie, les véhicules motorisés n'auront duré qu'un petit siècle.
Le roulottier reprend toujours la route, la nôtre suit la Vienne
Le soir, heure idéal pour observer les animaux
Chinon, une pause s'impose. 4 jours au camping pour visiter cette ville et sa forteresse médiévale.
Toutes les époques se croisent au dessus de la Loire. Nous faisons des choix pas toujours appropriés, ici un pont de 4m de large.
Au nord de Saumur, des élevages de chevaux de sang et du maraîchage à perte de vue.
Il y a aussi des coins paisibles où on s'imagine perdu et isolé, accompagné de nos alliés.

Mais nous sommes dans le Val de Loire, ni perdu, ni isolé.

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Publié le 15 décembre 2018

Longer la Loire fût une partie plutôt facile de notre voyage. Enfin, c'est après coup que nous pouvons dire ça, car en général, sur le moment rien n'est facile. Trouver un endroit pour s'installer dans une région très touristique n'est pas évident. Les communes sont averties et organisées en la matière d'accueil de visiteurs. C'est à dire que lorsque nous trouvons un endroit chouette sur la carte, arriver devant et trouver une barrière à l'entrée est chose courante. Et oui, nous ne sommes pas les seuls à chercher où passer la nuit, nous sommes logés à la même enseigne que les camping-caristes et gens du voyage. A un détail près, nous avons un convoi un peu particulier. Les curieux et passionnés n'hésitent pas à venir nous aider.

Ce qui nous semble compliqué alors que nous sommes fatigués; expliquer encore et toujours ce que nous recherchons. "de l'herbe, de l'eau, c'est pour une nuit, non nous ne pouvons pas faire 8km de plus... On en a déjà 15 parfois plus dans les sabots..." Heureusement ce n'est pas systématique, nous trouvons aussi sans aide et les deux situations s'équilibrent plutôt bien. L'eau est notre première préoccupation quand nous nous installons. Beaucoup de lieux publics ont un robinet d'eau potable, certains cimetières sont alimentés avec un puits, nous n'en buvions pas l'eau mais aucun problème pour les animaux, tout comme l'eau des rivières. Le long de la Loire, nous avons rencontré des panneaux avertissant de la contamination de l'eau par des cyanobactéries. Les chiens sont interdits à la baignade mais les chevaux peuvent la boire... Il règne un mystère ancestral que nous n'avons pas pris la peine d'élucider. Personne ne nous a laissé assoiffés.

Il y a peu de zone sauvage accessible en roulotte, nous sommes toujours chez quelqu'un. Cette personne nous invite si elle le souhaite et si les conditions d'accueil sont possible. Nous n'avons pas été si souvent qu'on l'eut espéré dans des fermes. Cinq ou six fois peut-être. Le plus souvent, nous sommes sur des emplacements communaux, ils ne sont pas tous fermés heureusement. Des airs de jeux, de pique-niques, des étangs pour la pêche, c'est le plus courant. Deux fois nous avons téléphoné à la mairie pour demander un emplacement, deux fois des réponses négatives: "essayez une autre commune". Si on se présente en mairie, avec les enfants, c'est déjà mieux, on nous accueille avec le sourire. Nous avons appris, (merci les roulottiers) que les voyageurs à cheval avaient un délai légal de stationnement sur une aire municipale de sept jours. Merci aussi aux lois napoléoniennes !

Nous ne sommes pas tous les jours sur la route, mais presque. Si le centre de la France est quadrillée par de nombreuses routes communales ou départementales peu empruntées, ce n'est pas le cas depuis que nous avons quitté les bords de Loire. Sur les routes de Bretagne, nous nous sentons comme dans le sud, entourés de chauffards. "Ah mais vous êtes proches de la côte". C'est donc ça... Alors vite rapprochons nous de notre bonne vieille campagne. Jusqu'à présent nous n'avions pas eu besoin de prendre des routes fréquentées. Mais pour traverser les rivières il faut prendre des ponts, et ces derniers sont dans les villes. Ancenis, La Roche-Bernard, Vannes et l'agglomération de Lorient, les chevaux nous font confiance et nous suivent dans ces étapes difficiles de notre voyage. Ils ont appris à prendre tous types de ponts. Ceux en acier avec les joints de dilatation qui brillent et éblouissent avec leurs grandes dents métalliques, parfois il faut en passer six sur le même pont sans faire d'écart au risque de se faire accrocher. Ce genre de détail est invisible pour les automobilistes, mais lorsque l'on devient roulottier, on apprend à connaître les époques de constructions des infrastructures fluviales. Les ponts en pierre sont spacieux et généralement fleuris, ils absorbent le bruit des sabots. Ceux en bois sont rares, heureusement pour nous, la lumière entre les planches surprend le regard de nos chevaux. Les ponts tournants, ceux qui laissent passer les bâteaux, ont une partie métallique. Celle-ci résonne si fort au contact des fers que les chevaux partent au petit trot. Au final, tous ces ponts ont été franchi et l'apprentissage de chacun en est grandi.

Calculer notre itinéraire est notre quotidien. C'est parfois rapide et facile, parfois laborieux. C'est selon le dénivelé, la fréquence de circulation. Parfois il ne faut pas autant réfléchir. Traverser Moulins nous a paru extraordinaire mais c'était notre dixième étape. Nous n'aurions pas pu traverser Vannes au début de ce voyage. A force de repousser nos limites de jour en jour, nous nous rendons compte que les capacités sont immenses, surtout celles de nos équidés. Nous nous aidons d'outils bien évidemment. Un atlas routier de 2007 au 1:200000, il manque quelques mises à jour mais l'essentiel est là. Il permet de nous situer dans l'hexagone et de voir l'itinéraire sur plusieurs jours, ce qui n'est pas possible avec le numérique. Le téléphone est essentiel pour avoir accès à une cartographie plus précise. Nous avons besoin des courbes de niveaux, des détails de chaque petite route ou chemin, des photos satellites... Il existe toutes sortes d'applications, nous avons choisi View ranger.

Bien-sûr les voyageurs d'avant les années 2000 n'avaient pas toutes ces technologies et s'en sortaient très bien, avec d'autres aides... Ce sont des choix à faire mais personne n'a fixé de règle à suivre dans ce domaine.

Il y a un an, nous voulions une roulotte et un voyage sans plastique, zéro déchet. Des défis on peut s'en imposer beaucoup mais les prises de têtes qui viennent avec, il faut alors les accepter. Vivre et voyager en roulotte avec deux enfants s'avère, pour nous, être suffisant en terme de difficultés.



Un pont, des ponts, des dizaines de ponts différents, pas très passionnant mais obligatoire
Sous les ponts, on y trouve les rivières...
Tout va bien dans le meilleur des mondes

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Le quotidien

Corvée d'eau et de bois. On profite du soleil pour tuer les acariens et bien sûr on cuisine presque comme tout le monde

La Micheline de Michelin

Retapée, rebricolée, reconsolidée, après 1000km on espère qu'elle ne nous lâchera pas de sitôt, elle est notre précieuse.

Atelier bâche

L'apprentissage ne s'arrête jamais, une bâche ça fait du bruit.
Sans jamais savoir où on va tomber, ici sur cette commune, de l'herbe, des jeux, un arbre remarquable.

Le long du canal de Nantes à Brest

Automne clément dans les communes accueillantes de Maine et Loire en suivant le canal.
Au milieu des animaux, on se sent bien...
Le ciel sera notre toit
Merci qui ? Merci la Vie
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Publié le 14 mars 2019

Voici 3 mois que nous sommes arrivés à destination. Bientôt le temps de repos sera aussi long que le temps d'itinérance. Nous travaillons à notre nouveau départ qui s'approche. Mais avant cela, faisons un petit retour en arrière.

Nous sommes début novembre, nous n'avons qu'une envie, rejoindre notre point de chute dans le Finistère, le voyage commence à être lourd dans les pattes au bout de 800km. Mais il y a tout le Morbihan à traverser et maintenant que nous sommes proches de l'océan, pourquoi se précipiter ? Notre premier spectacle de la nature nous a été offert dans l'estuaire de la Vilaine. Le ciel, la paix, la lumière et les nuances de couleur nous accompagnaient pour notre baptême en terre breizh.

C'est au bout de quelques jours que nous avons réalisé l'enjeu. Nous étions sur le massif armoricain. "La Bretagne c'est plat vous verrez." et bien non, nous ne l'avons pas vraiment vu. Pour chaque rivière à traverser, la route descend dans une combe et remonte aussitôt. Toutes les rivières vont vers la côte, du nord au sud et nous nous dirigeons vers l'ouest. Nos itinéraires sont déprimants pour les chevaux qui redoublent d'effort pour monter une pente, puis qui la redescendent et derrière encore plusieurs qui nous attendent...Le plus simple pour nous est de suivre la voie rapide par les routes parallèles. Le paysage est monotone et le bruit des voitures est saoûlant mais il n'y a pas toujours d'autres choix possibles. Nous devons contourner le Golfe du Morbihan et décidons de traverser Vannes plutôt que de passer plus au nord dans le relief. Malgré l'aide des images satellites et la carto, à l'entrée de la ville nous ne savons toujours pas par où passer. La nuit précédente a été mauvaise, dormir un samedi soir sur un parking derrière une zone commerciale n'est pas très rassurant. Les gendarmes nous avait dit que nous ne craignions rien mais quand des jeunes débarquent à minuit avec le coffre rempli d'alcool et de musique merdique, nos antennes de parents sont sur le qui-vive. Finalement, rien à signaler, c'est le lot de passer les grandes villes le dimanche matin. Donc Vannes. Nous ne passerons pas par le nord, trop de dénivelé dans des rues pavées. Alors nous passerons par le port, au sud. Encore 5km soit une heure après nous arrivons au port. Heureusement nous sommes dimanche, il n'y a pas moins de circulation mais les automobilistes sont détendus. Car nous voilà obligés de passer soit dans un tunnel qui passent sous le bras de mer, soit sur le pont tournant devenu piéton et interdit aux voitures. Le passage est fermé par des bornes. Nous choisissons la deuxième option et pour se faire devons monter sur les trottoirs. Heureusement pour nous, le gardien du pont est absent. Nous filons discrètement, comme peut l'être une roulotte et devons rouler encore deux bonnes heures avant de se poser...à 100m de la voie rapide.

Par la suite, une succession de rencontres nous faciliteront l'organisation. Et il y a les rencontres de cœur, celles qui chamboulent le voyage. Celles qui amènent à la découverte du pays que l'on traverse. Comme à Auray, où Mathias n'a pas hésité une seconde à nous offrir le fruit de sa pêche du matin qu'il a d'abord cuisiné: des encornets farcis. Un régal ! Tout autant que nos discussions sur les voyages que nous offre ce monde. Et puis, il y a eu Agathe. Sans qui nous n'aurions pas eu la possibilité de connaître le littoral, la plage à cheval, les forêts qui cachent les dolmens et les champignons, et toujours cette lumière, ce ciel, le son de l'océan qui nous entête jusqu'au creux de notre oreiller. Avec Agathe, c'est aussi la découverte du travail par la traction animale. Dans le milieu forestier, sur les plages ou dans les champs, le cheval reprend sa place. Il coopère avec des femmes et des hommes pour effectuer un travail où les machines ont leurs limites.

Pendant toute la durée du voyage, nous n'avons connu que trois jours de pluie, au désespoir de certains. Mais nous sommes en Bretagne, nous connaissons sa réputation. Il faut reprendre la route avant que l'hiver n'arrive.

Pieds nus dans l'eau froide, goûter l'iode d'une huître, observer les pousses-pieds sur les rochers, une première pour nous tous. 
Le film de 4 mois de voyage (amateur et avec les moyens du bord)
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Fin juillet, le temps passe vite même pour ceux qui voyagent lentement...

Cela fait des mois, 9 mois, que nous sommes en Bretagne. C'est principalement le littoral de la côte sud que nous avons parcouru. Durant le printemps nous avons longé le Golfe du Morbihan, parfois nous dormions au bout d'une presqu'île, parfois à l'intérieur des terres mais jamais trop loin de la mer. Faire 80km nous a pris un mois tellement il était agréable de séjourner au bord de l'eau.

Cette année nous avions décidé de voyager encore plus lentement. Peu de kilomètres par jour et pas tous les jours. Avec le rythme de vie de famille, prendre la route quotidiennement ou presque est compliqué, fatiguant, stressant.

Nous avons aussi décidé de déferrer nos chevaux et de partir ''pieds nus'', ce qui nécessite de respecter le rythme de la repousse des sabots du cheval. Depuis décembre ils ne sont plus ferrés, leurs pieds changent de mois en mois. C'est passionnant de découvrir la complexité de la nature qui nous entoure. Volcom a des aplombs tordus aux postérieurs mais nous avons appris à travailler avec. C'est le lot de beaucoup de chevaux de traits. Malinka, elle, a de très bons pieds. La transition vers le pied nu a été assez simple pour eux. Et nous sommes tellement contents de ne plus devoir chercher un maréchal-ferrant tous les mois, qui accepte de travailler avec des '' lourds ''. Ce qui est de plus en plus rare. Chercher un maréchal signifie passer des heures sur internet à chercher des contacts dans tout un département, pour ensuite laisser des messages sur des boîtes vocales de personnes qui ne vous rappelleront jamais, ou si elles vous rappellent c'est pour dire qu'elles ne ferrent pas les traits. Malgré cela, il y avait toujours une solution pour nous au bon moment. Comme par exemple, un maréchal-ferrant passionné de traits mais qui n'en ferre plus à cause de son mal de dos, qui décala l'heure de départ de ses vacances en famille pour venir ferrer nos deux pépères en nous disant: '' vous ne trouverez personne ici et je ne vais pas vous laisser dans la galère ''. Heureusement nous avions les fers à la bonne taille.

Cet hiver, notre jument a eût une hépatite. Long moment de solitude pour nous, pour elle. Beaucoup de questionnements. Six mois plus tard, tout est rentré dans l'ordre et c'est presque oublié. Seulement quand on est face à un cheval qui perd du poids, qui est triste, on n'a pas beaucoup d'éléments pour résoudre le problème. La perte de poids ne se voit pas d'un coup, quand on le remarque c'est que la maladie est bien installée. '' Il faut changer de foin, rajouter une ration de ci et de ça '', d'autres diront '' non ce qu'il faut c'est ça '', les vétérinaires préconisent de vermifuger, alors on vermifuge '' même si on l'a déjà fait ? Oui même'', l'ostéopathe '' plutôt une cure de ceci ''. Alors allons à la biocoop trouver cette cure de ceci. Bref les semaines peuvent passer à ce rythme là. Finalement nous optons pour une analyse de sang, celle-ci révèle l'empoisonnement du foie. Les choses sont enfin prise en main. Vingt jours de corticoïdes par intramusculaire. Malinka n'aime pas les piqûres, comme tout le monde, mais sait que c'est pour son bien et elle nous le montre. Rien ne bouge pendant l'injection. Au bout du compte, rien ne change dans son corps et son comportement...enfin rien ne change à nos yeux mais dans le secret de sa chair, ses cellules sont sur le chemin de la guérison. Au bout de quelques semaines, elle reprend du poids et aujourd'hui elle trotte, galope et roucoule quand nous arrivons vers elle.

Revenons à notre voyage lent, très lent. En partant vers la sortie de la Bretagne direction le sud-ouest de la France, nous avons rencontré du beau monde, de beaux endroits mais pas assez pour nous. La Bretagne c'est grand, nous n'avons vu qu'une petite partie tournée vers le large. Mais en ce qui concerne les terres du milieu, nous n'avons rien vu, rien de rien. Alors quand de généreuses personnes nous ont proposé de rester le temps que nous désirions chez eux, dans leur ferme, pour poser nos valises en quelques sortes, cela nous a fait réfléchir. Et puis, finalement ce voyage, il n'a toujours pas de règle !?

Restons encore un peu en Bretagne, il y a tant de choses à voir, à découvrir. Des savoirs-faire, des traditions qui nous sont étrangères, à nous, gens des montagnes.


Kerhilio, la plage.

Le printemps arrive mais lentement. On prend le soleil lorsqu'il y en a.

Lumière du Morbihan

Quiberon

Côte sauvage

Malinka

Notre jument pendant son hépatite. Après de nombreux mois, elle est tout à fait sortie de sa maladie et a retrouvé son poids.

Erdeven, Etel, la côte morbihanaise

Notre campement

Et si on mangeait du poisson ? Daurades et ceviche, humm !

Abbaye de Kergonan, Plouharnel

"La prière rejoint les périphéries que nul ne peut atteindre."

La Trinité sur mer

Port qui n'a rien de religieux malgré son nom, on y trouve plutôt un univers tourné vers la compétition nautique.

La vie autour de la roulotte

Cache-cache au milieu des pierres dressées

Sur la route

Nous retrouvons la route début mai
Architectures, charmes et chemins creux de Bretagne

Le Bono

Premiers pas dans les méandres du golfe et de ses rivières

Pointe de Locmiquel, Baden

Volinka

En confiance, paisible...

Le Golfe

Les couleurs toujours changeantes, c'est le Golfe et sa lumière.

Gavrinis , l'île

La vie au néolithique où le niveau de la mer était bien plus bas. Sous la pluie de jour là.

Lumières

Tant de choses à voir et à faire ici même.

Faire les débiles ça on sait faire.

On remonte toujours lentement, ici vers Arradon.

Les chevaux aprennent à vivre proche de l'eau.
Entre Arradon et Vannes

Vous êtes prévenu

Et ça vaut pour toutes les plages mais les panneaux sont trop chers

Lova, 10 mois. Tout à apprendre.

Toi, tu vas te faire tailler un short...

Il pleut, c'est Lego

Arrivée à Séné.

Peu de kilomètres (80 en un mois) mais beaucoup de découvertes.

La semaine du Golfe et ses centaines de bâteaux traditionnels

Et si on restait un peu plus, ça vous dirait les enfants ?