Jeune homme de 27 ans qui a décidé de faire une balade pour les 10 mois à venir. A travers la France et l'Europe !
Février 2020
300 jours
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Ça y est ! Après en avoir parlé un bon moment, je me suis réellement élancé !

Voilà le départ d'une balade en vélo d'un jeune homme qui a décidé de prendre 10 mois pour faire un tour au delà du pâté de maison de son 77 natal. Pour l'instant une idée de direction, Istanbul via la côte adriatique mais rien de plus.

Vous ne trouverez pas ici les aventures extraordinaires dangereuses de Mike Horn ou la compilation des plus beaux spots d'influenceurs voyage, mais un périple simple d'un jeune voyageur. Cherchant à voyager à son rythme, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, rencontrer des gens, s'essayer à un nouveau mode de transport sur grande distance et tout cela en prônant une sobriété heureuse. (Cf : Pierre Rabhi)

Pour ces premiers jours, le soleil a brillé pour éclairer notre chère forêt de Fontainebleau, les bords du canal du Loing ou ceux de la Loire. Nous avons suivi l'eurovélo 3, ou Scandibérique. Nous car mon frère a décidé de m'accompagner pour cette première étape. Le premier pépin mécanique a d'ailleurs été pour lui, qui non content de se limiter à une crevaison ou autre, a cassé un plateau. Par "chance" nous étions à 1km d'un vendeur de cycle où il a pu le réparer.

Après une nuit sous tente à Montargis nous sommes repartis toujours vers le sud, où nous avons fait face au vent pour se séparer après le déjeuner. J'ai continué ma route seul encore bien exposé à ce vent nommé Dennis. J'ai rejoint les bords de Loire pour faire halte un peu après Briare pour installer mon camp de fortune d'où je vous écris ces quelques lignes.

Ne vous habituez pas à avoir autant de détails aussi fréquemment, le voyage nécessite trop d'être vécu pour être décrit autant.

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Après s'être bien amusé à suivre fleuves et canaux aux dénivelés plus que cléments, il a bien fallu se décider à rigoler un peu plus en attaquant un peu de relief. C'est chose faite, après avoir quitté les bords de Loire avec ma vue sur centrale nucléaire, je me suis dirigé vers les prémices du Morvan.

Vous me direz, "Il n'a pas encore vu la suite qui se dessinait". Mais les bourguignons n'ont peut-être pas des cols à 2000m d'altitude mais ils ont la fâcheuse tendance à ne pas aimer faire leurs lacets et à tracer tout droit. Des montées droites, courtes, mais parfaites pour vous casser les pattes, un petit enfer pour cycliste charriant 18kg de matériel. Malgré ces "bosses" cassantes, les étapes se déroulent plutôt bien, avec des 110-115km/jour certains jours.

Pour changer de mes étapes de camping sauvage j'ai pu profiter de mes premiers accueils chez l'habitant grâce au réseau scout (Merci à la famille Lambaré et Leïla & Emeric) ainsi qu'à celui du réseau des cyclo voyageur, merci à Céline et son compagnon pour leur hospitalité! Un peu de confort bien agréable surtout à l'approche de la chaîne alpine où les températures se refroidissent.

Suite à ces étapes bourguignonnes de Prémery, Bourbon-Lancy et Mâcon, je suis arrivé dans la région jurassienne dans le département de l'Ain, avec en direction Nantua. C'est en route pour celle-ci que j'ai eu à franchir mon premier "vrai" col, celui du Berthiand. Certes moins connu des amateurs du tour de France que d'autres grands noms mais néanmoins notable avec 6km à 7,65% de moyenne et 15% au maximum. Pour les non-initiés ce n'était pas une partie de plaisir!

Col du Berthiand - Lac de Nantua - Lac Léman depuis Genève 

J'ai poursuivi vers la descente sur Genève où le trafic a refait son apparition. Je ne m'en suis pas séparé lors de ma dernière étape pour rejoindre la vallée de Chamonix où je passerai quelques jours. Remonter la vallée de l'Arve, un samedi matin, un jour de chassé-croisé de vacances d'hiver n'est pas des plus agréable pour un cycliste. Tous ces bouchons pour accéder aux stations de ski sont tout de même de sacrés paradoxes, produire tout ce CO² pour constater une fois arrivé que cette année l'enneigement a encore réduit... Je ne vous ferai pas plus la leçon mais je tenais à partager cette réflexion qui m'a habité dans la montée où je dépassais aisément les voitures chargées de skis.

Enfin me voilà donc à Servoz, village proche de Chamonix, pour quelques jours de "repos" chez mon ami Benoit et ses collocs qui m'hébergent. Repos entre guillemet puisqu'en guise d'accueil Benoit et ses amis m'ont embarqué pour une course de ski de randonnée/alpinisme sur le tour de l'aiguille du Chardonnet. Une bien belle sortie correspondant bien à la montagne de dessert, 1600m de dénivelé positif et du ski sur glacier. Malheureusement la course devait s'achever dimanche soir par une nuit en refuge, mais le mauvais temps nous a pris en fin de journée et forcé à faire demi-tour.

Après cette aventure alpine je dois me reposer quelques jours, ces étapes ont été intenses et malheureusement mon corps via mon genou me font bien ressentir ces "excès". A l'heure où j'écris ces quelques lignes les flocons tombent plus ou moins timidement, mais une fenêtre d'accalmie se dessine ce vendredi et je compte bien en profiter pour atteindre la Suisse par le col des Montets. J'espère que la météo et mon corps s'accorderont pour poursuivre vers les prochaines étapes traversant la confédération helvétique avant de rejoindre l'Italie.

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J'ai donc profité de la fameuse fenêtre météo pour partir de Servoz. Après 2 jours de chutes de neige, il m'a fallu un peu de courage (le mot folie ne serait pas convenable) pour dé-col-ler ce matin là. Mais je me suis mis en route vers les Houches, première difficulté de la journée. Station de ski qui n'avait pas pris le temps de déneiger sa petite route secondaire qui était sur mon itinéraire. Sans doute trop occupée à essayer de conserver le maximum de neige pour finir la saison, je ne peux pas leur en vouloir.

Ensuite direction le col des Montets où j'ai eu comme récompense de l'effort, la rencontre avec 2 chamois qui prenaient leur temps à côté de la route où les automobilistes pressés n'appréciaient guère mon arrêt de photographe animalier. A ce moment précis je pensais que la descente vers la Suisse était une formalité. C'était sans savoir que la route conseillée par maps était ouverte seulement en été. Il m'a fallu donc un peu de courage pour grimper au col de la Forclaz à la poursuite du chasse neige auquel il manquait encore certains passages.

Une bien belle étape avec en finish la (très) rafraîchissante descente vers Martigny. Première étape Suisse, commune du canton du Valais, réputée pour ses vignes et ses abricots, non pas à confitures mais à alcool. Premier accueil organisé grâce au réseau couchsurfing, un merci à Annabel pour la confiance accordée à un petit nouveau du réseau.

Le lendemain une étape de plaine m'attendait, la traversée du Valais en suivant le Rhône en passant par sa capitale Sion. Le vent m'a fait front, celui-ci devait sans doute être un vent d'Autan ou vent "qui rend fou" pour les non-initiés. Après y avoir fait face pendant plusieurs heures, à batailler sans avoir l'impression de s'approcher de ma destination de Brig, j'ai abdiqué et pris le train.

Mais cet "abandon" n'était qu'un signe du destin, le train m'a permis de rencontrer à la gare de Brig, Regula, un ange suisse du Haut Valais. En quelques secondes d'échange elle m'avait invité à partager une raclette et 1h après m'avait trouvé un gîte et couvert pour la nuit ! J'ai pu profiter de l'accueil de la famille de Lisa et Daniel avec une gentillesse qui fera mentir la réputation de la "froideur suisse"!

Le col du Simplon 2008 m d'altitude devait être ma porte vers l'Italie, la fenêtre météo était ajustée mais les chutes de neige nocturne, ma forme physique et ma volonté en décideront autrement. J'aurai goûté aux 6 premiers kilomètres de la montée sur 22 restants, mais la marche était trop grande. Le train suisse via le tunnel du simplon ne m'aura pas permis de contempler ce col réputé, mais la traversée frontalière se fera sans plus d'effort. Me voilà donc en Italie et quoi de mieux pour un dépaysement en douceur que de rencontrer une famille franco-italienne. Merci à Isabel qui n'aura pas besoin de traduction 😉

Enfin aujourd'hui, une étape pour longer le beau lac majeur. Malheureusement je fais encore face aux éléments, une pluie battante et glaçante de fin d'hiver a eu raison de mon effort matinal. Frigorifié par mes 25km de ce matin, les spaghettis a la matriciana n'auront pas suffit à avoir le courage de repartir dans mes vêtements trempés. Je profite encore une fois du train pour rejoindre Arona où je resterai ce soir.

Après une première étape assez folle où les éléments m'ont laissé une sacrée opportunité, je m'incline sur les 3 suivantes face à l'adversité des conditions climatiques. Je ne vais pas non plus vous cacher que mes genoux ne sont pas encore tout à fait accordés avec ces efforts répétés. Malheureusement à mon grand désarroi l'optique d'un abandon du vélo pour des déplacements en stop commence à germer. En espérant que les étapes de la plaine du Pô et le retour du beau temps pour les prochains jours me fassent mentir.

À très vite pour des nouvelles que j'espère ensoleillées !

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Comme dit l'adage : "Après la pluie, vient le beau temps" pour mon départ d'Arona j'ai pu profiter du retour de la douceur et de l'ensoleillement, et les kilomètres ont de nouveau commencé à défiler.

Pour me rattraper de l'étape précédente où je n'avais pu voir le lac majeur qu'à travers la fenêtre d'un train, battue par la pluie et occultée par le brouillard j'ai choisi de suivre ses rives pour démarrer cette journée ensoleillée. Une escale à Angera ville faisant face à Arona sur l'autre rive du lac, avant de rentrer dans les terres pour passer à Varèse et s'approcher de Côme. Je regoûte enfin aux joies du camping sauvage en m'installant 10km avant Côme.

L'arrivée du lendemain à Côme sera rapide et la majorité de la journée consacrée au tourisme sur le lac. Afin de profiter au mieux des eaux bleues sombres j'ai préféré changer de moyen de transport en profitant des navettes fluviales reliant les différents villages. J'ai pu laissé ma petite reine chez un restaurateur qui a eu la spontanéité et la gentillesse de me servir de bike-sitter.

Je visiterai donc à pied le petit village de Bellagio, réputé pour être un des plus beaux villages d'Italie.

Arona - Côme - Bellagio

Après cette journée de tourisme il me manquera 50 km pour rejoindre Milan où Valérie, une amie de mes parents, m'attend pour m'héberger. Ces 50km n'auront pas grand chose d'intéressant si ce n'est la manifestation de mon genou gauche regrettant de ne plus être mené en bateau. Le comble est que le pic de douleur me fera arrêter par hasard juste en face d'un magasin de vélo... électrique ! Le destin ! Je serrerai les dents et finirai sans plaisir à arriver dans cette mégapole moderne.

Mon premier jour à Milan je jouerai au touriste dans une ville "quasi vide" due à la pluie battante du jour et au coronavirus qui hante chaque lieu.

Après mûre réflexion, j'ai pris rendez-vous chez un kinésithérapeute qui m'a assigné au repos pour 7 jours, pour soigner un début de tendinite. Il m'a assuré que le problème n'aurait que empiré en continuant. Ces jours de repos n'étaient pas spécialement prévus mais comme rien d'autre ne l'est, cela ne changera pas grand chose ! Je vais consacrer les prochains jours à essayer d'apprendre l'italien et visiter les devantures de musées fermés. (D'ailleurs si vous connaissez des milanais prêt à faire découvrir leur ville n'hésitez pas à me donner leur contact)


Le printemps approche et si le traitement fait effet, la suite du voyage s'annonce des plus belles !


Milan - Duomo et Galleria Vittorio Emanuele II
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Les derniers événements se sont bousculés à une telle vitesse que l'on pourrait croire que la temporalité de ces derniers jours a été bousculée. Il y a 14 jours j'arrivais à Milan, les écoles d'Italie du nord étaient fermées mais devaient "réouvrir". Les italiens profitaient d'un soleil printanier en terrasse des cafés et j'espérais un prompt rétablissement pour un redémarrage rapide.

Mais comme vous avez pu le constater toutes nos vies ont été chamboulées. J'ai réfléchi un temps à repartir dans la discrétion, braver l'interdit en évitant tous les échanges humains. Mais je me suis raisonné. Ce voyage c'était avant tout une découverte par la rencontre et l'échange, l'exact opposé du comportement à adopter pour endiguer cette pandémie.

Dans mon "malheur" j'ai eu beaucoup de chance de m'arrêter à Milan, où Valérie m'accueille avec une grande générosité. Elle est rentrée en France et je suis désormais seul. Ma vie de sédentaire n'est pas des plus intéressantes, partagée entre les séries, les livres, l'origami et un apprentissage balbutiant de l'Italien.

Je ne pense pas vous envoyer un journal de confinement hebdomadaire, je suis dans la même situation que la plupart d'entre vous et son partage n'a pas grand intérêt. Mais si vous vous ennuyez entre un épisode de Friends et une partie de Scrabble n'hésitez pas à m'envoyer des messages ou m'appeler pour partager nos quotidiens cloîtrés à cœur ouvert !


A l'immense plaisir de vous écrire un prochain article, je l'espère plus à l'Est !

Université de Milan - Mon nouveau vélo pour la suite du voyage
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Le temps s'est écoulé si lentement à une vitesse incroyable ! Je vous ai laissé dans mon dernier article à la fin de l'hiver, j'étais plus jeune, je n'avais aucune connaissance en origami, je n'avais jamais fait de yoga, je balbutiais 2 mots d'Italien et faire des pâtes correspondait pour moi à en ouvrir le paquet pour les jeter dans l'eau bouillante...

Un confinement plus tard, beaucoup de choses ont changé. J'y ai gagné un an et des (longs) cheveux blancs. J'ai tenté de meubler mon vaste temps libre avec ces multiples activités mais depuis ce lundi en Italie, nous pouvons de nouveau goûter aux fruits sucrés de la liberté ! (Cf. Renaud)

J'espère pour vous et vos familles que tout va bien. J'ai eu de nombreux messages de soutien, je vous remercie et je ne manque pas de penser à vous tous.

Le temps de réflexion pour la suite ne m'a étonnamment pas manqué. La situation actuelle ainsi que sa probable évolution dans les mois à venir m'a incité à revoir mes plans. Un de mes objectifs de départ était la rencontre, pouvoir découvrir et échanger avec des personnes que j'espérai rencontrer au gré de mon voyage. Malheureusement ce virus sournois va à l'encontre de ce souhait qui m'était si cher. La vie d'ermite sur les routes ne me séduit qu'à moitié et je plannifie donc de revenir vers ma patrie natale. Pour continuer à voyager, sans doute en partie en ermite mais aussi plus proche des miens pour passer un peu de temps avec eux.

Je n'abandonne pas mon fidèle destrier je compte bien sur lui pour s'élancer sans doute sur les six côtés de l'hexagone. Même si j'avoue que je plannifie sans lui dire, la traversée du côté pyrénéen à pieds.

Voilà pour mes projets au long terme, pour l'instant je prends le temps de m'entraîner à revenir à mon mode de vie nomade. Après être resté enfermé si longtemps ce n'est pas si simple pour le corps comme pour l'esprit. Mais ces prémices de liberté, que je ressens à travers ces balades à vélo milanaises me laisse espérer que les jours meilleurs sont à venir. J'espère pouvoir repartir concrètement de Milan dans 2 semaines, cela me permettra de sortir de Lombardie sans soucis, faire un tour en Ligurie avant de rejoindre la France.


A très bientôt pour des nouvelles, en mouvement !

Créations personnelles - Abbaye de Chiaravalle
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Enfin me voilà de nouveau sur les routes !

J'ai quitté Milan le 20/05 après une digestion assez lente de stop à la Milanaise. J'ai donc pris la route direction le sud en suivant un des nombreux canaux traversant la région de Lombardie. Le naviglio Pavese, qui comme son nom l'indique descend tout droit vers Pavie. Très jolie ville avec un très beau Duomo, de belles places et rues pavées ainsi que de drôles de tours fines et très élancées. Celles-ci n'avaient apparemment pas de réelles fonctions de défense mais étaient une démonstration de la richesse des notables de la ville. Pratique pour mesurer son ego.

Pavie -Place - Duomo - Pont couvert

J'ai laissé le naviglio se jetait dans le Pô pour moi aussi suivre le fleuve le plus important d' Italie. Je ferai halte sur ses rives pour retrouver le plaisir du camping sauvage. Le lendemain je m'éloignerai de la plaine du fleuve pour la partie plus montagneuse de la région d'Emilia Romagna.

Milan et ses environs étant assez pauvres en relief et en "minéraux", je me suis donc orienté vers un spot d'escalade de "bloc" afin d'assouvir le manque lié au confinement. La roche et la forêt sont très similaires à celles de Fontainebleau. Le plaisir est là malgré les douleurs liées au manque de pratique récente... Suite à ça je reprendrai mon chemin avec 10km de montée sur une route piteuse état. Je n'aurai pas à chercher le sommeil ce soir là.


Chiarone - Val Tidone

Le 22/05 je prendrai le temps en savourant un café en terrasse dans la jolie bourgade de Bobbio. Je profite de la scène quotidienne qui se joue sur la place bien animée. On comprend aisément pourquoi les italiens ont inventé la commedia dell'arte. Les cafés ont rouvert ce lundi en Italie et il faut croire que ça leur avait manqué ! L'ambiance est légère malgré le masque (même si celui-ci cache quelque peu les émotions du personnage) et la distanciation de rigueur.

Quelques kilomètres après je me suis arrêté sur le bord de la rivière Trebbia. Je profiterai d'une petite plage pour m'y reposer et y camper le soir. Ça sera l'occasion de prendre la température de l'eau au travers d'une douche vivifiante.

Enfin aujourd'hui j'ai grimpé sur la route du val d'Aveto où je passerai en Ligurie. La route est est longue et sinueuse à flanc de coteau, menaçant de dévaler à tout moment pour plonger dans la vallée étroite et profonde. Ajouter à la nature verdoyante cela me rappelle mon Gévaudan maternelle. Une région de plus à ajouter à la longue liste tenue par ma Maman, regroupant toutes les contrées ressemblants à notre chère Lozère. Si vous aviez prévu cet été de visiter cette partie de la Ligurie ou bien même le Canada, annulez tout ! Le 48 vous tend les bras !

Val d'Aveto

Ce soir j'ai passé le point culminant de ma route je dormirai à flanc de montagne avant de redescendre vers la mer que je peine encore à apercevoir.

Dans les prochains jours je compte rallier Cinque Terre avant de rebrousser chemin vers Gênes puis la France !

A très bientôt,

Clément

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Après les montagnes de Ligurie franchies (où un orage nocturne me servira de bouquet final) je suis donc redescendu vers la côte ouest italienne en arrivant au sud de Gênes à Chiavari. J'ai pu profiter de mes premiers bains de mer et du f̶a̶r̶n̶i̶e̶n̶t̶e̶ (interdiction de stationner sur la plage). La région est très urbanisée et une fois sorti des villes, les coteaux sont abruptes et souvent consacrés aux vignes ou oliviers surveillés de près. Je tente donc un camping ouvert depuis peu, qui malheureusement me refusera. Pour seul motif mon italien trop approximatif qui trahit ma nationalité... Ma présence en tant que français qui aurait même nécessité d'appeler la police selon la réglementation imposé au gérant du camping. J'essaierai de demander à des locaux de camper sur un bout de jardin mais rien n'y fera, mon statut de pirate du déconfinement n'est guère apprécié. Je dormirai sur un bout de terrain de moto-cross à mon goût beaucoup trop urbain.. Cette nuit là me servira de leçon, le camping sauvage étant assez compliqué dans cette région je prendrai comme rythme de toujours monter en altitude loin des beaux villages de bords de mer pour profiter d'un peu de quiétude. Le regard des gens n'aidant pas, je serai habité d'une angoisse assez pesante qui ne me quittera pas avant de franchir la frontière.


Monterosso - Décharge de Monterosso - Manarola - Vernazza

Suite à cette (més)aventure, je suis descendu/monté vers les 5 villages du parc national des Cinque Terre. J'ai eu la chance de parcourir ces petits villages pittoresque quasiment vide de touristes. La plupart sont animés par la préparation de la saison touristique qui est vital pour leur économie, espérant éponger les pertes liées à la fermeture due au covid.

Je ferai dans l'ordre du nord au sud, Monterosso al mare, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore. En alternant entre mes journées de touriste piéton dans les villages et mes fin d'après-midi à grimper sur les hauteurs pour rejoindre mes décharges. Oui le hasard voudra que je tombe sur 2 décharges de matériaux de construction pour camper ! Ces dernières avaient l'avantage d'être plane, loin d'habitation et me permettaient d'éviter de dormir dans les plantations d'olivier en terrasse couvrant les collines.

Toute cette accumulation de dénivelé achèvera ma cassette de pignon arrière... En effet au retour de Vernazza après moins d'1km de montée je pédalerai littéralement dans la semoule. Sans solution sur place je prendrai le train pour aller dormir à la Spezia. Obligé de trouver d'abord hôtel pour y dormir puis le lendemain un vendeur de cycle pour changer la roue arrière. Petite pause mécanique avant de reprendre la route pour les 3 derniers villages de cinque terre.



Corniglia - Vernazza- Manarola

Suite à ça j'ai fait le choix de prendre le train, pour éviter de refaire tous les cols des cinque terre et éviter la région de Gênes qui m'intéressait peu, en direction de Savona. Après 2 étapes de bord de mer avec moins de relief j'ai réussi à traverser la frontière sans soucis à Menton où je vais rester 2 jours chez un ami. Cela fait du bien de discuter avec des gens après quasiment 2 semaines en ermite solitaire où l'impression d'être jugé comme un étranger m'a hanté.

Désormais je vais faire cap sur la Lozère pour y rester un peu avant de partir direction les Pyrénées pour la traversée d'ouest en est, cette fois ci à pieds!

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De la jolie vieille ville de Menton j'ai pris le large après m'être allégé de ma crinière de confinement. Un grand merci à mon coiffeur Bryan qui m'a offert une très bonne formule 1 coupe + 2 nuits offertes! Bien agréable de ressentir le mistral sur le crâne quasi nu, même si celui-ci tentait de me retenir sur la belle côte d'Azur.

Coiffure Avant-après - Saint Paul de Vence

Je lui ai fait face pour rejoindre la Colle sur Loup où j'enchaîne un accueil cette fois ci familial. La marraine de mon petit frère et toute sa petite famille m'ont fait la joie de me recevoir et m'ont permis de m'éviter une journée de pluie torrentielle. Le retour du beau temps me permettra de visiter le petit village pittoresque de Saint Paul de Vence avant de reprendre la route et de grimper sur le massif de l'Esterel en guise d'au revoir à la mer méditerranée. Un bien bel adieu avec ses roches rouges aux allures de western américain qui plongent dans les eaux bleues limpides.


Massif de l'Esterel

Suite à cela je suis donc rentré dans les terres pour gravir les monts de Provence parsemés de vignes et d'olivier.

Alors que je cherchais un coin tranquille pour planter ma tente après une journée éreintante de montées, je me suis fait alpaguer par un petit groupe de "hippies modernes" qui avec une gentillesse extrême m'ont offert le gîte et le couvert. Une soirée autour d'un feu qui m'a rappelé de nombreuses veillées scoutes.

Le Muy - Route de Draguignan à Salernes

Pour redescendre des montagnes provençales j'ai fait le chemin inverse du chemin du petit âne gris de Hugues Aufray en descendant la Durance. La tête baissée fonçant vers le Rhône pour réduire ma prise au vent et accomplir la plus longue étape jamais faite. Avec comme destination un petit village gardois surplombant Avignon, où m'attendait mon premier couchsurfing post covid. Un canapé princier où je me suis senti comme en famille, royal ! J'ai pu recharger mes batteries pour rouler sur les côtes du Rhône avant de franchir les Cévennes en vitesse.


Village de Lussan - Parc national des Cévennes

En effet je ne me suis pas attardé sur les beaux paysages des vallées boisées et plateau minéral du parc des Cévennes. Le temps menaçant m'a poussé à enchaîner une belle série de "petits cols" afin d'arriver à Marvejols chez mes grands parents avant la journée d'orage. Je vais en profiter pour me reposer et préparer ma prochaine traversée des Pyrénées estivale.

Parc national des Cévennes- Porte du Soubeyran de Marvejols
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Après 2 semaines de repos Lozèrien, au régime aligot-saucisse et balades sur l'Aubrac, il a bien fallu se décider à éliminer les calories accumulés et aller chercher toujours plus d'altitude. Pour cela j'ai voulu économiser mes forces en prenant l'unique train passant à Marvejols rejoignant Béziers.

Gorges du Tarn - Canal du Midi - Pont canal

Cela pour mieux m'élancer sur les rives du canal du Midi, avec ses alignements de platanes et les vignes adjacentes à perte de vue. Direction Toulouse que j'ai précédé de 2 étapes campées sur les bords de canal, une peu après Béziers et l'autre entre Carcassonne et Castelnaudary. Je ferai peu de tourisme sur ces étapes pour privilégier une arrivée anticipée dans les Pyrénées.

La frontière entre l'Aude et la Haute Garonne est bien marquée par le changement de revêtement, passant d'un chemin de halage caillouteux avec végétation abondante à une piste bétonnée lisse qui amène facilement à Toulouse.

Suite à un accueil d'amis Fenouilletains je suis descendu vers Saint Gaudens pour rejoindre ma famille paternelle et laisser mon vélo en pension. Quelques jours en pays commingeois pour observer la chaîne Pyrénéenne avant d'en attaquer la traversée.

Vue des Pyrénées depuis La Serre de Cazaux (prise le 29/12/2019)

Aujourd'hui j'ai pris le train pour me rendre à Hendaye et démarrer la HRP, Haute Randonnée Pyrénéenne. 41 étapes, plus de 730km et 40 000m de dénivelé positif. C'est pour moi une première, pour une grande traversée de massif montagneux. Je me lance donc avec l'excitation des grands départs mais aussi avec la pointe d'anxiété qui l'accompagne. Heureusement je ne ferai pas le trajet complet seul, quelques amis et de la famille ont décidé de me rejoindre à différents moments du parcours et puis j'espère rencontrer des HRPistes, GRdistes et autres randonneurs avec qui je pourrai partager les belles images de cette magnifique chaîne montagneuse.

A très bientôt, un peu plus haut !

Casino d'Hendaye
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Voilà maintenant plus de 15 jours que j'ai abandonné mon vélo pour m'élancer sur mes deux pieds pour la traversée des Pyrénées. J'ai choisi de partir de l'océan Atlantique pour rejoindre la mer méditerranée , le choix majoritaire des randonneurs. En partie lié à la course du soleil, inverse au sens de progression de la traversée, pour faire "simple"...

Je suis parti d'Hendaye le jeudi 02/07, après avoir fait un bref saut en ville et devant le casino départ historique de toutes les traversées Pyrénéennes. Les premiers jours humide et brumeux en alternance avec un soleil légèrement voilé ne font pas douter de la couleur verte qu'arbore la végétation Basque. En mise en jambe j'ai grimpé à la Rhune, petite excentricité de 900m bien connue du grand public grâce à son petit train amenant au sommet. Un avant goût de relief pour démarrer les collines basques, qui m'ont rappelé les contreforts de Bourgognes. Rencontrés au début de mon périple en vélo et qui m'avaient marqué par le manque de lacets, les basques en sont aussi avares !


La Rhune - Paysages basques - Elizondo

Après avoir suivi les crêtes et franchi le pic d'Orhy, premier 2000m de la chaîne en partant de l'ouest, le pays Basque était déjà fini et le Béarn nous tendait les bras ! Nous car j'ai rencontré au beau milieu d'un brouillard et d'une pluie battante 2 HRPISTES avec qui je continue de faire un bout de chemin.

Les "choses sérieuses" ont donc désormais commencé. Les paysages de forêts et de colline verdoyantes ont laissé la place à plus de roche et au loin les premières tâches blanches de neiges.


Mer de nuages depuis le pic d'Orhy - Cabane d'Ansabère.- Pic du midi d'Ossau depuis le lac d'Ayous - Borce - Chemin de la mature

La météo reste pour l'instant sur l'alternatif et nous a déjà offert quelques orages en pleine journée ce qui ne ravie pas le randonneur de montagne. Pour faire face aux journées humides nous dormons dans des cabanes pour profiter de la cheminée, oui oui même en juillet. L'altitude commence à se faire sentir avec le froid qui l'accompagne, l'humidité est donc notre pire ennemi. Les refuges sont aussi bien accueillant pour profiter d'un plat chaud cuisiné plus varié que les coquillettes 3min au bouillon de volaille.

A l'heure où j'écris nous sommes déjà dans les hautes Pyrénées. Nous avons traversé les premiers cols enneigés en compagnie de deux copains assez déterminés pour me suivre quelques jours. Ils cherchaient le dépaysement et un peu d'aventure, ils ont été servis avec le franchissement de cols à plus 2700m, des passages vertigineux, des névés, des bivouac frôlant le givre et des pierriers à ne plus quoi savoir en faire.


Vue depuis le col de la Fache.- Passage d'Orteg.-Alentours du lac de Respomuso.-Pierrier lac d'Ariel.- Vue sur le Vignemale

Voilà, déjà 15 étapes de franchies, plus d'un tiers du parcours global! Nous nous sommes accordés un jour de repos dans le magnifique cirque de Gavarnie. Pour profiter de la vue et aussi du réseau qui était absent ces derniers jours. Désormais nous sommes au cœur des Pyrénées, de très belles étapes s'annoncent, ce ne seront pas les plus simples bien au contraire mais pas à pas la méditerranée va commencer par s'approcher !

A très bientôt pour la suite !

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Je vous ai laissé à Gavarnie avec 15 étapes dans la besace et une vive envie d'en découdre avec le reste de la traversée. Malheureusement la vie n'est ni un fleuve ni une chaîne de montagne tranquille et j'ai dû descendre dans la vallée et rejoindre la Lozère pour dire une dernière fois au revoir à mon grand père.

Par la suite j'ai repris la HRP à mon point d'arrêt. Après une randonnée de redémarrage en compagnie de mon père et de mon petit frère dans le cirque de Troumouse, je suis reparti seul sur les chemins des hautes Pyrénées qui portent bien leurs nom. Seul pas pour longtemps car une petite patrouille d'amis scouts m'ont rejoint à Bielsa en Espagne pour attaquer les étapes les plus hautes. Nous avons donc contourné le massif de la Maladetta où est perché l'Aneto, pic le plus haut des Pyrénées. En passant par une série de cols vertigineux enneigés et même glacier pour certains. À savoir pour les citer dans l'ordre :

- Le col supérieur d'aygues tortes alt. 2683m

- Le col des gourgs blancs alt. 2877m

- Le col du pluviomètre alt. 2810m

- Le col inférieur de Literola alt. 2983m

- Le col de Mulleres alt. 2928m

De quoi se régaler pour les jambes mais aussi pour les yeux avec de magnifiques paysages de haute montagne.

Lac des espuguettes - Cirque de Troumouse - Lac des Isclots - Col du pluviomètre - Lac du Literola - Montée au col de Mulleres

Après la haute montagne des Pyrénées centrales j'ai dit au revoir à ma compagnie de scout pour poursuivre en Espagne dans la région des Encantats. Très belle région minérale où les lacs rivalisent de couleurs et feraient pâlir de nombreux lagons caraïbéens.


Lac de rius - Estan del mar

La suite du parcours est devenu plus sauvage en poursuivant en Ariège "espagnole" puis en France. Avec des étapes où nous croiserons plus d'animaux que d'hommes. Par chance nous ne rencontrerons pas d'expatriés slovènes à 4 pattes. J'ai fait route depuis le refuge du Portillon avec un autre jeune HRPiste. Avec qui nous avons bravé la flore sauvage envahissant les chemins et joué avec les cairns pour trouver notre direction.

Estany des monges - Pla vers le col de la Cornella- Estany de romedo de baix - Etang de Goueille

J'ai laissé mon compagnon de route pour traverser seul le pays Andorran d'ouest en est en seulement 2 journée de marche. Je ne descendrai pas dans les vallées n'ayant pas besoin de me ravitailler et je suivrai facilement les sentiers bien balisés de ce petit pays montagneux. Je prendrai un bel orage pour fêter mon retour en France.

Pic de Joclar - Etang haut de l'albe

Une fois la principauté traversée ce sera la dernière partie de la traversée avec les Pyrénées orientales. Réputées pour être plus arides, malheureusement je serai surtout témoin de ses orages capricieux. Je passerai les crêtes entourant le pic de Noufonts avec un vent à décorner un troupeau d'isards ! (Race Pyrénéenne de chamois pour les non-initiés) Ce jour-là, ces derniers si rares souvent en petit groupes, se sont présentés à plus de 70 individus!

Après avoir couru poursuivi par l'orage du pla Guilhem je ferai étape au refuge de Mariailles. Une bonne nuit et de bons repas pour préparer le lendemain. Le mont olympe des catalans, le Canigou et la première vue sur la mer méditerranée. Je touchais l'objectif du regard.

Lac des Bésines - Bivouac vallée d'Eyne - Vue du col de Tirapitz - Pic du Canigou

Les dernières étapes s'enchaîneront rapidement, j'en doublerai 3 pour finir cette traversée en 39 jours ! Je visais 41 à 45 jours et finalement l'adrénaline et la forme physique gagnée seront plus fortes. Je suis donc arrivé à Banyuls sur mer le 16/08/2020 !

Bien heureux d'avoir fini cette très belle aventure. Même si pour ne rien vous cacher j'ai eu un pincement au cœur à la descente vers Banyuls. En effet, quitter les montagnes après tant de joies, de peines, de difficultés, de rencontres vécus sur ses hauteurs, ce n'est pas la plus simple des étapes.

Pour la suite, à court terme il va falloir que mon organisme se repose avec quelques semaines de vacances. Et à long terme tout est encore flou, je reviens peu à peu à la civilisation mais je compte bien profiter des mois me restant jusqu'à la fin de l'année pour vivre de nouvelles aventures !


Vue sur Banyuls sur mer
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Cet article n'était pas le plus simple à écrire, comme la suite de mon voyage n'était pas des plus faciles à envisager. Après la traversée des Pyrénées de cet été il m'a fallu d'abord récupérer des séquelles physiques de toute cette randonnée. Principalement les genoux, qui après avoir subi les montées et surtout les descentes chaotiques, chargés du sac à dos variant de 16 à 18kg, n'étaient pas spécialement pressés à l'idée de reprendre tout effort. Même les escaliers étaient devenus des obstacles non négligeables pour mes premières semaines de "convales-cances". J'ai profité de cette période pour passer du temps avec ma famille et mes amis, naviguant sur l'arc méditerranéen de Banyuls à la Camargue, en stop et en train.

HRP étape de la cabane d'Ardané à la Pierre Saint Martin  

Ce repos m'a permis de poser les différents choix qui s'offraient à moi pour la suite du voyage. A savoir, reprendre la direction initiale d'Istanbul par les rives de la mer Caspienne ou adapter un voyage en vélo en France. Les restrictions liées à l'épidémie ont rapidement refroidi la première option, 14 jours de quarantaine à l'entrée en Slovénie, test PCR récent nécessaire à quasiment tous les passages de frontière, fermeture de la frontière terrestre grecque... Alors j'ai réfléchis à un tour de France, un tour de l'hexagone avec les 6 coins fictifs qui le composent. J'en comptais déjà trois dans ma besace, avec mon passage au 1er juin à Menton au Sud-Est à mon retour en France en vélo. Puis les deux extrémités sud-ouest avec Hendaye et sud avec Banyuls, points de départ et d'arrivée de ma traversée pyrénéenne. Il me restait donc les 3 points, Nord-ouest, Nord et Nord-est que j'envisageais dans cet ordre. Tout un programme.

 Suisse, traversée du canton du Valais entre Martigny et Brig 29/02/2020

Mon vélo m'avait donc attendu quasiment 2 mois dans mon Comminges d'origine pour mon nouveau départ. Je suis parti de Saint Gaudens le 23 septembre en direction de Tarbes pour rendre visite à mon grand frère nouvellement tarbais. Après une première journée sous le soleil des hautes Pyrénées et une vue splendide sur la chaîne qui commençait à revêtir une première veste d'hiver, le temps a commencé à se gâter les jours suivants à l'approche des Landes. J'ai suivi l'Adour pour aller vers l'ouest sous un temps maussade annonciateur de la suite. Le lendemain après une nuit campée sur le bord de la rivière une première averse m'a servi de réveil. J'ai pu profiter d'une accalmie pour ranger mes affaires avant de faire face à des trombes d'eau et des rafales de vents toute la journée. Le vélo ne voulait plus avancer, le cycliste était trempé jusqu'au os, c'était sans doute la journée de trop. Tout ce qui m'avait animé pour me lancer dans cette aventure était éteint, l'envie d'ailleurs, le défi physique, la rencontre, la découverte de l'inconnu tout cela n'avait plus de sens. La solitude me pesait d'un coup, l'ennui me prenait à dépourvu, l'envie de retrouver un foyer au long terme m'assommait. Le soir même je prenais une nuit dans un hôtel fatigué, trop loin de l'océan pour avoir profité du boom du tourisme balnéaire landais. Les jours suivants étaient annoncés avec une météo identique, le mois de septembre approchait de la fin, l'automne m'envoyait un message. J'ai pris le train pour rejoindre Bordeaux le lendemain, profiter de l'accueil d'amis pour mûrir cette envie d'arrêter aussi soudaine que certaine. Certaine car mon idée n'a pas changé et j'ai décidé de rentrer en région parisienne après avoir pleinement découvert la réputation humide de Bordeaux et sa région durant une semaine.

Coucher de soleil sur Monterosso el Mar 

Me voilà donc de retour au point de départ depuis maintenant plus d'un mois dans ma Seine et Marne natale après ces mois de vadrouille qui n'ont pas ressemblé à ce que j'avais imaginé, mais qui m'ont permis de voir du pays et d'accomplir de belles choses dont ma fierté est mêlée à un regret difficile à cacher. Une pointe d'amertume à imaginer le voyage que j'aurais pu faire m'anime souvent, mais je me raisonne en relativisant sur cette année qui n'aura été ni simple ni ordinaire pour personne. J'espère que je conserverai un peu de nostalgie pour la transformer dans l'énergie d'un nouveau départ dans les années à venir. J'ai pris beaucoup de plaisir à vous partager mes aventures et si jamais un nouvel élan me prenait peut être que vous serez encore là.

Au plaisir de vous retrouver de manière bien réelle, quand toute cette averse sera passée.