Par Ciol13
Ce carnet n'a pour but de ne jamais trouver de fin, il raconteras mes pérégrinations à deux roues sur les routes et pistes du monde. Découvrir, partager, donner envie... venite videte...
Janvier 2018
1000 jours
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Hier après midi, alors que nous étions le 31 décembre 2017, ça faisait déjà quelque jours que mes roues me démangeaient, l'appel du large, l'appel de la route se faisait de plus en plus pressante…

Il est huit heures, le soleil brille de mille feux, la température n'est pas trop piquante, quoique la température n'étant pas vraiment un problème, c'est quand même plus agréable de rouler quand il fait bon, et puis j'ai besoin de vider ma tête, d'arrêter de penser, et de me concentrer sur autre chose. Besoin de prendre le large vis-à-vis de la vie de tous les jour, du train-train quotidien et de l'année écoulée, riche en émotions, riche sur bien des points, avec son lot de surprises, de difficultés, de joies, et de bonheurs!

Nous somme le 31 décembre, il est temps de faire un point sur l'année écoulée, et bla bla blaaa… Prends ta brèle et va rouler me dit mon alter égo qui envahit mes pensées et ma tête, mon moi intérieur, il faudrait que je lui trouve un petit nom à celui là d'ailleurs, tiens, si je l'appelais Viviane ! Mais voilà, je le tiens mon sujet, Viviane me guidera sur la route. Aujourd'hui je n'ai ni GPS, ni carte, ni rien du tout d'ailleurs, je suis parti pour me perdre, et je me laisse guider par Viviane.

Je tire sur la manette du starter de Cannapêche, ah mais je ne vous ai pas encore parlé de Cannapêche? Je n'ai pas bien plus parlé de moi non plus d'ailleurs, mais est-ce vraiment nécessaire? Bref, Cannapêche... Je tourne la clef, cherche le point mort, et j'appuie sur le bouton RUN, ce simple petit bouton qui m'emmènera loin sur les routes de mes pérégrinations routières et mentales, et qui me fera passer un long, long moment pendant lequel je n'aurais à songer qu'à la route, et rien d'autre! Ne penser qu'à la route??? La route, n'est peut être qu'une vision de mon esprit... quelle route vais-je choisir? Où va-t-elle m'emmener?

J'enfile mon habit de lumière, déguisement qui protègera mon intégrité physique en cas d'accident, composé de mon casque, ma veste, mon pantalon, mes bottes et mes gants, et me voilà paré pour affronter la route, je passe le portail, et c'est parti pour les premiers tours de roue, ça y'est, c'est parti. Le font de l'air est frais, c'est alors que je m'aperçois que j'ai… Oui, j'ai oublié mon tour de cou ! Curieusement, à chaque fois que j'oublie mon tour de cou, le tout puissant abat sur moi une météo plus que dégueulasse, comme une punition bien méritée (information scientifique testée lors de mon aventure en terre de glace et de feu), enfin, la météo semble clémente, et faire demi-tour est un échec (voir encadré), il faut avancer…

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Lorsque je suis parti en Islande, j'ai découvert un monde différent, enfin en tous cas, un état d'esprit différent, un monde où il faut prévoir l'imprévu. Je ne savais pas encore quelle galère ça allait être…


Au fur et à mesure de mon long périple, mes besoins étaient de rouler, de dormir, et de manger! Pour rouler, j'étais muni de Cannasucre, mon fidèle destrier fort connu (voir https://www.myatlas.com/Ciol13/icedadventure), afin de dormir, ma tente et mon duvet, et histoire de sustenter le pilote un réchaud qui n'a jamais servi, une gamelle, et bon allez, une cafetière pour le matin, des vêtements, et surtout : du courage. Beaucoup de courage, il en fallait, la température ne dépassait les 10 degrés que dans de rares journées, et le vent était quasiment incessant!


J'ai vécu deux mois avec… Et bien, avec rien en réalité, ou pas grand-chose en tous cas. J'ai affronté des conditions météos terribles, des conditions de roulage difficiles. J'ai été heureux, très heureux, pendant deux mois, avec presque rien, à rouler, à me baigner dans les piscines somptueuses d'eaux chaudes et soufrées, j'ai été à genoux devant la puissance de la Terre, devant ces paysages déserts mais somptueux, toute cette eau, ces couleurs, cette chaleur qui se dégage d'elle, ces solfatares, ces bains d'acide qui bouillonnent tranquillement mais sûrement, ces soupapes de cocottes minutes qui ne finissent jamais de cracher de la vapeur dans un souffle puissant, tel un vieux dragon après avoir ingurgité des centaines de litres d'eau! Ces centaines de volcans qui menacent de se réveiller à n'importe quel moment au risque de tout dévaster, pour ensuite redonner ses droits à la nature.


Mais que je suis petit face à un tel spectacle? Une fourmi dans un désert, une fourmi dans l'univers ! Je ne suis rien, je me mets à genoux, face à un tel spectacle ! Toute cette puissance me l'impose, comme si une force invisible appuyait très fort sur mes épaules, et je contemple, je m'ébahis, et je me rends compte de ma condition, je ne suis qu'un homme face à l'immensité de la nature, face à la puissance de la terre, face à cette démonstration de force qui me rappelle que je ne suis rien, un peu comme un chevalier armé d'une simple épée et protégé par mon seul bouclier face à une centaine de bombes nucléaires pointées sur moi. Et j'ai le temps de contempler ce spectacle, la nuit ne tombe jamais, et chaque instant révèle une beauté différente de la précédente!


"Un voyage de mille lieues a commencé par un pas"


Lao-Tseu


J'ai acheté ma 1200GSA dans l'optique de partir en Islande il y a déjà plusieurs années, j'ai espéré ne pas faire ce voyage seul, pensée grandement marquée par manque de courage, et probablement aussi par ce manque certain de confiance en moi, et puis il y a toujours ceux qui te disent : "attention, la météo change très vite, tu peux vite te faire piéger", "sois prudent, c'est très dangereux" ou encore "La mer c'est dégueulasse les poissons baisent dedans"… j'en passe et des meilleures, ce qui n'arrange rien, le temps passe, et je décide alors que je ferai ce voyage tout seul, comme un grand, tel un vaillant chevalier, je ne dois compter que sur moi-même pour vivre ma vie, je peux trouver des milliers de raisons de ne pas faire ce voyage, de ne pas faire les choses, mais il n'y en a qu'une seule pour les faire, et je choisis alors de le faire ce voyage !


En résumé, tu remets ça pour plus tard, et encore, et encore, au point d'élever la procrastination au rang d'art de vivre, et un jour, tu ouvres les yeux, et tu comprends que tu ne pourras pas remettre ta vie à plus tard. Tu réserves le bateau, et l'aventure commence, et quand tu y es, tu te dis bien "mais qu'est-il donc allé faire dans cette galère ?". Et tu n'as pas le choix, tu dois avancer, tu dois aller au bout, il ne faut pas lâcher, le renoncement est un échec, car "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir" (pour citer un peu les béruriers noirs), il faut tenir bon.


"Pourras-tu le faire I'm lost

Pourras-tu le dire I'm lost

Tu dois tout essayer I'm lost

Tu dois revenir I'm lost


Tu dois voir plus loin I'm lost

Tu dois revenir I'm lost

Egaré en chemin I'm lost

Tu verras le pire I'm lost


Pour trouver le sud I'm lost

Sans perdre le nord I'm lost

Après les certitudes I'm lost

Au-delà des bords I'm lost


I'm lost but I'm not stranded yet

I'm lost but I'm not stranded yet…"


I'm lost – Noir Désir


Quand tu as tellement avancé, et que tu sais que tu ne peux plus reculer parce que le demi-tour est une certitude, une difficulté que tu as déjà affrontée, alors qu'avancer est un risque à prendre, et que tu souhaites aller au bout, alors tu avances, et quand tu te retrouves seul face à une rivière, tu n'as que deux choix possibles, mais vu que le renoncement n'est pas envisageable, tu avances! Reculer ou faire marche arrière, c'est forcément regretter, et des regrets, j'en ai déjà plein les bottines! Et tu la traverses cette rivière, peut-être qu'en fin de compte, cette rivière est juste un symbole! Une représentation du temps, et un besoin impérieux de vaincre ce temps qui passe, comme un pied de nez à toutes ces choses que tu as pu remettre au lendemain, je ne saurais dire, et tu avances, tu avances, jusqu'à ce que tu n'en puisses plus et que ton seul moyen de survie soit le retour à la maison, quand ta moto te dis de stopper, qu'elle ne tient plus debout, et qu'elle te prévient que c'est la fin.


D'ailleurs, je suis parti avec quelques phrases en tête, que je me suis répétées bien souvent face à la difficulté, et étant parti avec pour seul but de se perdre et me laisser guider par le hasard et le soleil :


"Si le but du voyage est d’arriver, alors autant se perdre"

...


"Il ne faut jamais demander sa route à quelqu’un qui ne sait pas s’égarer"


Roland GIGUÈRE


"Rappelle toi qu’hier est parti pour toujours et que demain ne viendra peut être jamais ! Seul aujourd’hui t’appartient, garde le sourire et profite de chaque instant de la vie"

...



Oh et des centaines d'autres encore… mais je n'ai mises que celles qui m'ont permises d'avancer, quand je n'y arrivais plus trop.


Sans compter les chansons que j'ai pu fredonner ou chanter à tue tête tout au long des routes sinueuses, représentation idéologique de ma vie et de mon esprit ?! Noir-Désir, Iron Maiden, pas!!" Et bien d'autres encore


Bien des fois je me suis retrouvé dans des situations délicates, voire dangereuses, j'avoue même j'ai parfois fait demi tour, je reste malgré tout conscient du danger qui m'entoure, et bien conscient aussi d'être parti seul, et que je suis sur une des îles probablement les moins peuplée du monde, un accident pourrait très vite tourner au cauchemar. Mais je suis parti malgré tout avec la ferme intention d'avancer, de profiter de chaque instant, de rouler malgré tout. J'avoue que je ne n'imaginais pas avant de partir que j'allais en faire autant, que j'allais rouler autant que j'irais si "loin", au départ, je voulais "faire" l'Islande en moto, au final, j'ai parcouru 12000 kilomètres sur des routes et des pistes plus ou moins difficiles, voire impraticables pour certaines, mais j'y ai pris mon pied, même dans la galère. J'ai craqué, j'ai pleuré sous la neige quand ma moto est tombée en panne dans la montagne à seulement quelques pas de l'étape, j'ai ri, j'ai souri, j'ai chanté, j'étais seul, et pourtant, ça a été extrêmement riche en émotions, j'ai souffert du froid et de l'humidité, j'ai lutté contre des vents d'une violence indescriptible sur la route, j'ai roulé, roulé, roulé, avec les bottes remplies d'eau après avoir marché dans la rivière, le t-shirt trempé par la pluie ou la transpiration parce que même à moins de 5 degrés, c'est sportif de mener un gros trail sur les pistes, j'ai roulé, j'ai avancé, quoiqu'il advienne, parce qu'il faut avancer, parce qu'il faut aller au bout, et plus le temps passe, plus les pistes sont difficiles, et oui, c'est à la fonte des neiges qu'on peut aller dans les terres, et plus les pistes sont difficiles, plus je me rends compte que je suis en train de prendre une leçon de vie, un cours magistral qu'il faut suivre sans se détourner du chemin et éviter les embûches autant que faire se peut, et doucement mais sûrement, je vais atteindre mes limites, et morale, et physique, et mes notions de pilotage en tout terrain n'étant que… sommairement sommaires.


Voilà encore quelques phrases que j'ai tenté de garder en tête tout au long de mon voyage, il est parfois bon de se les remémorer :


"N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace"


R.W. EMERSON


Ne rêve pas ta vie, vis tes rêves

...



"Ne rêves pas, vis


Ne pense pas, agis


Ne t’excuse pas, assume


N’hésite pas, fonce"

...



"Rappelle toi qu’hier est parti pour toujours et que demain ne viendra peut être jamais ! Seul aujourd’hui t’appartient, garde le sourire et profite de chaque instant de la vie"

...



"Le vrai voyage, c’est d’y aller. Une fois arrivé, le voyage est fini"

...



"Le vrai voyage ce n’est pas d’arriver, mais de partir"

...



"Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine… elle est mortelle"


Paolo COELHO


"Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir"


Gilbert KEITH CHESTERTON


"Il n’y a pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur c’est le chemin"


BOUDDHA


"On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va"


Christophe COLLOMB


"Chaque voyage est le rêve d'une nouvelle naissance."


Jean Royer


"En route, le mieux c’est de se perdre ; lorsqu’on s’égare, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement, que le voyage commence."


Nicolas Bouvier


"L'homme fait le voyage, le voyage fait l'homme."


Montaigne


J'ai essayé de garder ces phrases en tête chaque jour qui passe, et sans oublier, les jours de neige, de pluie, de froid, de brouillard… où il fallait avancer quoiqu'il arrive, sans jamais succomber à la facilité, et j'ai été au bout, je me suis défoncé, je suis allé au bout de moi-même, des journées de plus de 400km avec les chaussures remplies d'eau, les vêtements trempés, dans des déserts de sable et des montagnes enneigées, dans des paysages à l'allure lunaire d'où surgissent des lacs majestueux, d'une couleur incomparable, rouler au milieu des scories noirs, rouges, jaunes, des herbes d'un vert indescriptible, des pistes au milieu de sites d'une beauté à couper le souffle. La vraie richesse, ce n'est pas d'avoir tout l'or du monde, mais d'être passionné à chercher son saint Graal, de vivre sa vie, de vivre ses rêves, et de profiter de sa vie !


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Allez, une chose importante avant d'aller se perdre, donner du manger aux chevaux… c'est que ça bouffe ces grosses bêtes là, et pas de l'avoine, alors quelques litres de sans plomb 98 pour Cannapêche, et c'est parti pour la première aventure qui jalonnera ce carnet.

Je ne décide de rien, mais il y a ces routes que j'aime, et que j'ai envie de prendre, et l'envie d'aller à Millevaches commence tout doucement à me chatouiller, pour ensuite me laisser aller à la folie de Viviane qui va me guider par sa volonté tout au long de la journée… Cette route est très belle, elle me plait, et indique un lac, le lac de Sainte Hélène… allons-y, les cheveux au vent et... ah ben zut merde non, j'ai un casque, bon ben la barbe au vent, les kilomètres filent à toute allure, les virolos s'enroulent sans broncher, la poignée dans l'angle, deux doigts sur la poignée d'embrayage, un sur la poignée de freins...

C'est beau, très beau, je vais m'arrêter, prendre quelques images pour immortaliser l'instant, puis le lac de Fleix, Martineix… je commence à comprendre pourquoi ma conscience a été affublée d'un tel nom, Ma conscience est... La dame du lac bien sûr!

De lac en lac, Cannapêche et Viviane divaguent 

Tout au long de la route, mon esprit divague, la musique m'envahit, mes pensées se bousculent à une vitesse folle, puis mon esprit perdu dans les méandres de mon cerveau commence à s'exciter joyeusement, tout en faisant le point sur l'année écoulée!

J'ai un métier qui ne me plait plus, j'ai envie, une envie de plus en plus irrépressible d'écrire, écrire, encore et encore… ce travail dans l'industrie est d'un platonique, sans intérêt, sans aucun sens, suivre des procédures, ne suivre qu'une seule route pré tracée sans jamais avoir la possibilité d'un écart, sans même avoir le droit de penser imaginer sortir de la route pour en prendre une plus... personnelle peut être, sans aucune fantaisie, sans rire, sans joie, sans une once d'imagination, mais c'est d'un triste, à en crever, la routine m'emmerde joyeusement, et j'ai besoin d'évasion, j'ai besoin de laisser Viviane me laisser m'emmener là ou elle veut, j'ai besoin qu'elle laisse exulter son grain de folie, j'ai besoin qu'elle m'emmène loin, ailleurs… Ah oui, que c'est bon de se laisser guider par sa pensée, sans avoir à réfléchir à quoique ce soit, sans savoir ce à quoi elle pense elle-même, et de lac en lac, la réflexion s'intensifie, l'envie d'écrire grandit, et les chansons fusent dans ma tête, la musique augmente de volume au gré de mes pensées, et je me laisse aller.

Alors que je suis en train de chevaucher à toute allure, Viviane s'effondre dans un profond fauteuil placé devant une machine à écrire, et me propose un voyage, un voyage qui se déroulera dans le monde entier, avec mes deux montures, Cannasucre et Cannapêche, et toutes les personnes qui partageront mes pérégrinations : et si tu racontais le voyage de ta vie ! Me souffle-t-elle soudain? Mais je ne veux pas raconter ma vie, ça ne regarde personne, les gens n'en ont rien à foutre de ma vie, et puis comme le prétend l'adage, pour vivre heureux, vivons cachés… Mais en effet, raconter ma vie par mes aventures de pilote au guidon d'une de mes motos me semble être une bonne idée, partager la route, les beaux endroits, les belles routes, les beaux endroits, en France, ou ailleurs, alors me voilà, après cette longue introduction, parti de lac en lac pour la première de cette longue série, en ce dernier jour de l'année 2017

Pendant que Viviane continue à me guider à son gré sur les routes et les pistes qui me mènent jusqu'au but précédemment fixé sans vraiment savoir par où je suis passé, je continue à songer à mon projet, il me tente de plus en plus, les idées me viennent, et de lac en lac, je m'arrête pour fixer les images de ce moment, et y associer mon projet, et laisser aller les mots, les choisir, ces mots qui accompagneront mon voyage ! Choisis tout au long de la route!

Aux portes du plateau de Millevaches, au village de Lestards  trône la seule église de France au toit de chaume (XI ème siècle)

L'idée de ce projet, est de me laisser aller à l'écriture pour m'évader dans ma propre imagination, mais aussi de partager mes routes, mes images, mes voyages… En espérant vous toucher, vous faire rire, ou sourire, mais surtout, vous donner l'envie de me suivre… et de vous laisser aller au voyage, ou à la folie de votre Viviane, sans écouter votre Morgane…