Atterrissage à l'aéroport international Indira Gandhi à 9h, soit un peu plus de 2h plus tard que prévu, après 12h de correspondance à découvrir Kiev et avec une méchante dette de sommeil ! Forcément l'excitation ça tient éveillé...
Contre toute attente le contrôle aux frontières se passe sans encombre (après un renouvellement de passeport de dernière minute et des procédures d'obtention de l'e-visa qui nous ont fait craindre, jusqu'à l'embarquement à Paris, qu'on n'arriverait pas à partir), avec des contrôleurs plus souriants que leurs homologues français ou ukrainiens ! On fait un rapide comparatif des bureaux de change qui sont tous globalement alignés autour de 73.5 roupies pour 1 euro : c'est un peu moins que ce que l'on espérait mais c'est honnête, nous voici donc avec quelques dizaines de milliers en poche.
Aéroport international Indira Gandhi, New DelhiUne fois dans le hall, on s'y attendait, on est assaillies par des chauffeurs de taxis insistants mais, pas de chance pour eux, notre Uber nous attend ! Pas de berline noire obligatoire ici, on monte dans une petite Maruti Suzuki Alto défraîchie (c'est indien, mais le groupe japonais en détient plus de 50%) sans ceinture à l'arrière et avec ce qui ressemble à un ballon d'eau chaude ou une très grosse bouteille de gaz dans le coffre.
Par la fenêtre on prend un peu la mesure de ce que donne un pic de contamination de l'air dans la ville qui est déjà la plus polluée du monde -devant Johannesburg, Mumbai et Pékin- : le ciel est d'un gris opaque malgré le soleil de plomb qu'on devine aux 28 degrés extérieurs, on peine à distinguer les avions pourtant en train de décoller et la plupart des cyclistes ou conducteurs de rickshaws portent des masques pour filtrer les particules !
Article du 3 novembre 2019, la veille de notre arrivée !Ashutosh - le chauffeur - nous dépose devant la porte de The Hosteller (10 Mathura Road - new friends colony) où l'on reçoit un sympathique accueil dans un décor moderne, propre et détendu. L'auberge propose des activités tous les jours mais, pas de chance, le tour du mardi était dans la matinée donc on n'a plus qu'à -enfin- s'allonger quelques heures !
Une fois requinquées et lavées, on enfile des tenues aussi adaptées que notre garde robe occidentale nous le permet (épaules, poitrine et genoux couverts, assez ample pour ne pas dévoiler les formes du corps en dessous) pour s'aventurer enfin dehors à la tombée du jour (17h30).
Direction le métro qu'on nous a présenté comme un moyen de transport pratique et sécuritaire, avec ses jetons entre 20 et 40 roupies (entre 30 et 60 centimes d'euros) selon la longueur du trajet. Effectivement c'est la bonne surprise : c'est propre et tout décoré, pas du tout la cohue malgré l'heure presque de pointe, les sacs sont scannés et les usagers palpés à l'entrée dans la station (ce qui est fastidieux mais rassurant) ! Malgré tout ça, force est de constater qu'on est les seules non Indiennes dans la rame, donc forcément on attire l'attention plus ou moins discrète mais respectueuse des autres passagers... Les femmes sont aussi plutôt minoritaires, puisqu'un nombre moins important d'entre elles travaillent, mais des sièges et même une voiture entière selon les lignes leur sont réservés, ainsi qu'aux "senior and differently abled citizens" !
Marion et moi, indubitablement des ladiesOn décide de descendre près de la mosquée Jama Masjid qu'on entendra plus qu'on ne verra (ben oui, il fait nuit !) grâce aux appels à la prière du muezzin.
Première vraie expérience de la ville dans le chaos le plus total : les voitures, mobilettes, rickshaws et touk-touks nous offrent un concert de klaxons tandis que la foule joue des coudes en manquant de se faire écraser tous les 10 mètres dans une artère secondaire bordée d'échoppes où des poulets agglutinés dans des cages et quelques chèvres ne seront apparemment pas au menu du soir ! Les seuls qui n'ont pas l'air de prendre part à la cacophonie ambiante sont les tonnes de chiens errants, les pariah dogs si amicaux malgré leur nom, qui font la sieste n'importe où...
Dire qu'en France la police m'a arrêtée pour avoir fait ça... On s'engage, un peu pour échapper à la circulation mais surtout attirées (pies que nous sommes) par les étals d'objets brillants, dans Meera Bazar. On se dit qu'on a bien envie nous aussi de petites sandales brodées, d'un pashmina en cashmere, d'une tenue traditionnelle et de gros bijoux clinquants mais on résiste pour cette fois.
On finit par arriver devant le Fort Rouge de Delhi (ou peut être derrière ?), un peu trop tard pour la projection sons et lumières qu'on avait prévu de voir mais tant pis, ça en jette aussi de l'extérieur !
Le fort rouge de DelhiAutour du Fort est installée une petite fête foraine dont les attractions semblent tout droit sorties des années 1950, autant pour l'allure que l'état d'usure ! La grande roue tourne à une vitesse de montagne russe, ce qui ne semble pas inquiéter les familles installées dans des nacelles sans barrière ; d'un autre côté un public exclusivement masculin assisté, fébrile, à un show de danse suggestif mais habillé au sens artistique incertain.
C'est là au milieu des stands de chaats (des en-cas salés servis sur des chariots roulants ou au bord des routes) qu'un groupe d'amis nous interpelle pour prendre un selfie avec nous, puis un autre quelques mètres plus loin, un jeune homme avec sa mère et enfin : une famille entière qui va jusqu'à nous faire poser avec un bébé chacune dans les bras devant le fameux monument ! On se prête au jeu sans hésiter devant les sourires timides de certains, amusés des autres, mais toujours chaleureux, et on y prend même un certain plaisir. Quitte à être le centre inopiné de l'attention, on en profite pour demander nous aussi quelques clichés au milieu des femmes en habits traditionnels !
Les marrainesComme l'aventure, ça creuse, on file vers 20h chez Kadalu, un des restaurants de Delhi conseillés par Sambit, notre ami Indien que l'on rejoint dans quelques jours. Début des hostilités avec le poulet façon ghee roast (cuit dans du beurre clarifié) de Mangalore. Le serveur tique : "it's spicy !" mais on ne se démonte pas, "it's really spicy, you're sure ?"... Comme les papilles françaises sont à toute épreuve, on se lance et on fait bien ! Il a du goût ce poulet, même s'il pique un peu les yeux. Et puis heureusement le naan à l'ail est là pour contrer le feu !
J'enchaîne avec du mouton au curry de Malabar (région du sud de l'Inde), plus bas sur l'échelle de Scoville mais encore plus savoureux dans le mélange des épices.
L'addition à 1400 INR pique nettement moins, alors que les portions étaient si copieuses qu'on en a malheureusement laissé beaucoup. C'est ce que l'on nous apporte en même temps qui nous décontenance davantage : une timbale en inox chacune remplie d'eau avec une rondelle de citron, et un petit bol de graines à l'odeur anisée (de quoi donner des hauts-le-cœur à Marion). Est-ce qu'il faut mettre les graines dans l'eau et boire le tout ? Se laver les mains dans la timbale ? De peur d'offenser quelqu'un, on n'ose pas vraiment y toucher, je trempe un doigt dans l'eau pour prendre la température, c'est à peine tiède...
On a finalement quitté l'établissement sans plus d'explications et c'est Sambit qui nous a éclairées : il s'agissait bien d'un rince-doigts, les graines de fenouil quant à elles sont proposées en fin de repas pour aider à la digestion, ainsi que pour toutes leurs vertus cardio-vasculaires, anti-oxidantes, ...
En même temps, sans mode d'emploi c'était pas évident ! C'est fini pour aujourd'hui : on rejoint le dortoir où l'air conditionné est réglé sur moins 8000, ce qui n'empêche pas les 2 Indiens qui s'y trouvent déjà de ronfler à plein régime ! Je m'endors en priant pour que le mélange pimenté et l'eau courante que j'ai sûrement avalée en prenant ma douche ne déclarent pas la guerre à mes intestins, réalisant enfin où je suis 🇮🇳