Nous voici dans notre huitième pays, le cinquième que nous visitons réellement (passages éclair au Pérou, au Chili et en Uruguay). Bien dans le coltar avec le manque de sommeil, nous passons la douane sans problème. Une charmante colombienne parlant Français nous commande un Huber et nous déposons nos sacs à l'hôtel. Après un petit-déjeuner où l'on propose d'emblée du chocolat, inhabituel, nous cherchons une banque où l'on peut retirer de l'argent sans frais puis un endroit où acheter une carte de bus. Cela nous prend un bon moment et nous marchons beaucoup dans un quartier de bureaux.
Nous commençons par la visite du musée de l'or. Une splendeur! Les peuples précolombiens de Colombie n'ont pas été envahis avant les Espagnols et ont développé un riche artisanat. Le musée est remarquablement fait. Nous avons des audio-guides en Français. Les différentes civilisations sont bien expliquées, les pièces remarquablement exposées. Il y a des bijoux, des hommes-jaguars, des hommes oiseaux, des hommes chauve-souris (symbole d'un monde inversé car elles vivent la nuit et dorment et accouchent la tête en bas). Les chamans, de par leur transe, se transforment en animaux.
Nous déjeunons dans la rue de tripes et de petites pommes de terre.
Après un passage par une rue très animée, avec des marchands ambulants d'artisanat et de nourriture en tous genres, nous arrivons à la place Simon Bolivar bordée par la cathédrale, le siège du gouvernement et le palais de justice. Un chanteur crée l'attroupement et un passant s'arrête pour danser.
Nous reprenons deux bus pour rentrer à l'hôtel. Ce faisant, nous traversons des quartiers beaucoup moins reluisants. Beaucoup de gens dorment par terre. Un jeune homme aux bras tailladés montent dans le bus et mendie; Une passagère dit à Frédéric de ranger son portable. Elle finit par intimer au jeune homme de descendre. celui-ci obtempère en l'injuriant. Dans le parc national, des familles entières campent depuis 3 mois. ce sont des indigènes qui manifestent pour leurs droits.
Le quartier de l'hôtel est très calme mais mort le soir. Nous dînons dans une sorte de boulangerie.
Nous sommes heureux de retrouver l'Espagnol et beaucoup de choses nous paraissent familières en Colombie car proches de ce qu'on a connu en Equateur.
Le lendemain, nous montons à Monserrate. C'est un peu l'équivalent de Notre Dame de la Garde ou de Notre Dame de Fourvière. Le sanctuaire est construit sur un site sacré précolombien et dédié au Christ de la Passion. Nous faisons longtemps la queue sous un soleil brûlant (Bogota est à 2 600 m d'altitude) pour prendre un funiculaire.
Belle vue d'en haut, bien que brumeuse. La ville est bordée de montagnes. Le sanctuaire est émouvant. Mais on se croirait au mont saint Michel avec de nombreuses boutiques de souvenirs et des restaurants. Je goûte de la chicha (maïs fermenté). Des mules apportent les denrées nécessaires aux restaurants. Des familles pique-niquent.
Nous redescendons à pied: 550 m de dénivelé sur 2,350 km. les marches sont inégales dans toutes les dimensions. C'est un bon exercice de proprioceptivité. Des gens de tous âges font la montée; certains pour le pèlerinage, d'autres pour le sport, d'autre encore pour la balade. L'accès est interdit aux enfants de moins de 1m et aux adultes de plus de 75 ans. Belle végétation. Il est sensé y avoir beaucoup d'oiseaux mais il y a trop de monde pour les voir.
De retour dans la ville, nous traversons des quartiers avec de belles fresques et des maisons colorées. Elles contrastent avec de hauts immeubles. La ville est joliment arborée.
Nous poursuivons la visite par le musée Botero, dont de l'artiste à la vile. J'avais un a priori négatif mais je trouve finalement ses œuvres très émouvantes. Il s'en dégage une certaine tristesse et je trouve qu'il traite ses personnages avec tendresse. De nombreuses œuvres d'autres artistes du 20ème siècle sont exposées. Le musée lui-même est une jolie maison avec plusieurs patios.
Déjeuner tardif de porc rôti au feu de bois délicieux.
Pour notre troisième et dernier jour à Bogota, nous faisons une visite de la ville avec Thomas, un Français en couple avec une Colombienne. Il nous fait découvrir l'architecture de différents quartiers modernes. Beaucoup d'immeubles sont en brique. Dégustation de croissants et de café. Nous apprenons beaucoup de chose sur l'histoire, la vie des colombiens, les habitudes culinaires, l'évolution de la ville. Un quartier est composé de petites maisons de style anglais. Les riches de Bogota s'y sont réfugié lors de la deuxième guerre civile; Les troubles sont chaque fois en rapport avec la propriété de la terre.
Déjeuner dans un marché: soupe faite avec 3 sortes de pommes de terre, du poulet et une herbe particulière, spécialité de Bogota, et porc au tamarin. Jus de canne à sucre pour accompagner les plats. On se régale.
L'après-midi, visite du quartier historique de la Candelaria. On avait raté beaucoup de choses en s'y promenant seuls. Une fois de plus, je fais collection de street art. Des jeunes me demandent de les photographier et l'un d'eux me souhaite de passer une bonne journée en Français. Une plaque commémore l'assassinat du premier leader de gauche.
Sur une place, des hommes vendent des émeraudes de toutes qualités. Frédéric discute avec eux. Puis nous allons dans l'immeuble de vente officiel. Je "flashe" sur une émeraude. Mais il s'avère qu'elle coûte 13 000 €. Ça coupe court à toute tentation!
Ici, ils vendent de la chicha de toutes les couleurs.
Le théâtre est très beau. Une église de carmélites mélange plusieurs styles architecturaux. Avec sa couleur rouge et rose, elle m'évoque une glace vanille-fraise. C'est intéressant mais je ne suis pas fan. L'espace Gabriel Garcia marquez a une architecture innovante de ville dans la ville. L'orage menace mais n'éclatera pas.
Nous finissons par la place Bolivar, magnifiquement éclairée par le soleil couchant.
Le lendemain, nous prenons le bus pour le désert de Tatacoa. Le trajet devait durer 5H mais il en dure 7 car il y a des travaux sur la route avec des attentes interminables en circulation alternée. Nous descendons de 2000 m! Beau paysage avec des fleuves et une végétation dense. Le bus nous lâche au bord de la route car nous n'allons pas au terminal de la ville suivante. Des motos taxi attendent les touristes. Deux conducteurs d'un certains âge nous prennent, Frédéric garde son sac sur le dos, mon chauffeur préfère l'avoir sur le guidon. Nous voilà partis pour une petite demi-heure de chemins de terre avec des passages sur d'étroits ponts de bois. Chapeau les pilotes! Puis nous prenons un bac sur le rio Magdalena, le plus long de Bolivie. Les motos y pénètrent après une pente de terre et de pierres qui m'impressionne.
Nous arrivons après une courte marche à notre hôtel où nous sommes accueillis avec une limonade glacée à la canne à sucre. Quel délice! Ce sont les grands parents qui tiennent l'hôtel mais leur fille et leur petite-fille sont là pour les vacances; Elles vont venir à paris en mars pour les quinze ans de cette dernière. Nous leur proposons nos services en termes d'hébergement et d'accompagnement pour les visites. La jeune fille s'entraine à parler Anglais avec les touristes. Nous rencontrons une Suisse partie en voyage au long cours. Nous nous inscrivons à la même excursion qu'elle pour le lendemain.
Nuit chaude malgré les ventilateurs. Le désert de la Tatacoa est en fait une "forêt tropicale sèche" car il pleut moins de 400 mm/an dans un désert et ici il pleut 1 100 mm/an. Petit-déjeuner local: arepas (galettes de maïs) avec des œufs brouillés, fruits, et… fromage à tremper dans un chocolat chaud. C'est bon!
Nous partons en jeep pour le désert gris. Nous retrouvons un couple de Français rencontrés à deux reprises en Bolivie. Incroyable! De nombreux troncs pétrifiés témoignent du passé forestier des lieux.
Marche sous un soleil torride a travers des chemins sinueux creusés par un rio. Il persiste un peu d'eau. Le désert abrite 14 espèces de serpent mais ils ne sortent que tôt le matin ou le soir. Des cactus candélabres ou "coussins" ornent le paysage.
Arrêt près d'un élevage de chèvres. Je me rafraichis avec une bière artisanale aux fruits de la passion.
Deuxième marche au sein de formations fantomatiques. Nous sommes à 440 m d'altitude.
Baignade dans des piscines qu'on nous avait vendues comme naturelles mais qui sont bien cadrées! Cela rafraîchit quand même. L'eau de ce rio est impropre à la consommation car trop minéralisée. Arrêt à un endroit où les gens peuvent prendre des selfies, comme en Equateur. Les formations sableuses évoquent des animaux
Déjeuner de plats typiques avec une jus de lulo et un jus de maracuja dans un bel hôtel.
lulo et maracuja Repos à l'hôtel. Puis nous repartons pour le désert rouge. Belle densité de cactus. Le duvet blanc des "coussins" piège l'humidité de l'air la nuit.
Ce labyrinthe de formations rocheuses rappelle un peu Brice canyon aux USA. On peut facilement s'y perdre.
Des oiseaux se perchent sur les cactus.
La lumière du soleil couchant magnifie le site. Je déguste une glace citron/mangue tout en essayant de continuer à prendre des photos. Autant dire que je me mets du jus sucré plein les mains!
Splendide coucher de soleil.
En attendant la tombée de la nuit, nous goûtons des bonbons et un alcool de cactus. Le désert de la Tatacoa est réputé pour être un site d'observation des étoiles. Nous allons au tout dernier observatoire non professionnel. Un astronome nous montre les constellations pendant que nous faisons la queue pour voir Jupiter avec 2 de ses 69 lunes et saturne au télescope. Très intéressant. L'astronome nous a envoyé des photos.
Quelle journée!
Le soir, Frédéric joue aux échecs avec la jeune fille.
Malgré la beauté des lieux, nous repartons dés le lendemain car il fait vraiment trop chaud. En plus, nous avons à nouveau été dévorés par les mouches des sables…
Petit-déjeuner de tamales (riz, haricots rouges et poulet cuits dans une feuille de bananier) et fromage au chocolat chaud. Adieux à cette charmante famille. Nous prenons une sorte de pick-up pour rejoindre la ville de Neiva d'où nous prenons un minibus pour aller à San Agustin. Nous faisons le trajet avec une Française de 74 ans, ancienne prof de Français en Guyane, divorcée 3 fois, qui part chaque année 4-5 mois en Amérique latine. Elle a des amis dans tous les pays; Elle rentre pour faire réviser leur bac à ses petits-enfants et vit en Espagne. Quelle personnage! Arrivés à San Agustin, nous sommes charmés par les jolies maisons aux volets et portes multicolores. mais personne ne connaît notre hôtel. En fait, il se trouve sur les hauteurs de la ville, au milieu des arbres. L'endroit offre une belle vue sur les montagnes. Ils ont un minuscule chaton noir absolument craquant, très joueur. Le village est à 1730 m et il fait frais la nuit. Le bonheur! Je me suis tout de suite sentie bien ici.
vue de notre chambre Dîner sur la place encore illuminée pour Noël. C'est l'épiphanie et des rois mages en costume miment la scène racontée en voix off. On se régale de crêpe de maïs au fromage. Et surtout, on achète un répulsif sensé être actif contre les petites mouches! Nous sommes réveillés au petit-matin par les caquètement rien moins que mélodieux de sortes de poules sauvages. Ces maudits oiseaux font du bruit de 6H30 à 7H00 puis s'arrêtent… Sur les conseils de notre hôte, après un petit déjeuner de pâte de goyave sur des biscottes, nous prenons un chemin pour descendre jusqu'au rio Magdalena. Des motards téméraires sont descendus un peu plus bas. Une bougie brûle devant un petit autel à la vierge. Nous passons au milieu des champs de café, agrumes, bananiers, en pente très raide. Y travailler doit être épuisant.
Peu après le début du parcours, un chien noir nous sert de guide: il nous attend, vérifie qu'on le suit... Nous décidons de lui faire confiance à chaque embranchement. En approchant de l'eau, les bambous deviennent plus nombreux. Il y a quelques maisons. Une mule remonte des tiges de bambou pour la construction.
Notre chien-guide nous amène à une jolie plage. L'eau est plus calme à cet endroit; mais elle est froide! On suppose 15-16°. Après un peu d'acclimatation, elle rafraîchit très agréablement. Impossible de lutter contre le courant.
Le chien, lui, s'est baigné plus haut dans une flaque. Il nous attend sagement et repart en même temps que nous. A un endroit, on croit qu'il se trompe, mais il tient bon et, évidemment, c'est lui qui a raison! La remontée n'est pas trop rude. 400m de dénivelé environ.
Nous allons au village. La route est assez longue mine de rien. Nous observons fleurs et oiseaux.
Nous déjeunons sur le marché. La dame est charmante. Une fresque représente la vierge protectrice des animaux de compagnie.
Devant l'église, une statue du Christ édenté surprend mais elle signifie que l'on peut tuer les gens avec des paroles.
Frédéric vas se faire raser et couper les cheveux.
Le village est ravissant avec ses maisons colorées. Mais ici c'est récent, contrairement aux villages coloniaux de la région du café, plus au nord et à l'ouest. C'est après la pandémie que les gens ont décidé de rendre leur village plus attrayant. Avant, les maisons étaient simplement blanchies à la chaux.
Les habitants rivalisent sur le thème des oiseaux, en particulier des colibris.
Nous allons dans une agence prendre des renseignements sur les excursions et louons finalement une moto pour le lendemain à un voisin de notre hôte après avoir repéré le circuit. Une petite 100 CV.
Je finis enfin le blog du brésil malgré un WI-FI qui peine à charger les photos. Frédéric discute avec une jeune Française qui a posé "ses valises" ici pour quelques temps. Elle pensait continuer par l'Equateur mais la situation s'est dégradée dans ce pays: des caïds narco-trafiquants ce sont échappés et la terreur règne. Les gouvernements occidentaux interdisent à leurs ressortissants d'y aller car ils craignent des kidnappings.
Départ pour un rétrécissement du Rio Magdalena (Estrecho). La route se transforme en piste caillouteuse et la pente est raide. Chapeau Frédéric d'arriver à piloter là-dessus! J'essaie de le gêner le moins possible. Dans la remontée, la moto change les vitesses toute seule à cause des cahots, ce qui la fait caler. redémarrer n'est pas une mince affaire, d'autant que le sélecteur ne fonctionne pas comme chez nous. Exit les réflexes!
Dans un petit village, des fillettes nous font visiter un site avec des tombes précolombiennes. C'est là que certains objets du musée de l'or ont été trouvés. Une fresque moderne explique l'histoire de la conquête avec une horrible vengeance d'un chaman.
Ce que nous retiendrons le plus, c'est que c'est la plus petite des filles qui a proposé que sa sœur nous guide et qui nous a rattrapés après la visite pour nous dire que nous devions laisser un pourboire! Ca nous rappelle quelqu'un… La route devient plus facile mais il faut sans cesse se méfier car le macadam saute dans les virages ou s'arrête sans préavis. Nous traversons des champs de canne à sucre. Les pentes quant à elles sont toujours couvertes de caféiers. Après un café dans une buvette où ils font du jus de canne à sucre devant une crèche en bouteilles plastiques recyclées,
Nous visitons un magnifique site que les peuples de la civilisation dite "de San Agustin" ont occupé pendant près de 3000 ans. Ils faisaient des tumulus artificiels aplanis au sommet où ils vivaient et enterraient leurs morts. Il est frappant de voir qu'il y a eu des dolmens en Europe et en Amérique à la même époque. Mais ici, les tombes étaient gardées par de magnifiques stèles ornées d'hommes-animaux ou des animaux comme le crocodile, représentant le monde de l'eau ou souterrain. Sous les dolmens, se trouvent des sarcophages de pierre.
Je suis littéralement fascinée par cette civilisation. Le site est magnifiquement entretenu avec une belle route piétonne fleurie. En face, il y a des plantations d'avocatiers. ces arbres demandent beaucoup d'eau et ne sont pas bons sur le plan écologique. or la demande européenne étant énorme, beaucoup de paysans se tournent vers cette culture.
Pause glaces artisanales à la fin de la visite: coco pour Frédéric et Guanabana pour moi. Nous bavardons avec les vendeuses dans une ambiance très sympathique. On nous demande toujours si les lieux nous plaisent, combien de temps on va rester en Colombie, où on habite en France...Pour aller au troisième site, on se trompe de route et c'est reparti pour de la piste raide et caillouteuse. Ce site est dans le même style que le précédent mais on ne s'en lasse pas!
"Almuerzo" (déjeuner avec le plat du jour et une soupe) dans un petit village avant d'aller voir la quatrième plus haute cascade d'Amérique du sud, après Salto del Angel au Vénézuela et deux cascades au nord du Pérou que nous avons vues en 2018 avec Johanna. 400m de haut en trois chutes. Frédéric a gagné en maîtrise mais la piste est encore pire que les autres. A un moment, la moto passe au point mort dans une montée. Tous freins serrés, elle glisse en arrière. Frédéric la bloque comme il peut pendant que j'appuie sur le sélecteur pour passer la première. Travail de binôme…
Alors que la cascade était bien indiquée au début, les panneaux nous induisent en erreur et nous amènent à un village perdu. Demi-tour… Nous arrivons enfin. Le point de vue est beau mais nous ne descendons pas dans le canyon.
Sur la route du retour, nous nous arrêtons pour voir fabriquer la panela, les pains de canne à sucre. Nous sommes très bien accueillis et on nous explique tout le processus. Les cannes sont broyées, bouillies et filtrées, puis le jus bouillonne dans plusieurs bains. Les résidus du filtrage sont donnés aux bestiaux. Ceux du broyage servent à alimenter les feux.
D'autres touristes, Colombiens ou occidentaux, passent mais ne restent que quelques minutes le temps de goûter. Lorsque le sirop est encore liquide (attention à ne pas se brûler), le goût est différent de celui qu'il a après avoir été brassée 15 minutes. La pâte est ensuite versée dans des moules où elle sèche pendant 24H. Ils exportent dans toute la moitié sud de la Colombie.
Dernier arrêt pour une autre cascade de 200M. Les lieux ressemblent à un parc d'attraction avec différentes activités: tyrolienne, via ferrata, balançoire, endroit pour selfies, piscine… Je vais sur le mirador de verre qui surplombe la cascade. La vue est impressionnante.
En rentrant, le pneu arrière crève. Impossible de continuer à rouler. La nuit va bientôt tomber et bien sûr nous n'avons pas de WI-FI... Heureusement, une charmante dame qui rentre chez elle en scooter avec son fils derrière elle, après avoir travaillé au parc de la cascade, nous propose d'appeler le propriétaire de la moto. mais elle n'a plus de batterie et doit aller un peu plus loin. Elle revient un peu plus tard en nous disant qu'il ne répond pas et qu'elle va aller directement chez lui. Frédéric fait du stop pour moi et je rentre en moto pendant qu'il attend. Finalement, la dame a appelé un dépanneur (une sorte de tricycle) qui ramène la moto et Frédéric pour 30 000 pesos soit environ 7€50. Le propriétaire est soulagé car il avait eu peur que nous ayons eu un accident. Anecdote: Ici, presque personne ne porte de casque mais cela pose problème avec la police en cas d'accident! Tout est bien qui finit bien grâce à cette charmante dame.
Mais la soirée est endeuillée: nous avions appris en partant de Villa Vieja qu'une des sœurs de Frédéric, atteinte de la maladie de Parkinson avait attrapé le Covid et que cela évoluait mal. Elle est décédée dans la soirée. Nous ne rentrerons cependant pas en France pour les obsèques.
Pour notre dernière matinée dans ce village pour lequel j'ai un véritable coup de cœur, nous allons visiter le site précolombien situé à 3 km. Je déguste un vrai café avec une gaufre de yuca à la mangue, fraises, banane fraîches.
Mais nous ratons la navette. Frédéric fait du stop (je déteste le faire moi-même) et nous sommes rapidement rendus. Ce site est plus étendu que les précédents avec 5 spots différents, d'époques différentes. Je me régale des détails des stèles et des représentations d'animaux. Les serpents et sauriens représentent l'eau, le jaguar la terre, et les oiseaux l'air.
La végétation alentour est exubérante. L'un des sites est une source sacrée, annoncé par une grenouille.
Après un dernier regard aux tombes, nous rentrons.
Difficile de repartir du village qui n'est pas desservi par les grandes lignes. Nous trouvons un minibus qui part 1H00 plus tard pour la ville blanche de Popayan. Vite, un taxi pour aller chercher nos sacs et revenir au bon endroit. Nous avions hésité à aller au "Lourdes" bolivien, dont le site est paraît-il spectaculaire, mais ça rajoute beaucoup de bus et surtout, c'est tout près de l'Equateur. Il risque donc d'y avoir de multiples contrôles sur la route, ce qui signifie un trajet interminable. Beaux paysages de montagnes vertes avec de profondes vallées. Nous arrivons de nuit à Popayan. Le chauffeur accepte de nous déposer tout près de notre hôtel. Des passagers nous demandent si nous voulons vraiment descendre là car le quartier sur notre gauche est "muy peligroso" (très dangereux). Heureusement, nous allons sur notre droite. Nous arrivons devant une porte fermée avec un code. Personne ne répond à la sonnette. Au bout d'un moment, un monsieur nous demande d'aller voir à la boutique en face. La dame est plus ou moins courant et nous ouvre. En fait, il s'agit d'une sorte de AIRBNB mais la propriétaire ne nous a envoyé les modalités d'entrée que dans la matinée et nous n'avions pas de WI-FI. Nous avons libre accès à la machine à laver et en profitons aussitôt.
Nous ressortons dîner mais la ville est déserte à 7H du soir, tous les commerces sont fermés. Heureusement, il y a un peu plus d'animation sur la place centrale, encore décorée pour Noël. Dîner de brochettes et de maïs grillé. Frédéric a le ventre en vrac, probablement plus pour des raisons psychologiques que dues à la nourriture. Nous marchons un peu au hasard dans les rues joliment éclairées. Au bout de l'une d'elles, deux messieurs nous disent qu'il ne faut pas continuer par là, que c'est "muy peligroso". Décidément! On commence à se demander pourquoi on est venus dans cette ville!
Après une bonne nuit, nous repartons nous promener dans "la ville blanche". Elle est surtout célèbre pour ses processions de la semaine sainte. Ce matin, tout est ouvert, les rues sont animées, il y a des vendeurs de rue partout. Rien à voir avec la veille au soir. Le centre ville est vraiment beau.
Petit-déjeuner au marché: tamales avec haricots rouges, riz et viande avec un café. Les employés municipaux sont en train de démonter les décorations de Noël. Dommage! Nous visitons l'hôtel de ville, remarquable par ses nombreux patios.
Puis nous entrons dans la cathédrale, que nous apprécions surtout pour son incroyable crèche.
D'innombrables pigeons sont perchés sur le campanile.
Pause dans un café pour boire un granité au café pour moi et un jus de mûre pour Frédéric.
Petit passage chez l'esthéticienne pour me faire épiler les jambes. Nous allons voir l'alliance française dont la responsable est intarissable sur sa région.
Excellent déjeuner de porc grillé avec banane, riz, haricots rouges et avocat.
Puis repos dans notre chambre. Nous commençons à planifier la suite du voyage. Difficile de faire des choix! 2 mois c'est beaucoup, mais il y a tant à voir en Colombie et les trajets sont très longs.
Il se met à pleuvoir violemment. Dés que ça se calme, je pars voir le coucher de soleil du haut d'une…
Le site My Atlas s'est mis en maintenance alors que j'étais au beau milieu d'une phrase. Reprenons:
Dés que ça se calme, je pars voir le coucher de soleil du haut d'une pyramide artificielle érigée par les précolombiens. Je ne me fais pas trop mouiller car les maisons ont des toits qui dépassent sur la rue.
La montée est raide. J'arrive juste à temps pour voir un soleil orange dans la brume. La lumière est fantasmagorique.
Je redescends, passe devant une église encore décorée pour Noël et rejoins la grand place où tout un groupe danse sous la houlette d'une professeure. Je les regarde un bon moment puis vais chercher Frédéric pour que nous allions dîner. Après le festin de midi, nous nous contentons de brochettes, arepas et mangue effilée au citron et au sel. Nous regardons à nouveau les danseurs qui ont encore plein d'énergie. La place est moins jolie sans ses décorations.
Aujourd'hui, nous avons deux changements pour atteindre notre destination, Filandia, un petit village dans la région du café.
A peine descendus du taxi, un jeune homme se précipite pour nous proposer un départ immédiat pour la ville intermédiaire, Cali, où nous ne souhaitons pas séjourner (elle est célèbre pour ses cours de salsa mais ça ne tente pas Frédéric). Cet ayudante plein d'énergie porte nos sacs jusqu'au véhicule. Ce premier minibus s'arrête fréquemment pour prendre des gens. Le jeune court pour ne pas rater un passager éventuel. L'ambiance est sympathique, on est vraiment dans la vie des Colombiens. Nous copions nos voisins en achetant de l'Arequipe (nom local de la confiture de lait) dans une ville manifestement célèbre pour ça.
A Cali, grande ville moderne, nous achetons rapidement un en-cas de viande et pommes de terre. La viande s'avère être du poumon grillé et épicé, caoutchouteux à souhait et au goût d'abat prononcé. Même moi je n'arrive pas à finir (pourtant je mange à peu près de tout). Nous déposons le reste sur un muret et il est aussitôt repris par un mendiant.
Deuxième partie de trajet sans intérêt. Le chauffeur n'est ni loquace ni souriant mais il conduit très bien. Nous longeons une plaine couverte d'immenses plantations de canne à sucre. Nous arrivons à une ville de taille moyenne, typique des villes sud-américaines, Arménia. Nous avons aussitôt un départ pour la troisième et dernière partie du trajet. Nous appréhendions un peu ces changements mais tout s'est parfaitement enchaîné. Nous grimpons dans la montagne, la température fraîchit. La forêt prend le dessus, entrecoupée de prés où paissent des vaches qui ne sont plus des zébus mais du même genre que les nôtres.
Nous arrivons à Filandia. Les maisons sont de toutes les couleurs comme à San Augustin, mais la tradition en est plus ancienne. Nous trouvons rapidement l'adresse de notre hôtel mais il n'y a personne. Une jeune femme un peu excitée propose de nous aider mais elle n'a pas de téléphone, nous parle de son oncle qui habite là, bref, est un peu surexcitée et inefficace. En fait, la posada est deux maisons plus loin, il y avait une erreur sur booking. Elle s'appelle le mirador et offre une vue splendide sur la vallée. Notre hôte nous accueille avec un bon café. Il a un écran géant dans son séjour où passent des enregistrements de concerts. Frédéric et lui partagent leur engouement pour ACDC.
Mais à 4H00 du matin, alors qu'il discute avec des amis, toujours en musique, Frédéric lui demande de baisser le son pour qu'on puisse dormir… Outre ses jolis maisons, Filandia est réputée pour sa proximité avec la réserve Barbas-Brenden où l'on peut voir des singes hurleurs. Nous partons avec un guide et après un court trajet en jeep, commençons notre marche dans les pâturages puis dans une forêt tropicale humide à la végétation dense. Nous apercevons une pava de Cauca, grande gallinacée endémique. Les bambous sont gigantesques. Il ne faut surtout pas toucher les jeunes pousses dont les feuilles protectrices sont urticantes. De même, il ne faut pas s'écarter du chemin ca des tiges de bambous ont des épines capables de transpercer les chaussures de marche et dont la piqûre provoque de violentes douleurs de toute la jambe 2H après.
Les lianes qui tombent des arbres sont utilisées par les villageois pour faire de la vannerie. Certains arbres abritent une flore incroyable.
Nous arrivons à une cascade sans que les singes se soient manifestés. Ils sont sensés traverser la vallée à cette heure matinale mais dorment encore... Petite douche sous la cascade. Je crois que je vais finir par me transformer en ondine! Alors que nous commençons la remontée, un grondement rauque suivi d'aboiements assez semblables à ceux des gorilles se font entendre. L'expérience, impressionnante, est surtout auditive car nous ne distinguons que des taches oranges dans les arbres, même avec les jumelles. Ils apprécient les fruits d'arbres aux feuilles blanches. Ces feuilles sont riches en calcium. les indigènes les a cuire pour récupérer le carbonate de calcium qui servait d'excipient aux feuilles de coca (comme la chaux à l'heure actuelle).
on les voit mieux sur les fresques ...Nous nous contenterons des oiseaux. Nous retrouvons le terno, qui porte un autre nom ici.
Retour à Filandia. Visite du "musée": collection improbable d'objets en tous genres de valeurs diverses par un Américain qui répète ans arrêt que ls gens et ses parents disent qu'il est fou. il doit avoir les lobes frontaux assez atrophiés. Mais il y a quelques poteries précolombiennes intéressantes et des tableaux à notre goût, en particulier un très beau "nu" de dos. Promenade dans la ville, glace sur la place centrale où trône l'inévitable statue de Bolivar, le Libérateur. Je goûte une autre sorte de chicha qui mousse beaucoup, nous dégustons de la noix de coco confite au sucre de cane puis allons manger une "bandeja paisa". C'est un plat traditionnel qui comporte théoriquement cinq viandes (saucisse, travers de porc dans le cas présent) et cinq légumes (arepa de maïs, avocat, riz, haricots rouges pour nous). Ce plat était emporté aux champs par les paysans. Il leur servait pour les trois repas de la journée. Le tout arrosé de citronnade au sucre de canne. On n'est pas à jeun après!
Retour à l'auberge en passant voir notre voisin qui est vannier.
Je repars voir le point de vue du mirador d'aspect futuriste mais me fait prendre par une violente averse. De plus l'entrée est payante et je n'ai pas pris d'argent. Je rentre trempée et bredouille!
Je voulais faire une balade à cheval mais cela ne s'est pas avéré possible. Nous partons donc en randonnée pour notre dernier jour dans ce village. Nous descendons jusqu'à la rivière. Ici, les gorges sont profondes!
En chemin, nous revoyons les bananes roses qui m'avaient plu en Equateur. Elles ne se mangent pas.
Pour remonter, nous sommes pris en stop à l'arrière d'un pick-up qui transporte trois gros cochons roses. Nous nous agrippons à la barrière. Je me crois dans une épreuve de Koh Lanta. Je sens un groin curieux explorer mon pantalon. Frédéric et moi pesons à peine plus qu'un demi cochon à nous deux. Ça nous évite une sacrée montée. Arrivés en haut, nous reprenons et observons la vie des villages. Des fermiers vaccinent une vache avec difficulté, un monsieur est suivi par un cochon noir qui s'est échappé (nous verrons par la suite son propriétaire qui le cherche)… Frédéric sauve un énorme scarabée. Alors qu'il n'y a quasiment que de petite motos ici, je vois avec stupéfaction MA moto, une gladius, déjà rare en France!
Pause bière et granadilla (meilleur que le fruit de la passion). Un panneau interdit les mineurs (je trouve l'image amusante) , les armes à feu et la consommation de drogue. Nous de poursuivons jusqu'à une autre entrée de la réserve Barbas Brenen. La veille, nous avions cherché les singes tôt le matin, seuls avec le guide et ne les avions pas vus car ils dormaient. Aujourd'hui, les Colombiens veulent les voir en mettant de la musique sur leur téléphone et en amenant leur chien… Aucune chance de les voir! Mais la balade est jolie dans cette forêt dense. De nouveau descente jusqu'à la rivière, baignade et remontée.
Bandeja Paisa simplifiée pour le déjeuner tardif. Un chat audacieux veut absolument partager avec moi et me pousse sans arrêt du museau. Son copain chien mange même les haricots, que je donne plus volontiers que mes travers de porc.
Nous pensions pouvoir rentrer en stop mais ça s'avère plus difficile que prévu. Nous marchons longtemps sur une piste. Un monsieur finit par nous prendre et nous dépose au bord de la grande route. Là le stop ne marche pas du tout mais il finit par passer un minibus pour notre destination. Ouf! A Filandia, il y a un monde incroyable. Les habitants des villes voisines viennent y passer le dimanche. Embouteillage monstre de minibus et cars de tourisme dans les petites rues. Heureusement que nous n'avons pas passé la journée là!
Avant que nous ne partions, notre hôte m'offre un paquet de très bon café, normalement réservé à l'exportation. Il a une entente avec un producteur local.
Nous prenons un Willis (sorte de pick-up 4X4 bâché) pour le village de Salento, réputé plus touristique. Notre hôtel est une maison musée avec une collection vintage de vinyles, téléphones, vélos et toutes sortes d'objets.
notre hôtel et les Willis Une vieille dame charmante nous accueille. La chambre n'a pas de fenêtre sur l'extérieur et est un peu étouffante alors qu'il fait bon dehors. Nous allons nous promener dans le village, un peu moins décoré que Filandia mais joli aussi. Première étape, réserver un trek dans le parc national de Los Nevados. Puis, réservation d'une descente en VTT. Un homme nettoie la gouttière d'un maison (à 1 étage) sans aucune protection.
Après cette journée de repos, nous partons pour faire du VTT de descente. C'est la première fois pour moi et je suis un peu stressée. Les vélos sont chargés sur les 4X4. Nous montons par une piste caillouteuse jusqu'à 3 378 m d'altitude. Il n'a pas plu depuis plusieurs jours et nous "bouffons" de la poussière. Frédéric joue à l'homme invisible derrière son Buff remonté au-dessus des yeux. Nous sommes avec 3 Belges très sympas.
Vues magnifiques sur la vallée de la Carbonera, sauvage, où poussent les fameux palmiers à cire.
Ces palmiers ne poussent que dans certaines vallées de la Cordillera centrale en Colombie. Ils peuvent faire jusqu'à 60m de haut, vivent jusqu'à 180 ans et ne poussent que d'un centimètre par an. Leurs fruits ont besoin de l'ombre d'autres arbres pour pousser. Ils disparaissent donc dans les zones d'élevage, d'autant que les vaches apprécient ces fruits. Il s'ensuit l'habituel problème entre parc national et intérêt des éleveurs… Leur coupe est interdite, passible de prison. Autrefois, on utilisait leur bois pour la construction et leur cire pour les chandelles (en particulier les cierges) et le calfeutrage des bateaux. dans les temps plus anciens, elle était utilisée pour les moules à la cire perdue des objets en or précolombiens. Première descente en VTT dans cette vallée. Nous sommes équipés de casques.
Frédéric fonce devant alors que je descends prudemment. Je prends mes marques petit à petit. L'une d'entre nous dérape dans le sable. Elle se fait un peu mal au coude mais s'est surtout fait peur et ne veut plus continuer.
Déjeuner au bord d'une rivière. Nous nous trempons les chaussures en traversant. Nous remontons en jeep jusqu'au col puis redescendons en vélo jusqu'à Salento à 1 960 m d'altitude. 1 400 m de dénivelé en 20 km.
Frédéric teste un niveau "expert" sur une une petite descente dans un un sentier raviné. Il se tord un pouce mais sans trop de gravité. Je reste sagement sur la piste pour 4X4 et prend confiance. Je me suis vraiment plaisir. J'aurais dû connaître ce sport plus tôt! Je crois que j'aurais vraiment aimé. Nous fêtons cette belle journée par une bière tous ensemble. Nous sommes crampis de partout mais heureux.
Il nous reste deux jours à passer à Salento avant le départ du trek.
Je suis exaspérée par le site My Atlas qui se met en maintenance tous les soirs à 21H pour nous. Ce n'est vraiment pas pratique pour écrire le blog! J'espère que vous n'avez pas raté la photo de nous en VTTistes!
Nous allons faire la boucle de la vallée de Cocora. 30 min de Willis sur une assez bonne route et la marche commence. En voulant éviter le barnum des miradors pour Selfies, nous nous trompons de chemin 2 fois. La 2° fois, une guide nous remet dans la bonne direction après 1H de montée… Nous passons plusieurs ponts de singes.
La végétation m'impressionne toujours autant. Les jeunes palmiers ont déjà de très grandes palmes. D'autres arbres sont très hauts. Nous apercevons une autre sorte de pava (gallinacée sauvage). La montée est rude. Arrivés sur la crête, nous voici dans les nuages. Un pic se détache au bout d'un moment. Le mouvement des nuages est élégant et fascinant.
Petite pause dans une Finca très fleurie avec un jardin en pente raide. Pique-nique de pâte de goyave et Dulce de leche. Nous voulons aller voir la réserve des colibris mais un guide (ou quelqu'un que nous croyons être un guide)nous dit que ce n'est pas la direction de la casa des Colibris qui ne mène qu'au parc national Los Nevados. Ne voulant pas refaire la même erreur que le matin, je préfère l'écouter. Résultat, nous ratons les colibris. Nous longeons une rivière avec de jolies vasques. Je finis par vouloir me baigner sous une cascade mais elle est glacée! 3 ploufs me suffiront; renseignements pris, elle était à 13°.
La forêt cède la place aux vergers et nous retrouvons la vallée et ses touristes.
Queue impressionnante mais finalement rapide pour reprendre un Willis pour Salento. Je monte au Mirador voir la vue sur la ville et le coucher de soleil.
Le troisième jour, je pars faire une balade à cheval dans les plantations de café. Ce sont des criollos, petits, capables de monter et descendre des pentes raides dans les cailloux ou la boue tout en trottant. Ils sont incroyables d'agilité et de résistance. Le mien a 6 ans, s'appelle Sombra et est encore un peu nerveux. Nous apprenons à monter à la Colombienne, jambes en avant et étriers longs; pas évident. Je suis avec 3 Néerlandais.
Le propriétaire, Oscar adore ses chevaux. La seule fois où il me fait un reproche, j'avais tiré sur la bouche de mon cheval qui faisait des siennes. La balade dure 3 heures. Nous descendons à travers la forêt jusqu'à la rivière que nous traversons plusieurs fois. les chevaux marchent sur les grosses pierres sans glisser malgré le courant. En remontant, pause dans une finca de café pour déguster un cafe paisana, c'est à dire avec de la panela (pain de canne à sucre). Nous n'avons pas fait d'excursion dans les plantations de café car nous l'avons bien vu en Equateur. L'après-midi, nous nous promenons dans la rue real en regardant les boutiques d'artisanat. C'est la première fois que nous voyons de jolies choses. Beaucoup de textiles viennent manifestement d'Equateur. Je découvre l'obsidienne verte d'une couleur magnifique (ma préférée). Frédéric regarde des parties de billard français.
Pour notre dernier soir, nous sommes gratifiés d'un coucher de soleil fabuleux.
Nous avions mis le réveil à 6H30 mais nous réveillons spontanément un peu avant. Soudain un grondement se fait entendre. Qu'est-ce que ça peut être? Puis la maison se met à osciller. Un tremblement de terre! La sensation est très étrange. Notre hôtesse est très stressée. En 1999, un tremblement de terre (terromoto en Espagnol) a fait 700 morts et détruit le centre la ville voisine. Sur nos smartphones apparaît: alerte sismique, magnitude 5, épicentre à une cinquantaine de kilomètres magnitude 5,6. Ça s'arrête au bout de quelques secondes, sans deuxième secousse. Pas de dégât majeur cette fois-ci.
Nous avons RDV à 7H00 pour le départ du trek. Nous serons divisés en deux groupes de 5 et 6 personnes, chacun accompagné de 2 guides. C'est précieux un touriste! Les nôtres s'appellent Nelson et Maria-Fernanda dite Mafe. Nous marcherons avec un couples Suédo-Thaïlandais (il l'a rencontrée alors qu'il était moniteur de plongée en Thaïlande) et leur ami Vietnamien (qui est chef cuisinier en Suisse). Après avoir laissé nos gros sacs, enveloppé les affaires du trek dans des sacs plastiques au cas probable où il pleuvrait, convaincu Frédéric de prendre son pantalon de pluie, nous reprenons la route de la vallée de Cocora. Cocora était le nom d'une reine indigène. Nous empruntons le même chemin que 2 jours auparavant. Nous avions entendu un grognement semblable au bruit d'un cochon la première fois. D'après notre guide, il s'agissait d'un ours. Première pause près d'un torrent où Nelson filtre de l'eau pour tous. Notre compagnon Vietnamien, victime d'une intoxication alimentaire quelques jours avant, a des crampes terribles. Nous observons un couple de gonoleks à ventre rouge.
La marche se poursuit à travers la forêt. Les palmiers poussent exclusivement entre 2 400m et 2 800 m. A 2 900 m, il n'y en a plus. Nous passons devant une ancienne tombe indigène. Nous ne mourrons pas d'inanition, l'agence nous a prévu un petit sac de barres de céréales ou équivalent pour chaque jour!
En fin d'après-midi, nous atteignons les pâturages. On aperçoit au loin la finca (ferme) où nous allons dormir. Elle s'appelle "La Argentina". Demain, nous passerons par "Buenos Aires" et dormirons à "Berlin"! Nous observons à nouveau le jeu des nuages et entrons dans le brouillard. Des oies gardent les moutons. Elles cancanent quand ils s'approchent des limites du terrain et les ramènent le soir à la finca. Incroyable!
La Finca, à 3 450 m d'altitude, est faite de bois et de tôle. Les mulets sont le mode de transport principal. Le propriétaire change le fer de l'un d'eux. Ici, il faut savoir tout faire.
Le froid tombe. Pas grand chose à faire en attendant le dîner. Nous trimballons inutilement des jeux de cartes depuis le début du voyage mais n'avons pas voulu nous charger pour le trek… Nous bavardons avec deux Allemandes.
Sous nos trois couvertures, nous n'aurons pas froid pendant la nuit. Au réveil, Mafe m'offre un café car Frédéric lui a dit que j'étais non opérationnelle tant que je ne l'avais pas bu. Nous observons la séparation des veaux d'avec leur mère pour la traite.
Nous marchons jusqu'à la finca suivante.
Nous continuons à monter et atteignons le paramo, zone d'altitude humide, et ses fameux frailejones. Ces plantes ne poussent qu'en Colombie, Equateur et Venezuela. Ce nom vient du fait que les conquistadors les ont comparés à des moines. Je n'ai pas la même vision des moines. Ces plantes captent l'humidité des nuages par leurs poils et stockent l'eau dans leur tronc. Elles poussent de 1 à 2,5 cm par an. Leur présence correspond à une altitude très précise, entre 3 900 m et 4 300m.
Notre sommet sera la petite pointe sur la gauche Nous continuons à monter et laissons nos compagnons, plus fatigués que les vieux que nos sommes, à un col pour monter avec Nelson au sommet de notre trek à 4 4 400 m. De là, nous avons une vue à 360° sur les environs. Nous ne verrons pas le volcan Tolima, 5 215 m, qui restera caché dans les nuages. Le guide nous offre une tablette de chocolat au sommet. Agréable surprise!
demain nous longerons le lac qu'on devine au fond sur la photo du milieu en basNous redescendons en admirant la vue sur ce que nous traverserons les prochains jours. Un couples de condors nous survole rapidement. Avec un peu d'habitude, leur vol est bien reconnaissable et on distingue la collerette blanche du mal s'ils sont assez proches.
Le pique-nique (fajitas au guacamole, crème de gouda, tomates, salade) a été préparé par l'autre guide à l'abri du vent. Chaque guide porte 20 kg avec les provisions. Chapeau!
Nous redescendons de l'autre côté du col et passons devant un frailejones gigantesque. Ils disparaissent pour laisser place aux pâturages. En altitude, les vaches ressemblent aux nôtres. Frédéric fait ami-ami avec les animaux de la ferme. mais le guide nous interdit d'approcher le bouc: "no es amigo".
La finca Berlin est du même genre que l'autre mais a l'électricité. Nous jouons au jeu de la grenouille et je trouve 2 jeu de carte complets pour jouer à la crapette. Un des deux est décoré de photographies de Bali! Une Canadienne demande à apprendre les règles.
Il fait très froid après le coucher du soleil et je ressors la doudoune! Nous sommes à 3 700 m d'altitude. Cette fois, nous avons 4 couvertures. Les chiens aboient mais nous dormons bien. La propriétaire de la finca se lève à 3H30 pour nous préparer les pique-nique. Frédéric, réveillé tôt, l'aide à les mettre en boîte (poulet effiloché, mélange de légumes, riz et manioc frit).Nous descendons dans la vallée suivante. le petit lac est à sec en cette saison. J'ai vu des photos où des mares émaillaient les lieux de leur bleu brillant. Mais nous avons de la chance, il n'a pas plu les deux jours précédents. pourvu que ça dure car il paraît que la température baisse vertigineusement dans ce cas.
Mafe et Nelson Nous remontons de l'autre côté en traversant un bois de polylépis, appelés ici "siete cueros" (littéralement les 7 cuirs). Quelques lupins bleus nous rappellent 'Equateur. Nous longeons un lac à sec (appelé "mosquitos"...). Une algue donne une couleur orange à l'eau du rio.
Nous retrouvons les frailejones, cette fois accompagnés de petits conifères aux allures de bonsaïs. Nous découvrons entre les nuages les monts santa Rosa , santa Isabel et le paramillo del Quindio (4 750 m) remarquable par sa pyramide de sable. Un paramillo est une montagne dont le glacier sommital a fondu.
Pique-nique à 4 100m avec vue sur le lac del Otun, le plus grand lac glaciaire de ce parc national. Nous avons une vue circulaire sur les alentours.
Dernière montée à un point de vue. Photos de groupe.
De là, nous redescendons par une piste jusqu'à 3 900m où nous retrouvons des 4X4 pour nous amener à Manizales, la ville de ce côté du parc. J'en profite pour bavarder avec Mafe. Elle 3' ans (Nelson 44 et moi 54, c'est drôle). Elle a vécu une partie de son adolescence en Angleterre et parle parfaitement Anglais. Elle a fait des études d'agronomie et de protection de l'environnement et prépare son diplôme de guide. Nelson, lui, est plus discret mais connaît parfaitement les montagnes, la flore et la faune du coin. Il ne parle qu'Espagnol ce qui l'a un peu isolé du groupe. Il m'a attendu patiemment pendant que je prenais les photos.2H30 de piste nous attendent, avec un dénivelé de 1 700 m! Belle vue sur le volcan del Ruiz et une grande cascade. Frédéric est un peu écrasé à l'arrière de la jeep. Les gorges succèdent les unes aux autres. Courte averse sur la route. Nous avons eu de la chance d'échapper à la pluie durant le trek!
Arrêt en cours de route pour dîner d'un délicieuse truite dans un restaurant bien-nommé "le coucher de soleil". En effet, la nature nous gratifie une fois encore d'un splendide coucher de soleil. La partie la plus basse qui émerge des nuages est rouge vif. malheureusement, j'ai rangé mon appareil dans mon sac à dos qui est sous une bâche sur la galerie de la voiture...L'arrivée à Manizales est rude: retour à la civilisation avec embouteillages et vapeurs de pots d'échappement.
Notre hôtel est à 2 pas du terminal de bus car nous ne voulons pas nous attarder dans cette ville. la chambre est confortable (eau chaude, pas trop de bruit mais fait 8M2.Le lendemain, Je vais prendre mon petit-déjeuner au café du coin pendant que Frédéric fait son sac et vice-versa. Manizales, entourée de montagnes escarpées, est desservie par des télécabines.
Nous arrivons comme des fleurs 3/4 d'heures avant le départ du bus mais il est déjà plein. Nous nous rabattons sur un minibus 30 min plus tard. le responsable nous fait une fleur car nos sacs sont théoriquement trop gros et d'autres compagnies les ont refusé. Ouf! Le minibus est flambant neuf et confortable. Le chauffeur est un peu gonflé pour les dépassements mais bon...Nous montons et descendons de vallée en vallée. Apercevons un volcan au cône parfait. A l'arrêt déjeuner, nous consommons un peu des barres énergétiques qui nous restent. et tout va mieux.
Arrivée à Medellin (prononcer "Médédjin") quasiment dans les temps. Nous prenons un taxi mais celui-ci ne sait ni lire ni écouter son GPS. il tourne en rond, demande le chemin à Frédéric qui s'énerve, conduit comme un pied et finit par nous avouer qu'il est nouveau à Medellin. A partir de là, Frédéric se calme, le guide comme un nouveau conducteur. Nous avons réservé dans une auberge de jeunesse située dans un quartier plein de restaurants, cafés, casinos… Ça sent le shit à plein nez! Présentation du passeport, et non de sa photo, obligatoire pour la première fois. Une grande fresque orne l'escalier et le toit terrasse offre une belle vue compensant l'absence de fenêtre de la chambre. Notre chambre a deux lits superposés. Ça nous rappelle nos premières vacances ensemble à l'UCPA§
Nous allons faire un tour de quartier, dégustons des pains de yuca (petit clin d'œil à l'Equateur), cherchons une Lavanderia... Bref, on prend nos marques. Bonne soirée au casino où des illustration sur Zoro, la jolie blonde niaise, la jolie brune piquante et les coups de fouet nous font bien rire; On ne perd que 25 centimes. Très raisonnable! La nuit est moins bonne car le ventilateur fait trop de bruit à mon goût, la chambre ne se rafraichit pas à la tombée de la nuit et surtout nous sommes à côté de la réception avec du bruit toute la nui. En Colombie, les porte restent barricadées et les réceptionnistes doivent sans arrêt ouvrir et fermer. Plus la musique des bars voisins, plus les conversations ou jeux au téléphone...
Nous commençons notre visite de la ville par un food tour. Rendez-vous à down town . Nous prenons le métro (on va devenir des pro des différentes grandes villes d'Amérique du sud!) et débarquons au milieu d'un grouillement de gens et petits métiers. Ici on peut tout acheter!
Nous sommes avec un couple de Français et famille de république Dominicaine. Dégustation de deux types d'arepas. Nous n'avions pas encore goûté à celles au chocolo, maïs légèrement sucré avec du fromage frais. Bien, meilleures que es galettes blanches et sèches. Jus de canne à sucre, bunuelos (beignets fourrés au fromage, à la pâte de goyave ou au dulce de leche (servis traditionnellement à Pâques), jus de mangue et fruits de la passion, autre beignets au fromage...
Pause historique sur la place de la cathédrale. Il n'y pas de monuments coloniaux à Medellin car ce n'était pas la capitale régionale au temps des Espagnols.
Puis dégustation de fruits au marché (nous commençons à en connaître beaucoup), passage chez l'herboriste qui a un huile miracle à la menthe, eucalyptus, romarin. Dégustation de vrai café, guimauve faite à base de collagène et de sirop de panela brassée à la main (comme si on faisait des écheveaux), meilleur que ce que l'on anticipait puis empanadas délicieusement croquantes pour finir.
Nous allons ensuite payer notre excursion du lendemain (comme souvent, si on paye par carte ça coûte 5% de plus). Nous allons dans le quartier de Poblado. Celui où nous logeons, a été le premier où la bourgeoisie s'est installée mais il est devenu trop peuplé et les classes supérieures sont parties à Poblado. C'est aussi le quartier des noctambules. Les fresques sont de goûts différents.
Dîner léger après ça dans un excellent restaurant végétarien. Ce n'est pas trop mon domaine de prédilection habituellement, mais là c'était vraiment bon et original, pas de faux steaks bien gras au soja...
Journée rafting le lendemain. Nous faisons deux heures de route en traversant la montagne par le tunnel santa Elena, long de 8,2 km. Medellin est cerné de montagnes. Nous nous retrouvons dans les nuages. Le soleil se lève. Nous arrivons au lieu de RDV , prenons un copieux petit-déjeuner et prenons les 4X4 pour arriver à la rivière. Un accident entre deux camions (sans dégât corporel heureusement) nous bloque un bon moment. Nous descendons à pied un chemin escarpé et longeons la rivière pendant que les guident passent 3 rapides trop compliqués pour nous. Nous commençons par un saut de 6 m et la traversé de la rivière malgré le courant. Je crois qu'ils testent un peu notre comportement dans l'eau. Nous allons voir une petite cascade puis commençons le rafting après un bon briefing.
Nous passons plusieurs rapides. L'eau est du même vert que les obsidiennes, grâce au reflet des arbres et à une algue. De grands arbres la bordent. Il y a des singes, des toucans et toutes sortes d'animaux mais comme il fait beau, ils se cachent dans les arbres. On les voit mieux à la saison des pluies. Nous sommes 11 plus les guides, répartis sur deux rafts. l'autre se retourne au premier rapide! Pas si facile que ça... Un guide en kayak est prêt à récupérer ceux qui paniqueraient en tombant à l'eau mais il a uniquement servi à tester les rapides pour vérifier qu'on pouvait passer. Le niveau de l'eau change beaucoup les choses d'une fois sur l'autre et il est particulièrement bas cette année. L'eau est raisonnablement froide.
Nous croisons à plusieurs reprises des chercheurs d'or qui tamisent le gravier du fond de la rivière. On rit de confondre des paillettes de mica avec des pépites d'or (qui, plus lourdes, ne sont pas à la surface).
Pique nique au confluent du rio verde (le bien-nommé) et d'un autre. Nous assistons à un ballet d'oiseaux ressemblant à de très grosses hirondelles qui effleurent l'eau à la recherche de poissons. Déjeuner de tamales au poulet (riz, haricots, poulet cuits dans une feuille de bananier). Halte au niveau d'une cascade avec une vasque parfaite au pied de la chute. Le fondateur de l'agence est Français. Il a découvert ces lieux à la fin de la guérilla et s'est battu avec les locaux, contre un projet de barrage. Le rio verde est la dernière rivière libre de la région. Son entreprise fait vivre beaucoup de monde: guides, bien sûr, mais aussi chauffeurs, cuisinières... Notre guide, Jonathan, a de faux airs de d'Antonio Bandera mais en plus jeune et avec des yeux clairs... Il nous raconte que quand il était enfant, cette rivière les terrorisait car elle était la frontière entre les FARC et les forces gouvernementales. Elle charriait régulièrement des cadavres! Il ajoute avec humour: maintenant, c'est mon bureau (avec un large geste du bras), et c'est magnifique.
Fin de cette belle journée avec retour dans la nuit.
Malheureusement, elle est quelque peu gâchée par le fait que le portable de Frédéric est resté dans le taxi du matin. le chauffeur prétend ne l'avoir pas vu, dit que c'est le client suivant qui l'a pris, mais refuse de nous donner son contact malgré la promesse de récompense. Par la suite, son numéro ne sera plus attribué et la plateforme de VTC ne pourra rien faire. La tuile! Dîner de plats typiques: Mondombo et sancocho.
25 janvier.
Nous sommes quelque peu moulus suite à la journée de rafting. Nous allons visiter la comuna 13, ancien repaire de Pablo Escobar, qui s'est refait une image. Au passage, nous profitons de la vue par un aller-retour en télécabine sur un autre quartier. Medellin est un peu comme la Paz, cernée de montagnes, avec les quartiers pauvres desservis par des téléphériques qui ont permis de les désenclaver.
Nous galérons un peu pour trouver les escaliers mécaniques qui mènent traversent la comuna. On a fait une erreur en ne prenant pas de guide car nous passons complètement à côté de cette visite: on en voit que le côté barnum, les miradors, les boutiques de souvenirs, les hordes de touristes.
Nous déambulons dans les ruelles, y compris hors des circuits classiques. On s'essouffle vite car la ville, cernée de montagnes, est très polluée (un peu comme Grenoble...).
A la sortie, une frise de singes décrit différents états de la société. Dans toute la ville, les plus pauvres trient les poubelles, récupérant les bouteilles en plastique, les cartons et les cannettes en métal.
En cherchant le métro, nous passons devant un cimetière et le mur des assassinés/disparus dans les années violentes.
Nous changeons de chambre pour une à l'autre bout de l'auberge, plus silencieuse, et avec un lit double.
Dîner dans un café en terrasse pour voir le match de la finale de coupe de Colombie, Bogota contre Baranquilla. Même si on est à Medellin, l'ambiance est chaude. On prend une bière et des salchipapas (frites, saucisses, bacon avec ketchup et mayonnaise). Pour ceux qui me connaissent, si ça c'est pas de l'immersion!
Pour notre dernier jour à Medellin, nous faisons un "bike-tour". Le guide ose nous parler de ce qui ne se dit pas: la paix est relative et très fragile, la police pas toujours "clean"... Nous sommes accompagnés par un guide stagiaire, étudiant en politique, passionné par sa ville et l'histoire de la Colombie. On l'écouterait pendant des heures. on roule en musique. le guide m'a demandé ce que j'aimais. j'ai dit, un peu de tout sauf le regaton. Erreur! Le regaton est né à Medellin… La ville est dotée de nombreuses pistes cyclables bien individualisées. Nous commençons par monter sur une colline au centre de la ville. Beau point de vue. Au sommet, sorte de musée du village construit avec des éléments récupérés dans un village englouti par les eaux suite à la construction d'un barrage. Une statue représente le chef indigène qui a chèrement défendu les lieux. la colline porte son nom.
Le guide nous traduit les expressions inscrites sur les T-shirts souvenirs. J'ai retenu "tchevere", qu'on met à toutes les sauces mais qu'il ne faut pas dire devant n'importe qui (un peu l'équivalent de "putain!" chez nous). Je n'ai pas parlé de l'expression qu'on entend le plus en Colombie: "a la orden" que disent tous les commerçants, soit pour vous alpaguer, soit quand vous les remerciez de vous avoir servi. je n'ai pas trouvé de meilleure traduction que "à votre service". Pause arepas (galettes de maïs) au fromage ou à l'avocat et bière sur une esplanade arborée construite le long du rio Medellin. Le lieu est très plaisant. Les décorations de Noël au-dessus du cours d'eau sont en train d'être démontées. Ça devait être joli.
Passage sur la place du gouvernement avec une grande statue de Betancourt (rien à voir avec le président ni Ingrid la célèbre otage). A côté des monuments officiels se trouve l'ancienne gare. Il n'y a plus de trains actuellement.
L'ancienne place du marché, mal famée, a été remplacée par une bambouseraie avec de hautes colonnes lumineuses. Difficile de circuler à vélo dans down-town.
Arrêt sur la place Botero où sont exposées de nombreuses statues de l'artiste. Si les seins d'une femme sont dorés à force d'être caressés pour augmenter ses chances d'avoir un enfant, le sexe d'un homme l'est pour augmenter les chances des prostituées du quartier voisin d'avoir des clients!
Frédéric éprouve-t-il un plaisir sensuel ou s'est-il brûlé la main sur le bronze en plein soleil? Retour par l'impressionnant complexe sportif où l'on peut pratiquer quasiment tous les sports. Le toit des gymnases, en forme de vagues vertes, est sensé évoquer les montagnes colombiennes.
L'expérience a été aussi agréable qu'instructive. Pour finir la journée, nous reprenons le métro et un téléphérique pour aller voir le coucher du soleil du haut du mont Santo Domingo. mais la queue au télécabine, à l'heure où les gens rentrent chez eux nous fait arriver à mi-chemin à la nuit tombée et le deuxième télécabine pour arriver au somme est fermé. Nous descendons dans un quartier grouillant de vie. En prenant un bière avec vue panoramique sur la ville, nous assistons à une démonstration de différentes danses latino par d'autres consommateurs venus là juste pour le plaisir. Bien mieux qu'un coucher de soleil! On peut se promener de nuit à Medellin sans plus de risque que dans n'importe quelle grande ville. Dîner dans un restaurant mexicain indiqué sur un blog mais qu'on a bien du mal à trouver. Heureusement, ça valait le coup avec une viande au chocolat.
Pour limiter les transports, nous décidons finalement de ne pas aller à Jardin et Jerico, villages réputés l'un pour ses activités de plein air, l'autre pour ses jolies maisons. Nous prenons une excursion pour Guatape et le Penon du même nom, grand monolithe de granit. Cette excursion aura surtout un intérêt ethnologique: bus de 40 personnes avec des touristes, Colombiens, Péruviens, Equatoriens, de Saint Domingue, Brésiliens, Américains et les deux Français que nous sommes. Premier arrêt: boutique de souvenirs et ferme de lamas, alpagas et chèvres à qui on peut donner des carottes. Super!
Nous rejoignons le lac de barrage artificiel évoqué lors du Bike-tour. Le nouveau village de Penol, reconstruit plus haut est d'une laideur exemplaire. Nous embarquons pour un tour sur ledit lac. Une croix dans l'eau marque l'emplacement de l'ancienne église, seul bâtiment non détruit par les bulldozers. La musique est mise plein pot. La guide avait prévenu: "c'est notre culture". Des gens dansent sur le bateau voisin en attendant le départ.
Le lac est bordé de villas de luxe que peu de Colombiens peuvent s'offrir. On nous montre la villa en ruine de Pablo escobar, où ironie de l'histoire,, on fait du paint ball maintenant. Moins glauque, on peut admirer celles flambant neuves de deux joueurs de foot. Les berges sont rongées par l'érosion. Un chanteur improvise en fonction des nationalités des passagers, avec humour semble-t-il mais on ne comprend pas tout. On aperçoit au loin le monolithe du penon de Guatapé. Il y a aussi quelques pêcheurs.
Montée à un point de vue avec une reconstitution de la place du village englouti et de multiples boutiques de souvenirs.
Visite du village Guatape, réputé pour être un des plus beaux villages de Colombie mais très touristique. Décevant après la région du café ou San Agustin. Les bas des maisons sont ornés de fresques en relief décrivant le métier du propriétaire. Les natifs du village ne peuvent plus y habiter: trop cher, disparition des boutiques de première nécessité.
Visite d'une exposition de peintures. Comme partout en Colombie, les motos de 150 cc3 sont omniprésentes.
Pour finir, nous montons au Penon de Guatape, impressionnant monolithe de granit. Après avoir gravi 659 marches, nous avons une vue magnifique sur le lac de barrage et ses multiples îles. On ne voit pas le barrage qui est à l'opposé.
Le ciel se couvre. Un nuage évoque le pain de sucre dans le ciel. L'escalier est à double vis: une pour la montée, une pour la descente, bâties dans une cheminée naturelle. Des plantes profitent de chaque anfractuosité pour pousser.
Retour à Medellin. Nous enchaînons directement sur un bus de nuit pour Cartagène des Indes sur la côte Caraïbe. Coup de chance, nous arrivons au terminal juste avant le départ d'un bus et il y a de la place; Le bus est confortable, mais pas de cama ni même semi-cama ici. Petit-déjeuner dans le bus avec une arepa fourrée d'un oeuf. Après 13H00 de voyage, nous arrivons. Je croyais que ce serait plus long et m'étais rendormie. Le terminal est excentré. Nous prenons un taxi et traversons de vastes espaces avec des immeubles en construction au milieu de nulle part et des panneaux publicitaires vantant une vie de rêve. Un faux château fort et un un hôtel à la déco égypto-mille et une nuits hyperkitch sont des motels pour amoureux. Il est indiqué que le parking pour moto ou taxi coûte 30 000 pesos les 3H00 (7€50).
Notre hôtel est dans le centre historique. Nous avons une chambre de 30M2 avec un lit double et 2X3 lits superposés (la hauteur de plafond est impressionnante). Le mode dortoir ne doit plus faire recette.
Cartagena a un peu le même plan que Sao Luis au Brésil: une ville coloniale sur une presqu'île et des quartiers modernes avec des gratte-ciel tout autour. J'ai lu des avis très différents sur cette ville: magnifique, trop touristique, trop de vendeurs de rues… Moi je l'ai trouvée merveilleuse. Bien sûr, les bateaux de croisière déverse leurs groupes d'Américains du 3eme âge, bien sûr, on nous propose sans arrêt de multiples colifichets… Mais c'est le jeu dans un lieu pareil! Nous déambulons dans les rues aux maisons coloniales à grands balcons, sur les remparts en plein soleil. Les bougainvillées et autres lianes fleuries débordent de partout. Des places ombragées permettent de se reposer.
Petit-déjeuner et déjeuner traditionnels dans un microscopique restaurant. Ici, je ne collectionne pas les photos de fresques de colibris mais celles de heurtoirs.
Visite de bijoutiers qui sont légion ici, port de croisière oblige. Nous sommes au pays des émeraudes!
Une statue de Botero étale ses formes généreuses devant une église. Ici aussi, beaucoup de gens dorment dans la rue.
Nous allons dans le parc del centenario car on peut y voir des paresseux en liberté! Les marchands de glace nous les montrent obligeamment. Il y en a 5 ou 7, je ne sais plus. Une mère a encore son petit à proximité (j'ai vu sur un blog des photos de quand elle le portait contre elle, bébé sur un blog). Bizarrement, ils adorent les arbres pleins d'épines!
Nous observons aussi des iguanes, des singes et des perroquets.
Ainsi qu'un entrainement de roller sur la piste voisine. Nous longeons le port
pour rejoindre le quartier bohême de Getsemani, connu pour ses fresques, ses peintres, ses cocktails bon marché et sa vie nocturne.
Le restaurant que l'on cherchait n'est ouvert que le midi. Retour dans le centre.
Spectacle de danses sur la place des douanes. Dîner brochettes sur la place proche de l'hôtel.
Lundi 29 janvier. Visite du musée de l'inquisition. Belle maison ancienne avec une citerne.
Pas beaucoup d'objets mais des textes très intéressants sur l'inquisition en Amérique latine. Cartagène était le tribunal pour la région et même pour Cuba. On comprend comment l'Espagne a voulu maintenir l'unité par la peur entre des colons Européens, des esclaves Africains et des indigènes Américains considérés comme des êtres inférieurs. Les "maîtres" avaient une peur bleue des pouvoirs occultes de leurs esclaves. Je n'ai pas le courage de lire les textes sur l'histoire des différents peuples indigènes, eux aussi intéressants mais ça faisait beaucoup à traduire. Ce musée est aussi appelé musée de la réconciliation et de la tolérance.
Pause sur la place Bolivar (il y a en a une dans chaque ville Colombienne). On observe le ballet des groupes, vendeurs de souvenirs, vendeurs de café, mamas en costume pour la photo, groupes de danseurs… mais aussi le local qui vient chercher son café, l'échange des journaux du jour, le marchand de souvenirs qui achète de l'eau à son collègue… Je me fais masser les jambes. Que c'est agréable!
ce n'est pas moi sur la photo... Sous les arcades, les photos de toutes les miss Colombie dont 2 miss Univers sont incrustées dans le sol.
Après-midi passée à déambuler à nouveau dans ces rues magnifiques. Frédéric a trop chaud et reste à l'hôtel. Sur la place d'une église, des statues représentent différents métiers ou activités.
Tour des remparts (je supporte mieux le soleil). Je retrouve les frégates et leur vol magnifique avec plaisir. mais ici, il y a aussi des pélicans. En ville, les vautours sont accompagnés (à distance) de corvidés peu farouches.
Je retraverse la ville, pause bière sur la place près de notre hôtel.
Je retrouve Frédéric pour aller déjeuner dans le quartier de Getsemani dans un restaurant appelé Oh la la, tenu par un français excentrique d'un certain âge qui met un point d'honneur à garder un accent français à couper au couteau. Bon poisson à la sauce de maracuja.
Je continue seule ma balade dans Getsemani. Les peintres enchainent les tableaux. De nombreuses maisons sont reprises comme hôtels.
Re petit tour au parc pour voir les paresseux.
Un vendeur de café un tantinet dragueur me guide le long du port. Point de vue sur le fort que je ne visiterai pas faute de temps. Arrêt sur une micro-plage au pied des remparts. Une jeune fille fête ses 15 ans (fête très importante en Amérique latine) sur un trois mâts.
Coucher de soleil sur la vieille et la nouvelle ville. Comme dans toutes les grandes villes, des marchands ambulants vendent des fourmis géantes à manger, sensées être aphrodisiaques…
Retour à Getsemani pour ses bars de rue avec happy hour: 5 € les deux mojitos! Ca ne se refuse pas. Surtout devant une femme au tigre… L'ambiance st très différente de la journée. Il y a un monde fou sur la petite place devant l'église de la trinité. On mange dans la rue. Je prends 3 mini-saucisses dont le goût et la texture s'avèrent indéfinissables. Je me demande bien ce qu'il pouvait y avoir dedans!
Nous ne souhaitons pas faire les excursions très touristiques sur les îles voisines. Nous prenons donc le bus pour San Onofre (pas mal comme prénom) à 2H au sud puis un taxi pour aller à Rincon del mar. Encore un spot Français. Le Routard est dépassé mais les blogs donnent les bons tuyaux avec une sélection de nationalité. Sur la route, nous changeons d'univers: paysage sec, plantations à perte de vue de palmiers à huile, quelques champs de manioc, bananeraies, papayers. dans les jardins, cocotiers et manguiers. Ça nous rappelle Madagascar. D''ailleurs, les zébus sont semblables.
Notre chambre d'hôtes est tenu par une Colombienne qui a passé son enfance à Miami puis épousé un canadien et vit 6 mois par an dans l'Ontario, 6 mois ici. La chambre est minuscule mais c'est pas cher et il y a la clim. On est directement sur la plage.
L'eau n'est pas cristalline mais délicieusement chaude. On se baigne agréablement quand Frédéric est piqué par une méduse. Pas deux ou trois filaments mais un grand placard urticant sur tout le flanc droit. La douleur est intense. Nous profitons malgré tout du coucher de soleil.
Le lendemain, baignade et promenade sur la plage. Excellent déjeuner de poisson sauce coco. Le village n'a que deux rues.
Le soir, les frégates volent en groupe près de la plage. Certaines sont noires avec la tête et la gorge blanche, d'autres sont noires avec un appendice rouge vif sur la gorge qu'ils gonflent parfois.
Les pélicans, eux volent en V, toujours du sud au nord. Ils sont noirs avec une tête noire ou jaune clair. J'imagine qu'ils sont migrateurs.
Nous avons réservé une excursion pour aller voir le plancton luminescent dans la mangrove. Départ incertain jusqu'au dernier moment car le vent est trop fort. Nous finissons par partir, un peu en surnombre car ils ont mal compté les enfants amenés par deux famille françaises en voyage au long cours et la pirogue est petite. La mer est effectivement assez forte. Frédéric et moi, à l'arrière, prenons de pleins paquets d'eau de mer dans la figure (surtout lui à l'aller). Le problème est qu'ils ne nous avaient pas prévenu et que nous avons apporté appareil photo et téléphone (pour les photos de nuit) que nous protégeons comme nous pouvons.
Premier arrêt près d'une petite île où les oiseaux reviennent chaque soir pour nicher avant de repartir le lendemain matin pour se nourrir.
Puis nous atteignons la mangrove, passons un étroit chenal entre les palétuviers et arrivons dans une lagune intérieure. Nous attendons la nuit noire et plongeons dans l'eau incroyablement chaude. Le plancton n'apparaît que lorsque l'on remue l'eau. On s'en donne à cœur joie en brassant, palmant, et éclaboussant.
Retour au village par une mer toujours aussi forte. Le moteur a des ratés et cale souvent.
Nous devions faire une excursion dans les îles voisine le jour suivant mais la mer ne s'est pas calmée et nous ne pouvons partir en mer. Tant pis...Je profite de la plage.
La plage n'étant pas la tasse de thé de Frédéric, nous retournons à Cartagène. De plus notre hôtesse me faisait penser à la reine de cœur dans Alice au pays de merveilles (livre que j'ai détesté enfant): maison de poupée pleine de bibelots enfantins, interdiction de toucher à quoi que ce soit, impossible d'avoir la clé de notre chambre, il fallait passer par son homme à tout faire pour y entrer ou sortir de la maison. Elle l'appelait à n'importe quelle heure (pour un pot tombé à 5H du matin à cause du vent), réveillant tout le monde. Très particulier et étouffant. Cela nous mettait sous tension inutilement.
Nous ne poursuivrons pas sur la côte caraïbe, comme la plupart des voyageurs, mais retournerons dans les montagnes. Nous avons hésité à aller au carnaval de Baranquilla mais redoutons, la foule, les voleurs, les gens alcoolisés, l'attente des cortèges… Finalement, nous n'irons pas.
Nous rappelons le taxi de l'aller pour aller prendre le bus. Beaucoup plus sympa.
A Cartagène, nous avons réservé un Airbnb près du centre: grande chambre aux lumières tamisées et à la décoration moderne, clim parfaite, un bonheur! Nous nous reposons une bonne partie de l'après-midi. Play list you-tube de Marco Antonio Solis, le chanteur de charme Mexicain ou des tubes romantiques anglo-saxons des 70-80-90-ties.
Balade dans la ville.
Nous voulions dîner dans un restaurant situé dans le patio d'une belle demeure mais il fallait réserver pour un vendredi soir alors que ce n'était pas nécessaire le reste de la semaine. Nous allons dans un restaurant péruvien branché manger de délicieux sushis (spécialité péruano-japonaise) et un steak parfaitement cuit au bacon. L'un comme l'autre, nous avons depuis peu un dégoût de tout ce qui est frit, des arepas, et même des patacones (bananes plantain écrasées et frites) que nous aimions beaucoup. C'est bizarre. Cocktail à Getsemani, il ne faut pas perdre les bonnes habitudes!
Nous n'avions pu voir le musée de l'or, fermé le lundi. Nous nous rattrapons cette fois. Ici, pas d'homme chauve-souris mais des hommes langouste!
Loin d'être une pâle réplique de celui de Bogota, il apporte d'autres informations: film sur le flûtes utilisées par les précolombiens, un autre sur la fabrication des fameux chapeaux vendus à tous les coins de rue, faits à partir d'une liane, dans la tradition des indiens Zenu. Film sur les joaillers spécialisés dans les filigranes d'or, tradition elle aussi héritée des Zenu.
Déjeuner de citronnade et d'arepas au fromage sur la place Bolivar. Je suis émue par un père et sa fille indigènes, en robe de coton blanc comme dans les films, qui paraissent perdus et tournent autour du vendeur d'arepas. Des invitées à un mariage posent avec les mamas de Baranquilla.
A Cartagène, on trouve de nombreuses boutiques de créateurs.
A 17H, nous allons prendre le bus pour San Gil, dans la cordillère orientale.
station de bus intra-muros des grandes villes Nuit pas terrible. Nombreux arrêts où le conducteur allume brutalement la lumière. La fin du trajet est superbe: après la ville de Bucamargua, grande et moderne, construite sur une arrête, la route serpente sur une autre arrête qui longe le canyon de Chicamocha, profond de 2000 m. Le paysage est somptueux. Les nuages qui nous enveloppaient au lever du jour se sont dissipés.
Depuis Bucaramanga, la route tournicote et les nombreux enfants présents dans le bus vomissent chacun leur tour. Bonjour le parfum d'ambiance! Mais les parents (seuls ou en couple) sont visiblement habitués et gèrent ça avec le plus grand calme et les sacs et lingettes adéquats!
Nous arrivons à San Gil (1 247 m) vers 10H30. Cette ville est connue comme la capitale des "sports extrêmes". En ce qui nous concerne, il ne faut pas exagérer, mais nous avons bien l'intention de profiter des multiples activités proposées. Nous logeons dans une auberge de jeunesse tenue par un Australien. Elle ne paye pas de mine de l'extérieur mais recèle un joli jardin arboré avec un jacuzzi, des hamacs… Le propriétaire fait agence de tourisme et nous renseigne aussi bien sur les activités gratuites.
Déjeuner dans le parc botanique où poussent de très beaux arbres. Les portions sont énormes. La spécialité d'ici est la chèvre rôtie.
Promenade dans le parc à admirer arbres et oiseaux. Le sand flyes sont aussi de la partie... Un serpent file sur le côté. Mieux vaut ne pas s'éloigne des allées…
San Gil est construite de part et d'autre de la gorge du rio Fonce. Les rues sont incroyablement en pente mais ne font pas peur aux conducteurs de 2 roues! Jolie place centrale arborée avec une cathédrale.
Lundi 2 février. En attendant une météo favorable pour faire un vol biplace au-dessus du canyon, nous allons faire du rafting. Rapides 2-3-4. C'est vraiment une activité sympa! Ici l'eau n'est pas verte mais gris-marron et la végétation très différente de la dernière fois. pas de chercheurs d'or.
Le lendemain, la météo ne se prête toujours pas au parapente. Après avoir patienté une partie de la matinée, nous prenons un minibus pour Barrichara, "le plus beau village de Colombie". Nous arrivons effectivement dans un beau village colonial, désert en ce début de semaine.
Dans l'équivalent de la mairie, Frédéric parvient à obtenir un plan avec les différents lieux à voir. Comme d'habitude, les rues sont en pente. Aux limites du village, la nature reprend ses droits.
Déambulation dans les ruelles joliment fleuries. Passage devant de jolies petites chapelles. Quelques boutiques d'artisanat sont ouvertes. Vues sur l'imposante église. Dire que ce village grouille de touristes Colombiens le week-end!
La pierre locale est un joli grès ocre. Dans le cimetière, les artistes donnent libre cours à leur créativité: images pieuses ou représentation du défunt, le choix est libre. Malheureusement, il est fermé le mardi.
Le soleil se lève peu à peu. Au fond de la vallée, un pont contemporain de l'église enjambe la rivière. C'est la sortie des écoles avec un déferlement d'élèves. C'est assez amusant de voir les adolescentes en sage robe-tablier écossaise flirter et écouter du regueton.
Déjeuner de salade pour moi. Un vrai plaisir! Puis nous empruntons le camino real, chemin précolombien, pour rejoindre le village de Guane. Cinq petits kilomètres mais une sacrée descente pour débuter. Puis le chemin serpente au milieu des pâturages avec vue sur la vallée. L'orage chauffe sur les montagnes en face. Nous avons la chance de voir un . Un groupe de collégiens est en sortie et fait beaucoup de bruit! Avec les zébus, on se croirait en Afrique.
Nous arrivons à Guane. Bière bien méritée dans une épicerie. l'entrée est décorée de curieuses pierres arrondies, parfois rouges. Visite du musée du village où j'apprends que ces pierres sont des fossiles de coraux et de plantes sous-marines. D'énormes ammonites sont exposées ainsi qu'un fossile d'hippocampe d'une quarantaine de centimètres! Une autre salle est consacrée à la culture Guane. Ils ont été massacrés par les Espagnols.
Je goûte la spécialité locale, le sabayon: du lait de chèvre avec de l'aguardiente et soit du café, du whisky, de l'ananas... Je trouve ça moyen. De nombreux petits oiseaux jaunes nichent dans un arbre au milieu des fleurs. C'est ravissant. l'orage se rapproche, le tonnerre gronde et les éclairs zèbrent l'horizon.
Nous retournons à Barrichara en minibus. Le soleil se couche dans un ciel tourmenté.
Deuxième minibus pour retourner à San Gil.
A peine le temps de se doucher que nous ressortons: le patron de l'auberge a organisé une soirée "tejo". Ce jeu traditionnel colombien ressemble un peu à la pétanque. mais les boules sont en pierre et on les lance sur une piste de terre glaise centrée par un anneau métallique où sont posés deux pétards. C'est bien sûr quand un pétard explose qu'on gagne le plus de points. Frédéric et moi jouons de malchance, nous touchons les pétards sans qu'ils explosent! Nous faisons équipe avec un couple canadien de notre âge, un Suisse à la retraite et un jeune Néerlandais. On s'amuse bien!
Mercredi, les conditions sont enfin bonnes pour le parapente! Nous reprenons la route de notre arrivée à San Gil pour atteindre l'aire de décollage, au-dessus du canyon de Chicamoca. Le temps est brumeux. Nous attendons que le vent se lève. Les plus légers partirons les premiers. C'est mon deuxième vol biplace (le premier s'est passé dans les Pyrénées alors que Marianne n'avait pas 1 an!). Frédéric, lui, a fait une semaine de stage avec Vincent à saint Hilaire du Thouvet.
Nous ne survolons pas les mêmes endroits, le vent ayant changé. Je monte à 2 800m et reste longtemps au-dessus du canyon. Frédéric, lui, passe carrément au milieu des nuages et survol l'autre côté du canyon qui fait un coude à cet endroit. Prendre les thermiques avec les vautours, avec pour seul bruit celui du vent est magique. Quant à la vue sur le canyon… on trouve difficilement un plus bel endroit pour voler.
Au retour, nous nous arrêtons au village de Curriti. Après un déjeuner de chèvre rôtie, yuca, bananes, riz, nous allons nous baigner dans des piscines naturelles. Elles sont plusieurs à succéder le long du cours d'eau.
L'une d'elle est assez profonde pour que l'on puisse sauter des rochers. mais nous ne le saurons qu'à notre retour. J'observe des fourmis transporter des feuilles énormes par rapport à leur taille en me chauffant sur les pierres plates. Des jeunes font du tubing (descente de rivière sur des chambres à air).
La Colombie est réputée être un formidable terrain de jeu en milieu naturel. Nous continuons donc à nous amuser à San Gil. Aujourd'hui, balade en moto selon un trajet conseillé par Shaun. Pas facile sans GPS, mais on essaye avec Maps-Me. Cette fois, la moto (toujours une 150 cm3) est en très bon état: freins et pneus au top. Nous portons casques et gants. Ça change! Par contre, les routes sont les mêmes... Pour commencer, avant la prise en mains, descente vertigineuse des hauts de la ville à la grand route, sur des pavés mal équarris! Puis on se trompe dans le sens du trajet et on doit retraverser la ville et ses embouteillages. Une fois partis, on se retrouve assez vite sur des pistes boueuses ou des chemins de pierres (on ne peut plus parler de pistes). J'admire vraiment Frédéric d'arriver à piloter là-dessus. On rate un embranchement et devons refaire un bon quart d'heure en sens inverse d'un horrible chemin. Mais ça valait le coup: nous arrivons à une maisonnette où nous faisons une pause en charmant un bébé et sa grand-mère, puis vingt bonnes minutes au milieu des bananiers, agrumes, et autres arbres.
Le chemin descend et nous arrivons à une petite rivière, avec deux vasques naturelles d'un beau vert qui se jette du haut d'une falaise dans un canyon. Très impressionnant! Ca me rappelle la Chapada Diamantina au brésil mais cette fois je le partage avec Frédéric. Nous nous baignons, regardons la vue. Nous sommes absolument seuls. C'est magique. Se tenir debout à côté du départ de la cascade avec le canyon à nos pieds est vertigineux!
Nous remontons, buvons une bière pour moi, un coca pour Frédéric et repartons. Belles vues sur le canyon et la cascade. Nous passons au milieu des plantations de café, en bouton ou en fleurs. On dirait qu'il a neigé.
Puis nous descendons dans le canyon de Chicamoca. Piste bien raide et empierrée. Les caféiers cèdent la place au tabac.
Nous arrivons au village de Jordan. Il fait très chaud au fond du canyon (ce qui nous a dissuadés de faire le trek du camino réal sur plusieurs jours). La place centrale arborée et sa petite église sont charmantes. Nous buvons à nouveau et partageons une empanada au poulet avant d'aller déjeuner. Du moins c'est ce qu'on croyait car tout est fermé.
Nous remontons par le même chemin, faisons demi-tour deux ou trois fois, montons des chemins incroyablement raides tout en admirant la vue sur le canyon et ses environs. La montagne Santos de Piedra (les saint de pierre) fait penser à Table Mountain au Cap en Afrique du Sud, qui illustre sur mon chapeau de soleil.
Nous arrivons à Villa Nueva où nous dégustons de délicieuses pâtisseries avec un jus de Tomate de Arbol. Une jeune cliente nous interpelle , nous demande sin la Colombie nous plait et nous donne des conseils sur les lieux à voir dans la région.
Nous retournons à San Gil par une bonne route. En chemin, nous nous arrêtons au Penon de Guane pour faire de la tyrolienne au-dessus d'un autre canyon. 500 m dans chaque sens. De bonnes sensations. Le site offre une belle vue sur San Gil et nous attendons le coucher du soleil.
Le loueur ne veut pas qu'on conduise de nuit et on comprend vite pourquoi! Dernière épreuve: maps me nous fait prendre une rue à contre-sens et cette voie est si raide qu'au bout de quelques mètres, la moto cale et recule… heureusement qu'un jeune homme nous aide et je finis la rue à pieds. Ouf! Ca aurait été bête de chuter à quelques mètres de l'arrivée!
Pour notre dernière journée, je vais faire de l'accrobranche dans un site avec une haute falaise (70 m) le long de laquelle coule une cascade à la saison des pluies. Frédéric a des ennuis digestifs depuis quelques jours qui ne se sont pas améliorés avec la moto et préfère s'abstenir. Je suis seule avec le guide. Une vingtaine d'agrès, entre les arbres ou sur la falaise: pont de singe, tyroliennes, via ferrata, rappel...Je m'amuse comme une folle. La cascade ne coule pas mais le rappel se fait sous un mince filet d'eau.
Après-midi tranquille, jacuzzi en fin d'après-midi. La spécialité du coin, ce sont les fourmis hormigas, celles qui sont vendues comme aphrodisiaques dans les grandes villes mais qui ici sont utilisées un peu comme des cacahuètes: seules à croquer ou en condiment. Je me dois d'essayer! On mange l'abdomen. En fait, ça a un goût de grillé, ni plus ni moins, ça craque sous la dent et ça gratte la gorge.
Dernières photos avant de quitter San Gil.
4H d'un bus très confortable avec télé personnelle, films (pour une fois, les écouteurs ne sont pas au fond du grand sac!), WI-FI...Les canyons s'enchaînent. La Colombie n'est vraiment pas un pays plat! Nous arrivons à Tunja, "préfecture" de la région de Boyaca, et prenons un minibus, quasiment sans attendre, pour Villa de Leyva, un autre des plus beaux villages de Colombie.
Le village grouille de touristes Colombiens le week-end mais redevient un paisible village ordinaire en semaine. Le paysage change radicalement: collines rases (avec du paramo aux sommets), plateaux cultivés. La belle forêt cède la place à des eucalyptus et des mimosas originaires d'Australie et de pins à longues aiguilles eux aussi importés. Nous mangeons une glace à la spécialité du coin: les myrtilles. Et, oh surprise, ils vendent aussi des glaces pour chien, à la viande ou au foie!
La grand place n'est pas carrée et arborée mais une immense place pavée en pente. Une jeune fille en robe de princesse se fait photographier pour ses 15 ans. Nous prenons un cocktail sur un roof-top avec une vue magnifique sur la place et attendons le coucher de soleil. La température baisse immédiatement. On est à 2 000 m.
La nuit n'est pas idéale: le WI-FI ne marche pas (=> impossible d'organiser les prochains jours), un chien aboie sans arrêt de façon suraiguë dans la maison. Alors que je me suis enfin endormie, une famille Colombienne arrive à minuit, parle fort, téléphone à "fifille" pour lui dire qu'ils sont bien arrivés (avec l'interlocutrice sur haut-parleur évidemment). Heureusement qu'on a l'habitude de se réveiller tôt car le lendemain matin, ils frappent les uns chez les autres et s'interpellent à 7h00 du matin!
Nous partons faire une promenade à pied après un petit-déjeuner dans une pâtisserie. Nous allons voir les Pozos Azules, des lacs bleus artificiels dont les photos m'ont donné envie. Après une marche d'une petite heure, nous arrivons et visitons ce site privé. Promenade au milieu des pins à longues aiguilles et de la terre au dégradés d'ocres. Les 7 étangs sont un peu décevants, pas du tout bleu-turquoise aujourd'hui.
C'est mignonnet. On s'amuse comme d'habitude à regarder les gens faire des selfies.
Puis nous allons voir une maison d'architecte en terre, avec un intérieur inspiré de Gaudi. Mais l'entrée est chère pour le pays et agacée par les pozos azules où il fallait aussi payer l'entrée, je décide de ne pas faire la visite. Je m'en mordrai les doigts en voyant des photos par la suite. Tant pis pour moi! Frédéric ne voulait pas entrer de toutes façons.
Visite du village. Jolies maisons blanches aux balcons de bois. Les fossiles sont tellement nombreux dans la région qu'on en trouve dans les soubassements des maisons. Même les maisons récentes respectent le style.
Les bougainvillées et autres lianes fleuries abondent. Il ne faut pas oublier que "bougainvillées" vient de l'explorateur Bougainville et que cette plante est originaire d'Amérique du sud et pas du tout de la méditerranée.
Repos à l'auberge. Nous discutons avec un couple de Français, Etienne et Diana, en voyage pour deux ans. Ils sont aussi allés à Sajama. Nous échangeons nos expériences, parlons voyage au long cours, enfants… Pendant qu'ils vont à la villa de terre, je monte à un mirador avec une statue de Christ. Etant donné tous les miradors christiques auxquels je suis montée, je pense que j'ai droit à un envoi direct au paradis à ma mort!
La vue est assez belle mais au retour je suis un chemin mieux balisé qui m'amène à cul de sac: une porte verrouillée et des barbelés. Je remonte un peu sans retrouver mon chemin initial. Ne voulant pas remonter tout en haut, je coupe par la forêt et m'égratigne les jambes, me pique sur les aloès... Je commence à m'inquiéter car la nuit va tomber et je n'arrive pas à descendre dans cette végétation. Je finis par suivre un cour d'eau quasi à sec. Je débouche dans le jardin d'un hôtel de luxe (en passant sous des barbelés) et le garde me regarde d'un air effaré quand j'arrive à la barrière: hirsute, en sueur, les jambes en sang...Je retourne à l'hôtel.
Après une douche, nous continuons la discussion ave Etienne et Diana, puis allons boire des bière artisanales grâce à une adresse trouvée par nos compagnons (délicieuses, ça change des blondes classiques) et finissons par un hamburger à emporter. Nous passons vraiment une excellente soirée avec eux! Comme ils doivent passer un mois à Paris avant de partir en Asie, j'imagine organiser un dîner avec Tom et Léa, nos amis de Sajama.
Lundi 12 février. Frédéric avait 2 rêves pour ce voyage. Un qui n'a pas pu se faire: la traversée du salar d'Uyuni en vélo, l'autre que nous allons tenter de réaliser: visiter des mines d'émeraudes. Nous partons donc pour Muzo, LA capitale de l'émeraude. C'est la mine la plus célèbre au monde. Nous prenons un premier minibus pour la "sous-préfecture", Chinquinquira, puis une sorte de grand 4X4 où nous n'avons pas de place pour les pieds. C'est parti pour 3H de trajet. Le paysage est magnifique avec une succession de crêtes dentelées et de vallées encaissées. En plus, il fait très beau, sans la brume habituelle. La spécialité du coin est la panela (pains de sucre de canne). On s'arrête même pour que les passagers puissent acheter les gros blocs en forme de d'assiette creuse. La voisine de Frédéric vomit au moment de l'arrêt mais le conducteur l'oblige à aller chercher de quoi nettoyer. Il y a aussi des plantations de cacao et des vergers de tomate de arbole. Nous arrivons à Muzo qui n'est qu'un bourg d'environ 9 000 habitants. Des statues illustrant le travail de la mine sont disséminées dans le village. Les fresques qui ornent les murs représentent des animaux avec des émeraudes. Muzo vante bien sûr ses pierres mais aussi sa faune sauvage et son environnement. Nous sommes à 800 m et il fait très chaud. Nous entrons dans une boutiques de bijoux et d'émeraudes au hasard. Le patron nous montre quelques pierres puis nous conseille d'aller voire le musée. Nous y trouvons des explications sur les mines; les pierres, LE gros propriétaires, légende de la ville, mort il y a quelques années, ainsi que des objet de la culture précolombienne locale.
Nous laissons nos coordonnées afin d'être contactés par quelqu'un qui puisse nous faire visiter les mines. Les grosses mines souterraines appartiennent à des multinationales. Nous choisissons de passer la journée avec un le propriétaire d'une petite mine, conseiller municipal. Un mirador surplombe la ville avec un Christ et l'inscription: "Paix - Dieu voit tout". La région était une des plus dangereuses il y a peu .
A côté de l'église, qui a été reconstruite trois fois à cause des tremblements de terre, se trouve une chapelle aux murs ornés de fossiles, quartz, pyrite. Un homme prie avec ferveur, probablement un mineur qui espère la bonne fortune.
Pour notre journée minière, nous commençons par aller acheter des bottes, un casque et l'obligatoire "poncho", une marge écharpe blanche qui sert à s'essuyer le front mais aussi à regarder les pierres. Nous commençons par aller voir les mineurs qui trient les déchets d'une grande mine multinationale. Un garde armé surveille qu'ils ne dépassent pas les limites autorisées. Une majorité de femmes charge les gravillons qui sortent de la mine, puis ils sont triés après avoir été rincés dans la rivière.
Nous achetons deux pierres brutes pour 20€.
Nous allons ensuite voir ceux qui exploitent le minerai au-dessus de la rivière. Ils arrosent la pierre noire pulvérulent, vont jeter au loin les grosses pierres inutiles et trient les gravillons. Il y a autant d'hommes que de femmes.
Nous sommes très bien accueillis. Ils sont contents qu'on vienne les voir. Un vieux mineur demande à poser pour la photo. Un peu plus loin, seules des femmes travaillent sur une mine visiblement moins généreuse. C'est la pause déjeuner pour certains.
Nous reprenons la piste en profitant du paysage.
Nous allons à la mine de notre guide. En chemin, Frédéric le questionne sur la question de l'exportation des émeraudes mais notre homme se cantonne au marché local. A un moment où on parle de confiance, il montre discrètement le flingue caché sous sa chemise à Frédéric qui est quelque peu impressionné. A San Gil, le café de quartier où nous prenions notre bière avait un écriteau interdisant le port d'armes dans son enceinte. C'est peut être un petit mafieux… Mais la mine s'appelle la "bénédiction" et est protégée par la vierge.
Nous entrons dans la mine, long tunnel de 300m avec une partie latérale inondée ce jour. 15 mineurs font trois groupes de 5 heures. mais ils ne travaillent pas aujourd'hui. C''est nous qui allons forer au marteau piqueur puis au pic les veines de quartz où se trouvent les émeraudes. La foreuse pèsent des tonnes.
Il nous demande d'enregistrer une vidéo pour encourager les touristes Français à venir visiter. Il faut dire que la demi-journée n'est pas gratuite: 135 € pour nous deux, en ayant obtenu une ristourne parce qu'on ne gardait ni les bottes ni les casques. Ça aurait été pratique dans nos sacs à dos… Nous mettons les gros cailloux dans un wagonnet et ramassons à la main ou avec une pelle les graviers. Ceux-ci sont mis dans un filet que Frédéric portera jusqu'à la sorite. Arrosage au jet d'eau puis tri à la main à la recherche des précieuses émeraudes. Nous trouvons effectivement plusieurs grains verts de petite taille, bien visible dans tout ce noir. Et nous pourrons garder notre récolte (ci-dessous)!
notre collecte - émeraudes brutes dans leur gangue de quartz et de pyrite Après nous être désaltérés avec de la citronnade à la panela, nous rentrons à l'hôtel. Après un peu de repos, je pars à pied au mirador. Je demande mon chemin aux soignantes d'un EHPAD (maison de retraite). Ici ils appellent ça "Bien-être du 3° âge". Encore plus hypocrites que nous! Comme en Equateur, les gens ne comprennent pas qu'on veuille marcher pour le plaisir. Ces charmantes dames me conseillent de prendre une moto-taxi. Je passe par un raccourci que m'interdisent parfois les animaux. Il y a des chiens partout qui ne sont pas vraiment méchants mais aboient fort en vous suivant. Bien qu'il soit plus de 16h, il fait encore très chaud. Belle vue sur les montagnes et le village.
Le chemin passe sur une crête qui permet de voir de l'autre côté. Mais c'est très brumeux. Google Maps annonçait 600 m de dénivelé. J'arrive au mirador juste avant le coucher du soleil.
Belle lumière en redescendant.
Nous repartons dés le lendemain à Villa de Leyva. Le village est dans la brume au réveil comme la veille. Nous retournons prendre un petit déjeuner colombien que nos partageons: les œufs et le pain pour Frédéric, le bouillon avec des pommes de terre, une côte de porc bouillie et du persil pour moi. Le tout avec café au lait ou chocolat chaud. Nous bavardons ave un canadien d'un certain âge en road trip moto à qui nous donnons nos bons tuyaux. En attendant le bus, Frédéric discute avec un français et un Sud-Africains marchands de pierres précieuses et mois avec un chauffeur de tuk-tuk et la dame qui tient le café du terminal. Ils me demandent combien coûte le billet d'avion et on compare les salaires minimum, le pris d'un déjeuner… La dame m'offre des bonbons et on se fait de grands signes de la main quand le bus part. Cette fois nous sommes dans un minibus et pas un 4X4. C'est un peu plus grand. Je profite à nouveau du paysage, même si c'est plus brumeux. Le chauffeur lit ses messages sur WhatsApp alors que nous sommes sur une route de montagne qui tournicote, à 1 voie mais à doubles sens…
A Villa de Leyva, je vais voir le musée paléontologique situé dans un ancien moulin à eau. Les explications sont bien faites sur l'époque où cette région était une mer intérieure avec des dinosaures marins.
L'atmosphère de la ville est bien différente de celle du week-end: les écoliers qui rentrent chez eux en chahutant ont remplacé les touristes. La grand place st quasiment déserte.
Pendant que je visitais le musée, Frédéric est allé chez le barbier et s'est fait tailler la moustache en futures bacantes. Résultat amusant. Nous allons manger la spécialité sucrée de la ville: le mille-feuilles. Il y avait trop de queue à la pâtisserie le week-end. Ils sont effectivement délicieux avec une pâte fine et croustillante et une crème bien plus légère que la crème pâtissière. Nous en partageons un au chocolat et un à la confiture de lait. A côté se trouve une chocolaterie psychédélique avec des vendeurs en livrée qui fait aussi office de musée du chocolat.
Comme c'est la Saint-Valentin, nous nous offrons un dîner dans un restaurant gastronomique avec une bonne bouteille de vin argentin. A la fin du menu; il y a des plats pour chiens!
Le lendemain matin, j'emmène Frédéric dans une petite boutique où j'ai repéré deux bagues avec des émeraudes. L'une est très claire mais ira avec un de mes colliers, l'autre a une belle couleur mais des inclusions de carbone noires qui font baisser sa valeur. Elles sont montées sur argent et nous les négocions à 9 000 pesos (soit environ 225 €) les deux. Mais surtout, la commerçante nous fait rencontrer un tailleur d'émeraudes installé à Chiquinquira qui fait spécialement le déplacement pour nous. Il nous montre plusieurs pierres, de poids, couleurs et qualités variables. Frédéric les examine avec la loupe de tailleur; il n'y pas de 10X. Jai surtout un avis sur la couleur et la brillance. Une fois notre choix fait, il faut passer à la négociation et savoir comment on paye. Les comptes colombiens n'ont pas d'IBAN ni de BIC. On fait un mélange virement Revolut / argent liquide. Nous sommes un peu en galère depuis début janvier avec le fait que notre banque principale, HSBC, a été rachetée par le CCF et que nous n'avons plus aucun accès à ces comptes là. Heureusement qu'on avait chacun trois comptes. Frédéric lui, n'a plus accès à Revolut puisqu'il n'a plus son portable. Bref, il nous reste trois comptes sur 6.
Nous changeons partons vers l'est et allons à Iza, petit village réputé pour sa proximité avec le lac Tota et pour ses desserts. Il nous faut 3 bus pour cela. Nous trouvons une grande chambre dans une maison de style colonial. Les propriétaires sont d'origine indigène et on nommé leur Hostal du nom d'un cacique Muiscas qui avait fait la paix entre les différentes tribus.
Nous voudrions faire une grande randonnée en vélo mais la haute saison est passée et le seul louer est fermé (comme certains hôtels).Nous prenons donc un minibus pour aller au lac avec l'intention de revenir à pieds. Soit une vingtaine de kilomètres, d'abord en montée puis majoritairement en descente. Le lac est le plus grand (naturel) et le plus haut de Bolivie (3 100m). Il est connu pour sa plage blanche. Elle est due aux falaises de grès voisines. On se croirait sur nos côtes hors-saison: pas un chat à part des ouvriers, plage interdite pour travaux... Une pirogue datant de 150 ans côtoie les embarcations de tourisme. Il y a un projet de grand embarcadère comme à Penol.
Nous rencontrons une Allemande, Andrea, qui parle bien français. Nous faisons un bout de chemin ensemble puis partons chacun de notre côté. Nous commençons par monter en suivant les bords du lac. En fait, il y a plusieurs plages.
Nous découvrons la Colombie agricole. En prenant un bière, nous discutons avec la propriétaire de la minuscule boutique de tôle: 5 mois/an, c'est la saison des pommes de terre et 3 mois/ an celle des oignons. Il y a aussi des petit-pois ainsi qu'une légumineuse à fleurs roses, non comestible même pour le bétail , qui sert à régénérer le sol.
Comme nous sommes à plus de 1500 m, les vaches sont comme les nôtres et non des zébus. Les moutons ont encore leur laine et les agneaux sont attendrissants.
Nos poursuivons notre route en suivant Maps Me. Certains panneaux sont inconnus en France: l'un signale qu'il faut passer en feux de croisement, l'autre qu'on arrive dans une zone accidentogène (c'est à dire qu'il ne faut pas doubler).
Nous entamons notre descente sur le village de Tota où nous déjeunons d'un almuerzo (soupe + plat complet). Nous regardons la sortie des élèves. La place est ornée de statues naïves sur les spécialités du coin.
Nous poursuivons la descente en suivant un chemin de croix jusqu'à une petite église. Vues plongeante sur la vallée et les montagnes. On voit le village d'Iza au loin (notre destination).
Après que Maps Me nous ait fait prendre un chemin de chèvres très en pente et dérapant où nous n'étions vraiment pas à l'aise, nous arrivons dans le val de la rivière: frais, ombragé, vert… Ici, les eucalyptus sont rois. Ça sent bon. Les grands lichens poussent comme partout et donnent des allures fantomatiques aux arbres. Contrairement à ce que j'imaginais, ils sont doux au toucher.
Après une vingtaine de kilomètres en partant de plus de 3 000m d'altitude, nous en avons plein les jambes. Nous allons nous reposer aux sources chaudes à l'eau soufrée. Ça fait du bien! Mais après un savonnage, nous sentons toujours le souffre. Ma chemise de nuit gardera l'odeur et mon T-Shirt, l'a gardée malgré la lessive. Nous dînons de desserts, la spécialité d'Iza: flans, cheese-cakes, aux fruits, aux noix, au chocolat, aux couleurs bizarres… Il y en a pour tous les goûts!
Le lendemain, nous marchons 4 km pour aller à d'autres sources chaudes, mais à l'eau ferrugineuse cette fois-ci. Nous nous rapprochons de la buse pour l'avoir plus chaude. Nous nous baignons une bonne heure puis allons profiter d'un massage. A l'huile chocolatée pour Frédéric et à un fruit au parfum acidulé pour moi. Le bonheur! A notre arrivée à 10H, il n'y avait qu'un couple avec nous. A notre départ à 13H, c'est autre chose!
Déjeuner de truite à la Boyacense (de la région de Boyaca). Cette recette a gagné le concours de la meilleure truite de la région en 2023. Les restaurant affichent fièrement leur participation à ce concours. Il y a de nombreux légumes dont des anciens appelés Nabo, petites boules roses ou rondelles de légume blanc strié de noir, plus croquants que les pommes de terre et très légèrement sucrés. Cette truite est délicieuse. Nous finissons bien sûr par un dessert (après les myrtilles je me devais de gouter aux fruits de la passion!). Dernières photos de la ville. Ici, les fleurs sont majoritairement des roses, des fuchsias et des géraniums. Nous ne sommes pas dépaysés.
Nous ne sommes pas encore arrivés à l'hôtel que nous voyons le minibus rouge que nous devons prendre. Frédéric demande au chauffeur de nous attendre et nous courrons prendre nos sacs.
Retour au terminal de Sogamoso (ville toujours aussi laide) pour prendre un autre minibus pour le village colonial de Mongui. Nous suivons une grande vallée au fond de laquelle se trouve une très grosse usine de charbon. il y a en effet des mines dans la région. Nous montons à 2 900 m. A l'arrivée sur la grande place pavée et en pente, la lumière du soir sur l'église ocre est superbe. Nous cherchons notre hôtel (des cabanas construites dans le jardin d'un particulier). Une dame à qui nous demandons où se trouve la rue commence par nous répondre, blasée, qu'ici tout le monde a des cabanas puis se débrouille pour nous trouver le renseignement.
Le soir, tout est fermé à part de rares bars et boulangeries. Après un bon petit déjeuner (œufs, croissant, fromage, frits frais, café ou chocolat...), nous allons réserver notre excursion pour le lendemain. Puis nous montons à la cascade de la sainte trinité. Belle vues sur la vallée. Nous passons devant une plantation de muriers et retrouvons les fleurs de taxos dont nous avions apprécié le jus en Equateur.
Nous traversons un pan de forêt des nuages avec de belles épiphytes. la cascade coule peu en cette saison. Les gens viennent y chercher de l'eau bénite. Petit sanctuaire visiblement très respecté.
Je monte un plus haut et retrouve les frailejones. Le chemin du sanctuaire est ponctué par un chemin de croix. Des hommes débroussaillent les stations pendant que des femmes les repeignent en prévision de la semaine sainte.
Deux jeunes femmes de Bogota en week-end nous prennent en voiture sans même que nous ayons fait du stop. Nous arrivons au village. On rencontre souvent des animaux dans les rues. L'entrée du cloître, fermé à cette heure a un pilier en forme de palmes unique en son genre.
Almuerzo traditionnel avec une soupe aux navos.
Après un peu de repos, visite du village. Le cloître attenant à 'église fait office de musée dans les grandes cellules des moines franciscains. On visite aussi la cuisine. Un jeune garçon s'est imposé comme guide mais il faut se cacher quand arrive un guide officiel! Le coquin… Dans certaines salles, il se contente de me lire les étiquettes. Comme je n'ai pas de monnaie, je ne lui donne pas de pourboire. Mal joué.
Les rues sont bordées de jolies maison. La spécialité de Mongui, c'est ... la fabrication des ballons de foot! On en vend partout et il y a plusieurs fabriques.
C'est dimanche et des hommes descendent à cheval des hauteurs pour boire une (ou plutôt plusieurs) bières.
Je bois avec plaisir un verre de chicha sous le regard surpris et amusé du vendeur. Un ancien pont permet de traverser la rivière. Il est fait de divers matériaux dont du sang de bœuf, ce qui lui donne probablement sa solidité. Il a été construit pour permettre l'acheminement des pierres de la carrière située sur la rive opposée au village. Montée à un belvédère.
Retour au village.
Dîner d'une pâtisserie, d'une bière et d'un café. Nous partons avec notre guide Sara faire une randonnée dans le paramo d'Oceta. Nous ne pouvons le faire à partir de Mongui car les éleveurs (qui protègent leurs intérêts sur leurs terres) luttent contre le Parc national (qui protège les frailejones) et ont interdit l'accès au paramo (qui passe par leurs terres). Nous faisons donc une heure de route pour aller à Mongua où un accord a été trouvé: les marcheurs passent par un corridor entre les pâturages cernés de barbelés. Les vaches ne mangent pas les frailejones mais les piétinent.
Nous démarrons en longeant le lac noir qi par cette belle journée est plutôt bleu. De hautes falaises le surplombent. Nous passons devant une cascade comme d'habitude presque à sec. Les paramos sont le réservoir d'eau du pays, les frailejones piégeant l'eau des nuages par leurs feuilles et la stockant dans leur tronc.
Ici, il existe au moins six espèces différentes d'espeletias, de leur nom scientifique: plus ou moins poilues, jaunes ou blanches, brillantes ou non...Nous montons à un col et je demande à monter au sommet juste au-dessus pour avoir une vue à 360°. C'est interdit car privé mais comme nous sommes seuls, Sara accepte. Nous montons à 4000 m. A l'horizon, nous apercevons les glaciers du Parc national El Cocuy.
Après avoir bien profité de la vue, nous redescendons. J'arrive à bavarder avec Sara. Mon Espagnol s'est amélioré.
notre guide SaraNous rentrons à Mongua. L'Eglise ressemble à celle de Mongui mais le village est beaucoup moins joli. Plus loin, nous traversons la ville minière (de charbon, pas d'émeraudes) de Topaga. Comme en Equateur, les villes de Colombie accueillent les visiteurs par leur nom en lettres décorées.
Nous programmons nos derniers jours en Colombie. Comme nous ne sommes pas allés sur la côte nord, ils nous reste quelques jours. Los llanos sont trop chaudes et trop chères. Tant pis pour les animaux et les ballades à cheval. Je suis tentée par le MN El Cocuy avec les plus grands glaciers de Colombie mais pas Frédéric. Finalement, nous partirons chacun de notre côté (pour cinq jours). J'irai à El Cocuy et Frédéric ira directement à Bogota. Sara m'a donné les coordonnées d'un guide de ses amis à Güican, village moins touristique (tout est relatif car peu de gens y vont) que El Cocuy. Je pars à 8H00 pour 9H30 de trajet, 238 km et ... 4 minibus. Après les deux premiers, la route est magnifique avec des montagnes aux reliefs découpés et de des vallées. A un moment, le chauffeur du minibus m'indique que l'on voit bien les glaciers du PN El Cocuy. Nous longeons à ce moment une gorge très profonde. Un autel à la vierge est ornée de multiples phares de voiture et une carcasse rouillée est montée sur un piédestal. La barrière de sécurité est complètement enfoncée à un endroit. Nous traversons des villages aux églises blanches.
Randonner dans ce parc national n'est pas simple: cette fois, ce sont les indigènes U'Wa qui s'opposent au parc national car c'est un lieu sacré pour eux. Il a même été fermé complètement aux touristes pendant quelques temps. Un accord a été trouvé en 2 019: seules trois randonnées d'une journée sont autorisées. On ne peut plus faire l'ascension des sommets ni faire le trek de 6-7 jours qui traversait le massif du nord au sud, ni camper ou dormir dans les refuges. Il faut faire entretien par visio avant d'arriver pour bien comprendre ce que l'on doit respecter. Les randonneurs sont limités à 100, 110 et 130/j selon les randonnées. Quand j'arrive à Guïcan, à 2 908 m, je n'ai pas pu faire l'entretien (j'ai eu le lien trop tard la veille) ni payer mon entrée au parc (par un virement sans IBAN ni BIC) pour le lendemain et le bureau est fermé. Heureusement, Mario, mon guide, parvient à s'arranger pour qu'on puisse quand même faire un des chemins dés le lendemain. Nous ne sommes plus en haute saison et en semaine c'est assez calme. C'est un vrai guide de haute montagne. Il a fait le Cotopaxi et le Chimborazo en Equateur et des sommets au Pérou. Il m'avoue qu'avec d'autres guides, ils vont en douce faire des sommets du parc. Il sait perfuser, suturer, et pratiquer les premiers secours en cas d'œdème pulmonaire lié à l'altitude.
Dîner frugal car il n'y a pas de restaurant, seulement des boulangeries et un fast-food (mode colombienne).Départ à 5H00 le lendemain matin. Il fait nuit noire. Nous partons en 4X4 pour trois quarts d'heures de piste. Il fait faire attention aux agneaux qui dorment dans les trous de la route! Arrivés à une finca (ferme), nous nous garons et démarrons la randonnée à 3 900 m au lever du jour. Il fait froid; j'ai ressorti les vêtements qui ne m'avaient pas servi depuis le départ de Bariloche en Argentine. Anecdote, Bariloche signifie putain en Colombie. Un jour je me suis trompée entre Barrichara et Bariloche et ça a bien fait rire mon interlocuteur. Nous partons de 3 900mcommençons par une partir plate le long d'un rivière puis montons un grand ressaut. Le soleil se lève et éclaire le pulpito del diablo (la chaire du diable) plus au sud. C'est une roche noire parallélépipédique. Les frailejones sont là. Une espèce pousse jusqu'à 4 500m. D'autres plantes ressemblent à des algues. On retrouve aussi les coussins verts de l'acantuta.
Arrivé en haut, nous débouchons sur des roches lissées et plissées par le glacier il y a bien longtemps. Nous les suivons et apercevons la masse blanche au-dessus de nous. Notre but est à 5 000m d'altitude. J'ai la bonne surprise de constater que j'ai conservé mon acclimatation. La vue au nord et à l'ouest se révèle progressivement avec des montagnes ocres, pointues et des petits lacs turquoises. Puis nous débouchons au bord du glacier avec vue sur les Ritak U'wa noir et blanc. magnifique!
Pause grignotage et admiration du paysage.
Nous descendons ensuite auprès de la glace et nous faufilons entre les séracs.
Puis nous entamons la descente en suivant les roches lisses puis la moraine. Nous croisons un touriste et son guide qui montent, les seuls autres humains rencontrés! Comme chaque jour, les nuages montent vers 11H00. D'où l'intérêt de partir tôt!
Nous retrouvons les pâturages et les moutons. En traversant une rivière, nous apercevons une truite. Mario me la pêche à la main pour mon déjeuner! Il la vide dans le torrent et la suspend à une branche de saule.
Retour à l'hôtel. La patronne accepte de faire frire ma truite. Puis je vais avec Mario faire les démarches officielles au bureau du parc (enregistrement, paiement du droit d'entrée et de l'assurance pour nous deux, réservation pour les prochains jours). Ça prend un certain temps mais cette fois je suis en règle.
Rédaction du blog allongée sur mon lit. Dîner de pain à la noix de coco, bière et café.
Je me couche à 19H00 car demain, départ 4H30 et je sui quand même fatiguée. En plus, des gens ont fait du bruit à 3H00 cette nuit et les coqs chantent à partir de 3H30!
Je suis réveillée à 23H00 par une sonnerie inhabituelle de mon réveil pourtant mis sur "ne pas déranger". Il s'agit d'une alerte à tremblement de terre. Mais il a lieu à 85 km et je ne ressens rien.
Lever 4H15. Mais des gens se sont levés, ont pris une douche, allumé les lumières, etc... à 3H30 pour être encore en train de prendre le petit déjeuner à 4H30. Ça m'énerve! Moi, je suis prête en 15 min.
Je retrouve Mario comme prévu. La voiture ne veut pas démarrer. Heureusement, il a pris un autre guide pour le déposer au point de départ et celui-ci pousse la voiture. Il fait nuit noire. Nous roulons 1H15 sur la piste en direction du sud. Cette fois, nous allons au pied du Pulpito del Diablo.
Le temps est couvert ce matin. Nous commençons à marcher dans les nuages. Peu après notre départ nous avons la chance de voir les cervidés. Ils ressemblent un peu à nos chevreuils. Il y a uniquement des femelles, peu farouches.
Le temps s'améliore. Ouf! Nous arrivons à un premier petit lac puis entamons une montée très raide dans les rochers. El paso del conejo (le passage du lapin), ainsi nommé car on est parfois obligé de marche à quatre pattes. 400 m de dénivelé entre 4 200 m et 4 600 m d'altitude.
Mario me promet une superbe vue arrivés en haut. Effectivement, nous débouchons sur des roches lisses en pente relativement douce (ancien socle du glacier) avec vue sur le Pulpito et le pain de sucre.
Nous progressons jusqu'à 4 820 m d'altitude. Des bornes marquent les endroits où arrivait le glacier en 2 000 et 2 020. Le recul est impressionnant.
les bornes indiquent où arrivait le glacier en 2000 et 2020 Nous arrivons au pied du Pulpito. Ce bloc est parfait sous toutes ses faces.
Bonne pause à profiter du paysage puis nous entamons la descente. Vue sur un autre glacier plus au nord. Nous croisons plusieurs groupes qui montent cette fois-ci. Les étrangers sont beaucoup plus habitués à la randonnée en altitude que les Colombiens. Mais j'explique à Mario qu'il y a un biais de sélection: seuls les étrangers amoureux de la montagne viennent ici! En attendant, mon ego boit du petit lait car il dit à tous ses collègues nos temps de montée…
Nous descendons el paso del conejo, pas facile non plus en descente. Arrivés en bas, nous croisons une famille Colombienne de Baranquilla sur la côte. Ils n'ont aucune acclimatation à l'altitude et sont en difficulté. Il est déjà tard pour monter, les nuages reviennent. Une femme n'est pas allée plus loin que la finca de départ car elle avait mal à la tête et son mari a fait demi-tour au pied du mur. Leur guide nous demande de les raccompagner à Güican pour qu'ils n'attendent pas trop longtemps.
El paso del conejo vu d'en bas Nous longeons un torrent à l'eau incroyablement claire et voyons à deux reprise un lézard endémique.
Arrivés dans la vallée, nous retrouvons les cervidés et des lupins en fleurs.
Nous avons rattrapés le monsieur dans la descente et l'attendons quelques temps à la finca. J'en profite pour bavarder avec la touriste de Baranquilla et la fermière. Moment d'échange sympathique.
Retour à Güican. La route, de jour, est belle. une bonne partie est bordée de siete cueros / arayanes / polylépis. J'aime vraiment cet arbre, symbole des Andes de haute altitude pour moi.
Repos/ blog à l'hôtel. Pas de formalités à remplir aujourd'hui. Ce soir j'ai vraiment faim mais heureusement un vendeur ambulant vend des brochettes. Je me jette dessus. Il fait aussi une pizza géante à différent viandes et à la pâte croustillante. J'en prends une grande part. Coucher 21H.
Lever 4H45. Nous roulons une heure pour aller à un lac d'altitude situé de l'autre côté du Pulpito del diablo. C'est la randonnée la plus longue: 22 km aller retour , départ à 3 500m et arrivée à 4 700m. Aujourd'hui, il fait grand beau. Nous marchons au petit jour dans les pâturages. Nous apercevons des cervidés mâles, beaucoup plus farouches que les femelles. Il n'y a pas assez de lumière pour prendre des photos. Après une première montée qui nous fait passer devant un sanctuaire de la vierge, nous arrivons dans une vallée de frailejones traversée par une rivière qui s'écoule en une jolie cascade. Les falaises environnantes sont petit à petit éclairées par le soleil. Les plantes brillent de mille gouttes de rosée. Nous suivons la vallée et arrivons devant un deuxième ressaut. Le Pulpito et le pain de sucre dépassent des espeletias.
Au sommet, nous avons une belle vue sur la vallée derrière nous et découvrons le glacier du Pico Toti. Le fond de la rivière est coloré par les trainées ferrugineuses rouges. Nous passons sous un rocher à figure d'homme, le gardien de la montagne.
Nous progressons le long de la moraine et arrivons à un lac où le Pulpito et le pain de sucre se reflètent.
Puis nous arrivons au-dessus d'un lac bleu vif cerné par trois glaciers. J'en reste bouche bée tellement c'est beau! Je prends des photos pendant que Mario gère ses prochaines réservations et qu'un chien qui nous a suivi depuis la vallée se repose.
Nous grignotons puis continuons vers le glacier. Mario s'est un peu fait tirer l'oreille car il serait bien redescendu directement. Mais il me l'avait proposé avant la pause et je ne vais pas rater ça!
Nous suivons des falaises ocres et arrivons à l'extrémité de la langue glaciaire. Les séracs surplombent une falaise noire.
en bas à gauche, la langue terminale du glacier Nous redescendons et passons voir un abri sous roche où les randonneurs pouvaient bivouaquer avant, sous le "regard" du gardien de la montagne.
Mario doit être pressé de rentrer faire la sieste car il enchaine demain avec le Ritak U'Wa. Il me fait descendre au pas de charge... Difficile de prendre des photos et je commence à fatiguer.
Au milieu à droite, le "mur" principal Des fleurs rouges égaient le paysage.
La cascade est bien éclairée et on découvre une eau bleutée à sa base.
Nous arrivons à la Finca et reprenons la voiture.
Cette fois, pas de nuages. Les virages me révèlent le massif dans son entier.
A Güican, je vais réserver mon billet de bus pour le lendemain. J'ai longtemps tergiversé: bus direct à 3H30 (oui, vous avez bien lu!) ou 3 minibus successif, le premier étant à 7H. Je choisi finalement le bus de 3H30 pour arriver plus tôt à Bogota. La vendeuse discute avec moi et me demande comment je trouve la Colombie, ce qu'on mange chez nous... Elle aussi va se lever à 3H15 pour superviser le départ. Je somnole ensuite sur le lit, trop fatiguée pour rédiger le blog. Heureusement, les autres touristes ne font plus de bruit à partir de 21H.Je m'éclipse à 3H00. La nuit est douce. Le bus semble avoir des problèmes mécaniques mais nous partons quand même. Je dors un peu mais me réveille à temps pour voir le massif d'El Cocuy se détacher sur un ciel doré. La gorge après Soata est toujours aussi impressionnante. Je retrouve les villages de l'aller. le bus avance plus lentement que les minibus sur la piste et ses virages et s'arrête plus longtemps dans les villages. Résultat, je mets 9H30 pour arriver à Duitama au lieu des 7H de la dernière fois. Comme d'habitude, les musiques se mélangent: celle du bus, et celles de mes voisins. j'en ai mal à la tête! Nous finissons par arriver à Bogota. Calle 200 et quelques et je dois aller calle 9. heureusement, le bus me dépose calle 23. Deux hommes se jettent sur moi pour amener mes sacs à un taxi mais je ne me laisse pas faire. Je ne viens pas de débarquer en Colombie quand même...Comme d'habitude, le chauffeur de taxi n'a pas de GPS contrairement aux Huber ou équivalent et je dois le guider avec Maps me. Ce n'est pas évident car l'application n'est pas très réactive. Je lui demande de me laisser à quelques quadras de l'hôtel. La rue monte raide et avec le gros ac je souffle malgré mon entrainement. Je retrouve Frédéric qui me présente à ses nouvelles connaissances. Nous allons dormir dans un dortoir à 4 lits doubles... original. Nous nous faisons un bon dîner dans un beau cadre avec une belle présentation des plats. C'est bien agréable! Malheureusement, les vins sont hors de prix.
Nuit un peu pénible entre ceux qui rentrent tard et font du bruit, et celui qui a laissé le son pour ses notifications, met sa musique à 5H00 pour ronfler (au sens propre) ensuite... Les dortoirs ne sont décidément plus de mon âge!
Frédéric a réservé un transport privé pour que nous allions visiter la cathédrale de sel à Zipaquira. Nous partons tôt pour y être à l'ouverture car nous sommes dimanche et il va y avoir foule. Le chauffeur est très sympa. Nous pénétrons dans les anciennes mines de sel. Les précolombiens exploitaient le sel à l'air libre et les espagnol ont continué sous terre. Une première cathédrale a été construite en 1950 pour permettre aux mineurs de prier sur leur lieu de travail. Elle a été fermée en 1990 pour des raisons de sécurité et la nouvelle a été construite par les mineurs.
Hommage aux mineurs Nous commençons par suivre un chemin de croix. Certaines stations sont ouvertes sur les galeries, d'autres creusées en face. Les artistes ont joué sur les dessins du sel (pour le saint suaire) ou sur les contrastes sel/granit poli/granit brut.
Puis nous arrivons dans le nartex qui surplombe la cathédrale. La grande croix creusé dans le sel paraît suspendue en l'air. Une nef est dédiée à la nativité avec le baptistère et des lustres avec pampilles de sel. La grande nef a une statue inspirée de la création d'Adam de Michel Ange et le plus grand maître autel de Colombie. La troisième nef est dédiée à l'eucharistie avec une piéta inspirée des visages indigènes (la plupart des mineurs étaient des natifs).
En sortant, mais toujours dans la mine, on se souvient brutalement qu'on est en Colombie: restaurants, boutiques de plus ou moins bon goût. Un grand miroir d'eau salée produit un bel effet.
Nous ressortons au soleil et rentrons à Bogota.
Nous en profitons pour retourner manger à l'endroit où étions allés avec Thomas (le guide français) . Nous nous régalons d'une bandeja paisa (travers de porc, saucisse, boudin, viande hachée, oeuf, avec riz, haricots, avocat, arepa, yuca) avec un ajiaco (soupe poulet et pommes de terre), le tout avec une citronnade à la panela. Il y a toujours autant la queue!
Puis nous déménageons pour un hôtel plus confortable mais l'accueil est détestable et nous ne pourrons laisser nos sacs que jusqu'à 16H le lendemain. Les rues environnantes s'appellent "la fatiga", "las fantasmas", "la plenitud".
Le soir, nous allons sur la place de la création de Bogota, très animée, mais rentrons rapidement car il se met à tomber des trombes d'eau.
Matinée passée dans la Candelaria. Le musée de l'Or est fermé le lundi sinon j'y serais bien retournée. Nous faisons les photocopies nécessaires pour nous faire rembourser la taxe sur les boucles d'oreille à l'aéroport, rachetons des boutons en bois pour mon pantalon acheté en Equateur, refaisons un tour sur la place des marchands d'émeraude. Un homme d'un certain âge nous entraine dans son bureau au sein d'une tour. Il n'a pas de pierre qui plaise à Frédéric et en fait tomber une sans arriver à remettre la main dessus. Il n'est pas très content à notre départ.
dernières images Nous déjeunons dans un bon restaurant puis retournons sur place aux émeraudes mais ne retrouvons pas le vendeur du matin qui avait une pierre qui nous avait plu. Bizarrement, alors que personne ne faisait attention à nous le matin, cette fois ils se précipitent tous sur Frédéric. Il y a de belles pierres mais on a peur des douanes à paris et n'en rachetons pas.Une jeune femme et son bébé mendient. La petite s'appelle esmeralda et est diabétique. Elles tremblent de froid. Je leur rapporte la couverture d'avion qui m'a bien servi durant les nuits de bus.Nous allons chercher nos sac et retournons à l'auberge de jeunesse où Frédéric avait séjourné, tenus par un jeune couple adorable qui accepte que l'on patiente chez eux avant de prendre le taxi pour l'aéroport. Nous partons et tombons sur un chauffeur de taxi très bavard qui nus pose plein de questions. on ne comprend pas tout…
A l'aéroport, le bureau des détaxes nous informes qu'il est marqué sur notre facture que nous n'avons pas payé la taxe correspondante! Nous nous sommes bien fait avoir par la bijoutière qui avait utilisé ça comme argument de vente (on devait récupérer 19% du prix quand même).
En dehors de ça, tout se passe bien. Avant de monter dans l'avion, on nous fait mettre en rang, hommes et femmes déparés, avec nos petits sacs à nos pieds. Des policiers et leur chien passent et repassent devant nous pour chercher la drogue. On ne peut s'empêcher de stresser quand le chien s'arrête un peu trop longtemps sur nous affaires.
Vol d'une dizaine d'heures. On part en retard mais avec un vent arrière arrivons à l'heure. les hôtesses sont très agréables, avec de l'humour. Mais on est tassé comme des sardines dans cet A350. Même moi qui suis petite suis obligée de me contorsionner pour ramasser mon étui à lunettes tombé par terre. A Roissy, nous passons la douane sans problème.
Marianne est venue nous chercher et nous sommes très heureux de la serrer dans nos bras!
Merci à tous ceux et celles qui par leurs commentaires m'ont encouragée à poursuivre ce carnet.
Conclusion de Frédéric:
Eh 15 jours depuis le retour, la grisaille, la pluie, le froid, le boulot pour Cécile avec dès le début une astreinte le samedi qui suit une garde au débotté pour remplacer une collègue en crise de colique néphrétique.
Un ami avant le départ me demandait si on allait faire quelque chose afin qu’il puisse suivre notre périple. Je lui avais répondu que Cécile ferait un blog dont je lui donnerai le lien. Il me disait que c’était surprenant que le blog ne soit pas commun et qu’il était important d’avoir les deux points de vue.
Il faut savoir que pour un blog comme celui que vous avez parcouru, en diagonale, partiellement, occasionnellement, photographiquement uniquement ou à la virgule près, en apportant des commentaires ou pas, cela prend beaucoup, mais alors beaucoup de temps et d’implication.
D’abord il y a les photos, à tout moment, sous tous les angles avec toutes les luminosités, à l’aller, au retour en début ou fin de journée, à pied, à vélo, à cheval, en voiture ou en bus.
Avec un appareil en fin de vie, qui lui faisait des misères : zoom qui fonctionnait quand il voulait et ne voulait pas toujours rentrer, un déclenchement tardif ou plus classique une batterie vide. Source d’agacement et de frustrations, pour le cliché manqué. Je serai curieux de savoir combien au total de photos ont été prises.
La seconde étape était la sélection, retrait des floues, éliminations des doublons ou plus, afin de ne conserver que les plus réussies.
Ensuite il y a le texte, souvent écrit dans la chambre sur le lit, quand il fait trop chaud dehors ou en fin d’après-midi. Il fallait bien le faire régulièrement, parce que la mémoire à ses limites et le rythme effréné ne permet pas de bien se remémorer la totalité des journées ne serait-ce qu’une semaine plus tard, même si cela a été le cas parfois.
Enfin il y a tout l’environnement technique :
- un pc qui n’a pas toujours assez de mémoire et il faut faire le ménage régulièrement.
- un réseau wifi parfois très aléatoire, qui freine la sélection des photos, empêche de trouver le nom du lieu ou de l’oiseau que l’on a oublié, la vérification de l’historique donné durant l’excursion et enfin et surtout l’orthographe de tel ou tel mot local.
- sans oublier le site My-atlas qui, comme un fait exprès met à jour son site aux mauvais horaires par rapport à notre latitude.
Alors, outre le fait, que ce blog a été très chronophage, source de tensions régulières entre nous et sans partage, il restera une trace et nous permettra de revivre ces instants lors de moments moins agréables et vous aura permis de voyager par procuration.