19 ans après notre tour du monde d'un an avec les enfants, Frédéric et moi repartons en voyage pour 7 mois en Amérique latine. Juste nous deux cette fois-ci, les enfants ayant pris leur envol.
Du 31 juillet 2023 au 27 février 2024
212 jours
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Nous en rêvions depuis… notre retour du dernier voyage (tour du monde d'un an avec nos trois enfants de 4, 9 et 11 ans à l'époque) en 2005.

La COVID 19 a retardé les choses. Mais à l'automne 2022, nous nous sommes dit: c'est décidé, on part l'été prochain.

Familialement, c'est le moins mauvais moment (entre les mamans qui vieillissent et les petit-enfants déjà nés ou à venir), professionnellement, la conjoncture n'est pas idéale pour moi (mai elle ne le sera pas avant longtemps vu le manque de médecins) et pour Frédéric, c'est le bon moment.

Gros stress à l'idée de demander ma mise en disponibilité au directeur de l'hôpital… Mais le 14 février, c'est fait! Et à ma grande (et bonne) surprise, ça se passe bien: " je ne peux pas vous blâmer pour un si beau projet". Quant à ma collègue et alter ego, Sandra, elle a réagi positivement: "6 mois! Ca va, je croyais que ce serait 1 an".

A partir de là, c'est parti pour les préparatifs:

  • recherche des billets d'avion. Par ma faute, nous avons tergiversé et payé un peu plus cher pour l'aller (j'attendais un "lâcher" de vols en mars de la KLM qui n'a pas eu lieu. Donc, pour démarrer, Vol Paris - Quito (Equateur) avec une escale à Madrid. Pour le retour, nous avons la chance de pouvoir utiliser nos miles pour un vol direct Paris-Bogota sur Air France à… 125€ par personne.
  • achat d'un mini-ordinateur (1kg) et d'une liseuse pour limiter le poids des bagages; reconditionnés s'il vous plaît!
  • réutilisation des sacs à dos Deuter 70L que nous avions utilisés il y a 20 ans (le mien a fait un autre tour du monde avec d'autres personnes, et celui de Frédéric, deux!)
  • achat de filtres à eau pour limiter celui de bouteilles en plastiques et de lampes frontales rechargeables très puissantes de seconde main
  • Je fais faire à Frédéric un bilan cardiaque complet car nous monterons à plus de 5 000 m. Bon pour le service!
  • Ca y est, c'est fixé: départ le 31 juillet 2023 - retour le 27 février 2024.

Contrairement à notre premier voyage, j'essaierai d'être moins boulimique de sites, de rechercher d'avantage les rencontres, conformément au souhait de Frédéric et à l'essence d'un voyage de ce type.

Nous avons organisé le circuit en fonction du climat (théorique...):D'abord l'Equateur pour passer 1 mois avec Johanna , notre "petite" dernière qui y a passé plusieurs mois. Ensuite la Bolivie, puis le Chili, l'Argentin, le Nord brésil et enfin la Colombie.

Pour ne rien oublier avant le départ, nous avons découvert deux sites très bien faits: tourdumondiste.com et novo-monde.com

Nous serons de toutes façons plus légers qu'il y a 19 ans où nous transbahutions… 95 kg!

Pour le premier voyage, nous avions la chanson "Ose" de Yannick Noah dans la tête, pour le second, ce sera plutôt "Un pas de côté".

OSE - Chanson de Yannick Noah

Presque rien Juste un pas Et venir plus près D'autres liens D'autres voies Au moins essayer L'étincelle Qu'on reçoit D'un premier regard L'étincelle Vient de toi S'envole au hasard Et peut tout changer Alors

Ose, ose Redonne à ta vie Sa vraie valeur Ose, ose Redonne à ce monde Toutes ses couleurs

Presque rien Un silence Qu'il faut écouter Un chemin Une chance Qu'on peut partager Pas de doute Pas de peur Tu peux avancer Fais ta route Il est l'heure Tu dois essayer Tu dois tout changer

Ose, ose Redonne à ta vie Sa vraie valeur Ose, ose Redonne à ce monde Toutes ses couleurs

Presque rien Une route Tu peux avancer Presque rien Un regard Tu peux essayer Alors tu peux tout changer

Ose, ose Redonne à ta vie Sa vraie valeur Ose, ose Redonne à ce monde Toutes ces couleurs

Redonne à ce monde Toutes ces couleurs

Ose, ose Redonne à ta vie ses couleurs

Un pas de côté - Chanson de Yannick Noah

À peine tu gagnes que déjà tu perds À peine t’arrives et déjà tu repars En vingt-quatre heures tu fais le tour de la terre En un quart d’heure tu peux devenir une star Un feu rouge, dis «pourquoi t’es vénère» Tu te presses mais pour aller nulle part Tu regardes les fusées dans les airs Tu vas vite mais t’es tout le temps en retard

À quoi ça sert Tout s’accélère Tout le monde tout le monde Court après le temps À quoi ça sert Tout s’accélère Tu peux changer le mouvement Fais un pas de côté ! Un pas de côté Un pas de côté, Juste un pas de côté Un pas de côté Un pas de côté Juste un pas de côté

À peine on s’aime et déjà on se quitte Pas si facile de suivre le rythme On court on court mais on court dans le vide Le cerveau tourne comme une usine Toi t’essaies de suivre la lumière De jamais regarder en arrière De penser, danser plus vite que ton ombre T’as rien vu mais t’as fait le tour du monde

À quoi ça sert Tout s’accélère Tout le monde tout le monde Court après le temps À quoi ça sert tout s’accélère Tu peux changer le mouvement Fais un pas de côté ! Un pas de côté Un pas de côté Juste un pas de côté Un pas de côté Un pas de côté Juste un pas de côté Juste un pas de côté

Un pas, un peu de place Laisse, un peu d’espace Un pas, un peu de place Laisse, un peu d’espace Un pas, un peu de place Laisse, un peu d’espace Un pas, un peu de place Un pas de côté ! Un pas de côté Un pas de côté Juste un pas de côté Un pas de côté Un pas de côté Juste un pas de côté


Aujourd'hui 14 juillet, j'ai commencé à préparer les bagages!

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1) AMAZONIE - 01 août - 13 août

Au départ d'Orly, notre hôtesse au comptoir nous demande si nous avons bien un billet pour sortir d'Equateur. J'opine avec conviction, sachant que notre seul billet retour est 7 mois plus tard de Bogota.

A notre arrivée à l'aéroport Quito, de nombreuses personnes attendent leurs proches avec des ballons et des bouquets de fleurs. Des couples de la sierra (montagne) sont vêtus de leurs costumes traditionnels: chemise blanche, pantalon noir et chapeau pour les hommes, blouses ou jupes brodées pour les femmes avec différents chapeaux. Ils ne sont pas très grands mais très dignes.

Nous arrivons à notre hôtel de Tena (la grande ville en bordure d'Amazonie), pile 24H après notre départ de la maison. Pour nous, il est 5H du matin, 7 heures de décalage horaire. L'hôtel est en face de l'hôpital... on m'en veut!

La matinée est presque fraîche et nous devons nous habituer aux douches froides.

Nous retrouvons notre fille Johanna qui a pris le bus de nuit depuis Guayaquil où elle faisait un stage dans un centre de sauvetage pour animaux.

Elle nous fait goûter à un petit déjeuner local, empanadas et tigrillo (viande de porc, couenne, fromage, banane plantain) avec du jus de "tomate de arbole" (un fruit inconnu chez nous) ou de coco et un café pour moi qui ne peux pas me désintoxiquer d'un coup.

Nous visitons ensuite le parc Amazonico avec un guide qui nous présente diverses espèces animales (singes, tapir, oiseaux) et végétales dont un magnifique Ceibo (immense arbre).

tapir- ceibo- tamarin 

Johanna nous emmène dans sa boutique préférée d'artisanat amazonien où nous faisons quelques achats. Puis nous déjeunons de nouvelles spécialités avant de courir prendre le bus (avec nos sacs de 21 et 20 kg) pour Ahuano. Une heure de bus puis traversée du rio Napo en pirogue. Nous voici en Amazonie! Nous retrouvons la famille de Jalely, l'amie de Johanna, qu'elle a connu dans un centre de sauvetage pendant la COVID et avec qui elle fait ses études en Espagne.

Le nom du village vient de l'ahuano, très grand arbre, car il y en avait 3 à cet endroit.

Nous sommes très bien accueillis et offrons à la famille réunie les cadeaux (vêtements, sacs à dos, montres, maquillage) que nous avons apportés.

Le papa de Jalely est piroguier ou guide pour touristes dans les lodges de luxe (quand il trouve du travail). Johanna et lui nous ont concocté un programme personnalisé. Il n'y a des touristes qu'en août et un peu à Noël et en juillet. Bizarrement, il n'y a que des lodges de luxe dans le coin. Ils emploient de nombreuses personnes du village. Ça a été la catastrophe pour eux pendant l'épidémie de COVID même si la maladie les a peu touchés (contrairement aux grandes villes où les gens mouraient sur les trottoirs).

Repas typiques, toujours délicieux (ils ont tué un poulet en notre honneur pour le premier soir). Les bananes plantain, classique et "oritos" (les toutes petites) sont la base de l'alimentation. On en mange à tous les repas, et c'est la seule nourriture quand l'argent manque.

Le lendemain, visite du village (2 500 habitants, 5 500 avec les hameaux de la commune), de son école, de l'église, des différents membres de la famille. Ici, de nombreuses jeunes filles sont mères à 15 ans. Résultat d'amours adolescentes sans aucune éducation sexuelle. Mais sur les murs de l'école, à côté des messages écologiques ou contre la violence, il y a en a un contre l'avortement… Passage chez un ami qui nous fait une démonstration de sculptures d'oiseaux sur bois de balsa (très léger). Il les sculpte, les pyrograve, puis sa femme les peint. Je craque pour un magnifique hibou et Frédéric pour un colibri. Heureusement, Johanna nous les rapportera.

L'après-midi, petite marche en forêt et baignade au pied de cascades. L'eau est très fraiche! Nous tentons un peu d'escalade mais la roche est glissante. Nous partageons ce plaisir avec une partie de la famille de nos hôtes Equatoriens. Cela rend les relations plus naturelles. L'humour de Frédéric fait merveille! Au retour, nous admirons un magnifique arc en ciel (le double arc complet).

Jeudi, départ à 4H30 puis promenade en pirogue au clair de lune puis au lever du jour avec des passages de rapides et de hauts fonds pas évidents.

Le but: aller voir une falaise où des oiseaux (perroquets ou perruches) viennent se gaver de minéraux. Ils arrivent en groupe (espèces variables selon les jours) et restent un bon quart d'heure. Pour nous, ce seront des perruches vertes, des perruches farineuses et un perroquet à tête bleue.

Delfin, le papa de Jalely et son ami Samuel pêchent au filet dérivant. La pêche, d'abord pauvre, est finalement bonne avec des poissons-chats majoritairement. Claudia, la maman de Jalely et ses filles vident les poissons puis les cuisent soit en bouillon avec simplement du sel, soit dans de grandes feuilles, soit directement sur le gril, sur un feu de bois sur la plage. Ils sont servis accompagnés de yuca (manioc), banane plantain et riz. Petites bananes (oritos) grillées en apéritif. Un régal, comme vous pouvez l'imaginer! C'était le repas traditionnel autrefois.

Ensuite baignade dans le fleuve avec un fort courant. Nos hôtes ne sont pas très inquiets pour les enfants de 5,7 et 9 ans qui sont avec nous. On est loin du "en toute sécurité" (que j'abhorre) de chez nous! Mais ils savent tous nager très tôt. Seul aspect négatif, les "sand-flies", minuscules moucherons qui piquent, nous laissant les jambes ornées de cocardes disgracieuses bien plus grosses qu'eux, et surtout prurigineuses (ça y est, j'ai pu placer un terme médical). Cela va empirer les jours suivants (surtout la nuit), tandis que les piqûres deviennent pourpres avec une vésicule (beurk).

                                                               ma jambe 

Puis retour au village en faisant le tour de l'île entre les deux rivières, le grand Napo et le plus petit Arajuno. Le Napo est un affluent de l'Amazone.

Sieste bienvenue et écriture.

Nous dormons à 3 km du village dans un hameau. Maison de bois traditionnelle sur pilotis. Au lever du jour, c'est un incroyable concert d'oiseaux. L'un d'eux, l'oropendola (noir à queue jaune), tisse des nids qui pendent des arbres, et son cri ressemble au bruit d'une goutte d'eau tombant dans une bassine.

Les nuits suivantes, nous dormirons dans la chambre de la plus jeune sœur de Jalely qui ira chez la troisième sœur. Ça évitera les déplacements et fera un petit apport financier à la famille.

Nous partons avec Claudia voir un ceibo multi-centenaire impressionnant. Le clan qui le protège a créé un petit site touristique avec point-de vue sur les rivières et montagnes, maison traditionnelle et impressionnante balançoire au-dessus du vide. On s'amuse bien. Claudia et moi avons le même âge.

Almuerzo (soupe et plat pour 3 dollars) dans un petit restaurant. Comme le matin (nous avions raté le bus), nous faisons du pick-up stop. Les voitures sont rares. Quand on commande un taxi, on paye le prix fort, mais ensuite il prend d'autres personnes à l'arrière du pick-up pour un prix modique. Confort moyen mais c'est tellement agréable d'avoir les cheveux au vent! La météo nous épargne: averses le matin et la nuit et soleil l'après-midi. Nous allons voir une cascade mais me chemin est extrêmement boueux et glissant. Il faut faire attention aux épines quand on se rattrape à un tronc ou une liane! Nos chaussures s'enfoncent, Johanna préfère marcher pieds-nus mais nous sommes encore trop citadins pour l'imiter! De plus, l'eau initialement claire, devient boueuse, signe qu'il a beaucoup plu au-dessus et que la rivière va monter. Nous décidons d'aller au bout de la ballade, mais au retour le gué n'est plus franchissable et nous devons faire un détour pour rejoindre la route.

Puis visite de la ville de Misahualli (à l'est de Tena) où les gens viennent se promener sur la plage du rio, se baigner, manger des épis de maïs ou de bananes grillées avec du fromage râpé et de la mayonnaise. Il y a aussi de grosses larves de la taille de mon petit doigt, blanches à tête noire, qu'on trouve dans le tronc de certains palmiers. On peut les manger crues, frites ou grillées. Pour l'instant, je passe mon tour! Je crois que ce sont celles qui sont utilisées à Koh Lanta pour l'épreuve de dégustation. la ville est réputée pour ses singes capucins (celui de "Sans famille") chapardeurs mais nous ne les avons pas vus. Pour traverser le rio, le pont s'étant effondré, nous prenons un téléphérique rudimentaire.

Retour dans la nuit à l'arrière d'un Pick-Up.

Nous montons sur le toit de la maison admirer des éclairs dans un gros cumulo-nimbus.

Nouveau trajet en bus pour Tena, cette fois avec les 3 sœurs, un beau-frère et leur fils de 5 ans.

Nous allons voir un site géologique à Cotundo plus au nord, mais le gardien/guide, contacté la veille par Johanna, et qui devait être là, a finalement décidé de ne pas travailler… Résultat, nous ne voyons qu'une petite partie du site, des gorges calcaires étroites impressionnantes. Nous voulons ensuite aller voir une grotte et un canyon, mais le temps de les atteindre à pied , il est trop tard. Johanna fulmine.

Pour nous consoler, lorsque nous revenons à Tena, nous assistons à un défilé de danses traditionnelles de la côte, Kichwa (peuple de Jalely, voisins des Guaranis mais qui se sont d'avantage occidentalisés), écoles de danse, Diablada, gens de la sierra… C'était très chouette. Puis nous dégustons des glaces: à la mangue salée et citronnée pour moi.

Retour dans la nuit une fois encore. Les journées sont bien remplies mais les nuits pas toujours paisibles: le bar d'en dessous diffuse de la musique jusque tard dans la nuit et le voisin fait Karaoké et met la radio plein pot dés 5H00. Soit je m'habitue au bruit, soit je m'habitue aux boules Qiuès! Je préférais le concert des oiseaux!

Dimanche, nous allons à Amazoonico, le centre de sauvetage où Johanna a été bénévole 6 mois pendant la COVID.

Nous traversons d'abord l'île où les gens du coin ont leurs champs. Ici on dit "chacra"; la grosse différence, c'est qu'ils laissent pousser les beaux arbres et d'autres plantes pour enrichir la terre. Cette fois nous nous sommes méfiés: pantalon long, bottes, et manches longues. On ne nous y reprendra pas deux fois. Les locaux semblent immunisés contres piqûres de sand-flies. Ici, on cultive différentes sortes de banane (les plantains se reconnaissent au fait qu'elles partent dans tous les sens sur le régime au lieu d'être bien rangées), de la yuca, du café, du cacao. On mange de la banane à tous les repas (bouillie, frite, en soupe ou chucula, crue, grillée…). Moi, ça me va bien!


Delfin et Alex (le fils de Jalely), palmier, banane plantain, yuca, café, bananiers 

A Amazoonico, Johanna est comme chez elle et connait tous les travailleurs locaux contrairement aux nouveaux bénévoles. Les animaux ont été sauvés du braconnage qui en fait des "animaux de compagnie". Un jeune bénévole français nous fait faire la visite. Les oiseaux ont eu les ailes coupées pour les empêcher de s'enfuir et ne pourront pas être relâchés dans la nature. une anaconda restera aussi ici car elle ne sait pas chasser; Elle ne fait que 3m50 au lieu de 6m car elle a été élevée dans un bassin et n'a pas pu grandir. Les singes, eux sont souvent trop familiers pour vivre dans la nature. Un singe araignée s'échappe souvent et apprend des tours pendables à ses congénères sauvages, comme attaquer les humains ou retourner les tortues et leur pisser dessus… Des tortues ont été victimes de pêche à la dynamite et ont une carapace déformée. Bien sûr, plus que le sauvetage des quelques animaux qui pourront être relâchés dans la nature, c'est l'action éducative en amont que recherche le centre.

saïmiri (singe écureuil), tapir (ça nage très bien), singe araignée , tortues, pécari, ara

Nous montons ensuite voir un point de vue sur le rio et la selva (forêt) en passant par l'école. C'était le seul endroit où Johanna pouvait avoir du WI-FI et nous contacter! Au retour, nous croisons un groupe de singes écureuils. Leurs bonds d'arbre en arbre sont impressionnants (d'où leur nom).

Nous allons déjeuner chez les parents d'un beau-frère de Jalely. Nous commençons à nous y retrouver dans la famille. C'est d'autant plus compliqué que les mères ont souvent un bébé en même temps qu'une de leur fille. Difficile de s'y retrouver entre les générations!

Le déjeuner est délicieux: maïto (poisson cuit dans une feuille de bijao, comme sur la plage) de tilapia, banane plantain, yuca, oignons. Le tilapia, comme la perche du Nil est une catastrophe écologique: c'est un poisson africain vorace qui détruit la faune endémique. Mais qu'est-ce que c'est bon! les poissons sont garnis de yuyu, la jeune pousse du palmier à épine ci-dessus (je crois que ce sont nos cœurs de palmiers qu'on mange en salade chez nous), très utiles car on mange aussi ses fruits, son bois, très dur sert à la construction, et le tronc contient les fameux vers comestibles. La boisson habituelle est une infusion de gayusa (sorte de thé) assez sucrée.

Je goûte aussi la chicha, boisson fermentée à base de yuca. Frédéric n'aime pas ça.

Johanna et Jalely câlinent les bébés de la famille pendant que mère et fille font la cuisine.

feuilles pour faire la guayusa 

L'après-midi, Delfin nous emmène faire du tubing. Descente relaxante du rio. Il nous stoppe avant d'arriver à des rapides qui précèdent le confluent avec le Napo (et ça c'est un autre sport!).

Très gosse pluie pendant la nuit. On l'a entendue arriver de loin, c'est une sensation étrange. Quelques éclairs. La rue est un torrent. En 2012, les gens de l'île et du bord du rio ont été inondés, leurs maisons détruites. Le gouvernement a fait reconstruire des maisons en dur, plus haut. 4 pièces, salle de bain en dur, sol intégralement carrelé et toit terrasse, un petit terrain qui permet quelques cultures et de s'agrandir. Mais les murs en parpaing sont rongés parle salpêtre et le bas des portes en bois pourrit. Les maisons en bois imputrescible traditionnelles sont plus aérées et sur pilotis. Elles ont le plus souvent un filet de volley dans le jardin, car les Quichuas en sont fans.

la première est la maison de Jalely 

Le soir, nous allons acheter des légumes. Des camionnettes passent tous les jours, en provenance de la sierra (montagne) et appellent les chalands par haut parleur. Celui du dimanche est plus un marchand de gros. Aucun prix n'est affiché.

Cela fait déjà une semaine que nous sommes partis.

Lundi 7 août. Nous retournons sur l'île (même tenue par conséquent), pour visiter un jardin botanique. Son créateur est l'homme à tout faire d'Amazoonico, un Kichwa toujours calme et souriant. Il nous présente différentes plantes médicinales (beaucoup soignent les maux de ventre, mais d'autres sont contre le venin de serpent ou les mauvais esprits) ou aromatiques. Ici il y a un arbre dot les feuilles ont un goût de cannelle avec un arrière goût de menthe. On voit plusieurs Huatzi, oiseaux préhistoriques qui n'ont pas disparu car ils sont immangeables. Edison a installé une balançoire à une grosse et haute branche d'un arbre magnifique. On se demande comment il a pu grimper jusque là pour passer la corde! Adultes et enfants (on part chaque jour avec différents membres de la famille) s'amusent.

Ouatsi - cherchez Johanna 

Après une courte marche, pique-nique au bord du fleuve. Connaissez-vous l'arbre qui marche? Il se déplace réellement, les nouvelles racines poussant vers l'espace et la lumière tandis que les vieilles meurent.

le rio, un tantinet boueux, arbre qui marche 

Où qu'on aille, on croise des connaissances de Jalely, heureuses de la revoir (elle n'est pas revenue depuis 2 ans qu'elle vit en Europe).Ici les prénoms ont de multiples origines (espagnole: Claudia, Gabriela, américaine: Jefferson, Alexander, Edison; de la bible: Samuel; arabes: Aïcha, Djamiley...).

Nous allons ensuite voir le centre créé par le grand-frère de Jalely, Jimmy: la laguna caïman.

On nous fait essayer une sarbacane (il y a des progrès à faire!). Puis nous allons voir un étang, progressivement envahi par les roseaux où vivent des caïmans. Ils restent là car ils y sont protégés alors qu'ailleurs ils sont chassés pour leur peau ou leur viande.

Puis nous assistons à la fabrication du chocolat (en participant pour l'épluchage des cosses torréfiées et au moulinage). Pour la cuisson de la poudre, on ajoute de l'eau, du sucre, des feuilles de cannelle (cf supra) et des feuilles de citronnier. Pour finir, fabrication de chicha: on ajoute de la banane plantain ou de la patate douce râpées et séchées à de la yuca cuite et écrasée. On laisse fermenter 24H avec de l'eau. Ensuite, dégustation du chocolat sur des fruits (banane, fraises, raisin) et de la chicha. Miam! Dommage pour Frédéric qui adore le chocolat mais déteste la cannelle! Jalely qui y a travaillé nous a servi de guide. Elle essaye un peu en français. Ça fait bizarre de la voir dans ce rôle. Du coup, Frédéric préfère qu'on se passe du spectacle de danses car on connaît trop les danseuses.

cacao, moulinage, cuisson - chicha - costume  traditionnel (vu lors des danses à Tena)

Jimmy fait aussi de beaux meubles en bois. J'aurais bien rapporté des tabourets! Un pic a élu domicile dans une des poteaux.

Des touristes débarquent (au propre comme au figuré, car la majorité des trajets se fait en pirogue) en famille ou en groupe. J'avoue ressentir un petit sentiment de supériorité du fait d'être ici en famille.

Puis lecture ou baignade dans le rio. Du fait de la pluie de la nuit, la rivière est beaucoup plus chargée de terre. On ne voit plus sa main à 7 cm sous l'eau. L'eau est délicieuse mais attention aux courants sur les côtés, vers de petits bras d'eau. J'assiste de près à une autre façon de pêcher, celle au lancer, avec un filet rond lesté. Puis Jalely et Johanna me font faire un tour de pirogue non motorisée, avançant avec de simples bâtons.

Dans la pirogue du retour, avec de nombreux membres de la famille, nous testons une friandise très appréciée: un fruit noir, avec une sorte d'écorce, une couche de chair de moins de 2mm et un énorme noyau. Le jeu consiste à râcler la pulpe. J'aime bien le goût mais m'en mets plein les doigts. Une petite fille de moins de 3 ans (la fille du cousin de la belle sœur) maitrise parfaitement la technique!

Le soir, ambiance très gaie avec une partie de la famille. On partage 1L de bière blonde à 5. Frédéric nous laisse sa part.

Le lendemain, repos. Eh oui, c'est fatigant les vacances! Comme chaque matin, Frédéric et moi faisons 10 min de yoga. Claudia nous accompagne et ça l'amuse beaucoup (ça lui plaît car elle recommencera le lendemain). Ecriture du journal, déchargement des photos, lecture... Je fais aussi la lessive au lavoir dans le jardin. Claudia arrive à ravoir toutes les taches! C'est plus efficace qu'au lavabo. Johanna enlève les tiques de la chienne de la maison, Sacha.

                                                                                                      arbre avec nids d'oropendula...

L'après-midi, nous allons voir la coopérative de café du village. Que du bio! Les grains rouges partent en Allemagne. Les verts servent à faire du café soluble pour la consommation locale (bien meilleur que le Nescafé, soit dit en passant!). Dégustation sur place. Nous en rapportons à Delfin.

N'étant pas au bord de l'eau, nous ne nous sommes pas méfiés; mais les sand flies nous ont retrouvés. Leurs piqûres sont un cauchemar, surtout, la nuit. Leur nom français est simulies. Ce sont de petites mouches hématophages qui fonctionnent comme les moustiques. Mais la réaction est beaucoup plus violente ("toxique"). Par contre, ils ne sortent pas la nuit. On risque d'en avoir beaucoup sur les plages brésiliennes…

Si seulement les geckos pouvaient nous protéger!

Le soir, Delfin et Claudia vont voir la télé chez leur fille car un candidat aux présidentielles, trop populaire car anti-corruption, a été assassiné. C'était leur candidat préféré. Mais pas d'agitation pour autant, au moins ici.

Après le petit-déjeuner (bouillons d'abats de poulet dont les pattes, très parfumé avec de la coriandre, banane plantain écrasée ou tacacho et infusion de citronnelle),

journée excursion comme des touristes équatoriens. Nous partons à nouveau avec les 3 sœurs, le beau-frère et les 2 enfants pour Puyo, plus au sud. 1 taxi, 1 pirogue et 2 bus plus tard, nous arrivons à un beau point de vue sur le rio Pastaza. Les gens se font photographier en famille sur une montgolfière, un nid d'oropendola, un ponton au-dessus du vide… Il y a aussi des starlettes qui prennent la pose et font des effets de cheveux. Ensuite, nouvelle balançoire au-dessus du vide. Des jeunes hommes nous pussent en sautant carrément pour donner plus d'élan. Pour finit, passerelles d'arbre en arbre pour admirer le point de vue. Le spectacle est autant dans le public que lié aux activités!

Nous redescendons au village de Mera pour déjeuner: fritada (viande de porc, purée de pommes de terre, gros maïs blanc ou choclo, oignons, salade). Nous passons dans l'arrière boutique nous laver les mains et voir la vue. Là, les femmes finissent de couper en morceaux une tête de porc. De grands sacs de morceaux de viande sont posés à côté. Tant pis pour les contrôles vétérinaires, nous nous sommes régalés.

L'après-midi, nous allons nous baigner au pied de 2 petites cascades. Ce n'est qu'à 2 km mais les jeunes arrêtent un pick-up! Le cadre est joli, l'eau très froide. Spa complet: cryothérapie, jacuzzi (froid) sous l'une des cascades et massages du dos et de la nuque sous l'autre.

Ce jeudi matin, Delfin nous emmène pour deux jours de randonnée dans la selva (ici on distingue la selva, forêt amazonienne, d'el bosque, forêt comme chez nous) avec bivouac au bord d'un rio. Nous sommes accompagnés par un beau-frère, son amie, et un neveu. Ils viennent pour pêcher et aideront à porter les affaires car on part avec marmites et gallon d'eau bouillie. Il fait très beau pour une fois et nous apprécions l'ombre des arbres. Ceux-ci sont souvent magnifiques. C'est une symphonie de verts et de bruns, avec parfois les jaune, rouge, orange ou rose vifs d'une fleur, d'un fruit ou d'un champignon. Pause au bord d'un petit rio. La femme qui nous accompagne a apporté de la yuca fermentée et nous fait de la chicha en direct avec l'eau de la rivière. Ils font bouillir l'eau des grandes rivières, mais là on la consomme en direct. Et la chicha n'est pas assez alcoolisée pour tuer les microbes. Tant pis, on fera avec.

La randonnée est très dénivelée, avec alternance de crêtes et de rivières. On a parfois des vues dégagées sur la forêt. Nous entrons dans le territoire des Urohani. Ils acceptent notre passage à condition que nous ne chassions pas, ce qui ferait fuir les animaux. Ils font trois fois notre randonnée, pieds-nus ou en tongs, pour venir vendre leur artisanat à Amazoonico!

Au bout d'environ cinq heures et demi, nous arrivons au bord d'une grande rivière. Frédéric a tellement transpiré qu'il peut se comparer à Johnny après un concert! Il est un peu déshydraté et fatigué. En cherchant le lieu pour le bivouac, je m'enfonce dans la vase (la limite avec le sable ne m'est pas toujours évidente) jusqu'en haut des bottes et ai du mal à ressortir! Impératif du lieu, il faut pourvoir remonter rapidement en cas de crue. Baignade dans le rio, à la fois rafraichissante et tiède, juste derrière un tronc qui provoque un petite remous bien agréable. j'ai dû rester dans l'eau presque une heure avec Johanna. Frédéric nous rejoint mais il est attaqué par les sand-flies. Nos compagnons sont partis pêcher, au filet lesté et à la ligne. Delfin monte le camp: une grande bâche, une moustiquaire et des lattes de bambou feront notre abri. Il faut aussi couper du bois. Ils ont tous leur machette à la ceinture. En parlant de ma profession de médecin et de la marche d'aujourd'hui, il dit de moi que "je suis tout terrain". C'est un des plus beaux compliments qu'on m'ait fait! La pêche a été bonne: deux grands poissons de 30 cm. Délicieux dîner: poisson en bouillon, yuca et banane plantain cuites dans des feuilles dans le bouillon. Le reste du yuca est grillé afin qu'il se conserve. Le poisson est assez proche de la truite au goût, avec des arrêtes en Y comme le brochet. Delphin trouve une grosse gousse dont on mange le fruit, que Johanna m'avait vantée mais dont ce n'était pas la saison. Pour les fruits, il faut venir entre décembre et mars. Nous faisons sécher nos vêtements après les avoir rincés. Ceux de Frédéric attirent les abeilles de façon incroyable. Nous les mettons à sécher près du feu.

Soirée à regarder le magnifique ciel étoilé. Je ne connais que le scorpion comme constellation d'ici. Dommage... Nous sommes un peu tassés tous les trois sous notre bâche. Les autres se sont fait un abri de palmes (toit et sol). Ils repartent pêcher jusqu'à minuit car les poissons sont plus faciles à attraper de nuit. mais l'eau est trop claire et les poissons se méfient. C'est mieux quand elle est plus boueuse. Nous nous endormons au son du coassement des crapauds et du chant des grillons.

Vers 4H30, nous sommes réveillés par une averse, de plus en plus importante. Tout le monde se réfugie sous la bâche. Nous rassemblons les affaires. Il nous avait bien semblé voir des éclairs pendant la nuit mais ça paraissait bizarre avec un ciel étoilé. A la première accalmie, nous montons sur la crête. Un campement avec un toit de tôle est installé. Petit déjeuner de spaghetti au thon et à la tomate avec de la guayusa. Nous repartons avant que les rios que nous devons traverser à gué aient trop grossi. Le terrain est extrêmement glissant. Delfin taille 2 bâtons pour Frédéric qui n'est pas dans sa zone de confort. Pour se "venger", il s'imagine emmenant Delphin en moto en inter-file sur le périph ou sur la place de l'étoile. Puis i compare avec le ski où il excelle et où se pose la même la même question d'équilibre et de confiance. Les petite lianes nous font des croche-pieds, les feuilles mortes cachent traitreusement les racines glissantes nous buttons sur les petites souches que nous n'avons pas vues... Au moindre instant d'inattention (après un passage difficile en général), c'est la glissade. Les rios sont tous franchissables et nous arrivons à bon port.

Fin d'après-midi tranquille. Nous allons chercher le hibou et le colibri en bois que nous avons commandé. Un groupe est là et nous assistons à nouveau avec plaisir à la démonstration. Je vais faire une petite consultation chez le voisin dont le père est diabétique. Il correspond parfaitement à mes patients habituels (déshydraté, infection urinaire, diabète déséquilibré). Le centre de santé, gratuit, du village est très efficace. Il a un traitement de fond parfait. Pour le dîner, nous sommes invités par le fils du parrain de Jalely au Liana Lodge. Le Napo a considérablement grossi. les berges n'ont plus rien à voir. la navigation de nuit, avec le courant, est impressionnante (le Liana lodge et sur la rive de l'autre rio, il faut passer le confluent). Ici, on prend la pirogue où qu'on aille. Delfin a une maîtrise impressionnante. mais il y a 2 ans, juste après le départ de Jalely en Europe, il faisait du transport de bois de balsa (en l'absence de touristes) et a perdu sa pirogue dans les rapides, bien plus dangereux qu'ici. Il s'en est sorti mais le moteur à lui seul coûte 3000$. D'où un lourd endettement. Le restaurant est très beau, éclairé à la bougie, avec des meubles en bois et une petit patio central arboré. J'aime vraiment ce bois qu'ils utilisent souvent pour faire les rambardes des balcons.

Le ciel est de nouveau magnifique pendant le retour. La discothèque, silencieuse du lundi au jeudi, a rouvert ses portes…

Pour le dernier jour en Amazonie, ce sera la fête familiale: le petit-neveu de Jalely a un an. Eh oui! elle est déjà grande tante.

Je regarde faire la chicha en grande quantité, cette fois avec de la banane plantain séchée, fermentée, râpée ajoutée à la yuca bouillie.

Rédaction du blog, lecture. Très gentiment, Claudia recoud le pantalon de Frédéric complètement décousu à l'entrejambe suite aux enjambées dans la forêt.

Dernier bain dans le Napo avec Johanna. Il a retrouvé son lit habituel mais le courant est fort. Nous faisons du longe côtes car ne pouvons remonter le courant. L'eau est fraîche. Qui dit baignade dit nouvelles piqûres mais tant pis.

La cuisine/salle à manger a été décorée pour l'anniversaire. Toute la famille est réunie. On s'affaire en cuisine. Jimmy, le grand frère de Jalely et grand-père du roi de la fête de la fête fait une discours, puis Isabelle sa femme. Les enfants sont servis puis les adultes. Au menu, Aroz lleno (riz avec des crevettes, du poulet, des saucisses, très parfumé), du poulet au barbecue avec une sauce délicieuse, de la banane rôtie puis le gâteau à la crème avec la photo de l'enfant, un gâteau au chocolat (maison) fait par Johanna, et des bonbons. On se régale! Gabriel a eu un trotteur en forme de voiture.

Après le repas, Claudia prend la parole. Elle dit que depuis 15 jours que nous sommes là, dans une bonne ambiance, nous sommes devenus des membres de la famille. Et elle nous demande d'être l'un le parrain , l'autre la marraine de Gabriel et de Jimmy (fils et 4eme enfant de Jimmy). Nous sommes très touchés et émus mais ne savons pas comment nous pourrons vraiment jouer notre rôle; Elle ajoute qu'elle ne sait pas si nous reviendrons un jour mais qu'elle l'espère. Jimmycito (le petit Jimmy) a choisi Frédéric car il a passé un bon moment dans ses bras à lui faire des sourire ou rire quand il le "jetait" en l'air alors qu'il pleurait quand je voulais le prendre. Frédéric sera donc son parrain et moi la marraine de Gabrielcito. Comme nous ne serons pas là pour le baptême à l'église, Delfin nous demande de verser de l'eau sur la tête du bébé et de tracer une croix sur son front, selon leur tradition. Gabriel est né avec 2 mois d'avance et sa mère est restée une semaine dans le comas. Elle avait 15 ans et est une vraie brindille. Alors qu'isabelle, à 34 ans et mère de 4 enfants a fait un bébé beaucoup plus costaud; il aura 1 an fin novembre mais est déjà bien tonique!

Cela se fait beaucoup de choisir des parrains et marraines plus aisés; la marraine de Jalely était la fondatrice suisse d'Amazoonico, Elle lui avait promis de l'aider à faire des études mais elle est décédée dans un accident de voiture et son mari, équatorien, n'a pas donné suite. Nous verrons bien quel sera notre rôle. Si on s'était attendus à ça en arrivant! Dire qu'au début on avait prévu de passer dernière nuit en lodge pour se faire une nuit de luxe… Heureusement qu'on avait changé d'avis n'en ayant plus envie.

Ils nous offrent des bracelets en fibre et graines et des boucles d'oreilles en perles artisanaux d'Amazonie.


Jimmy poursuit sa journée de travail en étant DJ à la discothèque. Il nous invite à y poursuivre la soirée. nous y allons en famille. Le papa de Jalely aime danser. Frédéric et Claudia restent spectateurs. On s'amuse bien. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait ça! On descend aussi plusieurs bières mais personne ne dépasse les limites. Vers 1h00, nous allons nous coucher mais la musique continue.

Dimanche 13 août.

Nous refaisons nos bagages. Nos sacs font maintenant 17kg. Je laisse à regret le gros Lonely Planet d'Amérique du sud, vraiment trop lourd. Après dégustation de mangue verte râpée salée, citronnée, nous prenons le bus pour Tena puis pour Quito. La route est belle. Nous passons par une forêt des nuages avec de nombreuses cascades assez hautes. Des pitons volcaniques alternent avec des vallées profondes creusées par des torrents. A un col, il y a plusieurs échoppes de champignons médicinaux. L'arrivée sur Quito est impressionnante, la ville couvre les flancs des collines qui entourent la vallée. Elle semble immense. Jalely est venue avec nous car elle doit aller au consulat espagnol faire faire un visa pout Alex (elle, elle a l'équivalent de la carte de séjour espagnol mais sons fils pas encore). Obtenir un rendez-vous a été très compliqué. On espère que tout va bien se passer (elle ne repartirait pas en Espagne sans lui).Nous passons une bonne soirée tous les quatre.

Quito nous parait glacial (il fait 10° la nuit). je n'avais pas réalisé qu'on était à 2800 m!

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2) LA SIERRA (MONTAGNE) - 14 août - 01 septembre

Lever 6H15. Nous devons traverser Quito du sud au nord pour retrouver notre guide pour les 15 prochains jours. 1H30 et 2 bus plus tard, nous rencontrons Brigitte, d'origine Belge (Liège), vivant en Equateur depuis 19 ans. Premier contact sympathique. Nous partons vers Mindo, à l'ouest de Quito. Belle vue sur les volcans, forêt des nuages. Bel hôtel en bois à Mindo - El descanso (le repos). Le propriétaire a installé des abreuvoirs d'eau sucrée pour les colibris et nous assistons à un merveilleux ballet. Il y a aussi de tangaras (jaune et noir, oranges ou gris bleu, des écureuils, des agoutis qui ressemblent un peu à des marmottes). Les colibris sont territoriaux et se montrent très agressifs pour accéder à l'abreuvoir. Je découvre qu'il existe des bananes roses, non comestibles.

colibris - tangara - bananes roses

Nous partons dans la forêt. Des gens font du tubing, d'autres diverses activités comme de la tyrolienne. Mindo est devenue un lieu de villégiature prisé des habitants de Quito pendant le COVID.

Nous prenons une tarabita (nacelle comme à Misahualli) pour rejoindre un sentier qui nous fera passer par 5 cascades. Nous nous baignons à deux d'entre elles. Très belle végétation. Pique nique au bord de l'eau.

Au retour nous nos arrêtons dans une fabrique de chocolat. On vient d'y tourner un reportage. Nous apprenons la différence entre une variété naturelle, plus savoureuse mais moins rentable (les cabosses jaunes) et une rouge, plus rentable, plus résistante aux parasites mais moins goûteuse, obtenue après 51 tentatives de croisements. Nous goûtons la pulpe qui entoure les fèves, acidulée. Nous revoyons le processus, écossons les fèves, les broyons. Puis nous goûtons le cacao râpé avec différents sirops: gingembre, citronnelle, pulpe de cacao, sucre de canne non raffiné. Entre chaque, nous buvons une boisson à base de pulpe de cacao. Puis nous goûtons un vinaigre à la pulpe et sentons un parfum (version femme et version homme) avec un arôme de chocolat, au résultat plutôt agréable.

Balade nocturne dans Mindo (nombreuses petites boutiques, jolies maisons en bois). C'est encore tout petit. Dégustation de truite au dîner avec jus de mandarine.

Lever à 5H30 pour aller voir des oiseaux avec une ornithologue, Julia. Cette femme s'est passionnée pour les oiseaux, enfant, après avoir rencontré des ornithologues. Une fondation allemande a ensuite donné des jumelles aux enfants intéressés et les a formés. Elle a dû se battre contre la tradition pour ne pas être une femme au foyer, acheter une longue vue avec l'argent gagné en accompagnant des touristes, sortir de son village. Maintenant, elle va à des congrès dans le monde entier!

Nous voyons un toucan et en entendons beaucoup. Apprenons à reconnaître les moucherolles, les tangaras, les puf-birds. Admirons un motmot. A vrai dire, nous entendons plus d'oiseaux que nous n'en voyons. Chaque fois, Julia nous montre leur photo. Julia imite à merveille le chant de certains oiseaux (dont le Quetzal équatorien) et ceux-ci lui répondent! Nous jouons à cache-cache avec un singe capucin. Un colibri a fait son nid de mousse au bord de la route. Pourvu qu'un toucan ne vienne pas manger les oisillons!

mot-mot -nid de colibri - puff bird - toucan - bromelia 

Nous repassons à la fabrique de chocolat car nous avons oublié la veille de goûter la glace à la pulpe de cacao, délicieusement acidulée.

Après un copieux petit-déjeuner, pendant lequel nous admirons à nouveau les colibris ,nous allons à une ferme d'élevage de papillons. Morphos, faux morphos et de nombreux autres de toutes les couleurs. Même les chrysalides de certains son jolies, vert d'eau ou d'aspect métallisé. Nous y passons un bon moment tant c'est un régal pour les yeux.

morpho - éclosion - reporter - faux-morpho 

Après un déjeuner de spécialités locales: ceviche de palmito (coeur de palmier) + jus de tomate de arbol, muchins (boule de yuca frites), fritada, nous prenons une longue route, plus ou moins asphaltée, vers la communauté d'El Rosal dans la vallée d'Inta. Les paysages, de montagne et de forêt sont très beaux. Nous passons près de réserves où il y a des ours à lunettes et des pumas. Les ours viennent surtout en novembre, manger une sorte de petits avocats (il leur faut grimper dans l'arbre) non comestibles pour nous. Nous avons la chance de voir des toucans, des arasaris et et des toucanets (autres sortes de toucans). Les vaches sont croisées avec des zébus de façon à être plus résistantes à l'alternance humidité/sécheresse. Une partie de la route se fait dans un brouillard épais.

Nous arrivons sous une pluie battante, saluée par les habitants. Nous avions choisi de voyager avec Brigitte pour un mixte "voyage solidaire" et "randonnée en montagne". Nous sommes accueillis par la famille: Germania, Ramiro, leur fille Lili, leur fils Ramiro (les enfants ont souvent le nom d'un de leur parent, comme en Amazonie), et le gendre Santiago. Nous apprenons à fabriquer du pain de yucca, délicieux. Il est fait avec du yucca écrasé, de la farine de yucca, un œuf, du beurre fondu, du fromage râpé et de la levure puis cuit au feu de bois. Dîner excellent avec soupe, pains de yucca encore chaud, des humitas (semoule de maïs avec du fromage du sucre ou du sel, cuite dans une feuille de maïs au bain-marie).

Soirée festive car un volontaire allemand arrivé il y a 1 an repart le lendemain. Chants, guitare, discours émouvants (il ne parlait pas espagnol et "ne savait rien faire quand il est arrivé" comme disent tendrement nos hôtes). On se sent vraiment en famille. La fille de nos hôtes, Lili et son compagnon, Santiago forment un très beau couple. Un gâteau d'anniversaire est servi exceptionnellement (je passe discrètement mon tour car je n'ai plus faim et n'aime pas beaucoup les gâteaux à la crème... ) avec du jus de fruit de la passion avec du rhum (là, j'en redemande). Il y a aussi une volontaire allemande, venue pour quinze jours. C'est une femme de notre âge, qui a un poste international à haute responsabilité chez CISCO. Sa société offre l'opportunité à ses salariés d'avoir des jours de congé supplémentaires pour faire du volontariat. Elle enchainera avec un e réunion de travail à Las Vegas. Ça va lui faire tout drôle! On tombe de sommeil après notre lever matinal mais n'osons pas aller nous coucher avant 23H30.

Après un délicieux petit-déjeuner, Germania et Carmen nous apprennent à faire du savon à l'aloe vera. La région est riche en mines (or, cuivre, marbre) et les sociétés minières promettent monts et merveilles aux habitants pour les déloger. Evidemment, ils ne donnent pas suite...

En 1996, une ONG espagnole a suggéré à Germania et quelques autres femmes du village de cultiver de l'aloe vera pour faire des savons. Elle leur a donné des plants mais l ne les a pas accompagnées pour la suite. Ça a été très compliqué car après la culture, il a fallu apprendre à faire des savons. Elles sont allées à Quito, elles qui n'avaient jamais quitté leur village, qui plus est sans leur mari. Ce fut une révolution culturelle. Puis quand ça a marché, il a a fallu le commercialiser. Chaque fois, il fallait un certificat supplémentaire. Elles ont diversifié avec des crèmes hydratantes. Leur correspondant espagnol leur a demandé des savons de 10 couleurs différentes. Mais il y a eu de nombreux échecs, dus au caractère alcalin du savon et à la cuisson. Actuellement, elles ont 4 savons: aloe vera nature (vert pâle), au sang de dragon (brun-rouge, cicatrisant), à la citronnelle (vert plus soutenu, relaxant) et la papaye (jaune, hydratant).Avant le COVID, elles en vendaient 21 000 par an, actuellement seulement 9 000 car beaucoup de boutiques d'artisanat solidaire ont fermé et le pris des transports à augmenté de façon exorbitante.

Nous allons couper les "feuilles" dans le champ (bien au ras), attention, ça tache très fort! Puis nous les lavons, enlevons l'écorce, ça glisse car c'est très gluant. Nous en goûtons de morceaux (gélatineux et sans véritable goût). L'aloe vera est connue depuis longtemps ici, mais comme base de boisson.! et les passons dans une passoire. Ensuite, Carmen les fait cuire avec de la glycérine et 2 autre produits. Puis nous versons le mélange dans des moules.

Après quelques achats, nous allons visiter leurs différentes productions. Ils sont incroyables de créativité. Ils élèvent des porcs (au pré toute la journée), ont creusé des piscines pour élever des Tilapias (sur le site d'un ancien cimetière pré-inca), cultivent différents fruits et surtout font du café.

Frédéric se moque amicalement de Santiago en l'appelant "El senior mucho savor" car il ponctue toutes ses explications en expliquant qu'ici tout a plus de saveur à cause du climat, de la terre, de la façon dont c'est cultivé...

liane à pitahaya - piscine à Tilapia 

Ils le cueillent grain par grain pour ne pas mettre des grains verts. Nous participons à la cueillette. Ensuite, ils enlèvent la pulpe mécaniquement puis font sécher les grains en les retournant fréquemment. Puis ils exportent… au Japon! (en passant par une coopérative). Pour nous ils poursuivent le processus (enlever la dernière peau, torréfier, moudre) et nous le dégustons.

séparation du grain et de la pulpe (rouge), séchage 

Déjeuner en famille. On se régale avec des escalopes de porc et des saucisses dont seule la grand-mère sait doser le sel et les épices. On nous demande nos professions. Frédéric explique qu'il apprend aux gens à parler en public avec des casques de réalité virtuelle. Quand il explique que "le plus important pour capter l'attention, ce sont les silences", Santiago le regarde comme s'il se moquait de lui. Lili, elle, a tut de suite compris ce que cela signifiait et le lui explique.

On se dit aurevoir avec beaucoup d'émotion. El Rosal est très isolé et ne fait pas partie des tours classiques. Mais ils ont profité du COVID pour construire 6 chambres pour accueillir les étrangers, touristes ou volontaires. Germania est très fière de nous montrer le terrain de foot/volley avec gradins qu'ils ont pu faire construire sur le seul endroit plat du village. A cet endroit, il y a le WI-FI gratuit pour tous.

Nous poursuivons notre route dans la vallée d'Intag. Ici, tout le monde se déplace en moto (je retrouve la GN125, ma première moto) ou en bus.

  la fameuse GN 125 - bus scolaire

Pause relaxante aux piscines thermales de Nangulvi. La plus chaude doit être à 40°. J'aime beaucoup alterner les bains dans l'eau très chaude et bien froide.

"ce ne sont pas ceux qui courent qui arrivent mais ceux qui savent où ils vont" 

Fin de la route jusqu'à la communauté de Morocho (du nom d'un propriétaire terrien qui a dû donner ses terres aux paysans), près d'Otavalo. Nous sommes très bien accueillis par Maria et Miguel. Mais ils sont Quechuas et beaucoup plus réservés. Au bout de quelques temps, pourtant, on rit bien tous ensemble! Miguel travaille dans le bâtiment et Maria s'occupe du potager et de leurs 7 enfants. Ils se sont mariés très jeunes, Maria a donc interrompu ses études primaires mais les a reprises en même temps que sa fille aînée. La plupart des femmes portent le costume traditionnel: blouse blanche brodée, jupe de laine noire sur une jupe plus claire et plus légère, collier fait de plusieurs rangs de perles dorées, bracelets de perles de corail rouge, couverture noire pliée sur la tête. Les hommes ont un chapeau noir (type chapeau melon, une chemise planche et un pantalon foncé.

blouses brodées - espadrilles portées par tous

Un Néerlandais, qui cherchait à se loger dans le coins, a suggéré aux "maires" de différents villages qu'ils proposent aux villageois intéressés de construire une chambre dans leur maison pour accueillir des touristes, avec quelques aménagements pour correspondre à nos exigence. Un Allemand s'est porté garant pour les prêts. Une quarantaine de famille participe au projet, dont 5 à Morocho. Deux agences locales s'occupent d'organiser un tour de rôle. Notre chambre est très jolie, décorée de tentures locales, peinte à la chaux avec de belles boiseries.

Les repas sont là aussi délicieux, pris en famille. Nous goutons des meyocos, sorte de pommes de terre grenaille mais dont le goût et la texture s'apparentent aux crosnes.

Le lendemain, il fait très beaux et nous pouvons voir, dans l'axe de la rue, les neiges du Cayambé (5790m), un des 4 plus hauts volcans d'Equateur, et le seul volcan au monde qui soit sur la ligne de l'Equateur. Nous entamons notre première randonnée d'acclimatation: le tour de la lagune Cuicocha (lagune du cochon d'Inde car elle a deux petites îles dont une ressemblerait à un cochon d'Inde, appelé cui du fait de son petit cri (couï - couï). C'est un cratère latéral du volcan Cotocachi qui culmine à 4944m. Nous démarrons à 3200m avec plus haut à 3623m. La flore est incroyable: 10 espèces d'orchidée (don la petite Dracula) aux fleurs plus ou moins jolies, l'achupalla (ou puya) dont raffolent les ours, des plantes grimpantes dont le taxo dont on fait des jus de fruits, l'arbre à papier (polylépis) dont l'écorce pèle…


 taxo - orchidée - lagune et orchidées  mauves ou bromélia - petite dracula

Les effets de la lumière sur la lagune sont très beaux. Le volcan Cotocachi sort par moment des nuages. En face, nous voyons le Fuya-Fuya où nous irons par la suite et l'Imbabura.

En chemin, nous rencontrons une famille d'Annemasse(près du lac Léman) avec 3 filles de 8, 10 et 12 ans qui terminent un périple de 4 mois en Amérique latine. Nous bavardons en échangeant bons plans et impressions de voyage au long cours en famille.

volcan Cotacachi 

Nous jouons ensuite aux touristes équatoriens en faisant un tour en bateau sur la lagune. Tour très joli au demeurant. Des "miss" et "mister" avec des écharpes de différents pays d'Amérique du sud se font photographier à l'avant du bateau en prenant des poses. A l'extrémité de la plus petite des deux îles, il y a encore des émanations de gaz. La lagune fait 150m de profondeur. Son eau reste claire malgré le peu de flux.

De retour au village, Maria nous fait découvrir son potager: lupins (chocho) , garance (minuscule graine en épis, un peu comme le millet), mures et physalis (amour en cage) occupent les plus grandes surfaces. Il y a aussi des petit-pois, des citronniers, orangers et mandariniers, des courges, des avocatiers, des piments...Nous aidons à récolter les lupins et à éplucher les physalis.

Nous dégustons jus de mûres et de physalis, confiture de physalis et une boisson épaisse à base de garance, roborative, lors des petits-déjeuners. Nous goûtons à différentes infusions lors des repas (on ne sert pas d'eau froide) .Dîner avec Maria, Miguel et 3 de leurs enfants. Maria est allée à Banos, haut lieu du tourisme équatorien et à la mer à l'occasion de voyages scolaires de sa charmante benjamine de 11 ans. Elle n'a pas aimé la mer, car l'eau pique (et l'aller-retour fait dans la journée était épuisant).

Nous partons déposer les sacs dans un hôtel à Otavalo (pour les mettre en sécurité) puis prenons une piste dans une végétation dense jusqu'à la lagune de Mojanda à 3800m afin de faire l'ascension du Fuya-Fuya (4200m). La végétation change radicalement: c'est le paramo, formé d'herbes sèches, d'achupallas et autres plantes fleuries.

lagune de Mojanda - arbre à papier  - cayambe

Le paysage est splendide. Vue sur la lagune, le cerro negro, le Cotacachi. En montant nous apercevons le Cotopaxi (5897 m), l'Antisana (5704 m) , loin dans la brume le Chimborazo (6270 m, la plus haute montagne du monde si on part du centre de la terre). Au total 19 volcans peuvent être nommés par Brigitte. Nous apercevons la laguna Cuicocha. Malheureusement, le ciel se couvre rapidement. Il aurait fallu partir plus tôt mais bizarrement, les équatoriens ne sont pas des lève tôt. Les petits-déjeuners sont servis à 7H30, les parcs nationaux ouvrent à 8H00 (et les employés arrivent souvent à 9H00).

achupalla - vers le sommet - arrivés 

Le souffle est un peu court. la dernière partie, plus raide, fait faire un peu d'escalade. Le Fuya-Fuya est formé de 2 sommets jumeaux. Pique-nique au sommet. Un petit oiseau en profite. Le soleil se cache et le vent se lève. La température change radicalement. Nous redescendons bien plus vite que nous ne sommes montés!

Petit tour au marché d'Otavalo, le plus grand marché d'artisanat d'Equateur. Que de choses tentantes. Je craque pour un pantalon coloré confortable en voyage, des gants en alpaga et un sac tissé que Johanna rapportera. Tant pis pour les pulls…

marché d'Otavalo - cochons d'inde rôtis 

Nous faisons plusieurs banques pour pouvoir faire la monnaie de 3 billets de 100 dollars. personne n'en veut par peur des faux billets. C'est un peu compliqué. Dégustation de pies à la myrtille ou à la mure puis route vers Quito. Il y a beaucoup de serres pour la culture des roses dont l'Equateur est un des premiers exportateurs .La température nous paraît douce cette fois-ci. Impossible de boire une bière car les élections présidentielles ont lieu le lendemain et la vente d'alcool est interdite.

Ces derniers jours, nous avons eu le même temps: ciel bleu le matin se couvrant au cours de la journée avec éventuelle pluie le soir. Vue dégagée sur le Cayambé et le Cotopaxi. Ce dernier est actuellement en activité. De ce fait, son célèbre cône immaculé est couvert de cendres grises. Nous voyons aussi au passage les 3 sommets (nord, centre et sud) du Ruminahui que nous escaladerons dans les prochains jours. Nous traversons une zone d'élevage avec des vaches à lait et des chevaux. les bêtes sont belles et bien nourries. Un village est spécialisé dans la vente de cochon d'Inde... à manger bien sûr. Ils les font cuire au feu de bois, empalés sur un gros bâton. Ames sensibles s'abstenir, mais c'est très bon. Un cochon d'Inde entier coûte dans les 25 $, c'est donc un mets de fête.

Nous faisons un randonnée sans dénivelé (nos quadriceps et mon genou capricieux apprécient après l'ascension du Fuya-Fuya) aux alentours de 3300 m d'altitude en longeant la rivière Pita. On peut pêcher de petites truites arc en ciel. Belle végétation et petite cascades le long du chemin, quelques oiseaux. Le but de la ballade est la cascade Condor Machay (nid du condor en Quechua). C'est une promenade prisée des habitants de Quito. Il y a de nombreuses familles et des scouts.

Longue route sous la pluie et ans les embouteillages de Quito, puis piste dans un brouillard à couper au couteau pour arriver au petit village d'Isinlivi, à l'hôtel Taita Christobald (papi Cjhristobald). Nous sommes au départ d'un trek couru, la boucle du Quilotoa, qui dure 5 jours. Nous n'en ferons que deux. C'est donc un point de rencontre pour de nombreux voyageurs. Nous dînons avec deux jeunes américains. Ils sont partis sans billet de retour. Elle est kiné et lui infirmier et n'auront pas de problème, comme en Europe, pour retrouver du travail. ils ont vendu tout ce qu'ils avaient. Ils avaient commencé leur voyage par 4 mois en Amérique centrale et en Colombie en 2019 mais ont dû rentrer aux USA à cause du COVID. La conversation va bon train. Johanna leur donne des tuyaux pour l'Amazonie. Mon cerveau gauche vieillissant à bien du mal à changer le cliquet "langage" de l'espagnol vers l'anglais.

Il y a du WI-FI partout mais capricieux. Charger les potos sur le blog est une véritable école de patience. De plus My Atlas se met en maintenance tous les soirs à 21H pour nous.

Très jolie randonnée pour aller à Chugchilan. Il a plu toute la nuit et ce matin le ciel est couvert. Le sentier est boueux. Nous descendons et longeons la rivière Toachi. Le paysage est impressionnant: champs en pente raide, éboulements. Le sol semble sableux mais les reliefs me rappellent les épaisseurs de cendres creusées par l'érosion sur les flancs du Pina Tubo aux Philipines.

Johanna libère un jeune taureau qui s'était emberlificoté dans sa corde. Je n'aurais pas osé! Les effluves des plantes aromatiques et les nombreuses fleurs agrémentent la marche. De petites fleurs jaunes s'appellent zapatitas (chaussons de bébé). Des fleurs bleues nous font penser à des colibris. Il y a un nombre incroyable d'épiphytes. Des eucalyptus, originaires d'Australie, ont été plantés un peu partout. Ils servent de bois de construction et de bois de chauffage. Mais rien ne pousse sous un bois d'eucalyptus alors que sous les arbres endémiques, il y a des plantes à tous les étages. Les clôtures sont faites d'une plante pour laquelle on plante un simple morceau de branche et l'arbuste pousse. Pique-nique au bord de la rivière. Un sand fly (arenia) arrive à me piquer entre la chaussette et le pantalon. Il le paye de sa vie! Nous remontons sur les crêtes au-dessus d'un canyon impressionnant. Nouvelle descente et marche dans un joli vallon très vert avant de remonter sur la crête pour arriver à Chugchilan.

Ce sont les élections et il y a un monde fou pour un si petit village. Embouteillages, marchands de toutes sortes de nourriture. Femmes et hommes portent un chapeau. Les premières gouttes de pluie tombent lorsque nous arrivons à l'hôtel El vaquero en bois peint de couleurs vives. Il y a un hammam et un sauna et nous nous délassons en compagnie d'un couple de français, ingénieurs agronomes, partis en tour du monde pour 13 mois. Ils habitent à côté de chez nous à Antony, lui joue au badminton en compétition et ils connaissent la même salle d'escalade! Les sujets de discussion ne manquent pas avec Johanna. Repos dans un hamac devant la chambre.

Femmes de Chunguila, camion de transport - alpagas 

Décor tout à fait différent ce lundi 21. Nous faisons le tour de la laguna Quilotoa, lac de cratère à 3600 m. La météo nous a promis de la pluie toute la journée. Heureusement, elle s'est trompée et les nuages restent coincés derrière le cratère. Cette lagune est réputée pour ses changements de couleur. Aujourd'hui, elle est vert-noir, vert olive dans les taches de soleil. Des vaches et des brebis paissent sur ses flancs. La nuit, les moutons sont parqués pour les protéger des renards. Du côté extérieur, il y a des champs en pente raide: lupins, pommes de terre, maïs... Les champs sont aussi vertigineux sur les pentes des montagnes alentours. Nous mangeons de myrtilles d'un blanc rosé, plus amères que les bleues. Johanna apprend à un jeune chien qui nous accompagne à en manger!

Le sentier monte et descend sur la ligne de crête, parfois vertigineuse. ls lieux sont toujours très fleuris: lupins violets et blancs, zapatitos jaunes, gentianes andines mauves, fleurs fuschia et rouges...Nous pique-niquons à la partie supérieure du cratère , dans les nuages. Ceux-ci ne quitterons plus mais il ne pleuvra pas. Il fait doux sauf quand le vent se lève. Un caracara, rapace à gorge rouge et jabot noir et blanc nous observe avec intérêt.

gentianes des Andes - caracara 

Une bergère me demande un dollar quand je photographie ses moutons et un gamin me dit qu'il faut payer quand je photographie un alpaga. Ça commence...

De retour au village, petit tour au marché artisanal. Puis route sous la pluie jusqu'au parc du Cotopaxi. Ils ne veulent pas nous laisser entrer alors que Brigitte a un laisser-passer car nous passerons la nuit dans un refuge. Après allers-retours du gardien et pourparlers, nous pouvons passer. Nous avons la chance de voir un cerf avec une biche et un faon, des caracaras, des mouettes des Andes (c'est bizarre d'entendre un cri de mouette en pleine montagne!) et autres oiseaux. Nous apercevons brièvement les pentes enneigées du Cotopaxi. J'espère qu'il fera beau demain pour l'ascension du Ruminahui ("face de pierre", du nom du général d'Atahualpa le dernier empereur Inca digne de ce nom) nord (il a 3 sommets)! Nous passons la nuit dans un refuge tout confort d'où la vue doit être fabuleuse par beau temps. Belle truite au dîner. Et le WI-FI est exceptionnel (les photos sont chargées en un rien de temps) alors qu'on est loin de tout village.

ave fria - caracara - refuge 

Déception au réveil, les nuages sont bas. Mais notre guide Diego Solita (un guide de haute montagne, formé à Chamonix)) nous emmène quand même Johanna et moi. Départ à 3750 m. Nous longeons une lagune avec des roseaux et de nombreux oiseaux: foulques, mouettes... Nous montons fans les herbes hautes. La flore est incroyable: lupins, chukirawas oranges, mousses vert-vif, et des plantes aux formes improbables. Faute de vue, on admire ce qui pousse à nos pieds.

Quelques gouttes commencent à tomber. Nous nous abritons sous un abri rocheux pour mettre casques et baudriers. L'escalade commence, pas très difficile mais il faut se méfier des pierres instables et tous est mouillée. Nos gants sont vite trempés. La température varie incroyablement selon que le vent souffle ou pas. Nous atteignons le sommet, à 4 740 m, dans les nuages . Tant pis... Diego dit que nous avons monté comme des chats.


Désescalade puis pique nique sous notre abri; la plaine se découvre devant nous, vert phosphorescent. On aperçoit des chevaux sauvages. Johanna nous rattrape après avoir pris des photos. Cette fois, Diego dit qu'elle est une chèvre!

La pluie se met à tomber fort, pas le temps d'enfiler les pantalons de pluie. puis le soleil revient et nous séchons. Nous apercevons à nouveau les pentes du Cotopaxi.

Nous faisons route vers Riobamba, une des plus grosses villes d'Equateur. En chemin, nous nous arrêtons pour manger des glace, spécialité de la ville de Salceda. Il y a des échoppes tout le long de la route. Je prends une glace à l'avocat, Frédéric à la cacahuète/chocolat et Johanna vanille-mure-narangilla, taxo. La ville n'a pas de charme. Frédéric va chez le barbier. C'est plus que laborieux! Les sud-américains ne sont pas habitués à une barbe aussi drue. Dîner dans un resto asiatico-équatorien: le hamburger est au riz frit, poisson, banane plantain.

Le lendemain, il fait grand beau. Ça tombe bien car nous allons sur les flancs du Chimborazo, le sommet de l'équateur: 6270 m. On le voit depuis la ville.

le Chimborazo 

Nous atteignons le parc national. Des vigognes y ont été réintroduites (elles avaient été décimées par les colons Espagnols) données par le Pérou et la Bolivie. Elles se sont depuis multipliées et leur population est estimée à 8000 bêtes.

vigognes 

Nous garons la voiture au premier refuge, à 4 800 m, l'altitude du Mont Blanc! Puis nous montons par un chemin facile au second refuge à 5 000 m puis à une lagune à 5 100m. Personne ne souffre de mal de tête ou nausées. la lagune est à sec. Son fond est couvert de petites pierres de lave rouge vif et noires.

Johanna décide alors de monter aux aiguilles de Wimper à 5350 m. Nous n'avons pas le permis pour et la montée dans les éboulis ne me tente guère. Elle y monte seule pendant que nous pique-niquons. Après l'avoir suivie des yeux au début, nous perdons sa trace (elle a fait exprès de mettre des vêtement de couleur neutre pour ne pas se faire repérer des gardes du parc. Chacun s'inquiète sans trop l'avouer aux autres. Soulagement lorsque nous voyons apparaître une aiguille supplémentaire: ça ne peut être qu'elle. Elle a mis 1H10 au lieu des 2H théoriques. nous arrivons à suivre sa progression dans la descente, qu'elle fait en courant. Sacrée bonne femme!

Johanna petite aiguille à gauche, puis courant dans la descente 

Les nuages arrivent progressivement mais nous profitons encore de la beauté du paysage. La végétation est beaucoup plus rare que la veille: feuilles argentée et douces et chukirawas oranges.

Nous quittons le Chimborazo en nous retournant sans cesse pour l'apercevoir une dernière fois. Nous nous arrêtons à Colta où les Espagnols ont construit leur première église. Ils pensaient établir là leur capitale mais un tremblement de terre les en a dissuadés et ils sont partis à Quito (du nom des Quitus, peuple équatorien établi avant les Incas). Des cochons d'inde rôtissent là aussi mais sur une sorte de tourniquet. J'aurais bien envie d'y goûter mais ils cuisent au bord d'une grande route et les "prouts" noirs des nombreux bus et camions m'en dissuade. Nous nous rattrapons avec de la pâte de goyave ou de confitures de lait (dulce de leche) accompagnée de café ou de chocolat chaud au goût de fève torréfiée. Il y a diverses échoppes d'artisanat et nous regardons faire une petite sculpture en ivoire végétal, issu de la noix d'un palmier, le tagua. La noix est d'bord plus ou moins débarrassée de sa peau marron (selon le résultat souhaité) puis sculptée puis polie avec les copeaux résultant de la taille. J'achète des porte-clés et un petit lama.

broche à cui - église de Colta - taille de l'ivoire végétal 

Route vers Guamote. Nous longeons un lac en partie couvert de roseaux et bordé de champs de quinoa (quinua en fait, mais comme d'habitude les français ont déformé le nom). Les épis vont du vert au rouge en passant par le jaune. C'est très joli.

Nous résidons dans une auberge créée par une ONG Belge. Au départ, il s'agissait d'une association caritative tenue par des religieuses. Puis une volontaire belge en a fait un projet beaucoup plus ambitieux: école pour les enfants, ateliers de couture, ateliers d'informatique, ateliers de musique. Ils ont acheté un terrain et créé cette auberge avec un style à la fois européen et équatorien, décorée par une grande fresque retraçant l'histoire des Quichuas et des objets créés par l'ONG. Nous visitons la crèche/école maternelle et l'atelier de couture. Les enfants fabriquent des trousses en briquettes de jus de fruit recyclées. ils mettent dedans un papier avec leur nom et ce qu'ile veulent faire plus tard: policier, militaire, docteur(!). Quand ils les vendent, la moitié de l'argent est pour eux, l'autre moitié est mis de côté pour un voyage scolaire éducatif. Par exemple, ils vont dans un village où les gens vivaient, très mal, de l'exploitation de salines. Un européen leur a dit que leur environnement était propice à l'élevage. Depuis, il font des fromages très différents du fromage frais que l'on trouve dans toute l'Amérique latine , qui se vendent très bien à Quito. Brigitte nous en a acheté pour les pique-niques. les villageois ont diversifié leur production en faisant, entre autres, du chocolat.

J'achète une jolie pochette molletonnée (pour tablette), malheureusement trop petite pour notre ordinateur mais dont j'ai envie.

tableaux naïfs - une des personnes de l'auberge 

Brigitte a organisé notre tour de façon à ce que nous soyons à Guamote le jeudi... jour du grand marché hebdomadaire qui réunit tous les villages de la région. Le spectacle est fascinant. Nous allons d'abord en dehors du village au marché aux gros animaux. Nous commençons par les bovins. Les taureaux sont aussi impressionnants que les petits veaux sont mignons. Ça meugle de partout. On charge et décharge les camions. Une grande partie des femmes est en costume traditionnel (de plusieurs sortes) les hommes portent chapeau et poncho. Mais il y a aussi des survêtements... Il faut faire attention où l'on met les pieds! Je prends des photos à la sauvette. Certains sont fiers qu'on photographie leurs bêtes.

Nous allons ensuite voir le parc aux ovins et cochons. Ça bêle et grogne à qui mieux mieux. Les femmes luttent contre leurs bêtes. Les truies sont impressionnantes. Il y a un cochon laineux noir. Les gens négocient, palabrent ("Il est maigre ton veau! Il n'est pas maigre, il est beau et si tu n'en veux pas regarde ailleurs!"), les liasses de billets passent de mains en mains.

Petite pause pour manger une galette au fromage.

Puis nous allons au marché aux chevaux et ânes mais il n'y a plus grand chose. 2 camions déchargent des tonnes de bananes plantain.

Nous allons ensuite au marché aux vêtements, légumes, fruits, viandes, poissons, ustensiles en tout genre, huiles, farines, volailles, cochons d'Inde et lapins, rebouteux... De vieux pneus servent d'auge pour les cochons.

C'est un festival de couleurs et d'odeurs. Il y a foule. On se presse dans le calme. Les gens nous regardent avec plus ou moins de sympathie. Que de produits inconnus!

Nous déjeunons à l'auberge puis reprenons la route pour retourner au parc du Cotopaxi. Il faut impérativement arriver avant 17H sinon l'entrée du parc sera fermée...Les Illiniza, dont nous devons faire l'ascension du sommet nord samedi, sont sous une chape compacte de nuages gris. Le Cotopaxi quant à lui, a son "manteau de vent", un nuage blanc qui épouse le sommet. Le volcan se dégage un peu et la lumière du soir est magnifique. Je profite du WI-FI en profitant de la vue. A un moment, on voit enfin le sommet!

Frédéric et Johanna ont mal au ventre mais il me semble que c'est d'avantage dû aux variations d'altitude qu'à un problème de nourriture; ce sera effectivement, et heureusement, terminé le lendemain matin.

 Ruminahui dans les nuages - le Cotopaxi se dégage peu à peu 

Ce vendredi 25, nous allons monter à cheval. On nous équipe de pantalons en peau de lama et de poncho (en plus de casques classiques). Le ciel est partiellement couvert et il fait froid. Trois heures de chevauchée dans un paysage immense avec des vues intermittentes (entre les nuages) sur différents volcans dont le Fuya-Fuya et le Ruminahui.

Les chevaux sont vifs et agréables. Nous trottons presque tout le temps malgré l'altitude et faisons trois beaux galops. Frédéric assure comme un chef alors qu'il n'a jamais fait d'équitation. Nous revoyons de biches et différents oiseaux. Pause à une source verdoyante. Les chevaux apprécient les herbes aquatiques. Nous passons ensuite près de ruines Incas (3 murs concentriques sur une colline).

Nous rentrons heureux mais fourbus. Pique-nique en plein air, le refuge ne faisant pas salle hors sac.

Puis nous montons en voiture sur les flancs du Cotopaxi. Un lobo de paramo (loup de paramo qui est en fait de la famille des renards), blessé à une patte, vient quémander de la nourriture.

colibri andin - lobo de paramo 

Nous arrivons au refuge à 4864 m. Le paysage est lunaire. Pas une plante. Des pierres de lave grises, noires ou rouille, de différentes taille, provenant d'éruption récentes (même à l'échelle humaine). Nous sommes dans les nuages et le vent est glacial. il est tellement fort que je dois me cramponner à mes bâtons par moment. Nous montons sans difficulté par un chemin en lacets. A l'arrivée au refuge, je suis littéralement congelée et me tape une onglée d'enfer. Dire qu'on pourrait être à la plage sous les cocotiers, à lire un bon livre en sirotant un cocktail! Il faut vraiment être maso. J'ai un besoin vital d'une boisson chaude. J'ai dû me refroidir pendant le pique-nique car je n'avais pas eu de problème les autres jours. Après un grand mug de maté de coca, ça va beaucoup mieux. Un groupe d'anglais d'un certain âge déjeune après avoir fait de l'école de glace. Le refuge est décoré de photos, de drapeaux, d'autocollants. L'ambiance est chaleureuse.

Nous redescendons par un chemin plus raide en courant presque dans les petites pierres de lave. En arrivant à la voiture, les nuages se déchirent nous apercevons enfin la plaine en contrebas (pas les langues de glacier du Cotopaxi, il ne faut pas rêver).

Un magnifique arc-en-ciel salue notre retour au pied du géant.

Nous retournons à la lagune Limpio Pungo que nous avions longé partiellement en allant faire l'ascension du Ruminahui nord.

Nous observons mouettes, canards, foulques.. Des roseaux recouvrent une partie de la lagune. Des chevaux sauvages paissent tout autour. Ils ont beaux mais l'un deux boîte méchamment. Johanna nous intime de ne surtout pas l'effrayer. Nous profitons d'effets de lumière et de nuages magnifiques sur le Cotopaxi et le Ruminahui. Il semblerait que le Cotopaxi éjecte de la vapeur car des nuages blancs, au sommet, tranchent avec le gris alentour.

En sortant du parc (là encore il faut impérativement être à la sortie avant 17H), Johanna cherche un garde pour prévenir qu'un cheval est blessé.

Nous rejoignons le petit village d'El Chaupi où nous dormirons dans une chambre d'hôtes. La journée a été plus que bien remplie et nous sommes fourbus. Nos hôtes arrivent un peu après nous et la maison est glaciale. Ils allument un poêle devant lequel Frédéric et mois lisons en sirotant une infusion de cedron. Pas le courage d'écrire sur le blog ce soir. Johanna quant à elle va aider notre hôtesse en cuisine. Le couple est charmant et aux petits soins. Il s'appelle Vladimir mais est bien équatorien! Ils font des fruits secs de toutes sortes. Des cavaliers passent fréquemment dans la rue. Après le dîner, pas le courage non plus de prendre une douche froide. On s'en passera. On se glisse avec bonheur sous les couvertures qui nous réchauffent vite.

Lever à 6H15 pour faire l'ascension de l'Illiniza (lame de couteau ou lame effilée, je ne sais plus) nord. Le sud est réservé aux glaciéristes confirmés, c'est l'un des sommets les plus techniques d'Equateur. Diego nous accompagne à nouveau. Grâce à lui, nous pouvons entrer dans le parc national à 7H30 au lieu de 8H00. Nous dos et adducteurs se souviennent de la randonnée à cheval...Le temps est magnifique. Je suis à peine habillée que Johanna frappe à la fenêtre pour me montre les lueurs du lever de soleil sur notre futur sommet. Le Cotopaxi est enfin dégagé!

Nous commençons par aller au refuge qui se trouve sur le replat entre les deux sommets. Jolie flore avec lupins, chukiraguas, polylépis (arbre à papier), tapis de gentianes andines, feuilles duveteuses grises à fleurs jaunes...Le chemin monte tranquillement mais sûrement, raviné par les pluies. Un jeune cavalier nous dépasse.

devant les 2 Illinizas - polylépis - gentianes - le Cotopaxi fume

La vue est fantastique sur les alentours: le Cotopaxi crache des nuages de vapeur, le Cayambé, l'Antisana, le Corazon (qui a parait-il une forme de cœur justifiant son nom de l'autre côté), les Ruminahui, le Fuya-Fuya, le Cotacachi, etc... sont tous dégagés. Nous révisons leur noms et cherchons ceux dont nous nous sommes approchés (je dois me méfier de mon sens de l'orientation défaillant). Nous atteignons le refuge: départ à 3 900m - arrivée à 4 700m. 800 m de dénivelé en 2H30. A cette altitude, c'est plutôt correct pour des vieux comme nous.

 Cotopaxi - le refuge entre les " Illinizas

Pause de 30 min puis nous enfilons casques et baudriers. L'ascension se fait beaucoup plus raide avec un peu d'escalade et de la boue glissante due à la fonte de névés. Frédéric commence à avoir le souffle coupé. Je l'admire car entre la chevauchée d'hier et l'ascension d'aujourd'hui, il n'est vraiment pas dans sa zone de confort et pourtant il assure sans râler. Le paysage est fabuleux. L'Illiniza sud est couvert de neige/glace, les roches varient du gris pâle au rose au jaune au rouge et au noir. L'illiniza norte a aussi de la neige sur sa face sud. Une petite laguna vert émeraude complète le tableau. Les lointains restent dégagés, avec une mer de nuage vers la côte (là où se trouve la forêt des nuages), à l'ouest. J'ai rarement vu un panorama aussi beau.

Cotopaxi - Illiniza sud enneigé  - Illiniza nord - escalade - laguna verte 

Nous atteignons le sommet à 5 127 m en 5H30 au total 1 227 m de dénivelé). Une croix ornée de différents pendentifs y trône. Un caracara vient tout près de nous. Après quelques photos, nous redescendons ca l'espace est très étroit. des pierres ont été volontairement dégagées car instables. Nous pique-niquons en contrebas. Le caracara nous rejoint et nous lui donnons quelques tranches de saucisson et miettes. C'est vraiment un oiseau magnifique et le voir d'aussi près est émouvant. Il va nous suivre dans la descente.

au sommet 

Nous redescendons par le pierrier ocre en dérapage plus ou moins contrôlé. Lorsque nous rejoignons le sentier, Frédéric dérape et se cogne violemment le flanc G contre une pierre du chemin. Il s'est vraiment fait mal et a le souffle coupé. J'espère qu'il ne s'est pas fait un hématome du rein! Nous redescendons plus lentement; Au total, nous aurons mis 8 heures pour faire l'ascension.

Johanna et "son" caracara - mer de nuages - descente raide - Cototpaxi 

Une fois de plus, nous arrivons ric-rac à la sortie du parc. Ça devient une habitude!

 chuquiragua sous la lune -  polylépis

Nous retournons à Quito. Ça fait bizarre de retrouver les embouteillages et les immeubles. Nous retournons dîner au même endroit que la fois précédente. le patron nous accueille avec un grand sourire et nous dit que cette fois-ci il peut vendre des bières! Quelle mémoire. C'est sympathique.

Journée "libre" à Quito. Nous allons à Mitad del Mundo, là où passe la ligne de l'équateur. Il y a 3 endroits différents, pas très éloignés: le lieu déterminé par les Incas (Inti Nan, le chemin du soleil), celui déterminé par une expédition française au XVIII° siècle, et celui déterminé avec les techniques modernes. Nous faisons l'aller en taxi car même pour Johanna il est difficile de comprendre comment rejoindre le bus qui y va. Le chauffeur est intarissable! Il a vécu à Madrid et en Italie. Il fait un temps magnifiques et nous admirons le Cotopaxi, le Cayambe et l'Antisana durant le trajet. Pas mal comme vue pour une capitale! Nous allons visiter un musée (Inti nan = chemin du soleil, nom que donnaient les Incas à l'équateur) qui donne des renseignements sur l'Amazonie, sur les sépultures Quitus (ils se faisaient enterrer dans des jarres, en position fœtale, avec leur épouse et concubines, vivantes mais droguées et ils croyaient en la réincarnation), et surtout sur les phénomènes en rapport avec la rotation de la terre. A mon grand étonnement, le vortex change de sens à moins de 5 m de la ligne d'Equateur. Johanna réussit à faire tenir un œuf sur la tête d'un clou (échec des parents). La guide réussit à nous faire baisser les bras tendus en avant avec 2 doigts, quand nous sommes sur l'équateur. Les tornades (au nord) et cyclones (au sud) tournent en sens inverse. Très instructif! Des totems offerts par différents pays du mondes sont exposés.

mitad del mundo 

Frédéric a très mal au côté G. J'espère que mon sens clinique est bon: je pense que le rein n'a rien mais qu'une côte a été touchée.

Après 2 bus et un copieux déjeuner de spécialités: ceviche de poisson (poisson cru cuit dans le citron), bolon (boule de banane plantain fourrée de couenne de porc), encebollado (soupe de poisson avec chips de bananes et pop-corn), nous allons au jardin botanique. Les différents type de flore du pays sont représentés et expliqués. Des serres exposent des plantes carnivores, des orchidées des montagnes (nous avons eu la chance d'en voir beaucoup), des orchidées des régions plus chaudes, un espace de bonsaïs offerts en remerciement de la protection de juifs pendant la 2nde guerre mondiale, un jardin japonais et un jardin de cactées. On passe un très agréable moment.

Arupo (il y a en a beaucoup dans les rues de Quito) - bromélia - carnivore - bonsaïs -  cactées

A Quito, des architectures de différentes époques se côtoient. Retour à l'hôtel. Pas grand chose d'ouvert. Dîner dans un restaurant chinois. Les parts sont pantagruéliques. Nous avons changé d'hôtel pour aller dans celui que j'avais réservé, plus proche du centre. Il est très confortable avec une jolie salle de bains et une fontaines qui est arrêtée la nuit pour ne pas faire de bruit.

Nous retrouvons Brigitte pour la dernière journée ensemble. Nous reprenons la route de Tena. Le temps est maussade et plus nous montons dans la cordillère orientale, plus il s'assombrit. Pour finir par pleuvoir (l'air chaud et humide d'Amazonie butte contre les montagnes. Nous passons un col à 4000m. Tout à coup, Brigitte stoppe la voiture: elle a vu un ours à lunettes qui mange tranquillement ses achupallas. Nous l'observons un bon moment. Il est loin mais on le distingue bien. Il mâchouille la tige comme on fait avec la canne à sucre, puis il mange la base des feuilles comme nous avec les artichauts (je sais, c'est de l'anthropomorphisme mais au moins on comprend!).

Nous allons dans une réserve faire une petite randonnée le long de plusieurs petites lacs. De nuageux, le temps vire à la pluie. Frédéric fait demi-tour, puis Johanna, le sol étant plus que boueux et aucun des deux n'ayant de vêtement imperméable. Je continue un peu avec Brigitte. Nous avons vu les restes d'un festin d'achupallas et espérons voir le convive! La pluie s'arrêt transitoirement puis reprend. Petit bosquet de polylépis. Il faut vraiment faire attention à ne pas glisser. Lorsque nous rejoignons Frédéric et Johanna, ils sont frigorifiés, trempés et s'abritent comme ils peuvent du vent derrière la mascotte du parc, un espèce de gros tapir andin en tissu. Nous avions croisé le gardien (il lutte contre le braconnage) qui descendait en quad et nous pensions qu'il leur avait ouvert sa cahute. mais il est reparti et les a plantés là. je suis vraiment désolée.

Nous allons déguster une truite à l'orange. Un poêle à gaz (comme ceux des terrasses de café) réchauffe un peu. On complète avec une tisane d'ibiscus. Les truites sont géantes et délicieuses.

Puis nous allons aux thermes de Papallacta, à 3600 m. Brigitte a décalé la journée pour éviter la foule du week-end. Les lieux sont ravissants: fleurs, colibris orange et vert métallisé. Les daturas côtoient les digitales; attention: toxiques! Les différentes piscines sont de différents températures. Aux extrêmes, l'eau du torrent et une où l'on ne peut entrer qu'après être passé dans l'eau glacé et où tout mouvement donne une sensation de brûlure. Entre les deux, je pense qu'elles sont entre 35° et 40°. Il y en a une dernière, toute petite, où nous avons renoncé à tremper ne serait-ce qu'un orteil tellement elle était brûlante. Les sources proviennent du volcan Antisana, sur lequel on aurait une belle vue par beau temps mais il continue à pleuvoir. On se réchauffe pour de bon. et passons un très agréable moment en passant de bassin en bassin. Puis il faut partir car Johanna doit reprendre le bus pour Tena et retrouver Jalely. Elle ne pourra pas arriver ce soir à Ahuano et passera la nuit à Tena. Les adieux sont émouvants car nous ne la reverrons pas avant juillet 2024! Le bus arrive dans les 10 min, quel timing!

Nous rentrons à Quito. Adieux avec Brigitte qui elle, ira lundi en Belgique voir sa famille et ses amis. Elle nous a vraiment organisé un voyage sur mesure et le bilan est très positif: lieux et hébergements variés, rencontres, ascensions, paysages divers… Et le confort d'un véhicule particulier. Il aurait été impossible de faire ce circuit en bus publics. Nous voici laissés à nous-mêmes: sans guide et sans interprète! Jusque là, tout était facile, maintenant, il va falloir nous débrouiller…

Visite du Quito historique. A 9H00, rien n'est ouvert! Devant le théâtre, il y a une cérémonie militaire avec chants et défilés. Les rues sont bordées de jolies maisons. Elles ont des patios intérieurs bordés de colonnes. Il y a des églises partout. Sur la place centrale, les vendeurs ambulants commencent à arriver: sucreries, gadgets, objets en coton ou alpaga. Je serais bien tentée par une écharpe mais on verra plus tard. Des femmes manifestent devant le palais présidentiel. Elles demandent de l'argent pour des greffes pour leur enfant.

L'église qui la borde est immense avec un grand autel baroque tout couvert d'or. Nous allons visiter San Francisco. C'est la messe en semaine). Comme on connait les paroles, il est facile de suivre. L'atmosphère est recueillie. Un organiste joue. Puis nous montons dans les tours, voir la vue sur la ville. Elles ont été détruites à plusieurs reprises par des tremblement de terre, jusqu'à ce qu'on décide de les laisser à leur taille réduite, telles qu'on peut les voir actuellement. Les cloches ne sonnent pas les heures, sinon nous aurions été aux premières loges! Une statue d'ange géante surmonte une colline. San Francisco est un couvent avec plusieurs cloîtres très beau et à l'atmosphère calme après la ville. Un moine marche en lisant son missel. Visite du musée d'art religieux, en général très expressif. J'ai particulièrement aimé un ensemble de peintures à l'huile sur albâtre relatant la vie de Marie. Il y a aussi une ancienne brasserie. On goûte une bière brune, au calme dans un petit cloître avec des arupas (arbres au fleurs roses très beaux), de la même marque que celle bue l'autre soir). Elle est brassée à Quito et semble être celle faite par les frères autrefois. J'ai vraiment beaucoup aimé cette visite.

Nous retournons dans l'agitation de la ville. C'est beaucoup plus animé qu'en début de matinée. Pause gourmande à la "Colonie du chocolat". Nous dégustons des glaces au chocolat noir, une galette chocolat/amandes et un cookie chocolat/noir. Une tuerie! Quatre jeunes policiers se régalent en même temps que nous.

Les différents corps de métiers sont regroupés par rues: libraires, cordonniers, réparateurs de chauffe-eau...

Nous arrivons à la basilique, néogothique mais vraiment belle. Nous montons dans les tours. Des boutiques sont aménagées à chaque étage. La vue est magnifique au sommet. malheureusement, les volcans sont dans les nuages aujourd'hui. Un peu plus bas, nous admirons la rosace qui représente des orchidées de toutes les couleurs. On peut voir l'atelier des verriers qui en effectuent la restauration. Puis nous passons sous la charpente en béton pour rejoindre une autre tour. Les gargouilles représentent des oiseaux.

Déjeuner dans une gargote pour étudiants et vendeurs ambulants; la patronne est un peu surprise de nous voir commander ce qu'elle propose: un almuerzo avec sopa des patas et tilapia pour moi, poulet panné pour Frédéric accompagné de jus d'avoine à la naranjilla. Johanna serait fière de nous! Cette fois ce ne sont pas des pattes de poulet mais des morceaux de pieds de porc (du moins je crois, un peu gélatineux avec une peau grisâtre assez dure). Frédéric me donne galamment ses morceaux! Dans la rue je suis tentée d'acheter la liane avec les fruits blancs acidulés goûtés en Amazonie, mais elle fait près d'1 m et on ne peut pas en acheter un morceau.

Puis nous allons nous reposer à l'hôtel. Nous ressortons en fin d'après-midi. C'est la rentrée des classes. on voit les parents vérifier leur liste, les marchands ambulants vendre livres et cahier. Les monument s'éclairent peu à peu. A 18H, tout s'arrête. A nouveau trop tard pour dîner. Frédéric prend une pâtisserie (seules les boulangeries, les pharmacies et… les salons de coiffure sont ouverts le soir) et moi une tortilla (galette) de banane plantain avec un œuf au plat accompagnée traditionnellement d'un café. ici les gens prennent un vrai repas au petit-déjeuner et au déjeuner et une soupe quelques chose de léger le soir. La presque pleine une au-dessus de la jolie petite église San Blas éclairée forme un beau tableau.

Ce vendredi 31, départ pour Cuenca, ville coloniale au sud de l'Equateur. Nous rejoignons le terminal Quitumbé au sud de la ville. Coup de chance, l'arrêt de bus est juste en bas de l'hôtel. A un moment, deux chanteurs chantent en même temps, sans aucun ensemble. Neuf heures de bus nous attendent. Joli trajet car les volcans sont à nouveau dégagés. Nous révisons tous ceux que nous avons vus, voir escaladés, du nord au sud. Nous repassons par différents endroits visités avec Brigitte. Arrêt pour un contrôle de police. Des hommes très agités montent dans le bus, nous crient dessus car nous n'avons pas mis nos ceintures. Or elles sont bloquées et ils n'arrivent pas plus à nous les mettre. Ils veulent ensuite que l'on mette nos petits sacs dans les porte bagages. Nous refusons. Puis ils descendent et une dame crie alors qu'on lui a volé sons sac. J'avais bien vu qu'ils n'avaient pas de gilet de policier mais dans l'agitation n'avait pas plus "tiqué" que ça. Le voisin de Frédéric lui demande si on ne lui a pas volé son téléphone (mais il était dans le sac). Nous l'avons échappé belle! On ne s'est pas suffisamment méfié. Déception au passage de Salceda: on espérait que des marchands ambulants nous proposeraient des glaces puisqu'il y a des échoppes partout au bord de la route mais ils vendent d'autres choses. Des rebouteux vantent à plusieurs reprises des produits miracles, efficaces contre tous les maux. Ils parlent beaucoup de stress et de dépression. Après Riobamba, puis Guamoté (la ville du marché), la route plonge dans une vallée. Nous entrons dans une mer de nuage. Puis ça remonte et nous assistons à un magnifique coucher de soleil. Arrivée de nuit. Un chauffeur de taxi mal aimable nous reproche de ne pas avoir de GPS pour trouver l'hôtel que nous avons sélectionné! Nous profitons de la télé du voisin car les chambres ne sont pas du tout insonorisées mais il a les mêmes horaires que nous et le matin il passe une émission sur Queen. Ça nous va bien!

Cuenca est une très jolie ville coloniale. En sortant de l'hôtel, nous arrivons sur une place devant une jolie église blanche. Petit-déjeuner de café, morocho (lait, cannelle et maïs) et empanadas de viento (sorte de beignet soufflé). Les gens s'arrêtent pour consommer avant d'aller travailler.

Visite de la cathédrale et de ses tours. Cette église est du XX° siècle, en marbre, briques et calcaire. Les grandes portes ont de beaux bas-reliefs en bronze.

A côté se trouve le marché au fleur et un lieu sacré, la vierge du Carmel où les gens font la queue pour acheter de l'eau bénite. C'est couvert d'Ex-voto. L'église voisine est dédiée à sainte Marianne de Jésus. Notre fille se plaint de ne pas avoir de sainte à son nom, on l'a trouvée! Il y a un nombre impressionnant d'églises dans cette ville. Dans l'une d'elle une affiche invite les femmes ayant avorté à un groupe de parole. Ils disent: "on vous a dit que c'était la meilleure solution mais on ne vous a pas parlé du grand vide que vous ressentiriez après". Enfin une réaction intelligente sur le sur le sujet!

vierge du Carmel - marché aux fleurs 

Petite pause sur la place.

Bon moment au marché, toujours haut en couleurs. Au niveau du non alimentaire, on peut acheter des selles et des licols (en plein milieu de la quincaillerie). La spécialité de Cuenca est le Hornado (porc rôti entier). Nous en dégustons un bon morceau avec du boudin noir et du choclo (maïs blanc à gros grains, jeune, dont les grains s'ouvrent à la cuisson). Depuis le temps que j'avais envie d'en manger! Le tout avec un jus d'avocat pour moi, de mure + noix de coco pour Frédéric.

Puis visite d'un musée où sont exposées des poteries des différentes époques précolombiennes. Certaines sont très réalistes et/ou drôles.

Comme à Quito, les murs sont souvent décorés de fresques dont certaines me plaisent beaucoup. Petit tour dans l'un des nombreux marchés artisanaux de la ville; les textiles viennent d'Otavalo. Visite de l'ancienne cathédrale, construite sur le site d'un cimetière précolombien.

Pour finir, nous prenons un taxi pour monter à un point de vue sur la ville, au pied d'une petite église. Le ciel est couvert et il fait froid (nous sommes à 2 600 m). Nous allons boire un verre (Canelazo = jus de fruits de la passion chaud avec de l'alcool de canne) dans un café chic. Nous y recevons un message de Johanna disant qu'ils sont bien arrivés à Quito et qu'ils ont le visa pour Alex. Mille fois ouf!!! Nous ne savons pas ce qu'ils auraient fait sinon car leur vol est demain.

Nous redescendons et rejoignons le centre historique à pied. Sur la place centrale, il y a des restaurants d'ouverts (plus touristiques et plus chers). Menu traditionnel: maïtas, soupe de pommes de terre et fromage frais, ceviche (je pense que c'est du poisson chat). Ici on trouve la bière péruvienne, la Cusquenia.

En sortant, nous écoutons deux chanteurs situés sous le kiosque à musique du jardin de la place. Beaucoup de gens écoutent; certains, de tous âges, dansent. La pleine lune brille, c'est très romantique.

Notre voisin de chambre est parti mais a été remplacé par un couple qui, réveillé à 6H15 a entamé e qui nous semble des leçons d'espagnol/ la jeune femme récite à voie très haute tous les fruits puis de nombreuses plantes et recommence à plusieurs reprises. Faites-la taire!

Pour notre dernier jour en Equateur, nous remontons (en bus) à 3 950 m dans le parc national Cajas. Il bruine mais le temps finit pas se dégager un peu. Le paysage doit ressembler au dernier jour passé avec Brigitte à Papallacta sous la pluie (nous n'avions pas vu grand chose).

achupalla mangée par mon ours à lunettes  - feuilles épineuses  à la base de l'achupalla - boucles d'oreille d'Inca

Des montagnes sauvages, des lacs, de très jolis bois de polylépis (ou Quenua - j'ai enfin la confirmation qu'il s'agit bien des mêmes arbres que ceux vus lors du tour de la cordillère de Huayhuash au Pérou), des achupallas en pagaille, de la valériane...Des petites fleurs jaunes et rouges ressemblent à de mini montgolfières. Nous n'avons pas vu d'ours.

bois de polylépis - gros plan sur la fleur d'achupalla 

Déjeuner de truites dans un joli restaurant avec une belle vue. Un point noir avec une tache blanche attire notre attention. C'est sûr, il bouge. Mon zoom n'est pas assez puissant. Serait-ce un ours? Indifférence totale des gens du restaurant. On doit prendre nos désirs pour une réalité. En voyant les photos agrandies sur l'ordinateur, nous nous apercevons qu'il s'agit d'une roche noire devant laquelle bouge une graminée blanche!!

Repas de truites - fleurs "montgolfières" 

Au retour, après avoir marché puis attendu en vain un bus pour le retour, nous faisons du stop. Un monsieur et son fils s'arrêtent rapidement. Un couple avec un bébé nous avait déjà descendus du parc au restaurant. A nous "Pékin express"!

De retour au terminal de bus, Frédéric réussit à se faire rembourser les billets retour. Nous sommes repassés par là car ce matin j'ai complètement oublié que nous devions acheter les billets pour le bus de ce soir et le bus pour le parc national partait immédiatement. Petit coup de chaud car on nous dit qu'il ne reste plus qu'une place. Là encore, Frédéric débloque la situation en insistant, et comme par miracle, on nous trouve une deuxième place (mais nous serons séparés et… près des toilettes). En effet, nous quittons l'Equateur pour le Pérou. On nous annonce une arrivée à 10H du matin pour un départ à 21H00.

Nous allons visiter le musée pumapunga, bel édifice moderne à côté des ruines de la ville Inca. Un étage est consacré aux différentes ethnies indigènes de l'Equateur, un autre aux civilisations préhispaniques et le dernier à la monnaie; l'histoire de l'Equateur n'a pas été de tout repos au XX° siècle!

En repassant à l'hôtel chercher nos sacs, nous confondons deux églises blanches et tournons un peu en rond.

Le bus est très confortable. Un américain nous cède sa place pour que nous soyons côte à côte et se retrouve de ce fait à côté d'une jolie française. Il y a au moins encore un autre français dans le bus. On peut incliner les sièges sans écraser la personne de derrière (même nos sièges qui sont devant les toilettes, ce qui est rare), il y a des plans inclinés pour les jambes, et on nous distribue des Power red et des chips. Bizarrement, un couple a été accepté en supplément et est donc debout.

Comme d'habitude, on ne peut entendre les paroles des films diffusés car elles sont couvertes par le son des téléphones sur lesquels des gens écoutent de la musique ou suivent des vidéos. Quand l'ayudante arrête les films, certaines personnes continuent à mettre le son très fort, sans se soucier de ceux qui veulent dormir. La route se passe sans encombre mais le passage de la frontière prend deux heures, sans que les policiers fassent de zèle exagéré car les bus font la queue.

3

A 6H30, je suis réveillée par l'Ayudante (aide du chauffeur) qui appelle les "seniores" qui doivent descendre à Mancore. Je ne savais pas qu'il y avait un arrêt à cet endroit. C'est là qu'on peut voir des baleines au Pérou… je suis trop ensommeillée pour réagir rapidement et nos bagages sont au fond de la soute. L'Américain descend, sans doute pour faire du surf (c'est un spot reconnu).Le soleil se lève dans des tons roses magnifiques. Je lutte pour ne pas me rendormir et profiter du paysage. Le désert côtier est très raviné. Les collines ocres tranchent avec le ciel bleu. Quelques grands cactus, des touk-touk (triporteurs) pour se déplacer dans les villages, quelques "oueds" à sec (je sais, on n'est pas en Afrique). De gros vautours noirs volent dans le ciel et se posent un peu partout.

Puis on monte sur un plateau et le ciel se voile rapidement. Le froid du pacifique contre la terre chauffée par le soleil. La brume est impressionnante. Le paysage devient monotone. Puis un vert vif apparaît au fond. Ce ne peut être de l'eau... Il s'agit en fait de champs de canne à sucre auxquels succèdent des rizière inondées. En plein désert! Il paraît que l'eau provient des rivières de la cordillère. C'est l'époque du repiquage. Puis de nouveau le plateau désertique. Des chèvres sont parquées dans des enclos. On somnole. Arrêt à Piuro, une ville poussiéreuse et sale: les ordures sont accumulées le long des bas-côtés et s'envolent avec le vent.

On arrive enfin à Chiclayo, après 15H30 de voyage. Nous manquons clairement d'entraînement... ou alors nous avons trop vieilli. Nous sommes fatigués et je suis agacée par les gens qui nous proposent taxis et autres. Nous repartons aussitôt en taxi pour Lambayque où le chauffeur du car a refusé de nous arrêter, 10 km plus tôt. Là encore, le chauffeur a du mal à trouver l'hôtel que nous avons sélectionné, excentré il est vrai. Je pensais arriver dans une jolie petite ville et me retrouve dans une ville morte, poussiéreuse, traversée par la panaméricaine. Quelle déception! La chambre est confortable mais sans fenêtre (comme le plus souvent). la propriétaire, très patiente avec notre espagnol, nous indique le seul distributeur d'argent de la ville. Nous allons au marché pour déjeuner. Là au moins, c'est animé et toujours intéressant. Je mange un ragoût de chèvre, spécialité du coin si l'on en croit la fréquence à laquelle ce plat est proposé. Il est accompagné d'une boisson noire à base d'orge nommée cebada. Ça a un gout d'ananas. La dame s'étonne de notre ignorance. Une cliente nous demande comme d'habitude si je suis américaine, mais pense que Frédéric est péruvien.

Les bus, voitures, touk-touk et motos se frôlent de façon impressionnante, surtout aux croisement; Difficile de traverser.

Pourquoi être allés là? Pour le musée de la tombe du seigneur de Sipan, le Toutankhamon péruvien. Cette tombe inviolée a été découverte en 1987. Elle est de la civilisation Mochica (0 - 600 après jésus Christ). Une guide qui veut parfaire son français propose de nous guider gratuitement en échange de nos corrections. Visite très intéressante et surtout magnifique. Le défunt a été recouvert de plusieurs couches d'objets en cuivre, or et argent, de pectoraux en coquillage (minuscules perles ), sceptre, colliers, boucles d'oreilles en cuivre, or et turquoises (3 paires), parures de nez... Il a été enterré avec sa première épouse, ses 2 concubines, le chef des prêtres, le chef militaire, un garde auquel on a coupé les pieds (on espère après sa mort) pour qu'il reste bien là, une vigie, son chien domestique et 2 lamas décapités. une multitude de jarres anthropomorphes recouvrent la tombe pour qu'ils ne manquent de rien. Il y a aussi le contenu de la tombe d'un "roi" plus ancien, d'un grand prêtre et une reconstitution de la cour du roi de son vivant. Quelques magnifiques poteries (c'est la caractéristique de cette civilisation) complètent le tableau.

La visite est vraiment passionnante. Mais je passe beaucoup de temps et avec la fatigue, Frédéric et moi nous embrouillons. Soirée morose à chercher sans succès un café pour boire une bière. On finit par l'acheter au super marché. On trouve enfin la place centrale et son église, mais les rares monuments anciens sont très décrépis. Décidément, je déteste cette ville. On déniche enfin un restaurant où les plats nous paraissent un peu chers mais en fait les plats sont gargantuesques. J'ai 3 brochettes d'anticuchos (tranches de cœur marinées - plat péruvien typique) dont chacune doit correspondre à steak. Je demande un doggy-bag en comptant le donner à un jeune homme qui mendiait devant l'église en demandant de l'argent pour nourrir sa fille. mais il n'est plus là et je le donne au vieux conducteur du touk-touk qui nous ramène à l'hôtel. Il est très content mais comme il n'a plus de dents, je ne sais pas comment il va manger la viande. Nous décidons d'aller à Arequipa en avion car nous n'avons pas le courage de faire les 1 785 km, 33 heures de bus avec changement à lima. Ce n'est ni écologique ni économique mais nous ne sommes pas là pour nous épuiser et Frédéric est encore très gêné par sa probable fracture de côte et ça correspond à ce que je gagne en faisant une garde de 24H le dimanche (avec l'augmentation actuelle due à la pénurie de médecins!)....Je commence la réservation mais ai peur de me tromper du fait de la fatigue et remet ça au lendemain matin. Résultat, le lendemain les billets ont augmenté de 20 dollars par personne...

Petit-déjeuner au marché. Je goûte une boisson au maïs, épaisse, de couleur marron. Je demande à la dame si je peux photographier son étal. Non seulement elle accepte, mais elle demande à ce que je photographie aussi sa copine qui vend des gâteaux.

Je renonce à aller voir le site de Tukume avec ses pyramides Mochicas car je n'ai pas envie de refaire 30 km dans chaque sens. Nous allons en collectivo à Chiclayo. pour changer, nous visitons le marché. Mais un coin a une particularité: c'est celui du marché aux remèdes. herbes connues (camomille, romarin...) voisinent avec des onguents ne tout genres, des statuettes chrétiennes, d'autres de démons, etc... Très intriguant et odorant.

En allant vers la plazza des armas, nous regardons passer un cortège d'enfants d'un établissement scolaire déguisés en crayons, gommes, taille(crayons, puis en héros de dessins animés, puis en métiers (militaires, pompiers, policiers) puis en astronautes, ingénieurs... et enfin avec les vêtements de différentes populations indigènes. Arrivés devant la cathédrale, il s'agit d'autres sortes de cortège: enfants en uniforme, jouant de la fanfare en marchant au pas de l'oie devant des officiels militaires. Moins drôle. Une femme vend des tournesols qu'elle a fait au crochet et en propose aux militaires.

Une place a des baobabs énormes au 4 coins. On déjeune au restaurant de Luz, tenu par un jeune couple très sympathique. C'est attendrissant de l'entendre appeler sa femme "Luz" (lumière). Le ceviche est délicieux mais ils croient nous faire plaisir en mettant la télé à fond dés qu'on s'installe. On n'en peut plus du bruit! Ce matin nous avons été réveillés par les cocoricos et caquètements d'un élevage de volailles situé près de l'hôtel. Ce dernier a un carillon qui joue la lettre à Elise dés que quelqu'un passe le seuil. Je sens que je vais moins aimer ce morceau qu'avant (d'autant qu'un client est arrivé à 3H00 du matin). Nous commençons à prendre nos marques et allons en collectivo à Pimentel, la station balnéaire du coin. La brume sur la mer est impressionnante. Des vautours se posent sur les toits. Les vagues sont assez forte. Une jetée servait autrefois à un train à aller décharger les bateaux. C'est aujourd'hui une attraction touristique. Des surfeurs l'utilisent pour plonger au niveau des rouleaux et éviter la plage de sable noir. Des gens pêchent.

Elle sert de perchoir aux cormorans, pas farouches du tout.

Le temps s'éclaircissant, il fait un peu plus chaud et nous décidons de nous baigner. Une dame accepte de garder notre sac mais en fait elle part peu après en le laissant. L'eau parait froide mais est en fait bonne. Par contre, le ressac et le courant latéral sont tels qu'on ne s'éloigne pas du bord et qu'on joue dans les vagues sans vraiment nager. Des huitriers pie nous survolent à basse altitude. Je n'avais jamais réalisé que c'est un gros oiseau. Des panneaux indiquent les voies d'évacuation en cas de tsunami. Autrefois, les pêcheurs utilisaient des bateau en roseau, les caballitos de totora. Il y a encore des courses. Un bateau charge de gros bidons pour les apporter à de gros bateaux à l'arrêt au moins. Avec la houle, la manœuvre est compliquée.

Promenade sur la jetée bordée de palmers puis retour à Chiclayo. Petite banane cuite au fromage râpé et retour à l'hôtel. Comme il est tôt, j'en profite pour envoyer enfin les photos sur WhatsApp à nos amis d'Amazonie et à Brigitte (c'est beaucoup moins pratique quand on prend des photos avec un appareil classique, et en plus il faut que je les repère au milieu de la multitude... Un couple et leur petite fille arrivent vers 21H30. La petite crie et tape dans les murs sans arrêt jusqu'à 22H.

Petit-déjeuner au marché. Nous retournons chez la même vendeuse qui nous accueille ave un grand sourire. Cette fois, je goûte une boisson vert clair à la quinoa. Sandwichs à l'avocat ou à la banane rôtie. Elle nous dit "à demain" mais nous nous serons loin. Matinée tranquille à faire le blog jusqu'à 10H puis départ pour l'aéroport. Nous prenons d'abord un taxi collectif et une des clientes nous négocie le tarif jusqu'à l'aéroport. Le chauffer accepte après avoir mollement protesté. Je prend un café et confond dos (2) soles (monnaie péruvienne) avec doce (12) soles. ce n'est pas un drame mais du coup, le café est presque aussi cher que le trajet en taxi!!! J'aurais préféré que ce soit le chauffer qui en profite. Tous se passe très bien. Pas de vue sur la cordillère car nous sommes du côté droit de l'avion, avec vue sur l'océan. On nous donne seulement un chocolat et un verre d'eau. Frédéric fait du charme au steward pour avoir un deuxième chocolat et ça marche! A l'escale de 4H à Lima, nous sortons de l'aéroport pour déjeuner dans la rue. On trouve toujours en Amérique latine. Je complète le blog . J'apprends que le médecin qui devait me remplacer à l'hôpital a fait faut bon! Ma pauvre collègue...

A l'arrivée, nous marchons 20 min (avec nos sacs de 18 et 15 kg) pour prendre un collectivo plutôt qu'un taxi. Frédéric me charrie en disant qu'il faut compenser le prix de mon café. Quand nous descendons, une dame très gentille nous guide presque jusqu'à notre hôtel (là encore on marche bien 15 min) car elle habite pas loin. Nous sommes à 2 pas de la plazza des Armas (la célèbre place centrale d'Arequipa avec les arcades et la cathédrale). Elle est éclairée et j'ai le même coup de foudre qu'il y a 20 ans. L'hôtel (repéré sur booking) est dans une maison coloniale en lave blanche. Les murs sont rouge, bleu, orange et mauves et il y a une terrasse sur le toit avec des hamacs. Je suis ravie.

Après une bonne nuit, silencieuse (le bonheur!), nous réservons des excursions pour les deux prochains jours, complétons nos réservations de nuitées (on ne voulait en faire passer qu'une par Booking qui fait payer 17% aux hôteliers), puis nous partons visiter la ville. Nous avons finalement envie de rester quelques jours ici.

Arequipa est la deuxième ville du Pérou, située à 2335 m. La plazza des armas est classée au patrimoine mondial de l'Unesco.

Nous commençons par le couvent santa Catalina, célèbre pour ses cloîtres ocres et bleus et ses rues aux noms de villes espagnoles. Les deuxièmes filles de bonne famille y entraient à 12 ans, faisaient au maximum 4 ans de noviciat avant de prononcer leurs vœux (elle avaient intérêt à le faire si elles ne voulaient pas être rejetées de tous). Pendant leur noviciat, elles n'avaient pas le droit de voir qui que ce soit de l'extérieur. Elles sortaient de leur cellule deux fois par jour: pour la messe et pour marcher un peu dans le cloître. La joie!

Selon la richesse de leur famille, elles habitaient des espaces plus ou moins grands. Les filles d'un même famille étaient regroupées en maisons. Elles avaient leurs servantes. Celles qui ne pouvaient pas payer suffisamment en entrant compensaient en donnant des cours de musique. Toutes brodaient des vêtements sacerdotaux, fabriquaient des hosties ou des gâteaux. Dans leur chambre (le terme est plus approprié que cellule) elles avaient soit un tableau soit une statue pieuse. Celles de l'enfant jésus ressemblaient d'avantage aux poupées de porcelaine de nos grands-mères qu'à des statues. Elles devaient prier 7H par jour...Le couvent était doté d'un marché où les sœurs troquaient les cadeaux apportés par leur famille. Elles avaient un droit de parloir (sous la surveillance d'une mère supérieure) une fois par mois. Pou voir un médecin (obligatoirement âgé de plus de 40 ans (ce qui était vieux à l'époque), il fallait une autorisation de l'évêque.

Actuellement, il reste 15 sœurs au monastère, avec des règles plus modernes mais encore strictes. Les cloîtres sont fleuris: , géraniums, bougainvillées, lauriers roses, cantuta (fleur emblématique du Pérou rouge ou jaune, voire vert, jaune, rouge ce qui en fait le symbole du drapeau bolivien). Les galeries des cloîtres sont ornées de fresques. Dans l'un deux, les piliers sont surplombés de fresques représentant des fleurs et oiseaux d'Amazonie peintes par les nonnes (les indiens étaient évangélisés par les missionnaires). On peut aussi voir un lavoir fait à partir de jarres cassées en deux, et une fontaine. Dans l'église sot exposés des tableaux de l'école de Cusco. Ils ne sont pas signés car étaient copiés à partir de tableaux européens. On revoit sainte Marianne. La guide est très intéressante et ce lieu vraiment magique.

fresque au toucan - cantuta 

Au-dessus du couvent se dressent les silhouettes majestueuses des 3 volcans qui surplombent Arequipa: le noir et conique Misti (en activité, mais la dernière grosse éruption date de l'époque Inca vers 1 400 - 5825 m), le Chachani enneigé (6075 m) et le Pichu-Pichu qu'on devine à peine (5571 m). Malheureusement le ciel est blanc et la vue brumeuse. Les rues sont bordées de très belles maisons en pierre volcanique blanche avec des patios intérieurs. Les banques sont toujours très belles. Nous passons devant l'alliance française puis montons sur la terrasse d'un magasin de vêtements de luxe en alpaga qui offre une très belle vue sur le couvent et les volcans.

Nous repassons sur la place centrale et allons voir l'église de la Compania (celle des jésuites). Le portail est surchargé de sculptures, mêlant motifs chrétiens (anges) et divinités précolombiennes. Le plus beau est la sacristie, peinte de fleurs et d'oiseaux d'Amazonie très colorés. C'est splendide. Les 4 évangélistes complètent l'ornementation. Deux beaux cloîtres ceignent un côté de l'église.

Almuerzo traditionnel dans un petit restaurant où il n'y a que des locaux.

Petite pause à l'hôtel puis visite du marché. Il y a de nombreux fromages. Les boutiques de remèdes proposent des fœtus de lama séchés. On trouve aussi des chapeaux, des instruments de musique, des tissus des friandises, des patates de toutes sortes… Dégustation d'un jus de fruit fraise/ guanabana (fruits frais mixés). Frédéric voulait de la noix de coco mais ce n'est pas l'endroit.

Recherche d'un distributeur ne prélevant pas des frais importants (très variable d'un banque péruvienne à l'autre). Nos cartes ne prélèvent pas de frais en France (banque en ligne et de type Revolut), c'est déjà ça. Traversée de la rivière Chili et visite de la Recoletta, couvent franciscain. Là encore il y a plusieurs cloître, toujours très esthétiques. Des salles sont consacrées à des expositions d'art précolombien, d'objets et animaux empaillés d'Amazonie, d'art religieux (pas franchement à notre goût), de monnaies, de timbres... Un vrai capharnaüm! Il y a aussi une incroyable bibliothèque de livres anciens traitant de tous les sujets avec des dictionnaires quechua/espagnol. Belle vue sur la ville du haut du clocher.

Retour par les rues de la vielle ville qui s'éclairent peu à peu avec la tombée de la nuit. Dîner sur la terrasse de l'hôtel avec des empanadas (chausson fourré à la viande, au fromage ou aux légumes), Tamales (semoule de maïs avec du poulet et des olives cuite dans une feuille épi de maïs), pâtisseries arrosée d'Arequipenia, la bière locale. Il y a de nombreuses pâtisseries d'inspiration française dans la ville.

le Misti - Santa Catalina - belle maison 

Coucher tôt car demain, départ à 6H00!

Nous faisons la tournée des hôtels des participants. A part trois jeunes Anglais, nos compagnons sont péruviens. Nous allons voir un point de vue sur le Chachani (le danseur), le Misti (le senior) et le Pichu-Pichu (plusieurs pics). Le ciel est encore un peu nuageux. Nous poursuivons par une piste poussiéreuse empruntée par d'énormes camions à remorque. Elle est souvent vertigineuse et une carcasse de voiture est encore dans le ravin.

Chachani - Misti - Frédéric n'aime pas la poussière

Nous arrivons en vue de la Salinas, immense lac salé à 4300m d'altitude environ. A la saison des pluies, il y a de l'eau et des flamants roses. Comme nous sommes à la saison sèche, la saline est à sec et donc blanche. Nous sacrifions à la mode actuelle, prendre des photos truquées impressionnantes. En fait on s'amuse bien!

Promenade sur le salar. Des troupeaux de lamas et d'alpagas paissent tout autour. Une noria de camions-benne apportent le sel à une petite usine d'où les gros camions redescendent sel, calcium et bore à Arequipa.

Il est possible de faire un mini tour en quad mais Frédéric préfère essayer la moto du guide. Elle n'a pas de freins et un embrayage en bout de course. Il se fait un hématome sur le tibia en la démarrant au quick.

La lumière change sur les montagnes alentours. Certaines sont très colorées. Un mini geyser fait sensation et de petites flaques permettent d'obtenir des reflets. Un flamand isolé et un autre échassier se nourrissent.

Déjeuner traditionnel: cuy (cochon d'Inde) rôti et côtes d'alpaga. Le premier est vraiment délicieux, les dernières un peu sèches (ça ressemble à de la chèvre). le tout accompagné de riz, maïs en épis, pommes de terre, frites, patates douces... On se régale et on finit les plats contrairement à ce qu'on pensait initialement. Nos voisins de table sont de Lima, il est architecte. De beaux chiens de berger jouent sous un hangar.

Puis nous allons à des sources thermales. L'agence nous avait dit qu'elles étaient froides et on n'a pas pris nos maillots de bain. En fait elles doivent être à 25° environ. mais le vent est très froid. Du coup on ne regrette rien. Sur le même site, un nouveau volcan est en train de se former depuis un tremblement de terre. Il ressemble plutôt à un geyser à plat entouré d'émissions ferrugineuses. Les gens du village qui exploitent ce site (entrée, WC payants, petites boutiques) vivent de l'élevage et du tourisme. Ils n'ont pas droit aux ressources de la saline alors qu'on en est tout proches.

Le lieu est une réserve et de nombreuses vigognes paissent en liberté. Comme les lamas et les alpagas, elles mangent une herbe dure que nous avons trouvée très piquante en nous asseyant au bord de la source pour y tremper nos jambes.

Sur le trajet du retour, j'en verrai plus que je n'en ai vu de ma vie. D'énormes coussins de mousse ressemblent à des cerveaux vert-fluo. En fait, ce sont des yareta, plantes à fleur.

Dernière étape au bord d'un petit lac de barrage. On y élève des truites et des flamants roses font la pose pique-nique pendant leur migration. Il est possible prendre un bateau ou de faire du kayak. Pour le kayak, il faut avoir moins de 60 ans! On passe de justesse! Comme Frédéric maîtrise, nous pouvons aller jusqu'aux flamants. Nous les admirons avant qu'il ne prennent leur envol. Magnifique! Nous pagayons avec énergie pour rejoindre le groupe à temps.

Nous rentrons en contournant le Pichu-Pichu. Le soleil se couche alors que nous sommes encore dans le minibus. Le Misti est auréolé de nuages roses et à l'ouest, les nuages sont bordés d'or.

volcan Pichu-Pichu et flamants roses 

Le lendemain, nouvelle excursion mais avec départ à 9H00. La grasse mat'! Nous allons à nouveau voir un point de vue sur le Misti et le Chachani (mais différent). Le rio chili est bordé de cultures, en terrasses sur les bords.

Puis contournons Arequipa par l'est puis le nord. Le décor change radicalement du centre ville. Frédéric me dit qu'on a été téléportés en Syrie: désert de sable où le vent souffle de mini-tornades, maisons minuscules en moellons non terminées.

Nous commençons par une gorge à sec dans une pierre rose saumon. Quelques pétroglyphes pré-incas sont gravés: lamas, condors, humains, crabes…

On ne s'attenait pas à trouver ça ici. Frédéric s'était mis en short et le regrette: les arénias/simulies/sand-flies nous ont retrouvé! On ne fait pourtant pas plus sec qu'ici (mais leur nom anglais parle de sable et pas d'eau). Il a de nouveaux les jambes couvertes de boutons rouges.

Nous continuons par des carrières de sillar, la fameuse pierre blanche des édifices d'Arequipa. Elle résulte de l'éruption très ancienne d'un immense volcan il y a plusieurs millions d'années (bien avant le Chachani et le Misti). Elle existe aussi en rose saumon mais est moins facile à travailler dans ce cas (seuls 2 édifices sont construits avec à Arequipa). Là aussi nous pouvons observer le ballet des camions.

Sur un ancien site, des sculpteurs rivalisent de talent. Crèches, animaux, indigènes… Des écoliers visitent le site.

Retour à Arequipa. Nous allons au marché pour faire recoudre 2 pantalons (qui ont souffert pendant l'ascension de l'Illiniza) et un sac en sac qui a vécu. Nous retournons boire un jus de fruit chez la même vendeuse qui nous reconnaît et nous accueille avec un grand sourire. J'essaye un multi-fruits à la bière. Pas mal... Ceviche et papas rellena (fourrée) au comptoir.

Sur la plazza des Armas, visite d'une maison ancienne devenue le siège d'une banque.

Passage du pont sur le rio pour aller voir un point de vue sur la ville et les volcans. Nous longeons un parc puis passons part des rues anciennes. Le mirador est très agréable, calme et arboré avec une jolie église blanche et des arches. De nombreuses familles et étudiants y viennent. Queso hellado (fromage glacé littéralement mais en fait glace au lait saupoudrée de cannelle) au pisco, assis sur un banc près d'une fontaine. Moment de repos très agréable.

Ce soir c'est match de foot à 17H30 Pérou contre Paraguay (éliminatoires pour la coupe du monde de 2026). Beaucoup de gens portent le maillot blanc barré de rouge de l'équipe de foot du Pérou. Un immense drapeau péruvien recouvre une des maisons de la rue de Santa Catalina. Frédéric regarde le début du match pendant que je veux monter voir le coucher du soleil du haut de la cathédrale, mais elle est fermée. Je vais au couvent San Francisco, un guide signalant qu'il y a une belle vue de la tour. C'est une visite guidée des différentes salles (intéressante). Un ténor mexicain célèbre a fait une dépression après la mort de sa mère puis est rentré dans les ordres. Il a continué donner des concerts en reversant les bénéfice au monastère. Le cloître est orné de statues modernes d'animaux symboliques. On monte sur la terrasse un peu tardivement et on n'accède pas à la tour. Je n'aurai donc pas mon coucher de soleil.

Dîner dans une piquanteria (restaurant typique d'Arequipa) avec des rocotos rellenos (petits poivrons rouges assez sucrés farcis) délicieux accompagnés de chicharron (travers de porc) et une chicha morada légèrement fermentée: elle a été faite avec des pommes de terre blanches, très dures (on dirait des galets) que nous avions vu au marché. Il n'y a personne avant la fin du match. Le Pérou a rapidement joué à 10 contre 11 mais a fait match nul: 0/0. A priori c'est un bon résultat car la cote des parieurs n'était vraiment pas en leur faveur. En revenant, nous assistons dans la un à un concert de musique ancienne espagnole en regardant des danseurs. A la foin, les femmes se cachent derrière le chapeau de l'homme, mimant un baiser. Un court feu d'artifice est tiré de la coupole de l'église du couvent Santa Catalina. C'est vraiment agréable de se promener dans cette ville, à toute heure. Des femmes en costume traditionnel se font photographier avec des bébés alpagas (vraiment craquants) dans la journée. A cette heure, elles leur donnent le biberon!

Coucher tôt car demain nous partons pour un trek de 2 jours dans le canyon de Colca. Nous y étions allés avec les enfants il y a 20 ans mais en excursion standard. C'était notre premier RDV avec l'altitude: un col à près de 5000 m passé sans encombres et des danses avec les villageois nous hébergeant à 3000 m qui m'avaient bien essoufflée!

Départ de l'hôtel à 3H00 du matin. Ça pique!

Habituelle tournée des hôtels pour récupérer les participants. Cette fois, nous ne sommes que des occidentaux. Peut-être que les Péruviens, comme les Equatoriens, ne comprennent pas notre plaisir à marcher sans nécessité.

Nous roulons dans la nuit. Il fait froid. Le jour puis le soleil se lèvent. Des troupeaux d'alpagas dorment dans leur enclos de pierre sèche. Arrêt petit déjeuner. Puis continuation jusqu'à un point de vue sur des cultures en terrasses datant de l'époque Inca. Elles sont toujours entretenues et utilisées. C'est très beau.

Deuxième arrêt à la Cruz del condor. Il y a 20 ans, nous avions attendu 2H pour en voir très peu. Cette fois, ils sont au RDV et nous ne nous lassons pas d'admirer leur vol circulaire, leurs grande envergure et leurs ailes noires et blanches. L'un d'eux passe juste au dessus de nous, nous permettant d'admirer sa collerette de duvet blanc. Quelle chance!

Syncrétisme à différents endroits avec des croix portant des christ habillés comme des divinités étranges. Des cactus de trois types poussent sur la montagne: cactus cierges Sancayo, figuiers de barbarie (Tuna) et une autre sorte. Le fruit du sancayo ressemble à un kiwi, en beaucoup plus acide. Il paraît que ça fait un jus de fruit délicieux.

Continuation jusqu'au point de départ de notre randonnée. Nous allons descendre dans le canyon. 1000 m de dénivelé négatif. Tout le monde se crème (nous sommes à un peu plus de 3000 m et le soleil tape). Nous serons avec un couple d'allemands de Munich, un italien vivant à Oxford et une polonaise qui semble plus âgée que nous (alors que les autres sont nettement plus jeunes). Notre guide, un Quechua de la région de Puno, nous parle d'emblée en anglais. Le chemin est bien marqué mais il faut faire très attention, à ne pas déraper. Arrêt obligatoire pour regarder le paysage. Entre les cactus et les aloès, les premiers plans sont tout trouvés. Des orgues basaltiques impressionnantes ponctuent le versant. De l'autre côté, les terrasses s'étagent et des villages sont accrochés à mi- pente. Le canyon de Colca est l'un des plus profonds du monde: 4000 m si l'on part des sommets environnants.

Un peu plus bas, la falaise rivalise de tons ocres du jaune au rouge en passant par le rose. Le contraste avec les orgues noires et la rivière vert foncé est splendide. Nous traversons la rivière sur un pont de planches qui balance. Petite pause à l'ombre bien méritée. Les parois du canyon renvoient la chaleur (la descente s'est faite en plein soleil) et il fait une chaleur de four. Heureusement que nous avions nos bâtons pour soulager les genoux.

Sur l'autre rive, nous marchons au milieux des avocatiers, figuiers, citronniers, champs de maïs... Fleurs en pagaille: géraniums, bougainvillées, canas...Les gens d'ici vivent en premier lieu de l'agriculture, puis du tourisme puis de l'exploitation de mines d'or de l'autre côté de la montagne. Déjeuner dans un petit village. Soupe, guacamole, lomo saltado (ragoût de porc sauté accompagné de légumes et d'avocat). Grosse envie de coca - cola. C'est rare. On a dû dépenser de l'énergie! Petit temps de repos. Je mélange affreusement l'espagnol et l'anglais et ai du mal à m'exprimer. L'Italien parle couramment anglais et espagnol, les allemands ne parlent qu'anglais (elle, à peine). Notre compagne polonaise a une insolation et le mal de l'altitude. Elle reste sur place et nous rejoindra demain en taxi. Celui-ci devra faire un énorme détour car il n'y a que des ponts piétons à cet endroit du canyon et il en coûte 100 euros à Dorota! A la sortie du village se trouve un terrain de foot synthétique flambant neuf. Les enfants du village doivent marcher des heures pour aller au collège. Beaucoup rejoignent les villes voisines.

Nous poursuivons par un chemin qui monte et qui descend le long du rio, traverse une petite gorge. La vue sur le versant abrupte du canyon est toujours aussi impressionnante et colorée. Des palmiers poussent au fond de la gorge. Des cochenilles prospèrent sur les figuiers de barbarie. Ecrasées, elles donnent un colorant rouge rosé qui sert entre autres… pour nos rouges à lèvres.

fruits du sancayo - cochenilles 

A la fin du jour, nous retraversons la rivière. Deux cascades ourdent de la falaise. Résurgences? Elles créent un îlot vertical de verdure. La gorge est très belle à cet endroit avec de gros blocs de rochers gris.

L'hôtel se trouve dans une incroyable oasis de verdure avec daturas, palmiers, néfliers, fleurs… Autrefois, cette presque île située dans un élargissement du canyon était un verger à 2100 m d'altitude. Aujourd'hui, il s'est construit un petit village pour accueillir les touristes. Est-il parfois submergé quand le Colca est en crue? L'hôtel est sommaire mais... a une jolie piscine alimentée par une source naturelle tiède! Nous nous baignons avec délices. Le propriétaire vide complètement la piscine la nuit. L'eau coule à flots de partout, venant des montagnes.

En attendant le dîner, nous admirons les étoiles qui s'allument les unes après les autres. Nous utilisons stellarium pour essayer d'en reconnaître quelques unes. Saturne et Mars se voient bien (je sas, ce sont des planètes). Le scorpion, ma constellation préférée car pour une fois on comprend pourquoi elle s'appelle comme ça et qu'elle est synonyme de vacances brille très tôt. Nous profitons à fons de ce magnifique ciel étoilé en bavardant avec nos compagnons et partageant une bière. La température est douce. Les parois du canyon doivent refléter la chaleur de la journée et il n'y a pas de vent. Seul le dîner n'est franchement pas à la hauteur, soupe correcte suivie de spaghetti à la sauce tomate claire et sucrée... On nous avait habitués à beaucoup mieux! Infusion de cedron pour bien dormir et au lit à 20H15 car demain, lever à 4H30!Nous n'avons pas besoin de demander la raison de ce départ de nuit: il est évident qu'il faut remonter les 1000 m de dénivelé avant que le soleil ne baigne la paroi! L'agence ne nous avait pas dit de prendre nos lampes frontales, c'est bête. Mais le croissant de lune éclaire quand même le chemin et trois d'entre nous (sur six) ont leur lampe. Mars, Jupiter et Vénus (par ordre de luminosité croissante) nous accompagnent. Orion a la tête en bas. Normal! nous sommes dans l'hémisphère sud. Nous montons à notre rythme mais sans trop peiner. Nous trouvons de l'énergie dans des abricots secs, noix du Brésil et oritos (petites bananes) achetées au marché en prévision. Nous avons encore l'entrainement de l'Equateur et sommes 2000m plus bas qu'à l'Illiniza.

en dernier, l'oasis où nous avons dormi 

Des mules portent ceux qui renoncent. Le ciel se pare de rose puis la lumière blanchit complètement avant que le soleil n'éclaire les sommets les uns après les autres. J'en profite un maximum! Le soleil nous rattrape peu avant l'arrivée.

Nous rejoignons le village de Cabanaconde. Le bord des terrasses est entretenu en brûlant les herbes qui y poussent. Nous reprenons la route de l'aller, passons par notre point de départ et à la Cruz del condor sans nous arrêter. Juste après, 3 condors sont en vol circulaire juste -dessus de la route.

Nous demandons au guide de nous arrêter mais il refuse. Grrr...Arrêt à des sources thermales. Beaucoup de gens du coin en profitent. Le bassin tiède est à 36-38°, les autres plus chauds (40°?). Il y a en aussi un d'eau froide, venant du torrent et un brûlant. Je n'arrive à y entrer qu'après être allée dans l'eau froide. La température de l'eau est régulée par des pierres qui bloquent plus ou moins les rigoles en provenance de la source qui est, elle, à 73°! Les sand-flies interdisent l'accès au torrent. Nous passons un moment de détente très agréable, en bavardant soir avec les locaux, soit avec les autres touristes. Déjeuner dans la "capitale" du canyon de Colca, Chivay. Jolie église blanche.

Buffet à volonté avec toutes sortes de spécialités dont alpaga, rocoto relleno, ceviche.... Il y a même des desserts pour une fois (fruits, beignets, gelée de fruit de la passion, jelly à l'anglaise, gateau au chocolat...Nous avons suffisamment faim pour bien en profiter!

Route de retour vers Arequipa. Arrêt à un col à 4900mavec vue sur de nombreux volcans: le Chachani, le Misti, l'Ampato (crapaud en Quechua - 6318 m) et son voisin le Sabancaya (5975 m) actif depuis un tremblement de terre en 2013. Il crache régulièrement des gaz, créant un panache de fumée s'étalant ensuite dans le ciel. Ce matin je m'étais étonnée de voir ce nuage gris horizontal dans un ciel sans nuage. En 1995, son éruption avait provoqué la fonte d'une partie du glacier de l'Ambato. Il se produit environ 4 tremblements de terre par jour dans la région.

Sabancaya, Ampato, Chachani 

Les troupeaux d'alpagas sont nombreux et les bergers à moto, accompagnés de leur chien. Nous entrons dans la réserve de salinas et les vigognes côtoient les alpagas, sans se mélanger, principalement aux point d'eau.

vigognes, alpagas, lama et alpaga 

De nombreux cours d'eau coulent un peu partout. Je ne sais pas d'où ils viennent car peu de sommets sont enneigés. Une lagune quasiment à sec dévoile un sol rouge brique; les vigognes viennent boire dans les flaques restantes. Nous n'en avions pas vu en 2004. Je crois qu'elles étaient en voie de disparition. De gros camions bennes fermés par un couvercle sortent de bâtiments ceints de barbelés. Nous pensons qu'ils transportent le minerai des mines d'or. Nous contournons les faces nord-est du Chachani, tout en ayant la vue sur celles du Misti et Pichu-Pichu. C'est magnifique. De l'autre côté de la route, les cultures le long du Chili créent une espace vert vif au milieu des collines arides. Inévitables embouteillages à l'arrivée à Arequipa.

Je me fais un petit plaisir en allant boire un pisco sour (alcool de raisin péruvien avec du jus de citron et du blanc d'œuf battu) dans le cloître éclairé de l'église de la Compania. Dernier dîner léger sur la terrasse de l'hôtel en profitant des hamacs.

Départ pour Puno avec l'idée de passer dés aujourd'hui en Bolivie. Le bus met plus d'une heure pour quitter la zone urbaine d'Arequipa, après être parti avec 30 min de retard à cause de retardataires (beaucoup de passagers montent puis redescendent pour s'acheter à boire et à manger). Quand on croit pouvoir enfin rouler, on se retrouve derrière des files de camions citernes de fuel. Quand le chauffeur parvient à en doubler un, il se retrouve rapidement derrière un autre. Il est très prudent et on ne va pas l'en blâmer vu le nombre de croix qui jalonnent la route, signalant des accidents mortels. Ces croix sont très régulièrement fleuries par les proches. Moi qui croyait qu'un dimanche ça roulerait! Réaction de Française… Nous roulons au pas, ce qui le laisse largement le temps d'admirer le paysage vu hier soir, avec la lumière du matin. Malheureusement, des déchets plastiques en tous genres jonchent les bas-côtés et sont emportés par le vent. Enfin nous bifurquons sur la route de Puno et laissons les camions. Nous avons mis 3H pour faire soixante kilomètres. C'est probablement raté pour aller plus loin que Puno. Il fait très chaud dans le bus. Nous sommes à l'étage, au deuxième rang, ce qui est très bien pour la vue mais le soleil tape par les vitres. Je m'endors un moment et me réveille juste à temps pour voir le bus descendre vers un grand lac bleu saphir. De très nombreux flamants roses et des mouettes andines profitent des lieux. Il y a toujours de nombreux troupeaux de lamas et d'alpagas mais les vigognes ont disparu dés qu'on a quitté la réserve. Nous quittons les grands volcans pour un paysage de colline sur lesquelles poussent une herbe jaune. les torrents ne sont plus à sec. Quelques cigognes et ibis noirs accompagnent les flamands présents à chaque lac. Le bus ne fait aucune pause. Heureusement, une femme monte et nous propose des chicharrones (je n'arrive pas à définir ce que recouvre ce mot) d'alpaga et de porc (probablement du cochon noir, très goûteux) avec du choclo, des pommes de terre et des pommes de terre noires. C'est délicieux mais il faut manger avec les doigts et éviter de s'en mettre partout. Après une petite ville, la vallée s'élargit, les moutons et les vaches remplacent les lamas et les alpagas. On voit des champs cultivés à perte de vue. Arrivée à Juliaca, ville aux immeubles de brique, aussi laide que dans mon souvenir. Elle se dit "capitale de l'intégration andine". Je me demande ce que recouvrent ces mots... Le marché bas son plein entre les 4 voies de la grande avenue. Cela nous distrait. Peu après, nous arrivons à Puno. Cette fois, la ville est capitale du folklore péruvien. Finalement, nous avons mis 7H00 pour faire 300 km. Il est trop tard pour prendre un bus pour Copacabana (en Bolivie, sur les bords du lac Titicaca, pas au Brésil!). Nous achetons nos billets pour demain 7H00.

Nous prenons le premier hôtel près de la gare routière et allons nous promener sur les bords du lac. Des équipes mixtes jouent au volley sur la berge. les femmes sont en tenue traditionnelle avec leurs jupes superposées et leurs bas de laine. Leurs nattes sont épaissies à mi-hauteur par de la laine noire et se terminent en gros pompons. Frédéric se joint à une équipe. On passe un très bon moment.

Le soleil se couche et le lac passe du bleu foncé à l'argent puis au bleu turquoise.

match de volley avec nos nouveaux amis 

Dîner sur le marché qui, malgré la nuit, bat son plein dans plusieurs rues de la ville. Soupe au mouton pour moi avec des pommes de terre noires et du riz. Si j'ai bien compris, ces pommes de terre noires sont les fameuses patates blanches, dures comme des pierres, vues au marché d'Arequipa, une fois qu'elles ont été cuites à l'eau. Pour être franche, j'aime bien mais en petite quantité! Une famille avec deux jeunes enfants dînent à la même table (succédant à deux hommes qui nous ont parlé foot, évoquant la coupe du monde de 2018 où la France avait battu le Pérou). La petite est craquante Frédéric lui donne des oritos qui lui font plaisir.

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Nous sommes le 23 septembre et nous sommes entrés en Bolivie le 11. Je n'ai pas eu le temps de m'occuper du blog! C'est pas des vacances!

Lundi 11 septembre.

Nous prenons le bus à 7H00 pour Copacabana en Bolivie, au bord du lac Titicaca. Petit-déjeuner d'avocats et de bananes. Trajet sans grand intérêt dés qu'on s'éloigne du lac. L'élevage de truites est une activité florissante. On aperçoit au loin un sommet enneigé, probablement l'Illampu (nous avions fait notre première excursion à 5058 m avec les enfants sur ses flancs).

Passage de la frontière sans problème pour nous mais longuet pour une américaine et de façon moindre pour un autre américain.

Juste avant la frontière, nous avions changé nos soles au taux officiel, sans commission. De l'autre côté, il est beaucoup plus intéressant, et le sera encore plus une fois arrivés à Copacabana. Nous aurions dû retirer des dollars au distributeur (c'était possible à Arequipa) et les changer ici dans la rue pour des Bolivianos.

Nous allons à un hôtel recommandé dans le Lonely. Il est un peu éloigné du centre et nous mettons du temps à le trouver, avec nos gros sacs sur le dos sous un fort soleil. Nous y retrouvons des Français du bus: des parents qui ont rejoint pour les vacances leur fille de 25 ans partie en voyage pour 6 mois; Frédéric convient avec eux de dîner ensemble afin qu'elle nous donne des tuyaux sur la Colombie.

Nous déjeunons dans une cevicheria puis louons une moto sur le port. C'est une 125 avec peu de frein, un démarreur au kick, un embrayage capricieux et un ralenti fatigué. Nous allons à un petit village au bout de la presqu'île. Frédéric s'habitue à la conduite de l'engin, sur piste et avec des dénivelés marqués! Le paysage est superbe: bleu du lac, cultures en terrasses, bois d'eucalyptus. Importés d'Australie vers les années 1600 comme bois de construction (il pousse vite et bien droit), ils s'adaptent bien au climat.

Nous arrivons au village. C'est la fête du saint patron, saint Nicolas, et les femmes dansent au son des trompettes et de la grosse caisse tout en rejoignant l'auberge du village.

Impossible de trouver une épicerie ouverte pour boire un coup. Nous repartons. Nous nous arrêtons à la grotte de la vierge de Lourdes. Les gens y déposent des sacs en toile de plastic, y vident des bouteilles de bière, y déposent des fleurs… Il n'y a que quelques vendeuses et des gens qui fouillent dans les offrandes quand nous y passons.

Dernier arrêt sur des îles flottantes en roseau artificielles. Il n'y a plus d'Uros vivant sur des îles comme au Pérou. Ils en ont recréé pour les touristes. Les flotteurs sont faits de filets contenant des bouteilles en plastique vide, le tout recouvert de roseaux. La sensation d'être bercé, le temps de boire une bière, est agréable. Point de vue sur la baie du haut d'un rocher.

drapeau bolivien et drapeau aymara 

Nous rendons la moto sans encombre et je monte au calvaire qui offre la plus belle vue sur le lac et Copacabana. la montée est rude et on est à 4000 m. En plus j'ai voulu prendre un raccourci mais me suis retrouvée sur une partie très ride jonchée de bouteille cassée et de détritus (le reste des offrandes). J'ai dû viser des pierres stables pour ne pas risquer de poser la main sur des tessons. Mais le coucher de soleil mérite l'effort! Le ciel s'embrase après la disparition du soleil.

La descente (sur le bon chemin) avec la lumière du crépuscule éclairant la ville est tout aussi belle.

Dîner avec nos nouveaux amis dans un bon restaurant: filet de lama avec une sauce à la mure, filet de truite avec une sauce genre sauce hollandaise. L'ambiance est très sympathique.

Le lendemain, nous embarquons pour l'île du soleil. J'ai beaucoup hésité à y passer la nuit mais j'ai eu peur que ce soit devenu trop touristique. La traversée est belle même si la cordillère est dans les nuages. On voit de nombreuses mouettes des Andes (semblables à nos mouettes rieuses mais plus grosses) et des oiseaux noirs à bec jaune avec un point rouge.

Le bateau nous dépose au nord. Des plages de sables blanc bordent des eaux aux allures de lagons où mouettes et cochons se partagent des détritus.

Un indien Aymara nous raconte l'histoire de l'île et nous montre le fameux rocher du puma, à l'origine du nom du lac. On peut y voit les endroits d'où le grand Dieu Viracocha à fait sortir le soleil et la lune et le visage et les deux bras de Viracocha lui-même. Puis nous visitons temple Tihuanaco (civilisation initiale) puis Inca. Une source y coule, qui purifie et guérit de tout. Nous faisons une simili-cérémonie puis remplissons nos gourdes. Elle est bien fraîche et a un goût de pierre comme la Volvic. C'est agréable (l'eau de Puno, filtrée, n'est pas très bonne au goût).

Nous continuons ensuite, "seuls" (il y a du monde, nous avons retrouvé les deux américains du bus + un couple de Français et un couples d'Allemands de ce même bus). Le chemin suit la ligne de crête pour rejoindre le sud de l'île. C'est magnifique. Il y a quelques années, les villageois du sud et du nord se sont fâchés et les 2/3 nord étaient interdits aux touristes. Il semble qu'ils se soient réparti la manne… Pique-nique de saltenias (chaussons au poulet et aux légumes avec des herbes aromatiques) et café dans une boutique perdue au milieu de nulle part.

On marche quelques temps avec le couple de Français. Elle est étudiante en médecine et va faire son internat à Lyon! Des gens fabriquent des briques d'adobe. Nous passons devant un superbe hôtel avec des bungalows ronds au toit de chaume très fleuri.

Je ne fais pas attention à l'heure et surtout, confond deux noms Aymaras. Résultat, nus continuons vers l'extrême sud de l'île au lieu de bifurquer vers le port où nous devons reprendre le bateau. Résultat, un villageois accepte de nous faire contourner le sud de l'île pour attraper le dernier bateau pour retourner à Copacabana. Il nous demande 100 bolivianos alors que l'aller-retour pour la ville coûte 70 bolivianos (10 euros), mais on n'a pas le choix. On arrive juste à temps! Des Boliviens et des Colombiens mettent de l'ambiance et demandent à chacun de chanter. Pris au dépourvu, nous chantons "feu de bois, feu qui chante", mais ça passe bien. Ils partagent des biscuits dont Frédéric note soigneusement la marque.

Dîner dans un café sur le port, en terrasse. Coucher de soleil à nouveau magnifique. Nous discutons avec un jeune allemand. Nous y croisons Dorota (rencontrée au canyon de Colca).

Gros coup de mou en ce qui me concerne au réveil le lendemain. Je traine un gros rhume depuis ma montée au calvaire et ce matin s'y rajoutent des maux de ventre. Pas la forme. Heureusement, Frédéric n'a rien. Nous allons voir la cathédrale. Les portes sont décorées de bas-reliefs en bois mixant catholicisme et culture Aymara. A l'extérieur, on vend tout ce qu'il faut pour les offrandes. Copacabana est réputée pour sa bénédiction des voitures.

Nous trainons dans les rues, beaucoup plus animées en fin de matinée que tôt le matin (avant 9H00) ou le soir. A priori, je n'ai pas compris pour les pommes de terre séchées noires ou blanches. Ce n'est pas la même chose et elles se préparent différemment. Explications de mon parrain qui a vécu au Pérou et dont la femme est péruvienne:

- les pommes de terre "blanches très dures" sont de la moraya, pommes de terre déshydratées par l'alternance gel nocturne-soleil diurne en saison sèche en altitude, puis lavées à l'eau courante (dans un ruisseau d'altitude) pour en retirer les composés azotés pouvant donner mauvais goût. C'est donc pratiquement de l'amidon pur. Quant à celles noires à Puno, ce ne sont pas de la moraya une fois cuite, c'est du chuño = seulement déshydraté par l'alternance gel-soleil, sans passage à l'eau courante.

- les chicharrones sont des morceaux de viande longuement frits dans l'huile, traditionnellement dans des bassines en cuivre.

Frédéric m'offre un très joli pull en alpaca, blanc à motifs noirs. Nous prenons le bus pour la Paz. Le paysage est splendide. Nous passons par un isthme su le lac. La côte est superbe à droite et à gauche on voit les montagnes enneigées de la cordillera reale .

Pour passer un bras d'eau, nous descendons du bus. Celui-ci passe sur une barge et nous en navette. On retrouve "notre" couple allemand et les deux américains.

Avant un péage, le conducteur du bus nous demande d'attendre le prochain bus car il a un problème mécanique. Heureusement, les bus se suivent de près et ne sont pas pleins. L'arrivée à El Alto, au-dessus de la Paz est éprouvante: véhicules à touche-touche, gaz d'échappement à 4000 m... On n'avance pas. Cette fois on prend un taxi pour aller de la gare routière à l'hôtel réservé le matin car j'ai vraiment trop mal au ventre. Régime coca-cola en ce qui me concerne. Frédéric va faire un tour et grignoter dans la rue tout seul. Le lendemain, ça va mieux même si ce n'est pas encore la grande forme. A La Paz (3640 m d'altitude), les télécabines remplacent le métro. Il y a plusieurs lignes, de différentes couleurs. Les embarcadères sont modernes et de couleur assortie.

Ce sont les Suisses qui les ont construits. C'est très pratique et la vue sur la ville est imprenable. Nous remontons à El Alto pour le marché bi-hebdomadaire. On y vend de tout (y compris des moteurs) mais pas d'alimentaire (sauf les étals pour manger). Je goûte une boissons à la cacahuète tout en me disant que ce n'est pas raisonnable de boire de l'eau dont je ne connais pas l'origine… Frédéric s'achète un T-shirt car il a un peu trop limité ses bagages. A un moment, quelqu'un lui dit qu'il a perdu un billet de 10 bolivianos. Il s'aperçoit alors que la pochette supérieure de son sac à dos (qu'il tient devant pour plus de sécurité est ouverte) mais son téléphone est toujours là. Il a gagné 10 bolivianos dans l'affaire! En redescendant par une autre ligne, nous passons au-dessus de maisons bleu et vert d'eau. Ce quartier a été crée par un architecte, Freddy Mamani. Les autres maisons sont en briques. Certaines sont juste au bord de zones ravinées Ce n'est pas rassurant du tout. On se dit qu'elle peuvent s'écrouler à chaque grosse pluie. Nous passons ensuite au-dessus d'un immense cimetière. Il n'y a pas de pierres tombales comme chez nous mais des bâtiments avec plein de petites niches. Des fresques ornent les murs pleins, douces ou effrayantes.

Nous passons par le marché des sorcières où l'on peut acheter toutes sortes de remèdes et des offrandes à la Pachamama. On y trouve l'agua florida, efficace contre le mal d'altitude, les maux de tête ou de dos, dont nous avait parlé le guide au canyon de Colca. On l'utilise en massages ou on en boit quelques gouttes. Si on boit la petite bouteille, ça a un effet abortif.

Visite de l'église San Francisco. Le portail est sculpté, les autels surchargés de dorures, statues très expressives (Christ sanguinolent) vêtues de beaux habits. C'est la messe (un jeudi vers midi). A la sortie, des gens présentent des crucifix plus ou moins imposants et ornés et font sauter des pétards. Un groupe de policier s'assure que tout se passe bien.

Nous voulons aller voir le musée ethnographique mais il est fermé à l'heure du déjeuner. Nous allons sur la place Murillo, entourée de la cathédrale et du palais présidentiel. L'attraction majeure consiste à donner des grains de maïs aux pigeons, comme dans touts les capitales du monde (ou presque). Des écoliers s'arrêtent pour ce faire. Les gens bavardent, boivent, mangent des glaces ou des gelées ornées de crème. Par contre, on ne trouve pas de café pour s'asseoir et boire une bière.

Nous discutons avec un jeune homme qui rêve d'aller en Espagne et en chine...parce que c'est important pour le commerce. Il croit qu'en Europe, tout le monde a l'Anglais comme langue nationale (comme l'espagnol en Amérique du Sud). L'horloge du palais du gouvernement est inversée: le 3 à gauche et le 9 à droite.

Frédéric m'offre un bracelet en filigranes d'argent. Retour à l'hôtel qui a une terrasse avec vue. Je profite enfin du bar à bière (hier, c'était coca ou rien). Puis je retourne au musée, très intéressant. Une salle sur les tissus, une sur les habits, une sur les poteries, une sur les métaux, une sur les masques de danses, une sur les instruments de musique, une sur la monnaie et une sur des photographies anciennes.

Nous allons dans la rue Sagarnaga où se trouvent les boutiques d'artisanat. C'est la fête des couleurs! Nous cherchons de nouveaux sets de table (j'en avais acheté il y a a 20 ans à l'Isla del sol et m'en sers très souvent)e . Une première vendeuse refuse le prix que nous en voulons, mais une deuxième accepte tout en étant beaucoup plus souriante. Nous lui achetons aussi des housses de coussins et une pochette molletonnée pour l'ordinateur, couleur de coucher de soleil. Il va falloir faire rentrer tout ça dans les sacs à dos! .

Nous dînons dans une steak house avec un énorme steak saignant et un hamburger… avec de la pieuvre grillée en plus des ingrédients classiques.

Départ en collectivo puis taxi pour la vallée de la lune (une passagère nous indique gentiment où descendre). j'y étais allées avec les enfants quand Frédéric avait fait la route de la mort en vélo. Sur le chemin, nous longeons des falaises rouges et roses. Cette vallée est le fruit de l'érosion du sol volcanique, dans les tons blancs, avec des cactus. Les immeubles de brique se sont rapprochés mais c'est toujours aussi beau.

Au retour, nous prenons un collectivo dés le départ et entendons qu'il va à Miraflores, un quartier chic de la Paz. Nous décidons d'y aller. Nous pensons rejoindre notre quartier par un parc, mais celui-ci, tout en longueur, n'a d'entrée/sortie qu'à une extrémité. Est-ce un moyen de sélectionner l'origine des enfants qui viennent y jouer? L'entrée est d'ailleurs payante. Nous marchons un peu puis prenons un nouveau téléphérique qui nous ramène au centre. C'est vraiment très pratique. Il y a 10 lignes, de couleurs différentes avec des stations assorties. On peut faire des changements, comme dans le métro. Pas d'embouteillage et une vue imprenable. Cette fois, nous passons au-dessus d'immeubles modernes et colorés. Ça a beaucoup d'allure.

Nous allons déjeuner à la cocina boliviana, restaurant recommandé sur un blog et ouvert seulement le midi. Il y a foule et nous réservons pour le service de 14H. En attendant, nous allons tirer de l'argent. Frédéric a trouvé sur internet la liste des banques qui ne prélèvent pas de frais. Les distributeurs proposent des options auxquelles on ne comprend rien! On choisit au hasard et certaines ne fonctionnent pas avec nos cartes. Puis nous allons boire une bière. Il y a ici une bière au miel (la Huari) qui sent vraiment le miel et qui est issue d'une très ancienne tradition. Le déjeuner est incroyable: plats originaux, présentation superbe, explications des serveurs… Comme d'habitude, nous partageons pour goûter à tout. Quelle chance que Frédéric soit tombé sur ce blog. Le seul défaut est le bruit ambiant car le menu complet coûte… 10 euros par personne. Je ne sais pas où le chef a appris la cuisine.

Nous repassons à l'hôtel. Frédéric fait un petit coucou à ses amis du poker qui commencent leur soirée mensuelle.

Je repars prendre deux téléphériques pour aller à un Mirador sur un autre côté de la ville. la vue avec la lumière de fin d'après-midi est magnifique. Un monsieur est ravi de bavarder avec moi et de me conseiller les choses à voir en Bolivie.

Quand je redescend, Frédéric m'a réservé un massage aux pierres chaudes. Une heure de pur bien-être!

On achète, après maintes hésitations, un sac de voyage en tissu bleu-vert repéré la veille. Il est "trop" beau (comme disent les jeunes). Mais il prend de la place!

On ne peut pas ne pas craquer devant ces couleurs! 

Pisco sour dans un restaurant joliment décoré de photos de marché et de fresques qui reprennent certaines scènes desdites photographies. Un visage de vieille femme, en particulier, est saisissant. Frédéric voit un livre en entrant sur lequel est écrit "vian express"). Il pense aussitôt à sa soeur dont l'hôtel s'appelle Evian Express (en fait l'intitulé complet était "Bolivian express").

Demain est la première journée un peu aléatoire. Nous devons nous rendre à Sajama, parc national à l'ouest du pays, à la frontière avec l'extrême nord du Chili.

Nous en avons entendu parler sur un blog et je croise les informations pour y aller. Nous devons prendre un bus en direction d'une grosse ville (Oruro) en demandant à descendre en cours de route pour une petite ville. Marcher une vingtaine de minutes pour rejoindre l'artère principale et prendre un minibus. Il y a un seul départ par jour, entre 10H et 13H (certains disent entre midi et 13H) et il part quand il est plein. Le trajet en bus dure entre 2H30 et 3H30 selon les embouteillages de La Paz. Il n'y aurait de minibus qu'un samedi sur deux et bien sûr… nous y allons un samedi!

On décide de partir à 7H00 de l'hôtel. La journée commence mal: Frédéric a été malade toute la nuit. Je lui propose de rester se reposer à La Paz mais il refuse. On arrive rapidement à la gare routière (difficile d'entrer dans un collectivo avec nos gros sacs...qui ont encore grossi avec nos récentes emplettes)! A partir de là, tout s'enchaîne au mieux. Arrivée à 7H15, au terminal, bus pour Oruro à 7H30. Nous précisons bien que nous voulons descendre à Patacamaya. Pas de souci a priori. Traversée de El Alto, passage devant l'aéroport. De nombreux pendus en chiffon, grandeur nature, sont accrochés aux poteaux électriques. Ce serait une vendetta: message de vengeance future pour une action commise à cet endroit. En tout cas, ça fait une drôle d'impression! Dans un quartier, ils font cuire le week-end des chanchos a la cruz: porcs coupés en deux, cuits au-dessus d'un feu, en pyramide, entourés de tôles; ça doit être bon!

Nous somnolons. Tout à coup l'aduyante crie "seniores pour Patacamaya! Nous ne sommes partis que depuis 2H15. Il faut un peu de temps pour reprendre nos petits sacs car nous passons une jambe dans les bretelles pour éviter les vols et descendre car nous sommes à l'étage et à l'arrière du bus. De plus nous devons récupérer nos gros sacs en soute. L'ayudante n'est pas content et nous fait comprendre que quand on descend en dehors des arrêts officiels il faut être prêts…

Nous trouvons facilement le fameux minibus. Ouf! Il est bien là! Il y a déjà 6personnes dont 3 Français. On lit mes mêmes blogs.. (en l'occurrence, "novo-monde", blog d'un couples suisse). On nous annonce un départ à 11H30. Je vais prendre un café et Frédéric un coca. J'ai à peine le temps de finir que le conducteur décide qu'il partira finalement à 10H30, avant de faire le plein. Quel bol on a eu! Je plains ceux qui arriveront à 11H00.

A partir de là, le paysage est superbe. Troupeaux de lamas et d'alpacas, roches rouge/rose/blanches, rivières à sec ou à flot, oies des Andes noires et blanches, flamands roses… Assez vite, nous avons une vue sur le volcan Sajama, qui est le plus haut volcan de Bolivie avec ses 6 542 m. Il ressemble un peu au Cotopaxi, mais sans les nuages… On voit aussi le volcans jumeaux, le Parinacota (6 348 m) qui est un cône parfait et le Pomerape (6 222 m). Tous trois sont des strato-volcans qui entourent le village de Sajama (4 250 m) où nous nous rendons.

On s'arrêt dans un village où il y a un marché. J'achète des feuilles de coca car j'aimerais faire une ascension à Sajama. La vendeuse me demande si je n'ai pas peur d'aller sur les volcans. Il y a un math de foot. Des dames pas toutes jeunes qui regardent, me demandent si j'aime le foot. Je leur demande pour quelle équipe elles sont. Bref, la conversation s'engage. Nous cherchons sans succès une poubelle pour mettre nos déchets de midi. je me suis un peu éloignée en laissant Frédéric au stade. Quand je reviens, il est reparti au minibus. Les dames de tout à l'heure me disent que "mon ami est là" en montrant un passager européen du minibus. Je leur réponds que " ce n'est pas le mien", ce qui les fait rire aux éclats.

Frédéric aide à charger sur le toit une cuisinière, des sacs de patates et de viande (qui resteront en plein soleil pendant tout le trajet) et autres paquets bien lourds. A l'arrivée, la cuisinière aura fait un petit trou et une éraflure dans mon sac à dos.

L'érosion a sculpté, dans ce qui me semble être du grès, des formes étranges qui laissent libres cours à l'imagination: monstres, animaux, visages…

Nous arrivons au village. Comme nous avons sympathisé avec les trois français et que l'autre couple a déjà réservé une chambre et pris des renseignements chez le guide recommandé sur le blog, nous décidons de rester ensemble. Un jeune alpaca marron nous accueille. Il bêle plaintivement et cherche manifestement des mamelles entre nos jambes.

Nous logerons chez une voisine mais prendrons nos repas sur place. En attendant que nos chambres soient prêtes, nous bavardons. Thomas est développeur en informatique, Léa est dans les ressources humaine chez Eiffage et Florian horloger de luxe à Genève; Il est maintenant contrôleur qualité pour Vacheron, une marque encore plus prestigieuse que Rolex. Ils font des montres incroyables (reproduction de tableaux de maîtres en émail sur une montre de 4 cm, mécanismes extrêmement complexes, décoration et dorure à l'or fin de toutes les pièces en laiton du mécanisme…). C'est passionnant.

Nous organisons l'excursion aux lagunes d'altitude pour le lendemain avec l'épouse du guide et prévoyons de faire pour quatre d'entre nous (Frédéric ayant souffert à l'Illiniza en Equateur ne souhaite pas se joindre à nous) notre premier 6000 dans 3 jours. Mario nous conseille l'Acotango, 6052 m, un stratovolcan situé à la frontière entre le Chili et la Bolivie. Le dénivelé sera de 700 m et on met les crampons à la fin. Le Parinacota a 300m de plus et le dénivelé de l'ascension =est de 1000m, beaucoup plus dur! En plus, la vue est plus belle de l'Acotango. Pas de difficulté technique mais une altitude à ne pas négliger. En ce qui me concerne, je sais que je monte à 5 500m sans problème, mais à ce niveau, chaque centaine de mètre compte et en plus, d'une fois sur l'autre, notre tolérance peut changer (et puis je ne rajeunis pas…). Mais le challenge et surtout la vue qu'on devrait avoir sont trop tentants.

Frédéric est vraiment mal en point et reste se reposer. Je pars avec les trois autres à un belvédère à 4550m. Il doit y avoir environ 300 m de dénivelé mais ça monte tout droit (un azimut disent les pro). Nous attendons le coucher du soleil. Heureusement, il y a peu de vent car il fait très froid quand il se lève. Le point de vus est magnifique (je sais, j'utilise beaucoup "superbe", "magnifique", "splendide", mais c'est le cas!). C'est un site sacré et il y a beaucoup de bouteilles vides d'offrande à la Pachamama. Sur ces bouteilles il est précisé que c'est de l'alcool pour offrandes et qu'il ne faut pas le boire. Par contre, il y a un bidon vide d'alcool à 96° sur lequel il est précisé "alcool potable"...

Sajama - Parinacota -  Pomerape

Un grand rapace apparaît à l'horizon. Lorsqu'il passe au-dessus de nous, on distingue sa collerette blanche: un condor!

Le soleil glisse le long d'un des volcans jumeaux. Un fin croissant de lune apparaît juste entre eux. Les étoiles s'allument. Je vois le scorpion et la croix du sud.

Il gèle la nuit au sens propre. Nous avons trois couvertures épaisses mais très lourdes, qui glisserons à chaque fois que je me retournerai pendant la nuit. Nous avons la chance d'avoir une douche (ce qui n'est pas le cas de nos amis) mais elle est située derrière la porte, avant les toilettes. On est obligés de marcher dedans pour aller aux WC. on voit que les gens d'ici ont fait ça pour les touristes mais ne s'en servent pas eux-mêmes. Le lavabo est dehors, de l'autre côté de la cour, sans lumière.

Après un copieux petit-déjeuner, nous partons en 4X4 au point de départ de notre rando. C'est une femme qui conduit. Nous commençons par admirer des sources chaudes qui bouillonnent ou émettent des bulles. Le sol est blanc ou rouille. Des fumerolles s'élèvent de partout.

Nous commençons la montée dans les herbes jaunes. Une couche de glace recouvre les coulées d'eau et des stalactites se forment dans les ruisseaux. Le sommet du Sajama apparaît. Le volcan d'à côté est dans les teintes rouges, blanches et jaunes. On voit des vigognes à plusieurs reprises, ainsi que des oies des Andes. Elles sont toujours en couple. Il y a aussi des ibis noirs.

En arrivant au premier lac, un panneau nous indique qu'on est à la frontière avec le Chili. Pas de garde évidemment! Je retrouve les oiseaux noirs du lac Titicaca. Le ciel se couvre petit à petit, formant de jolis effets de nuages. Nous continuons jusqu'au deuxième lac. A notre droite, on dirait un château fort naturel, à notre gauche, le volcan a plusieurs couleurs et des coulées de glace. On s'arrête pour pique-niquer à l'abri du vent. Un petit oiseau gris vient quémander des miettes. Florian, qui a fait de la photographie animalière, repère pour la deuxième fois un viscacha, sorte de lièvre à longue queue qu'il enroule en colimaçon à l'arrêt. Nous avons retrouvé les coussins verts qui nous font des sièges durs mais sans épines. En effet on trouve aussi des coussins de cactus à épines rouilles et fleurs rouges.

Nous redescendons par le même chemin en profitant de la vue dans l'autre sens. Nous arrivons à approcher d'un peu plus près des vigognes. Elles émettent des petits cris d'alerte. Il y en a toujours une qui fait le guet.

Nous arrivons à 15H alors que le 4X4 doit nous reprendre à 16H30. Nous profitons des geysers en nous trempant les pieds là où l'eau froide a suffisamment refroidit l'eau des sources chaudes. Florian se baigne carrément. Mais le vent souffle et quand le soleil se cache il fait froid. Nous nous réchauffons avec les fumerolles dont l'odeur de souffre est tout à fait supportable.

Le soir nous sommes gelés. Les nuits sont vraiment très froides et les lits en béton très durs.

Deuxième journée d'acclimatation. Nous allons voire un autre lac. Route sans dénivelé.

A un moment, nous croisons des gens en train de dépecer une vigogne (leur chasse est interdite et punie de prison). Une femme nous explique que c'est un puma qi l'a tuée. Puis c'est un zorro (renard) dont elle nous montre les empreintes. Il y a des viscères sur la route, ce qui a attiré leur attention. Elle nous explique qu'ils donneront la viande aux chiens car elle n'a pas été égorgée selon le rite traditionnel (hum…). Nous sentons ensuite que nous sommes invités à continuer notre route.

Arrivée à la lagune. Flamants roses et oiseaux noirs s'y régalent.

Le Sajama, l'Acotango, le Parinacota et le Pomerama s'y reflètent. Magique! Mais le vent se lève, fini les reflets. Florian s'amuse à créer un reflet parfait en utilisant la vitre d'un second téléphone portable.

vrais et faux reflet 

Nous revenons par la même route. Les nuages font des ombres sur le Sajama. Nous admirons les troupeaux de lamas et d'alpacas. Ces derniers ont parfois des têtes comiques. Quelques vigognes paissent aussi dans le coin. On se demandent de quoi ils se nourrissent. L'herbe jaune et dure et quelques buissons épineux ne nous mettent pas en appétit!

Il ne reste de la vigogne morte de ce matin que les viscères et les pattes… Nous allons aux thermes nous baigner. La route fait un grand détour pour éviter un pâturage clos de barbelés clairement mis en évidence par des bouts de plastique et où on retrouve un pendu. Encore une guerre de profit du tourisme?

Florian, qui est photographe animalier amateur, repère un hibou dans les hautes herbes. Nous nous baignons dans une eau à 38°. Ici, un seul bassin et un fond mousseux. Un couples est venu spécialement d'Oruro pour s'y baigner. Ça délasse. Par contre, mon bracelet en argent n'aime pas du tout l'eau sulfureuse: il devient marronnasse! Heureusement, il retrouvera sa teinte initiale, peut-être un peu plus jaune, simplement en le portant. Retour à Sajama. On est un peu fatigués. Ce devait être une petite marche mais finalement nous avons fait 27 km, à 4 250 m.

Mario et Anna font le point sur notre équipement. En voyage longue durée, nous n'avons pas de chaussures de haute montagne ni d'anorak. Ils nous prêtent les crampons et ont quelques affaires, probablement laissées par d'autres touristes à prêter. Léa a un magnifique pantalon de ski rose bonbon et chaussures comme mes Koflach (chaussures de montagne en plastique rigide). Moi, j'ai de trop petits pieds. Je ferai avec les moyens du bord. Heureusement que j'ai acheté des gants en alpaca en Equateur.

Lever prévu à 2H00 pour un RDV à 2H30. A 2H30, Frédéric me dit: "lève-toi". Le réveil n'a pas sonné!. Gros stress mais on ne part qu'à 3H00. On roule dans la nuit sur la route puis sur une piste conduisant à une mine de souffre, ce qui nous permet de monter à 5000 m. Nous sortons et sommes éblouis par le ciel étoilé; On marche 1H20 avec les lampes frontales. Nous suivons un petit torrent gelé.

Tout à coup, gros malaise vagal ou hypoglycémie. Heureusement le guide décide une pause. Je m'assois et me jette sur un reste de bouteille de coca. Ça va tout de suite mieux. Je ne pense même pas aux feuilles de coca dans mon sac, achetées exprès. Nous repartons la plus longue et la plus raide partie de la montée. Le soleil se lève. On a vue différente des autres jours et découvrons un grand lac au pied du Parinacota. Arrivés sur la crête, nous mettons les crampons. Le vent a créé des arrêtes de glace qui font un bruit de verre cassé quand on marche dessus.

Pas d'essoufflement ni de difficulté à avancer mais la tête qui turne dans les montées avec une sensation de vertige. Ça fait peur quand on marche sur un sentier très étroit avec une pente très raide sur sa gauche. Les autres ressentent la même chose. Léa est gênée par ses chaussures dont elle n'a pas l'habitude. Florian caracole en tête (c'est son troisième 6000 m et il est habitué à plus technique).Un peu d'escalade. La partie sommitale paraît inaccessible mais en fait la dernière partie se fait facilement.

Nous atteignons tous le sommet. Vue à 360° sur les alentours. Côté Chilien, un volcan a un beau cratère et un autre des fumerolles. Les couleurs sont magnifiques: dégradés en blanc, gris, jaune, rose, lie de vin. On en prend plein les yeux puis nous redescendons.

Nous avons énormément de chance: il y a très peu de vent et par conséquent il ne fait pas trop froid. Plus de vertiges mais un mal de tête croissant. Cette fois, je prends des feuilles de coca. On les met entre la joue et la gencive et on laisse la salive dissoudre les sucs.

Une fois la crête passée et les crampons enlevés, nous descendons direct dans la pente: ski dans le pierrier. Pas trop difficile mais ça coupe le souffle.

Nous arrivons à la voiture. Mario fait un détour par la ville frontière avec le Chili pour prendre de l'essence et faire réparer un pneu. Nous sommes fatigués et avons mal à la tête. Je retrouve Frédéric. Nous allons boire une bière et prendre un almuerzo. Puis je l'abandonne à nouveau pour faire la sieste. Un Nurofen et une heure de sommeil plus tard, le mal au crâne a disparu. Frédéric a discuté avec un français arrivé dans la nuit (son trajet pour Sajama ne s'est aussi bien passé que le nôtre) et une chilienne francophone (elle a fait ses études à l'alliance française à Santiago) qui lui donne des conseils pour ... la région que je souhaitais voir! Mario est vraiment impressionnant: en tant que guide, il fait un 6000 m une nuit sur deux! Quant à Anna, c'est la femme d'affaires du couple. on a senti qu'elle n'était pas contente que son mari ait demandé le même pris pour 4 que pour 1. Sajama a été le premier parc national de Bolivie. mais il n'y a plus de garde (on n'a même pas payé notre entrée car il n'y avait personne) et les gens commencent à construire selon leurs envies…

Nous allons acheter nos tickets pour le minibus de retour demain. On nous a prévenus qu'il fallait s'y prendre suffisamment tôt pour avoir de la place mais le bureau ouvre de 18H à 19H. Ça passe. Il y aura même un deuxième minibus demain. Nous dînons comme d'habitude tous les cinq chez Mario et Anna. Hier c'était délicieux: choclo et charki, viande d'alpaga séchée au soleil puis effilochée. Ce soir c'est moins bien: riz et tortilla. Je n'en peux plus des œufs (on en a presque à tous les petits déjeuners!).

Nous prenons le minibus à 6H00 (RDV à 5H45). Fatiguant, d'autant qu'on a vraiment mal dormi toutes ces dernières nuits. Le Sajama a mis son bonnet. J'ai les lèvres brûlées malgré le stick écran 40.

Nous quittons Thomas et Léa qui remontent à la Paz. Florian, lui, est resté à Sajama pour faire l'ascension du Parinacota.

A Patacamaya, nous prenons des galettes frites comme petit déjeuner et attendons un bus en provenance de la Paz et en direction de Cochabamba, la troisième ville du pays. Des enfants défilent en fanfare. Les mamans regardent. C'est la mode en Amérique latine. Hier, Frédéric a vu partir plusieurs minibus de Sajama pour emmener les enfants défiler.

Un premier bus passe mais nous refuse. Je commence à douter mais heureusement Frédéric est plus patient. Nous montons dans un bus une heure et demie plus tard. Paysage de collines moutonnantes couvertes d'herbe jaune. Je somnole. Puis nous suivons une impressionnante ligne de crête. Des deux côtés, des montagnes lie de vin ou blanche s'étendent à perte de vue. Des cultures en terrasses, d'abord abandonnées, sont de plus en plus entretenues a fur et à mesure que l'on s'approche de la ville. Descente assez raide. La vallée est riante: cultures vertes, arbres...La température change radicalement : 28°.Cochabamba, vient de "lac" et "plaine ouverte" (comme Riobamba en Equateur).Nous arrivons dans la zone urbaine de Cochabamba. Comme toujours, ça n'en finit pas. La ville est verdoyante et fleurie: jacarandas, bougainvillées, lauriers roses, ibiscus...Majorité de maisons ou de petits immeubles, Très différente de la Paz. Frédéric est furieux car nous avons payé notre ticket de bus 50 Bolivianos alors que ceux qui venaient de La Paz (1/3 de trajet en plus) payaient 40. Il va à la police des transports comme lui a conseillé une passagère. Là, il apprend que les bus ne peuvent pas prendre de passagers en route mais s'ils le font, l'ayudante peut faire payer jusqu'à 106 Bov/personne. C'est interdit mais réglementé… Nous ne connaissions tout simplement pas les codes. Comme nous n'avions pas internet, nous n'avons pas repéré où nous allions dormir. Nous marchons jusqu'à la place centrale et allons dans un café pour avoir du XI6FI. Délicieux café glacé avec de la chantilly. On est dans un autre monde, très occidentalisé. Nous repérons un hôtel proche de là dans une maison ancienne. Nous passons par la place de cathédrale dite du 14 septembre.

 la place du 14 septembre 

Alfredo nous accueille comme des amis. Sa maison est en fait une chambre d'hôtes, pas un hôtel. Il y a des plantes partout: cactus, amaryllis, géraniums… Et deux chats un peu sauvages.

Nous allons à la recherche d'une agence pour aller à Torotoro, le plus petit parc national de Bolivie. Contrairement à Arequipa, elles ne courent pas les rues. Nous en dénichons une après être passés sans succès à l'office du tourisme. Mais le tarif est très élevé pour le pays. Après discussion, il semblerait que deux autres touristes puissent se joindre à nous, rendant le prix plus raisonnable. Nous marchons le long de l'avenue chic de la ville. Jolie place avec des fontaines éclairées. Des perruches nichent dans les palmiers et font un bruit d'enfer. Je goûte une soupe de tripes. En France j'aime beaucoup ça mais là je me retrouve avec des morceaux gris caoutchouteux au possible. Le goût n'est pas mauvais. De retour à l'hôtel, un message de l'agence nous apprend que les autres touristes se sont désistés. Du coup nous annulons. Alfredo nous explique comment nous débrouiller par nous-mêmes. Il est vraiment adorable!

Excellente nuit, à la bonne température, dans des lits confortables. Ça fait du bien! Le patio de la maison est un havre de paix où le propriétaire diffuse de la musique zen. Seules les perruches font du bruit le matin en quittant leurs nids. Nous allons à la station de collectivos pour Torotoro. Il est sensé y avoir un départ toutes les heures. Nous arrivons un peu avant 8H00 et on nous dit "Ya va salir". Il va bientôt partir. Cela semble parfait mais à 9H00, la réponse est toujours la même. Nous regardons le ballet des enfants qui vont à l'école. Les mères achètent systématiquement des friandises à l'épicerie voisine. Une grand-mère passe et repasse avec son petit-fils de 3-4 ans qui joue avec un téléphone et a droit à un bonbon ou gâteau à chaque fois.

Nous finissons par partir vers 9H15. Arrêt pour acheter des palettes de cannettes de bière (argentine), autre arrêt pour acheter de la matchucada (feuilles de coca).Une fois sortis de la ville et de sa banlieue, les montagnes déclinent à nouveau les blancs, roses, rouges. Une nouvelle route est en fin de construction. Avant il fallait 9H pour faire le trajet, maintenant 3. Le chauffeur rejoint souvent l'ancienne piste, le long de la rivière, afin de déposer les passagers devant chez eux. Certains ont visiblement fait le plein de denrées à Cochabamba, en particulier pour les petites boutiques. Le chauffeur propose de passer devant et ils sympathisent. La vallée est un grand verger: papayers principalement (je n'en ai jamais vu autant au même endroit, mais aussi agrumes et bananiers. A l'arrivée à Torotoro, un panneau indique: zone touristique, ne pas jeter d'ordures par terre! Nous prenons un almuerzo près de la station. le chauffeur nous y rejoint et voyant qu'il parle avec sympathie à Frédéric, la patronne, plutôt renfermée, devient plus aimable. Puis nous cherchons comment visiter les lieux. La patronne d'un hôtel nous fait croire qu'elle nous propose le package hôtel + guide (obligatoire) et véhicule, pour finalement nous laisser en plan dés qu'on a pris la chambre. Le lieu est réputé pour ses empreintes de dinosaures et la salle à manger est décorée comme une grotte.

Finalement, une fois trouvée la bonne rue, tout s'enchaîne très simplement: on paye l'entrée du parc national puis on va au bureau des guides. Là nous nous joignons à deux jeunes suisses, Aliana, infirmière en suisse italienne et Hazel, qui vit à Zurich. Elles parlent italien entre elles , espagnol et un peu français. Il y a aussi un hurluberlu anglophone, faux routard en poncho qui s'arrange pour ne pas payer mais qui heureusement nous lâchera assez vite, ne voulant pas marcher. Une fois de plus, nous sympathisons et faisons équipe avec des gens plus jeunes que Vincent et Marianne! Ca fait bizarre. Nous passons devant des empreintes de diplodocus, puis un théâtre de pierre et un pont naturel, en pierre lui aussi. Un arbre, qui sert en menuiserie, est assez fort pour faire éclater la pierre en poussant. Les jacarandas violets émaillent le paysage. Nous retrouvons les cactus cierge (ici ils ne s'appellent pas sancayo) et les atchupayas.

Puis nous arrivons au point de vue, par un pont suspendu, sur un canyon de 300 m de profondeur. Très impressionnant! Des vautours nous survolent.

Nous descendons tout au fond, longeons la rivière entre de gros blocs de pierre et allons nous baigner sous une petite cascade.

Un saut de 5-6 m permet d'arriver directement au pied de la chute. Comme d'habitude, j'ai du mal avec un premier saut, mais nous sautons tous. Je m'écorche le nez avec mon ongle. L'eau est fraîche mais bonne. Passage derrière la cascade, quelques brasses. Ça fait du bien.

Puis nous remontons les 820 marches. Heureusement, une bonne partie est maintenant à l'ombre... On voit d'autres traces de dinosaure, un carnivore cette fois. Les paysans mettent à sécher les tiges et feuilles de maïs dans les arbres. Ce sera du fourrage pour les animaux.

Retour au village. RDV demain à 7H30.

Nous montons en 4X4 à 3750 m d'altitude. Nous allons visiter deux sites de formations rocheuses. Dans le premier, de gros blocs de grès gris et rouges forment des volumes impressionnants. On peut comme toujours imaginer des animaux. On se faufile entre et sous les blocs. Un Fontainebleau géant avec une vue extraordinaire sur les alentours.

Des lagunes asséchées témoignent que le paysage est bien différent à la saison des pluies, perdu dans les nuages. L'une d'elle, toute ronde, serait la "baignoire" des condors. l'un d'eux nous survole rapidement. Des viscachas jouent dans les rochers.

Nous continuons la route jusqu'à la cité d'Inta, où des civilisations anciennes ont laissé des peintures rupestres. Les formations rocheuses sont incroyables. L'une des salles s'appelle la cathédrale. Une grande pierre forme le toit et a une forme de phallus.

On se régale aussi avec la flore (plaisir des yeux mais aussi quelques mures un peu acides). Des feuilles argentées toutes douces ont un pouvoir abortif.

Il faut regarder la taille des gens pour avoir une idée de ce que cela représente. Lorsque l'on remonte, on ne se douterait pas du labyrinthe de pierre que cache la surface.

Déjeuner dans un écolodge en construction d'où l'on a une vue sur le synclinal de Toro-Toro. J'aurais aimé avoir un géologue avec nous pour m'expliquer comment cela s'est formé. Un des côtés m'évoque un dos de dinosaure.

Nous redescendons vers la vallée pour aller voir la grotte de Umajalanta (là où l'eau disparaît). Le guide nous apprend des mots de Quechua et d'Aymara mais j'ai du mal à retenir. Ici, les gens se disent Queshuagnols (métis de Quechuas et d'Espagnols), 2% parlent Aymara. Montée jusqu'à l'entrée sous un soleil de plomb. On revoit des traces de dinosaures au passage.

C'est la plus grande et la plus profonde grotte connue de Bolivie. L'intérêt réside dans le fait qu'elle n'est quasiment pas aménagée. Nous sommes équipés de casques et de lampes frontales. On rampe, descend en rappel, dérape sur les pentes sableuses...De fines colonnes ont été choisies pour illustrer le billet de 10 bolivianos. Il fait une température très agréable.

Je ne mesure pas à quel point c'est stressant pour Frédéric, qui n'a pas le même gabarit que nous, de se faufiler dans des boyaux où j'ai déjà du mal à passer… Il s'ensuit une certaine tension. Un lac souterrain se trouve au fond de la partie qu'on visite. Il abrite des poissons blancs. Une salle près de l'entrée héberge quant à elle des chauve-souris. Pour finir, nous longeons une rivière souterraine et rejoignons la première salle.

Retour au village. Nous prenons le premier minibus en partance. Peu d'attente cette fois. Le chauffeur est fatigué et Frédéric lui fait un "psitt psitt" quand il aborde bizarrement un virage parce qu'il est occupé à changer de musique sur son téléphone. Arrivés au terminal, nous prenons un taxi qui attendait. Nous avions prévu d'enchaîner sur le bus de nuit pour Sucre, mais la fatigue du rythme effréné de ces dernières semaines, des changement d'altitude et de température se fait sentir. J'ai envie de passer à nouveau une bonne nuit au calme (à Torotoro, le lit faisait cuvette). Nous dormirons donc à nouveau à Cochabamba et irons finalement à Samaïpata, une petite ville qu'on ne connait pas et qui serait très agréable et reposante. Quand nous arrivons chez Alfredo, la cour est pleine de monde car il reçoit des amis et de la famille pour fêter ses 5 ans d'emménagement. Il nous salue comme des amis et nous invite à boire du vin bolivien (un blanc et un rouge délicieux) et à partager les pizzas cuites sur place, dont une à la truffe. Je n'ai pas bu de vin depuis notre départ et me régale. La soirée aurait été parfaite, après deux jours parfaits, si Frédéric ne s'était pas aperçu en arrivant qu'il n'a plus son téléphone. Il a dû tomber dans le taxi. La poisse. On verra demain si on peut retrouver le chauffeur…

Samedi 23 septembre. Frédéric passe la matinée, aidé d'Alfredo, à essayer de retrouver le chauffeur de taxi: caméras de surveillance (il y en a partout mais aucune ne montre la plaque), appel de la station de bus…

Pendant ce temps, je rattrape une partie de mon retard sur le blog. L'après-midi, nous allons manger des gâteaux sur le Prado. les gens viennent en famille ou entre amis. Ils vendent des gâteaux à la crème impressionnants! Nous remontons toute l'avenue des Heroinas pour monter au Christ de la concorde. C'est le plus grand du monde, plus haut que celui de Rio de Janeiro de quelques mètres: 36,2m sans le socle, 40,6 m avec, 22 000 tonnes. Il a té érigé en 1994 et fait la fierté de la ville.

Nous montons en télécabine. Beaucoup de couples, d'amis, de famille font cette sortie du week-end. La vue sur la ville est étendue mais brumeuse. Nous avons du mal à repérer la place de la cathédrale. Par contre, on voit bien la fameuse lagune d'Alalay, polluée et qui s'assèche faute d'apports suffisants en eau. En passant devant en taxi en allant et revenant de la station de minibus pour Torotoro, nous avons été saisis par l'odeur d'égouts qu'elle dégage. Je ne sais pas comment font les riverains… Un projet de désenvasement est à l'étude. Elle a été agrandie au départ pour limiter les inondations dues aux crues de la rivière Cocha.

On voit bien les jolis jardins de la ville. Nous redescendons à pieds par un grand escalier au milieu des cactus.

Une bonne bière est nécessaire après ça! Nous reprenons la grande avenue et allons manger une glace: dulce de leche (confiture de lait) aux amandes et fruits de la passion. Puis nous retournons au café du premier jour pour un moment de calme avec un café glacé et un granité aux fruits rouges. Alimentation très équilibrée aujourd'hui!

L'espoir d'avoir des nouvelles du téléphone au retour est déçu. Frédéric repart à la station de minibus mais personne ne peut le renseigner et le chauffeur du taxi du retour n'est pas encourageant sur la possibilité que notre chauffeur de la veille rende le téléphone.

Le lendemain matin, Frédéric repart à la station. Mais on est dimanche et la boutique qui a une caméra de surveillance, déjà fermée la veille au soir, n'ouvrira que lundi.

Je suis à nouveau patraque. Je me vide tellement que je serais parfaitement préparée pour une coloscopie! Cette fois, ce sera antibiotiques et Imodium (parfaitement inefficace). De nombreux voyageurs au long cours ont été malades en Bolivie. Notre ami Florian a même été cloué 3 jours au lit à la Paz par une salmonellose qui a nécessité une injection d'antibiotiques à la Paz. Thomas et Léa ont été malades aussi, mais moins. Il faut dire que quand on voit la viande, dans des sacs en plastiques, passer plusieurs heures en plein soleil sur le toit des minibus… Il n'est pas sûr que nos services d'hygiène valideraient (on est même sûrs du contraire). Repos forcé. Je somnole à moitié pendant que Frédéric va faire un tour puis fait gentiment la lessive. Il m'approvisionne en coca. En me regardant dans la glace de la salle de bains, je m'aperçoit que j'ai sérieusement maigri.

Pas grand chose d'ouvert le dimanche. La musique zen du patio, si agréable au début, finit par lasser. Retour au régime coca-cola. Moi qui n'en boit quasiment jamais! Nous sortons vers 16H et observons les gens sur la place. La ville est vraiment déserte le dimanche, toutes les boutiques sont fermées. En Amérique latine, la majorité des rues a soit des noms de date, soit de pays soit de villes. Dans la région de Cochabamba, les femmes portent des chapeaux de paille avec une fleur en tissu, assortis à leur jupe unie. Certaines sont très élégantes. Je n'ai compris comment leurs jupes (dans tout le pays) leur donnaient ces hanches larges, pas tout à fait dans nous critères de beauté.

Nous observons les vendeurs ambulants. Les policiers les chassent régulièrement de la place mais ils reviennent aussitôt. Les vieilles vendeuses font d'ailleurs de la résistance. Yuca au fromage fondu, chocho (lupins), glaces, pop-corn… Chaque spécialité a son type de chapeau. Un vieil homme fait des granités avec des sirops de toutes les couleurs qui ressemblent à des bouteilles de peinture! mais ça a beaucoup de succès. J'ai oublié de prendre mon appareil photo. Dommage! Au centre de la place, ornée de très beaux arbres, une colonne est coiffée d'une statue de condor assez Kitsch. Les perruches et les pigeons volent en tous sens.

Nous visitons deux galeries d'art: photos et sculptures dans l'une, peintures et fusain d'un même artiste dans l'autre. J'aime beaucoup les portraits au fusain qu'il a fait de sa mère et de sa fille. Le temps qui passe…

Ce matin Frédéric repart dans l'espoir de visionner une autre bande de surveillance au terminal de minibus. La personne refuse mais un chauffeur de taxi le met en contact avec un responsable de compagnie qui vient vérifier à l'hôtel qu'il s'agit bien d'un taxi de sa compagnie et qui promet de rechercher le chauffeur. Encore faut-il que ce soit ce dernier qui ait récupéré le téléphone et pas un client, qu'il veuille bien le rendre, etc... RDV à 18H00.Nous allons déjeuner près d'un petit parc. Frédéric y avait mangé hier et avait regardé avec envie l'assiette de sa vieille voisine: un beau morceau d'agneau, comprenant la base du cou et m'épaule. La viande est fondante et goûteuse mais je ne peux en manger plus d'un morceau. Une truite passe mieux. Nous apprenons à la télé que le drainage de la laguna Alalay a commencé aujourd'hui! Bonne nouvelle pour les riverains.

Ensuite Frédéric va se faire raser et couper les cheveux chez une coiffeuse. Celle-ci, prénommée Josefina, réussit le tour de force de ne pas le faire saigner. Son mari est un skieur de fond et ils sont allés en France en 2015.Nous tentons à nouveau d'aller voir le couvent Sainte Thérèse (équivalent non coloré du couvent santa Catalina d'Arequipa) quand nous voyons Alfredo courir vers nous sur la place. Il a le portable de Frédéric à la main! Ce dernier est tellement soulagé… Alfredo admire sa ténacité. Il en coûtera 200 Bov pour le chauffer et 200 pour le responsable de la compagnie (soit un peu plus de 50€ au total). Ça vaut le coup. Nous retournons au café avec vue sur la place du 14 septembre. Il y a beaucoup plus de monde que le dimanche mais moins de vendeurs ambulants.

Les perruches reviennent à leurs nids dans le tronc des palmiers. La lumière du soir est belle.

Départ pour Sucre (ancienne capitale du pays et encore capitale judiciaire en bus de nuit. J'ai le tort de choisir une compagnie qui annonce semi-cama ("lit") en pensant que ce sera mieux. En fait, tous les autres sont camas (3 sièges/rangée=> larges), rangées espacées permettant d'allonger son siège… alors que le notre est un bus ordinaire. L'ayudante refuse au départ de mettre nos sacs à dos en soute, arguant qu'il faut un ticket supplémentaire. Nous voyons les soutes se remplir de fret. Il sera insupportable de voyager avec nos sac sur les genoux (ils ne rentrent pas au-dessus des sièges. Je serais prête à racheter d'autres billets sur une autre compagnie! Frédéric se bat pour qu'un de nos sacs, puis l'autre, soient enfin mis en soute. Ouf! Mais il n'y a pas de WC. J'espère que mon ventre me laissera tranquille...Les gens montent, nous bousculent sans vergogne. Ils ont souvent de gros paquets (qu'ils portent sur le dos, enveloppés des traditionnels tissus multicolores). On est clairement dans un bus pour indiens. Ce sera une expérience. Nous partons 45 min après l'heure théorique, ce qui m'arrange car on arrivera plus tard à Sucre. Je déteste les arrivées avant le lever du jour.

Premier arrêt pour acheter des feuilles de coca. Le conducteur souffle dans le sac plastique, répartit les feuilles en le secouant, puis pose le sac sur un billot de bois recouvert d'un carré de cuit. Il se jette )à plat ventre sur le sac, puis le martèle (au sens propre) et recommence 5 ou 6 fois, obtenant un sac bien plat. Est-ce un moyen de faire le vide pour mieux conserver les feuilles? Nous repartons. Arrêt moins d'une heure après pour acheter à manger et aller aux WC (c'est toujours ça de pris).Nous partons enfin pour de bon. Impossible de dormir. J'ai de terribles impatiences dans les jambes. Mon équilibre hydroélectrolytique (K+ et Na+) ne doit pas être rétabli. A 3H00, allumage brutal des lumières. Arrêt pipi en pleine nature. Je m'endors enfin. Réveil lumineux à 5H00 en vue de l'arrivée une petite demie heure plus tard. Nous prenons un taxi jusqu'à l'hôtel repéré. Il est encore fermé mais ouvre peu après à la demande du livreur de petits pains. Malheureusement il est complet. Je n'ai pas réservé sur Booking car Frédéric n'aime pas engraisser cet intermédiaire. Du coup on s'engueule, le manque de sommeil aidant. Nous marchons au hasard (j'ai une deuxième adresse mais elle este plus loin de centre, le premier hôtelier nous a donné un nom mais on l'a oublié) et finissons au "Grand hôtel". C'est une maison ancienne à 3 patios. les deux premiers sont joliment arborés et colorés. La chambre est grande, la douche est chaude et surtout on est au calme sur le patio. La déco est assez kitsh et défraichie (papier peint décollé un peu déchiré, moquette tachée, plâtres écaillés…). Ça date clairement d'un autre époque. D'ailleurs, le CHE (Guevara) y a séjourné. C'est le plus important.

le patio est vraiment sympa 

Je me repose pendant que Frédéric va faire un tour. Puis nous allons prendre le petit-déjeuner au marché. jus de fruit (coco pour Fred, "vert", c'est à dire mélange pleins de bienfaits, pour moi), puis café et sandwich fromage avocat. Je préfère clairement ça aux œufs!

Déambulation sur la place. Ici ce n'est pas le 14 septembre mais le 25 mai. Sucre est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Nombreuses églises blanchies à la chaux, maisons coloniales à patios (3 ou 4 souvent), portes ouvragées, toits de tuiles…

Visite du musée du trésor qui explique de façon très didactique l'histoire technique des mines d'argent, la disparition de l'argent natif et le passage à du minerai mélangé, la récolte de l'or alluvionnaire, l'étain… Puis on visite des salles sur les bijoux des femmes de la haute société coloniale. Enfin, visite d'une salle sur les minéraux sud-américains, de géodes et la fameuse bolivianite qe l'on appelle amétrine. Ce sont des améthystes (quartz violet) et des citrines (quartz jaune) naturellement juxtaposées. D'où le nom (amé/trine). Il n'y aurait de mine exploitée qu'en Bolivie, d'où le nom de bolivianite. On ne sait pas comment elles se sont formées car ces pierres cristallisent à des températures différentes. La mine est en zone inondée, le Pentanal. il faut donc d'abord drainer avant de creuser les galeries qui s'étendent à plusieurs centaines de mètres sous terre. Brrrr... Boutique de pierres et de bijoux. C'est vraiment joli.

Bière au balcon d'un café donnant sur la place. Il y a moins de femmes en costume traditionnel qu'à Cochabamba. Ici, on voit aussi bien des chapeaux de feutre noir que de paille. Déjeuner au marché des 2 spécialités (porc et sa couenne dans une sauce piquante et saucisse). Aujourd'hui, j'aurais bien pris l'agneau!

Sieste à l'hôtel. On voit à la télé qu'il y a une vague de chaleur à Sucre avec des températures record pour septembre. Ça reste très supportable car on est à 2 800 m. Visite d'un ancien couvent, Felipe de Neri, transformé en école privée pour filles (de la maternelle au lycée). Des adolescentes répètent des danses dans l'ancien cloître pour la fête de l'école. Comme toujours, il y a les appliquées et celles qui ne suivent pas!

Nous montons sur la terrasse d'où la vue sur la ville est magnifique. Les murs en pierre de l'église ont été apportées de façon originale: les gens venaient se confesser et avaient comme pénitence d'apporter une pierre, de taille proportionnelle à la gravité de leur péché. On nous demande de ne pas toucher les murs blancs. Ils doivent les repeindre 2 fois par ans, mais l'ont fait 4 fois l'an dernier suite aux dégradations des visiteurs.

Balade dans un jardin où les habitants de Sucre ont la fierté d'avoir leur "tour Eiffel". Bon, ce n'est pas le must de la ville...

les fameux granités multicolores

Dîner de viande rouge, excellente, à un prix défiant toute concurrence. Coucher tôt et nuit de onze onze heures en ce qui me concerne.

Nous montons en minibus à la Recoletta, ancien couvent franciscain qui domine la ville. J'ai gardé un merveilleux souvenir de cet endroit. Mais aujourd'hui le ciel est gris et c'est moins joli.

La visite est très intéressante mais conduite au pas de course par la jeune guide. 3 cloîtres et un verger d'orangers, en pente, afin que les oranges roulent toutes au même endroit.

Au bout pousse un "cèdre" (mais feuillu…) de 1 400 ans. Les gens viennent faite un vœux en tournant autour. La pinacothèque contient de nombreux tableaux de peintres métis et des sculptures. Le couvent est devenu caserne à une époque et un président, qui estimait que le Pérou et la Bolivie devaient être un seul et même pays y a été assassiné. Belles stalles de bois dans l'église retraçant le martyre de franciscains à Nagasaki.

Puis visite du musée indigène où des tissages d'une finesse incroyable, faits par les femmes Jalq'a de la région. Cette technique a failli disparaître mais renaît. Même les hommes s'y sont mis. Ces tissages représentent des monstres/divinités avec une variété infinie et sont exclusivement rouge et noirs. D'autres, faits par les femmes de la région de Tarabucco, ont de savants dégradés de couleurs et représentent, de façon stylisée, des scènes de la vie quotidienne. Un tissage de 1m X 50 cm nécessite 4 à 6 mois de travail. Ce sont de véritables tableaux. Quel travail et quelle créativité!

Il pleut et il fait beaucoup plus froid qu'hier. Vrai café dans un joli cadre. La première fois que nous sommes venus à Sucre, Vincent y a fêté ses 12 ans.

Déjeuner là où nous avons dîner mais avec l'almuerzo du jour. Un "tableau" annonce "bière gratuite demain". Frédéric essaie de plaisanter avec la patronne en expliquant qu'on est venus la veille (ce n'était pas le même personnel) et qu'on a donc droit à une bière, mais c'est difficile de faire comprendre la blague. Repos à l'hôtel pendant que l'orage gronde. Nouveau jus de fruit au marché.

Selon les conseils d'autres voyageurs, nous allons voir le cimetière. Drôle d'idée me direz-vous, mais on visite bien le Père Lachaise!. Le lieu est paisible et arboré. Les grands mausolées me rappellent le dessin animé de Dysney "Coco" que j'avais beaucoup aimé.

Mais ce qui est intéressant, ce sont les façades des cases alignées et superposées où sont glissés les cercueils. Elles sont fleuries, ont parfois des stores pour protéger l'intérieur du soleil et surtout elles évoquent les anciennes tombes par le fait qu'on y trouve alcools, coca, cigarettes, jouets pour les enfants, bibelots évoquant le métier du défunt… Celles d'enfants ont des textes très émouvants. Mais les fourmis sont attirées dans celles avec de vrais aliments.

Nous allons à la gare routière réserver nos billets pour Samaïpata. Frédéric a rencontré des Français qui y vivaient et qui, comme Alfredo de Cochabamba, lui ont dit que c'était très joli. Et comme j'avais envie d'y aller… Le problème, c'est que ce n'est pas commode d'accès. Nous renonçons donc au grand marché du dimanche à Tarabuco.

Dîner tardif dans une churrasqueira (restaurant de grillades). A la télé passe un concert de Marco Antonio Solis, "le roi de la musique au Mexique", qu'on entendait en boucle lors de notre premier séjour en Amérique latine (j'avais rapporté un disque) et dont la maman de Jalely est fan. Concert symphonique. Il a plutôt bien vieilli (il est né en décembre 1959).

Pour finir notre séjour à Sucre, nous avons réservé une excursion au cratère de Maragua. En fait, ce n'est pas un cratère mais un synclinal comme à Tororo. Synclinal: structure géologique consistant en un pli concave dont le cœur est occupé par les couches géologiques les plus récentes. Il existe des synclinaux à différentes échelles d'observation, depuis les microplis, affectant un échantillon, jusqu'aux plis régionaux, visibles uniquement en cartographie. (Wikipédia).

Après avoir traversé la banlieue de Sucre, étonnamment semblable à celle des autres villes: petits immeubles en brique à construction sur un plateau poussiéreux battu par le vent, nous arrivons à un sanctuaire à la vierge Marie sur un site sacré précolombien préexistant. Des cérémonies ont lieu les premiers samedis du mois pour demander la santé pour toute la famille. Un des premiers indiens à s'être rebellé contre les espagnols a été assassiné ici.

Puis nous suivons à pieds le chemin Inca, en descente vers la rivière. Achupallas (à fleurs vert pâle cette fois) et Quenuas sont au rendez-vous. On a une belle vue sur les plis (certains disent "en ailes de papillon" du cratère et les roches colorées:- jaune pour le zinc- rouge pour le fer- ver pour le cuivre- bleu ou noir pour le manganèse.

Un deuxième guide nous accompagne pour parfaire sa connaissance de l'excursion et faire des progrès en Français (il se dit qu'il y a un créneau à prendre dans ce sens). Le guide principal est Quechua et originaire du coin. Sa femme et ses 2 fils vivent à Uyuni, à 8H de route.

Nous sommes avec un autre Français, deux sœurs allemandes et une Israélienne. Pas de feeling particulier cette fois-ci. Nous reprenons le minibus, traversons la rivière et escaladons les flancs du "cratère". Un feu de broussaille s'étend avec beaucoup de fumée et quelques flammes. Nous déjeunons au village. Une tisserande nous fait une démonstration. On la voit réfléchir car les motifs sont des créations personnelles, sans modèle préalable. J'aime beaucoup une de ses œuvres mais n'ai pas l'argent nécessaire en monnaie locale.

Nous repartons voir des empreintes de dinosaures. La marche pour les atteindre permet de profiter pleinement du paysage avec ses montagnes colorées.

Les traces ont été révélées après une forte pluie en 1998. Elles sont impressionnantes, sur une grande dalle inclinée: celles larges et rondes d'un brachiosaurus (herbivore) et celles, plus petites à 3 doigts, d'un mégaraptor (carnivore).

Passage au milieu des champs et de maisons isolées. ici, des vaches et des moutons, pas de lamas.

Je repense au tissage et me demande si des dollars auraient acceptés (les habitants Jalq'a ne parlent que Quechua et refusent les photos qui volent une part de leur âme, cela vaut même pour leurs animaux ou leur maison). Je n'ai pas la somme en bolivianos mais Frédéric, sentant mes regrets, en parle au guide qui va voir ce qu'il peut faire car on repasse par le village. Arrêt rien que pour moi. la dame n'est plus là mais on l'envoie chercher. Elle arrive tout essoufflée car ce serait une vente importante pour elle. Elle hésite longuement. Des villageois plus jeunes lui garantissent que les dollars sont intéressants, que 100 = 700 (ce dont elle n'est manifestement pas convaincue!). Elle finit par accepter, mais du coup aucune négociation n'est possible. Ça m'est égal car, outre la beauté du tissage, c'est le travail qu'il représente (3-4 mois) et surtout l'intérêt ethnographique qui m'intéressent. La dame accepte de poser avec son tissage et moi.

Dernier point de vue sur le cratère. Le feu a gagné du terrain.

Retour à Sucre où nous enchaînons avec le bus de nuit pour Samaïpata. C'est au tour de Frédéric d'avoir des problèmes digestifs. Décidément, la Bolivie ne nous épargne pas de ce point de vue. Heureusement, le bus est confortable avec des WC. On arrive à dormir même si un arrêt du chauffeur sans que personne ne descende nous vaut l'allumage brutal des lumières. Une personne de l'étage vient se plaindre auprès de la dame devant nous que son fils pleure et les empêche de dormir. En fait il semblerait que ce soit son chat (elle a un autre sur les genoux dans un panier de transport. Elle envoie fermement balader le plaignant. Réveil brutal à l'arrivée pour Samaïpata, sans préavis comme d'habitude. Vite, remettre ses chaussures, vérifier qu'on a rien oublié, descendre récupérer les sacs (on ne retrouve pas les tickets mais l'ayudante finit par nous donner quand même nos bagages). Bien évidement, on n'a pas été déposés en centre-ville comme promis mais sur la grand route. On marche au clair de lune jusqu'à l'hôtel. un papier nous attend avec les indications pour notre chambre et le code WI-FI. Nous redormons quelques heures. Petit-déjeuner sur la jolie place (du 15 décembre, cette fois). La ville abrite 3000 habitants mais 38 nationalités! Puis nous réservons nos excursions pour les jours suivants et retournons flemmarder à l'hôtel. C'est plus que nécessaire pour Frédéric qui a vraiment des problèmes intestinaux. J'ai enfin le temps de lire! Almuerzo pour moi dans le patio d'une maison ancienne. Petit tour dans la ville. Je vais au musée, assez limité. Il y a de jolies boutiques artisanales, des fresques murales, un côté un peu Bohème.

Grande animation ce soir sur la place: demain c'est le rallye de Samaïpata. Voitures, buggies… Frédéric obtient d'un conducteur de me prendre en photo à la place du pilote!

Samedi 30 septembre: c'est le mariage de ma filleule, fille du meilleur ami de Frédéric. On regrette vraiment de ne pouvoir y être mais il y avait trop de planètes à aligner pour notre voyage. Tous nos vœux de bonheur pour les jeunes mariés! Nous allons à 8H00 sur la place, pensant voir le départ du rallye. Mais en fait ils partent d'ailleurs. Excursion dans le PN Amborro. Nous sommes 11, c'est beaucoup. La piste monte de façon très raide. Nous n'avons pas pu prendre le chemin habituel à cause du rallye.

Forêt primaire et fougères géante. Les plus grosses poussent de 2 à 4 mm/an et sont originaires du carbonifère (en gros 360 à 300 millions d'années). Les autres, plus fines, datent du Crétacés et du Jurassic (comme les dinosaures pour ceux qui auraient oublié) et poussent d'1 cm/an. On n'en trouve qu'en Colombie, au Costa Rica, en Australie et en Nouvelle Zélande. Les arbres ne sont pas très grands et vivent 80 à 100 ans, "pompés" par les lichens et la mousse.

Nous sommes dans les Yungas, contreforts montagneux avant l'Amazonie. C'est "el bosque" opposé à "la selva" amazonienne (Jalely en parle avec un peu de condescendance!). Le temps est nuageux. D'habitude le silence règne, mais là on entend le vrombissement du rallye. Peu de fleurs visibles. On suit un petit ruisseau sous les fougères.

Arrivés en haut de la montagne, la vue s'étend très loin. Le temps s'est levé. Nous regardons le vol d'un couple d'éperviers, noir, gris et blanc. De retour dans la forêt, Frédéric voit deux dindes sauvages dans un arbre.

On rentre au village. Le week-end, on fait rôtir des cochons à la broche dans tout le village (Chancho al palo). C'est un croate qui a importé la tradition en 1920. C'est servi surtout le midi et ça nous avait fait saliver ce matin. Mais nous pouvons encore avoir deux parts. On se régale! Pour la première fois depuis longtemps, on nous sert à nouveau de la yuca.

Dimanche 01 octobre. On débute notre 3ème mois de voyage. Frédéric a passé une très mauvaise nuit pour cause de troubles digestifs. Il vient quand même à l'excursion à Codo de los Andes (le coude des Andes). Cette partie des contreforts de la Cordillère est constituée d'incroyables pains de sucre. Le nom de Codo vient du fait qu'à cet endroit, la cordillère des Andes change d'orientation. Comme hier, le ciel est gris.

Nous sommes avec trois jeunes allemandes et suisse qui font du volontariat comme dentistes à Cochambamba et une australienne. Nous nous faisons un petit sommet en sus, histoire d'avoir une vue à 360°. Le paysage est vraiment incroyable. Ça doit être splendide au coucher du soleil.

Peu d'animaux ici: puma la nuit, zorros, condors (mais on n'en verra pas).Le temps se lève, comme hier, en milieu de journée. Au fur et à mesure que l'on descend, les bromélias se font plus nombreuses. Quelques fleurs, des papillons, surtout près du ruisseau. Quelques arbres aux fleurs jaunes éclatantes. La roche (du grès) est ocre ou lie de vin. On remarque des grottes.

Les vallées sont très vertes. On retrouve l'arbre aux grosses feuilles à dessus argenté qu'on avait vu à Mindo en Equateur. On arrive à deux séries de cascades. l'endroit est très fréquenté le week-end par les gens de santa Cruz (la plus grosse ville du pays, à 3H de route d'ici). On se baigne dans l'eau fraîche et se fait masser le dos et les épaules par les cascades. En sortant, on retrouve nos vêtements envahis par de grosses fourmis noires. Brrrr...

Dîner pizzas. Coucher tôt.

Dernier jour à Samaïpata.

Nous prenons le petit-déjeuner chez la charmante restauratrice/boulangère. Elle a ouvert 15 jours plus tôt. Elle est de ces personnes au sourire qui vous donne chaud au cœur. Sur la place, des écoliers vont attacher aux arbres des messages écologiques. Il semblerait que ce soit la journée de l'arbre.

Ce matin il fait grand beau pour la première fois, mais les lointains sont brumeux. Excursion au "fuerte" de Samaïapata. Ce sont les Espagnols qui ont donné ce nom à ce rocher qui était en fait un sanctuaire entouré de maisons de dignitaires. Les Incas y ont succédé aux Chane , les faisant esclaves et tuant ceux qui résistaient en 1470. les Guaranis y ont fait des passages. Vingt ans après leur arrivée, les Incas ont été tués par les Espagnols qui ont établi un fort avant de quitter les lieux assez rapidement. Les prêtres et les dignitaires étaient momifiés et mis dans des niches. Un puma, un jaguar et un serpent sont gravés dans le grès. Ce site a été déclaré patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 1998.

Un mur en L sert de calendrier astral. On peut voir les bases de maisons Chane, Inca, et Espagnoles.

Retour à Samaïpata. Bière sur la place et Almuerzo chez notre hôtesse favorite.

la rue piétone et le patio pour l'almuerzo - la place 

Nous retournons pour la troisième fois chez une dame qui peut vendre de façon officielle des tickets de bus pour Sucre. Samaïpata a beau être touristique, il est difficile de s'y rendre et d'en partir autrement que via santa Cruz que nous voulons habiter (la plus grosse ville du pays, sans intérêt et peu sûre). Le deux premières fois elle nous a dit de revenir plus tard...C'est ouvert mais elle n'est pas là. je fais un petit tour dans la ville pendant que Frédéric patiente. Au marché on vend beaucoup de plantes grasses et de nombreux balcons sont ornés de cactus. Certains en particuliers, appelés "cola de mono" (queue de singe) sont assez amusants car ils pendent de partout.

Nous passons l'après-midi dans le jardin de l'hôtel. Je fais le blog. Repos avant une nuit de bus avec arrivée nocturne, comme je les aime… Mais on n'a pas le choix. Il n'y a pas de bus de jour pour les longs trajets. De plus on va enchaîner sur une deuxième nuit semblable pour aller à Tupiza. Espérons qu'on pourra laisser les gros sacs au terminal.

La journée à Sucre va s'avérer une véritable réussite. Début difficile comme prévu: arrivée à 4H00. Tout est fermé. On patiente sur les sièges en pastique du terminal. J'achète un café au lait instantané à une marchande ambulante, faisant le bonheur de l'une et de l'autre. C'est chaud, ça fait du bien. A 7H00, le terminal commence à s'animer. On peut laisser nos gros sacs à la consigne. A 8H00, on peut enfin aller acheter nos tickets pour le bus pour Tupiza? Départ 20H00, arrivée...4H30.Nous retournons au Grand Hôtel où nous avions séjourné, prendre le petit-déjeuner et surtout avoir du WIFI. Le monsieur, qui nous avait accueilli au petit matin la première fois de façon un peu bourrue, nous accueille cette fois chaleureusement en nous reconnaissant. Nous réservons notre hôtel à Tupiza. Elle pourra nous accueillir de nuit. Ouf! Visite de la cathédrale où se trouve le sanctuaire de la vierge de Guadalupe. Seuls le visage et les mains sont peints. Le reste est un vêtement triangulaire couvert de pierres semi-précieuses, brodé de perles et orné de... petites montres. Les gens ont du offrir ce qu'ils avaient de précieux.

Dans la crypte se trouve le cercueil ouvert d'un archevêque mort en 1905 à la fois momifié et moisi. beurk. Nous patientons sur la place. Une manifestation de personnel hospitalier en fait le tour à plusieurs reprises. Je ne suis pas dépaysée!

Puis nous allons à notre RDV de 11H00. Frédéric avait eu le contact, part les gens avec qui il avait discuté de Samaïpata de Christian. Ce jeune homme, né en Bolivie, avait rejoint sa mère partie faire des études en Suisse à l'âge de 7 ans, a la double nationalité mais est revenu dans son pays d'origine retrouver sa famille et ses racines. Il me fait penser à Alex. Il est devenu guide touristique et organise des food-tour. Nous allons donc passer 5-6 heures avec lui à déguster des spécialités locales dans différents lieux. Le tout entrecoupé d'explications culturelles. La journée va s'avérer au-dessus de nos attentes. Nous commençons par le marché où nous dégustons des fruits, du fromage de chèvre frais et des jus de fruits. Nous avions déjà testé ces jus mais là il nous fait goûter des fruits ou des associations que nous ne connaissions pas.

Puis nous montons à l'étage pour une soupe à base de cacahuète. Celles de la région de Sucre sont les meilleures du pays. Nous en achetons pour la site du voyage. Arrêt pour des explications sur les piments. En cuisine, ils sont utilisés épépinés, cuits puis moulus afin de donner du goût et non du piquant (contrairement à la sauce piquante où ils sont utilisés crus). Il existe différentes spécialités, rouges ou jaunes. Sucre en exporte dans tous le pays car c'est sa deuxième spécialité. Dernier arrêt aux fruits secs, en particulier une petite pêche qui sert à faire une boisson.

Puis nous allons déguster une des deux spécialités de la ville: le chorizo. La saucisse a été importée par des allemands, qui ont aussi implanté des brasserie. Les boliviennes ont ensuite ajouté leurs épices. Petite marche dans les rues coloniales, passage devant santa Barbara, le premier hôpital de la ville, pour arriver au parc de la "tour Eiffel". C'est en fait une tour construite initialement pour servir d'observatoire astronomique au siècle dernier et offerte ensuite à la ville.

Etape suivante dans un restaurant bien caché où les boliviens aiment se retrouver pour discuter et goûter une cuisine traditionnelle de qualité. On boit de la chicha (alcool de maïs) en dégustant un mondongo. Ce plat a été inventé par les esclaves africains pour assaisonner les restes de leurs maîtres (bas morceaux). Actuellement il est fait avec du porc et une sauce aigre douce au piment, très goûteux mais pas trop fort. On goûte aussi un plat de poulet.

Nous retournons dans le parc. Christian nous explique que Sucre tient son nom du maréchal Sucre, bras-droit militaire de Bolivar. Evidemment, ça ne vient pas du sucre, qui se dit azucar en espagnol! Par ailleurs, la capitale de la Bolivie n'est pas la Paz mais Sucre selon leur constitution, même si le gouvernement est à la Paz (ce qui en fait la capitale d'après le Petit Larousse). Ça énerve beaucoup notre guide qu'en France on ne respecte pas ça. De ce fait, la capitale la plus haute du monde devient Quito, suivie de Sucre puis de Bogota. Pour terminer, nous goûtons aux brochette de cœur de bœuf émincé et mariné en faisant une dégustation à l'aveugle de différentes boissons: cacahuète, graines de lin, maracuya (fruit de la passion) et d'un dernier vu au marché (liane avec de jolies fleurs que j'ai souvent mise sur ce blog). Et comme dessert, une sorte de galette frite avec du sucre glace. On n'était pas à jeun à la fin! Nous avons donc goûter beaucoup de mets tout en nous instruisant avec un guide très agréable et compétent. Pour finir la journée, nous allons dans un parador (hôtel de luxe dans une maison ancienne) voir le coucher de soleil sur la terrasse en dégustant un cocktail Api (boisson traditionnelle du petit-déjeuner à base de maïs) passion (avec du rhum vieux) et une bière.

Changement de décor en retournant à la gare routière. Nous avons réservé les deux places en haut à l'avant mais n'arrivons malgré tout pas à dormir. Chaleur écrasante au début nous faisant transpirer puis froid nécessitant la sortie des vestes et de la couverture piquée dans l'avion. A 4H30, le bus s'arrêt. Frédéric craint que nous n'ayons dépassé Tupiza mais ce n'est pas le cas. par contre, nous n'irons pas plus loin: la route est bloquée par des manifestants pour une durée supérieure à 24H. Nous apprendrons ensuite que c'est le cas dans beaucoup de villes du pays. Nous n'arrivons pas à savoir pourquoi. Nous attendons le lever du jour puis partons à pieds comme tout le monde. la ville de Tupiza est à 3 km mais nous arriverons à prendre un tuk-tuk avant. Bon accueil à l'hôtel. La dame ne nous fer pas payer la nuit et nous préparera le petit-déjeuner. Nous réservons une ballade à cheval pour le lendemain avec un indépendant conseillé par Christian de Sucre. Tupiza est le far-West bolivien, connu pour ses roches rouges. C'est là que sont morts et enterrés Butch Cassidy et le Kid. Ça donne envie de revoir le film! Puis nous organisons notre excursion dans le Sud Lipez et au salar d'Uyuni. Nous retrouvons un couple de Français rencontrés via le site des "français de Bolivie" qui cherchent des compagnons pour le programme dont je rêve: cinq jours avec une ascension de volcan. Top! Stéphane et Mélanie ont 29 ans, sont programmeurs informatique et voyage depuis 1 an en Amérique du sud. Ils sont plus habitués à voyager en solo mais cela diminue le prix de l'excursion d'être plusieurs. L'agence a bonne réputation sur les réseaux sociaux et le Lonely mais impossible de négocier alors qu'à priori ils ont tous les mêmes prestations. En fin de journée, nous montons au cerro (mont) de la Cruz admirer un point de vue sur la ville et les environs. C'est un calvaire au sens propre (chemin de croix). la montée prend environ 1h00.

Après une bonne nuit, nous retrouvons Eddy pour la randonnée à cheval de 3H00. Il travaillait pour des agences mais pendant la pandémie, il a dû continuer à payer une redevance alors qu'il n'avait pas de clients! Il s'est donc mis à son compte et possède 6 chevaux. Nous partons voir les portes du Diable, fines lames de roches rouge qui malheureusement commencent à s'écrouler (les portes se touchaient encore il y a 25 ans). De grands cactus ornent le site ainsi que des acacias. Ces cactus poussent de 1 cm par an; On imagine leur âge!

Nous rencontrons une famille française en voyage longue durée avec une adorable Chloé de 8 ans. Nous poursuivons jusqu'au canyon de l'Inca, impressionnante gorge où nous poursuivons à pied (il faut faire un peu d'escalade). Si on la parcourt en totalité, la ballade dure 7H00. Nous remontons sur les chevaux et rentrons.

mobilier en bois de cactus 

Cela m'a tellement plu que Frédéric me propose de repartir, seule cette après-midi. j saut sur sa proposition. Eddy me promet des galops. Nous déjeunons sur le marché campesino, où les paysans des environs viennent vendre leurs produits trois fois par semaine. Des grossistes viennent s'y fournir. Au menu, chicharrones de lama accompagné de mote (maïs jaune, plus ferme que le choclo), bananes et granadilla. Le tout arrosé d'une bonne bière.

Je retourne chez Eddy. mais finalement, il doit entrainer l'équipe de saut à cheval d la ville (lui-même a été champion de Bolivie l'année dernière dans la catégorie 1M25) et c'est un ami/employé qui m'accompagnera, mais surtout il y aura un autre français qui n'est monté à cheval qu'une seule fois, il y a 5 ans. Adieu les galops. Mais je ne venais pas pour ça mais pour profiter des paysages grandioses tout en étant à cheval. Philippe vient de Toulouse et s'avèrera un compagnon très agréable que tout enchante. Nous allons cette fois à l'autre bout du canyon de l'Inca, à la porte du Duende. Le paysage est différent mais tout aussi beau. Je n'ai pas pris l'appareil photo, qui n'a pas apprécié les cahots du trot et la poussière du matin.

Je retrouve Frédéric. En centre-ville, nous ne trouvons que des pizzas. Nous refaisons le plein d'argent liquide en prévision de l'excursion à venir.

Départ pour l'excursion de cinq jours. Nous chargeons le 4X4 en faisant la connaissance de René, notre chauffeur/guide. Premiers arrêts pour des points de vue sur les formations géologiques des environs.

Puis nous essayons d'approcher un troupeau de lamas.

Nous avons aussi la chance d'être survolés par un couple de condors. Les vigognes sont revenues depuis notre premier séjour en Bolivie.

Arrêt pour le déjeuner dans le village natal de René qui en profite pour aller voir sa maman. Il est venu à Tupiza pour chercher du travail et un climat plus agréable. Il a 3 enfants de 13, 11 et 7 ans. Les villages ont tous une église, une école et un centre de santé. es unités dentaires mobiles interviennent dans les villages.

Prochaine étape: la cité enchantée. Ce sont d'incroyables créations dues à l'érosion. Certaines de ces flèches de pierre sont creuses. On ne se lasse pas d'explorer tous les recoins, grottes de ce lieu magique.

On poursuit par le village fantôme. Cette fois, il s'agit d'une vraie ville qui a abrité 4000 habitants et 12 églises au temps de la colonisation espagnole. Les préhispaniques exploitaient des mines à ciel ouvert. Les espagnols sont arrivés et leur ont appris à exploiter les mines souterraines en… les réduisant en esclavage. Ils ont aussi fait venir des esclaves africains qui ne résistaient pas au climat. On descend quelques mètres dans un souterrain, vite oppressant à 4855 m d'altitude. Pauvres mineurs! Une légende dit qu'après un souci avec le diable (je n'ai pas tout compris), les habitants ont été décimés les uns après les autre. Epidémie? maladie due au mercure nécessaire pour isoler l'or et l'argent? Il ne reste plus que des ruines. Un mince torrent coule en contrebas. D'où venait l'eau pour une telle population? Les survivants se sont repliés sur la grande ville de Potosi qui était plus peuplée que Londres ou Madrid à l'époque!

René, qui connait parfaitement sa voiture repère une fuite au niveau d'un amortisseur. il met sa combinaison de mécanicien, se couche sous la voiture, et répare ça en 2 temps 3 mouvements. Impressionnant!

Coucher de soleil sur le lac de Morejon. Nous découvrons la passion de nos compagnons pour les couchers et levers de soleil. 30 min après que le soleil ait disparu, ils continuent à prendre des photos. Nous nous impatientons et René s'énerve car nous devons entrer dans le parc national avant 19H00. Altercation ave Frédéric qui met les choses au point. Arrivée à l'hôtel à 20H00... René doit encore faire de la mécanique.


Le lendemain, lever 4H30 pour voir le lever de soleil sur le lac Hedondia à 6H00, après une heure de route. René s'énerve car ça lui fait des journées à rallonge à conduire sur piste; mais ç'est ce qui avait tété négocié avec l'agence. Ambiance…

Il fait très froid: -3° au thermomètre mais avec un vent glacial. Atmosphère de premier jour du monde. Les flamants sont pris dans la glace. Il dorment, la tête sous l'aile. Ils ne peuvent bouger qu'après le dégel sous peine de se briser les pattes. Je suis congelée mais le spectacle en vaut la peine.

René se venge de l'attente et du lever avant l'aube en nous privant de confiture. le pain (sec comme toujours) ne me tentant pas, je me contente d'un Nescafé au lait. Heureusement, Frédéric est très complice avec lui et détend l'atmosphère. Deuxième arrêt au lac Kollpa , merveille de bleu, de blanc et de flamands. Ce lac produit un shampoing naturel.

Traversée du salar de Chalviri. Peu de sel et beaucoup de borax. Baignade aux termes de Chalviri. L'eau a une température idéale (probablement 38°). Gare aux coups de soleil car on s'y prélasse un bon moment. On guette un affaiblissement du vent pour sortir (plusieurs serviettes sont d'ailleurs parties à l'eau!). Cette fois, j'ai enlevé mon bracelet en argent pour qu'il ne s'oxyde pas.

Frédéric discute avec une guide qui accompagne un groupe de La Paz à Buenos Aires en 17 jours. Elle nous conseille , après Uyuni, de retourner à Tupiza puis aller en Argentine puis que d'aller à San Pedro de Atacama au Chili. On regrettera juste l'observation des étoiles avec l'ancien astronome, qui nous avait tant plu il y a 20 ans.

Nous reprenons la route dans un paysage de volcans aux multiples couleurs. De gros cailloux disséminés dans un désert de sable ont fait nommer le lieu "désert de Dali" en référence au tableau.

Nous arrivons à ce qui est resté un de mes plus beaux souvenirs: la laguna verde (en fait elle est plus bleue que verte) au pied du volcan Licancabur, à la frontière avec le Chili. Vous les reconnaissez? Je les ai choisis pour la couverture de ce blog. Ce lac est gris le matin et vire au vert (ou bleu) ensuite. Cela a donné lieu à une discussion interminable entre nos compagnons qui voulaient un départ à 5H00 et René qui ne voulait pas attendre 14H00 pour être sûr que le lac ait sa belle couleur, ce à quoi je tenais absolument. En fait, cela dépend du vent. Comme il s'est levé tôt, le lac a viré tôt mais il moutonne et cela le blanchit. Enfin, cela reste grandiose. On ne se lasserait pas de l'admirer, ne serait le vent glacial. Un adorable Zorro (renard) nous attend au bord de la route. Il doit espérer qu'on lui donne de la nourriture. Ce n'est pas une bonne chose, mais ça nous permet de le regarder tranquillement.

Nous retournons vers les termes. Un jerrican d'essence vide s'est envolé du toit. les recherches pour le retrouver s'avèrent vaines. Déjeuner. Les repas ne seront pas le point fort de ces 5 jours. Nous piquons un avocat et du fromage laissés sur une autre table par un groupe de Français. Comme souvent (déjà à Sajama), on trouve un tatou empaillé porte-bonheur…

Nous allons voir ensuite des geysers. Il s'agit de boues bouillonnantes au sein d'un sol multicolore; Ca ne pue pas trop et nous nous réchauffons au sein des émanations. C'est le point le plus haut de notre route, à 4950 m.

Dernière étape de cette journée fabuleuse: la laguna colorada. des algues donnent une coloration rouge à l'eau. Les zones rouges, bleues, blanches et rouges et les flamants roses font un tableau extraordinaire. Un sentier en hauteur permet de l'en profiter pleinement. il n'existait pas il y a 20 ans. Je ne me lasse pas de l'admirer. Un maté (infusion) de coca et d'eucalyptus me permet de résister au froid. Frédéric préfère une barre chocolatée.

Nous allons à l'"hôtel", baraque de béton au bord du lac. Il fait très froid. Après une boisson chaude, je repars comme nos deux compagnons voir le coucher du soleil. Les reflets dorés ou argentés sur l'eau sont splendides. Mais qu'est-ce qu'il fait froid.

Nous obtenons de notre hôtesse qu'elle mette en route un chauffage à gaz que nous tournons alternativement vers nous et vers l'autre tablée. Heureusement qu'il y a a toujours de la soupe le soir. Nous mettons un peu de chauffage en douce dans notre dortoir avant de nous coucher. Les couvertures sont les mêmes qu'à Sajama: en lama, chaudes mais extrêmement lourdes! Entre l'altitude, le nez bouché par la poussière et ce poids sur la poitrine, on étouffe un peu. Les nuits sont mauvaises. Finalement, vive les horribles couvertures chinoises synthétiques, chaudes, légères et douces...Nos compagnons se lèvent à nouveau à 5H30 pour le lever de soleil mais nous restons au lit jusqu'à 6H15 pour un départ à 6H30. Nous les rejoignons au point de vue sur le lac.

Puis nous admirons un arbre de pierre sculpté par le vent. Stéphane et Mélanie se photographient sous toutes les coutures à son pied. Difficile de prendre ses propres photos sans les avoir dans le champs de vision!

Petit déjeuner au pieds de galettes de pierre dans lesquelles caracolent des viscachas peu farouches. on peut enfin les admirer de près!

Les volcans ont des couleurs incroyables.

Poursuite par la laguna Honda aux jolies couleurs bleue et blanche, entourée de volcans. Puis par la laguna Charcota, trop asséchée pour qu'on puisse admirer l'habituel reflet du volcan qui la surplombe.

Et enfin, la laguna Hedionda, la seule où il est possible d'approcher les flamants à quelques mètres. Nous ne nous lassons pas de les admirer. Il y en a 3 sortes. Des mouettes des Andes et des avocettes leur tiennent compagnies. Un hôtel a installé 3 chambres bulles qui permettent aux hôtes d'admirer les flamants. Heureusement qu'ils se taisent la nuit, car de jour, ils font un sacré boucan!

Nous reprenons la route et déclenchons la fuite de perdrix. Point de vue sur un dernier lac. Ce n'est pas pour rien que nous avons choisi "la route des lagunas"!

Nous allons déjeuner au sein de formations rocheuses (je crois que c'est du granit érodé mais de loin on dirait une coulée de lave…), avec vue sur un volcan actif, l'Ollague (5850 m) qui fume. Le paysage est magnifique mais les propriétaires du refuge peu accueillants. on aurait pu acheter du saucisson de lama mais leur peu d'amabilité nous en dissuade.

Cette fois, nous faisons fuir des nandous (version sud-américaine de l'autruche africaine). J'ai beau savoir que c'est un oiseau coureur, leur vitesse 'impressionne. Leur nom local est "suri" (souri). Traversée du salar de Chiguana avec arrêt près d'une voie ferrée qui relie la Bolivie au Chili pour le transport de minerai.

Nous arrivons au bord du salar d'Uyuni. Des champs sont labourés. A la saison des pluie, il pousse de la quinoa. Mais l'exploitation du lithium, future richesse de la Bolivie, présent en grande quantité dans le salar, pompe beaucoup d'eau et les paysans ne peuvent plus irriguer leurs champs. Nous goûtons une bière au cactus et une à la quinoa. Elles me plaisent mais Frédéric ne les aime pas. Celle à la quinoa doit avoir un problème de fermentation car elle n'en finit pas de mousser et déborder de la bouteille après ouverture. Elle laisse une odeur de céréales sur les doigts.

Différentes sortes de quinoa 

D'énormes cactus poussent sur la place. Nous retrouvons la famille française rencontrée à Tupiza.

Nous arrivons à notre hôtel, à Chuvica au bord du salar, fait de briques de sel. Même le sol est en gros sel et le mobilier (lits, tables, sièges) en sel. C'est bien isolé et il fait bon à l'intérieur. Il y a un hôtel à la Pachamama sur une des décorations.

Nous roulons un peu sur le salar pour admirer le coucher de soleil.


René nous fait la surprise de fêter ça avec un verre de vin Bolivien, du fromage de chèvre et des chips. Très agréable moment!

Nouvelle dispute à propos du programme entre nos compagnons et René. Frédéric est de plus en plus complice avec lui. Heureusement! Sinon l'ambiance serait infernale. il sympathise avec la cuisinière/guide de l'autre groupe. Elle nous fait des frites mais les sert froides comme souvent en Bolivie; moment délicat pour lui expliquer que nous aimons beaucoup ça mais chaudes… René les fait réchauffer et le plat se vie rapidement. Lever à 5H15 pour aller voir le lever de soleil sur le salar. J'admire les étoiles avant de partir. Comme les couchers, les levers sont peu colorés.

Nous roulons jusqu'au village au pied du volcan Tunupa. La légende dit que Tunupa était une très belle jeune femme qui avait un fils. En apprenant que son mari la trompait, elle versa des larmes et lacéra sa poitrine, créant le salar (lait et sel). En cours de route, nous faisons un arrêt photo de "notre" volcan, car nous allons en faire l'ascension! Enfin, d'un des sommets du cratère, à 5 200m, car le vrai cratère est à 5 400 m environ mais sans neige, il n'est pas accessible, car fait de pierriers instables. Ce sera notre deuxième 5000m après l'Illiniza avec Johanna en Equateur.

Petit-déjeuner sur la place du village: pancakes préparés avant l'aube par la gentille cuisinière avec du dulce de leche. De quoi prendre des forces. Guide local obligatoire. Nous rencontrons Mario (à croire que tous les guides s'appellent Mario...) et avons un petit choc: il a 70 ans! C'est le doyen des 8 guides du village. Mais la suite de la journée nous montrera qu'il a encore la forme: il mettra un point d'honneur à arriver le premier des trois groupes en route ce jour-là. Nous montons en 4X4 à 3 800m. Nous marchons au sein d'une végétation d'altitude: herbes jaunes et piquantes, acantutas roses, fleurs jaunes à épines, yareta vertes (mes "coussins verts") et rares quenuas (surutilisés pour faire du feu), cactus fleuris


A 4 200m, vue époustouflante sur ce volcan: multicolore à l'ouest, cratère éventré avec à pics blancs vertigineux et tours noires. Le chemin se fait plus raide et plus instable, fait de gravillons.

Nous montons sur du rouge, du jaune, du rose et arrivons au bord du cratère à 4 900 m. Pause pique-nique. Nous avons des hamburgers à la milanesa de pollo: une fine tranche de poulet pannée, grasse et non croustillante, froide. Un vrai régal! Cette fois nous utilisons mes feuilles de coca et avons prévu de la boisson du même nom.

Nous repartons pour les derniers 200 m de dénivelé. Frédéric souffle un peu mais s'en sort bien. Le spectacle en haut est époustouflant.

avec le 2° drapeau officiel de la Bolivie, hérité des Incas 

Je continue avec Stéphane et Mélanie jusqu'à un col un peu en contrebas, au niveau des premières aiguilles. Pendant ce temps, Frédéric joue les photographes pour beaucoup de couples/ groupes.

Descente par la crête du mont multicolore dans les éboulis. Je passe mes guêtre à Frédéric qui a des chaussures plus basses. Elles viennent de mon oncle et la lanière plastique, qui a déjà souffert à l'Acotango ne résiste pas. Je les donne au guide qui est ravi. Il pourra les réparer avec des lanières de pneu. Stéphane et Mélanie, restés en arrière pour prendre des photos, n'ont pas vu que nous avions changé de chemin. Nous les attendons inutilement puis le guide se dit qu'ils ont pris le chemin de l'aller. La lumière à changé et le volcan est éclairé différemment.

Nous nous dépêchons pour arriver avant la fermeture du chulpa qui contient des momies, près du parking. Cette tombe dans une grotte date de 1200 et renferme, 4 adultes, 2 petits enfants et un vieillard de 89 ou 98 ans selon les versions. ils ont encore leurs ponchos de vigogne ou de lama. C'est émouvant.

Nuit dans un autre hôtel de sel où la patronne est adorable. En ouvrant une porte par erreur, Frédéric tombe sur une grosse carcasse, probablement de lama, en train de sécher sur une bâche au sol. Il y a des mouches...Nouveau départ à 5H00 pour aller voir le lever de soleil sur l'île Inca huasi (maison de l'Inca). Autre fabuleux souvenir du premier voyage. Cette île est couverte de grands cactus qui, associés à la vue sur le salar donne un paysage fabuleux. Elle est formée de coraux d'une autre ère.

Petit déjeuner au pied de l'île. Tous les groupes ont un gâteau et du yaourt. les drapeaux des différents pays flottent. On retrouve le tourisme de masse. De petits oiseaux noirs et jaunes ou vert-jaune viennent picorer les miettes. Un chat à la fourrure épaisse en profite aussi.

Route sur le salar puis prise de photos humoristiques là où il est le plus blanc avec des formes géométriques dues à sa "respiration". Le sel remonte. Il y a une couche de sel de 10-12m sur un mélange de minéraux épais de 120M.

Fin de l'excursion en allant voir le plus vieux hôtel de sel, construit sur le salar et devenu un musée (maintenant c'est interdit). Seule la mine de lithium enfreint les lois de préservation de la réserve naturelle. Monument avec drapeaux de tous les pays et à la mémoire du Dakar 2014 qui est passé par là.

Puis résurgences d'eau bleue avec sels minéraux ocres. Cela fait des bulles. Des gens viennent y tremper leurs pieds pour soigner leurs rhumatismes.

Dernier arrêt au cimetière de trains qui n'a pas grand intérêt. des sculptures en métal sont plus amusantes.

Sur la route à 4 voies qui relie le salar à Uyuni, nous longeons un paysage désolé où broutent des vigognes. Nous en avons souvent vu ces derniers jours et je me demande à chaque fois ce qu'elles peuvent bien trouver à manger car je ne vois pas le moindre brin de végétation. L'une d'elle traverse juste devant un gros camion qui l'évite de justesse. Pour le dernier déjeuner, nous goûtons enfin les tubercules jaunes et roses vus sur les marchés (la oca). C'est très bon.

Dans les rues, des chiens se jettent à plusieurs reprises sous les roues de la voiture; je ne sais pas quel est ce syndrome!

Nous disons adieu à René en promettant de mettre un avis positif su r google car il voudrait se mettre à son compte. Sur le 6000 bov versés par nous 4 pour les 5 jours, il touche 1800 bov. De façon prévisible, nos compagnons ne laissent pas de pourboire… Privilège de l'âge d'avoir un peu plus de respect pour ceux qui travaillent pour nous. Après ces magnifiques journées, l'arrivée à Uyuni est rude. La ville est aussi laide qu'il y a 20 ans. Poussiéreuse, battue par les vents, sans âme. Seule la rue piétonne est un peu plus animée et colorée. Nous allons au marché faire recoudre un pantalon (décidément les entrejambes n'aiment pas les ascensions) et un petit sac à dos. Frédéric rêvait de traverser le salar à vélo depuis que nous avions rencontré quelqu'un qui l'avait fait. Ça me tentait bien aussi. Des argentins rencontrés la veille au soir avaient fait l'étape. Nous faisons le tour des agences de voyage mais devons nous rendre à l'évidence: impossible de louer des vélos tôt le matin, de se faire transporter jusqu'au salar et d'atteindre un point pour dormir, sans entraînement ni équipement (journée de 125 km min). En plus, on ne connaît pas l'état des vélos.

Nous décidons donc de partir pour Salta, en Argentine, dés le lendemain. Passage à la gare routière pour s'informer. Rédaction du blog.En fermant la porte, Frédéric oublie qu'il faut un cadenas et pas le bouton de verrou car le bouton de verrou car la clé est perdue. Cela nous avait été pareil la nuit précédente. Heureusement, René avait réussi à l'ouvrir avec une carte de plastique. un vrai cambrioleur!. Cette fois, des colombiens très sympa (nos voisins de chambre) viennent nous aider, mais sans succès. la patronne et les employés essaient aussi, en vain. On finit par descelle un carreau, la porte étant vitrée. Le Colombien y parvient sans la casser. La patronne nous invite à boire un maté tous ensemble dans sa pizzeria; Nous bavardons avec les colombiens, Alexander et Alexandra, un italien, Nicolo, qu'ils ont rencontré au Pérou. Echange de numéros WhatsApp au cas où ils viendraient à Paris. Ils nous montrent des films de baleines pris à Mancorra (la plage que j'ai raté au Pérou) et à Los Frailes (la plage recommandée par Brigitte en Equateur). Ça fait rêver! La patronne nous offre une pizza. Un des parfums est charki ( viande de lama séchée) et maïs. On avait payé cet hôtel plus cher que la moyenne pour avoir du confort en rentrant des 5 jours d'excursion. Or la douche est glacée. Après cette soirée, à 22H00, on ne va pas aller réclamer...Lever 5H00 pour aller prendre le bus. J'ai besoin de dormir!!!!Arrêt dans une ville minière. La vie doit y être rude. Je rate une partie des magnifiques paysages avant d'arriver à Tupiza (eh oui, on repasse par là) car je me suis endormie. Dommage. On passe le lieu où l'on avait été bloqués par les barrages routiers. Poursuite jusqu'à la ville frontière de Villazon.

Faute de préparation, on se fait avoir: une femme nous fait acheter les billets pour Salta à 3 fois le prix qu'on l'aurait payé de l'autre côté de la frontière! mais on croyait qu'on la passerait en bus, comme pour celle entre le Pérou et la Bolivie. Frédéric avait bien vu le bon prix sur internet mais j'ai cru que c'était le site internet qui était faux (c'est déjà arrivé avec celui sur lequel on tombe à chaque fois,Rio-2). 25 euros de perdus, ce n'est pas un drame mais c'est rageant de finir sur cette note là. A la police des frontières, on ne tamponne pas notre passeport pour la sortie. Bizarre. Mais comme il est peu probable qu'on revienne en Bolivie avant la fin de validité de nos passeports, ce n'est pas grave.

Nous serons restés un mois jour pour jour en Bolivie.

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Premier choc en passant la frontière, on ne comprend plus rien! Les Argentins prononcent les "ll" ("ill" normalement) "ch", les "y" (aussi "ill"), un "J" mouillé proche du "ch" et parlent à toute vitesse. On est complètement largués. Une femme me demande si on passe par par "Coucouille" pour aller à Salta. je manque de m'éclater de rire et comprend avec un temps de retard qu'il s'agit de "Jujuy"...

A la police des frontières, on ne tamponne pas non plus notre passeport à l'entrée en Argentine. J'espère qu'on n'aura pas de problèmes. Changement d'heure: il est une heure plus tard.

La monnaie, du fait de l'économie argentine, est comme la lire italienne autrefois: il faut beaucoup de zéros. Frédéric doit retourner du côté Bolivien pour changer nos bolivianos car il n'y a pas de changeurs côté argentin. Nous prenons un taxi pour aller à la gare routière. Il nous demande 500 pesos, et Frédéric, fatigué, lui répond qu'on lui a dit que c'était 10 000 pesos… Regard effaré du chauffeur, qui, très honnête, n'en profite pas .

On mange un hamburger puis on attend le départ du bus (on nous avait dit 14H, c'est finalement 15H15).

On a à peine roulé dix minutes qu'il faut changer de bus car la route est coupée par les "gilets jaunes" locaux qui protestent contre les conditions de vie.

Puis interminable queue pour passer un contrôle de gendarmerie. Nous somme proches de la frontière de la Bolivie et de celle du Chili. Un guide nous expliquera que les trafics de drogue, d'électro-ménager et… d'enfants vont bon train. La vallée est beaucoup plus verte qu'en Bolivie. Nombreux peupliers, saules pleureurs, et ce conifère aux baies roses vu au nord du Pérou. Cinq torrents descendent des Andes au nord-ouest de l'Argentine alors que rien ne passe au Chili où le désert d'Atacama est le plus sec du monde.

Parcours magnifique par la quebrada de Humahuaca. Roches colorées qui font des dents de requin ou des vagues comme au cratère de Maragua.

Nous passons le tropique du capricorne.

La fin du parcours, de nuit, avec des arrêts dans toutes les villes est interminable. Nous arrivons à Salta à 23H. Nous marchons vers l'hôtel ais map.me a gardé la direction du centre ville et nous partons à la perpendiculaire. Finalement, nous prenons un taxi...La jeune femme à l'accueil de l'hôtel est charmante malgré l'heure tardive mais nous ne comprenons rien à ce qu'elle nous dit. Chambre simple mais fonctionnelle donnant sur un petit jardin. Dodo, la journée a été longue…

Nous décidons de passer deux jours à Salta pour nous reposer.

On traverse une bonne partie de la vieille ville à la recherche d'une agence nous permettant de faire des randonnées à vélo. C'est fermé mais ça nous a permis de visiter le marché où l'on trouve beaucoup d'épices, de fruits séchés et de viande séchée.

La place du 25 juillet et sa cathédrale rose ont beaucoup de charme. Palmiers, jacarandas, baobabs à épines, ceibos à fleurs rouges ou jaunes (arbre emblème de l'Argentine)... Ici c'est le printemps. Il fait froid aujourd'hui.

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Pour le change, il y a le taux officiel des banques et celui de la rue, le change bleu. On demande à une policière où trouver ces changeurs, c'est un comble! 1 euro = 1000 pesos et 1 dollar = 980 pesos. Les billets de 100 valent plus que les coupures plus petites. Ils nous donnent exclusivement des billets de 1000 pesos. Ça fait de sacrées liasses! On mange de délicieuses glaces à la confiture de lait ou au vin (blanc sucré ou rouge).

Visite du musée du nord dans l'ancien palais du gouverneur. Cela vaut surtout pour le bâtiment. Puis de l'église san Francisco, rouge et jaune.

Nous mangeons notre première parilla (assortiment de viandes grillées et abats). En voyant arriver le plat avec steaks, blanc de poulet, boudin noir, 2 sortes de saucisses, rognons et épinettes, nous nous disons qu'on en laissera la moitié. Mais finalement, nous laissons… 3 frites! Nous arrosons le tout de latitude 33, un vin rouge qui nous avait beaucoup plu lors du premier voyage. Ici la milanesa est reine mais pas meilleure qu'en Bolivie! Nous sommes arrivés au restaurant à 12H30 et il n'y avait personne! les argentins déjeunent vers 14H00 et dînent vers 21H00. Sieste entre 14H et 17H, du moins à Salta. Entre 19H00 et 21H00, il y a un monde fou dans les rues. Les mamans font leurs courses, avec des enfants de tous âges.

Puis nous nous renseignons sur les excursions de prochains jours. Un peu échaudée par l'ambiance au salar d'Uyuni, je préfère ne pas répondre à l'annonce d'un couple qui proposait de partager un taxi. Nous prendrons donc les excursions toutes faites en minibus. Pas de trek en vue, tant pis. Ce que nous ne savions pas, c'est que les argentins ont 4 jours de congé. Ils sont venus en masse, par avion, de Buenos Aires. Dimanche 15, ce sera la fête des mères. je trouve ça étonnant puis réalise qu'octobre dans l'hémisphère sud correspond à mai au nord. Le lendemain, nous validons nos réservations d'excursions puis je souhaite faire le tour de ville en bus touristique (le "traine-couillon" comme dit ma belle mère). mauvaise idée: Salta est saturée et nous attendons une heure le retour du bus. Puis la visite est agréable sans plus, avec point de vue à mi-hauteur du cerro San Bernado et une visite de marché artisanal. Nous achetons des petites boîte en bois de cactus et métal argenté (alliage de cuivre, zinc et nickel appelé alpaca). Ils utilisent cet alliage pour les bijoux mais la présence de Nickel ne permet pas de les offrir à tout le monde. On passe par un casino. Les mises ne nous ruinent pas! Nous déjeunons au restaurant où nous sommes allés la veille au soir sur les conseils de l'hôtesse de l'hôtel. Nous sommes accueillis comme des rois. Cette fois nous avons faim (à presque 15H00) et dégustons cabri et énorme morceau de viande (bife de chorizo) avec une bouteille de vin. La veille au soir, après notre parilla du midi, on avait fait léger. J'avais pris du poisson mais ce n'est clairement pas leur spécialité. Les empanadas, en revanche étaient délicieuses.

la cathédrale et la boîte en bois de cactus 

Repos à l'hôtel. Tant pis pour le musée archéologique de haute montagne où sont exposées les momies d'enfants Incas retrouvées sur un volcan à plus de 6 000m. Frédéric bavarde avec le propriétaire et arrive à négocier un rabais pour 5 nuits. Puis il retourne au casino. Nous devons nous retrouver en centre ville pour retourner au passage des poètes voir l'ambiance du soir. Mais l'ordinateur "bug" (je vois le n° des photos mais pas les vignettes) et le WI-FI n'est pas terrible.

Lorsque je remonte dans la chambre avant de partir rejoindre Frédéric, je vois à ma montre que j'ai une heure de retard!!! Mon téléphone est resté sur le fuseau horaire de la Bolivie. Je cours mais évidemment Frédéric n'est plus là quand j'arrive au point du RDV.. Des danseurs de tango dansent sur la place. Une foule familiale déambule. J'hésita, j'attends, puis je retourne à l'hôtel où il n'est pas non plus. On finit par se retrouver. La soirée est gâchée mais il ne m'engueule pas.

Départ à 7H00 pour une excursion au village de Cachi. Nous avions fait cette boucle avec un "indien" à l'allure patibulaire qui nous avait proposé son tour en Pick-up à la sortie du bus, de nuit, il y a 20 ans. Ça avait été génial. Evidemment, les temps ont changé. Maintenant il y a foule et le tour fait partie des classiques. Nous sommes les seuls étrangers du groupe; les autres sont Portenos (habitants de Buenos Aires) et une femme est de Cordoba. Ils ont tous leur bombilla pour le maté (infusion d'herbes assez amère) avec leur thermos d'eau chaude et sirotent toute la journée. Après la plaine où l'on cultive du tabac, dont 80% est exporté, et du maïs, nous pénétrons par une gorge dans les Yungas, zone de forêt des nuages. Cela fait tout drôle de retrouver une végétation dense.

Puis les arbres disparaissent. Nous prenons une piste pour accéder à un col à 3 450 m. La route s'appelle la cuesta del obispo, mais je n'ai pas compris à quelle histoire cela faisait référence. Le guide fait des efforts pour parler distinctement mais cela reste difficile de tout comprendre. La vue sur les montagnes est superbe.

Aux différents points de vue, des quechuas vendent des épices, du saucisson de lama et du fromage de chèvre. Certains proposent des herbes médicinales et d'autres des bijoux en onyx que l'on trouve dans la région. Je découvre qu'il existe un onyx bleu, très beau.

Nous entrons dans le parc national des cactus. Ils sont très fragiles car sensibles à la déshydratation et au piétinement les premières années et poussent de 1 à 5 cm/an, à l'abri d'une plante épineuse. Seule une graine sur 10 000 donnera un cactus adulte. Ça me rappelle les tortues de mer!

Nous voyons nos premiers guanacos, camélidés sauvages. Ils sont plus gros que les vigognes et leur tête est noire. La harde fonctionne comme nos cervidés. Ils sont très agressifs paraît-il.

La montagne fait des bandes colorées. Pas facile de prendre des photos avec la foule qui adore les selfies.

On voit au fond le mont Cachi qui dépasse les 6 000m et est enneigé.

A Cachi, nous déjeunons avec un couple de designers de Buenos Aires. Je mange un ragoût de charki (lama séché). Balade dans le village, glace locale. Je retrouve l'église et ses poutres et confessionnal en bois de cactus, ainsi que l'endroit où l'on avait mangé notre premier asado (viande grillée au feu de bois).

admirez le confessionnal en bois de cactus 

Souvenirs, souvenirs...Retour à Salta.

Nous avons pris nos habitudes et dînons à nouveau chez nos nouveaux amis du Rei del Bife. Accueil toujours aussi sympa.

Nouvelle excursion. Départ prévu à 7H00, mais la réceptionniste nous informe à 6H45 qu'il est avancé à 6H50. Un peu speed car nous ne prévoyons que 30 min pour s'habiller et prendre le petit-déjeuner. Nous appelons rapidement Vincent en visio WhatsApp pour son anniversaire. Cette fois, nous remontons le trajet fait en bus pour arriver à Salta. Je ne me fais pas d'illusion sur la possibilité de marcher un peu mais espère avoir de nombreux point de vue. Arrêt à Purmamarca (terre vierge), joli village surmonté par la montagne des 7 couleurs.

Comme à Cachi, l'église a un toit en cactus. Un marché artisanal a envahi les rues. Je monte à un mirador pendant que Frédéric m'achète un bandeau couvre-tête (j'en avais rapporté du Guatemala mais les ai bien sûr oubliés à Fresnes). C'est pratique quand il y a du vent. Un gigantesque algarrobo (caroubier si je ne me trompe) de 700 ans me fascine.

Nous reprenons le minibus et la longeons la Quebrada (gorge formée par le mouvement des plaques tectoniques à l'origine). Les montagnes ont des formes et des couleurs féériques. Je dois me contenter de photos prises à la volée par les vitre du bus. Quelle frustration! Mais au moins, je les aurais vues…

Nous visitons une autre église avec des tableaux de l'école de Cusco. Ils représentent une série d'archange en tenue espagnole d'époque. C'est assez drôle de les voir en bas et souliers à nœuds. Certains ont un air coquin, inspiré de jeunes nobles de l'époque?

Visite d'un atelier de poterie et d'un centre artisanal. Certaines poteries sont de véritables œuvres d'art (mais impossibles à rapporter quand on voyage en sac à dos!). Le centre fait vraiment barnum.

Pause déjeuner à Humahuaca. Visite de l'église juste avant sa fermeture. Des fresques ornent les murs de certaines maisons. Comme en Bolivie, certaines portent des messages contre la violence physique ou verbale envers les femmes et la souffrance des enfants qu'elles engendrent. Un automate anime le campanile à midi mais nous arrivons trop tard.

Là aussi, le village n'est qu'un gigantesque marché artisanal. Nous préférons pique-niquer dans le parc avec le saucisson et le fromage achetés la veille qu'aller dans le restaurant des groupes. Je monte au monument de l'indépendance. Une statue de chasqui, messager Inca qui, comme les spartiates, courait de longues distances pour apporter des informations, orne le haut. le soleil tape dur. J'achète une chacana (croix andine) en onyx bleu.

J'aime beaucoup les motifs symboles des 4 éléments. Le nandou symbolise la terre; le crapaud, l'eau; le condor l'air et le serpent le feu. Le héros national de l'indépendance, le général Güemes est partout. Il faudra que je me renseigne sur lui!

la terre et le feu - le général Güemes 

Nous repartons, visitons un énième marché artisanal où nous achetons un pendentif en onyx bleu avec des incrustations ocres qui évoquent un planisphère. d'autres évoquent la mer et le vagues, d'autre la mer sous la lune… J'en achèterais beaucoup si je m'écoutais!

Partout, des femmes vendent des sortes de panini au jambon et au fromage de chèvre.

A ma grande déception, nous n'allons au mirador de la montagne des 14 couleurs. Nous nous arrêtons avant pour voir le cimetière d'un petit village. On aurait pu faire les deux! Il y a clairement une erreur de casting en ce qui me concerne. L'excursion favorise les marchés artisanaux alors que je préfère les paysages. Nos compagnons ont d'ailleurs acheté beaucoup de choses.

Les cimetières paraissent souvent disproportionnés par rapport aux villages. En fait, ils concernent beaucoup de gens de la vallée qui vivent de façon isolée.

El Hornocal 

A l'hôtel, nous refaisons nos sacs car demain nous serons laissés au village final de l'excursion et ne rentrerons pas à Salta. C'est toujours le grand week-end et les lieux touristiques sont bondés. Gorge aux vues somptueuses et dégustation de vin au programme. Le guide, Frederico, est très sympa. Il nous montre différentes roches qui évoquent un canard, un crapaud, un moine… Nous passons devant un pont et une carcasse de voiture, témoins de scènes d'un film manifestement célèbre en Argentine: "Renato Salvage". Il faudra que je le voie à notre retour.

Arrêt à la gargantua del diablo puis à l'amphithéâtre dont l'acoustique naturelle est tellement exceptionnelle qu'on y donne des concerts. Je me souviens encore de la photo prise avec Vincent tout seul au fond pour donner une échelle. C'est bien différent aujourd'hui!

Des artisans proposent de jolis bijoux en pierre ou en bois. la pierre de l'Argentine, la rhodochrosite est une pierre volcanique rose. De nombreux motards, principalement Argentins et Brésiliens font la route; Frédéric tape la discute à chaque arrêt. Ils doivent avoir sacrément chaud avec les vestes de protection!

Puis les fenêtres et pour finir le castillo (château). Au coucher du soleil, il se reflète, rouge vermillon, dans l'eau de la rivière. Je rêverais de revenir ici tranquillement.

Arrêt dans une bodega. Nous dégustons un blanc moelleux, un malbec (le cépage Argentin, un cabernet-Sauvignon (qui nous plaît beaucoup moins) et un rosé plutôt bon (je ne sui pas fan habituellement). pas question d'en acheter évidemment. Heureusement, les bouteilles sont très abordables dans les restaurants avec le change (3 à 8 euros le plus souvent).

Visite d'un marché artisanal pour changer. Nous achetons des fruits secs, surtout des figues (petites et moelleuses) et des noix (on a vu de nombreux noyers la veille). Ce sera vite consommé… Le restaurant est bondé et nous allons manger des pâtes dans un café. pas génial comme repas mais le serveur est adorable.

Puis le chauffeur nous dépose à l'hôtel. Il fait 41°. Nous n'avons pas envie de bouger. Heureuse surprise pour moi (c'est Frédéric qui a réservé), l'hôtel a une piscine. L'eau paraît froide au début, puis c'est un délice. Nous nous promenons sur la place et nous renseignons pour une location de vélo pour le lendemain. mais s'il fait aussi chaud, nous ne serons pas très courageux! Nous cherchons longtemps le restaurant conseillé par notre hôtesse mais il est fermé. C'est la fin du long week-end et ils ont bossé comme des fous. Tout est plus cher qu'à Salta. On s'embrouille pour rien. Chaleur, fatigue...Comment ça fatigués? Vous êtes en vacances longue durée me direz-vous. mais les énormes variations d'altitude et de température en peu de temps mettent nos organismes à rude épreuve. En plus, on se lève avant 6H30 quasiment chaque jour alors qu'en Argentine on dîne et donc on se couche tard (23H00°.

Le lendemain, nous sommes réveillés par les perruches. Il fait gris, les montagnes sont dans les nuages et l'humeur morose. Finalement on ne fait pas de vélo. J'avance le blog. Journée perdue.

La distance pour notre prochaine étape est de 1 276 km soit 15H de bus. En plus, on ne savait pas que Cafayate était quasiment un cul de sac: il nous faut 6H00 de minibus (inconfortable) pour la prochaine grosse ville, ou refaire 4H00 de bus pour retourner à Salta vers le nord alors qu'on va au sud… On décide donc d'y aller en avion. Le vol par une compagnie Low coast coûte 47 000 pesos soit 47 euros pour nous deux mais… en liquide. 128 euros au taux officiel par carte bancaire. Ça reste très abordable. Mais le site plante dés qu'on mets que la carte est d'origine française. Pas d'issue… Réponse inutile du chat du site. Frédéric essaie de trouver sans résultat un Argentin qui accepte de payer pour nous et qu'on rembourserait en liquide. Finalement, j'essaie, avec succès, de mettre "carte bancaire en Argentine".

Le lendemain, nous reprenons le bus pour Salta. La lumière est magnifique et les jeux de nuages sur les montagnes rendent le paysage encore plus beau. Un homme embarque avec son vélo et descend au début de la Quebrada. Si on avait su !!!! C'est ça qu'il fallait faire: louer des vélos, faire l'aller en bus et revenir en vélo en prenant notre temps… Je suis dégoûtée. Mauvaise préparation… La tension entre nous ne s'étant pas améliorée, on décide passer un jour et demi chacun de notre côté. Chacun change de l'argent, mais comme po connaît les bons plans, on se retrouve au même endroit avec celui que Frédéric appelle le "papé" et moi le "chinois". Je pensais en profiter pour voir enfin le musée archéologique de haute montagne et ses momies, mais il est exceptionnellement fermé. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas! Je vais manger à la parillada habituelle et ce lui qui nous avait accueillis le premier jour s'étonne: "esta solita?". Je n'ai pas besoin de vous traduire. Je réserve une excursion aux salinas pour le lendemain. la dame de l'agence se rappelle de Frédéric comme du "Monsieur qui ne veut pas payer" car il avait, vainement essayer de négocier un rabais pour l'achat de trois excursions. Je mange une glace à l'endroit habituel et le vendeur s'étonne de me voir seul. Lecture d'un livre "feel good" de Laure Manel (celle qui a écrit "la délicatesse du homard") à l'hôtel. Très mauvaise nuit à cause des moustiques arrivés en force.

Le minibus pour l'excursion arrive en retard. Je commençais évidemment à flipper… On nous avait dit qu'après la Bolivie nous serions forcément déçue mais j'ai envie de voir quand même ces paysage. Nous partons sous un vrai crachin breton. Après l'embranchement pour Purmamarca, nous passons au-dessus des nuages. Court stop dans le village.

On monte à un col à 4 170 m avec moult recommandations par rapport à l'altitude. Je crâne en disant que je suis montée deux fois à plus de 5000 m et une fois à 6 000m récemment! Après les yungas et les cactus, la végétations disparaît. On voit des guanacos et des vigognes. Chaque vallée est habitée, irriguée, et cultivée. Les habitants sont très isolés et les filles ne vont évidemment pas à l'école. Notre guide est d'origine indienne. Il a vécu son adolescence à los Angeles, a été programmateur informatique et est revenu en Argentin défendre les droits des peuples indigènes. Il dit que son métier de guide l'aide à sensibiliser les gens. Il parle 8 langues et fait un effort pour que je comprenne. Beaucoup plus intéressant que la fana des marchés artisanaux...

Au salines, les locaux font payer 500 pesos pour marcher sur le sel, et vendent le fait de prendre des photos humoristiques. Pour le coup, j'ai déjà fait et n'en profite pas mais je trouve que c'est bien que ce soit les paysans du coin qui s'y soient mis. Je vais plutôt du côté de l'exploitation du sel. Le ciel est noir et contraste avec l'étendue blanche.

Des pancarte montrent l'opposition des locaux à l'exploitation du lithium (qui polluerait et détournerait les ressources en eau de la nappe phréatique, nécessaires aux paysans au profit de l'industrie).

Les quelques bâtiments touristiques sont en blocs de sel. Les raies noires correspondent au mois d'août quand le vent souffle et apporte la poussière des montagnes. Il y a un petit autel à la Pachamama.

Descente sur Purmamarca. Une voiture a raté un virage et sa carcasse rouille en contrebas. Une moto est tombée il y a 4 jours. D'énormes camions remontent de la saline.

Déjeuner à Purmamarca d'un ragout de lama et d'un verre de malbec. Je sympathise avec une pharmacienne brésilienne. Ils sont 3 brésiliens cette fois-ci pour l'excursion. Je suis la seule occidentale.

Le guide nous conseille un sentier de 3 km dans les montagnes colorées. C'est splendide. Celle aux 7 couleurs est à contrejour, mais il y en a d'autres! Le tonnerre gronde au loin et de grosses gouttes éparses s'écrasent sur le sol. Je peste encore les selfies et les poses ridicules que prennent les gens. Oui, oui, toujours aussi intolérante…

Retour à Salta. Après les dernières montagnes colorées, j'en profite pour dormir un peu.

A l'inévitable pose pipi, il y a un embouteillage. Une voiture de police est salement emboutie. Je n'ai pas vu l'autre véhicule accidenté.

Lever 5H45 pour aller prendre l'avion. Discussion dans la salle d'embarquement qui nous fait du bien.

Vol de 2H. Frédéric a réservé les places du bon côté. Nous avons une vue extraordinaire, sur la vallée de las Conchas et ses roches colorées, le cero Cachi enneigé, les stries colorées en dents de requins... A ma grande surprise, il y a des étendues désertiques, blanches, ocres ou rouges. On voit des réseaux de rivières à sec qui meurent dans le sable. Au fond apparaissent des montagnes enneigées, vite cachées par les nuages. Je ne verrai pas l'Aconcagua. La vallée ne verdit qu'en arrivant tout près de m

Mendoza. En fait tout est dû à l'irrigation. Des bassins d'eau verte, bleue, rose, rouge sont magnifiques. marais salants? pollution? Nous prenons un taxi pour 2,5 euros jusqu'à l'hôtel repéré. En Argentine, le prix indiqué à l'avance est toujours le bon. Que c'est reposant! L'hôtel est une chambre d'hôtes avec des dortoirs. Marco, le propriétaire, nous trouve un chambre aménagée dans ce qui était le garage. On discute un bon moment. Il nous indique où faire du change. Mendoza est un ville très vivante;, Toutes les rues sont arborées. Un système d'irrigation passe le long de chaque trottoir. Mais ça fait de grands trous ,non occultés. gare où on met les pieds. On déguste notre deuxième parilla avec un bon syrah après avoir marché un bon moment. Nouvelle marche. Repos à l'hôtel, blog (pour changer…). Il n'y a pas de vraies visites à faire.

Dîner sur la rue piétonne chic et animée. Des jongleurs animent les terrasses. Mais il y a a aussi des mendiants et des enfants qui vendent des chaussettes à plus de 21H... Comme un mendiant de Salta, un vendeur de roses essaie de nous attendrir en nous abordant en Français. Les jeunes, encore plus que dans le nord, arborent tatouages et piercings. Les couples homosexuels sont plus fréquents. Soirée au casino où l'on mise 10 centimes de pesos. On peut jouer une heure avec un euro!

Après une bonne nuit et un café dans un bar très ressemblant aux nôtres où l'on sympathise avec le patron car il a un tableau fait de capsules de bouteilles de bière offert par un client pour qui il gardait tout ce qu'il récoltait (Vincent a eu l'idée de les collectionner pour en faire une table sur un rouleau de bobine).

Passage à la blanchisserie (toujours aussi peu chère) - essai de retirer de l'argent à Western Union pour la première fois de notre vie (seul moyen d'avoir du liquide en Argentine à un taux correct). Mais aucune des trois agences n'a de pesos… Ça en dit long sur l'économie du pays. Les élections présidentielles sont demain… Nous marchons un bon moment pour aller au parc de la ville. Les places et petits espaces arborés sont légions. Ce parc a de beaux arbres, une roseraie et un lac où des gens font de l'aviron. C'est un endroit très agréable.

Pause bière puis nous attendons un bus devant un stade où mamans et sœurs attendent longtemps les frères qui s'entrainent au foot. Déjeuner sur la rue piétonne. Ma pièce de bœuf est délicieuse mais la calzone de Frédéric très sèche. Frédéric me fait remarquer, comme à Salta, le nombre impressionnant de Renault 12, plus quelques R9. Ça ne me touche pas plus que ça mais lui, ça l'intéresse beaucoup! En tout cas, elles ne sont pas récentes!

Mendoza est proche des stations de ski. Mais aujourd'hui, il fait 32°.

Casino pour Frédéric, blog pour moi mais ni l'ordi ni le site de My Atlas n'y mettent du leur...

Nous allons prendre l'apéro sur la rue piétonne. Je voudrais un verre de Torrontes (vin blanc moelleux de Cafayate) mais on n'en trouve pas ici. Ce sera Spritz et bière pour Fred. Puis nous voulons tester une autre parillada mais impossible de savoir à quelle elle ouvre. Après une déambulation à travers des rues où tout est fermé, nous revenons sur la rue piétonne. On retourne là où on était allés à midi. Mais rien ne se passe comme on veut: ils ne servent pas d'alcool la veille des élections (mais la table d'à côté a des bières…), kils n'on plus qu'un seul Ojo de bife (mais les deux dames arrivées après nous peuvent en avoir) et quand mon plat arrive, la viande est trop cuite. Agacés, nous quittons le restaurant. Ça ne m'arrive pas souvent, voir jamais! Drôle d'impression. Nous retournons là où c'était fermé en début de soirée. Ils viennent d'ouvrir. la serveuse, d'abord revêche, fond sous l'humour de Frédéric et nous passons une soirée très agréable à plaisanter avec elle. Nous rentrons sous l'orage.

Après un WhatsApp organisé par mon frère avec ma mère qui est un échec retentissant (elle ne veut pas nous parler), nous prenons le bus pour Uspallata, plein ouest. La rivière a plus d'eau que la veille et les canaux d'irrigation ne sont plus à sec.

Début de route ennuyeux à travers la banlieue, puis traversée de vignobles, avec quelques oliviers et vergers de pistachiers. Arrivée au lac de barrage de Potrerillo, bleu ciel. Il n'était pas sur la carte il y a 20 ans. Nous remontons le rio Mendoza par la route qui mène à Santiago au Chili. Des kayaks et des rafts descendent la rivière. Sympa pour le kayak mais peu d'intérêt pour le raft, faute de suffisamment d'eau. L'eau est brun rouge. Des "cabanas" de tout genre sont dispersées tout autour. Site touristique? Village hippie? Il y a même des cabanes bulles. Les montagnes sont superbes. Une ancienne voie ferrée suit la rivière, parfois du même côté de la route, parfois en face. Elle est souvent interrompue par des éboulements. Un pont s'est effondré. Il n'y a plus de fils électriques. A Uspallata, nous louons une cabana, petit chalet à l'intérieur tout en bois. Un vrai cocon.

A l'office du tourisme, nous prenons nos billets pour le parc national de l'Aconcagua (le plus haut sommet d'Amérique, 6962 m) et nous informons sur les excursions. Déjeuner dans une parillada comble: les chiliens viennent ici le week-end, profiter des prix bas. Nous ne sommes qu'à 150 km de la capitale. Je vais voir un point de vue en haut d'un calvaire. Uspallata est situé entre la précordillère mendocienne et les Andes. Ces dernières sont dans les nuages mais on devine de la neige. Notre hôte précédent, Marcos, disait que c'était un lieu très riche énergétiquement (il y a d'ailleurs à quelques km une montagne "énergétique"). Certains massifs me font penser à une mer démontée. Je me pique avec un cactus et ça fait vraiment mal. Que ce soit au Pérou, en Bolivie, ou en Argentine, les chiens sont vraiment très nombreux dans la rue, mais pas agressifs. Ici, ça bat tous les records. Ils rentrent même dans les restaurants.

Ce soir, dimanche 23 octobre, c'est le premier tour des élections présidentielles en Argentine.

Le lundi, nous prenons le bus à 8H00 pour aller au PN Aconcagua. La route est toujours aussi belle. Un ensemble de maison originales nous interpelle: écologistes? Mystiques?

De nombreux sites militaires indiquent la proximité avec la frontière chilienne. La rivière creuse profondément la quebrada, formant une sorte de moraine sur les bords. Nous passons par deux stations de ski. Ca fait drôle de voir les téléskis et les télésièges. mais le manque de neige commence à se faire sentir comme en France. Arrivés au parc national, nous devons attendre 10 min son "ouverture" à 10H. C'est encore les horaires d'hiver et seule la plus petite randonnée est autorisée. Nous sommes bien obligés de faire avec. L'Aconcagua est presque entièrement découvert.

Nous avons beaucoup de chance avec le temps par rapport à hier. Un nuage se forme sur sa fameuse paroi (un des plus hautes du monde, avec plus de 2000 m). Le reflet dans un lac, si renommé, est un peu décevant car il n'y pas beaucoup d'eau. L'eau est vert olive. La balade est très belle. Il souffle un vent glacial. Dire qu'on avait 32° deux jours avant! Nous traversons quelques névés couverts de poussière. Les roches environnantes sont rouges et colorent les torrents. La neige a fondu récemment et la flore est plus que réduite. Par contre, les oiseaux sont nombreux et peu farouches.

La puissance de leur chant n'a rien à voir avec leur taille! Le plus souvent, ils se confondent avec le sol mais certains sont jaunes à tête bleu-gris. Arrivés à la limite autorisée (un pont fermé), nous pique-niquons au bord du torrent. Les oiseaux viennent se régaler et certains picorent même dans la main.

Le ciel se couvre et l'Aconcagua se cache. Des oies des Andes se réchauffent comme elles peuvent. Des fossiles sont visibles sur un gros rocher.

Nous retournons à l'entrée du parc et rejoignons le village du pont de l'Inca. Pour cela, nous suivons l'ancienne voie ferrée.

De grands tunnels de bois et de tôle la protégeaient des congères. Ils sont plus ou moins conservés. La neige s'amoncelle quand les tôles sont tombées. J'ai l'impression d'être dans un film. C'est géant!

Un autel à la Pachamama, avec ses cigarettes et ses bouteilles de plastique, est placé en plein milieu.

Les rangers m'avaient prévenu que nous devrions remonter sur la route au niveau du poste de douane car c'était un peu dangereux. Nous voyons un pont métallique qui enjambe une rivière perpendiculaire au rio de las Cuevas. Il est un peu en ruine mais ça a l'air de passer. A mi-chemin environ, les poutres métalliques sur lesquelles nous marchions disparaissent… Nous sommes à une vingtaine de mètre au-dessus du sol et devons tenir une main courante branlante en marchant sur des planches plus au moins stables de 10 cm de large! Frédéric n'aime pas du tout ça car il a le vertige! Nous arrivons quand même à bon port. Que d'émotions! De vrais adolescents.

Nous arrivons au "pont de l'Inca". C'est un pont rocheux qui résulte de l'amas de sédiments sur un reste de glacier qui a fondu sous l'effet d'eau thermales. Le site est spectaculaire. En 1905, la compagnie américaine de chemins de fer a construit un hôtel avec des bains juste sous le pont. l'hôtel a été détruit en 1965 par des coulées de boues résultant de fortes chutes de neige. mais les bains sont toujours là et … hideux.

Le village comporte un hôtel, quelques maisons plus en moins en ruine, une école et des boutiques d'artisanat. L'onyx bleu est toujours bien présent. Il y a aussi des objets pétrifiés d'une esthétique discutable…

Nous discutons avec un marchand du résultat des élections: ballottage entre Massa, actuel ministre de l'économie et Milei, l'outsider, surnommé le Trump argentin. Milei fait peur: il veut privatiser l'eau et la santé, légaliser le port d'armes et la vente d'organes mais interdire l'avortement. Cependant, comme le dit notre interlocuteur, pourquoi voter pour massa qui a fait la preuve de son incapacité à redresser l'économie? Quel dilemme! Il pense que la troisième candidate, ex-ministre de la sécurité, donnera ses voix à Milei pour avoir un portefeuille.

Nous attendons le bus pour rentrer, dont l'horaire correspond à la sortie de l'école. Le paysage, à la lumière du soir, est encore et toujours splendide. A un endroit, il y a un stupa, comme au Népal. Village Bouddhiste?

Aujourd'hui, journée vélo dans la précordillère. Les vélos sont très biens, entre VTC et VTT. Nous prenons une piste pour aller voir la montagne au 7 couleurs (encore une!!!). Pour la première fois, des chiens nous agressent à la sortie du village. On ne fait pas les fiers! Les montagnes sont colorées et ont des formes étranges. A tout instant, Frédéric me demande "c'est celle-là?" tellement elles sont belles.

La route monte et il fait chaud. Aucune ombre.

 Le massif devient incroyable en approchant.  

Le massif devient incroyable en approchant. La voici enfin: blanche, jaune, ocre, rose, verte et mauve (je sais, ça fait 6 couleurs). Le vert et le mauve ne rendent pas en photo, c'est dommage.

Pour me faire plaisir, Frédéric propose de prendre un chemin pour faire le tour. C'est splendide! Je pense que la plus haute montagne enneigée est l'Aconcagua, bien dégagé aujourd'hui.

Oui mais voilà, ce n'est pas fait pour les vélos… Au début, on se contente de les pousser dans les épineux, puis on se trompe et ça monte dur. Frédéric a les mollets lacérés en redescendant. Puis on arrive à des cahots rocheux où Fred porte les vélos que je rattrape comme je peux. On retrouve la piste de sable, petit cours d'eau à sec. On croit en voir le bout quand… Frédéric crie: "stop"! On arrive sans prévenir sur ce qui correspond à une cascade (à sec) d'une dizaine de mètres. Je me souviens alors que des agences proposent un tour en 4X4 avec descente en rappel. On voit effectivement l'anneau métallique pour poser le rappel. Cette fois, on est vraiment bloqués. Je monte sur la crête d'un côté puis de l'autre. Roche instable, pierre ponce, voir à-pics d'un côté… Impossible de passer. On fait donc demi-tour, remontant les vélos dans les chaos rocheux. Finalement, on ne met que 30 min pour rejoindre la route.

le vélo selon Ciloufred 

Au moins, j'aurais bien profité du paysage et on n'a pas abîmé les vélos. Seul Frédéric a trinqué: écorchures, bleu à l'épaule, short et chaussette déchirés.

Nous retournons au village. La piste descend, pas besoin de pédaler. Je freine même beaucoup, peu à l'aise sur la tôle ondulée et les cailloux pointus! Je ne m'étais pas rendu compte que ça montait autant à l'aller. Frédéric se moque de moi, disant que vu qu'il a passé le pont du chemin de fer hier, je peux bien faire un effort!

Nous avions prévu de manger un sandwich et repartir voir un autre point de vue dans la direction opposée, mais après toutes ces émotions, on se fait un vrai déjeuner puis sieste (peut-être favorisée par la bière). On se réveille deux heures après à18H. Il faut croire qu'on en avait besoin!

Je quitte Uspatalla avec regret. J'ai vraiment aimé ce village. Je profite du paysage du retour. A la gare routière, des chiens chahutent et l'un deux me mord le mollet. Pas violemment mais pour moi qui ai peur des chiens… La rivière ressemble à du chocolat au lait fondu. Rouge brique et épaisse. C'est impressionnant. Le ciel se couvre progressivement. Le lac de Potrerillo n'est plus bleu. Je me demande d'ailleurs comment une rivière chocolat peut donner un lac bleu ciel…

Changement de bus à Mendoza. Nous profitons de l'attente pour récupérer enfin l'argent envoyé par Western Union. Difficile de trouver un guichet qui ait du cash (échec dans 2 magasins à Uspallata et 3 à Mendoza) . Quand on en trouve enfin un, il nous donne la moitié des 100 000 pesos en billets de 500. Quelle liasse! La rivière a encore grossi.

4h30 de bus pour faire les 420 km qui nous séparent de Malargüe plus au sud. Vignobles, puis pampa monotone. Enfin le paysage change: 2 magnifiques cônes volcaniques à gauche, les Andes enneigées à droite. A Malargüe, nous avons réservé un véritable petit appartement pour 15€ la nuit! Les propriétaires sont charmants et viennent même nous chercher au terminal de bus. Le lieu s'appelle hakuna matata. Nous essayons de réserver des excursions mais le parc national qui nous intéressent est fermé le jeudi et nous sommes mercredi. De plus, il n'y a pas beaucoup de touristes. Frédéric se console au casino.

Ce jeudi, le temps est splendide. Les Andes sont parfaitement dégagées et brillent au soleil. La station chic du coin (leur Courchevel à eux), Las Lenas, est à une soixantaine de kilomètres.

Nous allons faire une ballade à cheval avec point de vue sur les montagnes. Les chevaux ont encore leur poil d'hiver. Nous sommes à 1 400 m et l'amplitude thermique entre le jour et la nuit est énorme, de -3 à 25° à l'ombre. C'est beaucoup plus marqué au soleil. Les peupliers commencent tout juste à avoir des feuilles. Nous passons au milieux des troupeaux de vaches accompagnées de tout jeunes veaux et de chèvres. Un gaucho à cheval les garde. Belle vue sur les Andes enneigées et la ville qui disparaît derrière les arbres.

Un essaim d'insectes nous agace, ainsi que les chevaux. le guide part au galop pour les semer mais les selles n'ont pas de pommeau pour se tenir et ce n'est pas évident pour Frédéric, d'autant que ses chaussures sont trop larges pour entrer dans les étriers argentins. Après-midi repos car nous n'avons pas trouvé de voiture à louer. Impossible d'aller vers les montagnes enneigées. L'autre attraction de la ville est son planétarium mais nouvel échec: toutes les places sont réservées par deux écoles. Ce serait possible demain mais nous rentrerons trop tard d'excursion. Décidément...Nous dînons dans un bon restaurant recommandé par nos hôtes. Là, nous rencontrons un couple d'Argentin de Rosario avec qui nous sympathisons. Ils aiment beaucoup Paris et nous leur donnons nos coordonnées.

Vendredi 27. Nous partons en 4X4 voir le parc de volcans la Payunia. Ce parc national, créé en 1988, compte pas moins de 860 volcans de moins de 10 000 ans. La dernière éruption date d'il y a 50 ans. Nous commençons par longer le Rio grande, une rivière qui s'étale dans toute la vallée. Vaches et chevaux broutent dans ce marécage. Le guide, Daniel, nous apprend que la région de Malargüe vit de la culture de pommes de terre et d'ail, d'élevage de chèvres (ils utilisent un autre mot que "cabra" et au début nous ne comprenons pas ce que veut dire "chivos", et du… pétrole. Les machines de pompage sont impressionnantes. Avec ironie, il dit que le parc national est protégé… tant qu'on a pas besoin de son pétrole!

Premier arrêt au niveau d'un coulée de lave noire dans laquelle le rio grande a creusé une gorge. Toute l'eau passe par cet étroit passage. Une passerelle sans rambarde permettait aux camions de passer avant la construction du pont. C'est quand même la N4à qui passe par là. la route qui traverse l'Argentine du Nord au sud. mais elle terrorise les animaux qui ne passent que si on leur bande les yeux.

Un autel est construit là.

Nous arrivons au parc. Le sol est couvert de petites pierres basaltiques inférieures à 1 cm de diamètre. Ils appellent cela la pampa negra.

Le vent se lève. Nous marchons 400 m pour monter au cratère égueulé du volcan morada (rouge). Les coulées sont rouges ou noires. Le vent est tellement fort (heureusement vers la pente douce du volcan et non vers le fond du cratère) que nous peinons à tenir debout. Il paraît que ce sera pire demain. Le ciel se couvre rapidement. Les pierres sont plus grosses (7 cm) en approchant du sommet. Il y a aussi des bombes (lisses car refroidies dans l'air) et des bloc (rugueux car refroidis en roulant sur le sol).

Nous croisons de nombreux guanacos et voyons deux petits tatous qui se faufilent rapidement entre les herbes (je n'en avait jamais vus qu'empaillés jusque là!). Des nandous (appelés ici "choyque") courent au loin. Ils peuvent atteindre 60 à 70 km/h. Il pousse l'habituelle herbe jaune piquante et des épineux.

Nous passons devant le volcan le plus grand en surface (28 km sur 9), enneigé puis nous rapprochons du plus haut, le Payun avec ses 3680m. Il a une magnifique forme conique. Selon les endroits, la lave est noire ou rouge.

Pique-nique en plein air, à peine abrités du vent. Il fait froid. Nous retrouvons les différents oiseaux qui nous avaient charmés au parc de l'Aconcagua. La lave forme des animaux fantasmagoriques.

En retournant vers Malargüe, nous retrouvons le soleil et la chaleur.

Arrêt chez l'habitant pour une boisson chaude et des galettes frites. La dame tisse des couvertures. Le plumeau est en plumes de nandou. Discussion avec les femmes du groupe sur une recette de viande cuite des heures, enrobée d'une croûte de farine et d'eau dans une cuisinière à bois. La salle commune est couverte de photos de famille. Les enfants sont partis en ville ou même à l'étranger. Des chevaux paissent devant la maison.

Beau coucher de soleil et pleine lune.

Le lendemain, le vent s'est levé, même à Malargüe. La poussière tourbillonne dans les rues. Il ne fait plus aussi chaud.

Nous avons décidé de retourner en bus à Mendoza pour prendre demain l'avion pour Bariloche. Cela nous évitera des heures de bus pour couvrir les 950 km et surtout ça coûte deux fois moins cher! En effet, nous avons eu la bonne surprise de voir que même en payant par carte bancaire, nous étions remboursés 3 jours après de la différence du taux de change. Il y a ici 3 taux: celui des banques, celui de la rue (le taux bleu) et celui pour étrangers, assez proche de celui de la rue. Nous repassons devant le volcan Diamante, cône parfait, isolé. la cordillère ne laisse apparaitre que le bas des pentes enneigées. le reste est dans des nuages sans contours, dus au vent. C'est assez étrange. Des tourbillons de poussière s'élèvent un peu partout.

A Mendoza, nous retrouvons la chaleur mais il y a toujours autant de vent. Avec les arbres qui bordent les rues, majoritairement des platanes, nous prenons plein de poussière et de graines dans les yeux, le nez et la bouche. Je regrette d'avoir jeté mes masques chirurgicaux! On pleure, mouche et tousse...Nous retournons dîner au même endroit qu'à notre dernier passage. Frédéric et la serveuse (qui est peut-être la "grande" fille des propriétaires) se taquinent à nouveau pour notre plus grand plaisir. Pendant le dîner, le vent s'est transformé en tempête. Des branches d'arbre plus ou moins grosses jonchent les rues. Nous rasons les murs pour rentrer à l'hôtel.

Le lendemain, on dirait qu'il y a eu une guerre des arbres: branches, feuilles, graines couvrent les trottoirs et les chaussées. Des arbres sont tombés. Mendoza se réveille doucement. Nous allons voir la basilique San Francisco, sans intérêt mais passons par la jolie plaza Espana décorée d'azuleros. Les places sont vraiment le point fort de Mendoza, arborées et toutes différentes.

La France a changé d'heure. Nous n'avons plus que 4H de décalage.

L'avion pour Bariloche n'a pas été annulé mais est retardé de 2 heures. Le trajet est épique: trous d'air à répétition. Bizarrement, il n'y a pas de sacs papiers à l'arrière des sièges; or une grande partie des passagers se met à vomir... Les hôtesses courent de l'un à l'autre en tanguant. Le pilote détourne un peu l'avion pour que ça secoue moins. On voit de haut les tourbillons de poussière et de nombreux feux de brousse. Nous passons au-dessus de la Payunia. Je vois bien le grand volcan enneigé. Frédéric avait regardé la météo et nous ne sommes pas pris au dépourvu en atterrissant: il fait 0° et il tombe une neige fine. Durant le trajet en taxi, on aperçoit le lac, couleur acier avec une fine bande argentée au loin due à un rayon de soleil. J'avais le souvenir (au mois de novembre) d'un lac bleu foncé entouré de genêts jaunes et de lupins bleus...Nous allons nous promener dans la ville, animée au centre, même un dimanche. Les magasins de vêtements de ski déstockent. J'essaie sans succès de convaincre Frédéric de s'acheter une doudoune. Moi, je n'ai pas encore sorti toutes mes affaires j'ai froid!. La neige se met à tomber à gros flocons. Courte éclaircie à l'autre bout du lac pendant qu'on boit un chocolat chaud (le chocolat est la spécialité de Bariloche).

Dîner de cerf, et spaetzles en discutant avec Martin avec un ingénieur toulousain de 30 ans parti en tour du monde sans date de retour. Il est depuis une semaine à Bariloche et n'a eu que pluie et neige...

Matinée passée à essayer d'organiser la suite du voyage. Frédéric va au terminal de bus se renseigner sur les possibilités d'aller au Chili au niveau du lac Buenos Aires général Carrera, côté argentin, côté chilien. Un bus arrive à 1H00 du matin dans un village où il n'y a que quelques hôtels de luxe. Pas de possibilité de louer une voiture, pas de bus pour passer au Chili… On peut louer une voiture à Rio Gallegos, sur la côte atlantique! Pas logique de traverser l'Argentine d'est en ouest pour pouvoir retourner à l'ouest!

On verra plus tard. En fait, c'est beaucoup plus difficile de se déplacer en dehors des grands axes depuis qu'on est en Argentine, car la majorité des gens à une voiture. Parfois une antiquité dont on se demande comment elle roule encore mais du coup, il n'y a pas de minibus qui vont partout.

Frédéric s'occupe ensuite de louer une voiture pour les deux prochains jours, afin qu'on puisse faire la route des 7 lacs à notre rythme et pas en excursion d'une journée. Elle est ouverte malgré les chutes de neige de ces derniers jours.

Puis nous allons, en bus, à la station de ski la plus réputée du coin, Cerro Cathedral, dans le but de prendre le télécabine pour avoir une vue sur le lac Nahuel Huapi. Les paysages enneigés sont beaux mais le sommet est évidemment dans les nuages. En plus, le télécabine coûte 16€/personne, trop cher si les nuages ne bougent pas. On grignote dans un square, sous la neige. Finalement, on décide faire une partie du retour sur Bariloche à pied, une petite dizaine de kilomètres au bord de la route. Cela nous donne de beaux aperçus sur le lac et nous fait marcher. En ce qui me concerne, ça me manquait. Le printemps est là malgré tout, comme le prouvent certains arbres en fleurs.

Dîner à l'auberge Weiss, assez chic: truite aux herbes et tranches de gigot d'agneau de Patagonie (trop cuit malheureusement). Des rues de Bariloche, en S, rappellent San Francisco.

Le temps s'améliore ce mardi trente et un octobre. Cela fait trois mois que nous sommes partis.

Nous prenons la route des 7 lacs. Les noms de villages, hérités de la langue mapuche, ne sont pas faciles à lire rapidement. On déchiffre comme des élèves de CP!

Premier arrêt à la Villa la Angostura, sorte de Bariloche à taille réduite, où nous achetons un pique-nique. Nous prenons en stop une dame qui nous demande si nous courons. Après un bon moment d'incompréhension, nous comprenons qu'elle fait référence au T-shirt d'un semi-marathon de Frédéric car il y a une course aujourd'hui. Elle-même va faire des massages pour les coureurs.

Les miradors se succèdent avec des lacs plus ou moins grands cernés de montagnes enneigées plus ou moins dégagées. Un petit rapace, un chimango, vient quémander à manger. Puis c'est un renard qui attend sagement le long de la glissière. Il est bien marqué qu'il ne faut pas leur donner à manger. Le message est fort: " si vous les nourrissez, vous les tuez".

chimango et zorro colorado

Nous pique-niquons sur une plage encore partiellement enneigée. L'eau est transparente et décline des dégradés de vert.

Un rapace beaucoup plus gros se perche juste au-dessus de nous.

Nous poursuivons sur cette très belle route. Certains lacs sont plus secrets, vert foncé presque noir et encaissés. Des roches aux formes remarquables apparaissent entre les nuages. L'une d'elles s'appelle la pierre de Saint François.

Certains parkings de miradors ne sont pas déneigés et nous bravons la neige fraîche, sans après-skis, pour voir une belle cascade . Ces paysages me font d'avantage penser au Canada qu'à la Suisse (Bariloche est appelée la Suisse Argentine). Mais ici, ce sont les pick-ups qui dominent et pas les camping-cars démesurés!

Arrivés à destination, San Martin de Los Andes, nous prenons une piste entre des habitations plus que vétustes et mal entretenues pour chercher le logement repéré sur Booking. Comme nous n'avons pas voulu réserver par l'application (en plus avec les histoires de changes multiples, beaucoup de gens se plaignent de tarifs anormaux), nous n'avons pas l'adresse exacte. Une dame à l'allure peu engageante nous fait signe que c'est bien par là. Les chiens aboient. On finit par renoncer, l'endroit paraissant vraiment bizarre. Nous ne trouvons pas plus le deuxième logement repéré. Nous finissons donc par aller à l'office du tourisme qui nous donne une liste de façon plus classique.

Comme il n'est que 16H, je propose d'aller au PN Lanin voir le volcan Lanin, 3776 m . Bizarrement, maps Me ne trouve pas le parc et nous ne trouvons ni les horaires ni le coût d'entrée éventuel. Nous finissons par mettre "volcan Lanin", indiqué à 33 km.

La sortie de San Martin est très embouteillée. Les gens font des queues immenses pour les stations service. Là aussi, il s'agit d'un mouvement de contestation de l'augmentation du prix de l'essence. Nous prenons un type bizarre en stop, style berger mal dégrossi, qui heureusement descend assez rapidement.

Des montagnes impressionnantes qui font penser à des cônes volcaniques sans en être bordent la route. J'aperçois au loin la base enneigée du cône du volcan Lanin, très impressionnantes. Mais elle est loin à notre gauche alors que Maps me nous envoie à 3 km sur notre droite... En fait, elle nous amène à Junin de Los Andes, petite ville, rue du volcan Lanin... Ce dernier est en réalité à 66 km de là! Trop loin pour le coup. Nous comprendrons le lendemain que San Martin était déjà dans le parc national Lanin, qui n'a pas d'entrée matérialisée, et que c'est pour ça que l'application ne comprenait pas notre demande!

Nous allons au bord de la rivière où des Mapuche de tous âges pêchent la truite. Celle-ci est l'emblème des rues de la ville dont elle orne toutes les plaques.

La place centrale a des araucarias magnifiques. C'est un arbre endémique ici. Nous découvrons la vie d'une petite ville de la Patagonie andine, à population essentiellement mapuche. Certains vivent à demeure dans les campings. Dans mon souvenir, nous n'avions rencontré des "natifs" (j'avoue ne pas savoir quel terme employer, d'autant qu'il y a des tribus différentes) en Argentine et au Chili, que sur l'île de Chiloé. Est-ce que je n'avais pas fait attention? Est-ce qu'en vingt ans leur situation a changé? J'aimerais pourvoir en discuter.

Nous achetons des Alfajores, pâtisserie emblématique de l'Argentine, faite de deux biscuits ronds recouverts de chocolat et fourrée de Dulce de leche ou de confiture. Ceux-ci sont à la farine de pignons, les graines des araucarias, qui étaient la base de l'alimentation mapuche.

Au retour, nous prenons en stop une jeune nutritionniste pour enfants, qui habite San Martin mais travaille à Junin. Elle est très bavarde mais j'arrive à la comprendre, peut-être parce qu'elle fait l'effort de parler lentement, ayant une belle-sœur allemande.

Nous dînons dans un restaurant à la déco surprenante: majorettes, coucous, vieilles affiches vantant les mérites du vin (ou les non-méfaits de l'alcool) et autres objets divers et variés. Ils ont une cave incroyable. Nous goûtons un Malbec qui s'appelle "mouton dans une peau de loup". Je l'ai choisi pour l'étiquette... Quelle œnologue! Au menu, cerf aux baies rouges et porc à la moutarde et au miel avec chips de patates douces. Délicieux!

Devant notre chambre, poussent un énorme séquoia et un araucaria.

Nous retournons à Bariloche sous un ciel plus couvert. On ne voit plus les montagnes. Eclairage différent sur les lacs qui sont gris et plus agités.

Nous reprenons en stop une dame sans âge mais dynamique, qui travaille dans un camping. Au moins, la voiture aura servi! Le chasse-neige est en train de déneiger les derniers miradors. Nous descendons au bord du lac dans une forêt de coihues. Nous y revoyons des ternos, oiseau typique du sud de l'Amérique qu'on a vu pour la première fois à Malargüe ainsi que d'autres, au long bec courbé et des sortes d'oies.

Des chevaux et des vaches lèchent consciencieusement la route. Il faut être prêt à freiner brutalement dans les virages! Nous nous demandons ce qu'ils peuvent bien y trouver quand Frédéric trouve probablement la réponse: le sel!

Nous traversons une rivière dont les rives ressemblent à un tableau qu'on a dans le séjour à la maison et où le vieux pont en bois a été emporté.

Nous revoyons un renard et des rapaces.

Mon appareil photo fait des siennes: il ne se referme plus spontanément lorsque j'utilise le zoom et ne fait plus la mise au point correctement en zoom max. Il faut dire que j'ai largement dépassé le nombre de photo qu'il est sensé prendre avant de tomber en rade…

A Villa la Angostura, nous allons sur une presqu'île voir des Arrayanes, arbre très rare à l'écorce cannelle. La promenade en forêt est magnifique, au milieu des coihues.

Nous ne faisons pas la grande boucle de 12 km avec retour en bateau mais allons à 2 miradors sur le lac. Les souches d'arbres ont des formes fantasmagoriques.

Un couple de rapaces fouille dans un sac plastique à la recherche de restes de nourriture. Frédéric leur enlève. Ils s'envolent dans un arbre et s'accouplent.

Pique-nique à un point de vue en compagnie d'un rapace et d'oiseaux jaunes et gris-bleu, des cometocino (littéralement: mangeurs de bacon) .

De retour à Bariloche, nous commençons par aller à la gare routière réserver nos billets de bus pour la suite. Finalement, nous irons directement à Calafate, beaucoup plus au sud. Les billets sont chers: 63€ par personne. Il n'y a plus de place pour le lendemain; nous partirons donc vendredi 3 novembre.

Profitant de la voiture, nous suivons ensuite le Circuito Chico qui fait le tour d'une autre presqu'île aux nombreux lacs (intérieurs ou appendices du plus grand). Marche dans la forêt, le long de l'eau, pour voir d'autres arrayanes. Je suis dans mon élément! Frédéric est moins fan.

Je profite de la journée de plus imposée à Bariloche pour retourner en bus sur la presqu'île du Circuito Chico et monter au Cerro Llao Llao (du nom d'un champignon jaune, en boule, qui pousse sur les arbres et est comestible) à 1080 m. La vue du sommet est superbe.

Je continue en faisant une boucle dans cette magnifique forêt. Les grands cassent ou se déracinent facilement. La forêt est bien entretenue, les chemins dégagés, mais les troncs sont toujours laissés sur place de façon à respecter le cycle de la vie. Les lichens me plaisent beaucoup.

Côté fleurs, il y a des berberis à fleurs orange, des genets, des parasites rouges et jaunes, des merisiers mais pas de lupins violets. Ces derniers m'avaient émerveillée lors de notre premier voyage car il y en avait partout le long des routes et je n'en connaissais que dans les jardins des Alpes.

De petits bambous poussent sous les grands arbres.

Je remonte par l'hôtel historique Lloa-Lloa et son golf qu'apprécient les oiseaux. Vue sur une jolie église en bois. Les oiseaux apprécient le green. J'ai lu que les bandurria sont menacés de disparition.

terno et bandurria 

Ces 5 heures de marche m'ont fait du bien. Depuis qu'on est en Argentine, on marche peu, on mange comme quatre et je bois du vin en plus de la bière!

Pour finir, éclairage à contre-jour sur le lac. Je descends du bus 1 km avant Bariloche pour ne pas rater la photo!

C'est parti pour 27 heures de bus. Départ à midi, arrivée prévue le lendemain à 15 heures. Nous n'avons pas trouvé de logement à El Calafate. On verra sur place mais ça va être chaud.

Il fait un temps magnifique. Les cent premiers kilomètres sont très beaux. On longe des lacs sous des montagnes enneigées et traverse des torrents. A plusieurs reprises, de grands espaces forestiers sont brûlés.

Puis c'est la pampa, monotone, bordée de collines. Les villes, peu nombreuses, sont assez mornes. Des films sont projetés mais la bande son est toujours la même: mitraillettes, pneus qui crissent, cris, voitures qui explosent, halètements...J'en profite pour lire l'histoire d'un bébé volé pendant la dictature argentine. Les femmes opposantes qui accouchaient en prison étaient tuées et leur bébé donné à des "huiles". Le candidat à la présidence, Milei, nie d'ailleurs l'existence d'une grande partie de ces crimes, les réduisant à 3000 personnes tuées!

Arrêt éclair dans une station service pour le dîner.

On essaye de dormir comme on peut entre le bruit du film (une sorte de Jurassic Parc cette fois-ci) et le chauffage mis à fond au niveau des pieds d'où gonflement et jambes impatientes. Les sièges sont confortables, larges et inclinables.

Pas d'arrêt pour un café...Vers 9h00 du matin, la route se transforme en piste. Nous ne devons pas avancer à plus de 30 km/heure. Des canards nous dépassent…

Nous voyons nandous et guanacos. De nombreuses carcasses sont coincées dans les clôtures qui délimitent les immenses domaines. Les jeunes se coincent dans les barbelés en voulant sauter les barrières. C'est morbide. Le guide à la Pajunia nous avait dit que sur dix bébés guanacos, deux seulement atteindront l'âge de se reproduire. Plus tard, à El Calafate, une guide nous dira que ces clôtures ne sont pas "animals friendly". C'est le moins qu'on puisse dire!

Dans les mares, oies des Andes et canards sont nombreux, avec même quelques flamants roses.

C'est reparti pour les bandes-son de films d'action tout en finesse… D'un autre côté, en Bolivie, ils avaient passé "Monsieur président" avec Jean Dujardin. Je m'étais demandé en quoi ça pouvait intéresser les Boliviens!

La piste n'en finit pas, dans un paysage monotone. C'est au tour de Frédéric de lire. J'avance le texte du blog.

Nous longeons le lac Viedma, d'un bleu opalescent, avant d'arriver à El Chalten. ce village attire les foules pour le Fitz Roy, magnifique pain de sucre granitique. Nous avions hésité à faire halte là mais la météo n'était pas bonne. Effectivement, les montagnes sont complètement dans les nuages.

Juste le temps d'acheter 2 bières à 3 fois le prix normal à la gare de bus que nous repartons. Nous longeons à nouveau le lac, puis un torrent de même couleur surmonté de montagnes striées du plus bel effet.

Comme toujours en Patagonie, les nuages sont magnifiques. S'y associent des rideaux de pluie. Puis nous longeons le lac Argentina, bleu turquoise. Ces deux lacs tiennent leur couleur du fait que ce sont des lacs glaciaires. Les particules râpées par le glacier, la farine glaciaire, réfractent la lumière.

Nous finissons par arriver à El Calafate après… 29H et 30 min. Je crois que c'est notre record. Les hôtels sont soit pleins soit plus chers que marqué sur Booking. Toujours ce fichu taux de change variable. Nous trouvons une chambre correcte sans plus dans une auberge de jeunesse à 30 000 pesos. Je n'ai pas envie de dormir en dortoir pendant 3 nuits. En plus, le change est nettement moins favorable qu'avant pour deux raisons: tout est plus cher quand on descend dans le sud et l'euro a baissé. Résultat, 100 euros ne font plus 1000 pesos mais 850. sacrée différence! Là encore, Western Union ne délivre que des quantités limitées de cash.

La charmante réceptionniste, originaire de Salta, nous propose de faire l'excursion avec guide demain au Perito Moreno en échange de la troisième nuit offerte. Banco. Sur son conseil, dîner parilla / buffet à volonté sur le modèle chinois; Après 3 repas sautés, ça nous convient parfaitement. Réveil à 6H45. Après la nuit en bus, j'ai un mal fou à émerger. Frédéric en fait les frais et n'apprécie pas. Café avalé en vitesse pour finalement attendre 30 min le bus. C'est un drôle de véhicule recyclé. Le principe est de voir un peu les environs, avec une guide, avant d'arriver au glacier. Nous avons une chance folle avec le temps: grand beau! Nous longeons le lac Argentino surmonté de montagnes enneigées, puis le bras mort du brazo Rico. Le premier est bleu, le second gris/ beige.

On peut voir de multiples oiseaux : ternos, oies, mouettes, nandous, flamants, condors… Des vaches, des chevaux et des moutons paissent dans ces territoires immenses. Nous passons devant une estancia du 19° siècle, nous arrêtons au mémorial des 1500 ouvriers de la laine fusillés lors de la révolte des années 1920-1921, quand le cours de la laine s'est effondré après la première guerre mondiale et qu'ils ont osé réclamer des conditions de vie décentes…

Arrêt toilettes/café/photo dans une estancia tenue par Esteban, d'origine basque. Un couples de français y fait une semaine de volontariat. De nombreux objets anciens sont exposés ainsi que des pastels de chevaux.

Entrée dans le parc. Nous longeons le "brazo Sur", un bras du lac Argentino qui ne se vidange dans le grand lac qu'un niveau du Perito Moreno. La farine glaciaire y stagne d'avantage et il est gris-brun.

Ce bras "mort" du lago argentin peut monter de 23 m lorsque le glacier fait verrou avec la péninsule de roc et bouche son déversoir vers le lac principal. Il en résulte une zone sans arbre. Les vents viennent toujours de l'ouest, soit du glacier et sont froids et secs. Mais le long du lac, l'air est plus humide et la végétation plus dense.

Premier point de vue sur le glacier. C'est vraiment saisissant. Comme à beaucoup d'endroits, surtout depuis Bariloche, un panneau revendique le fait que les îles malouines sont argentines (et non pas britanniques), en soulignant la distance qui les sépare du panneau. .

Petite marche au milieu des lengas, des calafate (sortes de myrtilles, actuellement en fleurs orange), autres myrtilles roses ou blanches (comme en Equateur) et des ciruelillos à fleurs rouges. Ces arbustes m'avaient marqué par leur beauté. Ils commencent tout juste à fleurir. Les lengas sont orange à l'automne; ça doit être magnifique!

ciruelillos, lengas et calafate en fleurs 

Nous longeons le bord du lac et voyons nos premiers petits icebergs. pour rappel, les icebergs proviennent de la chute de séracs de glaciers et sont donc constitués d'eau douce. Seuls 10% de leur volume est émergé.

Nous nous garons enfin et le voilà, aussi beau que dans notre souvenir. C'était mon rêve lors de notre premier long voyage et Frédéric en a gardé un souvenir très fort.

Le site est très bien aménagé avec différents circuits sur des passerelles. Il y a beaucoup, beaucoup de monde en haute saison (qui commence dans quelques jours) et ils font tout pour préserver l'environnement: on ne peut fumer et aller aux WC qu'à l'entrée, on doit rapporter ses déchets à El Calafate. Nous avons deux heures pour parcourir une partie des passerelles. Les photos en disent plus qu'un long discours.

Après le glacier, vue sur le lago Argentino environné de montagnes enneigées. De petits icebergs s'échappent.

Nous ratons la chute d'un grand sérac mais assistons au plongeon puis réapparition progressive de l'iceberg bleu qui en résulte.

Un condor nous survole d'assez près. Là encore, je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu ailleurs qu'au Pérou la première fois. Mais peut-être que je sais simplement mieux les reconnaître.

Mon appareil photo "foire" de plus en plus. Pourvu qu'il ne me lâche pas complètement!

Pique-nique à l'un des miradors. C'est magique. Pour une fois, je n'ai aucune envie d'aller au restaurant. Il fait chaud au soleil et à l'abri du vent mais la température chute radicalement dés qu'on est à l'ombre ou que le soleil se cache. Je passe mon temps à mettre et enlever ma doudoune.

Les icebergs ont des formes très différentes. Certains ressemblent à de la pierre ponce (ou à une éponge...). Ils ont parfois une belle couleur bleue. La roche de la presqu'île est striée par le frottement de la glace.

Nous demandons à quelqu'un de nous prendre en photo pour imiter la photo de nous cinq prise il y a 20 ans et que nous adorons.

On voit à quel point le glacier a rétréci sur les côtés!

Nous faisons ensuite une balade en bateau pour nous approcher (pas trop) des séracs. Nous allons voir le côté sud alors qu'avant c'était le côté nord. Le Perito Moreno ne recule pas comme la plupart des glaciers, mais il rétrécit sur les côtés.

La partie émergée fait 40 m de haut sur les côtés et 70 m au centre, là où il bute contre une presqu'île de pierre. La guide nous explique que jusqu'à présent le fond du glacier touche la pierre, mais que s'il se mettait à flotter du fait d'une fonte trop importante par en-dessous, il casserait et se mettrait alors à reculer.

La vue sur les séracs par en-dessous, est très différente. Il y a de magnifiques effets de bleu. Certains penchent et touchent leur voisin. pas de chute spectaculaire pendant notre passage, juste une grotte qui se creuse un peu plus.

Retour à l'embarcadère. Des personnes s'essaient à la marche sur glacier.

Puis route vers l'hôtel. Le vent fait voler la poussière au bord du lac.

Bon dîner mais avec une très longue attente dans un restaurant où est venu le président. Sa statue de cire nous tient compagnie à la table voisine. Ça fait bizarre.

Nous voudrions faire une "croisière" à bord d'un ferry au Chili, pour voir les lacs et les glaciers le long de la carretera australe; mais nous n'arrivons pas à les joindre. Nous savons seulement que le prochain départ de Puerto natales (joignable en bus depuis El calafate) est le 11 novembre, soit dans 6 jours. Nous décidons d'aller quand même à Puerto Natales, point de départ pour les Torres del Paine, et donc hors de prix en espérant que ça marchera.

Il nous reste une journée à El Calafate. Nous hésitons entre louer une moto et retourner voir le glacier. Comme il n'y a pas beaucoup de routes et que Frédéric n'est pas emballé à l'idée de refaire la route pour El Chalten, nous retournons voir le glacier. Il mérite bien deux journées de visite!

Dans le bus, nous rencontrons une famille de Français avec 4 enfants, en tour du monde pour 1 an. La plus jeune a 7 ans. Nous prenons notre temps pour faire les différents circuits. De gros séracs sont tombés depuis hier.

en bas, notre sérac bleu d'hier, pris avec les autres 

Les petits morceaux de glace se regroupent au niveau de la presqu'île. Leur limite forme un arc parfait. Ils s'entrechoquent et ça fait comme le bruit de la mer sur les galets. Les séracs se reflètent dans l'eau.

De petites chutes ont lieu souvent mais on attend la grosse!

Elle a lieu alors que nous pique-niquons à l'un des points de vue. Cela fait une onde de choc dans l'eau et un cercle qui s'agrandit progressivement de glaçons. Cela a fait des petits morceaux, pas un iceberg.

L'iceberg voisin accuse le coup: des pans entiers s'effondrent, dévoilant une glace bleue. Mais il ne se retourne pas pour autant.

C'est tellement beau, que les quatre heures dont on dispose passent très vite!

en bas à droite, comparaison avec hier 

Derniers coups d'œil avant de monter dans le bus.

A El Calafate, les ibis mandores nichent dans de gros conifères. Ils font un boucan d'enfer. Mais quelle allure!

Parilla dans un restaurant où nous patientons en bavardant avec un couple d'Italiens. Petit stress pour le check out car nous n'avons pas revu la personne qui nous avait proposé la troisième nuit offerte et il n'a rien marqué. mais ça s'arrange bien. Nous partons par un temps gris pour aller à Puerto Natales au Chili. Nous avons eu un message disant qu'il restait des places sur le ferry. Nous devrions donc pouvoir finaliser. Le paysage est extrêmement monotone. Le mot Patagonie fait rêver mais ce n'est pas toujours beau. Les moutons, quand ils ne sont pas encore tondus, ont une laine incroyablement épaisse. Ça leur donne de drôles de têtes. Les oiseaux sont innombrables. Les couples d'oies sont différents: le mâle est noir et blanc e la femelle d'un brun rouge devant et gris moucheté derrière. Tous les passagers terminent en vitesse leurs provisions, aucun produit ou végétal ne devant être au Chili. Nous terminons ce premier séjour en Argentine (nous y retournerons après le Chili) par la ville minière de Rio Turbio. Les lieux sont sinistres!

Pour terminer sur une note plus gaie, les Argentins emploient le mot "Chicos" (les gars) pour s'adresser à tout groupe, quelque soit l'âge respectif des gens. C'est assez drôle. Sortie du territoire sans encombre. Ils ne mettent effectivement plus de tampon sur les passeports, tout est informatisé.

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Cinquième frontière.

Nous passons la douane assez rapidement. Passage des bagages au scanner mais pas de fouille. Ouf! nous n'avons pas à refaire les sacs. Nous arrivons rapidement à Puerto Montt où Fa réservé une chambre dans une auberge. Les maisons sont petites, colorées, faites majoritairement de bois ou de tôle. La propriétaire nous accueille très gentiment. Nous partons en premier réserver nos places sur le Ferry. Là encore très bon accueil. C'est vraiment cher mais ça semble valoir le coup. Il n'y a pas d'autre moyen de voir les fjords de cette partie du Chili. Ah si, les croisières du Ponant… si on a les moyens! Mais aucune de nos cartes bancaires (sur 3 banques différentes) ne passe. heureusement, le site internet qui ne fonctionnait pas pour nous permet le paiement. Ouf! Nous nous baladons dans la ville. Nous longeons le bras de mer (en fait d'océan Pacifique mais ça fait bizarre de dire "bras d'océan") où nagent des cygnes à tête noire.

Il fait gris et froid avec beaucoup de vent. Un temps local, quoi. C'est le point le plus au sud de notre voyage. 56° de latitude sud. Les autres continents n'ont pas de terre à ce niveau (à part de petites îles), mis à part l'Antarctique évidemment! Pourtant, au nord, c'est simplement la latitude de l'Irlande. La ville a un nombre impressionnant d'hôtels, agences de voyage et restaurants. C'est l'élevage qui est la première ressource des lieux (le mouton en particulier), puis la pêche artisanale puis le tourisme. les maisons sont en bois ou en tôle, souvent colorées. Comme en Argentine, il y a beaucoup de chiens, souvent de belle taille. Mais ici, ils ont des niches dehors, devant les maisons.


Nous réservons deux excursions pour les jours à venir. Nous préférons le faire à l'hôtel mais la dame ne prend pas la carte bancaire et les distributeurs prennent 4% de frais. Nous finissons par lui faire un virement sur son compte perso (la carte Revolut ne fait pas de virement sur les comptes professionnels et Fortuneo n'en fait pas sur le Chili, allez savoir pourquoi).Jour off le lendemain. Nous déambulons un bon moment. Une boutique d'artisanat Tehuelche a de jolies choses, en particulier des poteries, hors de prix. Déjeuner à la coopérative des mineurs. Le patron du restaurant en était peut-être un. Puis rentrons à l'hôtel pour réserver les transports de la suite du voyage. On voudrait aller de Puerto Montt au lac du général Carrera mais ce n'est pas simple. On n'avance pas sauf pour la nuit à Puerto Montt à la descente du ferry, c'est déjà ça. La météo est bonne pour demain, on croise les doigts. Au départ, je ne voulais même pas revenir au Torres del Paine car tout est très cher et la dernière fois, les montagnes sont restées dans les nuages durant tout notre séjour! Ce jeudi 9, il fait effectivement beau. Nous partons pour une journée de marche afin d'aller à un lac à la base des fameuses tours. "Paine" veut dire "bleu" en Tehuelche, car le granit prend parfois une teinte bleutée. A 70 $ l'excursion + 35 $ l'entrée du parc, par personne, on n'est plus du tout dans le même budget que sur le reste du voyage.

Le trajet de Puerto Montt à l'entrée du parc dure environ 1H30. Après une zone d'élevage avec des estancias, le paysage devient plus sauvage.

Nous voyons de nombreux guanacos et quelques nandous. Ici, les guanacos ne se coincent pas dans les barbelés. Je "mitraille" par la vitre du minibus, au cas elles disparaitraient dans les nuages. Le temps change vite ici. On dit qu'il fait les 4 saisons en une journée. Premier point de vue à l'entrée du parc.

Nous sommes un groupe de 18, encadrés par 3 guides. Alors qu'il s'agit d'une simple rando en montagne. Et il y aura d'autres groupes, des gens seuls et les randonneurs du fameux trek du W. Et on n'est qu'en début de saison! Un des guides, Yann, est un breton (ça ne s'invente pas). Il vit depuis 6 ans dans différents pays d'Amérique latine. Il trouve qu'il pleut trop et qu'il fait froid en Bretagne. D'après lui, c'est beaucoup mieux en Patagonie! Vue sur un lac d'un beau bleu turquoise. Nous montons d'abord à un refuge, où des condors nous offrent le spectacle de leur vol lent et majestueux. L'un d'eux passe tout près. Des emplacements pour les tentes attendent les randonneurs.

Nous traversons une forêt de lengas. Ils sont vieux mais ont beaucoup de mal à pousser. Les feuilles sont très petites. Je me régale avec les formes étranges que prennent les souches.

Puis nous attaquons la moraine. la montée est rude.

Enfin, nous arrivons, après 10 km et environ 5H de marche. La récompense est incroyable: les tours, magnifiques, derrière lesquelles glissent les nuages, et au pied desquelles brille un lac bleu turquoise en partie gelé. fabuleux. J'en prends plein les yeux.

Bon, nous ne sommes pas seuls, un peu comme au lac blanc (à Argentière) au mois d'août. Je crapahute de pierre en pierre pour prendre des photos en essayant d'esquiver les gens qui se prennent sous toutes les coutures. Quel narcissisme! La pause bras écartés fait fureur cette année quelque soit le pays d'origine. Pique-nique avec un vent qui nous déséquilibre. Ces montagnes aux formes impressionnantes n'ont "que" 12 millions d'années. Elles sont plus jeunes que les Andes. Il s'est formé une sorte de gros champignon volcanique qui a ensuite été érodé par les glaciers, laissant ces pics aux formes acérées. Il y a 3 endroits comme ça: le Torres del Paine, le Massif du Fitz Roy et du cerro Torre et je n'ai pas compris le nom de l'autre… Il y a donc du granit (gris clair) datant de 12 millions d'années, surmonté d'une roche sédimentaire, noire, datant de 130 millions d'années. géologiquement fascinant.

Retour par le même chemin. Certains commencent à peiner. Nous sympathisons avec un couples de Canadiens (de l'Ontario), de notre âge.

Sur la route du retour, je me penche par la fenêtre pour photographier les tours à contre-jour. Quelle fantastique journée!

Le lendemain, la météo est moins bonne. Nous faisons l'excursion, en minibus cette fois, qui permet d'admirer différents points de vue sur le parc. Le guide est très intéressant.

Arrêts pour photographier des guanacos. Ils sautent les barrières de barbelés sans difficulté.

Nous voyons aussi des nandous.

Cette fois, les tours se distinguent à peine. Nous allons vers l'ouest. Arrêts à différents lacs dont la couleur change selon les heures. Quelques flamants y vivent.

Point de vue sur les Cuernos del Paine (cornes du Paine). Nous avons la chance de voir un puma. De loin certes, et il fait la sieste. Mais c'est déjà ça! Ici, ils sont nombreux car l'abondance de guanaco leur permet de bien vivre. Ils sont bien sûr protégés. Ils n'attaquent pas l'homme, à condition de ne pas courir ni leur tourner le dos.

Premier point de vue:

Arrêt à une cascade qui 'avait marqué par sa couleur bleue. Il n'y a plus de ciruelillo autour (j'ai encore en tête la photo que j'avais prise). Elle est toujours aussi belle.

De l'autre côté, point de vue sur les Cuernos (cornes).

Et un autre lac. L'accès au site peut être interdit par grand vent.

Un incendie a ravagé la forêt de lengas sur une grande surface en 2016. C'est désolant. La croissance de ces arbres est très lente du fait des conditions climatiques. Cela explique l'interdiction de fumer dans les parcs nationaux de Patagonie, en Argentine comme au Chili.

Nous tournons autour des Cuernos (de loin). Les effets de nuage ajoutent à la grandeur du paysage. Lac Peohue (caché) avec le plus ancien hôtel du parc. Les véhicules font des nuages de poussière sur la piste.

Puis nous allons au lac Grey, issu du glacier du même nom.

Le glacier a reculé d'un kilomètre en 20 ans. Nous disposons d'une malheureuse petite heure pour aller à un mirador à l'autre bout de la plage de galets. De grands icebergs bleutés flottent sur l'eau grise.

Nous longeons d'autres lacs puis nous arrêtons à la grotte du Milodon, un animal préhistorique dont la statue un peu kitsch orne l'abri sous roche. D'au-dessus, on voit jusqu'à Puerto Natales.

Pour notre dernier dîner à Puerto natales, je m'offre du mouton à la cruz (grillé au feu de bois), élevé au grand air, sans antibiotique comme a dit le guide.

Nos embarquons à 22H sur le ferry pour un départ à l'aube. Cabine classique. A quatre, on serait serrés. Bonne nuit. J'entends et surtout ressent quand le moteur se met en marche et que le bateau démarre. Mais je suis trop bien dans ma couchette et n'ai pas le courage de me lever…

Nous prenons le petit déjeuner et je suis encore en tongs quand l'équipage annonce que nous allons passer passer par un canal particulièrement étroit: 60 m de large, alors que le ferry en fait 24...Je sors vite sur le pont. Les îles et îlots forment un labyrinthe de différents verts. De belle éclaircies créent des jeux de lumière. Il fait froid et j'ai les pieds gelés. Un Australien les prend en photo car il trouve ça fou!

Les îles couvertes d'arbres ou en granit nu et les sommets enneigés un peu plus loin se succèdent. Des rideaux de pluie apparaissent au loin ou passent sur nous. Le temps change très rapidement.

Nous avons droit à un cours de yoga. Ça fait du bien de reprendre même si la notion d'échauffement avant les postures laisse à désirer.

Nous regardons un documentaire sur les indiens du sud de la Patagonie chilienne. Ceux de notre génération sont à nouveaux fiers de leurs origines et cherchent à tout prix à perpétuer la mémoire de leur peuple, de tradition orale, avec les quelques anciens encore vivants. Ceux des générations précédentes ont été humiliés et ont du mal à redevenir fiers de ce qu'ils sont. Le côté écologique est aussi bien sûr évoqué. Les nombreuses fermes d'élevage de saumon sont une catastrophe. En plus, ceux qui s'en échappent risquent de déséquilibrer l'écosystème local car les saumons n'existaient pas dans l'hémisphère sud. Je regrette d'en avoir mangé deux jours avant… Très instructif même s'il faut arriver à suivre les dialogues en Espagnol sous-titrés en Anglais, ou l'inverse quand les indiens parlent leur langue.

Coucher de soleil splendide.

Jeu de Bingo. C'est plutôt amusant.

Nous sommes une majorité de Français parmi les passagers. C'est étonnant, mais la croisière est dans le petit futé. Avant, d'après le capitaine, les Néerlandais étaient majoritaires. Il y a aussi les chauffeurs des poids-lourds embarqués, le bateau étant avant tout un ferry). Ils évitent ainsi tout un détour par l'Argentine, la carretera australe n'étant pas partout praticable.

Le programme du parcours est modifié par le capitaine pour causes météorologiques: au lieu de faire la partie en pleine mer de nuit dans 24 heures, nous la ferons demain, de jour. Dommage pour la vue.

A deux reprises dans la nuit, nous sommes réveillés par un fort roulis. Les WC clapotent et éclaboussent. Pourvu qu'on ne soit pas malades!

Pour profiter des quelques heures dans les fjords demain matin, j'ai demandé à Frédéric de me réveiller à 6H (si lui-même s'est réveillé spontanément), le soleil se levant a 6H18.

Mais il pleut. C'est quand même beau, avec des dégradés de gris en ombres chinoises.

Appel de la passerelle: "baleines à tribord!". Nous voyons leur souffle et leur nageoire caudale. Nous avons de la chance car elles arrivent plutôt en janvier.

Le temps s'assombrit de plus en plus. Le cours de yoga a lieu le matin car après ça bougera trop...Nous arrivons en pleine mer. Ça se met à tanguer sérieusement. De petits oiseaux, des Yucos, se réfugie sur le pont, à l'abri du vent. On croit qu'ils se sont blessés mais en fait ils repartiront dés qu'on sera de nouveau à l'abri des îles. Des fardelas (sortes de mouettes du sud) noires ou noires et blanches profitent de l'abri du bateau pour planer en rond et pêcher.

Pour le repas, on nous donne des sets anti-dérapants. Arriver à sa table avec son plateau relève de l'exploit. Le bateau gîte de tribord à bâbord (et inversement) de façon impressionnante. Les couchettes sont au 6° pont et le restaurant au 5°. Ça fait haut. Heureusement, Frédéric qui appréhendait, résiste parfaitement.

Nous regardons un documentaire sur les baleines bleues. Elles passent dans le golfe de Corcovado où nous passerons demain. Mais en Janvier…

Il n'y a vraiment rien à voir. Lecture, tri des photos… Mon livre sur les enfants volés en Argentine ("Luz ou les temps sauvages") est assez dur. Des pauses s'imposent!

C'est impressionnant de voir l'arrière des poids-lourds, enchaînés (au sens propre) au 4° pont, avec ce roulis. De temps en temps, ça cogne avec un bruit sourd. Les vagues ne me paraissent pas impressionnantes. Renseignements pris, elles font 3 mètres. Quand le temps est vraiment mauvais, elles en font 6. Ça doit être impressionnant! J'emprunte un livre sur les oiseaux du Chili afin de connaître les noms de ceux qu'on a vus.

Après le dîner, documentaire sur les pumas du parc des Torres del Paine avec de belles images.

Le roulis du bateau fait que nous sommes bercés de la tête aux pieds et non latéralement. Ça fait bizarre au début. On s'habitue aux bruit des WC.

Retour au calme, en retournant vers les canaux, vers 3H du matin. Ça fait tout bizarre de ne plus bouger! J'ai hésité à me lever à nouveau pour un éventuel lever de soleil mais ai préféré dormir. Bien m'en a pris! Il pleut toujours. J'aperçois des lions de mer. Le paysage a changé, les îles sont plus vertes, on ne voit plus de sommets enneigés (mais ils sont peut-être dans les nuages).

Frédéric renonce au yoga car il a mal au dos, faute au manque d'échauffement. Lecture (partielle car en Espagnol) d'un livre sur le PN Torres del Paine avec de très belles photos. Visite de la passerelle de commandement. Un malheureux joystick remplace la grande roue du gouvernail. Ça a moins d'allure. Radar, compas magnétique, cartes… C'est intéressant. Un téléphone sert exclusivement à prévenir quand il y a des baleines ou des dauphins!

On croise d'avantage de bateaux que les jours précédents. Autres parcs à saumon. Nous les regardons avec réprobation. Pourtant, on nous en sert à midi!

Beaux paysages, quelques éclaircies. Pas de baleines là où on aurait pu en voir (dont le fameux golf de Corcovado). Le capitaine nous a confirmé qu'on pouvait voir des baleines bleues en janvier.

Effet immédiat d'être dans le golf, ça tangue à nouveau.

Cours de danses latino. Pas de base de samba, de merengue et de bachata. je ne vais pas tout retenir mais on a passé un bon moment. J'en aurai besoin en Colombie!

Le ciel s'éclaircit et nous profitons du coucher de soleil.

Nous avons sympathisé avec un couple de Français, un jeune normand et un couple suisse en tour du monde pour un an.

Arrivée à Puerto Montt à 2H30 mais débarquement à 8H00. Ouf!

Effet de lumière sur le port.

Des lions de mer et un autre mammifère (peut-être un éléphant de mer) se prélassent sur les bouées.

Une navette nous amène au terminal de bus. Malheureusement, le seul bus qui aurait pu nous rapprocher de Coihayque, et donc des cathédrales de marbre vient de partir. Nous aurions bien partagé le voyage avec Gauthier, le jeune normand. Et la liaison El Chaiten / Coihayque n'a lieu que les mercredis et dimanches. Comme nous sommes mardi, cela nous obligerait à attendre 4 jours. Que faire? Le mauvais temps me dissuade d'aller à Pucon voir le volcan Villarica, actuellement actif.

Nous allons à l'hôtel réservé de Puerto Natales, à pied, en longeant une grande plage. Par chance, il fait beau. mais la dame ne nous laisse ni entrer, ni déposer nos bagages, ni avoir le WI-FI avant midi. Exaspérés, nos décidons de partir aujourd'hui même à Bariloche en bus, d'où nous prendrons un avion pour Buenos Aires. Puisque le centre Chili ne veut pas de nous…

Les maisons de Puerto Montt puis celles des localités traversées ensuite sont en bois, au maximum à un étage et colorées. C'est joli. A vrai dire, à Puerto Montt, il y a aussi des immeubles et même des gratte-ciel. Comme il pleut beaucoup, la végétation est dense. Les jardins sont ornés de rhododendrons, céanothes et lilas. Les ciruelillos sont des arbres et non pas des des arbustes. Après la Patagonie, ça change!

Un couple de Brésiliens voyage avec une petite fille de 9 mois, adorable. Elle est en débardeur! Même s'il fait chaud dans le bus, chaque sortie pour les douanes est glaciale.

Nous entrons dans le parc national de Puyehue. La forêt est d'abord dévastée par un incendie d'allure récente. Que c'est triste! Puis les lengas et les coihues reprennent le dessus, surmontant des bambous. C'est merveilleux. La route monte et nous nous retrouvons dans la neige. Sortie du Chili et comme dans l'autre sens, entrée en Argentine beaucoup plus loin, après passage d'un col. Le paysage est sauvage. Forêt dense et neige. Quelques étangs. C'est très sauvage.

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A l'entrée en Argentine, un de nos compagnons, Américain, qui a des flacons d'Insuline non étiquetés manque d'avoir des problèmes car il n'a pas de certificat médical attestant de sa maladie. Mais ça se règle rapidement.

Nous arrivons à Bariloche par un temps froid et couvert. C'est bizarre mais nous n'avons pas le mal de terre après ces 4 jours de bateau avec fort roulis. Nous voulions aller au même hôtel que la dernière fois mais ils n'ont pas de place pour cette nuit. Ils se démènent pour nous trouver un chambre, au double du pris mais assez jolie. par contre l'accueil n'a rien à voir: pas de clés tant qu'on n'a pas payé, horaire du petite déjeuner à définir la veille… Heureusement qu'on n'y passera qu'une nuit avant de retourner dans l'autre, moins beau mais bien plus accueillant.

On se sent chez nous maintenant à Bariloche. Frédéric cherche son changeur de la dernière fois pour changer nos pesos chiliens. Il nous dit de revenir demain. Nous changeons ailleurs juste de quoi dîner. Au menu, truite, cerf et bière artisanale. C'est meilleur que sur le bateau, même si c'était très correct. Matinée tranquille dans la ville.

Déjeuner dans un très bon restaurant bobo qui n'est ouvert que le midi. Saucisse maison et viande rouge délicieuses! Mais nous ne découvrons qu'en descendant aux WC qu'ils ont une cave à vin fabuleuse. Ah ces menus sur QR code! Nous n'étions pas allés jusqu'au bout et avons accompagné la viande d'une bière et d'une limonade. Sacrilège… Nous prenons le bus (nous maîtrisons le système de la carte et des lignes à présent) pour monter au cerro Campanaria voir le point de vue. L'auto-stoppeuse orthophoniste nous l'avait conseillé et nous n'avions pas eu le temps d'en profiter. Nous voulions monter à pied mais le sentier est fermé pour cause de vent. Comme le parc de Sceaux certains week-ends. Nous montons donc en télésiège. Le soleil s'est caché et il pleut à l'arrivée.

Les panneaux explicatifs nous montrent à quoi ça ressemble par beau temps. Mais la vue est quand même très belle. Le lac Nahuel Huapi veut dire "île du puma" en Mapuche (après le Titi Caca ou rocher du puma en Aymara).

Nous retrouvons le couple Suisse du bateau. Frédéric apprivoise un rapace.

Nous descendons une partie à pied (ni vus ni connus) mais le chemin est moyen et nous voulons profiter de la vue de la descente en télésiège. Le personnel arrête carrément ce dernier pour que les gens puissent se prendre en photo et que les gens âgés montent et descendent "en toute sécurité".

Nous marchons un peu sur la route avant de reprendre le bus.

Résultat, nous arrivons trop tard pour récupérer notre linge à la lavanderia. Nous déambulons dans la ville pour trouver notre excursion du lendemain au cerro Tronador. J'en ai un bon souvenir d'il y a 20 ans. L'hôtelier accepte de s'occuper de la récupération de notre linge car nous partirons trop tôt et reviendrons trop tard. Sympa! Cette équipe est vraiment top à part un femme très tatillonne. Départ en minibus. Nous sommes 8 C'est cool. La guide est jolie (d'origine indienne), compréhensible et intéressante. Nous commençons par la route prise pour aller à El Calafate qui longe un lac.

Puis bifurquons sur une piste pour aller voir une cascade qui donne beaucoup à cette saison. La forêt de coihues et de nires est magnifique. Les lupins sont en boutons, dommage. Les genêts ont été importés, ainsi que la rose musquée. Il pleut mais nous avons prévus les vêtements imperméables.

L'eau est d'un bleu-vert magnifique et la chute impressionnante. La cascade s'appelle de "los alerces" du nom d'un conifère, le plus haut de Patagonie, qui peut vivre 4 000 ans. Trois poussent à proximité, d'où le nom. Des passerelles en bois permettent de bien profiter du lieu.

On se réchauffe à la confiteria avec un bon café. Un magnifique araucaria pousse à l'entrée.

Nous longeons un lac avec une ile en forme de cœur (vue du sommet de la montagne en face). Pique-nique en s'abritant de la pluie comme on peut dans un plaine qui a été belle (pampa linda ) mais qui abrite actuellement un camping et n'a aucun intérêt sauf de pouvoir manger dans une auberge en faisant la queue. On en profite pour regarder les oiseaux.

Puis nous allons voir le cerro Tronador, volcan de 3 478 m, à la frontière entre le Chili et l'Argentine, qui s'est éteint quand l'Osorno et le Villarica (toujours actif actuellement) sont sortis de terre. Le volcan est dans les nuages mais le glacier noir et le lac vert à sa base sont toujours aussi beaux. Le glacier est foré par la chute des séracs des glaciers supérieurs. Il est noirci par les pierres qui tombent dessus. Le nom de "Tronador" vient du bruit que font les séracs du glacier supérieur en tombant.

Cependant, le glacier a énormément reculé en 20 ans et il n'y a plus beaucoup d'icebergs. Et il pleut toujours! Nous ne verrons pas le volcan.

Retour à l'hôtel. Dîner d'une fondue à la bière accompagnée comme une raclette chez nous. Nous nous régalons mais ne finissons pas la part pour une personne!

Vendredi 17/11. Nous prenons l'avion pour Buenos Aires. Encore une fois, le rapport qualité-prix par rapport au bus défie toute concurrence. On nous oblige encore à mettre les housses des sacs. Au moins, nous ne les trimballons pas pour rien. Bel arc en ciel pour saluer notre départ. Adieu la neige et le froid!

A Buenos Aires, il fait beau et chaud. Cette ville est à 1° de latitude plus au sud que Sydney. Nous n'arrivons pas à prendre de taxi faute de pouvoir télécharger le QR code (WI-FI saturé). Finalement ça tombe bien car on peut prendre le bus avec la carte de Bariloche! Quiproquo sur l'adresse entre l'hôtel qu'on a voulu réserver et un foyer (ou syndicat) pour jeunes travailleurs. Ils nous donnent l'adresse de l'hôtel qui n'a finalement plus de place (ou qui n'aime pas nos sacs à dos). On nous indique un hôtel qui s'avère être à 300 $ la nuit mais en chemin nous en trouvons un à 55 $ qui nous convient parfaitement. Le plaisir d'une grande chambre avec une grande salle de bains et même une baignoire. Un clim réglée sur 25° (les chambres étaient surchauffées dans le grand sud). Ça fait du bien de temps en temps! Déjeuner de viande en terrasse. Tout à coup un grand allemand se met à courir pieds nus en criant. On lui a volé son appareil photo et sa femme garde ses tongs. la police est partout, prête à intervenir. Des vendeurs de chaussettes nous interpellent sans arrêt, avec plus ou moins d'humour, pendant le repas. On est dans une grande ville et la crise financière est sévère. Des gens de tous âges et des deux sexes dorment dans la rue. Ballade sur les quais par un temps gris. Les docks ont été réhabilités en cafés. Un pont a été construit entièrement à partir de plastic recyclé. Puis nous allons dans les rues piétonnes. Des galeries style galeries Lafayette ont déjà les décorations de Noël. Les gens s'y photographient en famille. Frédéric va faire du change mais le type l'entraine loin, dans un o sous-sol, pendant que je l'attend. moment d'inquiétude pour nous deux mais il n'y avait pas de lézard.

Dîner dans un bar LGBT. Le spectacle est à la table voisine… Le serveur est adorable et plutôt mignon.

Les moustiques sont là! On s'en était bien passé depuis plusieurs semaines!

Le lendemain il fait beau. Balade dans le quartier San Telmo où un marché artisanal s'est installé.

Nous traversons un parc.

Puis nous passons devant Le stade des Boca Juniors s'y trouve. Malheureusement, il n'y a pas de matche cette semaine car les sélections pour le mondial ont commencé. L'Argentine va jouer mardi au Brésil. Grosse déception pour Frédéric. Vincent n'avait déjà pas pu réaliser son rêve il y a 20 ans. On doit nous avoir jeté un sort.

Nous arrivons à la Boca, quartier bohême et coloré, très touristiques et temple du football. Messi et Maradona sont partout.

Déjeuner en terrasse en admirant un couple de danseurs de tango et de malambo.

Dernier point de vue sur la Boca et le port.

Puis nous allons en bus au quartier de la Recoletta pour visiter le cimetière (aussi célèbre que le Père Lachaise). mais l'entrée est payante et on ne peut payer que par carte. Or nous n'avions pas trouvé prudent de les prendre pour aller à la Boca. Tant pis. On se rattrape avec un autre marché artisanal, beaucoup plus grand. Réconfort en mangeant une glace chez Rapanui. Un régal, et boules beaucoup plus généreuses que chez Bertillon! Frédéric me fait une belle surprise pour le dîner: il a vu sur Polar Step que Léa et Thomas (avec qui nous avions passé plusieurs jours à Sajama en Bolivie) étaient à Buenos Aires et a organisé un dîner ensemble.

Nous nous racontons nos expériences. Eux vont descendre dans le sud, via Puerto Madryn pour voir les baleines. C'est vraiment chouette de se retrouver! Nous dînons dans un restaurant vénézuélien, très sympa et délicieux. C'est l'occasion de goûter une autre cuisine. On nous sert la bière en cachette car demain c'est le deuxième tour des élections et il est interdit de vendre de l'alcool.

Nous avons décidé de passer trois jours en Uruguay. La ville de Colonia est à 50 km de bateau de Buenos Aires. Nous ne réservons pas nos billets sur internet à cause de cette foutue histoire de change car nous avons peur de payer le prix fort avec le change officiel. Mauvaise idée! Lorsque nous arrivons arrivons à l'embarcadère, à 4 km de l'hôtel, il n'y a plus de place pour le ferry de 10H30. L'excursion est très prisée des Portenos (habitants de Buenos Aires) qui profitent des plages et du Duty Free du bateau .Nous repartons dans l'autre sens, à 6 km pour l'embarcadère de l'autre compagnie. J'en profite pour prendre des photos des quais et du pont de la Mujer. Trois trois mats sont à quai. Nous retrouvons les cormorans.

Les bateaux de cette compagnie sont plus rapides, il y a de la place pour 12H30. Ouf! mais on paye le prix fort: 300 euros l'aller-retour pour nous deux. Tant pis. passage de la police des frontières. Puis on nous annonce que le bateau aura 1H30 de retard. Je rage. C'est cher et on n'aura pas beaucoup de temps sur place... Les Argentins voyagent avec leur sac en cuir rigide contenant leur pot (on peut en faire de véritables collections comme pour les mugs) plein d'herbes à infusion, leur bombilla (sorte de paille en métal qu'il se passent sans hésiter) et le thermos d'eau chaude pour le maté qu'ils sirotent toute la journée.

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URUGUAY: 19 novembre - 21 novembre

A peine débarqués (après une longue queue pour descendre et passer les sacs au scanner), ,nous prenons le bus pour Montevideo, la capitale. Pas le temps de déjeuner à Colonia. 2H30 de route. Me paysage est plat, la route bordée de palmiers. La région est agricole: champs et prés où paissent bovins, moutons et chevaux. Arrivée à Montevideo. La gare routière n'est pas celle que j'avais repéré et nous devons marcher un peu plus de 4 km pour rejoindre l'hôtel par une grosse avenue. Heureusement, nous avons laissé les gros sacs à l'hôtel de Buenos Aires. A deux reprises, j'aperçois un ciel orangé au bout de la rue. Dire que je rate un coucher de soleil pareil! L'hôtel est une maison coloniale avec une hauteur de plafond incroyable. Il est tenu par des jeunes sympathiques qui y habitent. Ambiance auberge de jeunesse. Un seul restaurant est ouvert dans le coin le dimanche soir. Accueil très sympa. Orgie de steak, rognons et ris de veau (nous n'avons pas déjeuné) arrosés de bière.

C'est Milei qui a été élu en Argentine. Ça craint! Lorsque nous achetons un café et des croissants dans une boulangerie le lendemain, le patron nous en parle. Il est inquiet. Balade dans la vieille ville. Les monument les plus anciens sont du 19° siècle!

Les rues piétonnes sont agréables. Il y a beaucoup de théâtres. Les musées ont des horaires d'ouverture décourageants. On ne voit pas d'habitants natifs, sauf sur les fresques. L'ancien marché aux poissons a été transformé en grande halle pleine de restaurants.

Nous louons des vélos pour la journée. Le code des cadenas est 1984. Je dis "comme le livre?". Le loueur, d'une bonne cinquantaine d'années, me répond "Oui, Big Brother". Je lui dis en plaisantant à moitié que ça risque d'être comme ça avec Milei. Et là il change complètement de visage et me dit qu'il ne faut pas parler de ça que c'est dangereux. Je lui réponds avec étonnement, que ça me paraît évident en Argentine, mais que là on est en Uruguay. Où est le problème? Il me répond qu'ils sont très proches… Est-ce que sa famille a émigré sous la dictature militaire? Tout à coup, je touche du doigt ce qui couve sous le soleil et la bonne nourriture. Nous partons parcourir les 22 km le long de la côte, longeant les immeubles modernes d'un côté et le rio de la Plata et les plages de l'autre. L'eau est marron. Ce rio, large de 50 km à son origine, résulte de la jonction du rio Parana (le plus long fleuve après l'Amazone avec 4 000 km de long) et le rio Uruguay. A mon grand étonnement, il y a une mosquée.

Déjeuner dans un restaurant de pêcheurs avec du poisson blanc et des moules à l'ail. L'ambiance es très chaleureuse et l'endroit très agréable.

Au retour je me baigne. On ne voit pas ses mains à 5cm de profondeur. L'eau est fraîche mais ça fait du bien. Début de coup de chaleur au retour. Nous avons le vent de face et il fait 30°. On se rafraîchit avec un coca dans un café climatisé. Il y a un mémorial de l'holocauste (photo en bas à droite).

Nous attendons le coucher de soleil, comme beaucoup d'Uruguayens, sur la rambla.

Pas de couleur orangée ce soir mais des effets de nuages. Des cormorans pêchent près de nous.

Nous reprenons le bus le lendemain pour Colonia en rejoignant la gare routière en vélo.

Visite de la vieille ville aux rues pavées.

Le temps se couvre. La ville est déserte un après-midi de semaine. Ambiance étrange.

Nous reprenons le bateau, un catamaran cette fois-ci. Nous retournons dans "notre" hôtel où Frédéric a négocié un prix pour la chambre puis au restaurant vénézuélien. Nous avons nos petites habitudes! Léa et Thomas nous ayant indiqué un site avec des explications pour visiter la ville, nous repartons dans le centre. Nous sommes à côté du cabildo, le plus ancien monument officiel de la ville.

Visite de la cathédrale, copie de la Madeleine, où se trouve le tombeau de San Martin, "le libertador". Deux gardes se relaient toutes les deux heures. De nombreuses classes viennent en visite.

Puis traversée de la place du 25 mai (celle des "grand-mères" qui réclamaient leurs petits-enfants enlevés à leurs parents assassinés) où flotte un immense drapeau argentin, devant le palais présidentiel d'un rose surprenant. Je voulais voir le musée du bicentenaire mais il n'est ouvert que du vendredi au dimanche…

Nous prenons le métro pour aller dans le quartier Palermo. Ici, les infirmiers prennent les transports en tenue de travail. Impensable chez nous pour raisons d'hygiène!!! Des places sont réservées comme chez nous pour les femmes enceintes, les handicapés physiques et les personnes âgées mais aussi pour les autistes et les personnes souffrant de fibromyalgie. Nous longeons ici aussi une mosquée.

Ne m'étant pas renseignée avant, je rate le jardin botanique mais nous sirotons une bière à sa lisière, près de l'étang aux pédalos, sous de beaux arbres et en compagnie d'oies.

Déjeuner sous les arches de la voie ferrée dans un quartier bobo. Le cadre est très agréable.

Retour en métro dans le centre. Visite de l'institut Kirchner, bâtiment du 19° siècle à l'intérieur de béton et de verre qui abrite l'auditorium. Belle vue de la terrasse.

Devant se trouve un monument à la mémoire de Juana Azurduy, une héroïne péruvienne dans la lutte pour la liberté.

Nous reprenons le métro pour aller à la gare routière. Je n'ai pas voulu prendre trop d'avance car le quartier craint. Résultat, on se fait un coup de stress car la station de métro est bien à 500 m du terminal... Mais tout finit bien. Bus grand confort. Beau coucher de soleil dans un ciel sans nuage. Films à l'eau de rose sous-titrés. Je me serais bien passée des deux ronfleurs devant nous mais à part ça RAS. Au réveil, ciel gris et pluie. Champs et forêts alternent avec des marécages. Nous traversons d'immenses rivières d'un brun-rouge. La végétation rappelle l'Equateur, mais avec des parties de forêt tertiaire de pins ou d'eucalyptus. Certains pins, sur une parcelle entière, ont une partie de l'écorce enlevée à la base, on ne sait pas pourquoi. Plantations de maïs et de yuca. Le trajet qui devait durer 18H en dure 21 car une route est coupée. Heureusement, on a fait le plein d'empanadas. La pluie s'est arrêtée à l'arrivée. La chambre d'hôtes n'est pas si près que ça du centre. Nous croisons la famille de Français croisée au Perito Moreno. le monde de voyageurs est petit. Il fait chaud et moite. Ça faisait plus de trois mois qu'on n'avait pas eu ce climat (soit chaud, soit pluvieux, mais pas les deux). Bon accueil du propriétaire. Plaisir d'une bière fraîche. Nous allons au point qui fait la frontière entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay. C'est le confluent entre le Parana et l'Iguazu. Un beau pont à haubans enjambe le Parana. Nous longeons la berge de l'Iguazu. Un vieux bateau de croisière est en train de rouiller. Il reliait peut-être Buenos Aires car le Parana rejoint le rio Uruguay en formant le Rio de la Plata. Nous dînons d'une parilla en terrasse. Des enfants Guaranis vendent des améthystes et des arbres aux feuilles en pierres fines. Un femme Guarani chante du chant lyrique, malheureusement très mal. Nous avions vu un reportage sur des écoles de musique classique dans la forêt amazonienne. Départ pour les chutes côté argentin. Elles ont été fermées il y a quelques semaines pour raison de sécurité. Une passerelle a été balayée par les eaux. Le débit était 16 fois supérieur à la normale. Ce record n'a été battu qu'en 1983 et 2017. Nous avons de la chance, il y a un peu de soleil et il ne devrait pas pleuvoir de la journée. Le matin, il fait bon. Il y a beaucoup de monde et les preneurs de selfies bloquent le passage.

On ne peut plus aller voir la chute la plus impressionnante, la Garganta del Diablo dont la passerelle est détruite depuis plusieurs mois. Deux autres passerelles ne sont plus accessibles. L'homme est bien petit ici. On aperçoit la passerelle du côté du Brésil. Brrr!

Il n'y a plus beaucoup d'animaux à cause de la fréquentation mais on voit quand même des coatis, mignons mais dont il faut se méfier, des lézards, des iguanes, des papillons et quelques oiseaux.

Quand au spectacle des chutes, il est vraiment grandiose. L'eau est brun rouge à cause de la déforestation qui provoque l'érosion des sols. Des bateaux hors-bord s'approchent des chutes grâce à la puissance de leur moteur. Je l'avais fait avec Vincent et Marianne la dernière fois. Sacrée douche!

Nous faisons deux fois les deux circuits. L'après-midi, il y a un peu moins de monde mais les "embruns" sont beaucoup plus importants et la visibilité moindre. A cause de la chaleur?

Frédéric rentre en stop car, mal réveillée (j'ai du mal les lendemains de nuit dans le bus), je n'ai pas compris ce qu'il le disait et nous n'avons pas assez d'argent pour bayer les deux tickets de bus pour le retour. Oups! J'admire la végétation et les fourmis sur le trajet du retour. Certaines fourmis, énormes, donnent un grosse fièvre en cas de morsure (mon doigt est prudemment au-dessus).

De retour à la Casona, nous planifions notre séjour au brésil puis cherchons un bus pour Rio. Environ 28H...Les billets d'avion avec bagages en soute sont trop chers ou pas clairs. Mais il ne semble y avoir que des bus semi-cama. Dur dur! On décide qu'on verra au terminal le jour le jour-même. Ici, les rouges flamboyants ont remplacé les mauves jacarandas.

Deuxième jour du côté brésilien. Même météo. La dernière fois, on avait vu le côté argentin par grand beau temps et le côté brésilien sous la pluie. Il y a au moins autant de monde et on fait la queue pour les billets et pour prendre le bus qui mène au départ du sentier. Beau point de vue sur les chutes côté argentin.

Une presqu'île sépare les chutes, la plupart étant sur deux niveaux. Puis on longe une autre branche vers la garganta del diablo, la seule partie d'un seul tenant. On ne la devine qu'à l'écume qu'elle dégage, visible à des kilomètres à la ronde.

Les gens font la queue pour prendre des selfies. Ça râle quand certains (la majorité) exagèrent en prenant X poses. Passage sur la passerelle où l'on se fait arroser. La puissance de l'eau, tout autour de nous, donne le vertige.

De petits oiseaux style hirondelles volent au ras des cascades et nichent carrément dans la roche qui les borde , voir au milieu de l'eau quand le débit est moindre. Impressionnant!

Il faut trouver où elles sont sur la photo du milieu 

Plus haut, ce sont les vautours qui tournoient puis se font sécher.

Je ne me souvenais plus de la dernière partie où l'on est contre le bord d'une énorme chute. Regarder ces tonnes d'eau tomber est envoutant. Le bruit est assourdissant.

Cette fois aussi on fait un deuxième tour.

De chaque côté, l'homme s'est permis de construire un hôtel. Le bonbon rose (avec combi assorti) brésilien est quand même beaucoup moins horrible que l'argentin. Entre ça et les selfies...

Des gens me montrent un couple de minuscules perruches multicolores (grandes comme ma main).

Les animaux du parc 

En amont, seule la vapeur d'eau qui s'élève laisse deviner les chutes. C'est incroyable!

Retour en ville. A l'aller comme au retour, on ne passe que la douane argentine.

Goûter d'un choripan (sandwich à la saucisse grillée qui faisait envie à Frédéric) car nous n'avions pas grand chose pour le pique-nique. Dernier dîner argentin avec de la viande aux oignons.

Départ pour 24H de bus, mais on nous a prévenus que ce serait plutôt 28. Nous prenons un premier bus pour passer la frontière, en espérant qu'il restera de la place pour le grand trajet en "Leite" c'est à dire sièges grand confort (3 par rangées).

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A vrai dire, on a déjà passé la journée précédente au Brésil pour voir les chutes. Nous prenons un premier bus pour aller de Puerto Iguazu en Argentine à Foz do Iguaçu au Brésil. Iguazu signifie "eau forte" en Guarani. Au niveau de la frontière, le conducteur dit qu'il ne peut pas attendre que nous fassions les formalités et qu'il faudra prendre le prochain bus 1H plus tard. Cela ne fait pas du tout notre affaire car ça risque de grever nos chances d'avoir un billet pour Rio le jour même. Finalement, on passe vite et il nous a attendu. Au terminal, nous trouvons deux places pour un départ une heure et demie après. C'est top. Nos places sont à l'étage inférieur dans une sorte de compartiment réservé: 12 places, séparées par des rideaux. Peu de mouvement et de risque de ronflements. Grand confort! Bizarrement, on ne change pas d'heure de Santiago au Chili à Rio de Janeiro...Aucune logique géographique. Le ciel est gris et le paysage désespérément plat: des champs à perte de vue. Quelques arbres autour des maisons. Beaucoup de manguiers, quelques avocatiers, des palmiers. J'en profite pour lire. J'ai un recueil de nouvelles très intéressant qui s'intitule "je suis Rio". J'apprends beaucoup de choses sur les cariocas (habitants de Rio) dans leur diversité. Arrêts de 30 min toutes les 7h dans des restaurants routiers qui font buffet et où l'on paye au poids. Premières difficultés avec la langue: si à l'écrit, le Portugais ressemble un peu à l'espagnol, à l'oral ça n'a rien à voir! Et les gens ne parlent ni Anglais ni espagnol. Une heure avant d'arriver, le paysage devient enfin beau avec des collines vertes et un peu de soleil. Arrivée à Rio au bout de 29 heures. Nous prenons un taxi qui à l'air sympa mais qui augmente le prix à l'arrivée sous prétexte que nous avons 2 sacs à dos. Frédéric tient bon et le chauffeur cède. Notre hôtel est dans le Centro, quartier d'affaires. Il n'a aucun charme, la chambre n'a pas de fenêtre, mais il est propre et a la clim. On dirait un hôtel pour rendez-vous galants. les enfants sont interdits et il s'appelle "Encontros" (réunions). Je l'ai pourtant réservé sur Booking... Après une bonne douche, dîner sur un carrefour animé bordée de restaurants avec terrasse. Je bois ma première Caïpirinha. Un délice! Des gens dorment un peu partout dans la rue.

Le lendemain, visite du Centro: immeubles anciens et très modernes, places, ancien port. Alors que le soleil se lève à 5H30, les cafés et musées ouvrent tard.


Visite du couvent saint Antoine (mais on n'a pas accès au joli cloître arboré entrevu à travers des fenêtre grillagées) et de l'église saint François, sobre à l'extérieur mais surchargée d'or à l'intérieur.

Montée à un petit fort sur l'une des multiples collines qui composent Rio. Jolies rues en pente aux maisons colorées.

Nous longeons la baie au niveau du musée des sciences à l'architecture futuriste.

Balade sur l'ancien port décoré de street art. La série Etnias (ethnies) d'Eduardo Kobra est particulièrement belle.

Mais d'autres sont aussi belles ou drôles.

On se rafraichit au café climatisé de l'aquarium.

Puis remontons vers l'hôtel par les rues commerçantes et animées. Les magasins de décorations de Noël par 30° saturés d'humidité nous surprennent.

Nous passons devant le mémorial de la traite des esclaves édifié sur le quai où ils débarquaient.

Visite du musée d'artisanat avec une exposition sur les vêtements du carnaval.

Pause au frais à l'hôtel puis nous prenons le métro pour aller sur les plages d'Ipanema (eau mauvaise en Guarani, à cause de la lagune voisine reliée par un canal) et Copacabana. Peu de gens se baignent mais beaucoup jouent au foot-volley sur le sable.

On regarde les différents styles de corps et de tenues. Pas de sentiment d'insécurité même si on sait qu'il ne faut pas baisser la garde. Nous foulons mes célèbres pavés noirs et blancs. Je confonds le pain de sucre et les Dois Irmaos.

Nous nous arrêtons pour boire une caïpirinha pour moi et une bière pour Frédéric; Il fait une plaisanterie sur un homme en cours d'entrainement physique sur le sable. Notre voisin sourit. Nous entamons la discussion. Nadim est franco-libanais et a une société de placement immobilier originale (pour simplifier). Il vient se ressourcer à Rio quinze jours par ans tout en travaillant quand même. A 35 ans, il a aussi beaucoup voyagé. Finalement, on reste une bonne heure et demie à discuter. On passe un très bon moment mais il ne faut pas rentrer trop tard, sinon on prend vraiment des risques. Nous sortons du métro sous une pluie battante. Dîner au même endroit que la veille à un autre angle. Le foot bat son plein sur les télés et anime la place. Lever tôt pour aller prendre le train crémaillère qui monte au Christ rédempteur. Il faut réserver ses places sur internet, arriver 30 min à l'avance, avoir son passeport.... ça à l'air d'être toute une histoire. Du coup nous avons prévu de la marge. On veut prendre le bus mais le conducteur, peu aimable, nous dit que ce n'est pas la bonne direction, semble vouloir qu'on paye par carte… Bref, je préfère qu'on prenne un taxi pour ne pas prendre le risque de perdre nos places. Arrivés là-bas, une employée d'origine Togolaise, parlant bien Français, nous explique que le sommet est dans les nuages et qu'on peut reporter nos billets. Changement de programme: nous repartons à pied vers la mer pour monter au Pain de sucre, plus bas et dans la baie. Le Christ Rédempteur sort progressivement des nuages.

Il pleuviote. Nous traversons différents quartiers (une heure et demie de marche). Les ficus et d'autres arbres à gousses sont impressionnants. Des phalaenopsis poussent sur les arbres.

Près d'Urca, la colline à la base du Pain de Sucre, nous longeons un mur décoré d'azulejos représentant des bateaux ou des animaux marins.

De l'autre côté de la rue, d'imposants palais sont peints en jaunes. Nous prenons le téléphérique. Premier arrêt sur le mont Urca d'où partent les hélicoptères pour les vols touristiques.

Puis deuxième trajet pour arriver tout en haut. La gare de téléphérique n'est déjà pas très belle mais en plus une immense bâche verte défigure le sommet: une tyrolienne a été construite mais n'a pas obtenu l'autorisation officielle.... Elle devait entrer en service cet été. La vue sur la baie est époustouflante mais, sans plan, je m'y perds un peu. Le ciel gris ne correspond pas aux images que l'on connaît.

Je suis fascinée par le vol des frégates, lent et majestueux, avec leurs ailes en W. Elles volent plus haut que les urubus, vautours noirs et gris.

Les avions semblent passer au ras des immeubles et la piste d'atterrissage paraît bien courte.

Les deux monts ont été reboisés sur le mode forêt Atlantique. On s'y promène en admirant la végétation. Un panneau prévient qu'on peut croiser des serpents venimeux et qu'il faut faire attention. J'aurais aimé voir des singes mais ne les ai pas repérés. Des arbres ont des fruits étranges en forme de main. Il y a beaucoup de jaquiers avec leurs fruits qui poussent sur le tronc. Un bijoutier vend des statues d'oiseaux en pierres fines.

Nous redescendons. Au pied, la petite plage Vermelha bordée de palmiers est très jolie.

Nous longeons un petit port avec des bateaux colorés, anciens bateaux de pêche plus ou moins reconvertis dans la ballade pour le tourisme.

Déjeuner dans un joli restaurant (maison ancienne) de plats originaux. Dans le métro, comme en Argentine, les laces handicapés sont aussi réservées aux obèses et aux autistes.

Visite de la cathédrale Metropolis (ou saint Sébastien) à la sortie du métro, au milieu des immeubles très modernes de bureaux. Il s'agit d'une église à l'architecture du courant "brutaliste" (je n'en avais jamais entendu parler) en forme de cône tronqué avec 4 immenses vitraux. Je trouve qu'elle a beaucoup d'allure.

Nous aimons bien une statue de Saint de François. La crèche est en cours d'installation (je dirais même de construction).

Retour à l'hôtel. Frédéric part voir un match de foot au célèbre Macarana avec un groupe de Français rencontré sur "Français au Brésil". Grande ambiance, mais Rio, pourtant favori, perd…

Au retour, en sortant du métro avec une jeune femme du groupe, celle-ci se fait agresser au couteau par un petit groupe (3 adultes et 3 enfants) mais Frédéric arrive à les impressionner et à les faire fuir.

De mon côté, je vais voir le viaduc de Lapa où passe le tramway pour le quartier de Santa Theresa. Là encore, je me régale de street art.

Puis je vais voir le célèbre escalier Selaron, œuvre de l'artiste chilien du même nom qui l'a décoré de multiples carreaux de céramique pour rendre hommage au peuple Brésilien.

Traditionnelle caïpirinha sur les marches en écoutant un musicien de reggae.

Balade dans les rues de Santa Térésa avec vues sur la ville.

Retour par la place Cruz Vermelha suffisamment tôt pour être à l'hôtel à la tombée de la nuit (18H30).

A Rio, même dans les sites touristiques, les gens ne parlent pas plus anglais ou Espagnol, ou rarement.

Rédaction du blog en attendant le retour de Frédéric. Ouf, j'ai fini l'Argentine! Réservation du transport pour aller de Rio à Ilha grande le surlendemain.

Lever 6H30 pour retrouver Johanna, une Française vivant à Rio qui organise des excursions pour monter au sommet du Morro Dois Irmaos (mont des deux frères), au bout du quartier chic de Leblon que j'avais pris pour le pain de Sucre le premier jour. On traverse en moto-taxi la favela Vidigal pour se rendre au début du sentier. Ils vont vite sur les rues pavées en pente et en virages. On doit s'acquitter d'un droit d'entrée en nature: denrées non périssables, produits d'hygiène...Le sentier monte raide au sein d'un végétation luxuriante. Nous retrouvons à notre grand regret les mouches qui piquent, appelées "" ici. Plusieurs points de vue sur la baie et Rio.

Immeubles modernes et favelas se côtoient. Le Sheraton est entre deux favelas avec qui il partage la plage. Il n'y a pas de plages privées au Brésil. Mais les "groupes" (riches, pauvres, familles avec bébés, LGBT,...) ont chacun leur place officieuse.

Johanna repère des micos, tout petits singes à la queue et au dos rayé. Ils sont peu farouches mais se cachent dans la végétation, à l'abri du soleil.

On aperçoit aussi des varans, lézards et papillons. On entend des toucans sans les voir. Il y a foule le week-end mais en semaine c'est tranquille. Des ouvriers viennent viennent consolider la roche sur un versant à pic, en plein soleil sur le granit noirci, car celle-ci menace de s'écrouler sue la favela d'en dessous.

Vue magnifique au sommet, sous un autre angle que le Pain de Sucre. Le temps est superbe. Ça change complètement l'atmosphère. J'ai pris un guide pour qu'elle nous explique ce qu'on voit. Contrairement à d'habitude, la brume, due à l'évaporation de la pluie de la veille, diminue au cours de la matinée.

Nous redescendons et traversons à nouveau la favela. Johanna y a vécu et nous parle de la vie ici. C'est une favela "pacifiée" dans les années 2012 2014, avant la coupe du monde de foot de 2014 et les JO de 2016. Les favelas proches des beaux quartiers ont été pacifiées car cela aurait fait désordre s'il y avait eu des problèmes avec les spectateurs. Depuis les trafiquants sont revenus et s'entendent avec la police. Mais il semble que l'ambiance soit plus sereine. Ainsi, ordre est donné de laisser les touristes tranquilles, car en cas de plainte, c'e sont d'autres policiers qui interviennent, ce qui romprait la bonne entente! On voit quand même un homme avec une mitraillette et un autre avec un revolver qui dépasse de sa poche. Mais aussi des familles tranquilles, des gens qui saluent amicalement notre guide.

Là aussi, j'admire les fresques. J'aime particulièrement un escalier qui mène à une petite place où nous buvons un verre bien mérité. Il fait très chaud et nus avons beaucoup transpiré pendant l'ascension. Les gens d'ici ont une vue incroyable!

Nous entrons dans la salle de l'Eglise Universelle. Cette secte demande 10% de leur salaire aux gens, plus des offrandes s'ils ont une demande particulière (guérison, retour du conjoint…). Chaque jour de la semaine est dédié à un une intention pas franchement chrétienne (fortune…). Une fois de plus, on exploite la crédulité des plus pauvres. Au fur et à mesure qu'on descend, les commerces se font plus nombreux. Les moto-taxis sont les seuls moyens de locomotion motorisés jusqu'en haut. C'est le principal problème des favelas du nord de la ville: pas de transport interne, des passages en pente où la pluie ruisselle et des difficultés insurmontables (temps et argent) pour se rendre dans les autres quartiers pour travailler. Faute de place entre les montagnes, les appartement se construisent les uns au-dessus des autres: sur la terrasse de celui d'en dessous, l'escalier obstruant la fenêtre de celui encore en-dessous. dans certaines favelas, les appartement débordant sur la rue forment ainsi des passages souterrains. Un pan de montagne est bétonné. de fortes pluies on entrainé un glissement de terrain qui a tout détruit sur son passage. Déjeuner de pastels à la viande en buvant du jus de canne à sucre.

Nous allons ensuite prendre le train rouge à crémaillère pour monter au sur le Corcovado (le mont bossu) voir le Christ Rédempteur et la vue. Le train serpente à travers la forêt.

Le temps est toujours magnifique. Maintenant , je me repère! On aura vu la baie de trois endroits différents.

La statue est impressionnante. A contrejour, le soleil fait une auréole au Christ. Il y a un petit oratoire en-dessous où une messe est célébrée chaque jour. Frédéric copie le selfie culte.

Nous redescendons et marchons 1H30 pour rejoindre la plage de Copacabana pour dîner. Il faut passer par un tunnel sous la colline.

Au petit-déjeuner, nous goûtons LA spécialité brésilienne: l'Açai. Entre le sorbet et le smoothie, cette douceur est faite à partir des fruits d'un palmier et accompagnée de bananes, granola ou autres. Ce fruit est sensé avoir toutes les vertus. Une fois cueilli, il ressemble un peu à la myrtille. Le goût s'en rapproche d'ailleurs, ou du raisin. Des travestis viennent finit leur nuit, probablement beaucoup plus agitée que la nôtre, et je pense à la chanson d'Aznavour…

Le transport pour Ilha Grande est bien huilé: le minibus passe nous prendre pour 2H de route en traversant le nord de Rio. On voit les effets de la marée au fond de la baie. De grands hérons blancs y cherchent leur pitance. Puis nous longeons la Costa verde, montagnes en bord de mer couvertes de forêt atlantique. Des zébus paissent les hautes herbes. Court trajet en hors bord pour rejoindre l'île. Dépaysement total. Il n'y a pas de voitures, juste quelques véhicules utilitaires. La petite ville du port est très touristique avec posadas (auberges), restaurants, petites boutiques, agence de voyage pour balades en bateau…

Nous prenons une chambre dans une posada décorée à l'indonésienne (mobilier et statues ont été importés par le propriétaire qui habite Rio). Ce n'est pas local mais très joli.

le même varan que sur notre cheminée, en beaucoup plus gros! 

Dîner de poisson aux bananes. C'est bon mais le poisson est un peu fort (il s'appelle Dorada mais est servi en grosses darnes) et le plat est tellement copieux qu'on en laisse un bon tiers. La principale activité au restaurant est de regarder passer les gens, regarder les tenues, les tatouages, les corps...Au Brésil comme en Argentine, tout le monde arbore de multiples tatouages. Excellent petit-déjeuner puis randonnée de 9 km en passant un col à 360m (par définition on part du niveau de la mer) dans la forêt pour rejoindre un plage. Frédéric est mordu par une fourmi. Douleur intense. On entend beaucoup d'oiseaux mais on les voit rarement. Un rongeur (peut-être un Koati) disparaît dans les herbes. J'apprécie de marcher sur une ancienne route et de voir où l'on met les pieds.

Un magnifique petit oiseau rouge se laisse furtivement voir. La végétation est incroyable: bambous immenses, fougères arborescentes, bananiers sauvages, et multiples arbres que je ne connais pas. Un petit sanctuaire à la vierge et un point de vue sur la baie ponctuent le trajet.

Au col, il y a un peu de vent et ça rafraîchit. D'énormes blocs forment le lit de la rivière.

Nous arrivons à la plage. Elle est presque déserte. A cet endroit a été construite un prison pour prisonniers politiques, détruite en 1995. Il reste des maisons colorées et de grands arbres d'où pendent des lichens. Deux rivières se jettent dans la mer à ce niveau.

Nous jouons dans les vagues. Pas question de nager trop loin car le courant emmène au large. L'eau est très bonne et cristalline. Déjeuner de poisson grillé, riz, haricots rouges près de la plage. On retrouve les ternos qui, ici, s'appellent Keros.

Puis retour au village. D'énormes fourmis ailées de la taille d'une phalange s'accouplent dans l'herbe. Un pêcheur répare ses filets. Passage par la mangrove.

On aperçoit un crabe bleu de la taille de ma main. Mais l'appareil photo qui semblait remarcher (j'espérais que c'était un problème de poussière) refait des siennes depuis le Corcovado et je rate la photo: le temps qu'il s'ouvre, le crabe s'est réfugié dans un tronc creux.

Petit arrêt dans une piscine naturelle créée par la rivière. L'eau fraîche fait du bien aux jambes. Termitières et nids de fourmis ailées s'accrochent aux arbres et rochers. Certaines pierres font penser à des œufs de dinosaures. Les nuages sont toujours accrochés à la montagne.

A l'hôtel je fais un peu de lessive. Nous réservons une excursion en bateau pour faire du snorkeling (palmes, masque et tuba) autour de l'île. Frédéric négocie âprement. Bonne nuit sous le ventilateur (je n'aime pas le bruit de la clim). Nous louons masques, tubas et palmes et montons dans le bateau. Nous sommes 10 touristes, dont 1 Français, Jules, qui en 1 mois et demi au Brésil a appris le Portugais, et 3 jeunes Chiliennes.

Le batelier a emmené sa femme et sa fille d'une dizaine d'années. Nous longeons la côte sud de l'île. Les plages et la végétation dense se suivent. Quelques loges.

Puis une plateforme pétrolière et un énorme paquebot battant pavillon panaméen. Ça change le décor.

Les montagnes de la côte sont dans les nuages. On aperçoit parfois un haut sommet.

Premier arrêt dans une grotte. On descend par une échelle de corde et de bois entre deux lames de rocher sur une vingtaine de mètre. L'espace est très étroit, ce que Frédéric déteste. En bas, l'eau de mer affleure. A chaque ressac, la lumière crée des phosphorescences turquoises. C'est ravisant. Avec le masque, on voit des poissons venus profiter du mélange eau douce/ eau de mer. On doit pouvoir passer de l'autre côté.

Nous nous arrêtons ensuite au lagon vert pour regarder les poissons. J'aime la nurserie de petits poissons rayés jaunes et noirs de la taille d'un ongle. Une murène jaune et noire passe devant moi. De grands poissons triangulaires noirs à points jaunes (décidément ce sont les couleurs à la mode) vont toujours par deux. Des coraux plats et de petites anémones oranges ou jaunes complètent le décor. L'autre Français a vu une tortue. Une langue de sable et de rochers sépare le lagon de la mer. Bizarrement, le lagon est beaucoup plus froid, probablement parce qu'une rivière s'y jette. De l'autre côté, l'eau est délicieuse.

Arrêt sur une plage pour déjeuner. Nous sommes à l'ombre d'un arbre à l'énorme tronc et aux grandes feuilles. Nous bavardons avec Jules.

Arrêt suivant au lagon bleu. Et là, jackpot! Nous suivons tranquillement deux tortues. C'est très émouvant. la deuxième surtout ne semble pas du tout effrayée. Nous savons d'expérience qu'il ne faut surtout pas courser une tortue sous peine de la voir disparaître immédiatement. Quelle émotion! Au stop suivant, nous observons un poisson brun à 4 nageoires latérales: les deux postérieures, longues, lui servent à se déplacer, et avec les deux antérieures, larges et courtes, il gratte le sable. Son manège sous amuse.

Puis retour au port avec de fantastiques effets de nuages.

Nous commençons à connaître l'association de légumes classique: frites, riz, haricots noirs ou rouges. La personne d'une agence de voyage nous renseigne très honnêtement sur les transports pour notre prochaine destination: par elle ce sera 250 reals par personne, mais par le ferry + le bus, seulement 40 mais un peu plus long. Nous la remercions chaleureusement. Lundi 4 août. Nous quittons notre jolie posada pour aller prendre le ferry. Il fait 35° avec un très important taux d'humidité. Lumière grise. Un bateau collecte les ordures de l'île pour les rapporter sur le continent.

A l'arrivée au port d'Angra, je suis surprise par les maisons colorées qui s'étagent sur le bas des montagnes. Dommage qu'il n'y ait pas de soleil.

Pour la première fois, le bus a plus d'une demie heure de retard. Nous sympathisons avec un jeune couple de Français en tour du monde pour un an. Ils vont repasser par Paris pour rejoindre la Thaïlande. Echanges d'expériences. Le temps passe plus agréablement.la route offre de beaux mais brefs points de vue sur la côte. Les multiples îlots se superposent avec de faux airs de baie d'Ahlong (en plus arrondis). Sur les flancs des montagnes, la forêt est dense. Nous passons devant une centrale nucléaire. Le village qui y est rattaché est gardé par des policiers, avec des maisons toutes identiques et toutes les commodités nécessaires.

Nous arrivons à Paraty au joli centre colonial du XVI° siècle après 2H de route. Nous logeons à l'auberge de jeunesse (mais en chambre individuelle). Nous profiterons d l'ambiance.

Premier tour dans le centre historiques. Les maisons sont blanchies à la chaux avec des encadrements de portes et de fenêtres colorés. Les rues sont pavés. C'est ravissant. Pause Açai/bière dans un café à un joli carrefour. Il y a un gros effort de restauration. Mais le portable importe plus que le travail!

Sur le port, des bateaux multicolores attendent les touristes pour leur faire visiter la baie et aller de plages en plage.

Malgré la chaleur étouffante, nous flânons un bon moment.

Dîner de viande argentine après un cocktail Cachaça, citron vert, fruit de la passion (spécialité locale portant le nom d'un célèbre écrivain Brésilien) pour moi. Les distillerie de cachaça, alcool de canne à sucre différent du rhum et principal composant de la Caïpirinha, sont nombreuses dans la région.

Je retourne flâner et prendre des photos dans la ville le lendemain matin. On peut voir de nombreux artisans à l'œuvre.

Il fait très chaud. Montée en haut du cimetière pour voir la vue.

Certaines rues sont inondées avec la marée.

Les boutiques ouvrent progressivement. Il y a au moins quatre églises dans la vieille ville.


Pendant ce temps, Frédéric va à la lavanderia, se renseigne sur les prochains déplacements et réserve nos billets pour retourner à Rio.

L'après-midi, nous allons au tobogan de Sepan. C'est une grande roche naturelle au milieu d'une rivière, lisse et glissante à cause des algues. Ayant raté le minibus de peu, nous faisons le trajet en taxi avec un couple de Finlandais. Ils sont venus pour un festival à Sao Paulo: il fait de la musique "alternative" et elle de spectacles de marionnettes "alternatifs". Des locaux nous conseillent su la façon de se laisser glisser. C'est sympa. Au deuxième tour, je tourne sur moi-même et arrive la têt en bas. Il faut faire attention à ne pas glisser en traversant la rivière.

Nous passons sous une petite cascade, nageons, traversons un pont de singe. L'eau est délicieusement fraîche.

Nous retournons au village où une très mignonne église bleue est construite sur un gros rocher.

Les Finlandais nous proposent d'aller voir une autre cascade. Nous peinons un peu à la trouver mais voyons un mico au passage mais un chien le fait fuir alors qu'une dame nous proposait de lui donner une banane.. Le site ressemble un peu au premier mais la roche est en grande partie sèche. Il n'y a personne. Nous profitons de la beauté d lieu. Nos compagnons méditent.

Nous remontons sur la route juste au moment où passe le minibus.

Dîner de spécialités portugaises.

Le lendemain nous prenons un bus pour aller à Trindad, un village de pêcheurs à une petite heure de là. Nous passons de plages en plages en traversant la forêt, pour arriver à une piscine naturelle.

De gros blocs de granit protègent une petite anse des vagues et des courants. Le lieu est magnifique mais loin d'être désert. Difficile de grimper sur le rochers. Je fais la planche au milieu de poissons rayés en regardant des colibris noirs et blancs butiner les fleurs au-dessus de moi. Un morpho (gros papillon bleu métallique) passe de son vol lourd.

On profite du lieu un bon moment puis retraversons par la forêt pour retourner sur une plage. Déjeuner de pastels, sorte de crêpe croustillante frite, fourrée à tout ce qu'on veut: viande, fromage, bananes... Baignade dans l'eau cristalline en jouant avec les vagues. Elles ont juste la bonne force et on a pied longtemps. Pas de danger par conséquent. des panneaux à l'arrivée du bus expliquaient comment réagir si on se faisait emporter par le courant.

Sur le chemin du retour, nous faisons un détour pour suivre une rivière et se faire masser par une petite cascade. L'eau est beaucoup plus fraîche mais c'est agréable.

Retour à Paraty. Je fais un tour dans la ville de nuit. C'est beaucoup plus animé que le matin: toutes les boutiques sont ouvertes: artisanat, vêtements, ateliers d'artistes… Des musiciens animent les rues. Un duo violon guitare dont le chanteur a une vois grave et triste m'émeut. Les rues éclairées sont très jolies.

Matinée tranquille à l'auberge avant de prendre le bus pour Rio. Il fait beau et le thermomètre affiche 40°. On est en eau au moindre effort.

notre auberge 

Heureusement, le bus est climatisé. Cette fois je peux admirer les montagnes, elles ne sont pas dans les nuages. La Costa verde porte bien son nom: la forêt couvre une bonne partie du paysage. Les montagnes forment des pains de sucre ou des collines. Certaines sont assez hautes. Un peu avant Rio, il y a de grandes plantations de cocotiers.

A Rio, Frédéric a réservé un Airbnb dans le quartier de Flamengo. Nous y allons en tramway + métro. Une jeune femme nous explique très aimablement comment fonctionne les cartes pour le tramway. Heureusement car nous nous faisons contrôler durant le trajet. Nous reconnaissons au passages des lieux devenus familiers et passons devant les fresques du port. La maison est un ancien hôtel particulier aux pièces très hautes de plafond. C'est très joli mais il n'y a pas la clim et il fait encore 32°. Ce quartier est beaucoup plus animé que le centro. Je goûte une caïpirinha au fruit de cajou. La patronne du petit restaurant est très sympathique. Nous explosons notre budget nourriture au Brésil. Le trajet en bus jusqu'à San Salvador de Bahia durerait 30 heures théoriques et il n'y a pas de sièges confort. Nous prenons donc l'avion. Il faut réaliser que la superficie de la France est de 643 800 km2, celle de l'Argentine de é,78 millions de km2 et celle du Brésil de 8,52 millions de km2!

Le trajet est court, 20 minutes en transports pour se rendre à l'aéroport. Puis nous avons deux heures de vol. La côte est très découpée en arrivant à Salvador. La baie de tous les saints est la plus grande du pays (1052 km2 contre 381 km2 pour celle de Guanaraba où se trouve Rio). Une heure et demi de bus pour aller dans le centre historique où notre Airbnb donne sur la place Teirreiro de Jésus, bordée par trois églises, la faculté de médecine et des maisons anciennes. Des balcons du salon, nous avons une vue imprenables. L'entrée est bien cachée entre une boutique de souvenirs et une école de salsa.

nous logeons dans la maison rose 

Déjeuner traditionnel sur la place, arrosé d'un girafe de bière. Il faut bien ça! Nous verrons ce soir pour les stands ambulants d'acarajé, beignets aux crevettes et au manioc. Les écoles de percussions défilent. Difficile de s'entendre mais quelle ambiance!

Passage devant la faculté de médecine, immense bâtiment rose qui borde la place avec 3 églises, pas moins.

Nous nous promenons au hasard dans le Pelhourino, le centre historique. ce nom vient de la place du pilori où étaient punis les esclaves. Horrible nom pour une place ravissante...

Nous nous arrêtons devant une boutique de pierres fines et précieuses. le propriétaire, un Suisse qui a beaucoup bourlingué avant de s'installer ici nous invite à entrer et nous montre une partie de ce qu'il vend. Quel plaisir pour les yeux! Nous cachons évidemment que Frédéric a un diplôme de gemmologue. Cet homme est un sacré personnage.

Quand nous ressortons, la nuit est tombée et les décorations de Noël s'allument. C'est sponsorisé par Coca-Cola. Ça fait très bizarre de voir une église illuminée avec de la pub pour ce produit… Les gens font la queue pour faire des selfies dans la boutique rouge et blanche, moitié maison du père Noël, moitié pub coca-cola.

Après une nuit bien chaude malgré le ventilateur, visite de l'église et du couvent Saint François. Cette église est réputée pour son intérieur baroque, sa nécropole et son cloître décoré d'azulejos qui parlent de vertus, de vices et de mort. D'autres salles montrent des scènes de la vie quotidienne ou encore la vie de Moïse.

Puis la ville. Les gens d'origine africaine nouent des rubans un peu partout. Une église, ND de Bonfin est particulièrement célèbre pour ce rituel mais elle est trop loin. Descente par le célèbre ascenseur avant-gardiste Lacerda, vieux de plus de 150 ans qui permet de rejoindre la ville basse. Curieux mélange d'immeubles décrépis, d'églises, de belles maisons, en bordure de mer. Un sapin de Noël fait de bouteilles de plastique recyclées est en construction?

Je longe la mer en regardant les gens se baigner, pêcher, déjeuner sur les plages.

On voit beaucoup d'amputés au Brésil à cause du diabète.

Remontée par les ruelles. Je me retrouve dans les … Belles fresques de street art. Les gens me dévisagent avec curiosité mais personne ne m'embête. Un "vieux" capoeiriste de 59 ans me propose de l'accompagner jusqu'à la place où il se produit, là où nous logeons; Il me parle des endroits où il y a des cérémonies de Candombe, religion afro-brésilienne. J'aurais bien aimé y assister, mais pas par le biais d'agences.

Il y a des églises absolument partout, construites avec l'argent rapporté par les mines d'or et de diamants de la montagne voisine. Une place est dédiée à Zamenhof, l'inventeur de l'Esperanto.

Retour dans le quartier du Pelhourino. Les portails des églises ont parfois des détails étonnants.

Ce quartier me fascine. J'explore "toutes" les ruelles.

Puis je vais voir l'église construite par les esclaves sur leur temps libre. Un statue du Christ, grandeur nature, est saisissante. Les mains et les pieds sont noirs, les gouttes de sang faites de 3000 rubis et les épaules déchirées comme cela devait arriver chez les crucifiés, l'artiste en savait quelque chose…

Poursuite de ma balade…

Des policiers filtrent les accès à la place Terreira de Jesus et fouillent les gens. La ville est réputée pour être dangereuse. Pourtant, tout le monde déambule en famille, dans une ambiance bon enfant.

Les percussionnistes s'en donnent à cœur joie, avec beaucoup de ferveur.

Des femmes guérisseuses ou voyantes proposent leurs services.

On finit toujours par arriver sur la pace. Beaucoup de femmes portent encore le costume traditionnel pour les fêtes, pour vendre leurs produits… La broderie s'appelle "Richelieu", en rapport avec le cardinal. Je l'ai lu au musée du costume mais n'ai pas compris pourquoi.

La nuit tombe. Des orchestres jouent, les gens déambulent, mangent... Une procession fait le tour avec le père Noël et ses rennes, des danseurs, des gens sur échasse, des natifs, des femmes en costume comme ci-dessus... Bref, un sacré mélange à nos yeux. On goute les acarajés et des crêpes de manioc à la noix de coco et lait condensé, on boit des bières, en regardant tout ça. Je sirote un caïpirinha sur le balcon.

Moment d'énervement pour finir la soirée car je dois renvoyer par WhatsApp un contrat rempli et signé qui m'a été adressé en PDF en vue d'un futur trek. Impossible de faire ce truc malgré l'application.

Troisième journée à Salvador.

Une "mama" se prépare dans notre appartement. Ça prend un temps fou! Caleçon long, jupons, turban…

La cathédrale jésuite est ouverte pendant la messe du dimanche. J'en profite pour jeter un œil.

Puis direction le fort de Barra et son phare, le plus vieux de Salvador. Je prends le bus pour y aller car la ville est très étendue.

Il abrite un musée très intéressant sur la baie, la marine et l'esclavage. Un meeting politique se tient sur la place et me casse les oreilles pendant toute la visite. La plage est bondée. Je n'ose pas laisser mes affaires sans surveillance et ne peut donc me baigner.

Retour à pied par le bord de mer tant qu'il est accessible. Autrefois, on pêchait la baleine dans la baie. la mer en devenait rouge de sang. Aujourd'hui, des sportifs s'entraînent sur une pirogue à balancier. Plusieurs forts protégeaient la ville. Il y a eu des guerres avec les hollandais, entre autres, puis la guerre d'Indépendance. Une religieuse qui voulait empêcher les soldats d'entrer dans son couvent est morte d'un coup de baïonnette et est devenue une héroïne de cette guerre.

Après, les espaces sont privés et on doit passer derrière les immeubles. Traversée de quartiers résidentiels déserts. Beaux jardins avec des grilles originales. dernier tour dans le Pelourinho avec passage devant l'église saint François.

La chaleur fait monter les tensions et être 24h sur 24 ensemble n'est pas toujours facile... On décide de partir chacun de notre côté pendant quelques jours, d'autant que je veux faire un trek dans la montagne et qu'il fera très chaud. Lever à 6H30 pour prendre le bus pour la Chapada Diamantina. Le terme Chapada est attribué à un plateau sculpté par l'érosion. Celle-là est située à l'ouest de Salvador. On y trouvait beaucoup de diamants, particulièrement durs et "blancs" mais petits. L'exploitation a cessé quand c'est devenu parc national. Une fois la zone urbaine quittée, le paysage devient désertique avec des cactus et des palmiers. De nombreuses parcelles sont brûlées, surtout en bordure de route. Le défilé de camions est impressionnant. Certains camions citernes doubles font de 25 à 30 m (c'est écrit à l'arrière). Le bus peine à les doubler pour se faire dépasser quand il fait des arrêts. Nombreux passages en circulation alternée pour travaux. Ça n'en finit pas! Le paysage verdit en arrivant près de la montagne, avec réapparition de la forêt. mais les cours d'eau sont à sec. J'arrive 9 heures plus tard (au lieu des 7 annoncées…) et suis bien accueillie dans une jolie maison du nom de Manga Rosa. Lençois est une jolie petite ville coloniale aux maisons colorées, bordée par une rivière.

Je me promène dans les ruelles à la lumière du soir, sans appareil photo, sans savoir que je n'y reviendrai pas de jour! Dommage. Je réserve une excursion pour le lendemain après avoir hésité à faire un pause blog, soins esthétiques. Mais je ne suis pas là pour ça! Le parc est réputé pour ses cascades mais beaucoup sont à sec, dont la fameuse Fumaça, haute de 390m. La saison des pluies est sensée commencer en octobre mais il n'a toujours pas plu…

Dîner de poisson à la mangue avec des légumes verts inconnus.

Petit-déjeuner de luxe avec gâteaux faits maison et bananes frites. Départ pour l'excursion à Marimbus, aussi appelé "petit Pantanal". Je suis avec trois Brésiliens dont une femme qui vit en France. Elle me servira d'interprète toute la journée! Après une heure de piste, nous montons dans une pirogue pour suivre le rio. Deux pirogues nous dépassent: ils s'entrainent en vue d'un prochaine compétitions.

Rapidement, les arbres laissent place à des papyrus et des jacinthes d'eau. Les nénuphars ne sont pas en reste. On entend et voit beaucoup d'oiseaux. Par contre, nous ne verrons pas les caïmans, les capibaras et les loutres annoncés. Mes compagnons sont charmants mais parlent fort, sans arrêt.

Les montagnes se dessinent au loin.

La région est anormalement sèche pour la saison. Nous devons descendre de la pirogue et marcher à certains endroits. L'eau est rougie par l'humus.

Puis nous accostons et marchons dans la forêt pour aller manger chez l'habitant. Une communauté afro-amérindienne gère les lieux. Ils pratiquent le candomblé et ont des règles communautaires strictes. Le repas est délicieux avec du poisson frit, de la viande, du cactus cuit (ça ressemble à un mixte entre des haricots verts et des bongos), de la courge, une salade particulière, différents riz, la chapelure de manioc habituelle, etc... On se régale et on découvre une cuisine différente. Les manguiers, très nombreux ont tellement de fruits qu'ils pourrissent par terre. D'énormes jacquiers bordent la propriété. C'est un arbre invasif venu d'Asie. Quand on sait qu'un gros fruit peut contenir 140 graines, on comprend pourquoi! Lorsque les fruits pourrissent à terre, ils font le bonheur des insectes mais ça sent horriblement mauvais! Beaucoup de plantes invasives ont été importées d'Afrique par les esclaves.

Nous reprenons notre marche, escaladons une petite montagne pour déboucher sur un lieu magique.

Une rivière s'écoule sur de gros blocs de grès rose. La baisse du niveau d'eau révèle des marmites. L'eau, comme toujours, est brun-rouge. Quand le ciel se reflète dedans, elle devient bleu saphir. C'est magnifique!

Dire que j'avais hésité à "buller" et me faire épiler les jambes…

Nous nageons de bassin en bassin, grimpons sur les rochers, nous laissons caresser par les chutes d'eau… Quel fantastique terrain de jeu! En plus nous ne sommes que 8 touristes (dont une petite-fille) et trois guides. Nous resterons longtemps seuls après leur départ.

Nous retraversons la forêt pour aller à un tobogan dont seule une petite partie est praticable mais qui est impressionnant. A ses pieds s'étale une un méandre bordé de sable blanc.

Après une nouvelle marche, nous reprenons la voiture pour rentrer.

J'ai rendez-vous avec mes futurs guide et compagnons pour le trek. Je me fais une petite frayeur: le rendez-vous est imprécis et personne ne le connaît. Dans un petit village, c'est plus que surprenant! Serait-ce une anarque? En fait il m'a envoyé une photo du lieu mais comme je n'ai pas de WI-FI… et ici on le connaît sous le pseudonyme de "le França" et pas sous son prénom. Ouf!

Il a un drôle de parcours: franco-algérien, il s'est passionné pour le Brésil après un voyage à 19 ans. Pendant plusieurs années il a alterné entre la rance et le Brésil pour finir par s'y installer définitivement en 2019. Mes compagnons sont un groupe d'étudiants de l'âge de Johanna (!) qui font un échange de 6 mois au Brésil . Deux filles sont en architecture, deux garçons en école d'ingénieur et une autre fille en école de sciences politiques.

Départ 6H00 car nous avons 2H30 de route avant d'attaquer la montée sur le plateau et il fait déjà chaud. Il pleut... Petit-déjeuner de gâteau de manioc. Long trajet sur de la piste.

Il fait toujours gris mais la pluie a cessé. Kevan nous répartit les pique-niques pour les trois prochains jours. Les sacs à d'eau, avec les 2,5l d'eau recommandés pèsent lourd! La montée est raide avec des roches sculptées par l'érosion. Je retrouve les épiphytes. La plaine s'étale en contrebas.

Nous débouchons sur un immense plateau. Au début je suis un peu déçue, je m'attendais à quelque chose de plus spectaculaire. Nous traversons de petits cours d'eau.

Puis nous débouchons, sans préavis sur un fantastique canyon de 280m! Nous nous mettons à plat ventre sur une roche plate. D'habitude, une cascade part de là et le canyon ruisselle de partout. Ce n'est pas le cas aujourd'hui!

Nous pique-niquons devant cet extraordinaire panorama. Kevan a prévu large: sandwichs, fruits frais, jus de fruits... On n'a pas porté tout ça pour rien!

Puis nous allons de l'autre côté du canyon. Là, rite de passage: aller se mettre à califourchon sur une roche à 280 m au-dessus du vide! Rien d'obligatoire, rassurez-vous.

Puis nous entamons la marche vers le refuge. Le sentier descend en pente douce dans le Vale do Pati. la végétation devient luxuriante avec grands arbres, lianes, etc... La fin nous paraît longue, nous sommes tous crevés.

Autrefois, des métis africano-amérindiens sont venus dans la chapada pour cultiver du café et des bananes. Il y avait des chapelles, des écoles, des villages entiers. Les chercheurs de diamants étaient de l'autre côté de la montagne. Puis le cours du café s'est effondré et les gens sont partis. Les maisons d'adobe sont tombées en ruine, la forêt a repris ses droits. Depuis, certaines familles ont ouvert des refuges qu'elle gardent à tour de rôle du fait de l'isolement. Je partage un dortoir avec les trois filles. Certaines ont une douche chaude, d'autres une douche glacée. Bon dîner buffet mais un groupe est passé avant nous et les portions de viande sont congrues. Les jeunes jouent aux cartes mais je ne connais pas leurs jeux.

ananas sauvage 

C'est la nuit des étoiles filantes. Nous regardons le ciel un bon moment, loin de toute pollution lumineuse. Bonne nuit, bien plus fraîche que les jours précédents.

Démarrage tranquille. Nous montons voir un point de vue sur une colline. Une croix y est érigée en mémoire de défunts. Des plumes de rapaces protègent des mauvais esprits.

notre auberge en contre-bas 

Nous poursuivons à travers les ancienne plantations, voyons une ancienne école, passons sous le Morro Castello (montagne du château), traversons des rivières. Les cigales sont assourdissantes. Les lichens corail sont signe d'un grande pureté de l'air. Nous passons dans un abri sous roche qui sert pour les bivouacs.

Nous arrivons à une rivière où nous nous baignons et pique-niquons. Aujourd'hui, salade de légumes et d'avocat. Une "tuerie"! Après cela, une mangue et un ananas murs à point…

L'eau est fraîche, très agréable. Par contre, impossible de m'asseoir sous les petites cascades: je me retrouve couverte de petits vers, certes inoffensifs mais incompatibles avec ma phobie de ces bestioles!

Les sacs sont plus légers et la marche moins longue que la veille. Kevan discutent avec des locaux qu'il connaît et qui partagent leurs connaissances des plantes, des coutumes etc... avec lui. Mais pendant ce temps, nous nous faisons dévorer par des insectes… Des mules paissent tranquillement. l'une d'elle a les jambes rayées comme un okapi et une croix sur le dos comme un âne.

Les effets de lumière, soleil couchant et nuages noirs, avant d'('arriver au refuge sont superbes.

Je retrouve au refuge la jeune fille qui était ma voisine dans le bus pour venir à Lençois. Il y a des jeunes de beaucoup de pays différents et un groupe de Français. Soirée autour d'un feu de bois après un bon dîner, au buffet bien garni cette fois-ci. Couscous de maïs au petit-déjeuner (sorte de polenta à gros grains et sèche), avec bananes plantain bouillies et patates douces, œufs, pain au fromage, etc... On ne plaisante pas avec le petit-déjeuner au Brésil.

Aujourd'hui, cheminement en remontant un cours d'eau avec 3 cascades. Nous ne verrons pas la quatrième car un essaim d'abeille a créé la panique lors du dernier trek. Certains passages nécessitent un peu d'escalade. Nous avons une championne classée parmi nous. Il faut aussi sauter de rochers en rochers. Le lac parfaitement au rond au pied de la deuxième cascade inciterait aux plongeons mais des panneaux préviennent qu'il y a danger de mort. Le guide de l'autre groupe de Français le fait pourtant, alors qu'un de ses collègues s'est tué récemment. Pour ma part, je me fais masser par la cascade!

L'eau est plus fraîche qu'hier mais ça fait du bien. A peine partis du refuge, nous sommes trempés de sueur. De petites libellules bleues nous accompagnent à chaque pause, ainsi que de gros lézards qui balancent agressivement la tête.

Nous repassons pique-niquer au premier refuge où nous avions laissé une parte des provisions pour nous alléger. Kevan n'est pas pressé de repartir. Je joue au barbu et au pouilleux massacreur avec les autres (pour une fois, je connais les règles!).

Grosse montée pour atteindre le plateau car nous sommes au creux du val do Pati. Bonne suée... Vue magnifique d'en haut.

Traversée du plateau à travers une végétation complètement différente du fond du val, beaucoup plus sèche. Des cours d'eaux serpentent entre les roches calcaires , alors qu'on avait du grès rose au fond.

Nous arrivons au bord de la falaise avec vue sur la plaine environnante. Goûter avec des tartines de Nutella (scandale pour les écolos du groupe).

Puis nous attaquons la descente, par le même chemin qu'à l'aller. Le soleil décline à l'horizon.

Nous reprenons la jeep pour rentrer; mais au premier village, le chauffeur s'arrête: les feux ne marchent pas et on a trois heures de route dans la nuit, d'abord sur piste puis sur une route avec de nombreux camions à faire… Quelqu'un finit par lui apporter un fil électrique qu'il "bidouille" et on repart. Mais une fois la route goudronnée rejointe, on s'aperçoit que sa conduite est bizarre, très brusque. Il boit beaucoup d'eau et s'arrête à plusieurs reprises pour pisser. On n'est pas très rassurés!

Mais on arrive sains et saufs à 21H30. Mon hôtesse m'accueille en baillant. Fatiguée, je n'arrive pas à utiliser le traducteur sur le téléphone pour expliquer mon arrivée tardive et vais rapidement dans ma chambre. Mauvaise nuit avec la chaleur. Le lendemain matin, tout va mieux, je m'excuse pour ma mauvaise humeur de la veille et en explique la raison. Elle me dit qu'il faut absolument dénoncer le chauffeur.

Je prends mon bus après un bon petit déjeuner de couscous avec du jambon et du fromage. Je n'avais pas remarqué à l'aller qu'il y avait des montagnes en forme de pains de sucre dans la "savane".

En arrivant sur Salvador, on longe des favelas. Près de la gare routière, le palais néoclassique de l'Eglise Universelle se dresse orgueilleusement. Ceux-là…

J'achète mon billet pour le trajet de nuit vers Recife. Départ dans une heure. Parfait!

Trajet sans encombre en classe "leite". Dîner infect au restaurant routier. J'arrive à dormir. Petit-déjeuner à 5H00 avec le lever de soleil. Arrivée à Recife 24H après mon départ de Lençois. J'avais envisagé d'enchaîner directement avec le bus pour Natal mais je me dis que c'est quand même dommage de ne pas aller voir la ville coloniale d'Olinda, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et contiguë à Recife. Je dépose mon gros sac à la consigne (à peine plus d'1€ pour 24H) en ne gardant que ce qu'il me faut pour la journée et la nuit et, bien sûr, tout ce qui a de la valeur car les consignes ne sont pas sûres.

Je prends mon billet pour Natal le lendemain.

Evidemment, il n'y a pas de WI-FI et comme je n'avais pas planifié cet arrêt, je ne sais pas comment rejoindre Olinda. On me dit de prendre le métro jusqu'à la station Joana machin-chose puis de prendre un bus là-bas. Ok... Les portes du métro se ferment sous mon nez et j'attends 20 minutes le suivant (on est dimanche). Onze stations et une grosse demi-heure plus tard, je descends à la station indiquée, en plein cœur de Recife. Là, je me retrouve dans une grosse gare de bus. Je demande à plusieurs personnes lequel prendre mais personne ne sait. Des employés finissent par me dire de prendre le bus "circular" - voie 9. j'attends un bon quart d'heures pour le voir passer sous mon nez. Une jeune fille me dit d'aller à la vie 4. Quand il arrive on me dit que ce n'est pas celui-là, qu'il faut prendre la direction Xamba. Là le chauffer me dit que ce n'est pas ça et je ne comprends rien à ce qu'il m'explique ensuite. Je craque et décide d'aller déjeuner sous des parasols que je vois un peu plus loin. Là une charmante jeune-femme qui parle anglais me dit que l'endroit n'est vraiment pas sûr et qu'il faut que je prenne un Huber. Oui mais voilà, je n'ai pas l'application et ne peux la télécharger car il faut valider avec un code reçu par SMS (que je ne reçois pas l'étranger). Très gentiment, elle explique tout au jeune serveur et me dit qu'il se chargera de commander un Huber pour moi quand je partirai. Je déguste des crevettes avec un bonne bière (j'avais choisi une belle tranche de thon mais ils ne servent que pour 4 personnes). En réfléchissant, je me dis que ça va être compliqué de rejoindre la gare routière demain matin pour prendre mon bus à 9H00. Je décide de réserver un hôtel près du métro et d'y aller directement. Tant pis pour Olinda! Celui repéré sur Booking décline la réservation. J'en prends un autre, en dortoir, sur Expédia. Probablement trop stressée, je ne vois pas le mail de confirmation. Je commence à m'angoisser, recherche l'adresse sur Google Map et prends le Huber. Mais quand il me dépose, à la bonne adresse, aucune trace d'auberge. Deux vieux messieurs ne connaissent pas mais me disent de planquer mon téléphone sous ma ceinture car l'endroit n'est pas sûr… Une dame m'envoie à un hôtel qui porte le bon nom mais est fermé. Je n'en peux plus, il fait une chaleur de four et je ne sais plus quoi faire. Je décide de rejoindre des quartiers plus animés.

J'arrive au terminus de la ligne de métro. Me sentant plus à l'abri, je reprends mon téléphone et m'aperçois que j'ai le ail d'Expédia avec l'adresse. C'est bien le nom que j'avais cherché, mais à une toute autre adresse! Il y a un Tourist Information mais il est bien entendu fermé. Je demande à des policiers où je peux trouver un café avec du WI-FI. Ils me renvoient au contrôleur des billets pour qu'il m'oriente. Il s'avère incapable de trouver l'adresse sur un plan. Je suis au bord des larmes. Comment trouver cette foutue auberge? Sur Goggle Map, les noms des rues s'effacent quand on grossit…

J'erre au hasard dans des rues aux boutiques fermées. Les seules ouvertes sont des boutiques de vêtements qui soldent pour Noël. Il y a peu de monde. Je prends quand même quelques photos, histoire de me détendre.

Dans certains endroits, des junkies dorment par terre. Dire que j'ai tous mes objets de valeur sur moi! Je finit, enfin, par trouver un fast-food avec du WI-FI. J'enregistre la carte avec le trajet. Une bonne demi-heure de marche en n'osant que rarement sortir mon téléphone pour vérifier mon chemin. Les lieux sont encore plus déserts en-dehors de quelques pauvres hères franchement pas nets. Aucun ne m'agresse mais j'ai vraiment peur. Je finis enfin par arriver.

Le propriétaire me fait faire le tour des lieux: dortoir, joli jardin, cuisine. La douche est plus que bienvenue. Je me mets sur le blog car on n'est qu'au milieu de l'après-midi. Aucun endroit pour dîner. On s'en passera.

Je passe plus d'une heure à chercher des bus pour faire natal - Sao Luiz par la suite. Mais soit ils partent de nuit, soit ils arrivent de nuit. Le seul enchaînement aux horaires corrects ne laisse que 1H30 de battement entre les deux bus ce qui est beaucoup trop court. J'en ai marre de ce pays où je n'arrive pas à me faire comprendre ni à comprendre ce qu'on me dit et où les distances sont immenses.

Finalement je suis seule dans le dortoir. Ça tombe bien car je dois partir à 6H30 demain. Je suis réveillée par la pluie vers 3h00. En regardant l'heure sur mon téléphone, je vois un message WhatsApp qui m'apprend le décès par mort subite d'un proche de 59 ans… N'arrivant pas à me rendormir, je finis par réserver un vol Natal- Sao Luiz. C'est cher, 300€, mais l'argent ça sert à se simplifier la vie quand on a la chance d'en avoir suffisamment.

Je fais trois quarts d'heure de marche en regardant furtivement mon téléphone pour m'orienter. J'avais peur de retraverser ces quartiers aussi tôt mais en fait les rues sont pleines de gens qui vont travailler. Ouf! Ce n'était pas le cas dans le centre historique de Salvador où seuls les ivrognes de la nuit erraient dans les rues au petit matin.

A la fin, je me trompe et me retrouve dans la rue des chiffonniers. On me réoriente aimablement mais je perds 10 minutes et le stress monte. Là encore, les portes du métro se ferment devant moi. Il faudra encore que je récupère mon sac à la consigne. Je dégouline de sueur. Finalement, tout s'enchaîne bien et je monte dans mon bus.

J'ai appris trois règles avec cette mésaventure. Quand on voyage seule dans un pays dont on ne parle pas la langue et où les taxis attaquent leurs passagers:

- il faut télécharger l'application Huber avant de partir

- il ne faut jamais improviser

- il ne faut pas arriver dans une grande ville un dimanche

Voyage sans encombre jusqu'à Natal. Sept heures au lieu de cinq, mais ça c'est habituel. La végétation est luxuriante. Les champs de canne à sucre s'étendent à perte de vue. La moitié des motards conduisent pieds-nus! En arrivant à Natal, comme à Recife, une forêt de gratte-ciel barre l'horizon parallèlement à la mer. Le bus pour le village et les plages de Pipa part bien du terminal. Ouf! J'aurais été paniquée à l'idée de devoir chercher mon chemin pour le centre ville et trouver un hôtel. Il s'arrête sans arrêt pour prendre des gens en route et nous mettons 3H au lieu des 2 indiquées. Les villes sont magnifiquement illuminées pour Noël. Je trouve facilement la rue de ma pousada et un serveur d'un restaurant m'indique complaisamment où elle se trouve. Une jeune femme m'attends bien malgré mon arrivée tardive. La petite ville est très animée, pleine de boutiques. L'ambiance est très différente d'Ilha Grande, beaucoup pus chic. Je suis dans une rue aux pavés colorés où tout le monde fait des selfies. Diner délicieux de poisson aux noix de cajou.

Lever tôt pour aller voir les dauphins et les tortues. Les rues sont désertes, les boutiques fermées. je marche jusqu'à la réserve. Un sentier serpente dans la forêt côtière et longe parfois le bord de la falaise avec des point de vue sur la mer et les plages.

Je m'arrête aux deux miradors donnant sur la baie des dauphins. A l'entrée, le gardien m'a bien dit qu'on les voyait "parfois". Mais j'ai de la chance et admire tout un groupe. de loin certes, mais ça reste fascinant.

Je reprends un autre chemin, traverse un jardin où sont exposées des statues faites à partir de souches d'arbre et visite un petit musée sur le centre de sauvetage des tortues qui viennent pondre sur les plages environnantes. Ils expliquent entre autres comment les lumières des maisons, les phares, les lampadaires, trompent les jeunes tortues qui partent de ce fait à l'opposé de la mer lorsqu'elles sortent de l'œuf.

Points de vue sur les falaises ocres et roses et les dunes.

Je monte en haut d'un cap pour voir lesdites tortues. C'est émouvant de les voir remonter à la surface pour respirer et replonger aussitôt.

Je retraverse la forêt puis retourne à Pipa. Nous sommes au royaume des noix de cajou. La noix que nous connaissons est à l'extrémité d'un fruit coloré. La pulpe de ce fruit set à faire des jus de fruit et des glaces. C'est un peu âcre.

Il est 11 heures et la ville s'éveille tout juste. Petit-déjeuner de sorbet d'Açai avec un café. La mer commence à baisser. Caïpirinha sur la plage puis marche de plage en plage. De gros blocs de lave noire sont tombés au pied des falaises. Je ne comprends pas le mécanisme géologique car ces falaises sont de grès rose ou jaune… Cela forme des piscines naturelles. Beaucoup de Brésiliens ne savent pas nager. Lors de l'excursion en bateau il y avait des "frites" pour qu'ils puissent se baigner, et à la Chapada Diamantina on me demandait de signer si je savais nager ou pas. Baignade à la plage des amours, ainsi nommée car elle a une forme de cœur vue d'en haut. Je reste prudemment là où j'ai pied car il n'y a que des surfeurs, les vagues sont fortes et je ne connais pas les courants.

Autre bon dîner de poisson, au guacamole.

Grasse matinée, petit-déjeuner d'Açai, lavomatic, retrait d'argent… Je m'offre des boucles d'oreille en tourmaline paraïba d'un vert magnifique. Je lorgnais dessus depuis le premier soir.

La mer est trop haute pour aller sur les plages. Je regarde les bateaux. Le soleil n'est pas au rendez-vous.

Une tente pour massage attire mon attention dans l'escalier qui mène au port. la masseuse est Argentine. Nous parlons un peu puis je profite d'une délicieuse heure de détente au bruit des vagues avec des effluves d'encens. Le paradis!

Elle me conseille d'aller sur la plage de la baie des dauphins, en me disant que la baignade est sans risque et que j'ai des chances de les approcher. Je marche entre les blocs de lave, m'esquinte un doigt de pieds en étant projetée sur un rocher par une vague e atteint ladite plage. Au début je ne vois rien, puis apparaissent un aileron puis deux. Vite à l'eau. On ne sait jamais où ils vont ressortir et je me laisse entrainer au large. Un museau curieux me regarde à moins de dix mètres! Heureusement, l'eau porte bien et je peux faire la planche pour me reposer. Puis des bateaux de touristes arrivent pour les voir et ils s'en vont… J'aurais vécu un moment magique! Je marche le long de la plage, sous les falaises de la réserve naturelle arpentées la veille. Dîner de poisson au lait de coco.

Lever 5H15 pour aller prendre le bus de 6H00. Je vise large pour être sûre de ne pas rater l'avion à Natal. En plus, Latam m'a fait des cartes d'enregistrement sans bagage en soute et je n'ai pas réussi à le faire corriger. Départ à l'heure sous une pluie battante. Les motards sont toujours pieds-nus alors que c'est terriblement glissant. Je prends un taxi avec taximètre au terminal de bus et arrive à 9H00 à l'aéroport pur un enregistrement à 10H30. Le bureau de Latam n'ouvre qu'à la même heure. La dame commence par me dire qu'il faut que je règle le problème en appelant e-dreams, sinon je dois repayer. je lui demande combien, elle me fait poireauter en faisant autre chose puis me demande enfin mes cartes d'embarquement et m'imprime un reçu de paiement pour les bagages. Lorsque je lui demande où je dois payer, elle me dit que c'est bon, qu'elle a vu que j'avais déjà payé. Elle ne pouvait pas me le dire plus tôt! mais je la remercie chaleureusement et elle daigne enfin sourire. Ouf!

Je suis assise à côté d'un jeune homme qui était avec moi dans le bus en provenance de Pipa. J'avais hésité à lui demander s'il allait à l'aéroport pour partagé un Huber mais n'ai pas osé. Je mettrais des gifles!

Courte escale à Fortaleza. En fait je descends pour remonter dans le même avion.

Taxi pour l'hôtel de Sao Luiz où Frédéric m'accueille avec un grand sourire. Nous tombons dans les bras l'un de l'autre. Que c'est bon de se retrouver!

L'auberge est un ancien bâtiment aux pièces très hautes. Joli jardin avec piscine. Dîner en terrasse, en musique comme toujours. La chanteuse a une belle voix grave. Promenades sur les places décorées et illuminées pour Noël. Comme à Salvador, la foule déambule en famille. Il y a de la musique partout. Les petites filles Brésiliennes ont toutes l'air de princesses. Mais les voir à 5 ans cambrer les reins, main sur la hanche en penchant la tête d'un air aguicheur à la demande de leurs parents pour les photos est malaisant.

Après une bonne nuit et un petit-déjeuner au bord de la piscine, nous marchons une bonne heure et demie pour aller à un lavomatic, Frédéric n'ayant plus rien à se mettre. Nous passons du quartier historique aux quartiers populaires.

Puis nous prenons un grand pont au niveau duquel une tache rouge attire mon attention mais je crois que c'est une bouée. Frédéric, lui, voit que c'est un ibis rouge.

Nous finissons par arriver dans une zone moderne au bord de l'eau. Ce n'est pas encore la pleine mer mais un immense estuaire. Sao Luiz est construite entre deux embouchures. Pendant que la machine tourne, nous allons prendre une bière. d'es gens se baignent mais l'eau est polluée.

Retour à l'hôtel en taxi. Il fait vraiment très chaud! Déjeuner à l'ombre des parasols sur une jolie petite place près d'un marché artisanal. La serveuse est charmante avec un magnifique sourire. Les plats brésiliens typiques sont toujours servis avec de la farofa, une farine croquante de manioc, plus ou moins fine. On dirait du couscous pas cuit… C'est la seule chose que nous n'aimons pas beaucoup.

Fin d'après-midi à la piscine de l'hôtel.

Dîner de brochettes sur les places animées.

Ballade dans le vieux Sao Luiz. Beaucoup de maisons tombent en ruine et sont à vendre. le gouvernement restaure peu à peu. La ville est célèbre pour ses azulejos.

Passage dans les quartiers commerçants pour tirer de l'argent en vue de la prochaine excursion au parc national Lençois Maranescens. Il y a beaucoup de monde et de circulation mais on ne se sent pas en insécurité. On se rafraichit d'une noix de coco verte. La mode est clairement au vert et au rouge en cette période de Noël.

Dernier coup d'œil sur la baie et les places principales version diurne.

Délicieux déjeuner de poisson dans le restaurant attenant à l'hôtel, avec service, déco et cuisine modernes. On a trouvé une application qui permet de traduire le cartes.

Nous prenons un minibus à 14H00 pour aller à Bareirhinias, la ville d'entrée au PN Lençois Maranescens, connu pour son désert blancs et ses lagunes bleues. On est conscient que ce n'est pas la bonne saison car les lagunes sont à sec. mais ça vaut quand même le coup. Nous tournons 2H30 dans ville pour prendre différentes personnes dont certaines sont très en retard, voire ne viennent pas. Il reste 3H30 de route pour atteindre notre destination. Nous sommes très bien accueillis dans une petite pousada. Les marches de l'escalier donnent des messages positifs.

Nous marchons dans des rues sombres et poussiéreuses avant d'arriver au port, très animé. Musique plein pot et tenus légères sont au rendez-vous. Court trajet en 4X4 le lendemain matin pour prendre le bateau, remonter le Rio Negro et atteindre Atins sur une bande de sable au bord de l'océan. Nous longeons la mangrove, observons de toutes petites chauve-souris dormant sur un tronc

et arrivons à un lieu où vivent des macaques et où les gens escaladent une grande dune, type dune du Pilat. Nous passons un bon moment à observer les singes.

Je grimpe en haut de la dune. Un véritable champ d'éolienne borde l'horizon. Mais on peut préférer se balancer dans un hamac!

Avant de reprendre le bateau, un pêcheur nous montre avec fierté le gros poisson qu'il a attrapé.

Puis nous poursuivons vers un phare. Belle vue d'en haut.

Les arbres à cajou ont des formes tourmentées. Nous dégustons une glace soit à la noix de cajou, soit à la pulpe du fruit. D'autres boivent des caïpirinhas à ce fruit. Les manguiers ne sont pas en reste. Une fois de plus, nous admirons les tatouages des gens de tous âges.

Dernier arrêt sur une immense plage où nous nous promenons avant de déguster un poisson grillé. Le jeune homme qui nous accueille parle Français, Italien, Anglais, Japonais et Chinois en plus du Portugais. Il apprend avec les touristes!

Enfin, transfert à Atins. Nous apercevons un groupe des fameux ibis rouges.

Nous marchons une bonne heure dans les ornières de sable sous un soleil de plomb pour atteindre notre pousada. Les quads et 4X4, seuls moyens de transport dans le coin, qui nous dépassent ne veulent pas nous prendre. Bonjour l'accueil…

Nous faisons la sieste dans la fraîcheur de la chambre climatisée.

Puis allons à la plage voir le coucher de soleil. Il faut marcher dans le sable en faisant attention aux épines et aux tessons de verre pour l'atteindre, sans parler des différents excréments mais ça, ça ne blesse pas. Il y a beaucoup d'ânes et de chiens dans ce village.

Nous sommes le 24 décembre. Ce village ne promet une ambiance de folie car tous les gens sont partis à Barreirhinas ou même Sao Luiz pour faire la fête. Nous prenons un verre dans un restaurant sur la plage en compagnie d'Emilie et de Greg, une Ardéchoise infirmière en Guyane et un Belge qui lutte contre les risques de la nuit (alcool, drogue, bruit trop important…) parents d'une petite Anouk de quelques mois. Nous sympathisons tout de suite. Nous repartons dans le centre à la recherche d'un restaurant ouvert, voyant le moment où nous allions nous passer de dîner. Mais heureusement, nous en trouvons un, avec un patron très sympathique et des plats locaux délicieux. La soirée est très sympa. Nous ne voyons pas le temps passer. Nous rentrons à la lueur de la lune et des lampes frontales. Arrivée à la chambre, je m'aperçois que je n'ai plus mes lunettes. J'ai dû les oublier au restaurant, on ira les chercher demain. Frédéric, levé à5H30 avec le soleil, refait le chemin (une heure aller-retour) pour voir si je ne les ai pas fait tomber en route, possiblement là où j'ai enlevé mes tongs. Mais il ne les trouve pas. le restaurant est logiquement fermé. Après un petit-déjeuner de crêpes de tapioca aux œufs brouillés, nous allons nous baigner. La marée basse découvre des bancs de sable. Ils est agréable de nager dans les bras de mer.

Nous retournons au restaurant de la veille où je suis persuadée de retrouver mes lunettes. Je ne peux rien lire sans! Mais elles n'y sont pas. Frédéric utilise le traducteur pour demander à tous les gens que l'on croise s'ils ne les ont pas vues et si ils peuvent les rapporter à la pousada s'ils en entendent parler. Malheureusement, cela restera sans effet. Cependant, je ne suis que presbyte et pourrai facilement en retrouver en ville. Nous passons l'après-midi dans un café de la plage, à l'ombre, à regarder les kite surfs. Le propriétaire est prof de kite et effectue des sauts spectaculaires. Le soleil se couche derrière les dunes.

Départ à 7H30 pour notre trek de 2 jours dans le désert blanc. Il était prévu de partir à 9H00 mais Frédéric a demandé à partir plus tôt pour éviter de marcher à l'heure chaude. Logique! Nous roulons une heure en 4X4 le long de la mer, traversons un village de natif où personne d'autre n'a le droit de s'implanter, croisons un pêcheur au milieu de nulle part et atteignons notre point dé départ.

Notre guide, Breno, est accompagné d'un autre jeune homme. Pour qu'il apprenne le chemin? Ils se couvrent tous deux de cagoules, leggins, manches longues. Nous marchons de dunes en dunes. Les versants moins raides sont plus fermes. Nous enfonçons en dévalant les versants abruptes. Des lagunes à sec les bordent, de couleur brune.

Le vent souffle, nous rafraîchissant. Des souches forment des animaux étranges. Il y a beaucoup d'oiseaux, quelques chèvres et zébus. Nous marchons 8 km avant d'arriver à l'oasis de Baixa Grande où nous passerons la nuit. Elles est principalement composée d'arbres à cajou et de palmiers.

Nous sommes accueillis par un couple très sympathique. En haute saison, ils peuvent accueillir 50 personnes par nuit. Là nous sommes seuls. Des chemins sont créés dans le sable avec des bouteilles de bière retournées. Ils élèvent des poules, des chèvres et des cochons. Ils n'ont pas le droit de planter du manioc car c'est un parc national. Il y a aussi des chats.

Nous allons nous baigner dans le rio Negro qui est à l'origine de l'oasis. Il est profond à certains endroits, brun rouge et bordé de nénuphars. Nous remontons son cours un bon moment en alternant marche et baignade. L'eau est délicieusement fraîche.

De retour à la ferme, Frédéric dispute une partie de billard et nous déjeunons de viande de chèvre, riz , petits haricots blancs et noirs, spaghettis et tomates.

Sieste dans les hamacs. Heureusement, il y a un peu d'air mais il fait quand même très chaud.

Nouvelle marche d'1H30 dans les dunes pour voir le coucher de soleil mais le ciel s'est couvert. Pas de couleurs au rendez-vous.

Nous nous rendons dans une autre ferme, plus grande. Une ravissante fillette nous observe tout sourire. Comme dans l'autre, des bouteilles de plastiques remplies d'eau entourent les maisons. On nous dit que c'est parce que c'est agréable de marcher dessus… Certains palmiers ont un tronc très graphique.

Après une bonne bière, nous retournons à notre logement. La nuit tombe et la lune se lève. C'est la pleine lune mais les nuages la cachent. Bréno éclaire le chemin et fouille les bords avec un bâton car des serpents peuvent sortir des broussailles.

Dîner de poisson frit, riz, haricots, et spaghettis. J'ajoute une mangue donnée par le restaurateur d'Atins.4 autres Français sont arrivés mais ils suivront un autre chemin que nous. Courte nuit dans des hamacs. Pas facile d'y dormir quand on n'a pas l'habitude!

Lever à 2H30. Petit-déjeuner de crêpes de manioc aux œufs sur le plat et café. Et nous voilà partis pour 27 km de marche dans le sable. Le ciel est toujours couvert et la lune dispense une lumière grise, apparaissant par moment. Pas besoin des lampes frontales!

Une lueur rouge orangée apparaît à l'horizon. On dirait un incendie derrière les nuages. C'est le lever de soleil. Il joue à cache-cache, créant de beaux effets de lumière puis celle-ci blanchit.

Nous marchons de dunes en dunes montant et descendant, traversant les lagunes à sec au sol gluant et glissant. Le guide s'oriente selon leur forme. Les dunes, elles, avancent de 10 cm par jour et changent constamment avec le vent.

Quelques chèvres et zébus y paissent. Des rapaces nous survolent. On trouve aussi quelques carapaces de tortues. Elles ont été dévores par les oiseaux ou sont mortes desséchées si elles n'ont pas su s'enterrer à temps. A certains endroits, le sable forme de véritables tableaux.

Nous n'avons pas eu la photo de carte postale avec les dunes blanches et les lagunes bleues, mais le paysage avec un ciel chargé de nuages parfois noirs et menaçants alternant avec des éclaircies blondissant les dunes est beaucoup plus impressionnant.

Nous commençons à fatiguer. Les passages de sable dur, où il est plus facile de marcher que quand on s'enfonce, paraissent de plus en plus courts et espacés. Il nous est très difficile de deviner à l'avance la nature du sable. A part les versants abrupts des dunes où il est toujours mou, seuls l'aspect des traces du guide nous en informe. Chaque sommet de dunes dévoile l'horizon.

Nous distinguons au loin la bande de végétation qui signe la fin des dunes et… du trek. Les nuages qui la surplombent sont noirs. Les lagunes contiennent un peu plus d'eau. Nous finissons sous des averses courtes mais abondantes qui nous trempent complètement. Au moins, nous n'aurons pas cramé sous le soleil!

Nous commençons à croiser d'autres touristes, venant en sens inverse. Puis nous arrivons en haut d'une haute dune et découvrons avec stupéfaction l'autre versant: la forêt à perte de vue! C'est irréel. Quelques maisons de palmes nous attendent en bas. La marche a duré 7H30.

Dernier regard sur le panorama puis nous rejoignons le monde des arbres. Déjeuner de poulet (garanti sans hormones) et, devinez: riz, haricots, spaghettis! Sieste dans les hamacs.

Le programme prévoyait baignade dans un lagune mais d'une part nous n'avons plus très envie de remarcher pour y aller, d'autre part, la foule est arrivée et après l'expérience de cette nuit et de ce matin ça ne nous tente pas. Nous devons attendre le coucher du soleil avant de repartir en 4X4 mais il n'y en a pas plus qu'hier. Le désert est devenu tout plat sous cette lumière.

Une fois de plus, nous nous amusons à regarder les gens prendre des selfies.

Le temps nous paraît long avant que le 4X4 arrive. Nous devons nous serrer à 4 sur 3 places sur la banquette. La voiture cahote sur et tangue sur la piste sableuse. Nous devons nous cramponner pour ne pas nous cogner aux rambardes ou tête contre tête. La forêt vierge alterne avec des vergers de cajou ou quelques cocotiers. Nous roulons une bonne heure sur ce terrain et arrivons à la nuit tombée dans les faubourgs de Barreirhinas aux maisons faiblement éclairées. Nous devons descendre pour qu'une barge fasse traverser le rio Negro aux véhicules et passagers. Nous finissons par arriver à la pousada et allons dîner sur le port.

Départ à 5H45 le lendemain pour retourner à Sao Luiz, prendre l'avion pour Manaus. Cette fois le trajet est rapide, 3H30. Nous arrivons donc bien en avance à l'aéroport car l'enregistrement est à 13H30. Nous patientons. J'enrage d'avoir perdu mes lunettes car je ne peux ni lire ni avancer sur le blog. Frédéric déniche un restaurant avec déjeuner buffet d'un excellent rapport qualité/prix,. Bonne surprise dans un aéroport! Nous survolons les méandres du delta de l'amazone à Belem où nous faisons escale. Il pleut des cordes! Arrivée à 22H à Manaus. Un compagnon de voyage nous commande obligeamment un Huber. L'hôtel s'avère tout à fait correct. Des commentaires sur Google nous avaient fait craindre le pire!

Nous avons hésité entre 2 types d'excursion, une plus classique qui permet de voir différentes choses et un séjour en lodge avec nuit en forêt en immersion. Nous avons finalement opté pour le premier choix car il pleut beaucoup à cette saison.

Notre guide, Hugo, est péruvien et a 71 ans! Il voudrait retourner au Pérou mais les années COVID ne lui ont pas permis de gagner de l'argent et ont retardé son projet.

notre guide Hugo 

Nous commençons par le marché historique de Manaus, d'architecture "Eiffelienne". Un côté est destiné aux viandes, l'autre aux poissons.

Il est un peu délaissé au profit du nouveau marché. Dans ce dernier, nous observons toutes sortes de poissons, dont le fameux pirarucu, immense. Ses filets, séchés et salés, sont vendus en rouleaux. Il y a aussi des crevettes.

Puis nous embarquons pour et remontons le rio Negro (il y a beaucoup de rio Negro au Brésil!). Le port est impressionnant. Je n'imaginais que Manaus était une aussi grande ville. Nous regardons les "bateaux hamacs", que l'on prend pour voyager sur l'Amazone. Nous avions hésité à le faire depuis Belem car c'est une sacrée expérience, mais cela dure 5 jours! beaucoup trop pour nous...Nous passons sous un pont construit récemment mais peu utilisé. Un gaspillage du gouvernement…

Nous longeons des rizière qui poussent carrément sur l'eau. On croise des pêcheurs.

Premier stop pour aller à la rencontre des dauphins roses. L'eau étant sombre et limitant la vue à une faible distance, leurs yeux se sont atrophiés. Ils sont libres mais on les attire avec du poisson. Nous pouvons les caresser. Leur force est impressionnante lorsqu'ils nous donnent un coup de queue ou de nageoire.

Puis nous allons un peu plus loin voir des danses indigènes. 5 tribus habitent dans la région. Le spectacle est pour touristes mais c'est intéressant. Les sons des différentes flûtes sont captivants. Ils font brûler une sorte d'encens dont j'aime beaucoup le parfum. La pluie se met à tomber avec force. Nous ne visitons pas le village.

Nous reprenons le bateau, poursuivis par l'orage avec des effets de nuages menaçants.

Nous repartons vers Manaus, passons devant les quartiers modernes ou anciens, que nous dépassons et passons devant le port industriel. Le nombre de containers est impressionnant.

Nous allons déjeuner dans un des restaurants flottants amarrés un peu plus loin.

Délicieux déjeuner buffet. Mais la pluie nous rattrape, le tonnerre gronde, le vent souffle avec force. Des bâches sont tendues pour nous protéger. Ils vendent des savons aux nombreux parfums, dont la noix de cajou! Le paysage disparait derrière la pluie.

Le restaurant voisin casse son amarre. C'est toute une histoire pour le pousser à l'aide d'un bateau de touristes, rattacher l'amarre en traversant le marécage des berges. Un vrai spectacle!

Puis nous nous essayons à la pêche en vivier du Pirarucu. Ce poisson a une force énorme.

Une fois le gros de l'orage passé, nous allons voir la rencontre des eaux, l'endroit où le rio Negro et le Solimöes qui donneront l'amazone. Le rio Négro est brun rouge et le Solimöes café au lait. le premier naît dans la forêt et a un pH très acide. le deuxième naît dans les Andes. Les deux eaux se côtoient un certain temps avant de se mélanger. De nombreux cormorans en profitent pour pêcher. Nous apercevons des dauphins à plusieurs reprises.

Nous rentrons. Je me rachète des lunettes de vue. Notre quartier regorge de vendeurs de lunettes, ça tombe bien! Dîner sur la place du théâtre, toute illuminée pour les fêtes. Très bon poisson mais surtout, spectacle de danse. Un couple très beau, vêtu en indigènes, dans de façon sur des musiques actuelles; Le guide nous expliquera le lendemain que ce sont des danseurs d'un festival de qui se tient sur une île voisine une fois par an.

vous admirerez mon petit haut assorti au dallage

Au pied du théâtre, nous admirons la crèche. En plus de l'âne et du bœuf, il y a des jaguars et un coati.

Pour notre deuxième journée d'excursion, nous partons en pick-up droit vers le nord, vers la frontière avec le Venezuela. Nous allons voir des grottes et des cascades près de la ville de Presidente Figueiredo.

Nous roulons plus de 100 km avant notre première étape. Circuit dans la forêt avec un guide très probablement indigène. Il nous montre différents arbres, nous explique leurs propriétés médicinales. Il repère aussi des oiseaux et insectes. Notre guide Hugo rivalise avec lui pour nous donner des explications. Certains arbres sont immenses.

Nous arrivons à la grotte où serpente une rivière. Des chauve-souris y ont élu domicile et nous ne pouvons pas pénétrer loin sous peine d'être asphyxiés par leurs déjections; il faut avoir des masques.

Une femelle coq des rochers couve dans une anfractuosité rocheuse. Elle est brune alors que le mâle est rouge vermillon.

Nous longeons le cours d'eau et voyons d'autres grottes moins profondes. L'eau a un jolie couleur d'or rouge.

Nous voyons deux autres femelles coq des rochers (c'est l'oiseau emblématique du Pérou). Nous retournons par la forêt et avoir la chance de voir un mâle.

la dernière est une photo internet car on ne voit rien sur les miennes 

Nous entendons des singes hurleurs mais ne les voyons pas. Un grondement se fait entendre au loin et soudain la pluie se met à tomber avec violence. Les feuilles nous protègent un temps mais nous finissons par être trempés. Nous reprenons la voiture pour aller déjeuner à Presidente Figueiredo. Buffet de légumes et viande de zébu grillée. Les tranches se finissent avec une lamelle graisse de la bosse, parfumée et de consistance très ferme. La pluie continue à tomber à verse.

Nous continuons vers des séries de cascades. C'est le week-end du Nouvel An et les touristes Brésiliens sont nombreux. Nouvelle traversée de grottes. Ça rappelle un peu les formations rocheuses de Toro-Toro en Bolivie.

Baignade au pied de la cascade la plus célèbre, remontée en escalade…

Marche d'un bonne demi-heure dans la forêt pour aller en voir une autre où l'on peut voir des perroquets… quand il y a moins de monde! Je m'adonne à mon passe-temps favori: passer derrière la cascade avec un peu d'escalade. j'adore regarder à travers le rideau d'eau.

Retour à Manaus. Nous devions faire de la tyrolienne au-dessus d'une rivière, mais le guide a zappé. Quand nous le lui rappelons, il se trompe d'endroit et quand après plus d'une demi-heure de route nous arrivons enfin au bon endroit, c'est fermé et pas moyen de faire rouvrir pour nous. Grosse déception car nous aimons beaucoup cette activité.

Nous allons à nouveau dîner sur la place du théâtre en admirant les danseurs qui ont des tenues de couleurs différentes. Je ne me lasse pas de les regarder! Tout en dégustant caïpirinha et poisson en cocotte.

Nous terminons l'année en visitant Manaus. Balade dans la ville. Les maisons sont rongées par l'humidité.

Deuxième tour au marché. Nous achetons un énorme avocat qui nous servira de dîner. On dirait du beurre!

Nous déjeunons dans la rue du mélange traditionnel brochette de viande et saucisse, riz, haricots avec un jus de fruits inconnus. Nous poursuivons avec un granité (glace pilée) de cacahuètes broyées avec du sucre de canne, du chocolat et de… l'avocat! 100 millions de calories au verre mais c'est délicieux.

La pluie se met, comme chaque jour vers midi, à tomber avec une rare violence. Le signe annonciateur est que tous les vendeurs ambulants plient boutique. Nous nous réfugions dans un supermarché et regardons la rue se transformer en rivière. Dés que ça se calme un peu, nous retournons à l'hôtel. Après-midi blog et sieste. Le soir, les restaurants sont fermés sur la place. Nous dînons grâce aux marchands ambulants et au glacier. Quel réveillon! Un orchestre joue. Le feu d'artifice est tiré après le décompte de minuit. Mais le grand spectacle est sur la plage du quartier chic, trop loin pour nous.

Pour le premier de l'an, nous nous offrons un soin dans un spa un peu éloigné mais recommandé par la réceptionniste. La patronne a accepté de nous prendre un jour férié. C'est une charmante jeune femme qui nous accueille avec un message de bienvenue avec la photo que lui avait adressé Frédéric pour la rassurer sur son honnêteté!

Nous passons un délicieux moment avec soin des pieds (qui en ont bien besoin les pauvres), massage, pierres chaudes, petit snack avec un verre de vin rouge… Voilà qui commence bien l'année!

Nous avons choisi de garder notre chambre afin de dormir un peu avant d'aller prendre l'avion pour Bogota. départ à 01H00 de l'hôtel. Le chauffeur du Huber est un émigré Vénézuélien, au Brésil depuis 5 ans. Il nous demande comment nous considérons les marocains qui ont provoqué des troubles après la défaite du Maroc en foot en décembre 2022. Frédéric tente de lui expliquer en Espagnol que les émigrés Maghrébins sont parfois charmants et parfaitement intégrés et parfois fauteurs de troubles voire extrémistes. Nous faisons la queue plus d'une heure pour l'enregistrement. Quand notre tour arrive enfin, l'hôtesse nous demande nos certificats de vaccination contre la fièvre jaune. Je n'ai pas lu la petite phrase à la fin du mail disant qu'on pouvait nous enregistrer et les mails suivants n'en parlaient pas… Je sais où est le mien, mais bien caché dans une poche inaccessible du sac. Frédéric stresse en croyant qu'il ne l'a pas. Je sais qu'on l'a pris mais n'ai pas idée d'où il l'a mis. On vide les sac à dos. Le sien est à la même place que le mien, logique.

Heureusement, le passage de la police est simple est rapide. Le Lonely planet parlait d'un formulaire à l'entrée à redonner à la sortie et je m'inquiétais un peu car on ne nous en avait pas donné. Mais l'information était obsolète.

Vol un peu pénible de 3H45 à 6H45 dans un Airbus sans appui latéral pour la têt et dont les sièges ne s'inclinent pas, sans extinction des lumières, sans même un verre d'eau. Avianca n'est pourtant pas une compagnie low cost.

9

Nous voici dans notre huitième pays, le cinquième que nous visitons réellement (passages éclair au Pérou, au Chili et en Uruguay). Bien dans le coltar avec le manque de sommeil, nous passons la douane sans problème. Une charmante colombienne parlant Français nous commande un Huber et nous déposons nos sacs à l'hôtel. Après un petit-déjeuner où l'on propose d'emblée du chocolat, inhabituel, nous cherchons une banque où l'on peut retirer de l'argent sans frais puis un endroit où acheter une carte de bus. Cela nous prend un bon moment et nous marchons beaucoup dans un quartier de bureaux.

Nous commençons par la visite du musée de l'or. Une splendeur! Les peuples précolombiens de Colombie n'ont pas été envahis avant les Espagnols et ont développé un riche artisanat. Le musée est remarquablement fait. Nous avons des audio-guides en Français. Les différentes civilisations sont bien expliquées, les pièces remarquablement exposées. Il y a des bijoux, des hommes-jaguars, des hommes oiseaux, des hommes chauve-souris (symbole d'un monde inversé car elles vivent la nuit et dorment et accouchent la tête en bas). Les chamans, de par leur transe, se transforment en animaux.

Nous déjeunons dans la rue de tripes et de petites pommes de terre.

Après un passage par une rue très animée, avec des marchands ambulants d'artisanat et de nourriture en tous genres, nous arrivons à la place Simon Bolivar bordée par la cathédrale, le siège du gouvernement et le palais de justice. Un chanteur crée l'attroupement et un passant s'arrête pour danser.

Nous reprenons deux bus pour rentrer à l'hôtel. Ce faisant, nous traversons des quartiers beaucoup moins reluisants. Beaucoup de gens dorment par terre. Un jeune homme aux bras tailladés montent dans le bus et mendie; Une passagère dit à Frédéric de ranger son portable. Elle finit par intimer au jeune homme de descendre. celui-ci obtempère en l'injuriant. Dans le parc national, des familles entières campent depuis 3 mois. ce sont des indigènes qui manifestent pour leurs droits.

Le quartier de l'hôtel est très calme mais mort le soir. Nous dînons dans une sorte de boulangerie.

Nous sommes heureux de retrouver l'Espagnol et beaucoup de choses nous paraissent familières en Colombie car proches de ce qu'on a connu en Equateur.

Le lendemain, nous montons à Monserrate. C'est un peu l'équivalent de Notre Dame de la Garde ou de Notre Dame de Fourvière. Le sanctuaire est construit sur un site sacré précolombien et dédié au Christ de la Passion. Nous faisons longtemps la queue sous un soleil brûlant (Bogota est à 2 600 m d'altitude) pour prendre un funiculaire.

Belle vue d'en haut, bien que brumeuse. La ville est bordée de montagnes. Le sanctuaire est émouvant. Mais on se croirait au mont saint Michel avec de nombreuses boutiques de souvenirs et des restaurants. Je goûte de la chicha (maïs fermenté). Des mules apportent les denrées nécessaires aux restaurants. Des familles pique-niquent.

Nous redescendons à pied: 550 m de dénivelé sur 2,350 km. les marches sont inégales dans toutes les dimensions. C'est un bon exercice de proprioceptivité. Des gens de tous âges font la montée; certains pour le pèlerinage, d'autres pour le sport, d'autre encore pour la balade. L'accès est interdit aux enfants de moins de 1m et aux adultes de plus de 75 ans. Belle végétation. Il est sensé y avoir beaucoup d'oiseaux mais il y a trop de monde pour les voir.

De retour dans la ville, nous traversons des quartiers avec de belles fresques et des maisons colorées. Elles contrastent avec de hauts immeubles. La ville est joliment arborée.

Nous poursuivons la visite par le musée Botero, dont de l'artiste à la vile. J'avais un a priori négatif mais je trouve finalement ses œuvres très émouvantes. Il s'en dégage une certaine tristesse et je trouve qu'il traite ses personnages avec tendresse. De nombreuses œuvres d'autres artistes du 20ème siècle sont exposées. Le musée lui-même est une jolie maison avec plusieurs patios.

Déjeuner tardif de porc rôti au feu de bois délicieux.

Pour notre troisième et dernier jour à Bogota, nous faisons une visite de la ville avec Thomas, un Français en couple avec une Colombienne. Il nous fait découvrir l'architecture de différents quartiers modernes. Beaucoup d'immeubles sont en brique. Dégustation de croissants et de café. Nous apprenons beaucoup de chose sur l'histoire, la vie des colombiens, les habitudes culinaires, l'évolution de la ville. Un quartier est composé de petites maisons de style anglais. Les riches de Bogota s'y sont réfugié lors de la deuxième guerre civile; Les troubles sont chaque fois en rapport avec la propriété de la terre.

Déjeuner dans un marché: soupe faite avec 3 sortes de pommes de terre, du poulet et une herbe particulière, spécialité de Bogota, et porc au tamarin. Jus de canne à sucre pour accompagner les plats. On se régale.

L'après-midi, visite du quartier historique de la Candelaria. On avait raté beaucoup de choses en s'y promenant seuls. Une fois de plus, je fais collection de street art. Des jeunes me demandent de les photographier et l'un d'eux me souhaite de passer une bonne journée en Français. Une plaque commémore l'assassinat du premier leader de gauche.

Sur une place, des hommes vendent des émeraudes de toutes qualités. Frédéric discute avec eux. Puis nous allons dans l'immeuble de vente officiel. Je "flashe" sur une émeraude. Mais il s'avère qu'elle coûte 13 000 €. Ça coupe court à toute tentation!

Ici, ils vendent de la chicha de toutes les couleurs.

Le théâtre est très beau. Une église de carmélites mélange plusieurs styles architecturaux. Avec sa couleur rouge et rose, elle m'évoque une glace vanille-fraise. C'est intéressant mais je ne suis pas fan. L'espace Gabriel Garcia marquez a une architecture innovante de ville dans la ville. L'orage menace mais n'éclatera pas.

Nous finissons par la place Bolivar, magnifiquement éclairée par le soleil couchant.

Le lendemain, nous prenons le bus pour le désert de Tatacoa. Le trajet devait durer 5H mais il en dure 7 car il y a des travaux sur la route avec des attentes interminables en circulation alternée. Nous descendons de 2000 m! Beau paysage avec des fleuves et une végétation dense. Le bus nous lâche au bord de la route car nous n'allons pas au terminal de la ville suivante. Des motos taxi attendent les touristes. Deux conducteurs d'un certains âge nous prennent, Frédéric garde son sac sur le dos, mon chauffeur préfère l'avoir sur le guidon. Nous voilà partis pour une petite demi-heure de chemins de terre avec des passages sur d'étroits ponts de bois. Chapeau les pilotes! Puis nous prenons un bac sur le rio Magdalena, le plus long de Bolivie. Les motos y pénètrent après une pente de terre et de pierres qui m'impressionne.

Nous arrivons après une courte marche à notre hôtel où nous sommes accueillis avec une limonade glacée à la canne à sucre. Quel délice! Ce sont les grands parents qui tiennent l'hôtel mais leur fille et leur petite-fille sont là pour les vacances; Elles vont venir à paris en mars pour les quinze ans de cette dernière. Nous leur proposons nos services en termes d'hébergement et d'accompagnement pour les visites. La jeune fille s'entraine à parler Anglais avec les touristes. Nous rencontrons une Suisse partie en voyage au long cours. Nous nous inscrivons à la même excursion qu'elle pour le lendemain.

Nuit chaude malgré les ventilateurs. Le désert de la Tatacoa est en fait une "forêt tropicale sèche" car il pleut moins de 400 mm/an dans un désert et ici il pleut 1 100 mm/an. Petit-déjeuner local: arepas (galettes de maïs) avec des œufs brouillés, fruits, et… fromage à tremper dans un chocolat chaud. C'est bon!

Nous partons en jeep pour le désert gris. Nous retrouvons un couple de Français rencontrés à deux reprises en Bolivie. Incroyable! De nombreux troncs pétrifiés témoignent du passé forestier des lieux.

Marche sous un soleil torride a travers des chemins sinueux creusés par un rio. Il persiste un peu d'eau. Le désert abrite 14 espèces de serpent mais ils ne sortent que tôt le matin ou le soir. Des cactus candélabres ou "coussins" ornent le paysage.

Arrêt près d'un élevage de chèvres. Je me rafraichis avec une bière artisanale aux fruits de la passion.

Deuxième marche au sein de formations fantomatiques. Nous sommes à 440 m d'altitude.

Baignade dans des piscines qu'on nous avait vendues comme naturelles mais qui sont bien cadrées! Cela rafraîchit quand même. L'eau de ce rio est impropre à la consommation car trop minéralisée. Arrêt à un endroit où les gens peuvent prendre des selfies, comme en Equateur. Les formations sableuses évoquent des animaux

Déjeuner de plats typiques avec une jus de lulo et un jus de maracuja dans un bel hôtel.

lulo et maracuja 

Repos à l'hôtel. Puis nous repartons pour le désert rouge. Belle densité de cactus. Le duvet blanc des "coussins" piège l'humidité de l'air la nuit.

Ce labyrinthe de formations rocheuses rappelle un peu Brice canyon aux USA. On peut facilement s'y perdre.

Des oiseaux se perchent sur les cactus.

La lumière du soleil couchant magnifie le site. Je déguste une glace citron/mangue tout en essayant de continuer à prendre des photos. Autant dire que je me mets du jus sucré plein les mains!

Splendide coucher de soleil.

En attendant la tombée de la nuit, nous goûtons des bonbons et un alcool de cactus. Le désert de la Tatacoa est réputé pour être un site d'observation des étoiles. Nous allons au tout dernier observatoire non professionnel. Un astronome nous montre les constellations pendant que nous faisons la queue pour voir Jupiter avec 2 de ses 69 lunes et saturne au télescope. Très intéressant. L'astronome nous a envoyé des photos.


Quelle journée!

Le soir, Frédéric joue aux échecs avec la jeune fille.

Malgré la beauté des lieux, nous repartons dés le lendemain car il fait vraiment trop chaud. En plus, nous avons à nouveau été dévorés par les mouches des sables…

Petit-déjeuner de tamales (riz, haricots rouges et poulet cuits dans une feuille de bananier) et fromage au chocolat chaud. Adieux à cette charmante famille. Nous prenons une sorte de pick-up pour rejoindre la ville de Neiva d'où nous prenons un minibus pour aller à San Agustin. Nous faisons le trajet avec une Française de 74 ans, ancienne prof de Français en Guyane, divorcée 3 fois, qui part chaque année 4-5 mois en Amérique latine. Elle a des amis dans tous les pays; Elle rentre pour faire réviser leur bac à ses petits-enfants et vit en Espagne. Quelle personnage! Arrivés à San Agustin, nous sommes charmés par les jolies maisons aux volets et portes multicolores. mais personne ne connaît notre hôtel. En fait, il se trouve sur les hauteurs de la ville, au milieu des arbres. L'endroit offre une belle vue sur les montagnes. Ils ont un minuscule chaton noir absolument craquant, très joueur. Le village est à 1730 m et il fait frais la nuit. Le bonheur! Je me suis tout de suite sentie bien ici.

vue de notre chambre 

Dîner sur la place encore illuminée pour Noël. C'est l'épiphanie et des rois mages en costume miment la scène racontée en voix off. On se régale de crêpe de maïs au fromage. Et surtout, on achète un répulsif sensé être actif contre les petites mouches! Nous sommes réveillés au petit-matin par les caquètement rien moins que mélodieux de sortes de poules sauvages. Ces maudits oiseaux font du bruit de 6H30 à 7H00 puis s'arrêtent… Sur les conseils de notre hôte, après un petit déjeuner de pâte de goyave sur des biscottes, nous prenons un chemin pour descendre jusqu'au rio Magdalena. Des motards téméraires sont descendus un peu plus bas. Une bougie brûle devant un petit autel à la vierge. Nous passons au milieu des champs de café, agrumes, bananiers, en pente très raide. Y travailler doit être épuisant.

Peu après le début du parcours, un chien noir nous sert de guide: il nous attend, vérifie qu'on le suit... Nous décidons de lui faire confiance à chaque embranchement. En approchant de l'eau, les bambous deviennent plus nombreux. Il y a quelques maisons. Une mule remonte des tiges de bambou pour la construction.

Notre chien-guide nous amène à une jolie plage. L'eau est plus calme à cet endroit; mais elle est froide! On suppose 15-16°. Après un peu d'acclimatation, elle rafraîchit très agréablement. Impossible de lutter contre le courant.

Le chien, lui, s'est baigné plus haut dans une flaque. Il nous attend sagement et repart en même temps que nous. A un endroit, on croit qu'il se trompe, mais il tient bon et, évidemment, c'est lui qui a raison! La remontée n'est pas trop rude. 400m de dénivelé environ.

Nous allons au village. La route est assez longue mine de rien. Nous observons fleurs et oiseaux.

Nous déjeunons sur le marché. La dame est charmante. Une fresque représente la vierge protectrice des animaux de compagnie.

Devant l'église, une statue du Christ édenté surprend mais elle signifie que l'on peut tuer les gens avec des paroles.

Frédéric vas se faire raser et couper les cheveux.

Le village est ravissant avec ses maisons colorées. Mais ici c'est récent, contrairement aux villages coloniaux de la région du café, plus au nord et à l'ouest. C'est après la pandémie que les gens ont décidé de rendre leur village plus attrayant. Avant, les maisons étaient simplement blanchies à la chaux.

Les habitants rivalisent sur le thème des oiseaux, en particulier des colibris.

Nous allons dans une agence prendre des renseignements sur les excursions et louons finalement une moto pour le lendemain à un voisin de notre hôte après avoir repéré le circuit. Une petite 100 CV.

Je finis enfin le blog du brésil malgré un WI-FI qui peine à charger les photos. Frédéric discute avec une jeune Française qui a posé "ses valises" ici pour quelques temps. Elle pensait continuer par l'Equateur mais la situation s'est dégradée dans ce pays: des caïds narco-trafiquants ce sont échappés et la terreur règne. Les gouvernements occidentaux interdisent à leurs ressortissants d'y aller car ils craignent des kidnappings.

Départ pour un rétrécissement du Rio Magdalena (Estrecho). La route se transforme en piste caillouteuse et la pente est raide. Chapeau Frédéric d'arriver à piloter là-dessus! J'essaie de le gêner le moins possible. Dans la remontée, la moto change les vitesses toute seule à cause des cahots, ce qui la fait caler. redémarrer n'est pas une mince affaire, d'autant que le sélecteur ne fonctionne pas comme chez nous. Exit les réflexes!

Dans un petit village, des fillettes nous font visiter un site avec des tombes précolombiennes. C'est là que certains objets du musée de l'or ont été trouvés. Une fresque moderne explique l'histoire de la conquête avec une horrible vengeance d'un chaman.

Ce que nous retiendrons le plus, c'est que c'est la plus petite des filles qui a proposé que sa sœur nous guide et qui nous a rattrapés après la visite pour nous dire que nous devions laisser un pourboire! Ca nous rappelle quelqu'un… La route devient plus facile mais il faut sans cesse se méfier car le macadam saute dans les virages ou s'arrête sans préavis. Nous traversons des champs de canne à sucre. Les pentes quant à elles sont toujours couvertes de caféiers. Après un café dans une buvette où ils font du jus de canne à sucre devant une crèche en bouteilles plastiques recyclées,

Nous visitons un magnifique site que les peuples de la civilisation dite "de San Agustin" ont occupé pendant près de 3000 ans. Ils faisaient des tumulus artificiels aplanis au sommet où ils vivaient et enterraient leurs morts. Il est frappant de voir qu'il y a eu des dolmens en Europe et en Amérique à la même époque. Mais ici, les tombes étaient gardées par de magnifiques stèles ornées d'hommes-animaux ou des animaux comme le crocodile, représentant le monde de l'eau ou souterrain. Sous les dolmens, se trouvent des sarcophages de pierre.

Je suis littéralement fascinée par cette civilisation. Le site est magnifiquement entretenu avec une belle route piétonne fleurie. En face, il y a des plantations d'avocatiers. ces arbres demandent beaucoup d'eau et ne sont pas bons sur le plan écologique. or la demande européenne étant énorme, beaucoup de paysans se tournent vers cette culture.

Pause glaces artisanales à la fin de la visite: coco pour Frédéric et Guanabana pour moi. Nous bavardons avec les vendeuses dans une ambiance très sympathique. On nous demande toujours si les lieux nous plaisent, combien de temps on va rester en Colombie, où on habite en France...Pour aller au troisième site, on se trompe de route et c'est reparti pour de la piste raide et caillouteuse. Ce site est dans le même style que le précédent mais on ne s'en lasse pas!

"Almuerzo" (déjeuner avec le plat du jour et une soupe) dans un petit village avant d'aller voir la quatrième plus haute cascade d'Amérique du sud, après Salto del Angel au Vénézuela et deux cascades au nord du Pérou que nous avons vues en 2018 avec Johanna. 400m de haut en trois chutes. Frédéric a gagné en maîtrise mais la piste est encore pire que les autres. A un moment, la moto passe au point mort dans une montée. Tous freins serrés, elle glisse en arrière. Frédéric la bloque comme il peut pendant que j'appuie sur le sélecteur pour passer la première. Travail de binôme…

Alors que la cascade était bien indiquée au début, les panneaux nous induisent en erreur et nous amènent à un village perdu. Demi-tour… Nous arrivons enfin. Le point de vue est beau mais nous ne descendons pas dans le canyon.

Sur la route du retour, nous nous arrêtons pour voir fabriquer la panela, les pains de canne à sucre. Nous sommes très bien accueillis et on nous explique tout le processus. Les cannes sont broyées, bouillies et filtrées, puis le jus bouillonne dans plusieurs bains. Les résidus du filtrage sont donnés aux bestiaux. Ceux du broyage servent à alimenter les feux.

D'autres touristes, Colombiens ou occidentaux, passent mais ne restent que quelques minutes le temps de goûter. Lorsque le sirop est encore liquide (attention à ne pas se brûler), le goût est différent de celui qu'il a après avoir été brassée 15 minutes. La pâte est ensuite versée dans des moules où elle sèche pendant 24H. Ils exportent dans toute la moitié sud de la Colombie.

Dernier arrêt pour une autre cascade de 200M. Les lieux ressemblent à un parc d'attraction avec différentes activités: tyrolienne, via ferrata, balançoire, endroit pour selfies, piscine… Je vais sur le mirador de verre qui surplombe la cascade. La vue est impressionnante.

En rentrant, le pneu arrière crève. Impossible de continuer à rouler. La nuit va bientôt tomber et bien sûr nous n'avons pas de WI-FI... Heureusement, une charmante dame qui rentre chez elle en scooter avec son fils derrière elle, après avoir travaillé au parc de la cascade, nous propose d'appeler le propriétaire de la moto. mais elle n'a plus de batterie et doit aller un peu plus loin. Elle revient un peu plus tard en nous disant qu'il ne répond pas et qu'elle va aller directement chez lui. Frédéric fait du stop pour moi et je rentre en moto pendant qu'il attend. Finalement, la dame a appelé un dépanneur (une sorte de tricycle) qui ramène la moto et Frédéric pour 30 000 pesos soit environ 7€50. Le propriétaire est soulagé car il avait eu peur que nous ayons eu un accident. Anecdote: Ici, presque personne ne porte de casque mais cela pose problème avec la police en cas d'accident! Tout est bien qui finit bien grâce à cette charmante dame.

Mais la soirée est endeuillée: nous avions appris en partant de Villa Vieja qu'une des sœurs de Frédéric, atteinte de la maladie de Parkinson avait attrapé le Covid et que cela évoluait mal. Elle est décédée dans la soirée. Nous ne rentrerons cependant pas en France pour les obsèques.

Pour notre dernière matinée dans ce village pour lequel j'ai un véritable coup de cœur, nous allons visiter le site précolombien situé à 3 km. Je déguste un vrai café avec une gaufre de yuca à la mangue, fraises, banane fraîches.

Mais nous ratons la navette. Frédéric fait du stop (je déteste le faire moi-même) et nous sommes rapidement rendus. Ce site est plus étendu que les précédents avec 5 spots différents, d'époques différentes. Je me régale des détails des stèles et des représentations d'animaux. Les serpents et sauriens représentent l'eau, le jaguar la terre, et les oiseaux l'air.

La végétation alentour est exubérante. L'un des sites est une source sacrée, annoncé par une grenouille.

Après un dernier regard aux tombes, nous rentrons.

Difficile de repartir du village qui n'est pas desservi par les grandes lignes. Nous trouvons un minibus qui part 1H00 plus tard pour la ville blanche de Popayan. Vite, un taxi pour aller chercher nos sacs et revenir au bon endroit. Nous avions hésité à aller au "Lourdes" bolivien, dont le site est paraît-il spectaculaire, mais ça rajoute beaucoup de bus et surtout, c'est tout près de l'Equateur. Il risque donc d'y avoir de multiples contrôles sur la route, ce qui signifie un trajet interminable. Beaux paysages de montagnes vertes avec de profondes vallées. Nous arrivons de nuit à Popayan. Le chauffeur accepte de nous déposer tout près de notre hôtel. Des passagers nous demandent si nous voulons vraiment descendre là car le quartier sur notre gauche est "muy peligroso" (très dangereux). Heureusement, nous allons sur notre droite. Nous arrivons devant une porte fermée avec un code. Personne ne répond à la sonnette. Au bout d'un moment, un monsieur nous demande d'aller voir à la boutique en face. La dame est plus ou moins courant et nous ouvre. En fait, il s'agit d'une sorte de AIRBNB mais la propriétaire ne nous a envoyé les modalités d'entrée que dans la matinée et nous n'avions pas de WI-FI. Nous avons libre accès à la machine à laver et en profitons aussitôt.

Nous ressortons dîner mais la ville est déserte à 7H du soir, tous les commerces sont fermés. Heureusement, il y a un peu plus d'animation sur la place centrale, encore décorée pour Noël. Dîner de brochettes et de maïs grillé. Frédéric a le ventre en vrac, probablement plus pour des raisons psychologiques que dues à la nourriture. Nous marchons un peu au hasard dans les rues joliment éclairées. Au bout de l'une d'elles, deux messieurs nous disent qu'il ne faut pas continuer par là, que c'est "muy peligroso". Décidément! On commence à se demander pourquoi on est venus dans cette ville!

Après une bonne nuit, nous repartons nous promener dans "la ville blanche". Elle est surtout célèbre pour ses processions de la semaine sainte. Ce matin, tout est ouvert, les rues sont animées, il y a des vendeurs de rue partout. Rien à voir avec la veille au soir. Le centre ville est vraiment beau.

Petit-déjeuner au marché: tamales avec haricots rouges, riz et viande avec un café. Les employés municipaux sont en train de démonter les décorations de Noël. Dommage! Nous visitons l'hôtel de ville, remarquable par ses nombreux patios.

Puis nous entrons dans la cathédrale, que nous apprécions surtout pour son incroyable crèche.

D'innombrables pigeons sont perchés sur le campanile.

Pause dans un café pour boire un granité au café pour moi et un jus de mûre pour Frédéric.

Petit passage chez l'esthéticienne pour me faire épiler les jambes. Nous allons voir l'alliance française dont la responsable est intarissable sur sa région.

Excellent déjeuner de porc grillé avec banane, riz, haricots rouges et avocat.

Puis repos dans notre chambre. Nous commençons à planifier la suite du voyage. Difficile de faire des choix! 2 mois c'est beaucoup, mais il y a tant à voir en Colombie et les trajets sont très longs.

Il se met à pleuvoir violemment. Dés que ça se calme, je pars voir le coucher de soleil du haut d'une…

Le site My Atlas s'est mis en maintenance alors que j'étais au beau milieu d'une phrase. Reprenons:

Dés que ça se calme, je pars voir le coucher de soleil du haut d'une pyramide artificielle érigée par les précolombiens. Je ne me fais pas trop mouiller car les maisons ont des toits qui dépassent sur la rue.

La montée est raide. J'arrive juste à temps pour voir un soleil orange dans la brume. La lumière est fantasmagorique.

Je redescends, passe devant une église encore décorée pour Noël et rejoins la grand place où tout un groupe danse sous la houlette d'une professeure. Je les regarde un bon moment puis vais chercher Frédéric pour que nous allions dîner. Après le festin de midi, nous nous contentons de brochettes, arepas et mangue effilée au citron et au sel. Nous regardons à nouveau les danseurs qui ont encore plein d'énergie. La place est moins jolie sans ses décorations.

Aujourd'hui, nous avons deux changements pour atteindre notre destination, Filandia, un petit village dans la région du café.

A peine descendus du taxi, un jeune homme se précipite pour nous proposer un départ immédiat pour la ville intermédiaire, Cali, où nous ne souhaitons pas séjourner (elle est célèbre pour ses cours de salsa mais ça ne tente pas Frédéric). Cet ayudante plein d'énergie porte nos sacs jusqu'au véhicule. Ce premier minibus s'arrête fréquemment pour prendre des gens. Le jeune court pour ne pas rater un passager éventuel. L'ambiance est sympathique, on est vraiment dans la vie des Colombiens. Nous copions nos voisins en achetant de l'Arequipe (nom local de la confiture de lait) dans une ville manifestement célèbre pour ça.

A Cali, grande ville moderne, nous achetons rapidement un en-cas de viande et pommes de terre. La viande s'avère être du poumon grillé et épicé, caoutchouteux à souhait et au goût d'abat prononcé. Même moi je n'arrive pas à finir (pourtant je mange à peu près de tout). Nous déposons le reste sur un muret et il est aussitôt repris par un mendiant.

Deuxième partie de trajet sans intérêt. Le chauffeur n'est ni loquace ni souriant mais il conduit très bien. Nous longeons une plaine couverte d'immenses plantations de canne à sucre. Nous arrivons à une ville de taille moyenne, typique des villes sud-américaines, Arménia. Nous avons aussitôt un départ pour la troisième et dernière partie du trajet. Nous appréhendions un peu ces changements mais tout s'est parfaitement enchaîné. Nous grimpons dans la montagne, la température fraîchit. La forêt prend le dessus, entrecoupée de prés où paissent des vaches qui ne sont plus des zébus mais du même genre que les nôtres.

Nous arrivons à Filandia. Les maisons sont de toutes les couleurs comme à San Augustin, mais la tradition en est plus ancienne. Nous trouvons rapidement l'adresse de notre hôtel mais il n'y a personne. Une jeune femme un peu excitée propose de nous aider mais elle n'a pas de téléphone, nous parle de son oncle qui habite là, bref, est un peu surexcitée et inefficace. En fait, la posada est deux maisons plus loin, il y avait une erreur sur booking. Elle s'appelle le mirador et offre une vue splendide sur la vallée. Notre hôte nous accueille avec un bon café. Il a un écran géant dans son séjour où passent des enregistrements de concerts. Frédéric et lui partagent leur engouement pour ACDC.

Mais à 4H00 du matin, alors qu'il discute avec des amis, toujours en musique, Frédéric lui demande de baisser le son pour qu'on puisse dormir… Outre ses jolis maisons, Filandia est réputée pour sa proximité avec la réserve Barbas-Brenden où l'on peut voir des singes hurleurs. Nous partons avec un guide et après un court trajet en jeep, commençons notre marche dans les pâturages puis dans une forêt tropicale humide à la végétation dense. Nous apercevons une pava de Cauca, grande gallinacée endémique. Les bambous sont gigantesques. Il ne faut surtout pas toucher les jeunes pousses dont les feuilles protectrices sont urticantes. De même, il ne faut pas s'écarter du chemin ca des tiges de bambous ont des épines capables de transpercer les chaussures de marche et dont la piqûre provoque de violentes douleurs de toute la jambe 2H après.

Les lianes qui tombent des arbres sont utilisées par les villageois pour faire de la vannerie. Certains arbres abritent une flore incroyable.

Nous arrivons à une cascade sans que les singes se soient manifestés. Ils sont sensés traverser la vallée à cette heure matinale mais dorment encore... Petite douche sous la cascade. Je crois que je vais finir par me transformer en ondine! Alors que nous commençons la remontée, un grondement rauque suivi d'aboiements assez semblables à ceux des gorilles se font entendre. L'expérience, impressionnante, est surtout auditive car nous ne distinguons que des taches oranges dans les arbres, même avec les jumelles. Ils apprécient les fruits d'arbres aux feuilles blanches. Ces feuilles sont riches en calcium. les indigènes les a cuire pour récupérer le carbonate de calcium qui servait d'excipient aux feuilles de coca (comme la chaux à l'heure actuelle).

on les voit mieux sur les fresques ...

Nous nous contenterons des oiseaux. Nous retrouvons le terno, qui porte un autre nom ici.

Retour à Filandia. Visite du "musée": collection improbable d'objets en tous genres de valeurs diverses par un Américain qui répète ans arrêt que ls gens et ses parents disent qu'il est fou. il doit avoir les lobes frontaux assez atrophiés. Mais il y a quelques poteries précolombiennes intéressantes et des tableaux à notre goût, en particulier un très beau "nu" de dos. Promenade dans la ville, glace sur la place centrale où trône l'inévitable statue de Bolivar, le Libérateur. Je goûte une autre sorte de chicha qui mousse beaucoup, nous dégustons de la noix de coco confite au sucre de cane puis allons manger une "bandeja paisa". C'est un plat traditionnel qui comporte théoriquement cinq viandes (saucisse, travers de porc dans le cas présent) et cinq légumes (arepa de maïs, avocat, riz, haricots rouges pour nous). Ce plat était emporté aux champs par les paysans. Il leur servait pour les trois repas de la journée. Le tout arrosé de citronnade au sucre de canne. On n'est pas à jeun après!

Retour à l'auberge en passant voir notre voisin qui est vannier.

Je repars voir le point de vue du mirador d'aspect futuriste mais me fait prendre par une violente averse. De plus l'entrée est payante et je n'ai pas pris d'argent. Je rentre trempée et bredouille!

Je voulais faire une balade à cheval mais cela ne s'est pas avéré possible. Nous partons donc en randonnée pour notre dernier jour dans ce village. Nous descendons jusqu'à la rivière. Ici, les gorges sont profondes!

En chemin, nous revoyons les bananes roses qui m'avaient plu en Equateur. Elles ne se mangent pas.

Pour remonter, nous sommes pris en stop à l'arrière d'un pick-up qui transporte trois gros cochons roses. Nous nous agrippons à la barrière. Je me crois dans une épreuve de Koh Lanta. Je sens un groin curieux explorer mon pantalon. Frédéric et moi pesons à peine plus qu'un demi cochon à nous deux. Ça nous évite une sacrée montée. Arrivés en haut, nous reprenons et observons la vie des villages. Des fermiers vaccinent une vache avec difficulté, un monsieur est suivi par un cochon noir qui s'est échappé (nous verrons par la suite son propriétaire qui le cherche)… Frédéric sauve un énorme scarabée. Alors qu'il n'y a quasiment que de petite motos ici, je vois avec stupéfaction MA moto, une gladius, déjà rare en France!

Pause bière et granadilla (meilleur que le fruit de la passion). Un panneau interdit les mineurs (je trouve l'image amusante) , les armes à feu et la consommation de drogue. Nous de poursuivons jusqu'à une autre entrée de la réserve Barbas Brenen. La veille, nous avions cherché les singes tôt le matin, seuls avec le guide et ne les avions pas vus car ils dormaient. Aujourd'hui, les Colombiens veulent les voir en mettant de la musique sur leur téléphone et en amenant leur chien… Aucune chance de les voir! Mais la balade est jolie dans cette forêt dense. De nouveau descente jusqu'à la rivière, baignade et remontée.

Bandeja Paisa simplifiée pour le déjeuner tardif. Un chat audacieux veut absolument partager avec moi et me pousse sans arrêt du museau. Son copain chien mange même les haricots, que je donne plus volontiers que mes travers de porc.

Nous pensions pouvoir rentrer en stop mais ça s'avère plus difficile que prévu. Nous marchons longtemps sur une piste. Un monsieur finit par nous prendre et nous dépose au bord de la grande route. Là le stop ne marche pas du tout mais il finit par passer un minibus pour notre destination. Ouf! A Filandia, il y a un monde incroyable. Les habitants des villes voisines viennent y passer le dimanche. Embouteillage monstre de minibus et cars de tourisme dans les petites rues. Heureusement que nous n'avons pas passé la journée là!

Avant que nous ne partions, notre hôte m'offre un paquet de très bon café, normalement réservé à l'exportation. Il a une entente avec un producteur local.

Nous prenons un Willis (sorte de pick-up 4X4 bâché) pour le village de Salento, réputé plus touristique. Notre hôtel est une maison musée avec une collection vintage de vinyles, téléphones, vélos et toutes sortes d'objets.

notre hôtel et les Willis 

Une vieille dame charmante nous accueille. La chambre n'a pas de fenêtre sur l'extérieur et est un peu étouffante alors qu'il fait bon dehors. Nous allons nous promener dans le village, un peu moins décoré que Filandia mais joli aussi. Première étape, réserver un trek dans le parc national de Los Nevados. Puis, réservation d'une descente en VTT. Un homme nettoie la gouttière d'un maison (à 1 étage) sans aucune protection.

Après cette journée de repos, nous partons pour faire du VTT de descente. C'est la première fois pour moi et je suis un peu stressée. Les vélos sont chargés sur les 4X4. Nous montons par une piste caillouteuse jusqu'à 3 378 m d'altitude. Il n'a pas plu depuis plusieurs jours et nous "bouffons" de la poussière. Frédéric joue à l'homme invisible derrière son Buff remonté au-dessus des yeux. Nous sommes avec 3 Belges très sympas.

Vues magnifiques sur la vallée de la Carbonera, sauvage, où poussent les fameux palmiers à cire.

Ces palmiers ne poussent que dans certaines vallées de la Cordillera centrale en Colombie. Ils peuvent faire jusqu'à 60m de haut, vivent jusqu'à 180 ans et ne poussent que d'un centimètre par an. Leurs fruits ont besoin de l'ombre d'autres arbres pour pousser. Ils disparaissent donc dans les zones d'élevage, d'autant que les vaches apprécient ces fruits. Il s'ensuit l'habituel problème entre parc national et intérêt des éleveurs… Leur coupe est interdite, passible de prison. Autrefois, on utilisait leur bois pour la construction et leur cire pour les chandelles (en particulier les cierges) et le calfeutrage des bateaux. dans les temps plus anciens, elle était utilisée pour les moules à la cire perdue des objets en or précolombiens. Première descente en VTT dans cette vallée. Nous sommes équipés de casques.

Frédéric fonce devant alors que je descends prudemment. Je prends mes marques petit à petit. L'une d'entre nous dérape dans le sable. Elle se fait un peu mal au coude mais s'est surtout fait peur et ne veut plus continuer.

Déjeuner au bord d'une rivière. Nous nous trempons les chaussures en traversant. Nous remontons en jeep jusqu'au col puis redescendons en vélo jusqu'à Salento à 1 960 m d'altitude. 1 400 m de dénivelé en 20 km.

Frédéric teste un niveau "expert" sur une une petite descente dans un un sentier raviné. Il se tord un pouce mais sans trop de gravité. Je reste sagement sur la piste pour 4X4 et prend confiance. Je me suis vraiment plaisir. J'aurais dû connaître ce sport plus tôt! Je crois que j'aurais vraiment aimé. Nous fêtons cette belle journée par une bière tous ensemble. Nous sommes crampis de partout mais heureux.

Il nous reste deux jours à passer à Salento avant le départ du trek.

Je suis exaspérée par le site My Atlas qui se met en maintenance tous les soirs à 21H pour nous. Ce n'est vraiment pas pratique pour écrire le blog! J'espère que vous n'avez pas raté la photo de nous en VTTistes!

Nous allons faire la boucle de la vallée de Cocora. 30 min de Willis sur une assez bonne route et la marche commence. En voulant éviter le barnum des miradors pour Selfies, nous nous trompons de chemin 2 fois. La 2° fois, une guide nous remet dans la bonne direction après 1H de montée… Nous passons plusieurs ponts de singes.

La végétation m'impressionne toujours autant. Les jeunes palmiers ont déjà de très grandes palmes. D'autres arbres sont très hauts. Nous apercevons une autre sorte de pava (gallinacée sauvage). La montée est rude. Arrivés sur la crête, nous voici dans les nuages. Un pic se détache au bout d'un moment. Le mouvement des nuages est élégant et fascinant.

Petite pause dans une Finca très fleurie avec un jardin en pente raide. Pique-nique de pâte de goyave et Dulce de leche. Nous voulons aller voir la réserve des colibris mais un guide (ou quelqu'un que nous croyons être un guide)nous dit que ce n'est pas la direction de la casa des Colibris qui ne mène qu'au parc national Los Nevados. Ne voulant pas refaire la même erreur que le matin, je préfère l'écouter. Résultat, nous ratons les colibris. Nous longeons une rivière avec de jolies vasques. Je finis par vouloir me baigner sous une cascade mais elle est glacée! 3 ploufs me suffiront; renseignements pris, elle était à 13°.

La forêt cède la place aux vergers et nous retrouvons la vallée et ses touristes.

Queue impressionnante mais finalement rapide pour reprendre un Willis pour Salento. Je monte au Mirador voir la vue sur la ville et le coucher de soleil.

Le troisième jour, je pars faire une balade à cheval dans les plantations de café. Ce sont des criollos, petits, capables de monter et descendre des pentes raides dans les cailloux ou la boue tout en trottant. Ils sont incroyables d'agilité et de résistance. Le mien a 6 ans, s'appelle Sombra et est encore un peu nerveux. Nous apprenons à monter à la Colombienne, jambes en avant et étriers longs; pas évident. Je suis avec 3 Néerlandais.

Le propriétaire, Oscar adore ses chevaux. La seule fois où il me fait un reproche, j'avais tiré sur la bouche de mon cheval qui faisait des siennes. La balade dure 3 heures. Nous descendons à travers la forêt jusqu'à la rivière que nous traversons plusieurs fois. les chevaux marchent sur les grosses pierres sans glisser malgré le courant. En remontant, pause dans une finca de café pour déguster un cafe paisana, c'est à dire avec de la panela (pain de canne à sucre). Nous n'avons pas fait d'excursion dans les plantations de café car nous l'avons bien vu en Equateur. L'après-midi, nous nous promenons dans la rue real en regardant les boutiques d'artisanat. C'est la première fois que nous voyons de jolies choses. Beaucoup de textiles viennent manifestement d'Equateur. Je découvre l'obsidienne verte d'une couleur magnifique (ma préférée). Frédéric regarde des parties de billard français.

Pour notre dernier soir, nous sommes gratifiés d'un coucher de soleil fabuleux.

Nous avions mis le réveil à 6H30 mais nous réveillons spontanément un peu avant. Soudain un grondement se fait entendre. Qu'est-ce que ça peut être? Puis la maison se met à osciller. Un tremblement de terre! La sensation est très étrange. Notre hôtesse est très stressée. En 1999, un tremblement de terre (terromoto en Espagnol) a fait 700 morts et détruit le centre la ville voisine. Sur nos smartphones apparaît: alerte sismique, magnitude 5, épicentre à une cinquantaine de kilomètres magnitude 5,6. Ça s'arrête au bout de quelques secondes, sans deuxième secousse. Pas de dégât majeur cette fois-ci.

Nous avons RDV à 7H00 pour le départ du trek. Nous serons divisés en deux groupes de 5 et 6 personnes, chacun accompagné de 2 guides. C'est précieux un touriste! Les nôtres s'appellent Nelson et Maria-Fernanda dite Mafe. Nous marcherons avec un couples Suédo-Thaïlandais (il l'a rencontrée alors qu'il était moniteur de plongée en Thaïlande) et leur ami Vietnamien (qui est chef cuisinier en Suisse). Après avoir laissé nos gros sacs, enveloppé les affaires du trek dans des sacs plastiques au cas probable où il pleuvrait, convaincu Frédéric de prendre son pantalon de pluie, nous reprenons la route de la vallée de Cocora. Cocora était le nom d'une reine indigène. Nous empruntons le même chemin que 2 jours auparavant. Nous avions entendu un grognement semblable au bruit d'un cochon la première fois. D'après notre guide, il s'agissait d'un ours. Première pause près d'un torrent où Nelson filtre de l'eau pour tous. Notre compagnon Vietnamien, victime d'une intoxication alimentaire quelques jours avant, a des crampes terribles. Nous observons un couple de gonoleks à ventre rouge.

La marche se poursuit à travers la forêt. Les palmiers poussent exclusivement entre 2 400m et 2 800 m. A 2 900 m, il n'y en a plus. Nous passons devant une ancienne tombe indigène. Nous ne mourrons pas d'inanition, l'agence nous a prévu un petit sac de barres de céréales ou équivalent pour chaque jour!

En fin d'après-midi, nous atteignons les pâturages. On aperçoit au loin la finca (ferme) où nous allons dormir. Elle s'appelle "La Argentina". Demain, nous passerons par "Buenos Aires" et dormirons à "Berlin"! Nous observons à nouveau le jeu des nuages et entrons dans le brouillard. Des oies gardent les moutons. Elles cancanent quand ils s'approchent des limites du terrain et les ramènent le soir à la finca. Incroyable!

La Finca, à 3 450 m d'altitude, est faite de bois et de tôle. Les mulets sont le mode de transport principal. Le propriétaire change le fer de l'un d'eux. Ici, il faut savoir tout faire.

Le froid tombe. Pas grand chose à faire en attendant le dîner. Nous trimballons inutilement des jeux de cartes depuis le début du voyage mais n'avons pas voulu nous charger pour le trek… Nous bavardons avec deux Allemandes.

Sous nos trois couvertures, nous n'aurons pas froid pendant la nuit. Au réveil, Mafe m'offre un café car Frédéric lui a dit que j'étais non opérationnelle tant que je ne l'avais pas bu. Nous observons la séparation des veaux d'avec leur mère pour la traite.

Nous marchons jusqu'à la finca suivante.

Nous continuons à monter et atteignons le paramo, zone d'altitude humide, et ses fameux frailejones. Ces plantes ne poussent qu'en Colombie, Equateur et Venezuela. Ce nom vient du fait que les conquistadors les ont comparés à des moines. Je n'ai pas la même vision des moines. Ces plantes captent l'humidité des nuages par leurs poils et stockent l'eau dans leur tronc. Elles poussent de 1 à 2,5 cm par an. Leur présence correspond à une altitude très précise, entre 3 900 m et 4 300m.

Notre sommet sera la petite pointe sur la gauche 

Nous continuons à monter et laissons nos compagnons, plus fatigués que les vieux que nos sommes, à un col pour monter avec Nelson au sommet de notre trek à 4 4 400 m. De là, nous avons une vue à 360° sur les environs. Nous ne verrons pas le volcan Tolima, 5 215 m, qui restera caché dans les nuages. Le guide nous offre une tablette de chocolat au sommet. Agréable surprise!

 demain nous longerons le lac qu'on devine au fond sur la photo du milieu en bas

Nous redescendons en admirant la vue sur ce que nous traverserons les prochains jours. Un couples de condors nous survole rapidement. Avec un peu d'habitude, leur vol est bien reconnaissable et on distingue la collerette blanche du mal s'ils sont assez proches.

Le pique-nique (fajitas au guacamole, crème de gouda, tomates, salade) a été préparé par l'autre guide à l'abri du vent. Chaque guide porte 20 kg avec les provisions. Chapeau!

Nous redescendons de l'autre côté du col et passons devant un frailejones gigantesque. Ils disparaissent pour laisser place aux pâturages. En altitude, les vaches ressemblent aux nôtres. Frédéric fait ami-ami avec les animaux de la ferme. mais le guide nous interdit d'approcher le bouc: "no es amigo".

La finca Berlin est du même genre que l'autre mais a l'électricité. Nous jouons au jeu de la grenouille et je trouve 2 jeu de carte complets pour jouer à la crapette. Un des deux est décoré de photographies de Bali! Une Canadienne demande à apprendre les règles.

Il fait très froid après le coucher du soleil et je ressors la doudoune! Nous sommes à 3 700 m d'altitude. Cette fois, nous avons 4 couvertures. Les chiens aboient mais nous dormons bien. La propriétaire de la finca se lève à 3H30 pour nous préparer les pique-nique. Frédéric, réveillé tôt, l'aide à les mettre en boîte (poulet effiloché, mélange de légumes, riz et manioc frit).Nous descendons dans la vallée suivante. le petit lac est à sec en cette saison. J'ai vu des photos où des mares émaillaient les lieux de leur bleu brillant. Mais nous avons de la chance, il n'a pas plu les deux jours précédents. pourvu que ça dure car il paraît que la température baisse vertigineusement dans ce cas.

Mafe et Nelson 

Nous remontons de l'autre côté en traversant un bois de polylépis, appelés ici "siete cueros" (littéralement les 7 cuirs). Quelques lupins bleus nous rappellent 'Equateur. Nous longeons un lac à sec (appelé "mosquitos"...). Une algue donne une couleur orange à l'eau du rio.

Nous retrouvons les frailejones, cette fois accompagnés de petits conifères aux allures de bonsaïs. Nous découvrons entre les nuages les monts santa Rosa , santa Isabel et le paramillo del Quindio (4 750 m) remarquable par sa pyramide de sable. Un paramillo est une montagne dont le glacier sommital a fondu.

Pique-nique à 4 100m avec vue sur le lac del Otun, le plus grand lac glaciaire de ce parc national. Nous avons une vue circulaire sur les alentours.

Dernière montée à un point de vue. Photos de groupe.

De là, nous redescendons par une piste jusqu'à 3 900m où nous retrouvons des 4X4 pour nous amener à Manizales, la ville de ce côté du parc. J'en profite pour bavarder avec Mafe. Elle 3' ans (Nelson 44 et moi 54, c'est drôle). Elle a vécu une partie de son adolescence en Angleterre et parle parfaitement Anglais. Elle a fait des études d'agronomie et de protection de l'environnement et prépare son diplôme de guide. Nelson, lui, est plus discret mais connaît parfaitement les montagnes, la flore et la faune du coin. Il ne parle qu'Espagnol ce qui l'a un peu isolé du groupe. Il m'a attendu patiemment pendant que je prenais les photos.2H30 de piste nous attendent, avec un dénivelé de 1 700 m! Belle vue sur le volcan del Ruiz et une grande cascade. Frédéric est un peu écrasé à l'arrière de la jeep. Les gorges succèdent les unes aux autres. Courte averse sur la route. Nous avons eu de la chance d'échapper à la pluie durant le trek!

Arrêt en cours de route pour dîner d'un délicieuse truite dans un restaurant bien-nommé "le coucher de soleil". En effet, la nature nous gratifie une fois encore d'un splendide coucher de soleil. La partie la plus basse qui émerge des nuages est rouge vif. malheureusement, j'ai rangé mon appareil dans mon sac à dos qui est sous une bâche sur la galerie de la voiture...L'arrivée à Manizales est rude: retour à la civilisation avec embouteillages et vapeurs de pots d'échappement.

Notre hôtel est à 2 pas du terminal de bus car nous ne voulons pas nous attarder dans cette ville. la chambre est confortable (eau chaude, pas trop de bruit mais fait 8M2.Le lendemain, Je vais prendre mon petit-déjeuner au café du coin pendant que Frédéric fait son sac et vice-versa. Manizales, entourée de montagnes escarpées, est desservie par des télécabines.

Nous arrivons comme des fleurs 3/4 d'heures avant le départ du bus mais il est déjà plein. Nous nous rabattons sur un minibus 30 min plus tard. le responsable nous fait une fleur car nos sacs sont théoriquement trop gros et d'autres compagnies les ont refusé. Ouf! Le minibus est flambant neuf et confortable. Le chauffeur est un peu gonflé pour les dépassements mais bon...Nous montons et descendons de vallée en vallée. Apercevons un volcan au cône parfait. A l'arrêt déjeuner, nous consommons un peu des barres énergétiques qui nous restent. et tout va mieux.

Arrivée à Medellin (prononcer "Médédjin") quasiment dans les temps. Nous prenons un taxi mais celui-ci ne sait ni lire ni écouter son GPS. il tourne en rond, demande le chemin à Frédéric qui s'énerve, conduit comme un pied et finit par nous avouer qu'il est nouveau à Medellin. A partir de là, Frédéric se calme, le guide comme un nouveau conducteur. Nous avons réservé dans une auberge de jeunesse située dans un quartier plein de restaurants, cafés, casinos… Ça sent le shit à plein nez! Présentation du passeport, et non de sa photo, obligatoire pour la première fois. Une grande fresque orne l'escalier et le toit terrasse offre une belle vue compensant l'absence de fenêtre de la chambre. Notre chambre a deux lits superposés. Ça nous rappelle nos premières vacances ensemble à l'UCPA§

Nous allons faire un tour de quartier, dégustons des pains de yuca (petit clin d'œil à l'Equateur), cherchons une Lavanderia... Bref, on prend nos marques. Bonne soirée au casino où des illustration sur Zoro, la jolie blonde niaise, la jolie brune piquante et les coups de fouet nous font bien rire; On ne perd que 25 centimes. Très raisonnable! La nuit est moins bonne car le ventilateur fait trop de bruit à mon goût, la chambre ne se rafraichit pas à la tombée de la nuit et surtout nous sommes à côté de la réception avec du bruit toute la nui. En Colombie, les porte restent barricadées et les réceptionnistes doivent sans arrêt ouvrir et fermer. Plus la musique des bars voisins, plus les conversations ou jeux au téléphone...

Nous commençons notre visite de la ville par un food tour. Rendez-vous à down town . Nous prenons le métro (on va devenir des pro des différentes grandes villes d'Amérique du sud!) et débarquons au milieu d'un grouillement de gens et petits métiers. Ici on peut tout acheter!

Nous sommes avec un couple de Français et famille de république Dominicaine. Dégustation de deux types d'arepas. Nous n'avions pas encore goûté à celles au chocolo, maïs légèrement sucré avec du fromage frais. Bien, meilleures que es galettes blanches et sèches. Jus de canne à sucre, bunuelos (beignets fourrés au fromage, à la pâte de goyave ou au dulce de leche (servis traditionnellement à Pâques), jus de mangue et fruits de la passion, autre beignets au fromage...

Pause historique sur la place de la cathédrale. Il n'y pas de monuments coloniaux à Medellin car ce n'était pas la capitale régionale au temps des Espagnols.

Puis dégustation de fruits au marché (nous commençons à en connaître beaucoup), passage chez l'herboriste qui a un huile miracle à la menthe, eucalyptus, romarin. Dégustation de vrai café, guimauve faite à base de collagène et de sirop de panela brassée à la main (comme si on faisait des écheveaux), meilleur que ce que l'on anticipait puis empanadas délicieusement croquantes pour finir.

Nous allons ensuite payer notre excursion du lendemain (comme souvent, si on paye par carte ça coûte 5% de plus). Nous allons dans le quartier de Poblado. Celui où nous logeons, a été le premier où la bourgeoisie s'est installée mais il est devenu trop peuplé et les classes supérieures sont parties à Poblado. C'est aussi le quartier des noctambules. Les fresques sont de goûts différents.

Dîner léger après ça dans un excellent restaurant végétarien. Ce n'est pas trop mon domaine de prédilection habituellement, mais là c'était vraiment bon et original, pas de faux steaks bien gras au soja...

Journée rafting le lendemain. Nous faisons deux heures de route en traversant la montagne par le tunnel santa Elena, long de 8,2 km. Medellin est cerné de montagnes. Nous nous retrouvons dans les nuages. Le soleil se lève. Nous arrivons au lieu de RDV , prenons un copieux petit-déjeuner et prenons les 4X4 pour arriver à la rivière. Un accident entre deux camions (sans dégât corporel heureusement) nous bloque un bon moment. Nous descendons à pied un chemin escarpé et longeons la rivière pendant que les guident passent 3 rapides trop compliqués pour nous. Nous commençons par un saut de 6 m et la traversé de la rivière malgré le courant. Je crois qu'ils testent un peu notre comportement dans l'eau. Nous allons voir une petite cascade puis commençons le rafting après un bon briefing.

Nous passons plusieurs rapides. L'eau est du même vert que les obsidiennes, grâce au reflet des arbres et à une algue. De grands arbres la bordent. Il y a des singes, des toucans et toutes sortes d'animaux mais comme il fait beau, ils se cachent dans les arbres. On les voit mieux à la saison des pluies. Nous sommes 11 plus les guides, répartis sur deux rafts. l'autre se retourne au premier rapide! Pas si facile que ça... Un guide en kayak est prêt à récupérer ceux qui paniqueraient en tombant à l'eau mais il a uniquement servi à tester les rapides pour vérifier qu'on pouvait passer. Le niveau de l'eau change beaucoup les choses d'une fois sur l'autre et il est particulièrement bas cette année. L'eau est raisonnablement froide.

Nous croisons à plusieurs reprises des chercheurs d'or qui tamisent le gravier du fond de la rivière. On rit de confondre des paillettes de mica avec des pépites d'or (qui, plus lourdes, ne sont pas à la surface).

Pique nique au confluent du rio verde (le bien-nommé) et d'un autre. Nous assistons à un ballet d'oiseaux ressemblant à de très grosses hirondelles qui effleurent l'eau à la recherche de poissons. Déjeuner de tamales au poulet (riz, haricots, poulet cuits dans une feuille de bananier). Halte au niveau d'une cascade avec une vasque parfaite au pied de la chute. Le fondateur de l'agence est Français. Il a découvert ces lieux à la fin de la guérilla et s'est battu avec les locaux, contre un projet de barrage. Le rio verde est la dernière rivière libre de la région. Son entreprise fait vivre beaucoup de monde: guides, bien sûr, mais aussi chauffeurs, cuisinières... Notre guide, Jonathan, a de faux airs de d'Antonio Bandera mais en plus jeune et avec des yeux clairs... Il nous raconte que quand il était enfant, cette rivière les terrorisait car elle était la frontière entre les FARC et les forces gouvernementales. Elle charriait régulièrement des cadavres! Il ajoute avec humour: maintenant, c'est mon bureau (avec un large geste du bras), et c'est magnifique.

Fin de cette belle journée avec retour dans la nuit.

Malheureusement, elle est quelque peu gâchée par le fait que le portable de Frédéric est resté dans le taxi du matin. le chauffeur prétend ne l'avoir pas vu, dit que c'est le client suivant qui l'a pris, mais refuse de nous donner son contact malgré la promesse de récompense. Par la suite, son numéro ne sera plus attribué et la plateforme de VTC ne pourra rien faire. La tuile! Dîner de plats typiques: Mondombo et sancocho.

25 janvier.

Nous sommes quelque peu moulus suite à la journée de rafting. Nous allons visiter la comuna 13, ancien repaire de Pablo Escobar, qui s'est refait une image. Au passage, nous profitons de la vue par un aller-retour en télécabine sur un autre quartier. Medellin est un peu comme la Paz, cernée de montagnes, avec les quartiers pauvres desservis par des téléphériques qui ont permis de les désenclaver.

Nous galérons un peu pour trouver les escaliers mécaniques qui mènent traversent la comuna. On a fait une erreur en ne prenant pas de guide car nous passons complètement à côté de cette visite: on en voit que le côté barnum, les miradors, les boutiques de souvenirs, les hordes de touristes.

Nous déambulons dans les ruelles, y compris hors des circuits classiques. On s'essouffle vite car la ville, cernée de montagnes, est très polluée (un peu comme Grenoble...).

A la sortie, une frise de singes décrit différents états de la société. Dans toute la ville, les plus pauvres trient les poubelles, récupérant les bouteilles en plastique, les cartons et les cannettes en métal.

En cherchant le métro, nous passons devant un cimetière et le mur des assassinés/disparus dans les années violentes.

Nous changeons de chambre pour une à l'autre bout de l'auberge, plus silencieuse, et avec un lit double.

Dîner dans un café en terrasse pour voir le match de la finale de coupe de Colombie, Bogota contre Baranquilla. Même si on est à Medellin, l'ambiance est chaude. On prend une bière et des salchipapas (frites, saucisses, bacon avec ketchup et mayonnaise). Pour ceux qui me connaissent, si ça c'est pas de l'immersion!

Pour notre dernier jour à Medellin, nous faisons un "bike-tour". Le guide ose nous parler de ce qui ne se dit pas: la paix est relative et très fragile, la police pas toujours "clean"... Nous sommes accompagnés par un guide stagiaire, étudiant en politique, passionné par sa ville et l'histoire de la Colombie. On l'écouterait pendant des heures. on roule en musique. le guide m'a demandé ce que j'aimais. j'ai dit, un peu de tout sauf le regaton. Erreur! Le regaton est né à Medellin… La ville est dotée de nombreuses pistes cyclables bien individualisées. Nous commençons par monter sur une colline au centre de la ville. Beau point de vue. Au sommet, sorte de musée du village construit avec des éléments récupérés dans un village englouti par les eaux suite à la construction d'un barrage. Une statue représente le chef indigène qui a chèrement défendu les lieux. la colline porte son nom.

Le guide nous traduit les expressions inscrites sur les T-shirts souvenirs. J'ai retenu "tchevere", qu'on met à toutes les sauces mais qu'il ne faut pas dire devant n'importe qui (un peu l'équivalent de "putain!" chez nous). Je n'ai pas parlé de l'expression qu'on entend le plus en Colombie: "a la orden" que disent tous les commerçants, soit pour vous alpaguer, soit quand vous les remerciez de vous avoir servi. je n'ai pas trouvé de meilleure traduction que "à votre service". Pause arepas (galettes de maïs) au fromage ou à l'avocat et bière sur une esplanade arborée construite le long du rio Medellin. Le lieu est très plaisant. Les décorations de Noël au-dessus du cours d'eau sont en train d'être démontées. Ça devait être joli.

Passage sur la place du gouvernement avec une grande statue de Betancourt (rien à voir avec le président ni Ingrid la célèbre otage). A côté des monuments officiels se trouve l'ancienne gare. Il n'y a plus de trains actuellement.

L'ancienne place du marché, mal famée, a été remplacée par une bambouseraie avec de hautes colonnes lumineuses. Difficile de circuler à vélo dans down-town.

Arrêt sur la place Botero où sont exposées de nombreuses statues de l'artiste. Si les seins d'une femme sont dorés à force d'être caressés pour augmenter ses chances d'avoir un enfant, le sexe d'un homme l'est pour augmenter les chances des prostituées du quartier voisin d'avoir des clients!

Frédéric éprouve-t-il un plaisir sensuel ou s'est-il brûlé la main sur le bronze en plein soleil? 

Retour par l'impressionnant complexe sportif où l'on peut pratiquer quasiment tous les sports. Le toit des gymnases, en forme de vagues vertes, est sensé évoquer les montagnes colombiennes.

L'expérience a été aussi agréable qu'instructive. Pour finir la journée, nous reprenons le métro et un téléphérique pour aller voir le coucher du soleil du haut du mont Santo Domingo. mais la queue au télécabine, à l'heure où les gens rentrent chez eux nous fait arriver à mi-chemin à la nuit tombée et le deuxième télécabine pour arriver au somme est fermé. Nous descendons dans un quartier grouillant de vie. En prenant un bière avec vue panoramique sur la ville, nous assistons à une démonstration de différentes danses latino par d'autres consommateurs venus là juste pour le plaisir. Bien mieux qu'un coucher de soleil! On peut se promener de nuit à Medellin sans plus de risque que dans n'importe quelle grande ville. Dîner dans un restaurant mexicain indiqué sur un blog mais qu'on a bien du mal à trouver. Heureusement, ça valait le coup avec une viande au chocolat.

Pour limiter les transports, nous décidons finalement de ne pas aller à Jardin et Jerico, villages réputés l'un pour ses activités de plein air, l'autre pour ses jolies maisons. Nous prenons une excursion pour Guatape et le Penon du même nom, grand monolithe de granit. Cette excursion aura surtout un intérêt ethnologique: bus de 40 personnes avec des touristes, Colombiens, Péruviens, Equatoriens, de Saint Domingue, Brésiliens, Américains et les deux Français que nous sommes. Premier arrêt: boutique de souvenirs et ferme de lamas, alpagas et chèvres à qui on peut donner des carottes. Super!

Nous rejoignons le lac de barrage artificiel évoqué lors du Bike-tour. Le nouveau village de Penol, reconstruit plus haut est d'une laideur exemplaire. Nous embarquons pour un tour sur ledit lac. Une croix dans l'eau marque l'emplacement de l'ancienne église, seul bâtiment non détruit par les bulldozers. La musique est mise plein pot. La guide avait prévenu: "c'est notre culture". Des gens dansent sur le bateau voisin en attendant le départ.

Le lac est bordé de villas de luxe que peu de Colombiens peuvent s'offrir. On nous montre la villa en ruine de Pablo escobar, où ironie de l'histoire,, on fait du paint ball maintenant. Moins glauque, on peut admirer celles flambant neuves de deux joueurs de foot. Les berges sont rongées par l'érosion. Un chanteur improvise en fonction des nationalités des passagers, avec humour semble-t-il mais on ne comprend pas tout. On aperçoit au loin le monolithe du penon de Guatapé. Il y a aussi quelques pêcheurs.


Montée à un point de vue avec une reconstitution de la place du village englouti et de multiples boutiques de souvenirs.

Visite du village Guatape, réputé pour être un des plus beaux villages de Colombie mais très touristique. Décevant après la région du café ou San Agustin. Les bas des maisons sont ornés de fresques en relief décrivant le métier du propriétaire. Les natifs du village ne peuvent plus y habiter: trop cher, disparition des boutiques de première nécessité.

Visite d'une exposition de peintures. Comme partout en Colombie, les motos de 150 cc3 sont omniprésentes.

Pour finir, nous montons au Penon de Guatape, impressionnant monolithe de granit. Après avoir gravi 659 marches, nous avons une vue magnifique sur le lac de barrage et ses multiples îles. On ne voit pas le barrage qui est à l'opposé.

Le ciel se couvre. Un nuage évoque le pain de sucre dans le ciel. L'escalier est à double vis: une pour la montée, une pour la descente, bâties dans une cheminée naturelle. Des plantes profitent de chaque anfractuosité pour pousser.


Retour à Medellin. Nous enchaînons directement sur un bus de nuit pour Cartagène des Indes sur la côte Caraïbe. Coup de chance, nous arrivons au terminal juste avant le départ d'un bus et il y a de la place; Le bus est confortable, mais pas de cama ni même semi-cama ici. Petit-déjeuner dans le bus avec une arepa fourrée d'un oeuf. Après 13H00 de voyage, nous arrivons. Je croyais que ce serait plus long et m'étais rendormie. Le terminal est excentré. Nous prenons un taxi et traversons de vastes espaces avec des immeubles en construction au milieu de nulle part et des panneaux publicitaires vantant une vie de rêve. Un faux château fort et un un hôtel à la déco égypto-mille et une nuits hyperkitch sont des motels pour amoureux. Il est indiqué que le parking pour moto ou taxi coûte 30 000 pesos les 3H00 (7€50).

Notre hôtel est dans le centre historique. Nous avons une chambre de 30M2 avec un lit double et 2X3 lits superposés (la hauteur de plafond est impressionnante). Le mode dortoir ne doit plus faire recette.

Cartagena a un peu le même plan que Sao Luis au Brésil: une ville coloniale sur une presqu'île et des quartiers modernes avec des gratte-ciel tout autour. J'ai lu des avis très différents sur cette ville: magnifique, trop touristique, trop de vendeurs de rues… Moi je l'ai trouvée merveilleuse. Bien sûr, les bateaux de croisière déverse leurs groupes d'Américains du 3eme âge, bien sûr, on nous propose sans arrêt de multiples colifichets… Mais c'est le jeu dans un lieu pareil! Nous déambulons dans les rues aux maisons coloniales à grands balcons, sur les remparts en plein soleil. Les bougainvillées et autres lianes fleuries débordent de partout. Des places ombragées permettent de se reposer.

Petit-déjeuner et déjeuner traditionnels dans un microscopique restaurant. Ici, je ne collectionne pas les photos de fresques de colibris mais celles de heurtoirs.

Visite de bijoutiers qui sont légion ici, port de croisière oblige. Nous sommes au pays des émeraudes!

Une statue de Botero étale ses formes généreuses devant une église. Ici aussi, beaucoup de gens dorment dans la rue.

Nous allons dans le parc del centenario car on peut y voir des paresseux en liberté! Les marchands de glace nous les montrent obligeamment. Il y en a 5 ou 7, je ne sais plus. Une mère a encore son petit à proximité (j'ai vu sur un blog des photos de quand elle le portait contre elle, bébé sur un blog). Bizarrement, ils adorent les arbres pleins d'épines!

Nous observons aussi des iguanes, des singes et des perroquets.

Ainsi qu'un entrainement de roller sur la piste voisine. Nous longeons le port

pour rejoindre le quartier bohême de Getsemani, connu pour ses fresques, ses peintres, ses cocktails bon marché et sa vie nocturne.

Le restaurant que l'on cherchait n'est ouvert que le midi. Retour dans le centre.

Spectacle de danses sur la place des douanes. Dîner brochettes sur la place proche de l'hôtel.

Lundi 29 janvier. Visite du musée de l'inquisition. Belle maison ancienne avec une citerne.

Pas beaucoup d'objets mais des textes très intéressants sur l'inquisition en Amérique latine. Cartagène était le tribunal pour la région et même pour Cuba. On comprend comment l'Espagne a voulu maintenir l'unité par la peur entre des colons Européens, des esclaves Africains et des indigènes Américains considérés comme des êtres inférieurs. Les "maîtres" avaient une peur bleue des pouvoirs occultes de leurs esclaves. Je n'ai pas le courage de lire les textes sur l'histoire des différents peuples indigènes, eux aussi intéressants mais ça faisait beaucoup à traduire. Ce musée est aussi appelé musée de la réconciliation et de la tolérance.

Pause sur la place Bolivar (il y a en a une dans chaque ville Colombienne). On observe le ballet des groupes, vendeurs de souvenirs, vendeurs de café, mamas en costume pour la photo, groupes de danseurs… mais aussi le local qui vient chercher son café, l'échange des journaux du jour, le marchand de souvenirs qui achète de l'eau à son collègue… Je me fais masser les jambes. Que c'est agréable!

ce n'est pas moi sur la photo... 

Sous les arcades, les photos de toutes les miss Colombie dont 2 miss Univers sont incrustées dans le sol.

Après-midi passée à déambuler à nouveau dans ces rues magnifiques. Frédéric a trop chaud et reste à l'hôtel. Sur la place d'une église, des statues représentent différents métiers ou activités.

Tour des remparts (je supporte mieux le soleil). Je retrouve les frégates et leur vol magnifique avec plaisir. mais ici, il y a aussi des pélicans. En ville, les vautours sont accompagnés (à distance) de corvidés peu farouches.

Je retraverse la ville, pause bière sur la place près de notre hôtel.

Je retrouve Frédéric pour aller déjeuner dans le quartier de Getsemani dans un restaurant appelé Oh la la, tenu par un français excentrique d'un certain âge qui met un point d'honneur à garder un accent français à couper au couteau. Bon poisson à la sauce de maracuja.

Je continue seule ma balade dans Getsemani. Les peintres enchainent les tableaux. De nombreuses maisons sont reprises comme hôtels.

Re petit tour au parc pour voir les paresseux.

Un vendeur de café un tantinet dragueur me guide le long du port. Point de vue sur le fort que je ne visiterai pas faute de temps. Arrêt sur une micro-plage au pied des remparts. Une jeune fille fête ses 15 ans (fête très importante en Amérique latine) sur un trois mâts.

Coucher de soleil sur la vieille et la nouvelle ville. Comme dans toutes les grandes villes, des marchands ambulants vendent des fourmis géantes à manger, sensées être aphrodisiaques…

Retour à Getsemani pour ses bars de rue avec happy hour: 5 € les deux mojitos! Ca ne se refuse pas. Surtout devant une femme au tigre… L'ambiance st très différente de la journée. Il y a un monde fou sur la petite place devant l'église de la trinité. On mange dans la rue. Je prends 3 mini-saucisses dont le goût et la texture s'avèrent indéfinissables. Je me demande bien ce qu'il pouvait y avoir dedans!

Nous ne souhaitons pas faire les excursions très touristiques sur les îles voisines. Nous prenons donc le bus pour San Onofre (pas mal comme prénom) à 2H au sud puis un taxi pour aller à Rincon del mar. Encore un spot Français. Le Routard est dépassé mais les blogs donnent les bons tuyaux avec une sélection de nationalité. Sur la route, nous changeons d'univers: paysage sec, plantations à perte de vue de palmiers à huile, quelques champs de manioc, bananeraies, papayers. dans les jardins, cocotiers et manguiers. Ça nous rappelle Madagascar. D''ailleurs, les zébus sont semblables.

Notre chambre d'hôtes est tenu par une Colombienne qui a passé son enfance à Miami puis épousé un canadien et vit 6 mois par an dans l'Ontario, 6 mois ici. La chambre est minuscule mais c'est pas cher et il y a la clim. On est directement sur la plage.

L'eau n'est pas cristalline mais délicieusement chaude. On se baigne agréablement quand Frédéric est piqué par une méduse. Pas deux ou trois filaments mais un grand placard urticant sur tout le flanc droit. La douleur est intense. Nous profitons malgré tout du coucher de soleil.

Le lendemain, baignade et promenade sur la plage. Excellent déjeuner de poisson sauce coco. Le village n'a que deux rues.

Le soir, les frégates volent en groupe près de la plage. Certaines sont noires avec la tête et la gorge blanche, d'autres sont noires avec un appendice rouge vif sur la gorge qu'ils gonflent parfois.

Les pélicans, eux volent en V, toujours du sud au nord. Ils sont noirs avec une tête noire ou jaune clair. J'imagine qu'ils sont migrateurs.

Nous avons réservé une excursion pour aller voir le plancton luminescent dans la mangrove. Départ incertain jusqu'au dernier moment car le vent est trop fort. Nous finissons par partir, un peu en surnombre car ils ont mal compté les enfants amenés par deux famille françaises en voyage au long cours et la pirogue est petite. La mer est effectivement assez forte. Frédéric et moi, à l'arrière, prenons de pleins paquets d'eau de mer dans la figure (surtout lui à l'aller). Le problème est qu'ils ne nous avaient pas prévenu et que nous avons apporté appareil photo et téléphone (pour les photos de nuit) que nous protégeons comme nous pouvons.

Premier arrêt près d'une petite île où les oiseaux reviennent chaque soir pour nicher avant de repartir le lendemain matin pour se nourrir.

Puis nous atteignons la mangrove, passons un étroit chenal entre les palétuviers et arrivons dans une lagune intérieure. Nous attendons la nuit noire et plongeons dans l'eau incroyablement chaude. Le plancton n'apparaît que lorsque l'on remue l'eau. On s'en donne à cœur joie en brassant, palmant, et éclaboussant.

Retour au village par une mer toujours aussi forte. Le moteur a des ratés et cale souvent.

Nous devions faire une excursion dans les îles voisine le jour suivant mais la mer ne s'est pas calmée et nous ne pouvons partir en mer. Tant pis...Je profite de la plage.

La plage n'étant pas la tasse de thé de Frédéric, nous retournons à Cartagène. De plus notre hôtesse me faisait penser à la reine de cœur dans Alice au pays de merveilles (livre que j'ai détesté enfant): maison de poupée pleine de bibelots enfantins, interdiction de toucher à quoi que ce soit, impossible d'avoir la clé de notre chambre, il fallait passer par son homme à tout faire pour y entrer ou sortir de la maison. Elle l'appelait à n'importe quelle heure (pour un pot tombé à 5H du matin à cause du vent), réveillant tout le monde. Très particulier et étouffant. Cela nous mettait sous tension inutilement.

Nous ne poursuivrons pas sur la côte caraïbe, comme la plupart des voyageurs, mais retournerons dans les montagnes. Nous avons hésité à aller au carnaval de Baranquilla mais redoutons, la foule, les voleurs, les gens alcoolisés, l'attente des cortèges… Finalement, nous n'irons pas.

Nous rappelons le taxi de l'aller pour aller prendre le bus. Beaucoup plus sympa.

A Cartagène, nous avons réservé un Airbnb près du centre: grande chambre aux lumières tamisées et à la décoration moderne, clim parfaite, un bonheur! Nous nous reposons une bonne partie de l'après-midi. Play list you-tube de Marco Antonio Solis, le chanteur de charme Mexicain ou des tubes romantiques anglo-saxons des 70-80-90-ties.

Balade dans la ville.

Nous voulions dîner dans un restaurant situé dans le patio d'une belle demeure mais il fallait réserver pour un vendredi soir alors que ce n'était pas nécessaire le reste de la semaine. Nous allons dans un restaurant péruvien branché manger de délicieux sushis (spécialité péruano-japonaise) et un steak parfaitement cuit au bacon. L'un comme l'autre, nous avons depuis peu un dégoût de tout ce qui est frit, des arepas, et même des patacones (bananes plantain écrasées et frites) que nous aimions beaucoup. C'est bizarre. Cocktail à Getsemani, il ne faut pas perdre les bonnes habitudes!

Nous n'avions pu voir le musée de l'or, fermé le lundi. Nous nous rattrapons cette fois. Ici, pas d'homme chauve-souris mais des hommes langouste!

Loin d'être une pâle réplique de celui de Bogota, il apporte d'autres informations: film sur le flûtes utilisées par les précolombiens, un autre sur la fabrication des fameux chapeaux vendus à tous les coins de rue, faits à partir d'une liane, dans la tradition des indiens Zenu. Film sur les joaillers spécialisés dans les filigranes d'or, tradition elle aussi héritée des Zenu.

Déjeuner de citronnade et d'arepas au fromage sur la place Bolivar. Je suis émue par un père et sa fille indigènes, en robe de coton blanc comme dans les films, qui paraissent perdus et tournent autour du vendeur d'arepas. Des invitées à un mariage posent avec les mamas de Baranquilla.

A Cartagène, on trouve de nombreuses boutiques de créateurs.

A 17H, nous allons prendre le bus pour San Gil, dans la cordillère orientale.

station de bus intra-muros des grandes villes 

Nuit pas terrible. Nombreux arrêts où le conducteur allume brutalement la lumière. La fin du trajet est superbe: après la ville de Bucamargua, grande et moderne, construite sur une arrête, la route serpente sur une autre arrête qui longe le canyon de Chicamocha, profond de 2000 m. Le paysage est somptueux. Les nuages qui nous enveloppaient au lever du jour se sont dissipés.

Depuis Bucaramanga, la route tournicote et les nombreux enfants présents dans le bus vomissent chacun leur tour. Bonjour le parfum d'ambiance! Mais les parents (seuls ou en couple) sont visiblement habitués et gèrent ça avec le plus grand calme et les sacs et lingettes adéquats!

Nous arrivons à San Gil (1 247 m) vers 10H30. Cette ville est connue comme la capitale des "sports extrêmes". En ce qui nous concerne, il ne faut pas exagérer, mais nous avons bien l'intention de profiter des multiples activités proposées. Nous logeons dans une auberge de jeunesse tenue par un Australien. Elle ne paye pas de mine de l'extérieur mais recèle un joli jardin arboré avec un jacuzzi, des hamacs… Le propriétaire fait agence de tourisme et nous renseigne aussi bien sur les activités gratuites.

Déjeuner dans le parc botanique où poussent de très beaux arbres. Les portions sont énormes. La spécialité d'ici est la chèvre rôtie.

Promenade dans le parc à admirer arbres et oiseaux. Le sand flyes sont aussi de la partie... Un serpent file sur le côté. Mieux vaut ne pas s'éloigne des allées…

San Gil est construite de part et d'autre de la gorge du rio Fonce. Les rues sont incroyablement en pente mais ne font pas peur aux conducteurs de 2 roues! Jolie place centrale arborée avec une cathédrale.

Lundi 2 février. En attendant une météo favorable pour faire un vol biplace au-dessus du canyon, nous allons faire du rafting. Rapides 2-3-4. C'est vraiment une activité sympa! Ici l'eau n'est pas verte mais gris-marron et la végétation très différente de la dernière fois. pas de chercheurs d'or.

Le lendemain, la météo ne se prête toujours pas au parapente. Après avoir patienté une partie de la matinée, nous prenons un minibus pour Barrichara, "le plus beau village de Colombie". Nous arrivons effectivement dans un beau village colonial, désert en ce début de semaine.

Dans l'équivalent de la mairie, Frédéric parvient à obtenir un plan avec les différents lieux à voir. Comme d'habitude, les rues sont en pente. Aux limites du village, la nature reprend ses droits.

Déambulation dans les ruelles joliment fleuries. Passage devant de jolies petites chapelles. Quelques boutiques d'artisanat sont ouvertes. Vues sur l'imposante église. Dire que ce village grouille de touristes Colombiens le week-end!

La pierre locale est un joli grès ocre. Dans le cimetière, les artistes donnent libre cours à leur créativité: images pieuses ou représentation du défunt, le choix est libre. Malheureusement, il est fermé le mardi.

Le soleil se lève peu à peu. Au fond de la vallée, un pont contemporain de l'église enjambe la rivière. C'est la sortie des écoles avec un déferlement d'élèves. C'est assez amusant de voir les adolescentes en sage robe-tablier écossaise flirter et écouter du regueton.

Déjeuner de salade pour moi. Un vrai plaisir! Puis nous empruntons le camino real, chemin précolombien, pour rejoindre le village de Guane. Cinq petits kilomètres mais une sacrée descente pour débuter. Puis le chemin serpente au milieu des pâturages avec vue sur la vallée. L'orage chauffe sur les montagnes en face. Nous avons la chance de voir un . Un groupe de collégiens est en sortie et fait beaucoup de bruit! Avec les zébus, on se croirait en Afrique.

Nous arrivons à Guane. Bière bien méritée dans une épicerie. l'entrée est décorée de curieuses pierres arrondies, parfois rouges. Visite du musée du village où j'apprends que ces pierres sont des fossiles de coraux et de plantes sous-marines. D'énormes ammonites sont exposées ainsi qu'un fossile d'hippocampe d'une quarantaine de centimètres! Une autre salle est consacrée à la culture Guane. Ils ont été massacrés par les Espagnols.

Je goûte la spécialité locale, le sabayon: du lait de chèvre avec de l'aguardiente et soit du café, du whisky, de l'ananas... Je trouve ça moyen. De nombreux petits oiseaux jaunes nichent dans un arbre au milieu des fleurs. C'est ravissant. l'orage se rapproche, le tonnerre gronde et les éclairs zèbrent l'horizon.

Nous retournons à Barrichara en minibus. Le soleil se couche dans un ciel tourmenté.

Deuxième minibus pour retourner à San Gil.

A peine le temps de se doucher que nous ressortons: le patron de l'auberge a organisé une soirée "tejo". Ce jeu traditionnel colombien ressemble un peu à la pétanque. mais les boules sont en pierre et on les lance sur une piste de terre glaise centrée par un anneau métallique où sont posés deux pétards. C'est bien sûr quand un pétard explose qu'on gagne le plus de points. Frédéric et moi jouons de malchance, nous touchons les pétards sans qu'ils explosent! Nous faisons équipe avec un couple canadien de notre âge, un Suisse à la retraite et un jeune Néerlandais. On s'amuse bien!

Mercredi, les conditions sont enfin bonnes pour le parapente! Nous reprenons la route de notre arrivée à San Gil pour atteindre l'aire de décollage, au-dessus du canyon de Chicamoca. Le temps est brumeux. Nous attendons que le vent se lève. Les plus légers partirons les premiers. C'est mon deuxième vol biplace (le premier s'est passé dans les Pyrénées alors que Marianne n'avait pas 1 an!). Frédéric, lui, a fait une semaine de stage avec Vincent à saint Hilaire du Thouvet.

Nous ne survolons pas les mêmes endroits, le vent ayant changé. Je monte à 2 800m et reste longtemps au-dessus du canyon. Frédéric, lui, passe carrément au milieu des nuages et survol l'autre côté du canyon qui fait un coude à cet endroit. Prendre les thermiques avec les vautours, avec pour seul bruit celui du vent est magique. Quant à la vue sur le canyon… on trouve difficilement un plus bel endroit pour voler.

Au retour, nous nous arrêtons au village de Curriti. Après un déjeuner de chèvre rôtie, yuca, bananes, riz, nous allons nous baigner dans des piscines naturelles. Elles sont plusieurs à succéder le long du cours d'eau.

L'une d'elle est assez profonde pour que l'on puisse sauter des rochers. mais nous ne le saurons qu'à notre retour. J'observe des fourmis transporter des feuilles énormes par rapport à leur taille en me chauffant sur les pierres plates. Des jeunes font du tubing (descente de rivière sur des chambres à air).

La Colombie est réputée être un formidable terrain de jeu en milieu naturel. Nous continuons donc à nous amuser à San Gil. Aujourd'hui, balade en moto selon un trajet conseillé par Shaun. Pas facile sans GPS, mais on essaye avec Maps-Me. Cette fois, la moto (toujours une 150 cm3) est en très bon état: freins et pneus au top. Nous portons casques et gants. Ça change! Par contre, les routes sont les mêmes... Pour commencer, avant la prise en mains, descente vertigineuse des hauts de la ville à la grand route, sur des pavés mal équarris! Puis on se trompe dans le sens du trajet et on doit retraverser la ville et ses embouteillages. Une fois partis, on se retrouve assez vite sur des pistes boueuses ou des chemins de pierres (on ne peut plus parler de pistes). J'admire vraiment Frédéric d'arriver à piloter là-dessus. On rate un embranchement et devons refaire un bon quart d'heure en sens inverse d'un horrible chemin. Mais ça valait le coup: nous arrivons à une maisonnette où nous faisons une pause en charmant un bébé et sa grand-mère, puis vingt bonnes minutes au milieu des bananiers, agrumes, et autres arbres.

Le chemin descend et nous arrivons à une petite rivière, avec deux vasques naturelles d'un beau vert qui se jette du haut d'une falaise dans un canyon. Très impressionnant! Ca me rappelle la Chapada Diamantina au brésil mais cette fois je le partage avec Frédéric. Nous nous baignons, regardons la vue. Nous sommes absolument seuls. C'est magique. Se tenir debout à côté du départ de la cascade avec le canyon à nos pieds est vertigineux!

Nous remontons, buvons une bière pour moi, un coca pour Frédéric et repartons. Belles vues sur le canyon et la cascade. Nous passons au milieu des plantations de café, en bouton ou en fleurs. On dirait qu'il a neigé.

Puis nous descendons dans le canyon de Chicamoca. Piste bien raide et empierrée. Les caféiers cèdent la place au tabac.

Nous arrivons au village de Jordan. Il fait très chaud au fond du canyon (ce qui nous a dissuadés de faire le trek du camino réal sur plusieurs jours). La place centrale arborée et sa petite église sont charmantes. Nous buvons à nouveau et partageons une empanada au poulet avant d'aller déjeuner. Du moins c'est ce qu'on croyait car tout est fermé.

Nous remontons par le même chemin, faisons demi-tour deux ou trois fois, montons des chemins incroyablement raides tout en admirant la vue sur le canyon et ses environs. La montagne Santos de Piedra (les saint de pierre) fait penser à Table Mountain au Cap en Afrique du Sud, qui illustre sur mon chapeau de soleil.

Nous arrivons à Villa Nueva où nous dégustons de délicieuses pâtisseries avec un jus de Tomate de Arbol. Une jeune cliente nous interpelle , nous demande sin la Colombie nous plait et nous donne des conseils sur les lieux à voir dans la région.

Nous retournons à San Gil par une bonne route. En chemin, nous nous arrêtons au Penon de Guane pour faire de la tyrolienne au-dessus d'un autre canyon. 500 m dans chaque sens. De bonnes sensations. Le site offre une belle vue sur San Gil et nous attendons le coucher du soleil.

Le loueur ne veut pas qu'on conduise de nuit et on comprend vite pourquoi! Dernière épreuve: maps me nous fait prendre une rue à contre-sens et cette voie est si raide qu'au bout de quelques mètres, la moto cale et recule… heureusement qu'un jeune homme nous aide et je finis la rue à pieds. Ouf! Ca aurait été bête de chuter à quelques mètres de l'arrivée!

Pour notre dernière journée, je vais faire de l'accrobranche dans un site avec une haute falaise (70 m) le long de laquelle coule une cascade à la saison des pluies. Frédéric a des ennuis digestifs depuis quelques jours qui ne se sont pas améliorés avec la moto et préfère s'abstenir. Je suis seule avec le guide. Une vingtaine d'agrès, entre les arbres ou sur la falaise: pont de singe, tyroliennes, via ferrata, rappel...Je m'amuse comme une folle. La cascade ne coule pas mais le rappel se fait sous un mince filet d'eau.

Après-midi tranquille, jacuzzi en fin d'après-midi. La spécialité du coin, ce sont les fourmis hormigas, celles qui sont vendues comme aphrodisiaques dans les grandes villes mais qui ici sont utilisées un peu comme des cacahuètes: seules à croquer ou en condiment. Je me dois d'essayer! On mange l'abdomen. En fait, ça a un goût de grillé, ni plus ni moins, ça craque sous la dent et ça gratte la gorge.

Dernières photos avant de quitter San Gil.

4H d'un bus très confortable avec télé personnelle, films (pour une fois, les écouteurs ne sont pas au fond du grand sac!), WI-FI...Les canyons s'enchaînent. La Colombie n'est vraiment pas un pays plat! Nous arrivons à Tunja, "préfecture" de la région de Boyaca, et prenons un minibus, quasiment sans attendre, pour Villa de Leyva, un autre des plus beaux villages de Colombie.

Le village grouille de touristes Colombiens le week-end mais redevient un paisible village ordinaire en semaine. Le paysage change radicalement: collines rases (avec du paramo aux sommets), plateaux cultivés. La belle forêt cède la place à des eucalyptus et des mimosas originaires d'Australie et de pins à longues aiguilles eux aussi importés. Nous mangeons une glace à la spécialité du coin: les myrtilles. Et, oh surprise, ils vendent aussi des glaces pour chien, à la viande ou au foie!

La grand place n'est pas carrée et arborée mais une immense place pavée en pente. Une jeune fille en robe de princesse se fait photographier pour ses 15 ans. Nous prenons un cocktail sur un roof-top avec une vue magnifique sur la place et attendons le coucher de soleil. La température baisse immédiatement. On est à 2 000 m.

La nuit n'est pas idéale: le WI-FI ne marche pas (=> impossible d'organiser les prochains jours), un chien aboie sans arrêt de façon suraiguë dans la maison. Alors que je me suis enfin endormie, une famille Colombienne arrive à minuit, parle fort, téléphone à "fifille" pour lui dire qu'ils sont bien arrivés (avec l'interlocutrice sur haut-parleur évidemment). Heureusement qu'on a l'habitude de se réveiller tôt car le lendemain matin, ils frappent les uns chez les autres et s'interpellent à 7h00 du matin!

Nous partons faire une promenade à pied après un petit-déjeuner dans une pâtisserie. Nous allons voir les Pozos Azules, des lacs bleus artificiels dont les photos m'ont donné envie. Après une marche d'une petite heure, nous arrivons et visitons ce site privé. Promenade au milieu des pins à longues aiguilles et de la terre au dégradés d'ocres. Les 7 étangs sont un peu décevants, pas du tout bleu-turquoise aujourd'hui.

C'est mignonnet. On s'amuse comme d'habitude à regarder les gens faire des selfies.

Puis nous allons voir une maison d'architecte en terre, avec un intérieur inspiré de Gaudi. Mais l'entrée est chère pour le pays et agacée par les pozos azules où il fallait aussi payer l'entrée, je décide de ne pas faire la visite. Je m'en mordrai les doigts en voyant des photos par la suite. Tant pis pour moi! Frédéric ne voulait pas entrer de toutes façons.

Visite du village. Jolies maisons blanches aux balcons de bois. Les fossiles sont tellement nombreux dans la région qu'on en trouve dans les soubassements des maisons. Même les maisons récentes respectent le style.

Les bougainvillées et autres lianes fleuries abondent. Il ne faut pas oublier que "bougainvillées" vient de l'explorateur Bougainville et que cette plante est originaire d'Amérique du sud et pas du tout de la méditerranée.

Repos à l'auberge. Nous discutons avec un couple de Français, Etienne et Diana, en voyage pour deux ans. Ils sont aussi allés à Sajama. Nous échangeons nos expériences, parlons voyage au long cours, enfants… Pendant qu'ils vont à la villa de terre, je monte à un mirador avec une statue de Christ. Etant donné tous les miradors christiques auxquels je suis montée, je pense que j'ai droit à un envoi direct au paradis à ma mort!

La vue est assez belle mais au retour je suis un chemin mieux balisé qui m'amène à cul de sac: une porte verrouillée et des barbelés. Je remonte un peu sans retrouver mon chemin initial. Ne voulant pas remonter tout en haut, je coupe par la forêt et m'égratigne les jambes, me pique sur les aloès... Je commence à m'inquiéter car la nuit va tomber et je n'arrive pas à descendre dans cette végétation. Je finis par suivre un cour d'eau quasi à sec. Je débouche dans le jardin d'un hôtel de luxe (en passant sous des barbelés) et le garde me regarde d'un air effaré quand j'arrive à la barrière: hirsute, en sueur, les jambes en sang...Je retourne à l'hôtel.

Après une douche, nous continuons la discussion ave Etienne et Diana, puis allons boire des bière artisanales grâce à une adresse trouvée par nos compagnons (délicieuses, ça change des blondes classiques) et finissons par un hamburger à emporter. Nous passons vraiment une excellente soirée avec eux! Comme ils doivent passer un mois à Paris avant de partir en Asie, j'imagine organiser un dîner avec Tom et Léa, nos amis de Sajama.

Lundi 12 février. Frédéric avait 2 rêves pour ce voyage. Un qui n'a pas pu se faire: la traversée du salar d'Uyuni en vélo, l'autre que nous allons tenter de réaliser: visiter des mines d'émeraudes. Nous partons donc pour Muzo, LA capitale de l'émeraude. C'est la mine la plus célèbre au monde. Nous prenons un premier minibus pour la "sous-préfecture", Chinquinquira, puis une sorte de grand 4X4 où nous n'avons pas de place pour les pieds. C'est parti pour 3H de trajet. Le paysage est magnifique avec une succession de crêtes dentelées et de vallées encaissées. En plus, il fait très beau, sans la brume habituelle. La spécialité du coin est la panela (pains de sucre de canne). On s'arrête même pour que les passagers puissent acheter les gros blocs en forme de d'assiette creuse. La voisine de Frédéric vomit au moment de l'arrêt mais le conducteur l'oblige à aller chercher de quoi nettoyer. Il y a aussi des plantations de cacao et des vergers de tomate de arbole. Nous arrivons à Muzo qui n'est qu'un bourg d'environ 9 000 habitants. Des statues illustrant le travail de la mine sont disséminées dans le village. Les fresques qui ornent les murs représentent des animaux avec des émeraudes. Muzo vante bien sûr ses pierres mais aussi sa faune sauvage et son environnement. Nous sommes à 800 m et il fait très chaud. Nous entrons dans une boutiques de bijoux et d'émeraudes au hasard. Le patron nous montre quelques pierres puis nous conseille d'aller voire le musée. Nous y trouvons des explications sur les mines; les pierres, LE gros propriétaires, légende de la ville, mort il y a quelques années, ainsi que des objet de la culture précolombienne locale.

Nous laissons nos coordonnées afin d'être contactés par quelqu'un qui puisse nous faire visiter les mines. Les grosses mines souterraines appartiennent à des multinationales. Nous choisissons de passer la journée avec un le propriétaire d'une petite mine, conseiller municipal. Un mirador surplombe la ville avec un Christ et l'inscription: "Paix - Dieu voit tout". La région était une des plus dangereuses il y a peu .

A côté de l'église, qui a été reconstruite trois fois à cause des tremblements de terre, se trouve une chapelle aux murs ornés de fossiles, quartz, pyrite. Un homme prie avec ferveur, probablement un mineur qui espère la bonne fortune.

Pour notre journée minière, nous commençons par aller acheter des bottes, un casque et l'obligatoire "poncho", une marge écharpe blanche qui sert à s'essuyer le front mais aussi à regarder les pierres. Nous commençons par aller voir les mineurs qui trient les déchets d'une grande mine multinationale. Un garde armé surveille qu'ils ne dépassent pas les limites autorisées. Une majorité de femmes charge les gravillons qui sortent de la mine, puis ils sont triés après avoir été rincés dans la rivière.

Nous achetons deux pierres brutes pour 20€.

Nous allons ensuite voir ceux qui exploitent le minerai au-dessus de la rivière. Ils arrosent la pierre noire pulvérulent, vont jeter au loin les grosses pierres inutiles et trient les gravillons. Il y a autant d'hommes que de femmes.

Nous sommes très bien accueillis. Ils sont contents qu'on vienne les voir. Un vieux mineur demande à poser pour la photo. Un peu plus loin, seules des femmes travaillent sur une mine visiblement moins généreuse. C'est la pause déjeuner pour certains.

Nous reprenons la piste en profitant du paysage.

Nous allons à la mine de notre guide. En chemin, Frédéric le questionne sur la question de l'exportation des émeraudes mais notre homme se cantonne au marché local. A un moment où on parle de confiance, il montre discrètement le flingue caché sous sa chemise à Frédéric qui est quelque peu impressionné. A San Gil, le café de quartier où nous prenions notre bière avait un écriteau interdisant le port d'armes dans son enceinte. C'est peut être un petit mafieux… Mais la mine s'appelle la "bénédiction" et est protégée par la vierge.

Nous entrons dans la mine, long tunnel de 300m avec une partie latérale inondée ce jour. 15 mineurs font trois groupes de 5 heures. mais ils ne travaillent pas aujourd'hui. C''est nous qui allons forer au marteau piqueur puis au pic les veines de quartz où se trouvent les émeraudes. La foreuse pèsent des tonnes.

Il nous demande d'enregistrer une vidéo pour encourager les touristes Français à venir visiter. Il faut dire que la demi-journée n'est pas gratuite: 135 € pour nous deux, en ayant obtenu une ristourne parce qu'on ne gardait ni les bottes ni les casques. Ça aurait été pratique dans nos sacs à dos… Nous mettons les gros cailloux dans un wagonnet et ramassons à la main ou avec une pelle les graviers. Ceux-ci sont mis dans un filet que Frédéric portera jusqu'à la sorite. Arrosage au jet d'eau puis tri à la main à la recherche des précieuses émeraudes. Nous trouvons effectivement plusieurs grains verts de petite taille, bien visible dans tout ce noir. Et nous pourrons garder notre récolte (ci-dessous)!

notre collecte - émeraudes brutes dans leur gangue de quartz et de pyrite 

Après nous être désaltérés avec de la citronnade à la panela, nous rentrons à l'hôtel. Après un peu de repos, je pars à pied au mirador. Je demande mon chemin aux soignantes d'un EHPAD (maison de retraite). Ici ils appellent ça "Bien-être du 3° âge". Encore plus hypocrites que nous! Comme en Equateur, les gens ne comprennent pas qu'on veuille marcher pour le plaisir. Ces charmantes dames me conseillent de prendre une moto-taxi. Je passe par un raccourci que m'interdisent parfois les animaux. Il y a des chiens partout qui ne sont pas vraiment méchants mais aboient fort en vous suivant. Bien qu'il soit plus de 16h, il fait encore très chaud. Belle vue sur les montagnes et le village.

Le chemin passe sur une crête qui permet de voir de l'autre côté. Mais c'est très brumeux. Google Maps annonçait 600 m de dénivelé. J'arrive au mirador juste avant le coucher du soleil.

Belle lumière en redescendant.

Nous repartons dés le lendemain à Villa de Leyva. Le village est dans la brume au réveil comme la veille. Nous retournons prendre un petit déjeuner colombien que nos partageons: les œufs et le pain pour Frédéric, le bouillon avec des pommes de terre, une côte de porc bouillie et du persil pour moi. Le tout avec café au lait ou chocolat chaud. Nous bavardons ave un canadien d'un certain âge en road trip moto à qui nous donnons nos bons tuyaux. En attendant le bus, Frédéric discute avec un français et un Sud-Africains marchands de pierres précieuses et mois avec un chauffeur de tuk-tuk et la dame qui tient le café du terminal. Ils me demandent combien coûte le billet d'avion et on compare les salaires minimum, le pris d'un déjeuner… La dame m'offre des bonbons et on se fait de grands signes de la main quand le bus part. Cette fois nous sommes dans un minibus et pas un 4X4. C'est un peu plus grand. Je profite à nouveau du paysage, même si c'est plus brumeux. Le chauffeur lit ses messages sur WhatsApp alors que nous sommes sur une route de montagne qui tournicote, à 1 voie mais à doubles sens…

A Villa de Leyva, je vais voir le musée paléontologique situé dans un ancien moulin à eau. Les explications sont bien faites sur l'époque où cette région était une mer intérieure avec des dinosaures marins.

L'atmosphère de la ville est bien différente de celle du week-end: les écoliers qui rentrent chez eux en chahutant ont remplacé les touristes. La grand place st quasiment déserte.

Pendant que je visitais le musée, Frédéric est allé chez le barbier et s'est fait tailler la moustache en futures bacantes. Résultat amusant. Nous allons manger la spécialité sucrée de la ville: le mille-feuilles. Il y avait trop de queue à la pâtisserie le week-end. Ils sont effectivement délicieux avec une pâte fine et croustillante et une crème bien plus légère que la crème pâtissière. Nous en partageons un au chocolat et un à la confiture de lait. A côté se trouve une chocolaterie psychédélique avec des vendeurs en livrée qui fait aussi office de musée du chocolat.

Comme c'est la Saint-Valentin, nous nous offrons un dîner dans un restaurant gastronomique avec une bonne bouteille de vin argentin. A la fin du menu; il y a des plats pour chiens!

Le lendemain matin, j'emmène Frédéric dans une petite boutique où j'ai repéré deux bagues avec des émeraudes. L'une est très claire mais ira avec un de mes colliers, l'autre a une belle couleur mais des inclusions de carbone noires qui font baisser sa valeur. Elles sont montées sur argent et nous les négocions à 9 000 pesos (soit environ 225 €) les deux. Mais surtout, la commerçante nous fait rencontrer un tailleur d'émeraudes installé à Chiquinquira qui fait spécialement le déplacement pour nous. Il nous montre plusieurs pierres, de poids, couleurs et qualités variables. Frédéric les examine avec la loupe de tailleur; il n'y pas de 10X. Jai surtout un avis sur la couleur et la brillance. Une fois notre choix fait, il faut passer à la négociation et savoir comment on paye. Les comptes colombiens n'ont pas d'IBAN ni de BIC. On fait un mélange virement Revolut / argent liquide. Nous sommes un peu en galère depuis début janvier avec le fait que notre banque principale, HSBC, a été rachetée par le CCF et que nous n'avons plus aucun accès à ces comptes là. Heureusement qu'on avait chacun trois comptes. Frédéric lui, n'a plus accès à Revolut puisqu'il n'a plus son portable. Bref, il nous reste trois comptes sur 6.

Nous changeons partons vers l'est et allons à Iza, petit village réputé pour sa proximité avec le lac Tota et pour ses desserts. Il nous faut 3 bus pour cela. Nous trouvons une grande chambre dans une maison de style colonial. Les propriétaires sont d'origine indigène et on nommé leur Hostal du nom d'un cacique Muiscas qui avait fait la paix entre les différentes tribus.

Nous voudrions faire une grande randonnée en vélo mais la haute saison est passée et le seul louer est fermé (comme certains hôtels).Nous prenons donc un minibus pour aller au lac avec l'intention de revenir à pieds. Soit une vingtaine de kilomètres, d'abord en montée puis majoritairement en descente. Le lac est le plus grand (naturel) et le plus haut de Bolivie (3 100m). Il est connu pour sa plage blanche. Elle est due aux falaises de grès voisines. On se croirait sur nos côtes hors-saison: pas un chat à part des ouvriers, plage interdite pour travaux... Une pirogue datant de 150 ans côtoie les embarcations de tourisme. Il y a un projet de grand embarcadère comme à Penol.

Nous rencontrons une Allemande, Andrea, qui parle bien français. Nous faisons un bout de chemin ensemble puis partons chacun de notre côté. Nous commençons par monter en suivant les bords du lac. En fait, il y a plusieurs plages.

Nous découvrons la Colombie agricole. En prenant un bière, nous discutons avec la propriétaire de la minuscule boutique de tôle: 5 mois/an, c'est la saison des pommes de terre et 3 mois/ an celle des oignons. Il y a aussi des petit-pois ainsi qu'une légumineuse à fleurs roses, non comestible même pour le bétail , qui sert à régénérer le sol.

Comme nous sommes à plus de 1500 m, les vaches sont comme les nôtres et non des zébus. Les moutons ont encore leur laine et les agneaux sont attendrissants.

Nos poursuivons notre route en suivant Maps Me. Certains panneaux sont inconnus en France: l'un signale qu'il faut passer en feux de croisement, l'autre qu'on arrive dans une zone accidentogène (c'est à dire qu'il ne faut pas doubler).

Nous entamons notre descente sur le village de Tota où nous déjeunons d'un almuerzo (soupe + plat complet). Nous regardons la sortie des élèves. La place est ornée de statues naïves sur les spécialités du coin.

Nous poursuivons la descente en suivant un chemin de croix jusqu'à une petite église. Vues plongeante sur la vallée et les montagnes. On voit le village d'Iza au loin (notre destination).

Après que Maps Me nous ait fait prendre un chemin de chèvres très en pente et dérapant où nous n'étions vraiment pas à l'aise, nous arrivons dans le val de la rivière: frais, ombragé, vert… Ici, les eucalyptus sont rois. Ça sent bon. Les grands lichens poussent comme partout et donnent des allures fantomatiques aux arbres. Contrairement à ce que j'imaginais, ils sont doux au toucher.

Après une vingtaine de kilomètres en partant de plus de 3 000m d'altitude, nous en avons plein les jambes. Nous allons nous reposer aux sources chaudes à l'eau soufrée. Ça fait du bien! Mais après un savonnage, nous sentons toujours le souffre. Ma chemise de nuit gardera l'odeur et mon T-Shirt, l'a gardée malgré la lessive. Nous dînons de desserts, la spécialité d'Iza: flans, cheese-cakes, aux fruits, aux noix, au chocolat, aux couleurs bizarres… Il y en a pour tous les goûts!

Le lendemain, nous marchons 4 km pour aller à d'autres sources chaudes, mais à l'eau ferrugineuse cette fois-ci. Nous nous rapprochons de la buse pour l'avoir plus chaude. Nous nous baignons une bonne heure puis allons profiter d'un massage. A l'huile chocolatée pour Frédéric et à un fruit au parfum acidulé pour moi. Le bonheur! A notre arrivée à 10H, il n'y avait qu'un couple avec nous. A notre départ à 13H, c'est autre chose!

Déjeuner de truite à la Boyacense (de la région de Boyaca). Cette recette a gagné le concours de la meilleure truite de la région en 2023. Les restaurant affichent fièrement leur participation à ce concours. Il y a de nombreux légumes dont des anciens appelés Nabo, petites boules roses ou rondelles de légume blanc strié de noir, plus croquants que les pommes de terre et très légèrement sucrés. Cette truite est délicieuse. Nous finissons bien sûr par un dessert (après les myrtilles je me devais de gouter aux fruits de la passion!). Dernières photos de la ville. Ici, les fleurs sont majoritairement des roses, des fuchsias et des géraniums. Nous ne sommes pas dépaysés.

Nous ne sommes pas encore arrivés à l'hôtel que nous voyons le minibus rouge que nous devons prendre. Frédéric demande au chauffeur de nous attendre et nous courrons prendre nos sacs.

Retour au terminal de Sogamoso (ville toujours aussi laide) pour prendre un autre minibus pour le village colonial de Mongui. Nous suivons une grande vallée au fond de laquelle se trouve une très grosse usine de charbon. il y a en effet des mines dans la région. Nous montons à 2 900 m. A l'arrivée sur la grande place pavée et en pente, la lumière du soir sur l'église ocre est superbe. Nous cherchons notre hôtel (des cabanas construites dans le jardin d'un particulier). Une dame à qui nous demandons où se trouve la rue commence par nous répondre, blasée, qu'ici tout le monde a des cabanas puis se débrouille pour nous trouver le renseignement.

Le soir, tout est fermé à part de rares bars et boulangeries. Après un bon petit déjeuner (œufs, croissant, fromage, frits frais, café ou chocolat...), nous allons réserver notre excursion pour le lendemain. Puis nous montons à la cascade de la sainte trinité. Belle vues sur la vallée. Nous passons devant une plantation de muriers et retrouvons les fleurs de taxos dont nous avions apprécié le jus en Equateur.

Nous traversons un pan de forêt des nuages avec de belles épiphytes. la cascade coule peu en cette saison. Les gens viennent y chercher de l'eau bénite. Petit sanctuaire visiblement très respecté.

Je monte un plus haut et retrouve les frailejones. Le chemin du sanctuaire est ponctué par un chemin de croix. Des hommes débroussaillent les stations pendant que des femmes les repeignent en prévision de la semaine sainte.

Deux jeunes femmes de Bogota en week-end nous prennent en voiture sans même que nous ayons fait du stop. Nous arrivons au village. On rencontre souvent des animaux dans les rues. L'entrée du cloître, fermé à cette heure a un pilier en forme de palmes unique en son genre.

Almuerzo traditionnel avec une soupe aux navos.

Après un peu de repos, visite du village. Le cloître attenant à 'église fait office de musée dans les grandes cellules des moines franciscains. On visite aussi la cuisine. Un jeune garçon s'est imposé comme guide mais il faut se cacher quand arrive un guide officiel! Le coquin… Dans certaines salles, il se contente de me lire les étiquettes. Comme je n'ai pas de monnaie, je ne lui donne pas de pourboire. Mal joué.

Les rues sont bordées de jolies maison. La spécialité de Mongui, c'est ... la fabrication des ballons de foot! On en vend partout et il y a plusieurs fabriques.

C'est dimanche et des hommes descendent à cheval des hauteurs pour boire une (ou plutôt plusieurs) bières.

Je bois avec plaisir un verre de chicha sous le regard surpris et amusé du vendeur. Un ancien pont permet de traverser la rivière. Il est fait de divers matériaux dont du sang de bœuf, ce qui lui donne probablement sa solidité. Il a été construit pour permettre l'acheminement des pierres de la carrière située sur la rive opposée au village. Montée à un belvédère.

Retour au village.

Dîner d'une pâtisserie, d'une bière et d'un café. Nous partons avec notre guide Sara faire une randonnée dans le paramo d'Oceta. Nous ne pouvons le faire à partir de Mongui car les éleveurs (qui protègent leurs intérêts sur leurs terres) luttent contre le Parc national (qui protège les frailejones) et ont interdit l'accès au paramo (qui passe par leurs terres). Nous faisons donc une heure de route pour aller à Mongua où un accord a été trouvé: les marcheurs passent par un corridor entre les pâturages cernés de barbelés. Les vaches ne mangent pas les frailejones mais les piétinent.

Nous démarrons en longeant le lac noir qi par cette belle journée est plutôt bleu. De hautes falaises le surplombent. Nous passons devant une cascade comme d'habitude presque à sec. Les paramos sont le réservoir d'eau du pays, les frailejones piégeant l'eau des nuages par leurs feuilles et la stockant dans leur tronc.

Ici, il existe au moins six espèces différentes d'espeletias, de leur nom scientifique: plus ou moins poilues, jaunes ou blanches, brillantes ou non...Nous montons à un col et je demande à monter au sommet juste au-dessus pour avoir une vue à 360°. C'est interdit car privé mais comme nous sommes seuls, Sara accepte. Nous montons à 4000 m. A l'horizon, nous apercevons les glaciers du Parc national El Cocuy.

Après avoir bien profité de la vue, nous redescendons. J'arrive à bavarder avec Sara. Mon Espagnol s'est amélioré.

notre guide Sara

Nous rentrons à Mongua. L'Eglise ressemble à celle de Mongui mais le village est beaucoup moins joli. Plus loin, nous traversons la ville minière (de charbon, pas d'émeraudes) de Topaga. Comme en Equateur, les villes de Colombie accueillent les visiteurs par leur nom en lettres décorées.

Nous programmons nos derniers jours en Colombie. Comme nous ne sommes pas allés sur la côte nord, ils nous reste quelques jours. Los llanos sont trop chaudes et trop chères. Tant pis pour les animaux et les ballades à cheval. Je suis tentée par le MN El Cocuy avec les plus grands glaciers de Colombie mais pas Frédéric. Finalement, nous partirons chacun de notre côté (pour cinq jours). J'irai à El Cocuy et Frédéric ira directement à Bogota. Sara m'a donné les coordonnées d'un guide de ses amis à Güican, village moins touristique (tout est relatif car peu de gens y vont) que El Cocuy. Je pars à 8H00 pour 9H30 de trajet, 238 km et ... 4 minibus. Après les deux premiers, la route est magnifique avec des montagnes aux reliefs découpés et de des vallées. A un moment, le chauffeur du minibus m'indique que l'on voit bien les glaciers du PN El Cocuy. Nous longeons à ce moment une gorge très profonde. Un autel à la vierge est ornée de multiples phares de voiture et une carcasse rouillée est montée sur un piédestal. La barrière de sécurité est complètement enfoncée à un endroit. Nous traversons des villages aux églises blanches.

Randonner dans ce parc national n'est pas simple: cette fois, ce sont les indigènes U'Wa qui s'opposent au parc national car c'est un lieu sacré pour eux. Il a même été fermé complètement aux touristes pendant quelques temps. Un accord a été trouvé en 2 019: seules trois randonnées d'une journée sont autorisées. On ne peut plus faire l'ascension des sommets ni faire le trek de 6-7 jours qui traversait le massif du nord au sud, ni camper ou dormir dans les refuges. Il faut faire entretien par visio avant d'arriver pour bien comprendre ce que l'on doit respecter. Les randonneurs sont limités à 100, 110 et 130/j selon les randonnées. Quand j'arrive à Guïcan, à 2 908 m, je n'ai pas pu faire l'entretien (j'ai eu le lien trop tard la veille) ni payer mon entrée au parc (par un virement sans IBAN ni BIC) pour le lendemain et le bureau est fermé. Heureusement, Mario, mon guide, parvient à s'arranger pour qu'on puisse quand même faire un des chemins dés le lendemain. Nous ne sommes plus en haute saison et en semaine c'est assez calme. C'est un vrai guide de haute montagne. Il a fait le Cotopaxi et le Chimborazo en Equateur et des sommets au Pérou. Il m'avoue qu'avec d'autres guides, ils vont en douce faire des sommets du parc. Il sait perfuser, suturer, et pratiquer les premiers secours en cas d'œdème pulmonaire lié à l'altitude.

Dîner frugal car il n'y a pas de restaurant, seulement des boulangeries et un fast-food (mode colombienne).Départ à 5H00 le lendemain matin. Il fait nuit noire. Nous partons en 4X4 pour trois quarts d'heures de piste. Il fait faire attention aux agneaux qui dorment dans les trous de la route! Arrivés à une finca (ferme), nous nous garons et démarrons la randonnée à 3 900 m au lever du jour. Il fait froid; j'ai ressorti les vêtements qui ne m'avaient pas servi depuis le départ de Bariloche en Argentine. Anecdote, Bariloche signifie putain en Colombie. Un jour je me suis trompée entre Barrichara et Bariloche et ça a bien fait rire mon interlocuteur. Nous partons de 3 900mcommençons par une partir plate le long d'un rivière puis montons un grand ressaut. Le soleil se lève et éclaire le pulpito del diablo (la chaire du diable) plus au sud. C'est une roche noire parallélépipédique. Les frailejones sont là. Une espèce pousse jusqu'à 4 500m. D'autres plantes ressemblent à des algues. On retrouve aussi les coussins verts de l'acantuta.

Arrivé en haut, nous débouchons sur des roches lissées et plissées par le glacier il y a bien longtemps. Nous les suivons et apercevons la masse blanche au-dessus de nous. Notre but est à 5 000m d'altitude. J'ai la bonne surprise de constater que j'ai conservé mon acclimatation. La vue au nord et à l'ouest se révèle progressivement avec des montagnes ocres, pointues et des petits lacs turquoises. Puis nous débouchons au bord du glacier avec vue sur les Ritak U'wa noir et blanc. magnifique!

Pause grignotage et admiration du paysage.

Nous descendons ensuite auprès de la glace et nous faufilons entre les séracs.

Puis nous entamons la descente en suivant les roches lisses puis la moraine. Nous croisons un touriste et son guide qui montent, les seuls autres humains rencontrés! Comme chaque jour, les nuages montent vers 11H00. D'où l'intérêt de partir tôt!

Nous retrouvons les pâturages et les moutons. En traversant une rivière, nous apercevons une truite. Mario me la pêche à la main pour mon déjeuner! Il la vide dans le torrent et la suspend à une branche de saule.

Retour à l'hôtel. La patronne accepte de faire frire ma truite. Puis je vais avec Mario faire les démarches officielles au bureau du parc (enregistrement, paiement du droit d'entrée et de l'assurance pour nous deux, réservation pour les prochains jours). Ça prend un certain temps mais cette fois je suis en règle.

Rédaction du blog allongée sur mon lit. Dîner de pain à la noix de coco, bière et café.

Je me couche à 19H00 car demain, départ 4H30 et je sui quand même fatiguée. En plus, des gens ont fait du bruit à 3H00 cette nuit et les coqs chantent à partir de 3H30!

Je suis réveillée à 23H00 par une sonnerie inhabituelle de mon réveil pourtant mis sur "ne pas déranger". Il s'agit d'une alerte à tremblement de terre. Mais il a lieu à 85 km et je ne ressens rien.

Lever 4H15. Mais des gens se sont levés, ont pris une douche, allumé les lumières, etc... à 3H30 pour être encore en train de prendre le petit déjeuner à 4H30. Ça m'énerve! Moi, je suis prête en 15 min.

Je retrouve Mario comme prévu. La voiture ne veut pas démarrer. Heureusement, il a pris un autre guide pour le déposer au point de départ et celui-ci pousse la voiture. Il fait nuit noire. Nous roulons 1H15 sur la piste en direction du sud. Cette fois, nous allons au pied du Pulpito del Diablo.

Le temps est couvert ce matin. Nous commençons à marcher dans les nuages. Peu après notre départ nous avons la chance de voir les cervidés. Ils ressemblent un peu à nos chevreuils. Il y a uniquement des femelles, peu farouches.

Le temps s'améliore. Ouf! Nous arrivons à un premier petit lac puis entamons une montée très raide dans les rochers. El paso del conejo (le passage du lapin), ainsi nommé car on est parfois obligé de marche à quatre pattes. 400 m de dénivelé entre 4 200 m et 4 600 m d'altitude.

Mario me promet une superbe vue arrivés en haut. Effectivement, nous débouchons sur des roches lisses en pente relativement douce (ancien socle du glacier) avec vue sur le Pulpito et le pain de sucre.

Nous progressons jusqu'à 4 820 m d'altitude. Des bornes marquent les endroits où arrivait le glacier en 2 000 et 2 020. Le recul est impressionnant.

les bornes indiquent où arrivait le glacier en 2000 et 2020 

Nous arrivons au pied du Pulpito. Ce bloc est parfait sous toutes ses faces.

Bonne pause à profiter du paysage puis nous entamons la descente. Vue sur un autre glacier plus au nord. Nous croisons plusieurs groupes qui montent cette fois-ci. Les étrangers sont beaucoup plus habitués à la randonnée en altitude que les Colombiens. Mais j'explique à Mario qu'il y a un biais de sélection: seuls les étrangers amoureux de la montagne viennent ici! En attendant, mon ego boit du petit lait car il dit à tous ses collègues nos temps de montée…

Nous descendons el paso del conejo, pas facile non plus en descente. Arrivés en bas, nous croisons une famille Colombienne de Baranquilla sur la côte. Ils n'ont aucune acclimatation à l'altitude et sont en difficulté. Il est déjà tard pour monter, les nuages reviennent. Une femme n'est pas allée plus loin que la finca de départ car elle avait mal à la tête et son mari a fait demi-tour au pied du mur. Leur guide nous demande de les raccompagner à Güican pour qu'ils n'attendent pas trop longtemps.

El paso del conejo vu d'en bas 

Nous longeons un torrent à l'eau incroyablement claire et voyons à deux reprise un lézard endémique.

Arrivés dans la vallée, nous retrouvons les cervidés et des lupins en fleurs.

Nous avons rattrapés le monsieur dans la descente et l'attendons quelques temps à la finca. J'en profite pour bavarder avec la touriste de Baranquilla et la fermière. Moment d'échange sympathique.

Retour à Güican. La route, de jour, est belle. une bonne partie est bordée de siete cueros / arayanes / polylépis. J'aime vraiment cet arbre, symbole des Andes de haute altitude pour moi.

Repos/ blog à l'hôtel. Pas de formalités à remplir aujourd'hui. Ce soir j'ai vraiment faim mais heureusement un vendeur ambulant vend des brochettes. Je me jette dessus. Il fait aussi une pizza géante à différent viandes et à la pâte croustillante. J'en prends une grande part. Coucher 21H.

Lever 4H45. Nous roulons une heure pour aller à un lac d'altitude situé de l'autre côté du Pulpito del diablo. C'est la randonnée la plus longue: 22 km aller retour , départ à 3 500m et arrivée à 4 700m. Aujourd'hui, il fait grand beau. Nous marchons au petit jour dans les pâturages. Nous apercevons des cervidés mâles, beaucoup plus farouches que les femelles. Il n'y a pas assez de lumière pour prendre des photos. Après une première montée qui nous fait passer devant un sanctuaire de la vierge, nous arrivons dans une vallée de frailejones traversée par une rivière qui s'écoule en une jolie cascade. Les falaises environnantes sont petit à petit éclairées par le soleil. Les plantes brillent de mille gouttes de rosée. Nous suivons la vallée et arrivons devant un deuxième ressaut. Le Pulpito et le pain de sucre dépassent des espeletias.

Au sommet, nous avons une belle vue sur la vallée derrière nous et découvrons le glacier du Pico Toti. Le fond de la rivière est coloré par les trainées ferrugineuses rouges. Nous passons sous un rocher à figure d'homme, le gardien de la montagne.

Nous progressons le long de la moraine et arrivons à un lac où le Pulpito et le pain de sucre se reflètent.

Puis nous arrivons au-dessus d'un lac bleu vif cerné par trois glaciers. J'en reste bouche bée tellement c'est beau! Je prends des photos pendant que Mario gère ses prochaines réservations et qu'un chien qui nous a suivi depuis la vallée se repose.

Nous grignotons puis continuons vers le glacier. Mario s'est un peu fait tirer l'oreille car il serait bien redescendu directement. Mais il me l'avait proposé avant la pause et je ne vais pas rater ça!

Nous suivons des falaises ocres et arrivons à l'extrémité de la langue glaciaire. Les séracs surplombent une falaise noire.

en bas à gauche, la langue terminale du glacier 

Nous redescendons et passons voir un abri sous roche où les randonneurs pouvaient bivouaquer avant, sous le "regard" du gardien de la montagne.

Mario doit être pressé de rentrer faire la sieste car il enchaine demain avec le Ritak U'Wa. Il me fait descendre au pas de charge... Difficile de prendre des photos et je commence à fatiguer.

Au milieu à droite, le "mur" principal 

Des fleurs rouges égaient le paysage.

La cascade est bien éclairée et on découvre une eau bleutée à sa base.

Nous arrivons à la Finca et reprenons la voiture.

Cette fois, pas de nuages. Les virages me révèlent le massif dans son entier.

A Güican, je vais réserver mon billet de bus pour le lendemain. J'ai longtemps tergiversé: bus direct à 3H30 (oui, vous avez bien lu!) ou 3 minibus successif, le premier étant à 7H. Je choisi finalement le bus de 3H30 pour arriver plus tôt à Bogota. La vendeuse discute avec moi et me demande comment je trouve la Colombie, ce qu'on mange chez nous... Elle aussi va se lever à 3H15 pour superviser le départ. Je somnole ensuite sur le lit, trop fatiguée pour rédiger le blog. Heureusement, les autres touristes ne font plus de bruit à partir de 21H.Je m'éclipse à 3H00. La nuit est douce. Le bus semble avoir des problèmes mécaniques mais nous partons quand même. Je dors un peu mais me réveille à temps pour voir le massif d'El Cocuy se détacher sur un ciel doré. La gorge après Soata est toujours aussi impressionnante. Je retrouve les villages de l'aller. le bus avance plus lentement que les minibus sur la piste et ses virages et s'arrête plus longtemps dans les villages. Résultat, je mets 9H30 pour arriver à Duitama au lieu des 7H de la dernière fois. Comme d'habitude, les musiques se mélangent: celle du bus, et celles de mes voisins. j'en ai mal à la tête! Nous finissons par arriver à Bogota. Calle 200 et quelques et je dois aller calle 9. heureusement, le bus me dépose calle 23. Deux hommes se jettent sur moi pour amener mes sacs à un taxi mais je ne me laisse pas faire. Je ne viens pas de débarquer en Colombie quand même...Comme d'habitude, le chauffeur de taxi n'a pas de GPS contrairement aux Huber ou équivalent et je dois le guider avec Maps me. Ce n'est pas évident car l'application n'est pas très réactive. Je lui demande de me laisser à quelques quadras de l'hôtel. La rue monte raide et avec le gros ac je souffle malgré mon entrainement. Je retrouve Frédéric qui me présente à ses nouvelles connaissances. Nous allons dormir dans un dortoir à 4 lits doubles... original. Nous nous faisons un bon dîner dans un beau cadre avec une belle présentation des plats. C'est bien agréable! Malheureusement, les vins sont hors de prix.

Nuit un peu pénible entre ceux qui rentrent tard et font du bruit, et celui qui a laissé le son pour ses notifications, met sa musique à 5H00 pour ronfler (au sens propre) ensuite... Les dortoirs ne sont décidément plus de mon âge!

Frédéric a réservé un transport privé pour que nous allions visiter la cathédrale de sel à Zipaquira. Nous partons tôt pour y être à l'ouverture car nous sommes dimanche et il va y avoir foule. Le chauffeur est très sympa. Nous pénétrons dans les anciennes mines de sel. Les précolombiens exploitaient le sel à l'air libre et les espagnol ont continué sous terre. Une première cathédrale a été construite en 1950 pour permettre aux mineurs de prier sur leur lieu de travail. Elle a été fermée en 1990 pour des raisons de sécurité et la nouvelle a été construite par les mineurs.

Hommage aux mineurs 

Nous commençons par suivre un chemin de croix. Certaines stations sont ouvertes sur les galeries, d'autres creusées en face. Les artistes ont joué sur les dessins du sel (pour le saint suaire) ou sur les contrastes sel/granit poli/granit brut.

Puis nous arrivons dans le nartex qui surplombe la cathédrale. La grande croix creusé dans le sel paraît suspendue en l'air. Une nef est dédiée à la nativité avec le baptistère et des lustres avec pampilles de sel. La grande nef a une statue inspirée de la création d'Adam de Michel Ange et le plus grand maître autel de Colombie. La troisième nef est dédiée à l'eucharistie avec une piéta inspirée des visages indigènes (la plupart des mineurs étaient des natifs).

En sortant, mais toujours dans la mine, on se souvient brutalement qu'on est en Colombie: restaurants, boutiques de plus ou moins bon goût. Un grand miroir d'eau salée produit un bel effet.

Nous ressortons au soleil et rentrons à Bogota.

Nous en profitons pour retourner manger à l'endroit où étions allés avec Thomas (le guide français) . Nous nous régalons d'une bandeja paisa (travers de porc, saucisse, boudin, viande hachée, oeuf, avec riz, haricots, avocat, arepa, yuca) avec un ajiaco (soupe poulet et pommes de terre), le tout avec une citronnade à la panela. Il y a toujours autant la queue!

Puis nous déménageons pour un hôtel plus confortable mais l'accueil est détestable et nous ne pourrons laisser nos sacs que jusqu'à 16H le lendemain. Les rues environnantes s'appellent "la fatiga", "las fantasmas", "la plenitud".

Le soir, nous allons sur la place de la création de Bogota, très animée, mais rentrons rapidement car il se met à tomber des trombes d'eau.

Matinée passée dans la Candelaria. Le musée de l'Or est fermé le lundi sinon j'y serais bien retournée. Nous faisons les photocopies nécessaires pour nous faire rembourser la taxe sur les boucles d'oreille à l'aéroport, rachetons des boutons en bois pour mon pantalon acheté en Equateur, refaisons un tour sur la place des marchands d'émeraude. Un homme d'un certain âge nous entraine dans son bureau au sein d'une tour. Il n'a pas de pierre qui plaise à Frédéric et en fait tomber une sans arriver à remettre la main dessus. Il n'est pas très content à notre départ.

dernières images 

Nous déjeunons dans un bon restaurant puis retournons sur place aux émeraudes mais ne retrouvons pas le vendeur du matin qui avait une pierre qui nous avait plu. Bizarrement, alors que personne ne faisait attention à nous le matin, cette fois ils se précipitent tous sur Frédéric. Il y a de belles pierres mais on a peur des douanes à paris et n'en rachetons pas.Une jeune femme et son bébé mendient. La petite s'appelle esmeralda et est diabétique. Elles tremblent de froid. Je leur rapporte la couverture d'avion qui m'a bien servi durant les nuits de bus.Nous allons chercher nos sac et retournons à l'auberge de jeunesse où Frédéric avait séjourné, tenus par un jeune couple adorable qui accepte que l'on patiente chez eux avant de prendre le taxi pour l'aéroport. Nous partons et tombons sur un chauffeur de taxi très bavard qui nus pose plein de questions. on ne comprend pas tout…

A l'aéroport, le bureau des détaxes nous informes qu'il est marqué sur notre facture que nous n'avons pas payé la taxe correspondante! Nous nous sommes bien fait avoir par la bijoutière qui avait utilisé ça comme argument de vente (on devait récupérer 19% du prix quand même).

En dehors de ça, tout se passe bien. Avant de monter dans l'avion, on nous fait mettre en rang, hommes et femmes déparés, avec nos petits sacs à nos pieds. Des policiers et leur chien passent et repassent devant nous pour chercher la drogue. On ne peut s'empêcher de stresser quand le chien s'arrête un peu trop longtemps sur nous affaires.

Vol d'une dizaine d'heures. On part en retard mais avec un vent arrière arrivons à l'heure. les hôtesses sont très agréables, avec de l'humour. Mais on est tassé comme des sardines dans cet A350. Même moi qui suis petite suis obligée de me contorsionner pour ramasser mon étui à lunettes tombé par terre. A Roissy, nous passons la douane sans problème.

Marianne est venue nous chercher et nous sommes très heureux de la serrer dans nos bras!

Merci à tous ceux et celles qui par leurs commentaires m'ont encouragée à poursuivre ce carnet.

Conclusion de Frédéric:

Eh 15 jours depuis le retour, la grisaille, la pluie, le froid, le boulot pour Cécile avec dès le début une astreinte le samedi qui suit une garde au débotté pour remplacer une collègue en crise de colique néphrétique.

Un ami avant le départ me demandait si on allait faire quelque chose afin qu’il puisse suivre notre périple. Je lui avais répondu que Cécile ferait un blog dont je lui donnerai le lien. Il me disait que c’était surprenant que le blog ne soit pas commun et qu’il était important d’avoir les deux points de vue.

Il faut savoir que pour un blog comme celui que vous avez parcouru, en diagonale, partiellement, occasionnellement, photographiquement uniquement ou à la virgule près, en apportant des commentaires ou pas, cela prend beaucoup, mais alors beaucoup de temps et d’implication.

D’abord il y a les photos, à tout moment, sous tous les angles avec toutes les luminosités, à l’aller, au retour en début ou fin de journée, à pied, à vélo, à cheval, en voiture ou en bus.

Avec un appareil en fin de vie, qui lui faisait des misères : zoom qui fonctionnait quand il voulait et ne voulait pas toujours rentrer, un déclenchement tardif ou plus classique une batterie vide. Source d’agacement et de frustrations, pour le cliché manqué. Je serai curieux de savoir combien au total de photos ont été prises.

La seconde étape était la sélection, retrait des floues, éliminations des doublons ou plus, afin de ne conserver que les plus réussies.

Ensuite il y a le texte, souvent écrit dans la chambre sur le lit, quand il fait trop chaud dehors ou en fin d’après-midi. Il fallait bien le faire régulièrement, parce que la mémoire à ses limites et le rythme effréné ne permet pas de bien se remémorer la totalité des journées ne serait-ce qu’une semaine plus tard, même si cela a été le cas parfois.

Enfin il y a tout l’environnement technique :

- un pc qui n’a pas toujours assez de mémoire et il faut faire le ménage régulièrement.

- un réseau wifi parfois très aléatoire, qui freine la sélection des photos, empêche de trouver le nom du lieu ou de l’oiseau que l’on a oublié, la vérification de l’historique donné durant l’excursion et enfin et surtout l’orthographe de tel ou tel mot local.

- sans oublier le site My-atlas qui, comme un fait exprès met à jour son site aux mauvais horaires par rapport à notre latitude.

Alors, outre le fait, que ce blog a été très chronophage, source de tensions régulières entre nous et sans partage, il restera une trace et nous permettra de revivre ces instants lors de moments moins agréables et vous aura permis de voyager par procuration.