C'est avec une pointe de tristesse que j'ai dû dire au revoir à ce petit coin de paradis...
Tellement heureuse d'avoir atterie ici, un peu par hasard, d'avoir trouver un endroit où je me sens si bien, pour me poser quand j'en ai eu besoin, j'ai tant appris, tant profité, tant été heureuse ici, pour un rien, pour ce tout, si beau, tranquille, naturel, parfois dangereux, de belles rencontres, des discussions profondes, des rires, des apprentissages, des dégustations culinaires que je n'imaginais même pas, tant de photos de chats, que je n'imaginais pas non plus ! De temps passés sur cette cabane sur pilotis, de réflexions, de joies, de paysages si éblouissants...
Je sais aussi que je reviendrai ici, grandie, plus sûre de moi mais sûre de rien car la vie me surprendra toujours !
Je veux garder ses buenas ondas en moi pour l'éternité, que ce sourire qui vient se loger sur mon visage dès le réveil, cette joie de marcher dans le jardin que je redécouvre chaque matin brillent en moi à chacun de mes pas... ✨
Une dernière journée à planter les semis, faire les derniers joints de la salle de bain, nous sommes ensuite allée découvrir la forêt enchantée en barque, voir le coucher du soleil. Puis, un bon repas avec Fede & son frère, Sacha.
Je sais que la suite de mon aventure va être grandiose, géniale, quelle chance j'ai de pouvoir partager ce voyage avec ma cousine et mon meilleur ami qui me rejoignent en Colombie !
C'est pourquoi il est temps de partir, de faire mon sac bien trop rempli, de profiter du chant des oiseaux et du ronronnement des crapauds une dernière nuit. C'est bien la première fois que je suis triste de quitter un endroit autant pour le lieu et que pour ces habitants, Fede, tous les animaux et toutes les plantes du jardin.
Je remets les voiles, direction la Colombie, me revoici, à voguer sur l'Amazone dans le sens contraire du courant, une dizaine de jours de voyage jusqu'à Tabatinga. Me revoici dans piteux mon hamac, qui s'abîme un peu plus chaque jour... J'espère a destination sans avoir à dormir par terre ! Cette fois ci, je ne voyage pas seule, Avner, le brésilien qui vit aux Mudas depuis 6 mois, profite de mon départ pour également faire son sac, prendre son ukulele et son harmonica et continuer son voyage en Colombie. Heureusement pour moi, il parle espagnol !
Je commence à accumuler quelques livres : La Prophétie des Andes me ramène au Pérou, à la rechercher d'un Manuscri sacré décrivant des révélations qui nous amène à comprendre le monde, les relations sociales, et comment vivre et créer un monde meilleur ; Gérard Janichon me fait découvrir la magie de voguer sur les Océans à bord d'un bateau à voile, avec Voyage Sans Escales ; Jules Vernes me fait découvrir la magie subaquatique des fonds marins avec 20 000 Lieux Sous Les Mers ; Gabriel Garcia Márquez me plonge dans l'univers d'un classique fantastique de Cien Años de Soledad en espagnol ; Sri Prem Baba me fait naviguer en portugais, à la rencontre de moi même, avec son œuvre nommée Objectif, Le Courage d'Etre Qui Nous Sommes. En plus de la lecture, mes journées sont bien remplies : faire des bracelets et les vendre, étirements et yoga, regarder le paysage, discuter avec les passagers, dont le gentil colombien Antonio qui m'a donné plein d'adresses, de conseils et biensur, manger riz, spaghettis et haricots secs à chaque repas .
La première embarcation en partance de Santarem est casi vide, j'avais une certaine appréhension, vu que ma dernière montée en bateau avait été surpeuplée, j'ai su par la suite que le mois de juillet est synonyme de vacances au Brésil.
La traversée est tranquille, jusqu'au second jour où, regardant paisiblement le soleil couchant, un homme burracho, allias un vieux mec bourré, s'approche de moi et me donne de la monnaie, sans un mot. Je refuse poliment mais plus tard, il revient me redonnant l'argent. Il donna également de l'argent à Avner pour qu'il se coupe la barbe ! Finalement, il revient une troisième fois, nous offrant un repas et encore de l'argent. Je trouve cela bien étrange, nous parlons avec lui, je comprends ce qu'il dit malgré qu'il carbure à la bière depuis le petit dej' c'est un homme qui noie sa tristesse dans l'alcool mais, qui partage ce qu'il a avec nous, selon la volonté de dieu paraît il ! Je lui réponds que c'est bien gentil d'avoir un grand cœur, d'aider et d'aimer les autres mais qu'il faudrait qu'il commencer par aider et aimer soi même... Difficile cependant d'aider ou de raisonner un homme bourré au cœur brisé. Je retiendrai son geste d'une grande gentillesse et que selon lui, je suis miss monde (hahaha). Cela a tout de même fonctionné car nous ne l'avons pas vu boire une seule bière le jour suivant !
Le second soir, nous arrivons tard à Manaus et passons la nuit sur le bateau à quai, gratuitement.
Le lendemain matin, réveillés avec le lever du soleil, nous allons dans le bateau voisin pour aller jusqu'à Tabatinga, en attendant qu'il ouvre ses portes, nous discutons avec un vendeur ambulant (enfin j'essaie plus de comprendre que de parler), il nous offre un café au lait et des tapiocas. Avner ne paye pas son billet car il va travailler à décharger le bateau à chaque escale ; il n'y a pas de disponibilité pour que je travaille aussi en cuisine ou nettoyage, il a cependant pu négocier le prix de mon billet, c'est que je fais des économies en voyageant avec un brésilien !
Même si la nourriture est inclue, j'aimerai manger des fruits, qui sont rare sur les bateaux, je décide donc d'aller à la Feria da Banana, un grand mercado situé non loin du port, pour y faire de recyclage : je demande aux stands de fruits et légumes, avec mon portugais approximatif, s'ils ont des fruits à donner, en général les gens donnent ce qui va partir à la poubelle, ceux qui sont abîmés. C'est une première pour moi de recycler, et c'est une belle réussite, je reviens avec plus de 4kg de fruits ! Des pommes, des citrons en pagaille ainsi que 3 mangues, 2 avocats et un ananas, fruits qui coûtent relativement cher ici (oui oui l'avocat est un fruit) et la plupart sont en très bon état. Finalement, à midi, en ce chaud vendredi, nous partons pour une semaine de croisière Amazonienne.
Parfois, des barques prennent d'assaut le grand Monteiro II et des jeunes vendeurs ambulants proposent de la nourriture typique de l'Amazonie : Açai, jus de fruit epais violet, provenant d'un cocotier ; tapioca, toute petite boule blanche de Yuka, à mélanger avec l'açai ; cocara, douceur de coco, d'ananas ou de banane avec beaucoup de sucre mais très bon ; saltado, beignet frit de poulet ou de viande (disponible dans tout le Brésil)
Au bout d'une semaine de loyaux services et un racommodage sur le premier bateau, après avoir bien observé, je dis à Avner que mon hamac est bien le pire de tout le bateau, avec sa forme étrange et ses rafistolages. Que n'ai je pas dit ?! C'est bien connu, les hamacs ont des oreilles, une heure plus tard, quand je monte dedans, Craaack ! Une grosse partie se romp. McGiver fluvial, c'est avec des lassets de chaussures et du fil de macramé que je passe plus d'une heure à le réparer. Il est à présent sublime et va durer jusqu'à la fin de cette traversée 🤞
Se laisser bercer par le cours marron de l'Amazone, si immense, voir les rivages verdoyants qui n'en finissent plus, accompagné d'un ciel avec un horizon magnifique, entendre puis oublier le ronronnement du bateau qui fait escale dans des petits ports, écouter la mélodie de la musique de l'étage supérieur, la rumeur portugaise qui peu à peu s'effacent, laissant la magie de la jungle envahir mon esprit.
Nous arrivons à Tabatinga avant la pluie, après 10 jours de traversée, un voisin qui m'avait observé réparer mon hamac, m'a très gentiment donné le sien ! Nous demandons au propriétaire si nous pouvons dormir gratuitement une nuit de plus sur le bateau à quai, ce qui est tout à fait possible. Au coucher du soleil, d'énormes nuages noirs envahissent le ciel à bâbord et à tribord, ne laissant qu'une infime fenêtre sur cette boule de feu rougeâtre, un bal de centaines d'hirondelles passa devant ce formidable spectacle, se laissant porter par un vent violent.
Le lendemain, nous suivons l'avenue Amiztad, qui commence au Brésil et se termine en Colombie, et après un passage à l'immigration brésilienne, a une casa de cambio pour changer les reals en pesos colombiens, nous arrivons à l'aéroport à pied. Le poste d'immigration exige la détention du carnet de vaccination attestant avoir fait le vaccin de la fièvre jaune, que j'ai. Cependant mon compagnon de route a bien ce carnet mais a sa maison et non sur lui. Heureusement, il a pu recevoir une photo de celui ci avant l'embarquement. Nous avons décollé à l'heure où nous devions atterrir, soit avec 2h de retard.
Une fois dans l'avion, mes voisins changerent de place et je pus dormir, jusqu'à ce qu'on nous demande d'attacher nos ceintures pour cause de turbulences. Mon regard ne pu alors décrocher des nuages électrifiés qui illuminèrent le ciel, tel un fabuleux spectacle d'ombres et de lumières.