Aujourd'hui nous prenons la direction de Luang Namtha ! Nous n'avons pas réellement décidé du programme : d'une traite les 300km ou une pause à Oudomxai, sachant que Google Maps prévoit 7h30 pour les 300km... Les divers blogs de backpackers relatent des routes terribles sur cet itinéraire, on se prépare donc au pire en appréhendant une route de montagne en très mauvais état. Mais contre toute attente, on se retrouve sur un goudron tout neuf ! Les paysages sont superbes et c'est un véritable terrain de jeu pour la moto! Montées, descentes et virages de montagnes, la Baroudeuse avale les kilomètres et nous nous régalons alternativement en se passant le guidon. Il fait beau et chaud, la vue est magnifique, la route géniale et la moto fonctionne à merveille. Ce trajet restera gravé comme l'un des plus agréables !
Nous arrivons à Oudomxai vers 16h après 200km parcourus. Il est trop tard pour continuer jusqu'à Luang Namtha, 100km plus loin. Nous décidons de nous arrêter pour la nuit et dénichons un hôtel avec une très belle chambre et salle de bain. L'avantage de dormir dans des lieux peu touristiques : le luxe à bas prix !
Nous sortons dîner après une sieste dans le lit King size dans un restaurant à la cuisine typique laotienne, où nous tentons un plat que nous découvrons pour la première fois à la carte: "fried beans curd". Alors que nous pensions avoir des haricots blancs ou rouges, nous nous retrouvons avec ... du tofu. En tant que gros amateurs de viande, nous sommes quelques peu déçus, mais comme à notre habitude nous avions commandé pour un régiment et les deux plats supplémentaires sont quant à eux excellents.
L'avantage de commander autant quand un plat ne plait pasLe lendemain, nous sommes prêts pour reprendre notre route vers Luang Namtha. Nous avons une petite frayeur lorsque nous ne retrouvons pas la moto à son emplacement de la veille. Mais bien vite, une dame qui doit avoir remarqué notre inquiétude nous indique la maison qui fait face à notre hôtel. La moto a en fait été déplacée de l'autre coté de la rue, dans une cour privée fermée avec un portail. Après ce soulagement, notre poursuivons notre luxueux break à Oudomxai en prenant le petit déjeuner dans un hôtel bien plus haut de gamme que le nôtre. Accueillis comme des rois par le maître des lieux, on savoure un super petit déjeuner agrémenté de spécialités locales offertes par notre hôte comme de la patate douce, des saucisses faites maison ou de la citrouille, le tout dans une ambiance très accueillante instaurée par le personnel.
On quitte finalement la ville étape, bien rassasiés, pour reprendre notre route, cette fois-ci avec une météo bien moins sympathique: ciel gris et basse température aujourd'hui. Il se met à pleuvoir et nous roulons donc sur route humide dans le brouillard sans être très rassurés dans les virages. Lors du passage dans un des villages de la vallée, le câble d'accélérateur rompt brusquement. La Win s'arrête.. pile devant un réparateur ! Pour une fois on a de la chance. La réparation est très vite faite et nous nous remettons en selle.
Petit à petit le temps se réchauffe et la route commence à sécher. Le temps se lève et on peut enfin découvrir le paysage, caché jusqu'alors. On peut utiliser pour la première fois le selfie stick acheté la veille.
Les prises photo au stick ne font que commencer ...Pour la prise de la photo, en ralentissant, la moto guidonne énormément. Elle est impossible à manœuvrer et après un rapide examen de celle-ci, on se rend compte que six rayons ont cassé sur la jante arrière. On ne sait pas depuis quand c'est comme ça, on a pris quelques trous même si on essaie de les éviter au maximum... On n'est plus qu'à 30km de Luang Namtha, et ça ne se ressent qu'à faible allure, on continue donc la route ainsi en espérant ne pas crever.
Arrivés en ville, on cherche d'abord un restaurant -nos priorités ne changent pas-. Après le déjeuner on se met donc à la recherche d'un garage. C'est la seconde fois que je change la roue arrière... S'il y a bien quelque chose qu'on aura visité, ce seront les restaurants et les garages deux roues !
On se rend ensuite à la guesthouse qu'on a repérée. Nous sommes accueillis par deux francophones -on apprendra plus tard qu'elles sont belges et bénévoles pour la guesthouse-. Elles accueillent en français et anglais les visiteurs, refont le site web en anglais et sont logées et nourries en échange. On prend place dans notre bungalow, certes plutôt mignon, mais pas du niveau des avis laissés sur booking, surtout au niveau de la propreté.
On dîne au même endroit car les belges nous ont vanté les talents de cuisinière de la maitresse des lieux. Comme d'habitude, on a les yeux pour gros que le ventre et on commande un riz frit, du porc au gingembre et une salade de nouilles. Les deux premiers plats sont effectivement délicieux et surtout très copieux... On regrette d'avoir commandé le troisième, d'autant qu'à son arrivée sur la table, une odeur de poisson/fruits de mer peu ragoûtante nous monte au nez. On tente tout de même, mais je crois qu'on vient de découvrir l'immonde sauce à base de poisson fermenté dont j'ai déjà entendu parlé sur des blogs. Une horreur. C'est le premier plat que nous laissons presque intact...
Katia et Fiona, les belges, nous invitent à jouer au Monopoly vietnamien avec elles : il s'agit uniquement d'un jeu de cartes sans plateau, mais avec le même principe que le jeu que l'on connaît. C'est très sympa et nous faisons deux parties, pendant lesquelles nous avons la visite d'une mante religieuse. Nous nous coucherons un peu tard alors que demain nous avons rendez-vous à 8h30 à une agence pour un trek dans la jungle, que nous avons booké plus tôt dans la journée.
Notre visiteuse durant les parties de MonopolyLe réveil sonne, et tout comme à Luang Prabang, on entend le tonnerre qui gronde et une pluie torrentielle. Pour le trek dans la jungle c'est mal parti... On n'ose même pas sortir de la chambre pour aller prendre le petit déjeuner à 7h30 comme on l'a demandé la veille. On laisse le temps passer, et vers 8h, tout se calme d'un coup. On s'active alors pour engloutir le Pho que nous a préparé la jeune laotienne et on décolle à 8h40, tant pis pour le retard, on aura l'excuse de la moto.
On arrive à 9h, et le gérant nous informe que l'autre couple qui devait faire le trek avec nous a annulé à cause de la pluie, nous ne serons donc que deux avec le guide.
La première étape avant le trek consiste à se rendre au marché local pour faire les courses du déjeuner. On se rend ensuite, toujours en tuk-tuk et avec notre guide, à un point d'informations où l'on est censé retrouver un second guide, local, et s'informer sur la région. Le temps passe et commence à faire long quand le premier guide nous demande si on est prêt, alors que ça fait un moment que l'on tournait en rond en pensant attendre le second guide, qui est en fait une des femmes à l'extérieur du centre, présente dès notre arrivée...
Nous reprenons donc le tuk tuk, qui nous dépose au bord de la route, où commence un petit chemin de terre. On s'y engage, sans trop comprendre comment la guide locale allait pouvoir marcher dans la jungle avec ses savates. Manifestement elle s'en sort pourtant mieux que nous dans la boue glissante. On arrive à une rivière de 2-3m de large, avec un débit assez important, et un air surpris de la guide. Il s'avère en fait que le pont de fortune créé par trois petits troncs a été détruit par le fort orage. Je replace les troncs et nous traversons.
Escapade dans la jungleCommence alors la grimpette dans la jungle, avec le guide qui nous montre quelques plantes que l'on mange crues et que l'on peut retrouver dans la cuisine traditionnelle Lao. On marche comme ça une bonne heure, en s'enfonçant dans la jungle et en glissant dans la boue, nous aidant tant bien que mal du bamboo stick coupé par le guide, faisant office de bâton de marche.
On s'arrête pour déjeuner sur des feuilles de bananier à même le sol. Les achats du matin sont disposés sur la table improvisée et chacun mange à la main. Dans le programme du trek, nous étions censés faire du feu et apprendre à cuisiner...
Le déjeuner prévu initialement pour 6, sur d'énormes feuilles de bananierPause pipi pour le guide, qui revient avec une sangsue collée au jean. Ça ressemble à un tout petit ver, noir, mais pas à l'idée que l'on peut se faire de la sangsue. Ce sera le début d'une longue chasse de ces bestioles... Ko fait sa pause technique aussi et en découvre au retour également, deux fois plus grosse, sur le mollet. Les deux heures de marche restantes seront passées à vérifier nos jambes toutes les trois minutes, et à les décoller trois par trois. On fait une autre petite pause à une balançoire de lianes au bord d'une rivière où on prend des photos avec les guides, et le trek touche à sa fin.
Mise en abimePour la fin, nous nous arrêtons à un point de vue. Sentant quelque chose me chatouiller, je me gratte le genou et découvre une énorme sangsue qui tombe de sous mon pantalon ! En fait elles ressemblent bien aux sangsues que l'on s'imagine, mais seulement une fois qu'elles ont pompé du sang ! Elle devait y être depuis un moment vu la taille...
La coupable qui tente de fuir en arrière planLord du retour en tuk tuk, on discute avec Ko à propos du trek et de toutes les activités promises et non effectuées, comme la fabrication de chapeaux en feuilles de bananier, la réalisation d'un feu et la cuisine dans la jungle, l'escalade d'arbre, ou la visite de village traditionnel, et on se met d'accord pour négocier le prix du trek avec le boss. Le comble, nous sommes de retour à l'agence à 15h, annoncé à 17h dans le programme, et personne n'y est pour nous rendre nos casques laissés le matin...
Nous décidons de refaire un tour des garages moto pour explorer la piste des pertes d'accélérations impromptues : le matin, sur le trajet du trek, nous avons eu toutes les peines du monde à arriver jusqu'à l'agence, la moto se mettant subitement à brouter et décélérer. Le carbu et le filtre à air sont neufs, on part donc sur la piste de cochonneries dans le réservoir qui boucheraient parfois l'arrivée d'essence.
Alors qu'un des garages nous envoie balader, le propriétaire du second est complètement défoncé à l'opium. Il est en effet fréquent ici de fumer la substance dans un énorme bong en bois. Il arrache le tout nouveau filtre à air puis tente de le réparer en mettant de la mousse dedans et en l'accrochant avec des élastiques. Vu sa tête on ne s'attarde pas et on remet le problème de la moto à plus tard. Évidemment, avec sa mousse dans le filtre à air bouchant complètement l'entrée d'air, la moto n'avance quasiment pas, et on se hâte de la retirer, puis la Baroudeuse retrouve pêche.
On retourne récupérer nos casques à l'agence. Le boss n'est pas là, mais je demande à l'appeler. S'ensuit une longue négociation au téléphone, celui-ci me disant que c'est à cause de l'orage que l'on a pas pu faire toutes les activités. Celle-ci se termine difficilement par un remboursement de 100 000 Kip, sur les 600 000 payés.
Vient alors l'heure du diner, et frustrés de la veille de ne pas avoir eu des burgers dans un restaurant pour lesquels nous étions venus -pour changer un peu des riz frits, nouilles ou nem-, nous y retournons voir notre ami qui a bien les pains cette fois ci. Les burgers sont bons, le serveur toujours souriant et nous passons une bonne soirée. Une mamie vendant des bracelets vient et tente de nous en vendre. C'est la 4ème fois, entre le night market et le restaurant, que nous devons refuser ou l'ignorer. On apprendra plus tard que ces femmes ne vendent pas des simples bracelets, mais de l'opium caché dans un sachet sous les bracelets!
Sur le chemin du retour pour la guesthouse, nous passons à nouveau devant une vitrine de gâteaux où l'on a déjà acheté des pâtisseries la veille, et en reprenons pour le dessert... Finalement, nous nous endormirons à 21h, lumière allumée et en tas sur le lit, sans les avoir mangé, bien trop fatigué de cette looongue journée.