Je vous propose de partager mes souvenirs d’un voyage à l’extrémité septentrionale du Chili, région andine d’une beauté spectaculaire, connue pour ses exploitations minières et le désert d’Atacama.
Mars 2016
8 jours
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Tout se mérite, m'explique Valérie chez Espaces Andins. Paris – Santiago du Chili est la plus longue liaison sans escale réalisée par Air France. Il faut 14 heures de vol avant d’apercevoir, juste avant l’atterrissage, les sommets andins émergeant des nuages. Dès l’aéroport, je constate qu’au Chili tout est cadré, organisé, fluide et logique. Le pays est riche, on ne côtoie pas de pauvreté. Il n’y a pas de mauvaise surprise pour qui sait écouter ! Je fais le tour de Santiago, déjeunant de produits frais dans l’ambiance colorée d’un marché. Avant de prendre le soir même l’avion pour Iquique, dans le Nord du pays.

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Iquique est une ville côtière de 182 000 habitants, dominée par une immense falaise d’où s’élancent les deltaplanes, dans un ciel d’une pureté en apparence inaltérable. Les vagues du Pacifique éclaboussent la promenade. Si les gratte-ciels de son front de mer donnent à Iquique un air de petit Miami, l’enchevêtrement de constructions basses et ocre en second rideau est typique de la ville sud-américaine. Une route descend vers le Sud, une autre part à l’assaut de la falaise pour gagner le Nord.

Un 4x4 m’attend à l’aéroport, mon hôtel est en bord de mer. J’y dors 4 nuits, la région possédant un riche patrimoine naturel et culturel.

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A proximité d’Iquique, les anciennes installations minières sont préservées sans être restaurées.

Dans les villes fantômes d’Humberstone et de Santa Laura, je me retrouve projeté très loin dans l’espace et le temps, au début du XXe siècle. L’extraction du salpêtre faisait alors la prospérité de ces cités, balayées par le vent du désert de l’Atacama, où l’on ne croise plus désormais que quelques habitants et touristes. Les rues ont un air de Far West, le théâtre et les locomotives sont figés dans le temps.

L’UNESCO classa ces deux villes au Patrimoine Mondial en 2005.

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Dans une vallée aujourd’hui parc national, des pans entiers de montagnes sont décorés de géoglyphes. Ces symboles et personnages, à la signification mystérieuse, semblent surgis d’un livre de science-fiction.

Je me souviendrai longtemps de cet homme à demi nu, figé sous le soleil ardent devant le Géant de l’Atacama, plus grand géoglyphe à forme humaine du monde d’environ 86 mètres de haut !

Géant de l'Atacama

A quelques kilomètres, une réserve naturelle dévoile ses curieuses formations géologiques. La flore endémique signale la présence d’eau. Les gardiens soulignent la remarquable adaptation de la faune à l’environnement semi-désertique.

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Les villages-oasis de Matilla et Pica sont très appréciés des Chiliens, notamment pour leurs sources chaudes aux vertus curatives. Il y a foule dans les piscines naturelles, publiques ou privées.

On cultive ici des oranges, citrons, mangues, pamplemousses, goyaves et olives. Les citrons sont notamment utilisés pour l’élaboration du Pisco Sour, cocktail typiquement sud-américain !

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On trouve beaucoup de fossiles dans les salars, fonds salins de lacs aujourd’hui évaporés. L’infini semble au bout de la route. Les grandes étendues désertiques émerveillent par leurs jeux de lumière et la force du vent soufflant parfois en mini-tornade.

A aucun moment je ne me suis senti en danger ou contraint, mais au contraire toujours libre de prendre des chemins de traverse. Les policiers sont ouverts et souhaitent donner une bonne image du pays.

Ma prochaine étape est Arica, ville de 162 000 habitants à 310 km au Nord. La route est belle avec ses paysages aux couleurs changeantes en fonction de l’heure et de l’ensoleillement, ses vallées encaissées, ses pétroglyphes et autres vestiges d’anciennes civilisations. Une halte me fait penser au motel du film « Bagdad Café ».

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Au croisement du désert, de l’Altiplano et de l’océan, il fait très chaud à Arica, surnommée « Ville de l’éternel printemps ». Délicate litote pour l’endroit habité le plus aride au monde selon les mesures de pluviométrie.

Ici fut jadis acheminé l’argent extrait des mines de Potosi en Bolivie. Occupée un temps par les troupes de Napoléon III, cette place stratégique changea maintes fois de mains. Elle en a conservé des souvenirs architecturaux pleins de nostalgie. La forteresse du Morro offre une vue magnifique sur la ville, les jardins irrigués et les oasis, jusqu’à la frontière péruvienne. C’est à Gustave Eiffel que l’on doit la cathédrale San Marcos fabriquée à Paris, la Maison de la Culture (ancienne douane) et celle du Gouvernement. Dans les faubourgs, un petit musée très bien fait et peu fréquenté permet de découvrir la vie précolombienne. Les conservateurs m’allument quelques instants l’étage où reposent les plus anciennes momies du monde (Vème millénaire av. J.-C.), préservées de la lumière. Moment privilégié qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.

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Au bord de la route montant vers les sommets de la Cordillère des Andes, les cactus candélabres sont bien plus grands que moi. Je compose avec des camions dignes du film « Le salaire de la peur », qui relient la Bolivie toute proche à la plaine chilienne.

A Putre, village en contrebas de la route dont les maisons ont des portes joliment ouvragées, l’accueil est très chaleureux. A plus de 3 500 mètres d’altitude, c’est une étape recommandée pour s’acclimater. Je n’échappe d’ailleurs pas aux vertiges du mal des montagnes, contre lequel les Indiens préconisent de mâcher la feuille de coca.

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Au-delà de Putre, ce sont les hauts plateaux, les lacs froids d’altitude appréciés des flamants roses, les gigantesques volcans aux sommets ennuagés.

Le vent, l’air pur et très frais, la tête qui tourne un peu, les troupeaux de lamas et de vigognes traversant la route me font sentir bien vivant !

Dans le village de Parinacota, à 4 392 mètres d’altitude, la petite église du 17ème siècle est classée Monument national.

La guérite rudimentaire de la douane chilienne atteste que je suis très loin de chez moi. Je ne suis pas le seul : des Indiens venus rendre visite à leur famille font du stop pour rejoindre l’arrêt de bus le plus proche, à des kilomètres de toute habitation.

Surprenante Amérique du Sud. Sans me mettre en danger, ce voyage au Nord du Chili a comblé mon amour des grandes solitudes, de l’inattendu et de l’aventure !