Ce week-end, nous prenons notre vendredi pour avoir un peu plus de temps, car nous nous rendons dans le parc national d'Amboseli et il est loin de Taru.
De Taru, direction Miaseny, la gare la plus proche (où nous sommes arrivés le premier jour). Nous pensions y aller en matatu, mais par chance, quand nous en avons parlé à Caroline, elle nous a fortement déconseillé cette solution : non seulement la gare de trouve à plus de 2km de la ville, mais en plus, le chemin qui y mène longe le parc de Tsavo Est et donc il est possible de rencontrer des animaux sauvages... et oui, parfois nous oublions que nous sommes en Afrique ! Caroline nous arrange donc une voiture avec chauffeur pour nous emmener à la gare. De Miaseny, nous avons 3 heures de train pour rejoindre Emali, qui se trouve à l'ouest, en direction de Nairobi. A Emali, nous retrouvons Edison, notre guide (c'est avec lui que nous avions fait Tsavo), accompagné d'Edmo, son ami qui conduit un gros 4x4 avec toit ouvrant, le véhicule idéal pour un safari.
D'Emali, nous empruntons une route qui mène vers la Tanzanie, au sud. Très vite, apparaît en arrière-plan, le cratère enneigé du Kilimanjaro. Après 1h30 de route asphaltée, le terrain change et la route devient cahoteuse, au milieu de la brousse.
Soudain, au milieu de la route, se dressent deux silouhettes, élancées et grandes, vêtues d'une "toge" rouge : deux Massaïs nous attendent pour nous emmener dans leur village. Me voilà une fois de plus dans un épisode de "Rendez-vous en Terre Inconnue" !
Dans cette zone frontalière avec la Tanzanie s'étend le territoire des Massaïs, la tribu la plus connue du Kenya et surtout la plus remarquable de par la tenue vestimentaire de son peuple. Depuis notre arrivée au Kenya, nous en avions déjà vu quelques uns, hors de leur territoire : il s'agit souvent de Massaïs partis vers les villes pour vendre des souvenirs aux touristes. Mais, où qu'ils soient, ils n'abandonnent jamais leur costume traditionnel. En général, la "toge" est accompagnée de multiples bijoux colorés en perles et d'un bâton de marcheur (souvent en ébène).
En terre massaï, il existe quelques villages qui accueillent les visiteurs, mais souvent très touristiques et peu authentiques. La plupart des touristes profitent d'un safari dans le Massai Mara, le parc national le plus connu et le plus fréquenté, pour passer dans ces villages. Pour ceux qui suivent mes voyages depuis longtemps, vous savez que c'est tout ce que je déteste. J'ai toujours très envie d'aller à la rencontre de ces peuples traditionnels, mais pas de manière superficielle. Edison nous a donc trouvé un village authentique, qui, certes, a l'habitude d'accueillir des touristes de temps à autre, mais qui ne vit pas du tourisme. Il s'agit d'un vrai village d'éleveurs (les Massaïs sont des bergers semi-nomades).
Dans ce village, nous sommes accueillis par James, Modes et Peter, trois frères qui parlent très bien anglais car ils sont tous allés à l'école. La caractéristique la plus surprenante chez les Massaïs est leur habilité à combiner modernité et traditions : ils arrivent à s'adapter au monde moderne, à évoluer avec leur temps tout en conservant des traditions ancestrales. Au Kenya, il est courant de voir un Massaï avec un smartphone. La plupart des Massaïs sont éduqués ; certains ont même été à l'université avant de revenir dans leur village.
Le village que nous visitons se trouve juste devant le Kilimanjaro. Il est composé d'une quarantaine de maisons de terre autour des enclos à vaches et à chèvres : 120 personnes mais seulement 4 familles... Car les Massaïs sont polygames ! Le père de nos hôtes a 5 femmes et 21 enfants ! Mais la nouvelle génération de tourne peu à peu vers la monogamie pour des raisons financières : les enfants allant maintenant tous à l'école, il serait difficile de payer l'éducation de tous.
Vue du village Avant d'entrer dans le village, nos hôtes nous font une petite introduction de bienvenue et nous invitent à poser toutes les questions que nous voulons durant notre séjour. Ils sont très ouverts et veulent partager leur culture. Ils ont bien intégré dans le tourisme comme moyen de développement.
Arrivée au village massaï Une fois dans le village, nous assistons à quelques rites traditionnels : l'allumage du feu avec une branche d'acacia et un peu de bouse d'éléphant, la danse typique où les Massaïs sautent haut, la prière (chrétienne)... Ils nous expliquent aussi comment ils utilisent les plantes pour se soigner, pourquoi ils ont des cicatrices sur le visage (c'est une marque faite quand ils sont petits, pour confirmer qu'ils ont été vaccinés), pourquoi ils ont une incisive inférieure manquante (ils l'arrachent pour pouvoir se nourrir avec une paille lorsqu'ils seront trop vieux pour utiliser leurs dents )...
Allumage du feu Danse avec les Massaïs Danse maasaï Mais tout ceci s'interrompt brusquement à cause de mon état de santé (encore !). Depuis le début de l'après-midi, j'ai un gros mal de tête et, en arrivant au village, des nausées sont apparues. J'essaie tant bien que mal d'en faire abstraction et de profiter de l'échange culturel, mais vient un moment où cela m'est impossible... Et je vomis en plein milieu du village (grande classe...). Pourquoi ? Je pense que c'est une combinaison de facteurs : nous avons peu mangé, nous sommes très fatigués car il a été quasiment impossible de dormir cette semaine à cause de la chaleur, le soleil tapant fort.. Les Massaïs, bienveillants, m'emmène donc me reposer dans une des maisons, sur le lit où nous dormirons le soir même. La maison (enfin, la case) est très sombre et il y fait plus frais. Je peux donc me reposer un peu. En y entrant, l'odeur subtile de bouse et de lait (boisson principale des Massaïs) me rappelle la Mongolie.
Après environ 2 heures, me revoilà sur pied et bien plus disposée à profiter de ce moment privilégié. Au dîner (riz, pommes de terre et viande de chèvre bouillie), nous continuons donc à discuter avec nos trois hôtes. Nous n'avons très peu de contact avec les femmes du village, qui s'occupent plutôt de la cuisine et des enfants.
Les Massaïs nous racontent qu'ils sont fiers d'accueillir des touristes pour expliquer leur culture, se moquent beaucoup des touristes chinois (ce qui nous fait bien rire, car malgré nos cultures éloignés, ils ont les mêmes idées que nous), nous posent de nombreuses questions sur nos pays respectifs...Aussi, c'est un peuple plutôt "riche" malgré leurs conditions de vie rustiques : avec leur bétail, ils ne manquent pas de nourriture et ce bétail est bien valorisé (une vache coûte entre 400 et 500 dollars). Nous qui avions peur d'entendre l'éternel refrain kényan pour nous demander un peu d'argent, nous sommes rassurés...
Avant d'aller nous coucher, nous nous l'avons les dents sous le ciel étoilé, un de mes petits plaisirs de la vie. Et nous nous faisons accompagnés aux "toilettes" par le "guerrier" veilleur de nuit. En effet, les toilettes, c'est la brousse en dehors du village. Et la nuit, il faut faire attention car il y a des animaux sauvages, tels que lions et éléphants, qui rôdent... Cependant, la cohabitation est en général très bonne. Le "guerrier" a pour fonction de protéger le village en cas d'attaque. Il se nourrit uniquement de lait et se promène toujours avec sa lance.
La nuit est peu confortable : malgré le vrai matelas (nous ne dormons pas au sol sur une peau de vache), le lit est étroit pour deux et surtout, je suis une attaque de moustiques. Et ceux-ci doivent être aussi Massaïs, car j'ai beau l'enduire d'anti-moustiques toute la nuit, je me réveille avec une trentaine de piqûres urticantes.
Au petit matin Heureusement, le réveil est égayé par la vue du Kilimanjaro et de délicieux chapatis s'apparentant à des crêpes. Quoi de plus pour me mettre en joie ?!
Chapatis au petit-déjeuner ! Puis, vient le moment fort de notre expérience : un safari à pied, dans la brousse, avec les Massaïs. Oui, vous avez bien lu, à pied !!! Imaginez donc le scénario : la brousse avec de hautes herbes, le Kilimandjaro enneigé en toile de fond, trois Massaïs comme guides et des animaux sauvages, en liberté, à quelques mètres de vous !!! Surréaliste et inoubliable ! Nous croisons des zèbres, des gnous, une autruche, des éléphants (nous restons loin par sécurité) et une quinzaine de girafes !
Safari à pied avec les Massaïs De retour au village, nous retrouvons Edison et Edmo (ah oui, ils n'étaient pas restés avec nous pour la nuit) pour poursuivre notre aventure. Nous faisons donc nos adieux aux Massaïs.
Les Massaïs et notre guide, Edison Nous entrons rapidement dans le parc national d'Amboseli. Nous l'avions choisi pour deux raisons : le décor (le Kilimanjaro) et la grande population d'éléphants. C'est l'un des parcs les plus visités du pays. A peine avons-nous passé la porte d'entrée que nous apercevons déjà à l'horizon un éléphant ! Et les éléphants de l'Amboseli sont bien différents de Tsavo : plus massifs, avec de très longues défenses et très gris. Et ils y sont vraiment très nombreux.
Les éléphants de l'Amboseli Le paysage est bien plus plat qu'à Tsavo : il s'agit d'une vraie savane qui s'étend à perte de vue. Il est donc plus facile de repérer les animaux, même si ceux-ci sont souvent plus éloignés. Nous croisons singes, gnous, antilopes et singes.
Arrivée à l'Amboseli Aussi, à notre arrivée, nous croisons un autre 4x4 dont le chauffeur nous indique la présence de lions dans les parages. Nous avançons donc au ralenti, à l'affût. Nous ne les avions pas vus à Tsavo et nous aimerions beaucoup les croiser aujourd'hui. Soudain, au loin, une touffe sable apparaît sous un arbre ! Un lion et sa lionne, en lune de miel, font leur apparition. Nous validons notre 3eme Big Five au Kenya !
Les lions !!! Nous nous rendons ensuite à notre lodge, le plus luxueux du parc (c'était le seul disponible) : après la nuit chez les Massaïs, le luxe n'est pas de refus.
Lodge à Amboseli Après une pause au bord de la piscine où les singes viennent s'abreuver, nous partons en fin de journée dans le parc, pour rejoindre un point d'observation avec un panorama sur la savane, la montagne et le lac. D'ici, nous apercevons 2 buffles, des hippopotames bruyants, et beaucoup d'oiseaux. Alors que les nuages jouent avec le sommet du Kili, le soleil se couche peu à peu sur l'horizon et nous profitons de la vue avec un gin tonic !
Amboseli en fin de journée Dimanche matin, après un petit-déjeuner royal (il y avait même des crêpes au Nutella !!!), nous quittons le parc par un autre chemin traversant des marécages, abritant de nombreuses espèces d'oiseaux, entre autres des flamnds roses.
Derniers instants à Amboseli Puis, nous repartons vers Emali où notre guide nous dépose, après un rapide passage au supermarché pour faire notre stock de snacks qu'on ne trouve pas à Taru. D'Emali, nous pensions trouvé facilement un matatu en direction de Mombasa. Mais, c'est plus compliqué que prévu malgré l'aide des locaux pour arrêter les véhicules sur la route. Finalement, après 20 bonnes minutes d'attente, une voiture s'arrête et nous propose de nous déposer à Taru. Le c-voiturage semble être chose courante ici car nous avions déjà fait en rentrant de l'aéroport de Mombasa la semaine passée. C'est légèrement plus cher que le matatu, mais le confort et la vitesse en valent la peine. Il nous faudra 4h15 pour arriver à Taru.
Nous sommes vraiment très contents de notre week-end, productif et chargé.
PS : si vous souhaitez partir au Kenya, voici le contact de notre guide Edison (de son vrai nom, Edgar Otieno) - Facebook; Instagram