Me voilà débarquée au Puy en Velay. Le Puy est connue principalement pour deux choses : les lentilles et le point de départ du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. N'étant pas passionnée par les lentilles, vous aurez compris l'objet de ma venue...
Encore un chemin de Saint-Jacques ? Mais pourquoi ? Et pourquoi celui-ci ?
Ceux qui me suivent dans mes pérégrinations savent qu'il y a tout juste 3 ans, je me suis aventurée sur le Camino del Norte, longeant la côte nord de l'Espagne pour me rendre à Saint-Jacques, soit 40 jours et plus de 800km de marche. Et, il faut le dire, cette "randonnée" a changé ma vie, l'impact a été fort et j'ai toujours eu envie de rechausser mes baskets pour revivre cette aventure spirituelle et physique.
Sauf que vu les distances, il faut du temps, même s'il peut se faire en plusieurs fois. A mon avis, un minimum de deux semaines est nécessaire pour aller au-delà des sensations physiques et vivre l'expérience à fond.
Donc, ce temps, je ne l'avais pas... Et puis, le chemin s'impose toujours à vous au bon moment, à un moment de votre vie où vous en avez besoin. Comme pour nous tous, ce premier semestre 2020 a été particulier. Chacun l'a plus ou moins bien vécu. Pour ma part, je dirais plutôt mal : même si j'ai accepté relativement facilement l'annulation de tous mes voyages (je devais être en vadrouille jusqu'à septembre...), je n'ai pas aussi bien accepté l'ennui du confinement et le retour à une vie sédentaire dans laquelle je m'épanouis peu. J'ai, comme beaucoup, l'impression d'avoir perdu 5 mois, à ne rien faire de productif ou s'enrichissant. Alors, il était temps de retrouver mes repères et je sais que le chemin m'y aidera.
Que suis-je venue chercher sur ce chemin ? Je ne sais pas exactement mais je sais que le chemin m'enseignera ce que je dois apprendre.
Ensuite, pourquoi la Via Podiensis, la portion française la plus connue ? Parce qu'on m'a très souvent recommandé ce tronçon, qui, paraît-il est magnifique. Aussi, parce qu'il me permet de passer par des régions perdues que je ne connais pas du tout. La Via Podiensis (sur le GR65, qui commence à Genève) va du Puy à Saint-Jean-Pied-de-Port, d'où commence ensuite le Camino Francés. Bref, du Puy à Compostelle, environ 1500 km...
Mais ce n'est pas du tout mon objectif. Après avoir fait mon premier chemin, j'ai bien compris que la destination n'est qu'un prétexte : tout l'intérêt du chemin réside dans le cheminement... Exactement comme dans la vie !
Alors, pour cette année, c'est une version réduite que je vais faire, juste de quoi renouveler mon énergie et faire un bilan de cette période si particulière. Je pars donc avec pour but la ville de Cahors (ou plus si affinité), à environ 350km. Même si c'est bien plus court que ce que j'ai déjà fait, j'angoisse un peu et je doute de moi (il y a des choses qui ne changeront jamais...) : ma moyenne journalière sera plus élevée, et je n'aurai pas de jour de repos; vais-je tenir le rythme ?
En cette année de crise sanitaire, les conditions sont particulières : il faut prévoir ses étapes et donc réserver les hébergements à l'avance (certains étant fermés, d'autres ont réduit leur capacité pour respecter la "distanciation sociale"), ce qui enlève un peu de spontanéité à cette aventure, mais c'est ainsi.
En débarquant du train au Puy, je me fais instantanément ensorcelée par son atmosphère magique : sa cathédrale noire et sa statue de Vierge dominent la ville comme pour rappeler que d'ici partent des milliers de pèlerins depuis des siècles. Le Puy c'est LA ville symbolique du pèlerinage et l'émotion est palpable. Et son relief me rappelle immédiatement que l'aventure ne va pas être de tout repos...pPre
Je file tout de suite à la cathédrale où trônent une Vierge noire et bien sûr, Saint-Jacques. Je récupère ma créanciale, cette sorte de passeport du pèlerin. Ici, tout est fait pour les pèlerins : il y a même un accueil spécial dédié qui permet de faire les premières rencontres. A peine arrivée, je suis déjà dans l'ambiance unique du chemin. J'ai déjà bu un coup et dîné avec d'autres pèlerins.
Me voici donc au Puy, face à sa cathédrale, dans un gîte de pèlerins (l'un des seuls "donativo" du chemin) où je vais passer ma première nuit avant d'entamer mon chemin comme environ 150 autres pèlerins.