Une mission professionnelle m'amène à vivre un mois à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, sur la mer Caspienne. Quand j'ai le temps de faire un peu de tourisme, je vous fais part de mes découvertes...
Du 8 juin au 4 juillet 2021
27 jours
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8
juin

Après une nuit chaotique entre deux vols nocturnes, mes yeux fatigués s'ouvrent à travers le hublot : lever du soleil sur une ville moderne qui semble flotter sur la mer. J'atterris à Bakou où je vais rester un mois dans le cadre d'une mission professionnelle pour l'organisation de l'Euro 2020. Me voilà débarquée dans le Caucase, une région qui m'est encore totalement inconnue et dont je n'attends pas grand chose tellement elle se fait discrète aux yeux du monde.

L'Azerbaïdjan a fait parler de lui il y a quelques mois à cause du conflit armé avec l'Arménie : les deux pays se disputent la région du Haut Karabagh. En arrivant à l'aéroport, de nombreuses affiches indiquent la couleur d'entrée de jeu : "Karabagh is Azerbaijan". Bon, le message est clair : mieux vaut ne pas aborder le sujet qui semble être très sensible... d'autant que mes connaissances géopolitiques liées à cette guerre sont limitées, donc je ne m'aventurerai pas sur ce terrain.

Alors que je n'ai pas vraiment d'idée pré-conçue sur Bakou, il me suffit d'un trajet de 20 minutes entre l'aéroport et l'hôtel pour comprendre que j'ai affaire à une ville tout à fait unique en son genre grâce à son architecture hétéroclite et surprenante. Bakou est le parfait mélange entre Dubaï (gratte-ciels futuriste), la Russie communiste (immeubles décrepis à l'architecture froide et rigide) et la Turquie (quelques restes de caravansérails) - avec un souçon d'architecture haussmanienne au détour d'une rue. Et tout s'explique par sa position géographique et son histoire : une ville coincée sur le bord de la Caspienne, ancienne république de l'URSS, ayant fait fortune grâce au pétrole, largement influencée par les voisins turcs. Cela confère à Bakou (et certainement au pays en général) une identité à part entière. Alors, on aime ou on aime pas, le débat n'est pas là. Bakou pique vivement ma curiosité de par cette architecture qui me fait tourner la tête : comment est-ce en dehors de Bakou ? Ces multiples constructions futuristes sont-elles le reflet d'une économie florissante ou seulement une exhibition superficielle de richesse pétrolière pour en mettre plein la vue au monde ? Dans quelles conditions vivent les Azeris? Le pays est-il pauvre ou riche ? En effet, difficile à dire... car si je m'en fie uniquement aux apparences, je suis dans un pays très développé, avec des 4x4 voies ultra-modernes, des véhicules propres et récents, du wifi qui fonctionne à l'aéroport (détail idiot mais qui en dit toujours beaucoup sur les infrastructures du pays)... Mais que penser des femmes qui passent le balai sur les 4x4 voies et les quelques maisons délabrées cachées par les immeubles du futur ? Quant aux Azeris, dont la langue, proche du turc, mêle quelques mots de russe, ils me paraissent plutôt avenants au premier abord. Souriants et curieux de voir débarquer des "touristes", peu parlent anglais. Physiquement, les traits sont turcs, mais les femmes ont la coquetterie des Moscovites.

Si Bakou accueille l'Euro 2020 juste après avoir brillé avec son Grand Prix de F1, c'est qu'elle a décidé de s'exposer sur la scène internationale et ce n'est pas anodin. Bakou, par sa complexité, m'étonne et éveille en moi un tas de questions : elle me passionne déjà car elle ne ressemble à rien de ce que je connais déjà. J'ai besoin d'en savoir plus et j'espère répondre à mes interrogations pendant mon séjour ici.

Mais n'ayant pas dormi et le ventre vide, je préfère me laisser embarquer par mon émerveillement : après un repas à 4€, principalement de viande de mouton (végétariens, mieux vaut s'absternir), accompagné d'un thé, je savoure une légère brise et les rayons du soleil sur la longue promenade longeant la mer, entre deux symboles architecturaux : la Crescent Moon (en construction) et les Flame Towers.

 Premiers aperçus de Bakou

Pour le dîner, je m'offre un tête à tête avec la Caspienne pour profiter des illumintations nocturnes pendant que les moustiques se font un festin avec mes pieds.

 Flame Towers de nuit

PS : comme vous l'avez compris, je suis à Bakou pour des raisons professionnelles et non personnelles. Mon temps de tourisme sera donc limité. Je n'aurais pas de quoi écrire ici tous les jours, mais je vous ferai part des mes impressions et découvertes dès que le temps me le permettra.

13
juin

Pour ma première journée de repos, je pars à la découverte des alentours de Bakou (bien que je n'ai pas encore visité la vieille ville...). Etant donné que j'ai peu de temps libre sur place, je dois optimiser autant que faire ce peu mon temps et mes visites. C'est pourquoi, au lieu de visiter par moi-même les quelques sites touristiques de Bakou, j'ai décidé de prendre un guide et un chauffeur au lieu de prendre les bus locaux. C'est un peu dommage, mais ça me fait gagner du temps... et puis, le guide a un intérêt non négligeable pour comprendre un pays aussi complexe que l'Azerbaidjan.

C'est donc en compagnie du jeune Eldar, étudiant en géopolitique et relations internationales, très cultivé, parlant 6 langues, que je sors de Bakou. Dès que nous sortons du centre, le véritable Azerbaidjan se révèle : de grandes steppes semi-arides longeant le bleu profond de la Caspienne parsemée de derricks puisant les ressources précieuses de cet immense lac salé.

Sur notre trajet vers le sud ouest de Bakou, en direction de la réserve de Gobustan, Eldar m'explique qu'il vient de la fameuse région du Karabagh, celle disputée avec l'Arménie. Il m'éclaire sur le conflit, qui remonte à la fin de la première guerre mondiale, quand l'empire russe s'effondre et que les 3 républiques caucasiennes (Géorgie, Arménie et Azerbaidjan) deviennent indépendantes. La région, principalement arménienne, est enclavée en Azerbaidjan. Lorsque les 3 pays sont ré-intégrés à l'URSS, le conflit se tasse... pour reprendre de plus belle avec la chute de l'URSS. Une guerre sanglante oppose l'Arménie et l'Azerbaidjan au début des années 90. A cette épouqe, l'Arménie étant plus riche et mieux équipée, prend contrôle de l'enclave mais aussi des territoires environnants, annexant ainsi une plus grande partie de l'Azerbaidjan. Plus de 800.000 Azeris du Karabagh sont alors déplacés, comme la famille de Eldar. Entre temps, l'Azerbaidjan est devenu riche grâce au pétrole et au gaz, ressources qui rapportent 70% de la richesse du pays. Le pays s'arme donc... et décide de reprendre ce qui lui appartient en novembre dernier... Voilà un bref résumé de la situation. La réalité est bien évidemment plus complexe. Il faut dire que, pour les amateurs de géopolitique, le Caucase est un réel bijou à étudier. Trois cultures et surtout trois pays pris en sandwich par de grandes puissances. D'ailleurs, l'Azerbaidjan se situe entre la Russie et l'Iran... ce qui justifie, selon Eldar, le besoin d'un président peu démocratique et plutôt autoritaire (au pouvoir depuis presque 20 ans) pour pouvoir faire face à de telles puissances dangereuses. La situation géographique du pays explique beaucoup de son histoire : au carrefour entre l'Asie, l'Europe et le Moyen-Orient, au milieu de la route de la soie, chaque civilisation qui est passée par le Caucase y a laissé une influence : des Romains au Perses, des Soviétiques aux Moghols. Cela explique l'identité unique des Azeris, jeune nation qui se définit comme des "turcs soviétisés". Autre caractéristique : l'Azerbaidjan est également le seul pays musulman ami avec Israël ! Même si l'Islam est la religion dominante, toutes les autres religions sont bien tolérées et la pratique religieuse est plutôt légère : on travaille le vendredi, le Ramadan n'a que peu d'importance, les femmes ne sont pas voilées... Tout cela n'est résumé que très brièvement, mais vous comprenez l'idée : une nation encore naissante et pourtant très complexe.

Nous arrivons enfin à la réserve de Qobustan, inscrite au patrimoine mondiale de l'UNESCO pour ses pétroglyphes datant de la préhistoire. L'intérêt principal du site c'est surtout le paysage lunaire, aride avec au loin la Caspienne d'un bleu éclatant. Quand on pense qu'il y a quelques milliers d'années, ce site était sous la mer... Mais la mer recule peu à peu, laissant place à des paysages érodés. Sur ce site, je remarque de nombreux touristes Azeris (surtout des femmes et des enfants), mais je suis la seule étrangère. Cela attire l'attention car cela fait plus d'un que les étrangers ne viennent plus. D'ailleurs, Eldar me dit que je suis sa première cliente depuis la crise du covid. Cela me fait plaisir de savoir que je participe à la reprise économique du pays. Même si le pays n'a pas souffert de la crise comme en France (les hôpitaux n'ont jamais été pleins, et il y a eu peu de cas), le pays avait fermé ses frontières, ses restaurants, ses lieux de vie sociale... Ici, la vaccination fonctionne plutôt bien : 30% de la population est déjà vaccinée, principalement avecle vaccin chinois.

Réserve de Qobustan 

A la sortie de la réserve, nous changeons de véhicule pour monter dans une voiture soviétique, la Lada, produite en Azerbaidjan jusqu'en 2015 et toujours très populaire. Nous testons sa robustesse en empruntant des pistes à peine dessinées dans le paysage : cela me rappelle la Mongolie, avec ses steppes à perte de vue. Je me demande comment mon chauffeur, une armoire à glace russe aux traits turcs, bien trop grand pour cette voiture, se repère. Il nous mène finalement aux volcans de boue : il s'agit de petits cratères coniques, de boue grise et froide, qui bouillonne sous l'effet de remontées de méthane. En résumé, c'est la Terre qui pète !

 Volcans de boue

Nous reprenons la route vers Bakou pour nous diriger vers la péninsule d'Absheron, à l'est de la capitale cette fois-ci. Sur le trajet, les échanges avec Eldar se poursuivent. Nous parlons de tout : le système éducatif gratuit, le système de santé payant, la qualité des infrastructures (les routes et le réseau de télécommunications sont étonnament bons), le salaire moyen (300$/mois) et l'importance de l'économie parallèle, la corruption, la place des femmes, la vie de famille... Je lui demande innocemment ce qu'il pense d'avoir un président, fils d'un autre président, au pouvoir depuis preque 20 ans. Ce à quoi il me répond avec justesse qu'il ne faut pas regarder cette situation avec une vision européenne, mais en prenant en compte la réalité géopolitique du pays : situé entre la Russie et l'Iran commeje le disais; mais surtout qui a été délaissé par l'Europe après la chute de l'URSS... donc c'est un pays qui a fait ce qu'il pouvait avec les moyens du bord. Alors certes, on n'est loin de la démocratie idéale, mais le pays s'en sort relativement bien (jusqu'à présent, je n'ai pas vu de pauvreté extrême). C'est son père qui a signé le cessez-le-feu avec l'Arménie en 1994 et qui a investi massivement dans l'exploitation du pétrole et du gaz, avec, entre autres, des pipelines géants allant jusqu'en Europe. Et sa volonté de reconquérir les territoires perdus par l'Arménie est partagée par de nombreux Azeris...

Après un déjeuner local à Bakou, nous arrivons dans un autre lieu étonnant, cernée par des puits de pétrole : l'Ateshgah, le temple du feu zoroastrien. Zoro quoi ? Oui, zoroastrien ! Il s'agit d'une religion monothéiste millénaire, née en Iran, pour laquelle le feu permet de communiquer avec Dieu. Avec l'arrivée des Musulmans, les Zoroastriens en Inde pendant 1000 ans, avant de revenir sur leur terre d'origine par la route de la soie. Avec le temps, de nombreuses influences hindoues se sont mélées à la tradition zoroastrienne. Ils ont décidé de construire un temple sur le site d'un ancien caravansérail, autour d'un sanctuaire où s'élève une flamme éternelle alimentée par du gaz. De nos jours, les Zoroastriens sont peu nombreux (on ne peut pas s'y convertir) mais quelques uns subsitent... comme la famille Tata (du puissant groupe indien Tata).

Ateshgah, temple du feu 

Nous passons ensuite par la forteresse de Ramana qui domine les champs pétrolifères de la banlieue de Bakou, panorama apparaissant dans "Le monde ne suffit pas", avec James Bond.

Enfin, nous terminons cette longue journée au Yanardag, un feu spontané qui brûle en permanence au pied d'une colline, par la combustion de gaz qui s'en échappe. Curiosité singulière...

Yanardag 
14
juin

Bakou, surnommée la "cité des vents" porte bien son nom : tous les jours, une brise rafraîchissante en provenance de la Caspienne souffle et me conforte dans le choix de m'être coupé les cheveux avant de partir ! Ce vent est agréable à cette saison car cela évite de souffrir des 30 degrés quotidiens; en hiver, il paraît qu'il rend Bakou plus glaciale que Moscou...

Je prends enfin le temps, entre deux réunions, d'aller découvrir le centre de Bakou. Je commence mon ititnéraire à l'extréminté sud de la promenade, devant le musée du tapis et la "mini-Venise" (blasphème pour ceux qui connaissent la cité des Doges...).

 Au bout de la promenade : musée du tapis et mini-Venise

D'ici je remonte vers le centre de Bakou, moderne et très parisien, avec ses immeubles haussmaniens et ses nombreux café. Les rues sont ponctuées de petits espaces verts et de places où il fait bon vivre, dont la plus célèbre, la place des fontaines. Si la ville a des airs de notre belle capitale, cela s'explique par le fait qu'au début du XXème siècle, alors que l'Azerbaïdjan produisait 90% de la consommation mondiale de pétrole, les nouveaux riches ont découvert l'Europe et ont souhaité reproduire l'architecture européenne en rentrant chez eux. Une atmosphère paisible règne dans ce quartier... ce qui est surprenant quand on pense que 40% de la population azérie vit à Bakou et qu'il y a une guerre à moins de 400km de là !

 Bakou, la parisienne !

Il est très agréable de se promener dans ses rues centrales... même si l'intérêt touristique y est limité. Je sens que Bakou est plus une ville à vivre... d'ailleurs, je dois bien avouer que je serais tentée de vivre l'expérience pour quelques mois (en évitant l'hiver !) car la qualité de vie y semble bonne (du moins, pour les expatriés). Je flâne dans les rues, écarquille les yeux devant chaque façade d'immeuble ou de bâtiment, en longeant les remparts qui délimitent la vieille ville.

Le long des remparts de la vieille ville 

Je pénètre enfin dans la vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ici, c'est un dédale de ruelles et d'escaliers dans lequel il est impossible de se repérer, dominé par la Tour de la Vierge. Bien que très mignonne, cette partie de la ville est plus touristique (ça se voit au nombre d'hôtels, de restaurants et de boutiques de souvenirs) et moins authentique. Les marchands de tapis essayent de rabattre les touristes (en l'occurrence, moi, car je suis la seule touriste...), sans succès. Je visite tout de même le palais des Chirvanchahs, palais de la dynastie des Chirvan qui régnait au Moyen-Âge.

Dans la vieille ville 

Je termine la journée dans le même quartier, autour d'un bon repas avec une partie de mes collègues. Si le matin, le calme règne dans les rues jusqu'à 10 heures, le soir, l'animation et la musique prennent place : familles, couples et groupes d'amis se retrouvent dans une ambiance joyeuse. Le port du masque n'étant pas obligatoire, on se croirait dans la "vie d'avant"!

18
juin

Ces derniers jours, je profite des matinées déjà chaudes pour explorer les palges des environs. Et oui, qui dit mer, dit plage !

Arrêtons nous déjà sur la mer Caspienne, la plus grande mer fermée au monde (en réalité, il s'agit d'un lac salé...). La Caspienne, alimentée principalement par la Volga, est partagée entre la Russie, le Kazakhstan, le Turkménistan, L'iran et bien sûr, l'Azerbaïdjan. Du à ses températures et à sa faible salinité, la Caspienne est idéale pour le développement des esturgeons et donc... du caviar ! 90% du caviar mondial provient de cette mer si particulière, qui concentre d'autres richesses, comme le pétrole ! La Caspienne a vu son niveau varié au fil des sicèles; mais dpeuis quelques années, la tendance est nette : le niveau diminue, à cause du réchauffement climatique. A terme, elle risque le même sort que la mer d'Aral : sa disparition totale.

Bakou est située sur une péninsule, la péninsule d'Absheron, et possède donc plusieurs plages à sa périphérie. La plus proche et la plus populaire est celle de Shixov, à la sortie sud de la ville en direction de Qobustan. Mais avant d'explorer cette plage, je décide de m'aventurer un peu plus loin, sur une plage plus sauvage, au nord de la péninsule, en dehors de la baie de Bakou, à Bilgeh. Pour y aller, rien de plus simple : un Bolt (variante de Uber), pour moins de 7€ pour 40 minutes de trajet. Je dois avouer que lorsque le chauffeur me laisse sur le bord d'une 2x3 voies, au milieu d'un terrain vague aride brouté par les moutons, il faut avoir foi en Google Maps pour s'assurer que la plage se trouve bien là... et pourtant, après une vingtaine de mètres, le chemin descend vers une plage bien cachée. Alors, je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas les Caraïbes : il s'agit juste d'une bande de sable grossier (qui fait un peu mal au pied), polluée par de nombreux déchets plastiques (plutôt étonnant car jusqu'à présent, j'ai trouvé le pays d'une proprété irréprochable) frappée violemment par les vagues de la Caspienne. Quelques nageurs se baignent, mais en restant près du bord, car le vent est fort et il serait assez facile de se laisser embarquer par les courants. La plage est très calme, avec seulement quelques familles qui viennent profiter du soleil. La brise constante permet de supporter la chaleur qui serait de plomb sans cet air frais. L'ambiance de cette palge sauvage est agréable : peu de monde, familiale, sans aucun problème de sécurité. Et les femmes sont en bikini sans aucun regard déplacé.

Plage de Bilgeh 

Le lendemain, je tente la plage de Shixov, la plus proche de Bakou, mais pas si évidente à trouver. En effet, la plupart du littoral est pris par des restaurants ou des hôtels, rendant l'accès à la plage payant. Il faut donc que je marche quelques centaines de mètres, au bord de la voie rapide, sous un soleil de plomb, pour atteindre un terrain vague (oui, encore !) et accéder à la plage gratuite. C'est assez différent de la veille : une palge plus large et un peu mieux aménagée, avec du sable plus fin, une mer plus calme et moins profonde, car nous sommes dans la baie de Bakou. Mais toujours pas de plage paradisiaque... au contraire, en fond de toile, les derricks qui puisent le pétrole...

Plage de Shixov 

Je poursuis ma série de plage en motivant une partie de mon équipe. Cette fois, en retournant sur la péninsule d'Absheron, direction l'Amburan Beach Club. L'entrée est payante mais donne accès à un complexe qui comprend un restaurant, un bar, des boutiques, de belles piscines et une plage aménagées avec transats, parasols et maîtres nageurs ! Bref, l'endroit idéal pour buller toute l'après-midi. Avec le fort vent qui souffle depuis la veille, la mer est agitée et s'est un vrai régal de sauter dans les vagues de la Caspienne !

Amburan Beach Club 
20
juin

Je continue mes visites à Bakou :

  • le musée Heydar Aliyev, dont l'architecture est remarquable et impressionnante. Ce musée abrite 3 expositions : une sur les vieilles voitures (que je n'ai pas vu car pas intéressée); une sur les "trésors" du pays, exposant les différents arts folkloriques (musique, danse, cuivre, tapis) et des maquettes des principaux monuments de la ville; et une sur la vie du fameux Heydar Aliyev, le héros national auquel on voue un vrai culte de la personnalité ici. Il est perçu comme le fondateur de l'Azerbaidjan moderne et il a instauré la stabitilité (c'est-à-dire qu'il a beaucoup investi dans l'armée) dans le pays après les premières années chaotiques post URSS. Et c'est son fils qui lui a succédé, à sa mort en 2003... On ne parle pas ouvertement de dictature, mais ça y ressemble beaucoup... mais d'après mon guide, c'est nécessaire quand on est entouré de puissances telles que la Russie et l'Iran.
Musée Heydar Aliyev 
  • la belle mosquée Teze Pir, cachée dans les quartiers plus populaires de la ville. Au fur et à mesure que je m'éloigne du rivage et je vais dans les hauteurs de Bakou, la ville prend des airs plus authentiques, loin des gratte-ciels futuristes : maisons délabrées, quartiers simples...
Mosquée Teze Pir 
  • je me rends également au pied des fameuses Flame Towers, l'emblème de la ville. C'est sous un soleil de plomb, sans un pet de vent, que j'y arrive laborieusement. Comme je l'ai déjà dit, l'une des tours abrite l'hôtel Fairmont... et aujourd'hui, jour de match, c'est l'équipe turque qui y est logée. D'ici, on a un point de vue formidable sur la baie de Bakou, malgré le brouillard (de de poussière/sable) qui couvre l'horizon. La descente vers la promenade se fait par des escaliers dans un joli jardin à l'odeur de pins ou par le funiculaire.
Au pied des Flame Towers 
  • le Yashil Bazar, le marché central couvert où je me laisse guider par les couleurs des fruits et les odeurs entêtantes des épices. Un vrai plaisir pour les yeux !
Yashil Bazar 
23
juin

​Le planning des matchs m'autorise quelques jours de pause et j'en profite donc pour quitter Bakou et partir à l'aventure dans les montagnes du Grand Caucase. Pour cette première excursion, je pars avec une collègue, Laure, baroudeuse expérimentée. Nous partons aux aurores, à bord d'un petit bus relativement moderne mais peu confortable, en direction de Quba, sur une route plutôt bonne longeant la Caspienne. Sans surprise, dès que nous quittons Bakou, nous nous retrouvons dans un paysage aride et hostile. Mais notre progression vers le nord fait verdir l'horizon et nous éloigne de la modernité de la capitale. Nous atteignons Quba en moins de 2h30 et sautons dans un taxi pour poursuivre vers l'ouest, direction Xinaliq. C'est à bord une vieille Lada que nous découvrons un nouveau panorama, très vert et plus frais, dès notre sortie de la ville. La route est bonne mais étroite, sinueuse et pentue. La Lada souffre dans les montées raides et son chauffeur (qui semble découvrir l'itinéraire) décide de faire des pauses fréquentes pour rafraîchir le moteur. Nous en profitons pour manger un qutab, la crêpe aux herbes, au bord de la route. Le chauffeur est tout aussi émerveillé que nous des paysages sauvages, comme s'il découvrait lui aussi la région (je pense que c'est le cas). Cependant, il s'inquiète pour son véhicule à chaque montée ; nous, ce sont les descentes à flanc de montagne qui nous crispent car les freins n'ont pas l'air très fiables.

Sur la route vers Xianliq 

Il faut presque 2 heures pour atteindre le village de Xinaliq, le plus haut et le plus isolé du pays, à environ 2350 mètres d'altitude, sur un éperon dominé par de majestueuses montagnes rocheuses. D'ici, quelques cimes enneigées font leur apparition. L'hiver doit y être rude ! A peine débarquées au centre du village, le propriétaire de la supérette (et encore, c'est un bien grand mot...) nous mène vers sa guesthouse (encore un bien grand mot) où ils logent les gens de passage. Il s'agit d'une maison avec quelques chambres, une cuisine partagée et une salle de bains, partagée également. Il y a l'éléctrictié; quant à l'eau, elle rpovient directement de la source, et donc son débit est variable. Et elle n'est que froide. Pas de wifi bien évidemment, mais quand même de la 4G. Il nous fait venir un jeune garçon de 12 ans qui parle 3 mots d'anglais pour nous faire visiter le village fait de maison en parpaing et fumier. Le contraste avec Bakou est saisissant : ici, rien n'a changé depuis un sicèle ou presque... et inutile de préciser que personne ne parle anglais ! En plus de l'azéri, les habitants ont un dialecte local mais parlent russe également; avec nos 10 mots de russe et nos 5 mots d'azéri, on communqiue tant bien que mal.

 Visite de Xinaliq

Si nous sommes à Xinaliq, c'est pour les nombreuses possibilités de randonnées. Malheureusement ici, ni plan, ni indications, ni office de tourisme. Nous tombons sur un berger arborant une vieille veste de l'armée qui nous explique "dog problem" sur de nombreux chemins : nous comprenons que les chiens de berger sont dangereux et que nous ne pouvons pas nous aventurer dans la montagne seules. Nous décidons alors de suivre notre jeune guide de 12 ans et ses copains pour nous rendre à une petite cascade, tout proche.

De retour, une petite sieste s'impose. Puis c'est l'heure du dîner avec les autres hôtes de la guesthouse qui sont arrivés entre temps. Il s'agit d'un de 4 ingénieurs de Bakou venus à Xinaliq pour leur travail (c'est ce qu'on a compris avec nos 5 mots de russe et d'azeri et leurs 20 mots d'anglais et de français...). Eux sont très étonnés de voir 2 Françaises ici pour deux raisons. La première, cela fait plus d'un an qu'aucun touriste n'est passé par ici, en raison du covid. Nous leur expliquons donc que nous travaillons pour l'Euro (c'est actuellement la seule façon d'avoir un visa); pour simplifier les choses, on leur fait croire qu'on est commentatrices (en réalité, on travaille sur le matériel technique des commentateurs, mais c'est trop compliqué à expliquer). La seconde, c'est que nous sommes des femmes... et dans cette contrée retirée, ce n'est pas commun de voir des femmes voyager seules. D'autant que nous remarquons que les femmes du village restent cloitrées chez elles. Nous n'en avons pas rencontré une seule... Nos échanges se font uniquement avec des hommes ou des enfants.

 Petite marche vers la cascade

Le dîner est accompagné d'une vodka maison qui arrache la gueule (j'ai cherché une façon plus élégante de le dire, mais ça n'aurait pas été à la hauteur de la sensation de brûlure ressenties). Par chance, ils nous partagent leur secret pour faire passer la vodka plus facilement : boire un verre de coca après le shot de vodka... Dès le 1er shot, je me mets en garde car je me souviens que la vodka est interdite dans le Transsibérien pour éviter tout dérapage... Et je fais bien, car la vodka leur monte rapidement à la tête et très vite, deux d'entre eux nous font des avances... (récapitulatif de la situation : ils sont 4 et nous sommes 2; nous dormons dans la même maison avec salle de bains commune; nous sommes dans le village le plus isolé d'un pays déjà isolé !!). Nous calmons leurs élans en leur expliquant que nous sommes mariées (2ème mensonge de la soirée...). Dès le dîenr terminé, nous décidons d'aller dans notre chambre (avec une porte qui ferme à clé) pendant qu'ils s'attachent à vider la bouteille de vodka. Ils viendront frapper à la porte de notre chambre à 2 reprises, mais sans réponse de notre part, ils n'insisteront pas.

Le lendemain matin, nous avons rendez-vous avec le berger à la veste militaire avec qui nous avons arrangé un tour en moto locale... comprenez à cheval !!! Il est accompagné de son fils de 19 ans et de deux chevaux. Et comme à moto, nous montons derrière le chauffeur. Donc oui, nous sommes à deux sur chaque cheval !! Position relativement inconfortable aussi bien pour nous que pour les pauvres bêtes. Mais la promenade nous fait vite oublier l'inconfort. Nous suivons le lit de la rivière, au coeur même des montagnes. Je ne peux m'empêcher de penser à la Mongolie : l'isolement, l'hospitalité des locaux, le paysage, les chevaux... C'est saisissant ! Au bout d'un peu plus d'une heure, nous arrivons au pied d'une grande cascade avant de faire demi-tour pour rentrer. Mon pauvre cheval n'en peut plus (il me fait bien comprendre que j'ai quelques kilos à perdre) et traîne des sabots. Nous terminons autour d'un thé (la boisson locale non alcoolisée) avec ce fameux berger (dont je ne peux pas écrire le prénom). Très curieux de notre présence ici, il nous pose beaucoup de questions. Nous lui montrons des photos de nos familles respectives. Lui a 47 ans, mais en paraît 20 de plus car il a le visage brulé par le soleil, le vent et le froid. S'il porte cette veste militaire, c'est qu'il a été dans l'armée (service militaire obligatoire) et a fait la guerre (sous-entendu, contre l'Arménie, dans les années 90). Mais il est assez lucide sur la question : il nous explique qu'il a payé des pots-de-vin pour éviter le même sort à son fils Bilal... sinon, celui-ci aurait été envoyé au front lors des derniers affrontements en novembre. Evidemment, on aborde aussi la question incontournable du covid (même si ici, on l'oublie vite). Les habitants du village ont déjà été vaccinés, certes avec le vaccin chinois; mais il faut avouer que la campagne de vaccination est bien organisée pour qu'un village si reculé ait déjà bénéficié du précieux liquide.

 Promenade à cheval

Nous quittons Xinaliq à bord du 4X4 du propriétaire de la guesthouse qui doit se rendre à Quba. Nous ne mettrons qu'une heure au lieu des 2 heures de l'aller : il connaît la route par coeur et son véhicule est bien plus approprié. Après un déjeuner léger à Quba, nous nous mettons en tête de visiter la ville (qui prend quand même 4 pages du Lonely Planet), reputée pour ses tapis. Très vite, la sensation que j'avais eu quand nous aviosn traversé la ville à l'aller se confirme : c'est une ville fantôme ! Le quartier de la vieille ville et le quartier juif sont déserts. Pas un commerce, pas un habitant, que des habitations délabrées et un soleil de plomb. Par chance, nous tombons quand même sur un atelier de tissage de tapis où quelques femmes s'attèlent à la tâche. Après 2 heures de "visite", nous décidons donc de rentrer à Bakou plutôt que de passer la nuit dans cette ville glauque.

 Quba
25
juin

Je pars découvrir le nord, mais plus dans le centre du pays, loin de la mer, en direction de la Géorgie.

Première étape : Lahic ! Pour arriver dans ce village, il faut, depuis Baku, prendre un bus pour la ville d'Ismayilli, sur la route principale entre Bakou et Tbilissi (capitale de la Géorgie). En théorie, ça devrait être simple... En pratique, c'est une autre histoire. En arrivant à la gare routière, impossible de trouver le bon bus, bien que je demande plusieurs fois. Finalement, un jeune homme décide de m'aider et m'accompagne à un guichet. Là je comprends qu'il n'y a pas de bus pour Ismayilli. Le jeune m'explique qu'il faut que je prenne un bus à destination de Oguz, qui se situe sur la même route, mais plus loin donc il passe par la ville souhaitée. Ok, pas de problème ! Tant que j'arrive à destination, ça m'est bien égal. Nous nous dirigeons donc vers un autre guichet pour acheter le billet correspondant (car ici, c'est un guichet par destination...). Et là, on me dit qu'il n'y a pas de bus, seulement un minibus et que celui est plein et s'apprête à partir. Le prochain serait dans 1h30. Ça ne me dérange pas trop d'attendre mais l'information ne me semble pas certaine. Je libère mon bon samaritain car je ne veux pas qu'il rate son bus à lui. Je suis résignée à prendre un taxi, ce qui me coûtera plus cher... Mais têtue comme je suis, je tente de nouveau ma chance en me dirigeant vers le minibus plein. Le chauffeur dit d'attendre, il fait venir deux autres hommes et tous se mettent à me parler. Bien sûr, je ne comprends rien. Mais les Azeris font toujours ça : ils répètent en pensant qu'au bout d'un moment, je serai bilingue azeri. Finalement, après quelques minutes d'attente, l'un d'entre eux m'envoie balader (sans que je ne comprenne pourquoi) et me confirme que le véhicule est plein. Un peu surprise, je lui demande ce qu'il se passe et il m'ignore. Je pars alors très énervée car cette situation est incompréhensible et j'ai du mal à croire qu'aucun véhicule n'emprunte cette route principale. Puis, un autre homme me rattrape pour m'aider. Une nouvelle discussion s'engage avec le chauffeur, je ne comprends toujours rien. Un plus jeune, témoin de la scène depuis le début, intervient et me dit que c'est 8 manats le trajet (4 euros). J'accepte volontiers; tout ce que je veux c'est monter dans ce minibus. Après avoir payé (en leur laissant le change de 2 manats pour éviter des discussions supplémentaires), je prends enfin place dans le véhicule, là où un enfant est assis. Il monte alors sur les genoux de sa mère. Je comprends donc que le minibus était bien plein, mais qu'ils m'ont vendu une place au black et c'est pour ça qu'ils étaient tous énervés... Car à la sortie du terminal, il y a un contrôle du nombre de passagers dans chaque véhicule... Mais tout cela semble bien corrompu.

Bref, après 45 minutes de négociation, me voilà en route pour Ismayilli, que j'atteins en 2 heures, en traversant champs de blé et végétation brûlée par le soleil. Le paysage prend du relief en allant vers le nord. Et les cigales se chargent de l'ambiance musicale. A Ismayilli, je trouve immédiatement un taxi qui m'amène à Lahic par une route sinueuse à flanc de montagne. On se croirait dans les gorges du Verdon... Enfin avec le Verdon asséché ! (Donc ma comparaison ne fait aucun sens...).

Je débarque à Lahic en fin de matinée sous le cagnard. Lahic est un petit village avec une longue rue principale pavée de 2km, longée de maisons en pierres et de boutiques de souvenirs. La spécialité du coin : le cuivre et les peaux de moutons. Tout le reste vient de Chine... Le village semble touristique étant donné le nombre d'échoppes de souvenirs, mais la rue est bien vide.

Dans les rues de Lahic

Je me rends d'abord dans une guesthouse de luxe au bout du village : une belle bâtisse en pierres, tenu par un Azeri qui parle très bien anglais. Il me présente une chambre coquette et propre (avec salle de bains !) donnant sur son grand jardin et ses cerisiers.


La guesthouse

Je pars ensuite découvrir le village. Je déjeune mon plat favori, le qutab aux herbes (la crêpe) avec un thé, pour 2 manats (1 euro). Puis je flâne dans la grande rue. Je suis déçue par la qualité des souvenirs... Ce n'est pas encore ici que je vais trouver mon bonheur. Il est très difficile en Azerbaïdjan de trouver des souvenirs, autre que des tapis et des services à thé. (Note à ma famille et mes amis : pas de carte postale non plus...). En revanche, c'est le lieu idéal pour faire le plein d'épices. Les étals embaument la rue : clou de girofle, curcuma, safran, thés en tout genre, herbes, camomille, poivre et sumac (épice locale)... Pour des prix dérisoires!


L'autre intérêt de Lahic, ce sont les randonnées alentours, dont celle de l'ascension du Babadag, une montagne sacrée. Malheureusement, il me faudrait un jour de plus et surtout quelques degrés de moins... Sous un soleil de 35 degrés, je préfère me prélasser dans le jardin de la guesthouse. Ici, pour la première fois en 3 semaines, j'entends les chants envoûtants des muezzins.


Les mosquées du village

Le soir, le propriétaire de la guesthouse, Rustam, dont l'anglais est très bon, prépare un kebab (barbecue) dans le jardin. En fin de journée, débarque une famille française, d'expatriés. Comme on peut facilement l'imaginer, le père travaille chez Total. Je passe la fin de soirée avec eux à échanger sur la vie à Bakou. Cela me conforte dans l'idée que la vie d'expatrié à Bakou est très agréable !

Soirée barbecue
27
juin

​Après un petit-déjeuner maison copieux (avec du miel local qui me rappelle celui du Népal), je continue ma route vers le nord, à bord d'une Lada 4x4 avec un vieux chauffeur au regard tendre, Rachid, que m'a trouvé le propriétaire de la guesthouse. Si j'ai pris un chauffeur, ce n'est pas tant pour le confort, mais parce que je souhaite faire des arrêts sur la route.

Premier arrêt : la cascade des Sept Beautés. En voyant le nombre de véhicules au parking du site, je comprends rapidement que les Bakinois font du tourisme le weekend et que l'endroit ne va pas être paisible. Déjà, il faut traverser une mini fête foraine bruyante pour atteindre un escalier étroit et raide qui mène à la cascade. Le lieu est bondé de familles. Au pied de la cascade, des dizaines de personnes en train de se prendre en photo sous toutes les coutures. Personne ne regarde vraiment le paysage, ils sont tous omnibulés par leur propre physique, surtout les femmes. On parle du covid, mais la vraie maladie du siècle, c'est le narcissisme. Le selfie est une pandémie bien plus dangereuse. C'est si bruyant qu'on entend à peine l'eau qui coule. Bref, je repars aussi vite que je suis arrivée.

Cascade des Sept Beautés 

Nous poursuivons la route, avec un paysage de plus en plus vert. Plus on avance, plus il y a de vaches qui traversent la route.

Deuxième arrêt : le site archéologique de la vieille ville de Qebele, capitale de l'ancienne Albanie. Le site se compose de 2 ruines et d'un musée. Ici, aucun touriste... Mais on me refourgue le pire guide de tous les temps. Il parle certes très bien anglais, mais il est insupportable. Déjà, il parle comme si j'étais située à 20 mètres de lui, donc il détruit mes tympans. Ensuite, ses explications sont longues et peu utiles. Il pense certainement que je n'ai jamais vu de ruines de ma vie et que ce site est le plus exceptionnel du monde... Mais c'est loin d'être le cas. Le site n'a rien d'exceptionnel et je m'impatiente. Et pour couronner le tout, il est lourd avec ses remarques du genre "les européennes sont belles". Il me propose même d'être mon guide pour le reste du pays... Apportez moi une corde avec un noeud coulant tout de suite ! On termine avec le musée où c'est l'apothéose car il commente les objets qui ont été trouvés lors des fouilles : un couteau qui sert à couper; un squelette d'un mort; une jarre pour l'eau... La seule chose qui me fait réellement plaisir c'est de voir mon chauffeur qui prend des photos et pose des questions : il découvre le lieu (il ne savait même pas que ce site existait) et je suis contente de pouvoir lui offrir ce moment.

Site archéologique de Qebele 

Enfin, nous prenons la direction de la destination finale du jour : Sheki ! Les derniers 40km sont pénibles car l'asphalte laisse place à une large piste rocailleuse et poussiéreuse qui semble interminable.

Lorsque nous arrivons à Sheki, je guide mon chauffeur pour me déposer devant mon auberge : comme il ne parle pas anglais, je fais juste des signes avec mes mains... C'est assez drôle, on se croirait dans un film muet.

Après 4h30 de voyage, je débarque donc à Sheki, à seulement 15km de la frontière russe. Je dépose mes affaires dans une auberge de jeunesse centrale, très propre et moderne, pour 6€ la nuit !

J'entreprends de visiter la ville. La chaleur est terrible. Les montagnes vertes ne sont qu'une illusion de fraîcheur. Il fait 38 degrés, il n'y jamais d'ombre et le vent est sec et chaud : j'ai l'impression de me dessécher de l'intérieur. Je ne transpire pas beaucoup, mes lèvres tiraillent, ma peau brûle, mes cheveux grillent. Je prends feu; je cuis tel un kebab. L'Azerbaïdjan est une terre de feu. A Bakou, le vent de la Caspienne adoucit cette atmosphère. Mais ici, je suis aux portes de l'enfer. Et il faut grimper pour atteindre la forteresse, point d'attraction principal de la ville. Elle est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, parce qu'elle renferme, entre autres, le palais d'été des khans (souverains) de Sheki. De l'extérieur, il est somptueux, avec ses peintures si finement dessinées. L'intérieur, qu'on ne peut photographier, est magique : des vitraux colorés, des peintures florales à foison. Le palais est petit mais sublime. Il fait voyager dans le temps. Plus loin, moins connu, se trouve le palais d'hiver, plus sobre mais tout aussi élégant.

Au coeur de la forteresse 
 Palais d'été
 Palais d'hiver

Sheki étant la ville la plus touristique du pays, de nombreuses boutiques de souvenirs bordent la rue principale... Mais je suis encore déçue : ce qui est local (tapis, objets en cuivre, tricot...) est moche ou encombrant ou peu utile; ce qui est made in China est de mauvais goût. Donc je ne rapporterai rien sauf des épices.

Dans les rues de Sheki 

Je passe également par un caravansérail d'origine, converti en hôtel. J'aurais adoré y dormir, mais il est occupé par un groupe et il n'y a plus de chambre disponible.

Caravansérail authentique 

Après une pause rafraîchissante à l'auberge, je sors pour le dîner : au menu, un Piti, le plat local. Il s'agit d'un ragoût de mouton aux légumes qui se mange en deux étapes : il faut d'abord boire le bouillon comme une soupe avec des morceaux de pain; puis manger le ragoût écrasé. Mais ça, je vous le montrerai plus tard dans un article dédié à la gastronomie azérie...

Le lendemain, je repars pour Baku à bord d'un minibus. Je m'apprête à entamer ma dernière semaine dans ce pays insolite...

1
juil

Thème incontournable pour une Française... surtout dans un pays où l'on mange aussi bien ! Et oui, ce fut une vraie surprise, mais la cuisine azérie est délicieuse, bien que plutôt grasse et peu légère.

  • Les viandes : la base de la cuisine locale ! Autant vous prévenir : mieux vaut ne pas être végétarien ! Tout est à base de viande : poulet, boeuf et surtout agneau. A toutes les sauces, sous toutes ces formes. Mais le plat le plus traditionnel est bien entendu, le kebab. Pas celui qu'on trouve en France. Ici, kebab est un synonyme de barbecue. C'est donc de la viande grillée principalement. Lorsqu'on demande un döner kebab, alors on obtient un sandwich de viande grillée, qui s'apparent au kebab français, en bien meilleur ! Les viandes sont très souvent accompagnées de salades de crudités, principalement tomates et concombres.
Kebab 
  • Les pains : en tant que Français, cela manque souvent quand on voyage. Mais ici, ils adorent le pain. Alors certes, ce n'est pas une bonne baguette croustillante, mais de grands pains en forme de galette, souvent tout juste sortis du four. Le pain est servi automatiquement, quelque soit le repas. Très bourratif, c'est un ennemi quand l'attente est longue au restaurant.
  • Le qutab : l'un de mes plats favoris ! Il s'agit d'une grande crêpe cuite sur une plaque, au feu de bois. elle peut être garnie de viande ou de verdure (un ménage d'herbes qui inclut aneth, pousses d'épinards et plein d'autres trucs verts). Elle est servie avec un peu de beurre fondue (comme en Bretagne) histoire de faire léger !
 Qutab
  • La pide : c'est une pizza turque, en forme d'amande.
  • Les dumplings : on distingue deux plats à base de dumplings. Les gürzas, sorte de gros raviolis à la viande (la version azérie des gyozas japonais); le dushbara, un bouillon à la menthe avec des mini raviolis de viande. Mon coup de coeur du séjour !
Dushbara et güzas 
  • Le plov : un riz dit pilaf, cuisiné avec du safran, des fruits secs et de la viande. Un régal !
  • Le piti : le plat traditionnel de Sheki (dont je vous ai parlé), un ragoût de monton que l'on déguste en 2 étapes : on boit d'abord le bouillon séparéement, dans lequel on met des morceaux de pain; puis, on mange la viande et les légumes, écrasés et mélangés.
Service du piti 
  • Les fromages et les crèmes : pour ceux qui me connaissent, aucune surprise si je vous dis que je n'y ai pas touché... Mais, c'est important à noter car le fromage fait partie de la nourriture quotidienne. Souvent à base de lait de brebis ou de chèvre, le fromage est surtout consommé au petit-déjeuner avec du miel.
  • Les épices : de nombreuses épices entrent dans la cuisine azérie. La principale est le sumac, une épice pourpre qui, par son goût salé, remplace le sel. Une excellente alternative pour les régimes sans sel.
  • Les boissons : la boisson nationale est le çay, le thé ! On en boit à toute heure et n'importe où. Une pause thé est toujours la bienvenue. Il s'agit surtout de thé noir, toujours servi en théière pleine. Il s'accompagne d'une rondelle de citron et... de sucre ! Les Azéris ne mettent pas le sucre dans le thé; mais ils mettent un morceau de sucre, ou un caramel, dans leur bouche, puis boivent une gorgée de thé et croquent le sucre qui font petit à petit avec le thé brûlant. Oui, pas très diététique ! Et comme ils adorent le sucre, ils boivent également de la kompot, une boisson à base de fruits marinés (coings, prunes, pommes, poires). Quant aux boissons alcoolisées, c'est surtout de la vodka. A noter tout de même que l'Azerbaidjan produit du vin, dans la région centrale d'Ismayili (cabernet sauvignon, merlot, shiraz...), vin de qualité tout à fait respectable !
Kompot et limonade 
  • Les desserts : le dessert local est le baclava (encore très sucré). La glace turque, dondurma, est aussi très populaire. Il s'agit d'une glace en cornet, mais dont le service relève d'un numéro de clown.
 Pour vous mettre l'eau à la bouche
3
juil

Et voilà que s'achève mon séjour si particulier en Azerbaidjan. Ce n'était pas un séjour touristique comme vous l'aurez compris, mais en y restant un mois, j'ai quand même eu le temps de découvrir quelques régions du pays et d'essayer de comprendre la culture azérie. Si je devais résumer ce voyage en un mot, je dirais : surprenant ! Je pense d'ailleurs l'avoir répété à plusieurs reprises dans mes différents articles. Dès mon arrivée à Bakou, j'ai été surprise par une ville si grande, si moderne et si artificielle qui cache une réalité rurale bien plus modeste. J'ai été également surprise par l'accueil chaleureux et curieux des Azéris; par la gastronomie variée et savoureuse; par la chaleur infernale (je n'ai pas vu une goutte de pluie en un mois...) et par les vents incontrôlables de Bakou; par les contrastes de paysage, du désert aride aux montagnes du Caucase. Mais ma plus grande surprise a bien été celle de ce mélange extraordinaire de cultures, entre Europe, Asie et Moyen-Orient, ce qui rend la culture azérie tout à fait unique. L' Azerbaidjan est un pays étonnant qui mérite d'être connu, plus pour ses paysages et son peuple que pour ses attractions touristiques; finalement, peut-être plus un pays à vivre (même si ce n'est qu'un mois) qu'un pays à visiter comme touriste.

Toutes ces surprises n'ont fait qu'attiser ma curiosité sur ce pays, et plus généralement sur cette région : j'aimerais maintenant découvrir le sud de l'Azerbaidjan, à la frontière avec l'Iran; la région conflictuelle du Haut-Karabagh, car on dit que c'est l'une des plus belles; et bien sûr, la Géorgie, dont les Azéris ne disent que du bien, ainsi que l'Arménie, les ennemis éternels des Azéris.

 Derniers instants à Bakou