Immersion dans un conte des 1001 nuits, pour une aventure pleine d'authenticité et d'échange
Du 9 au 24 juillet 2022
16 jours
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9
juil

Il y a 5 ans jour pour jour, je devais faire ce voyage. Mais le destin en a décidé autrement et le voyage avait été annulé la veille. A la place, je m'étais prise à apprendre le portugais brésilien en autodidacte.

Aujourd'hui, je vais enfin découvrir les richesses de la route de la soie, accompagnée de mon fiancé brésilien rencontré 5 ans plus tôt... Le destin fait bien les choses !

Je marque ainsi mon 80ème pays au compteur.

Et je suis déjà conquise par l'hospitalité sincère et l'accueil chaleureux de ce peuple d'Asie Centrale, région du monde qui peu à peu devient une de mes favorites.

Cette première journée de visite à Tashkent en ce jour de l'Eid annonce une merveilleuse aventure.

Aperçu de Tashkent 
11
sept

Première grande étape de notre voyage en Ouzbékistan : la République autonome du Karakalpakstan, tout à l'ouest du pays, à la frontière avec le Kazakhstan.

Il y a 10 jours, le président ouzbek a remis en question cette autonomie, créant ainsi de violentes émeutes meurtrières dans la région. Ce fait est passé quasiment inaperçu dans le monde (d'autant que les télécommunications ont été coupées) mais cela a provoqué une instabilité dans la région poussant le président à déclarer l'état d'urgence pour un mois. La région est devenue déconseillée aux touristes (l'ambassade de France m'a même contacté pour me prévenir). Cependant, après s'être renseignés sur place auprès de guides, nous avons décidé de maintenir notre excursion de 2 jours dans cette région, pour une bonne raison : c'est ici que l'on peut témoigner de la catastrophe écologique dela mer d'Aral, mer qui a presque totalement disparue. Je voulais donc avoir la chance de l'observer avant qu'elle ne reste plus qu'un vague souvenir dans les livres d'histoire.

Et cela se mérite ! Depuis Tashkent, il faut prendre un vol jusqu'à Nukus, la capitale du Karakalpakstan, d'où ensuite on part en 4x4 pour plus de 400km de pistes. Le Karakalpakstan est la région la plus pauvre de l'Ouzbékistan : autrefois delta fertile, c'est maintenant un vaste désert aux conditions de vie rudes. L'assèchement de la région provoqué par la culture intensive de coton (irrigation et usage de pesticides) a entraîné la désertification par les populations locales qui vivaient de la pêche. 60 ans auront suffit pour détruire un écosystème entier .

Sur la route, la ville fantôme de Moynak en est une parfaite illustration. Jadis sur la rive de la mer d'Aral, cette ville est maintenant à 200km du reste de l'étendue d'eau. Il ne reste qu'un cimetière d'épaves de bateau et un musée consacré au phénomène. Nous poursuivons à travers le plateau aride de Ustyurt.

La journée se termine sur la rive restante où nous profitons d'un bain de mer si salé que l'on flotte. L'entrée dans la mer se fait par un passage obligé dans la boue/vase jusqu'aux genoux. Nous dormirons dans un camp de yourte, face à un paysage en voie de disparition totale. Au petit matin, le lever du soleil sur cette étendue d'eau dans le désert est magique.

Il faut ensuite faire la route retour vers Nukus, en passant par le village désolant de Kubla où la population vit de l'exploitation du gaz, et par un village de pêcheurs abandonné avec vue sur le lac Sudochie verdoyant.

Nous terminons à Nukus, ville à l'architecture soviétique où la présence militaire se fait sentir. Internet a été coupé et un couvre feu est en place. Pour cause des jours fériés locaux, nous n'aurons pas la chance de visiter le musée Savitsky, surnommé le Louvre du désert, pour la collection d'art nouveau russe qu'il renferme.

Nous quittons le Karakalpakstan en visitant des ruines de forteresses et nous prenons la direction du Korezm, berceau du Zoroastrisme.

13
juil

Inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, Khiva invite à un voyage dans le temps à quelques kilomètres de la frontière avec le Turkménistan. Après avoir été un comptoir secondaire de la route de la soie, cette forteresse a été, pendant plus de 3 siècles, le marché central des esclaves pour les caravanes turkmènes.

Il suffit de passer ses remparts en adobe pour être transporté dans un conte des 1001 nuits. Entièrement restaurée, on peut lui reprocher son manque d'authenticité qui lui donne un air de décor de cinéma. Mais il est impossible de rester insensible à sa beauté : coupoles vertes, minarets ponctués de majoliques turquoise, mosquées et médersas décorées de céramiques, piliers et portes en bois sculpté... Khiva est certes touristique avec ses multiples échoppes de rue présentant de l'artisanat local et des souvenirs made in China, mais ses habitants restent tout aussi accueillants et chaleureux que dans les reste du pays. Les enfants nous saluent avec excitation en prononçant les quelques mots d'anglais qu'ils connaissent, les adultes sont curieux de savoir d'où nous venons. Il faut dire que les effets du covid sont palpables et la ville souffre du tourisme qui ne reprend pas.

Parmi les rencontres marquantes, il y a Bahor, une Ouzbèke qui tient un des restaurants de la ville. Son français est impeccable. Et pour cause, elle a vécu 15 ans à Lyon et est mariée à un Français. Ils viennent de s'installer à Khiva il y a 2 mois avec leurs enfants. Bahor nous explique comment et pourquoi elle a quitté son pays : elle était vouée à être mère au foyer et à travailler dans les champs de coton, à 60km d'ici. Mais ayant appris le français à l'école (imposé par l'URSS), elle décide de devenir professeur de français. Dès qu'elle obtient son diplôme, elle part en France en tant que jeune fille au pair. A partir de là, son destin change. Après avoir travaillé de nombreuses années dans le social en France, elle décide qu'il est temps pour elle de faire du social dans son pays natal. Avec son mari, elle rachète ce restaurant de Khiva. Elle crée une association de tourisme responsable qui permet de promouvoir la culture locale et le développement rural. Et elle s'investit dans la restauration de la médersa attenante au restaurant. Fermée depuis 3 ans, le salpêtre ronge les murs et le site est maintenant fermé aux touristes... Mais Bahor a les clés et nous fait entrer pour nous laisser admirer le lieu où elle s'est mariée il y a 10 ans ! Bref, rencontrer Bahor et écouter son histoire, c'est prendre une belle leçon de courage.

Entre palais, minarets, médersas et mosquées, Khiva est un enchantement perpétuel... Encore plus au moment du coucher du soleil depuis les remparts.

Avant de quitter Khiva, les Ouzbeks nous offrent encore un moment authentique de partage et de rires : nous sommes invités à danser avec eux, dans la rue alors que nous nous étions approchés seulement car nous avions entendu de la musique. Le bonheur de la rencontre est mutuel - cette sincérité est devenue si rare.

15
juil

A 400km de Khiva à l'ouest, en longeant la frontière avec le Turkménistan, nous arrivons à la "perle de l'Islam", Boukhara, ville sainte d'Asie centrale.

Si Khiva peut prendre des airs de musée à ciel ouvert, Boukhara n'est on ne peut plus authentique. Mais aussi bien plus touristique (occidentaux et locaux).

Boukhara a été pendant longtemps la capitale du pays, avant que Gengis Khan ne la détruise et que Tamerland ne déplace la capitale à Samarcande. Puis Boukhara a connu un renouveau au XVIème siècle comme étape commerciale de la route de la soie regorgeant de caravansérails et ses monuments historiques ont repris vie. Aujourd'hui, ils sont, pour la plupart, utilisés comme hôtels ou boutiques pour les artisans (brodeurs, ciseleurs, peintres, marchands de tapis...).

Les mosquées et médersas sont moins colorées qu'à Khiva mais sont parfaitement préservées. Parmi les monuments marquants, on peut citer le minaret Kalon, la médersa Mir i Arab, toujours en activité, et les deux mosquées Ulugbeg et Abdulaziz qui se font face.

La chaleur accablante rend la ville morte de 11h à 18h.

En fin de journée, le soleil couchant dore les façades des mosquées et médersas. Puis, à la nuit tombée, la rafraîchissante place Lyabi Hauz s'anime et prend vie : terrasses de restaurants, glaciers, jeux pour les enfants...

18
juil

Entre Boukhara et Samarcande, nous faisons un détour par le nord pour découvrir le lac Aydarkul. La route nous fait passer par un atelier de céramique familial de 6 générations. La famille protège et défend leur savoir faire à travers le monde en organisant des expositions. En poursuivant la route, la paysage change peu à peu : nous laissons le désert du Kyzylkum derrière nous, et nous faisons maintenant face à des steppes vallonnées qui rappellent la Mongolie, et les monts de Nourata.

A Nourata, arrêt à la source Chasma, lieu de pèlerinage pour les locaux.

Enfin, nous arrivons au lac (légèrement salé) qui bénéficie d'une petite plage très prisée des locaux. Nous dormons dans un camp de yourtes proche.

Le lendemain, nous reprenons la route vers Samarcande en faisant un arrêt dans une famille locale à Mitan pour le déjeuner. Et une fois de plus, l'hospitalité ouzbèke est remarquable : nous sommes accueillis très chaleureusement, avec des sourires francs, des regards curieux et de la vodka locale ! Nous passons un merveilleux moment à table, à l'ombre d'un arbre, en dégustant le plov, le plat national, préparé par la maîtresse de maison, ainsi que ses petits pains cuits au four traditionnel.

Puis, nous repartons pour atteindre Samarcande...

20
juil

Samarcande... Nom évocateur pour une étape mythique de la route de la Soie. Carrefour entre l'Asie, l'Europe et la Perse, capitale de l'empire timouride, Samarcande est une ville légendaire dont les richesses architecturales sont à la hauteur de notre imagination : la mosquée colossale de Bibikhanum, la place du Registan et ses 3 medersas monumentales, la nécropole Shahizinda d'un camaïeu enchanteur de bleus... Et j'en passe !

Mais Samarcande est aussi, de ce fait, la ville la plus touristique du pays et donc moins authentique : la vieille ville a été rasée pour laisser place uniquement aux attractions touristiques éparpillés dans un décor sans âme; plus authentique, la nouvelle ville (surnommée ville russe), plus vivant, plus branché mais sans attrait majeur.

Samarcande est certes impressionnante, mais ne charme pas autant que ses concurrentes Boukhara et Khiva. Aux alentours, on peut faire une escapade à Konigil pour visiter un atelier de papier de mûrier.

Il est maintenant temps de rentrer à Tashkent en train grande vitesse pour une dernière étape avant le retour.

23
juil

Depuis Tashkent, c'est encore en train que nous atteignons la dernière étape de notre périple : la vallée de Fergana, presque enclavée entre les montagnes du Tadjikistan et du Kirghizistan, largement arrosée par la Syr Daria. Dans cette vallée fertile (productrice de coton et de fruits) et industrialisée vit un tiers de la population ouzbèke. Le climat y est tout aussi chaud, mais très humide comparé au reste du pays.Nous arrivons dans la vallée par Kokand, ancienne capitale du khanat, où on trouve encore le palais du dernier khan.De là, nous traversons de grands vergers (grenadiers, abricotiers, pommiers, noyers, vignes...) pour atteindre Richtan, le lieu de production des céramiques du pays, après avoir visité une famille kirghize qui tisse des tapis en laine de mouton.Tout près de Fergana se trouve Margilan, la capitale de la soie. Après un tour rapide au marché où nous attisons la curiosité des passants, nous visitons un atelier de fabrication de soie. L'Ouzbékistan en est le 3eme producteur mondial. Enfin, nous terminons par un atelier de fabrication de couteaux, avant de reprendre la route vers Tashkent, en passant par le col de Kamchik.Ainsi s'achève notre aventure sur la route de la soie. Et pour ceux qui hésitent encore à visiter ce merveilleux pays, je peux vous dire qu'il fait partie de mon top 10 !