Première grande étape de notre voyage en Ouzbékistan : la République autonome du Karakalpakstan, tout à l'ouest du pays, à la frontière avec le Kazakhstan.
Il y a 10 jours, le président ouzbek a remis en question cette autonomie, créant ainsi de violentes émeutes meurtrières dans la région. Ce fait est passé quasiment inaperçu dans le monde (d'autant que les télécommunications ont été coupées) mais cela a provoqué une instabilité dans la région poussant le président à déclarer l'état d'urgence pour un mois. La région est devenue déconseillée aux touristes (l'ambassade de France m'a même contacté pour me prévenir). Cependant, après s'être renseignés sur place auprès de guides, nous avons décidé de maintenir notre excursion de 2 jours dans cette région, pour une bonne raison : c'est ici que l'on peut témoigner de la catastrophe écologique dela mer d'Aral, mer qui a presque totalement disparue. Je voulais donc avoir la chance de l'observer avant qu'elle ne reste plus qu'un vague souvenir dans les livres d'histoire.
Et cela se mérite ! Depuis Tashkent, il faut prendre un vol jusqu'à Nukus, la capitale du Karakalpakstan, d'où ensuite on part en 4x4 pour plus de 400km de pistes. Le Karakalpakstan est la région la plus pauvre de l'Ouzbékistan : autrefois delta fertile, c'est maintenant un vaste désert aux conditions de vie rudes. L'assèchement de la région provoqué par la culture intensive de coton (irrigation et usage de pesticides) a entraîné la désertification par les populations locales qui vivaient de la pêche. 60 ans auront suffit pour détruire un écosystème entier .
Sur la route, la ville fantôme de Moynak en est une parfaite illustration. Jadis sur la rive de la mer d'Aral, cette ville est maintenant à 200km du reste de l'étendue d'eau. Il ne reste qu'un cimetière d'épaves de bateau et un musée consacré au phénomène. Nous poursuivons à travers le plateau aride de Ustyurt.
La journée se termine sur la rive restante où nous profitons d'un bain de mer si salé que l'on flotte. L'entrée dans la mer se fait par un passage obligé dans la boue/vase jusqu'aux genoux. Nous dormirons dans un camp de yourte, face à un paysage en voie de disparition totale. Au petit matin, le lever du soleil sur cette étendue d'eau dans le désert est magique.
Il faut ensuite faire la route retour vers Nukus, en passant par le village désolant de Kubla où la population vit de l'exploitation du gaz, et par un village de pêcheurs abandonné avec vue sur le lac Sudochie verdoyant.
Nous terminons à Nukus, ville à l'architecture soviétique où la présence militaire se fait sentir. Internet a été coupé et un couvre feu est en place. Pour cause des jours fériés locaux, nous n'aurons pas la chance de visiter le musée Savitsky, surnommé le Louvre du désert, pour la collection d'art nouveau russe qu'il renferme.
Nous quittons le Karakalpakstan en visitant des ruines de forteresses et nous prenons la direction du Korezm, berceau du Zoroastrisme.