Ce matin, direction Sesfontein, à 100km au nord, pour retrouver Anna, notre guide himba. Sur la route, ce sont des zèbres, des girafes, des babouins et des antilopes quo nous guident.A notre arrivée à Sesfontein, nous rencontrons Anna, notre guide himba. En effet, ici nous sommes dans le Kaokoveld, la terre des himbas, cette ethnie issue des hereros et au mode de vie bien particulier. C'est à leur rencontre que nous allons.Avant cela, nous passons à l'école de Sesfontein pour distribuer le matériel scolaire collecté avant le voyage. Les grandes vacances ayant commencé, l'école est fermée mais le principal est là pour nous accueillir. Le matériel sera remis aux élèves à la rentrée en janvier.Puis, nous allons vers Okamboora. Ne cherchez pas sur Google Maps, vous ne le trouverez pas. Et oui, si bien des villages himbas sont devenus des attractions touristiques voire des zoos humains, Okamboora est un authentique village himba qui n'a encore jamais reçu de touristes...et comme les himbas sont un peuple de semi-nomades qui se déplacent selon les pluies pour nourrir leur troupeau de chèvres, le village bouge également aussi entre plusieurs campements.Nous roulons environ 8km sur une "piste" qui n'en est pas une, de grosses pierres. Nous mettons notre 4x4 à rude épreuve.Après 30 minutes, nous arrivons au campement secondaire d'Okamboora où nous rencontrons une première famille.Le village est constituée des 3 familles, soit 3 hommes, partis à Opuwo pendant plusieurs jours pour essayer de trouver à manger. Chaque homme a 2, 3 voire 4 femmes... Et donc une multitude d'enfants. En ce moment, il y a donc 9 femmes et au moins 25 enfants (nous n'avons jamais réussi à les compter).Le premier contact est distant. Ces femmes nous regardent avec autant de curiosité et d'intrigue que nous. Il faut dire que leur style en impose : seins nus, pagne, bijoux par dizaines et surtout cette coiffure si étrange de mèches recouvertes de terre rouge...
Parmi les enfants, seuls quelques uns vont à l'école, les autres doivent rester pour s'occuper du bétail.Alors que le village s'apprête à "déménager" au campement principal, nous leur proposons notre aide. Comme nous sommes en voiture et eux à pied (nus ou presque), nous prenons 7 enfants en bas âge et un gros bidon à remplir au point d'eau.L'autre campement moins rudimentaire... 3 cases en dur ! Nous nous installons dans l'une d'entre elles, avec 4 femmes et plusieurs enfants qui vont et qui viennent.Icic, les conditions de vie sont terribles. Il n'y a rien, rien à faire, ni à boire, ni à manger. Alors les femmes font passer le temps : dans leur case, elles discutent et fabriquent leurs bijoux en matériau recyclé. Et pendant ce temps, les enfants jouent et surveillent les chèvres. Les himbas ne déjeunent pas par manque de nourriture. Je me sens mal pour les enfants en ouvrant mon pique-nique... Nous partageons donc nos sandwichs et chips... Bien que les himbas ne sont pas maigres, ils ont faim...Nous passons l'après-midi avec ces femmes qui nous posent beaucoup de questions sur notre mode de vie : mariage, amour, contraception, canons de beauté, maternité... Nous rigolons beaucoup.Elles nous montrent aussi leurs rituels de beauté, donc l'enveloppement à "l'ochizé", ce produit qui colore leur peau en rouge et les protège du soleil.
Avant le coucher du soleil, nous devons distribuer les "cadeaux" que nous leur avons apporté. De la nourriture achetée avec notre guide : pour chaque famille, 5 kg de farine de maïs, 2kg de sucre et de l'huile. Et des petites attentions de France : échantillons de parfum et de crème et boîtes de sardines. Nous leur remettons et la première réaction me choque profondément et me déçoit : elles trouvent que ce n'est pas assez, car ils sont nombreux, et demandent une compensation en argent. Je refuse catégoriquement. Déjà, un merci n'aurait pas été de trop. Et puis, nous ne pouvons pas nourrir le pays entier à nous seules ! Je n'aime pas cette vision de machine à fric. J'explique à Anna, qui fait l'interprète, que nous avons apporté beaucoup de choses de France, que cela a été beaucoup d'énergie et de temps, et que nous ne sommes pas une banque. Si je le pouvais, bien sûr que j'aiderais et donnerais plus... Mais nos moyens sont limités. Et j'aurais aimé un minimum de reconnaissance, car ce n'est peut être pas beaucoup, mais c'est mieux que rien !Bref, l'incident étant clos, nous reprenons les conversations.Au coucher du soleil, les femmes font le feu pour préparer le dîner, avec ce que nous avons apporté. Au menu donc : porridge sucré, à manger avec les mains. Pas mal ! Au moins, ça nourrit.La nuit est tombée et le ciel scintille de milliers d'étoiles.Nous allons nous coucher sur une peau de vache, à même le sol, dans une des cases. Le confort n'est pas de mise... Mais les familles dorment même dehors !Nous tentons de dormir entre belements aigus de chèvres et pensées de scorpions et autres bestioles...