Une tentative d'ascension du Kilimanjaro, des safaris et un peu de farniente à Zanzibar !
Du 14 août au 4 septembre 2021
22 jours
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15
août

​C'est sur un coup de tête que nous avons décidé, il y a 4 mois, d'entreprendre l'ascension du Kilimanjaro, le plus haut sommet d'Afrique.

Nous arrivons en Tanzanie par Zanzibar où nous passons une nuit avant de prendre un vol à bord d'un petit coucou en direction de Moshi, au pied du Kili. C'est là nous rencontrons nos guides, Abu et Geofrey, qui contrôlent le contenu de nos sacs à dos.

A noter que le Kili se fait obligatoirement avec des guides et des porteurs. Il est impossible de le faire seul. Vous connaissez mon avis sur les porteurs... Bien qu'ils soient indispensables pour cette ascension (matériel de camping, nourriture pour une semaine...), nous avons fait le choix de ne pas leur ajouter du poids et nous portons donc notre sac à dos complet, avec nos affaires personnelles contrairement à la norme qui est de porter uniquement le nécessaire pour la journée (eau, snacks, k-way...) et de laisser tout le reste aux porteurs.

Nous partons le lendemain avec 2 guides, 1 cuisinier et 8 porteurs... Une équipe de foot pour deux personnes uniquement ! Cela en dit long sur la logistique nécessaire pour cette ascension !

 Vol Zanzibar-Moshi
16
août

Après les formalités administratives à l'entrée du parc et un déjeuner complet à 10h, nous partons à l'aventure en empruntant la voie Machame ... Sous la pluie, histoire de tester notre motivation. Dès les premiers pas, la cadence est donnée : "pole pole", lentement. C'est le secret pour arriver au sommet. Nous avançons dans la forêt tropicale qui nous protège relativement des gouttes, même si l'humidité ambiante se fait sentir. Il faut 5 heures de marche pour atteindre notre premier campement, où les porteurs nous attendent déjà, tout est monté et prêt. Nous découvrons notre grande tente "chambre" avec deux petits matelas confortables. Nous avons également une tente avec des toilettes chimiques, le comble du luxe. Et dans une 3ème tente, notre salle à manger où nous commençons par un goûter (popcorn et boisson chaude). C'est l'un des porteurs, Jackson, qui est désigné comme "serveur/valet de chambre". Au fur et à mesure, d'autres groupes arrivent et le camp se remplit de tentes colorées. Nous créons une nouvelle routine. Après le goûter, c'est l'heure de la "douche" : une bassine d'eau tiède, du savon et des lingettes bébé. C'est sommaire mais suffisant pour une semaine. Comme en Mongolie ou dans le Transsibérien, j'abaisse mes standards d'hygiène au strict minimum. Avec la nuit qui tombe, l'humidité se fait glaciale. C'est avec bonnet, gants, chaussettes chaudes que nous dînons un vrai repas de gala (soupe, plat principal avec féculents, fruits). A la fin du repas, nos guides viennent faire un bilan (physique et moral) de la journée, et nous font le briefing du lendemain. Et à l'aide d'un petit oxymètre, ils prennent notre fréquence cardiaque et notre taux d'oxygène. Chaque soir, nous reporterons nos résultats sur une fiche de suivi. Nous voilà rassurés. Cette première nuit est peu agréable : la sensation de froid est terrible et nous dormons par intermittence. Au petit matin, toutes nos affaires sont humides.

17
août

Le soleil fait une timide apparition entre les nuages, ce qui permet de sécher un peu nos affaires. Après un petit-déjeuner copieux (porridge, crêpes, omelette, fruits), nous poursuivons sur un terrain rocailleux, en montée raide et continue pendant 4h30. Parfois, cela s'apparente plus à de l'escalade qu'à de la randonnée. La journée est épuisante, d'autant que l'oxygène commence à manquer.

Les porteurs sont impressionnants : ils partent après nous, arrivent avant nous (le camp étant déjà monté à notre arrivée) et portent des charges (soi disant règlementées...) inhumaines, sur le dos, et sur la tête ! Et tout cela en gardant le sourire. Bien que je suis souvent prise de remords de les faire travailler ainsi, les guides nous rappellent que cela fait des mois qu'ils n'ont pas vu de touristes (covid oblige) et que cela reste leur unique source de revenus (environ 150$ pour une semaine, avec les pourboires, et bien sûr ils travaillent en "freelance" donc aucun revenu garanti mensuellement). Pour certains, c'est un passage obligé pour devenir guide; pour d'autres, c'est leur seul métier possible dû à leur manque d'éducation ou à leur exclusion sociale. Après notre déjeuner au campement face au sommet enneigé, l'équipe de porteurs se présente à nous, et ils sont reconnaissants que nous les fassions travailler... Je reste perplexe sur ce principe de porteurs, mais le sujet est très complexe à appréhender.

18
août

​Un réveil au paradis : d'un côté, le mont Meru pointe le bout de son sommet à travers une mer de nuages ; de l'autre, les neiges éternelles du Kili ensoleillé. Aujourd'hui, c'est la journée d'acclimatation, indispensable pour réussir l'ascension. Le principe : monter à haute altitude et redescendre à une altitude similaire à la veille pour la nuit. Il nous faut environ 4 heures pour atteindre Lava Tower, à 4600m. La montée est raide, les pas sont lents, la respiration haletante. Entre le bruit de mes bâtons, des mes pas et de ma respiration, j'entre dans une sorte de méditation sonore qui m'aide à la montée. Le soleil tape fort. A Lava Tower, notre équipe nous attend pour un déjeuner. Jusqu'ici, pas de signe du mal des montagnes... Nous entamons ensuite une interminable descente vers notre camp. Et là, c'est l'enfer, aussi bien pour Fernando que pour moi. Le terrain, fait de rochers, nous oblige à faire de grands pas, ce qui abîme nos genoux. La chaleur est intense. Et la fatigue de la matinée nous fait perdre patience. Nous arrivons sur le camp, au bout du rouleau, avec des maux de tête et des nausées. Après une tentative de sieste, Fernando se réveille en meilleur état ; moi, dans un état pitoyable, avec de fortes nausées. La fatigue me fait éclater en sanglots. Soyons honnêtes : quand on est malade, on préfère être au chaud dans un lit douillet, que dehors, dans le froid, devant des toilettes chimiques... Il fait froid, nous dormons mal, nous avons les mêmes vêtements sales depuis plusieurs jours : le manque de confort empêche de recharger nos batteries après les longues journées de marche. A ce niveau de l'aventure, je reconnais déjà que c'est bien plus difficile et exigeant que le tour des Annapurna (5470m). Étonnamment, il y fait plus froid alors que nous sommes sur un volcan proche de l'équateur et non sur la chaîne de l'Himalaya !

Abu, notre guide, me rassure sur mes symptômes de mal des montagnes. Après une eau chaude citronnée, je vais déjà mieux, même si je n'ai pas encore retrouver l'appétit. Et les chiffres de l'oxymètre me rassurent : j'ai retrouvé mon taux d'oxygène initial .

Le froid est de plus en plus intense, nous devons dormir avec plusieurs couches de vêtements. Nous adoptons une nouvelle stratégie : mettre les vêtements du lendemain dans le sac de couchage pour qu'ils soient chauds pour les mettre !

19
août

Après une meilleure nuit de sommeil, je suis requinquée. Et nous attaquons le fameux "Barranco wall", un mur de pierre qui atteint 4200m. Il faut laisser les bâtons de marche de côté et utiliser ses mains : c'est de l'escalade à flanc de montagne ! Mais, avec nos guides, cela se passe sans difficulté. J'apprécie même, bien que les nuages couvrent l'horizon. Le froid est cinglant et le vent se lève. Nous poursuivons avec une alternance de montées et de descentes, dans le "désert alpin" de sable poussiéreux marron, où la nature semble hostile à toute forme de vie autre que les corbeaux.

La journée s'est passée sans encombres et notre respiration se fait plus facilement. Notre corps commence à s'habituer. Et nous avons l'après-midi pour nous reposer.

20
août

​Ce matin, la terre est gelée... Il fait de plus en plus froid et nous dormons avec plusieurs couches de vêtements (généralement, qu'on utilise aussi le jour, donc on commence à sentir...). Nous marchons 4 heures dans un nouveau paysage, digne d'une autre planète. Après de longues montées, nous atteignons enfin le camp de base, au pied du sommet enneigé. Pour préparer l'ascension finale, nous devons déjeuner copieusement, et enchaîner le dîner moins de 3 heures après, puis aller se coucher vers 19h, le ventre plein. La nuit sera courte, d'autant que le vent se lève et souffle fort sur notre tente...

21
août

​Cette journée est la plus attendue, c'est celle de l'ascension finale pour atteindre Uhuru Peak, à 5895m. Elle commence à minuit. Par chance, le ciel étoilé et la lune presque pleine nous éclairent bien, mais la frontale reste indispensable pour cette ascension sur un terrain toujours aussi rocailleux et sablonneux. Nous avons 4 à 5 couches de vêtements pour nous protéger du froid.

Abu et Geofrey sont accompagnés de Jackson, qui portera une bouteille ​d'​oxygène et un thermos d'eau chaude.

L'ascension commence sèchement, sans même un échauffement. Au loin, nous apercevons une lign​ée​ de lumière sur le flanc du volcan : certains ​randonneurs​ont déjà bien avancé.

Nous arrivons sans trop de difficulté à 4800m. Ici, notre guide Geofrey nous abandonne car il est malade depuis plusieurs jours et ne peut aller plus haut. Nous poursuivons à une lenteur extrême. Abu et Jackson nous aident pour tout car nos mains sont emmitouflées dans deux paires de gants : boire, arranger un vêtement, régler la frontale...

La montée est particulièrement ardue. Parfois, il faut faire de grands pas pour passer un rocher et cela nous essouffle. Un peu après les 5000m, je m'évanouis dans les bras de mes guides. Je me relève rapidement pour éviter de perdre connaissance, et bien sûr, je me mets à pleurer car je sais que je n'arriverai pas jusqu'au bout. Nous continuons tout de même, dans une douleur extrême. Sur le bord du chemin, d'autres randonneurs sont arrêtés : certains vomissent, d'autres sont meurtris par le froid et l'effort. A chaque arrêt pour reprendre notre respiration, nous perdons la chaleur créée par l'effort et la transpiration nous glace peu à peu. Abu commence alors à nous donner ses vêtements : gants, coupe vent, doudoune... Puis c'est au tour de Fernando de craquer : il est épuisé et perd peu à peu ses pieds à cause du froid. On comprend rapidement que nous n'atteindrons pas le sommet, mais nous décidons de continuer au moins jusqu'à un certain point. Nous marchons mécaniquement en suivant le pas de nos guides. Mais notre conscience s'échappe de temps à autre et nos guides nous rappellent de ne pas nous endormir.

Alors que nous atteignons les 5400m, presque à hauteur de la lune, après environ 5 heures de marche, Fernando déclare forfait. Abu tente de nous convaincre mais il reste encore 4 heures jusqu'au sommet. Il me propose alors de continuer seule, scénario auquel nous avions pensé avant l'expédition. Mais cette semaine m'a fait comprendre que cette aventure se vit à deux et que cela n'aurait aucun sens d'atteindre le sommet seule. Et de toute façon, je suis aussi épuisée, et je sais que je n'ai pas la force pour continuer ainsi 4 heures de plus. Au plus, je pourrais continuer 15-20 minutes... À quoi bon ?

A la grande déception de nos guides, nous prenons donc la sage décision d'abandonner, sans aucun regret, car nous ne profitons plus du tout de l'aventure. Et les risques deviennent plus importants que la récompense. A quoi cela nous servirait-il d'arriver au sommet, à moitié inconscient ou en se faisant porter (oui, cela est possible​ ​!). Nous acceptons donc notre "échec" sans difficulté. Le Kili était beaucoup plus difficile que nous l'imaginions et nous sommes arrivés sans aucune préparation physique (et après 1 an de confinement...). Finalement, je prends cet abandon comme une belle leçon d'humilité. Il faut parfois savoir renoncer.

Nous devons donc entreprendre la descente... Et oui, nous avons quand même monté 700 mètres... Heureusement, le soleil se lève et le spectacle est saisissant. Nous découvrons le paysage dans lequel nous galérons depuis des heures : un panorama lunaire ! La descente nous prend presque 3 heures tellement le terrain est compliqué. De nombreux autres marcheurs ont également renoncé. Abu est triste et déçu (on comprend que son chef met beaucoup de pression pour que les clients atteignent le sommet), mais nous lui expliquons que nous sommes très satisfaits de cette semaine de trek, et que notre santé et notre bien-être sont bien plus importants que le sommet.

Après cette longue descente, nous avons le temps pour une sieste avant le déjeuner.

Puis, il est l'heure de quitter le camp pour commencer la descente finale vers la sortie du parc national. Il nous faudra environ 4 heures de descente raide pour atteindre Mweka camp, notre dernier campement.

22
août

​A notre réveil, nous découvrons le sommet du Kili recouvert de neige... Il a neigé à haute altitude toute la nuit et je pense aux randonneurs qui ont tenté l'ascension cette nuit-là...

Quant à nous, direction la sortie du parc. Mais la descente est encore longue dans la forêt tropicale, sur un chemin de terre glissante avec des grandes marches irrégulières. La descente e​ st très douloureuse pour nos genoux. Je suis épuisée. Nous terminons les derniers mètres à bord d'un 4x4 qui sert aussi d'ambulance en cas de besoin. A l'arrivée à Mweka Gate, nous sommes accueillis par de gros colobes noirs et blancs qui jouent dans les arbres.

Enfin, nous quittons le parc en direction d'une grande boutique de souvenirs, qui accueillent aussi les randonneurs pour un dernier déjeuner avec notre équipe de guides et porteurs. A notre retour à l'agence, nous les remercions par la "cérémonie des pourboires". Les pourboires sont obligatoires (ils font partie de leur rémunération), mais tout est scénarisé. D'abord, nous nous mettons à l'écart pour préparer chaque pourboire. Puis, ils nous rejoignent et nous devons les appeler un par un pour leur donner ce qui leur revient. C'est très particulier. Nous terminons par des chants (dont la fameuse chanson du Kilimandjaro qui nous a accompagné​s​ tout au long du trek).

Je savais que le Kili se méritait, mais jamais je n'aurais pensé que c'était aussi exigeant, physiquement et mentalement. C'est de loin l'expérience la plus difficile que j'ai connue (plus que le canyon du Colca et le Machu Picchu au Pérou, que le Quilotoa loop en Équateur, que le Kinabalu en Malaisie, que le tour des Annapurna au Népal et que 2 chemins de Compostelle...). La durée, le terrain, le froid, le manque de confort, l'ascension peu progressive (plus de 500 mètres par jour)... Au Népal, j'avais atteint 5470m seule (sans porteurs, sans guide), avec difficulté mais avec un certain plaisir de l'effort physique. Ici, j'ai à peine atteint 5400m, avec porteurs et guides, dans la souffrance. C'est sûr, le Kili n'est pas pour tout le monde.

Cependant, cette aventure est avant tout humaine : une dizaine de personnes (guides, porteurs et cuisinier) qui nous ont soutenu quotidiennement pour atteindre notre objectif et sans lesquels rien de tout cela n'aurait été possible. Grâce à eux, nous en garderons un beau souvenir malgré la difficulté. Alors, un grand merci à : Abu, Geofrey, Jackson, Hashim, Leon, Julius, Godfried, Peter, Alex, Daniel et Yahaya !

Et qui sait, peut-être tenterons-nous de nouveau l'expérience par une autre voie ?

Mais d'abord, direction la douche bien méritée !

23
août

Nous quittons Moshi et le Kili. D'ailleurs, si vous espérez voir le toit de l'Afrique sans tenter l'ascension, mieux vaut vous rendre du côté kenyan pour une vue dégagée du sommet, avec la savane au premier plan. Du côté tanzanien, les nuages empêchent toute vue sur le Kili, à se demander s'il est vraiment là !

Nous traversons plantations de café, cacahuètes, maïs, tomates à bord d'un gros LandCruiser conduit par Richard, notre guide pour les jours à venir. Peu à peu le paysage change, du vert au jaune, de la forêt tropicale à de grandes plaines arides. Nous arrivons en territoire maasai. Au bord de la route, de nombreux bergers maasai et leurs troupeaux errent pour trouver de l'eau et de l'herbe à brouter. C'est la saison sèche, et une partie de bétail mourra bientôt à cause des conditions climatiques.

La proximité culturelle et géographique ave le Kenya nous oblige, de temps à autre, à la comparaison. Et il est vrai que depuis notre arrivée en Tanzanie continentale, nous remarquons que la route est particulièrement bonne, bien faite et avec des limitations de vitesse qui sont respectées en raison d'un grand nombre de contrôles de police. Mais nous sommes aussi sur la route la plus touristique du pays (entre le Kili et les parcs les plus populaires), alors qu'en est-il réellement du reste du pays ? Nous ne le saurons pas.

Après plus de 3 heures de route, nous atteignons le parc national de Tarangire. Pendant longtemps, ce parc abritait la plus grande concentration d'éléphants au monde et un grand nombre de rhinocéros noirs, mais ils ont été la cible de braconniers il y a 5 ans et leurs nombre a terriblement chuté. Après un copieux pic-nic parmi les singes voleurs et la multitude de touristes français, nous entamons notre premier safari dans un merveilleux panorama de savane. Ici, zèbres, gnous, girafes, éléphants, babouins, antilopes et buffles vivent en harmonie, autour des quelques rares points d'eau.

En fin de journée, nous rejoignons un camping aux abords du lac Manyara pour la nuit. Et oui, encore quelques nuits sous la tente !! Mais ici, les safaris sont tellement chers, que l'option "lodge" n'était pas possible pour notre budget. Heureusement, encore une fois, nous sommes dans une grande tente de safari tout confort, avec un petit matelas et même un oreiller. Et nous avons également un cuisinier qui voyage avec nous, Shabani.


25
août

Nous poursuivons notre route vers l'ouest, en passant le lac Manyara, en direction de l'aire de conservation du Ngorongoro. Les paysages alternent entre une dense forêt tropicale et une savane aride. Nous passons le cratère du Ngorongoro (nous y reviendrons plus tard), et traversons une grande plaine, parsemée de villages maasai, sur une piste de plus en plus défoncée au fur et à mesure que nous avançons.

Après 4 heures de route, nous entrons enfin dans l'un des parcs les plus connus au monde, le Serengeti, accueillis par une hyène. Ici, de la savane plane à perte de vue, et une faune riche. Rapidement, nous apercevons gazelles, girafes, éléphants, phacochères, hyènes... Puis, une grande famille de lions faisant la sieste sous un arbre, malgré la dizaine de véhicules autour d'elle... Et comme par magie, nous assistons à une scène rare (en général, réservée aux documentaires animaliers) : un léopard en chasse autour d'un troupeau de gazelles. Il réussit à en attraper une !

Nous nous rendons ensuite sur un terrain de camping au coeur du parc pour passer la nuit, à proximité des animaux sauvages, sans aucune barrière. D'ailleurs, alors que nous allions nous coucher sous une nuit étoilée, une hyène a été aperçue aux abords du camp.

Le lendemain matin, c'est une tribu de mangoustes qui tient une réunion sur le camp. Et une multitude d'oiseaux chantonnent. Nous passons par le bassin des hippopotames et des crocodiles avant de croiser des lions et des buffles. Le Serengeti nous aura bien accueillis !

En sortant du parc, nous entrons dans l'aire de conservation du Ngorongoro, où nous passons la nuit sur un terrain de camping, tout proche des zèbres et des marabouts. Ici, l'altitude a nettement rafraîchi l'atmosphère.



26
août

Ce matin, nous allons enfin découvrir le Ngorongoro, une aire unique au monde pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un parc national car il n'y a pas que des animaux sauvages, mais aussi de l'activité humaine : c'est une terre où vivent les maasai. Quand on traverse cette zone, on croise de nombreux maasai (souvent des enfants) avec leurs troupeaux. Il est évident qu'ils vivent dans des conditions précaires, isolés de la société. J'ai le sentiment qu'ils sont moins bien intégrés à la société qu'au Kenya. Ils semblent reclus ici, sans même bénéficier des retombées du tourisme dans la région.

L'autre raison qui rend unique le Ngorongoro c'est qu'il s'agit d'un très vieux volcan inactif (dernière éruption il y aurait plus de 2 millions d'années) et que la zone privilégiée pour rencontrer les animaux n'est rien d'autre que le cratère du volcan qui s'est transformé en une vaste plaine cernée par une forêt tropicale fournie.

Si, lors de notre safari, nous rencontrons de gros troupeaux de zèbres et de gnous, nous n'aurons pas la chance de croiser les lions et les rhinocéros. En revanche, le paysage est spectaculaire depuis les hauteurs, comme une palette géante de peinture, un camaïeu de verts, de jaunes et de marrons.

C'est ainsi que nous terminons nos safaris...

Sur la route du retour vers Moshi, notre guide s'arrête dans une énorme boutique de souvenirs, aux prix complètements absurdes. Il semblerait que cette pratique soit courante en Tanzanie, car nous avons déjà eu le droit à ce genre d'arrêt après le Kili... Et ces boutiques immenses sont nombreuses sur cette route touristique.

Enfin, alors que nous approchons de Moshi, comme un acte de reconnaissance de nos efforts, le Kili apparaît sous un ciel dégagé (rappelez-vous, côté tanzanien, il est souvent couvert). A le voir comme ça de loin, en suivant sa belle courbe se dessiner à l'horizon, l'ascension semble si facile, la pente si douce... Et les 500 mètres d'altitude qu'il manquait pour atteindre le sommet semblent si petits... J'ai presque déjà envie de retenter !

Mais il est temps de nous diriger vers la dernière étape de notre périple, celle des vraies vacances !

Le Kilimandjaro et ses neiges éternelles
27
août

Nous débarquons enfin à Unguja, l'île principale de l'archipel de Zanzibar, au large de la côte tanzanienne, baignant dans l'océan Indien.

Ah Zanzibar ! Même la sonorité de son nom est exotique.

Zanzibar fait partie de la Tanzanie, mais a une certainement autonomie politique et sa culture est à part entière.

Si sur le continent, la religion catholique est dominante, ici, le chant des muezzins rythme les journées.

La plupart des femmes sont voilées (partiellement ou totalement) et les hommes déambulent dans les rues étroites de Stone Town, la capitale, en djellaba blanche, coiffés d'un kufi. L'architecture rappelle celle de Lamu, au Kenya avec de belles portes en bois sculptées de style omanais.

Et si Zanzibar a ce style si particulier, cela est dû à son histoire mouvementée, qui a mélangé les influences et brassé les cultures. Originellement habitée par les Bantous, envahie par les Perses, puis islamisée les Arabes, ensuite prise par les Portugais, devenue siège du sultanat d'Oman, puis protectorat britannique enfin indépendante pour moins de 6 mois, Zanzibar a été intégrée à la Tanzanie en 1964.

Commercialement, Zanzibar a fortement bénéficié de sa position géographique, entre l'Afrique, le golfe persique et l'Asie. L'archipel a été une plaque tournante de l'or et de l'ivoire, puis du commerce d'esclaves au XIXème siècle, comme nous le rappelle la visite de la cathédrale anglicane construite sur l'ancienne place du marché d'esclaves.

Aujourd'hui, Zanzibar est une destination touristique prisée par les Européens qui viennent chercher exotisme et farniente en Afrique. Stone Town est un concentré de cette culture riche : grouillante, bruyante, animée, elle dévoile son dédale de ruelles, où les hôtels, restaurants et boutiques de souvenirs en tout genre rivalisent.

Le soir, l'ambiance est tout aussi animée autour des jardins Forodhani : un marché de rue prend place. Seulement 5 types de stand qui se répètent à l'infini : kebab de poulet shawarma, grillades de poisson, pizza de Zanzibar (sorte de crêpe), jus en tout genre et presses à canne à sucre. Chacun fait son choix et s'asseoit au bord de la mer pour déguster son dîner. Au milieu de toute cette agitation, des femmes proposent des tatouages à l'henne et quelques familles sont en pleine séance photo "professionnelle".

Et pour le petite anecdote qui vous permettra de briller lors de vos dîners mondains : Freddy Mercury est né à Zanzibar !


29
août

Jour 1 : la baie de Menay

C'est au départ de Fumba que nous embarquons dans un "dhow", un bateau à voile traditionnel, pour profiter du large. Mer turquoise à parte de vue, et quelques rochers de corail mort qui en émerge. Quelques arrêts de snorkeling pour admirer les poissons et le corail, avant de déjeuner sur un banc de sable, tel un paradis perdu. Une vraie journée de farniente !

Jour 2 : la forêt de Jozani et la mangrove

C'est avec un guide francophone que nous allons découvrir une zone protégée de Jozani. Il s'agit d'une forêt primaire de goyaviers, eucalyptus, palmiers en tout genre qui abrite une espèce rare de singes, les colobes rouges. La classification de cette forêt a permis l'arrêt de la déforestation (il est interdit de couper les arbres) et la protection des colobes (avant ils étaient tué par la population locale, car leur salive empoisonne les arbres qu'ils mangent et détruit les cultures). 40% des revenus de la zone revient aux villageois qui voient donc maintenant un intérêt de protéger la zone. Il est très facile de rencontrer ces petits colobes pas farouches, ils se déplacent en bande sans aucune discrétion et viennent à nos pieds. Malheureusement la forêt est aussi une attraction touristique incontournable, et les groupes de nouveaux riches russes, bruyants et mal éduqués qui pensent que leur argent leur donne tous les droits sont aussi nombreux que les singes !

La journée se poursuit autour du village traditionnel de Pete, reculé, hors des sentiers battus. Nous rencontrons des hyrax à l'entrée d'une grotte. Puis nous déjeunons un festin local préparé par les habitantes du village. Enfin, nous découvrons la mangrove à bord de canoë en bois de manguier.


Jour 3 : sur la côte, entre Jambiani et Paje

Nous voilà sur la rive de l'océan Indien, toujours aussi turquoise, léché par une belle bande de sable blanc et fin. Ces anciens villages de pêcheurs sont devenus des stations balnéaires prisées par les touristes et surtout par les kitesurfers car les conditions de vent y sont idéales. Mais quelques activités traditionnelles persistent, telle que la culture des algues pour la production de savons, huiles et autres soins du corps.

Nous terminons par un délicieux dîner au fameux restaurant The Rock, perché sur un gros corail mort au dessus de la mer. Un décor paradisiaque au coucher du soleil !


1
sept

Nous partons maintenant au nord de l'île, plus sauvage. C'est à Kendwa, l'une des plus belles plages de l'île, sans grosse marée (ce qui permet de se baigner tout le temps). Le décor est le même : mer turquoise (mais plus fraîche), longue plage de sable blanc, et beach boys voulant vendre leurs souvenirs.

En restant dans les resorts de la plage, il est facile de faire abstraction de la réalité environnante et d'imaginer Kendwa tel un paradis terrestre. Cependant, en sortant de l'hôtel, le contraste est frappant : les villages de la zone sont largement sous développés et la pauvreté est rampante. J'ai rarement été confronté à de tels écarts dans une zone si concentrée.

Le lendemain, c'est donc à vélo que nous partons à la rencontre de la population locale, loin de l'illusion des resorts. Nous allons à 5km au sud de Kendwa, dans un village de terre rouge, dont les cases sont faites. Nous passons par l'école où les élèves se font une joie de nous accueillir. Très vite, la nostalgie de l'école de Taru (Kenya) nous submerge : ces rires aux éclats, ces regards perçants, cette innocence. Les enfants ne nous lâchent plus et certains poursuivent la visite du village avec nous. Ici, personne ne parle anglais. Même le professeur d'anglais... Nous rencontrons aussi des artisans qui travaillent le bambou pour en faire des nasses de pêcheurs, nous dégustons des cocos fraîches avec les enfants, nous puisons l'eau du puits... Bref, nous sortons de notre cocon touristique pour ouvrir les yeux sur une réalité de Zanzibar que de nombreux touristes ignorent.

3
sept

Nous retournons une journée dans les environs de Stone Town pour de nouvelles visites, entre culture et nature.

Nous nous rendons au musée de la princesse Salme, figure emblématique de Zanzibar, au parcours de vie atypique. Née au XIXème siècle, alors que l'économie de l'île reposait sur la culture du clou de girofle (introduit depuis la Réunion) et du commerce d'esclaves, elle est la fille du sultan d'Oman et d'une esclave sexuelle kidnappée dans le Caucase. Même les enfants nés de ces unions sont considérés comme princes et princesses, d'où son titre. Parmi les 36 enfants du sultan, c'est elle qui vivra le plus longtemps.

La petite princesse grandit dans le palais de Mtoni, aujourd'hui en ruine dans la banlieue de Stone Town. Contrairement à la tradition, elle apprend à lire et à écrire en recopiant le Coran en cachette. Elle grandit dans une grande tolérance religieuse, car à Zanzibar, tout le monde vient principalement pour le commerce, la religion commune étant l'argent. Hindus, chrétiens, musulmans vivent en harmonie, dans le respect de chacun. D'ailleurs, le sultan soutient les missions chrétiennes.

Âgée d'une vingtaine d'années, elle est voisine d'un commerçant allemand qui travaille dans le négoce de coquillages. Ces deux là tombent amoureux, et elle, enceinte. Pour pouvoir vivre leur amour et éviter la mort par lapidation, elle organise sa fuite de l'île par un bateau britannique qui va au Yémen. C'est là qu'elle accouchera de son premier enfant, qui mourra un an plus tard. Elle se convertit au christianisme pour se marier avec son cher et tendre et prend le nom de Emily Ruete. Sa famille la renie. Elle continue son périple jusqu'à Hambourg où elle s'installe avec son mari. Après 3 ans de mariage et 4 enfants, son mari décède. Bien qu'elle soit accueillie chaleureusement par sa belle famille et qu'elle arrive à vivre comme professeur de swahili et d'arabe en Allemagne, elle ne se fait pas à cette culture et à cette société, trop éloignée de la sienne. Elle tentera à plusieurs reprises de revenir à Zanzibar, sans succès. Elle trouvera alors refuge au Liban pendant plusieurs années avant de retourner en Allemagne auprès de sa fille où elle mourra. Elle aura tout de même réussi à revoir sa famille après 21 ans d'exil, en renonçant à ses droits de princesse. Pour ses enfants, elle écrit ses mémoires... Qui ont été publiés en Allemagne, ce qui fait d'elle la première écrivain de Zanzibar !

Bref, voilà une vie digne d'une saga télévisée !

Après une cérémonie de thé rafraîchissant sur un rooftop de la ville, nous partons en direction de Kidichi, au coeur d'une plantation d'épices. C'est ici que nous nous initions à la cuisine swahili. Nous voilà aux fourneaux, pour faire des falafels et du riz pilau. Puis, nous visitons la plantation : cannelle, café, poivre, clou de girofle bien sûr, cardamome, gingembre...

Enfin, nous rentrons par la mer, au coucher du soleil, à bord d'un dhow.


Notre séjour en Tanzanie se termine par une journée à la plage du côté de Matemwe, sur la côte nord est. Moins touristique, avec de plus petits hôtels, elle donne un certain sentiment d'exclusivité. C'est selon moi l'une des meilleures plages de l'île malgré la forte amplitude de marée et les oursins.

4
sept

Hôtels

- Mizingani Seafront à Stone Town

- Jafferji House à Stone Town

- Sunshine Hotel à Matemwe


Restaurants

- Emerson Spice à Stone Town : pour un dîner gastronomique en rooftop (réservation obligatoire, 40$/personne)

- Emerson Hurumzi à Stone Town : pour la cérémonie du thé

- The Rock, au nord de Paje : pour un délicieux dîner sur un rocher de corail (réservation obligatoire)


Activités

- agence Amo Zanzibar pour des excursions authentiques, de qualité, loin de la foule : https://www.amozanzibartours.com/home.html

- Zanzibar Cycling Adventure pour une balade en vélo dans les villages vers Nungwi : https://www.zanzibarcyclingadventures.com/

- Mwani à Paje, pour en savoir plus sur la culture des algues et soutenir le travail des femmes

- Taxi Eddie pour se déplacer en toute facilité à moindre coût ! Contact : +255773864807

- les massages de Queen, la masseuse du Natural Kendwa Villa, à Kendwa

4
sept

Hôtels

A Stone Town

- Mizingani Seafront

- Jafferji House


A Matemwe

- Sunshine hotel


Restaurants

A Stone Town

- Emerson Spice pour un dîner gastronomique en rooftop (réservation obligatoire, 40$/personne, menu fixe)

- Emerson Hurumzi pour la cérémonie du thé


Dans les environs de Paje

- The Rock pour un dîner dans un cadre hors du commun (réservation obligatoire)


Activités

- Agence Amo Zanzibar pour des excursions authentiques et de qualité, loin de la foule : https://www.amozanzibartours.com/home.html

- Zanzibar Cycling Adventure pour une balade à vélo dans les environs de Nungwi : https://www.zanzibarcyclingadventures.com/

- Mwani pour découvrir la culture d'algues et soutenir le travail des femmes (et acheter des produits de beauté locaux)

- Taxi Eddie pour se déplacer sur l'île à moindre coût et en toute sécurité. Contact : +255773864807

- un massage de Queen, la masseuse du Natural Kendwa Villa à Kendwa