À propos

"Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux" - Marcel Proust

Voyage de Noces au Chili - ♯5 Atacama

Exploration des richesses minérales du désert le plus aride au monde
Novembre 2018
5 jours
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Pour clôturer notre voyage de noces, encore et toujours un passage par Santiago pour prendre encore et toujours un vol, direction le Nord chilien et le très aride Désert d'Atacama.Cette destination était le seul point de discordance de notre voyage. Paysages sublimes et passage obligé pour Eric. Conditions extrêmes et panoramas sans intérêt pour Emmanuelle.La décision a quand même été prise d'aller explorer les richesses minérales de cette région du globe.A seulement 2 heures de vol de Santiago, nouveau et dernier changement de décor.A la sortie de l'aéroport, au lendemain de l'île de Pâques, le dépaysement a été total!Nous avons récupéré notre SUV de location pour quitter la ville minière de Calama, sans intérêt touristique, pour nous rendre directement à San Pedro de Atacama. Après plus d'une heure de route en quasi ligne droite, plus de 100 kilomètres effectués, et un passage au delà des 3000 mètres, nous avons pu apercevoir au loin l'oasis de San Pedro.

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San Pedro de Atacama est une petite bourgade située à environ 2400 mètres d'altitude. C'est la seule porte d'entrée pour aller explorer le désert. Sans Pedro existe depuis très longtemps, avant même l'ère Inca, occupée alors par le peuple Atacama. Les premiers habitants de la région vivaient de l'élevage de guanacos et de lamas, mais également de l'agriculture et de l'artisanat. Plus tard les conquistadors espagnols combattirent les incas et San Pedro devint un village colonial.Aujourd'hui, le village vit principalement du travail de la terre, de l'extraction du sel dans le salar, mais jouit surtout d'un tourisme de plus en plus important.En effet, les paysages alentours sont remarquables, avec des désert, des marais-salants, des volcans, des geysers, des sources chaudes.... et attirent les touristes du monde entier. San Pedro est devenue la ville dortoir, point de départ de toutes les excursions vers ces spectaculaires curiosités géologiques.Cette petite ville n'aura pas été un coup de coeur. La rue principale est bordée de boutiques qui proposent des tours touristiques, et de l'artisanat. Le village est typique avec ses maisons en adobe, mais l'affluence de touristes et du business qui en découle ne nous a pas permis de nous immerger dans la culture et la vie locale. Dommage... On retiendra quand même une belle rencontre avec la réceptionniste de l'hôtel, et la jolie petite place arborée avec son Eglise pleine de charme.Le soir venu, nous avons décidé d'aller admirer le coucher du soleil, à quelques kilomètres de là, dans la Vallée de la Luna!

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La Vallée de la Luna, est un désert minéral. Arrivés tardivement à l'entrée du site, nous n'avons pas pu explorer la zone. On a donc choisi de nous rendre directement sur un site recommandé, dans la vallée de la cordillère de sel, pour admirer le coucher du soleil.En arrivant sur place, énormément de monde. Chaque pierre était occupée et il a été difficile de trouver une place de choix pour voir le spectacle. Après quelques centaines de mètres sur une crête, on a pu s'installer. Devant nous une immense dune ciselée par le vent et d'énormes formations rocheuses. Un paysage sans vie apparente, qui semblait figé depuis des millénaires.Au coucher du soleil, la roche a rougit et le spectacle est devenu féérique par ses changements de couleur et d'ombres. Pendant ces courts instants, le soleil a redonné vie à une nature figée.Un moment poétique que l'on a grandement apprécié vivre mais que l'on aurait préféré garder égoîstement pour nous... La poésie serait devenue romantique...A la tombée de la nuit, les températures ont également dégringolées. En l'espace de quelques minutes, on est passé des tee-shirt aux grosses doudounes! Une première expérience dans ce désert extrême avant notre première grosse journée d'excursion le lendemain en direction du Sud et des Lagunes Miscanti et Meñique.

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Les lagunas Miscanti et Meñiques sont 2 petits lacs situés sur l'altiplano dans la région d'Antofagasta. Au petit matin, pour aller visiter ces deux lagunes altiplaniques, nous nous sommes rapidement retrouvés en mode explorateur.Chaussures de randonnée et infusion de chachacoma contre le mal des montagnes, on est parti direction le Sud...Après plus d'une heure et 80 kilomètres d'une infinie ligne droite de bitume au beau milieu d'une étendue désertique rocheuse, la route s'est élevée brutalement pour atteindre le village de Socaire.Déjà à 3200 mètres au dessus du niveau de la mer, nous avons décidé de faire une pause afin de nous acclimater à l'altitude qui se faisait grandement ressentir. On a pu admirer une très belle Eglise traditionnelle en adobe, mais à part ça, il n'y avait pas grand chose à visiter dans le village. On est donc reparti de plus belle pour affronter le dernier bout de route et les 1000 mètres de dénivelé restants. Passé la dernière maison du village, plus de réseau téléphonique. On a grimpé encore et toujours. L'air s'était raréfié. La route devenait une simple piste à flanc de montagne, pour arriver enfin sur l'altiplano chilien à 4200 mètres d'altitude, au coeur de la réserve nationale Los Flamencos.Devant nos yeux, les sublimes lagunes Miscanti et Meñique, deux petits lacs perdus entre volcans et sommets qui culminent à plus de 6000 mètres. Le paysage environnant propose une gamme de couleur saisissante. Le bleu intense d'un ciel sans nuage, le bleu profond des lagunes aux contours soulignés par le blanc du sel, pour finir avec le jaune/vert des plantes altiplaniques qui recouvrent un parterre de roches aux reflets ocres.Nous avons emprunté le chemin qui borde les 2 lagunes pour profiter d'un air très rare mais très pur. Nous avons pu admirer des flamands, des vigognes, des guanacos dans un panorama hostile, grandiose et protégé.Après ce grand bol d'air en altitude, on est redescendu de l'altiplano, pour prendre la direction du salar d'Atacama.

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Le Salar d'Atacama est un dépôt salin d'environ 3000 kms2 situé à 2500 mètres d'altitude. Ces proportions sont gigantesques. 100 kilomètres de long et 80 kilomètres de large!Ce dépôt salin est amené par les eaux chargées en sel provenant des volcans alentours. Avec le soleil et l'air très sec, l'eau s'évapore et comme dans n'importe quel saline sans eau, le sel cristallise.Après une route infinie en plein soleil (en passant au niveau du Tropique du Capricorne), nous sommes arrivés sur site.Nous avons pu apercevoir l'immensité du paysage environnant. Un panorama spectaculaire paradis des flamands et du lézard d'atacama.En pleine après-midi, la chaleur était étouffante. La réverbération du soleil sur ce sol blanchâtre nous a obligé à mettre des lunettes de soleil et à prendre toutes ses précautions contre des UV plutôt violents.Nous avons été ravis de découvrir ce lieu si caractéristique. Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance d'arpenter un désert de sel. Mais après y être allés, on s'est rendu compte que ce n'est pas l'environnement qui nous a le plus séduit...Retour sur San Pedro pour clôturer cette journée d'excursion riche en découvertes et en kilomètres, pour se préparer physiquement à explorer le Nord et les fameux Geysers del Tatio.

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Les Geysers del Tatio est une attraction phare de la région. Il s'agit d'un site géologique exceptionnel et incontournable pour qui se rend dans le désert d'Atacama. Situé à près de 100 kilomètres au Nord de San Pedro et à plus de 4300 mètres d'altitude, cette zone géothermale comporte près de 80 geysers.C'est très tôt le matin que le spectacle est le plus impressionnant. L'air encore très froid à cette altitude créé des fumerolles pouvant atteindre 10 mètres de haut en se condensant au contact de l'eau jaillissante à plus de 80°C.Il a donc fallu se lever très tôt, partir vers 5H00 du matin avec notre infusion de chachacoma, des provisions et des vêtements très chauds afin d'être sur site dès l'aube. On a emprunté une piste en terre dans l'obscurité la plus totale. C'était d'ailleurs assez irréel car nombres de touristes sont partis à la même heure. On pouvait donc voir un flot de véhicules qui se suivaient. On apercevait au loin une longue file de feux arrières de voitures qui nous balisaient le chemin, en pleine nuit, sans aucune autre pollution lumineuse. Un spectacle avant le spectacle en quelque sorte.En arrivant sur site, beaucoup de monde. L'heure matinale et le froid glacial (-10°C au thermomètre de notre Suv) nous ont donné du fil à retordre. Mais on avait hâte de découvrir ces longs panaches de fumée blanche, ces explosions de vapeurs et ces cratères bouillonnants d'une eau venue tout droit du centre de la terre.Un site exceptionnel qui fait sans aucun doute parti des merveilles de la nature de ce Monde.On a adoré se balader au milieu des innombrables geysers, admirer le ballet des fumerolles et regarder s'éveiller cette nature sauvage à plus de 4000 mètres d'altitude. On gardera en mémoire les images d'un spectacle géothermique saisissant.Le nombre important de touristes a quelque peu gâché le magie des lieux. Pourtant accéder aux Geysers del Tatio, ne semblait pas donné à tout le monde. Mais même dans ce milieu hostile, l'homme a su promouvoir le tourisme. Aujourd'hui El Tatio, fait également parti de ces sites victimes de leur succès.La route du retour a été une très belle surprise. L'ayant faite de nuit à l'aller, on était loin de s'imaginer que l'on allait découvrir au retour. De sublimes panorama sur l'altiplano, de très belles rencontres avec les guanacos, les lamas... pour finir avec un autre lieu incontournable, les Thermes de Puritama.

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Les Thermes de Puritana sont des sources d'eau chaudes naturelles situées en environ 3400 mètres d'altitude. Une eau à 28°C riche en souffre qui s'engouffre dans une vallée étroite et profonde. Quelques bassins de baignade y ont été aménagés et ce dans le plus grand respect de la nature.Un environnement sans égal entouré de cactus millénaires et d'herbe de pampa.Cette eau possède des vertues médicinales caractéristiques qui permettent d'atténuer les rhumatismes et le stress.La baignade thermale dans ces eaux tièdes nous ont permis d'oublier le froid et la fatigue du matin.En revanche, attention au soleil!Impossible d'utiliser de la crème solaire pour ne pas polluer cet écosystème fragile. Et à cette altitude les UV sont très importants. En l'espace de quelques minutes nos épaules ont souffert de violents coups de soleil...Cette baignade restera un moment de détente magique, dans un véritable havre de paix, perdu dans les montagne andines. Un petit break avant d'affronter de nouveau dès le lendemain un soleil écrasant, un air rare et sec dans ce désert, direction les sites de Yerbas Buenas et de la Vallée Arcoiris.

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Yerbas Buenas est un site archéologique où l'on peu découvrir un grand nombre de pétroglyphes gravés sur des formations de roche de tuf. Le lieu était un point de passage lors des transhumances de bergers et également pour les voyageurs. La roche y possède de nombreuses cavités permettant au visiteur de passage d'y être abrité. L'homme depuis l'ère préhistorique n'a cessé de réaliser des dessins rupestres et ce site en compte de nombreuses représentations. Les plus anciennes dateraient de -1500 ans avant JC.Yerbas Buenas est sur la route de la Vallée Arcoiris, notre destination de la journée d'excursion. De fait, nous n'avons pas hésité à nous y arrêter.L'endroit nous a paru ludique. On s'est amusé à reconnaître les gravures d'animaux. On a aimé grimper sur les rochers à la recherche des dessins...Mais sans guide, difficile pour nous de comprendre l'histoire du lieu. D'autant que de nos jours (ou de notre siècles), sont apparus de nouveaux pétroglyphes. On peut dire que cela contribue à laisser une nouvelle trace aux générations futures. A moins que ce soit une forme de "désert art"!Après cette visite pas éclair mais presque, direction la Vallée Arcoiris.La route s'engouffre dans une vallée pour au final devenir une piste assez délabrée. Attention où on met les roues!Après avoir passé quelques gués peu profonds, et roulé quelques kilomètres sur un chemin de caillasses chaotique, nous avons pu apercevoir en ligne de mire la Vallée Arcoiris!

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Vallée Arcoiris ou Vallée Arc en Ciel. Il s'agit d'un site géologique exceptionnel perdu dans la Cordillère de Domeyko à 3500 mètres d'altitude et à environ 80 kilomètres au Nord de San Pedro. On y trouve des falaises et autres formations rocheuses aux couleurs rouge, blanc, ocre, brun et vert. Un joli camaïeu de couleurs qui contraste avec le bleu immaculé et profond du ciel.En arrivant sur site, très peu de touristes. On a pu se promener en amoureux, à notre rythme, pour admirer ces formation rocheuses hallucinantes. On a eu le sentiment qu'un peintre était venu réaliser ce tableau.On aurait aimé avoir des explications techniques et connaître les raisons de la présence de tant de couleurs en un seul lieu. Mais au final on a adoré découvrir cette vallée seuls, en profitant juste du moment qui nous a été donné de vivre, et en se disant une nouvelle fois que la nature a réussi à nous surprendre et à nous transmettre de l'émotion.Pour le moment cette vallée n'est pas un site incontournable touristique du désert d'Atacama. Mais nul doute qu'elle va le devenir!On est reparti de cette journée d'excursion heureux, mais l'altitude, l'air hyper sec, la poussière environnante et les interminables trajets en voiture de ces derniers jours ont commencé à peser sur nos organismes déjà bien fatigués par ce long périple chilien. On a quand même décidé de finir ce séjour, et pour la dernière journée de visite, direction la Laguna Cejar et Pukara de Quitor.

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La Laguna Cejar est un petit lac situé en plein salar d'Atacama (dans le désert le plus aride du monde!!). Les eaux souterraines alimentent cette lagune très riche en sel.Pour notre dernière journée, nous avons décidé de prendre le temps et ne pas faire des heures de route. Du fait, nous sommes allé à la Laguna Cejar, pour nous baigner dans ces eaux hyper salines.On a d'abord visité la Laguna Tebenquiche et son écosystème préservé, puis on s'est dirigé vers notre lac de baignade. On a marché pied nu sur du sel cristallisé, et toujours sans protection solaire pour protéger la nature, nous sommes rentré dans l'eau.On a flotté!!! C'est la première fois de notre vie que l'on a pu avoir cette sensation. Sans effort on est resté à la surface de l'eau. En faisant la planche, on a pu profiter du paysage environnant. En toile de fond le majestueux volcan Licancabur, notre point de repère tout au long de notre périple Atacama. Un très beau moment de détente en amoureux.Mais il n'était pas question de rester dans l'eau pendant des heures. Avec la réfraction des UV sur le sol blanc, une chaleur étouffante et sans aucune protection solaire, nous n'avons pas pris le risque de nouveaux coups de soleil!Après une douche obligatoire pour s'enlever tout le sel, nous sommes repartis vers San Pedro avec une dernière visite en tête, Pukara de Quitor.

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Pukara de Quitor est une forteresse du XIIeme siècle située à proximité de San Pedro. Elle a été construite par le peuple Atacama pour se défendre de l'invasion du peuple Aymara. On aurait bien aimé finir cette journée par cette découverte, mais une petite vis plantée dans notre pneu a eu raison de cette visite. On a du chercher en catastrophe un réparateur... Nul doute que la découverte de cette forteresse aurait été enrichissante.

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A la nuit tombé, nous avions réservé un tour astronomique. Le désert d'Atacama est l'endroit parfait pour découvrir les étoiles.C'est un des lieux les moins pollué et des moins habité. De fait on y trouve un des ciels le plus pur du monde. En partant de nuit dans le désert, à distance de San Pedro, aucune pollution lumineuse ne vient perturber l'observation des étoiles.Le tour était organisé par l'observatoire privé Space.La visite s'est déroulée en Anglais, ce qui nous a compliqué la tâche pour comprendre cette science très technique. Malgré tout nous avons adoré explorer ce ciel à la découverte des étoiles, de la voie lactée, des planètes... Une véritable expérience en immersion avec des passionnés de l'Espace.

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Le désert d'Atacama restera une belle expérience, même s'il n'a pas été à la hauteur des espérances d'Eric et même si l'avis d'Emmanuelle est resté inchangé quand à l'intérêt de s'y rendre pour une destination de voyage de noces.Les paysages sont remarquables en ce qui concerne la géologie.Nombre de touristes trouveront à coup sûr cette destination fascinante.De notre côté, on garde en mémoire une très belle aventure, quelques péripéties et malgré la rudesse du climat, un souvenir de paysages grandioses et d'expériences justes incroyables.On regrette un manque d'immersion dans la vie et la culture locale, certainement lié à un tourisme trop important.C'est ce dernier point que l'on tient à souligner. Le tourisme est devenu le cheval de bataille de la région car c'est une manne financière non négligeable dans ces contrées aux ressources limitées.Comme partout dans le monde, les sites remarquables (et le désert d'Atacama ne déroge pas à la règle), souffrent du tourisme de masse. Et souvent en découvrant ces lieux emblématiques, on perd le sentiment d'être privilégié. A contrario, quand on découvre des lieux moins connus du grand public, on peut ressentir quelquefois ce sentiment de découverte et de privilège. C'est là tout le paradoxe