Ce carnet présente des photos des oiseaux et des principaux sites d’observation visités pendant mon séjour de coopérante volontaire à Santa Marta, dans le Nord de la Colombie.
Du 13 janvier au 21 février 2023
40 jours
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Source: catalogue de l’exposition « L’univers aux creux des mains - Pensées et splendeurs de la Colombie autochtone » MBAM, 2023. 

La Sierra Nevada de Santa Marta est un massif montagneux colombien isolé des autres chaînes de la Cordillière des Andes et bordé au Nord par la mer des Caraïbes. Elle culmine à 5 775 mètres d’altitude à seulement 46 km de la côte, ce qui fait d’elle la zone montagneuse côtière la plus haute du monde.

La Sierra Nevada de Santa Marta correspond à la zone archéologique #1 de la carte ci-dessus. Elle abrite notamment la fameuse Ciudad Perdida, que je n'ai malheureusement pas eu le temps de visiter. Les sites où j’ai pu observer des oiseaux pendant mon séjour se situent dans la zone encadrée de jaune, entre Cartagena et Palomino.

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Du fait de la variété de ses climats et de ses habitats, mais aussi de son isolement géographique, la richesse faunique et botanique de cette région est impressionnante. Elle est renommée pour sa biodiversité spécifique d'oiseaux (673 espèces) dont 22 sont endémiques, une concentration exceptionnelle au niveau mondial. Il allait donc de soi pour moi qui est passionnée d’ornithologie, de profiter de mon séjour de coopération dans cette région pour saisir toutes les opportunités d’observer et photographier les oiseaux.

La préparation du volet ornithologique de mon séjour m'a permis de découvrir les peuples autochtones de cette région. Une des croyances fondamentales de la culture Kággabba (civilisation des Tayronas) accorde aux oiseaux le rôle de messager de la Terre Mère et les considère comme des "Personnes réelles" (signification de Kággabba selon les anthropologues). Ma curiosité piquée, j’ai cherché une occasion d’en apprendre davantage sur ces autochtones et j’ai pu me joindre à un groupe de “partage culturel” organisé par des Arhuacos, descendants des Tayronas.

À mon retour au Québec, l'exposition «L'univers aux creux des mains - Pensées et splendeurs de la Colombie autochtone» présentée au Musée des beaux-arts de Montréal, m’a permis d’approfondir ma compréhension de la mission planétaire que se sont donnés les Arhuacos en protégeant ces montagnes…

 Source: catalogue de l’exposition « L’univers aux creux des mains - Pensées et splendeurs de la Colombie autochtone » MBAM, 2023.
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Contenu de mon Atlas

Ce carnet présente des comptes-rendus chronologiques de mes observations d’oiseaux réalisées d’une part à Cristo Rey (quartier périphérique de Santa Marta) pendant mes quatre semaines de travaux volontaires, et d’autre part lors des sorties culturelles effectuées dans la région avec mon groupe de coopérants. Une fois ma mission de coopération complétée, je me suis rendue avec des amis dans la “mecque colombienne des ornithologues“ : la réserve El Dorado ProAves, pour un séjour ornithologique guidé de 6 jours (réservé en juillet 2022). Ensuite j’ai effectué un trek pour visiter les Arhuacos de la rivière Palomino, puis finalement j’ai passé quelques jours à Cartagena avant mon retour au Québec.

Ces comptes-rendus sont documentés à partir de la quarantaine de listes d’observation que j ‘ai publié sur la base de données eBird pendant mon séjour, du 13 janvier au 21 février 2023.

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Au cours de mon séjour de volontariat à Cristo Rey, j'ai pu faire des observations intéressantes dans le jardin de l’hôtel où mon équipe de coopérants était hébergée, sur différents chantiers où j'ai travaillé ainsi qu'à la plage de l’aéroport, située à quelques kilomètres de notre hôtel, que l'on fréquentait assidûment pour se rafraîchir un peu après le travail.

Le jardin de l’hôtel Turistica Palmar

Deux points d'observation: de la terrasse de ma chambre et du balcon à l’étage
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Source: catalogue de l’exposition « L’univers aux creux des mains - Pensées et splendeurs de la Colombie autochtone » MBAM, 2023. 
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Aux différents chantiers

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Construction d'un réservoir d’eau potable. La coupe inévitable du margousier a affectée les Colombes rousses qui y nichaient…
Les parents Colombes rousses et un de leur petit tombé du nid et recueilli par les enfants.

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Site de construction du Centre communal 

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La plage de l’aéroport

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Avant l’arrivée des conquistadors espagnols, la région du Parc national Tayrona était habitée par le peuple autochtone du même nom qui y vivait essentiellement des ressources de la mer. Les montagnes qui surplombent le parc national sont désormais occupées par environ trente mille descendants des Tayronas, appartenant aux quatre ethnies Kogi, Arhuaco, Kankuamo et Wiwa. Ces peuples autochtones reconnues par les autorités colombiennes ont réussi à obtenir des périodes de l’année pendant les quelles ils ont l'usage exclusif de certains secteurs du Parc Tayrona, devenu pour eux un sanctuaire.

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Le Capo San Juan, destination de notre randonnée dominicale, abrite l'une des plus spectaculaires plages de cet immense parc côtier (20 000 hectares terrestres et maritimes). Le sentier de 12 km aller-retour traverse une luxuriante forêt tropicale, des mangroves et des plages insérées entre des formations rocheuses impressionnantes. Le parc national Tayrona abrite une grande diversité faunique, toutefois ce sentier très fréquenté en raison de la destination plage, n’offrait pas beaucoup d’opportunités d’observer des oiseaux…

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La marche en forêt ombragée et relativement fraîche, les paysages côtiers à couper le souffle, la baignade sur la magnifique plage du Capo San Juan m'ont permis de comprendre l'attachement des autochtones et la fierté des colombiens à l’égard de ce grandiose parc naturel.

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L’hôtel Taironaka Turismo Ecológico y Arqueología propose une visite guidée fort intéressante d'un site archéologique Tayrona découvert dans les années 70, puis restauré par les propriétaires de l’hôtel. On parcourt avec la guide le secteur abritant les fondations de quelques maisons disposées en terrasses successives, puis on visite un petit musée où sont exposés de très beaux artefacts dégagés lors des fouilles archéologiques ainsi que des objets contemporains fabriqués par les Kogis, une des quatre ethnies descendant des Tayronas. Une famille Kogi a d’ailleurs accepté de s'installer à proximité du site archéologique et elle nous accueille dans sa maison le temps d'une présentation des bases de leur philosophie et de leur mode de vie.

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Le site archéologique étant situé en bordure de la superbe rivière Don Diego, la sortie se termine par une douce et rafraîchissante descente sur trippe (tubing) d'environ deux heures, jusqu’à la mer… Quelques observations d'oiseaux (Piaye écureuil, Urubu noir, Pic à couronne rouge, Toui à ailes jaunes, Toui à menton d'or, Tyran quiquivi, Troglodyte familier), mais pas de photographie pour moi en tubing…

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Une visite culturelle d’une journée à Minca me donnera un avant goût des paysages, de la fraîcheur délicieuse et de la biodiversité des montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta qui m’attendaient la semaine suivante! À 15 km de la côte et environ une heure de route en lacet, la randonnée classique aux Cascadas de Marincas m’a permis d’observer une dizaine d’espèces. Ça ne semble pas beaucoup considérant les 126 espèces recensées à cette période de l’année (eBird), mais pour un effort d’observation d’une heure trente, amorcée à l’heure de pointe (9h30) avec au moins une centaine de randonneurs dans les sentiers, cette marche en montagne m’a comblé! Mon moment fort d’ornithologie de la journée : l’observation de plusieurs groupes de Touis à menton

d’or, petits perroquets au vol bondissant tellement impressionnant!

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Le moment clé du volet ornithologique de mon séjour colombien a été sans contredit la Réserve El Dorado ProAves. Cette réserve naturelle créée en 2005 dans le but de protéger et de restaurer l'habitat de la perruche de Santa Marta (Pyrrhura viridicata), protège plus de 1 300 hectares d'habitats fauniques essentiels distribués sur un large éventail d'élévations et d'écosystèmes.

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L’ accueil et le restaurant (Eco-Centre). Le restaurant renommé pour sa vue panoramique était en réparation suite à un incendie…
Notre cabaña ((Jeniam #4)
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Les pics Cristóbal Colón (5775 m, à gauche) et Simón Bolívar (5774 m, à droite) culminent au sommet du massif montagneux de la Sierra Nevada de Santa Marta, le massif côtier le plus élevé du monde. C’est sur les flancs de ces montagnes, généralement le longs d’un cours d’eau, que vivent les peuples autochtones descendants des Tayronas.

Les maisons rondes de ces communautés sont des représentations symboliques du refuge constitué par le massif de la Sierra Nevada. Le toit en chaume correspond à la forêt protectrice et la double pointe du toit (chez les Kogis) figure les deux sommets sacrés.


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Le Colibri cyanote intègre les poils de crosse de fougère dans la construction de son nid.
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L’attente des Quetzals à proximité du nid, le long du sentier, a été fructueuse grâce à notre guide Delio Malo Daza…
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Voir la vidéo pour la vue panoramique du restaurant en réparation au moment de notre séjour… 
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L’excellent guide ornithologue Cristian Vasquez, pillier de la Réserve! Très demandé, on a négocié fort pour obtenir ses services…
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Santa Marta vue de la Cuchilla San Lorenzo 
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Notre second guide ornithologue de l'ethnie Wiwa : Delio Malo Daza.
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Pectoral en forme d'homme oiseau avec des animaux auxiliaires, Colombie, EC. Museo del Oro, Banco de la República, Bogotá


Vue de notre chambre (Cabaña Jeniam #4) sur la Ciénaga Grande  
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Palomino est une petite ville touristique située à l’embouchure de la rivière du même nom dans la mer des Caraïbes, sur le versant nord de la Sierra Nevada de Santa Marta. Je m’y suis rendue pour me joindre à un groupe avec qui j’ai pu visiter la communauté Arhuaco de Seydukwa, à une dizaine de kilomètres en amont de la rivière Palomino. Celle-ci constitue la limite naturelle entre le département de Magdalena et le territoire Kogi sur la rive Est et le département de Laguajira et le territoire Arhuaco du côté Ouest.

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Les Kogis, Arhuacos, Wiwas et Kankuamos constituent les quatre peuples actuellement reconnus de la Sierra Nevada de Santa Marta. Ils sont les descendants des Tayronas, une des plus grandes sociétés précolombiennes du continent sud-américain à l’image des Incas, des Mayas ou des Aztèques. Pour eux, la Sierra Nevada représente le cœur du monde, la Mère Terre, qui leur a transmis le code moral et spirituel qui régit leur civilisation.

Il est difficile de savoir précisément le nombre, la diversité et la localisation des différentes communautés précolombiennes, qui peuplaient les contreforts de la Sierra, avant l’arrivée des Conquistadores. Certains travaux de recherche menés parlent de traces de civilisation vieilles de plus de12 000 ans, d’autres évoquent des migrations en provenance de l’actuel Guatemala. Une hypothèse que semble accréditer des mots de vocabulaire d’origine Mayas, identifiés dans la langue Kogi, et les similitudes entre les Kogis et les Lacandons, derniers survivants de la civilisation Maya, vivant dans le Chiapas, à la frontière entre le Guatemala et le Mexique. Si l’histoire a gardé le souvenir d’une seule appellation, les « Tayronas » pour désigner les habitants précolombiens du Nord de l’actuelle Colombie, il semble que le nombre et la diversité des communautés présentes sur les côtes caraïbes aient été beaucoup plus importants.

Carte de la Sierra Nevada de Santa Marta illustrant les grandes lignes de la cosmologie partagée par ses  peuples autochtones.
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Mon valeureux groupe de trek.
Notre guide Félix m’a prodigué des soins traditionnels suite à une vilaine coupure en essayant d’allumer des brindilles.  


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Notre guide Arhuaco Isaias regarde vers les sommets sacrés qui sont demeurés cachés lors de notre passage…  
… pendant que j’écoute et observe longuement un Manakin casse-noisette qui s’amuse dans les buissons.
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Mon séjour en Colombie s’est terminé à Cartagena de Indias, ville forteresse construite en grande partie sur des mangroves. Des tournées matinales sur les murailles encerclant la Vieille ville et dans les parcs urbains à proximité du quartier Getsemani où j’étais installée, m’ont permis d’observer plusieurs nouvelles espèces.

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