Le 8 Mars 2020 était censé marquer la première étape d'un nouveau départ. Quitter le sud de la France après sept mois passés là-bas, pour l'Inde, afin d'y passer une certification de professeur de Yoga. Le moins que l'on puisse dire c'est que préparer ce projet aura déjà été une sacré pré-aventure. Et ce n'est pas les personnes qui m'ont entourés durant cette période qui pourront prétendre le contraire.
Ces derniers mois auront loin d'avoir été de tout repos, il y a eu du bon (comme du moins bon) et jusqu'au bout du bout la vie m'aura lancé des challenges. Sûrement pour tester mon degré d'envie et d'investissement dans la concrétisation de ce projet ! Mais c'était mal me connaitre, rien ni personne ne m'y aurait fait renoncer, encore moins après avoir fait tout ça (mais bon j'ignorais encore ce qui allait arriver). Malgré tout j'ai eu la chance de vivre une dernière semaine inoubliable. Le flot d'amour et de bienveillance que j'ai reçu, que ce soit de gens connus (ou inconnus), m'a fait quitter la région dans un état d'esprit un peu plus apaisé et positif que lorsque j'y suis arrivée (et dieu seul sait que ce n'était pas gagné). Alors à ceux qui se reconnaitront peut-être déjà à travers ces premières lignes... Merci.
Me voilà donc ce dimanche 8 au soir avec mon backpack sur le dos (toujours aussi léger 😀) à la gare de Perpignan. Je fais mine de sourire sur la photo mais en vrai je ne fais absolument pas la maligne. Déjà je n'aime pas les au-revoir et l'idée de retourner sur la région parisienne me colle une sacré boule au ventre. Soit. Histoire de me mettre déjà en condition, c'est parti pour onze heures de train couchette, l'extase !
Mais comme quoi la vie est imprévisible... Mon départ pour l'Inde est prévu pour le 17 Mars. L'épidémie de Coronavirus est en train de s'étendre dans le monde entier et malheureusement la "menace" du confinement commence à se faire de plus en plus sentir en France. Le 10 Mars le couperet tombe... J'apprends via mon groupe de formation sur Facebook que l'Inde a pris la décision de suspendre les visas et de fermer ses frontières aux pays les plus touchés par l'épidémie. Et évidemment la France en fait partie.
Une semaine avant de prendre l'avion... j'ai eu le sentiment de voir mon monde s'effondrer à nouveau en un quart de seconde. Je me souviens m'être dirigée vers mon père tel un zombie, avec mon téléphone à la main et lui dire " Papa... c'est fini" avant d'exploser en larmes. On m'arrachait littéralement ce à quoi je me raccrochais depuis des mois. Au-delà du simple projet professionnel, j'y avais placé cette envie (ce besoin même) de repartir de zéro, de prouver et me prouver des choses, de tourner une page suffisamment compliquée de ma vie et commencer un nouveau chapitre. Alors autant vous dire que j'ai été inconsolable durant quelques jours. Je ne comprenais pas pourquoi ça arrivait là, maintenant, si proche du but, quel était le message, le sens que je devais donner à tout ça.
Mais une fois passée la phase de désespoir et du " j'ai vraiment pas de chance " j'ai relevé la tête et j'ai commencé à entrevoir les choses différemment. Ce n'était qu'un contretemps et rien n'arrive par hasard. Ce n'était juste pas encore le bon moment pour moi. Alors après une dernière douche froide (beaucoup plus personnelle celle-ci) plus rien ne me retenait vraiment à Paris. J'ai donc repris mes affaires et mon train et je suis repartie dans le Sud. Et là le confinement aidant, on retourne à l'essentiel, on fait le point, on se recentre...
Certains d'entre vous le savent, depuis mon retour de Nouvelle-Zélande et d'Asie j'ai du mal à retrouver ma place et à me sentir bien "ici". Je ne me sens pas pleinement heureuse. Depuis très longtemps j'ai cette sensation d'être comme bloquée par quelque chose, qu'il me manque quelque chose ou que je passe à côté de quelque chose en restant ici et surtout que ma vie n'est, pour le moment, pas en France.
Ce " quelque chose " j'ai aujourd'hui (et plus que jamais) cette nécessité de découvrir ce que c'est. Alors oui je suis une éternelle mélancolique ça tout le monde le sait, une grande rêveuse aussi. Combien de fois j'ai regardé autour de moi (en soirée par exemple) telle une spectatrice qui se demande ce qu'elle fout là, combien de fois j'ai regardé l'horizon de la mer, le ciel, les avions qui y passe, avec mes playlists dans les oreilles en rêvant à tout à un champ des possibles sans jamais vraiment oser prendre le courage de l'explorer. Mais ce besoin de liberté qui m'a toujours animé, ce sentiment indescriptible que je ressens et que je n'invente pas, je ne peux maintenant plus les ignorer. Alors je réfléchis, je ferme les yeux et je sens cette boule à la fois d'excitation et de peur qui grandit et me tiraille le ventre un peu plus chaque jour avec cette petite voix dans ma tête qui me dit :
" Mais tu attends quoi là en fait Charlotte ? Fonce ! "
Evidemment on se pose tout un tas de questions... Comment mon entourage va le prendre ? Par où je commence ? Et où je vais ensuite ? Et si j'y arrive pas ? Et s'il m'arrive quelque chose ? Et 31 ans c'est pas trop vieux ? Et si ma famille et mes amies me manque trop ou que je m'ennuie ? Et si j'arrive pas à me faire comprendre auprès des locaux ? Et si je me retrouve sans ressource ? J'alterne entre des phases d'excitation où j'essaye de planifier et des phases où j'ai le regard dans le vide et l'envie de pleurer parce que je me dis que c'est de la folie ou même une connerie monumentale d'à nouveau tout plaquer. Puis cette petite voix se remet à résonner et je pense aux raisons profondes qui me motive, à tout ce que j'ai à gagner en partant et à ce que je risquerai de regretter dans quelques années si je ne le fais pas maintenant... Et tout à coup tout a à nouveau un sens. En fin de compte c'est juste la peur, mon ego et mes croyances limitantes qui me font croire que je n'en suis pas capable alors qu'au fond je le suis, tout le monde l'est. Et après tout qu'est ce qui me retiens ? Ces barrières c'est seulement moi qui me les mets.
Alors voilà, si vous avez eu le courage de me lire jusque ici vous aurez compris que je compte finalement me diriger droit vers l'inconnu avec pour seule compagnie mon sac à dos, pour une durée indéterminée. Evidemment la première chose qui se fera et que je ne perds pas de vue c'est ma formation de Yoga. Je compte bien trimballer mon tapis et pratiquer voire continuer à me former et pourquoi pas enseigner dans chaque endroit où je me trouverais. Toujours pas de date précise à ce jour pour la formation mais ça se fera quand on sera sorti de ce cauchemar épidémique et que tout le monde sera à nouveau prêt : l'Inde, l'école et moi-même. Car là il ne s'agit plus seulement de partir faire ma formation, puis me détendre deux/trois semaines avant de rentrer faire mon nid en France. Non là je pars pour le voyage de toute une vie, à la découverte du monde, des autres cultures mais avant tout de moi-même. C'est même, à mon sens, le but ultime de toute personne qui se décide à partir seule (même si je me doute qu'au fond on ne l'est jamais vraiment) : découvrir et se découvrir, savoir renoncer, se confronter, se challenger, chercher des réponses aux questions qu'on se pose, partager, apprendre à s'aimer, à donner et surtout à recevoir de l'amour mais par dessus tout :
Se sentir libre 💗
Alors je vous dis à bientôt, sûrement à la veille de ce grand départ qui, je l'espère, arrivera vite !