A Townsville nous passons la matinée dans une piscine publique. Il est courant de trouver en Australie, du moins dans les villes que nous avons visitées jusqu’à présent, des piscines publiques totalement gratuites où l’on peut se doucher, utiliser des bbq électriques à la disposition de tous, et se prélasser dans l’herbe. C’est remarquable de la part de la municipalité et souvent ces endroits sont d’une propreté irréprochable.
Lorsque nous prenons la direction de l’ouest en sortant de Townsville, on remarque tout de suite que la route est beaucoup moins empruntée, les voitures se font de plus en plus rares. En revanche des énormes camions, les « road trains » font leur apparition. Ce sont des camions qui transportent d’énormes chargements, jusqu'à 4 remorques chacun, pour les acheminer, on imagine, dans les villes du bush et de l’outback.
Un road train avec ses quatre remorquesCe n’est pas vraiment clair où démarre le bush, et où se trouve la frontière avec l'outback. Comme l’explique Bill Bryson dans son génial « nos voisins du dessous, chroniques australiennes », le bush représente tout ce qui est rural et l’outback est ce qui se trouve au delà. Puis on remarque que les gens utilisent l’un ou l’autre terme indifféremment. En tout cas ce sont des zones où la population est très réduite. L’Australie compte 3 hab/km2, et sachant que la zone comprise entre Sydney et Melbourne représente 50% de la population (qui est d’à peine 25 millions au total), on se rend vite compte du nombre d’hectares sans la moindre présence de vie humaine.
Ce qui représente pour nous le bush Nous parcourons quelques centaines de kilomètres dans un paysage qui devient de plus en plus sec, il y a encore beaucoup de végétation, dont des zones entières qui ont brûlé, et nous croisons de nombreuses vaches, plutôt maigrichonnes, qui se regroupent sous l’ombre des arbres. Elles semblent sorties de nulle part car on a beau regarder dans tous les sens, on ne voit pas l’ombre d’une ferme à l’horizon. Il y a également ce qui apparaît être des milliers de termitières à perte de vue.
Nous trouvons une aire de repos où le bivouac est autorisé. Et encore une fois, merveilleux australiens, on trouve des toilettes et douches super propres. On se trouve juste à côté de la voie ferrée qui est utilisée uniquement par des trains de marchandises. Au crépuscule, nous nous approchons des rails, tout en prenant garde de ne pas marcher sur un serpent et tout d’un coup on entend de grands bruits dans les fourrés et on voit des dizaines et des dizaines de wallabys qui s’enfuient en sautillant! On se trouve vraiment en pleine nature sauvage.
Le lendemain nous nous mettons en route pour Richmond qui est connue en Australie pour les fossiles de dinosaures retrouvés dans la région. Dès le lever du soleil, on est assaillis par la chaleur et par les mouches, c’est insupportables, on se réfugie vite dans la clim du van et c’est parti pour quelques centaines de kilomètres supplémentaires, on roule en moyenne à 90km/h donc les trajets sont assez longs. La distance de ville à ville est d’environ 100-200 km et il n’y a absolument rien entre deux villes si ce n’est des aires de repos, des clôtures et des vaches.
A chaque pause où l’on sort du van, on est attaqués par les mouches, c’est à devenir fou, on se tortille dans tous les sens en donnant des coups dans le vide mais rien à faire, elles viennent dans les oreilles dans les yeux, sur les lèvres. Plus on s’agite et plus elles reviennent! Ce signe très distinctif qui consiste à secouer la main vers l’oreille pour chasser LA mouche est appelé ici "le salut du bush". De toute façon il fait bien trop chaud pour sortir en pleine journée. D’ailleurs lorsqu’on passe au travers d’une ville, ou plutôt d’un hameau, on ne voit absolument personne, on se croirait au beau milieu d’une ville fantôme. Le paysage change doucement, les arbres laissent places à des buissons plus petit et plus secs, on est quasiment seuls sur cette route infinie, lorsque l’on croise une voiture, on se salue d’un petit signe de main.
Dernier rempart contre les mouches On dit que la règle numéro 1 de l’outback est de ne pas conduire la nuit, et on comprend pourquoi quand on voit le nombre de carcasses de kangourous au bord de la route.
Lorsqu’on arrive à Richmond (500 habitants) on est content de trouver de l’eau sous la forme d’un lac où l’on peut se baigner. Encore une fois il n’y a pas foule, juste un autre couple avec leur chien qui s’amuse dans l’eau. On fait rapidement le tour de la ville (qui se compose de 4 rues). C’est fascinant de voir comme ces villes de l’outback sont comme figées dans le temps, dans le style années 50 aux Etats Unis (enfin comme on l’imagine). On trouve d’anciennes enseignes, de vieilles publicités dans des vitrines un peu poussiéreuses, des magasins tous alignés le long de la rue principales avec des places de parking au milieu de la même rue. Cela dit la ville à l’air de bien vivre, le petit supermarché ne manque de rien et le "caravan park" où l’on s’arrête à tout ce qu’il faut, même de l’herbe verte. nous demandons à nos hôtes comment ils supportent la chaleur et les mouches, ils nous répondent dans un accent extrêmement difficile à comprendre, que la température est ok pour le moment, ils attendent 7 degrés de plus (il fait déjà 41…), et que les mouches sont assez calmes…
On dine avec une famille suisse rencontrée au camping, ils nous expliquent qu’ils traversent le pays depuis Darwin et vont vers la côte, ils voyagent avec leur garçon d’environ 10 ans pendant 8 mois à travers le monde. On aura même l’occasion de voir un kangourou curieux lors du repas ce qui ravira le garçon qui attendait d’en voir un depuis des jours.
Nous repartons après avoir bien dormi suite à l’achat d’un petit ventilateur qui se charge en usb et de l’installation de quelques pans de moustiquaires qui nous permettent de dormir fenêtre ouverte et de profiter un peu de la relative fraîcheur du petit matin.
Nous n’avons pas d’idée précise de la direction que nous voulons prendre et nous décidons de poursuivre vers l’ouest jusqu’à Mount Isa qui est une ville minière.
350 km et 2 villes traversées plus loin, on se retrouve à l’entrée de Mount Isa (23 000 habitants!! il y a même un Mc Do!!), l'énorme mine domine la ville, c’est impressionnant, on dirait qu’elle va l’engloutir. Comme on ne peut pas visiter la mine, on cherche un endroit ou dormir et on flâne un peu le reste de la journée.
Mount Isa et sa mine en fond Nous avons maintenant le choix de continuer vers Alice Springs à l’ouest à plus de 1000km, aller au Sud vers le désert de Simpson à 1000 km (à croire que tout se trouve à 1000km), revenir vers l’Est pour aller du côté de Brisbane a 1600 km de là. Ayant un peu peur de la monotonie de l’outback, et voulant voir le reste de la côte Est, nous revenons un peu sur nos pas et bifurquons légèrement vers le Sud en direction de Longreach.
Nous conduisons toute la journée. En s’arrêtant à une station essence esseulée au bord de la route, le tenancière nous dit qu’elle se trouve à 2h de la ville la plus proche, on se demande ce qui a poussé ces personnes à s’installer dans des coins aussi reculés, aussi arides et aussi remplis de mouches et où la seule compagnie se résume à quelques routiers qui s'arrêtent se ravitailler et un gros chat gris qui crache quand on le touche.
Pas embêtés par les voisins On croise de nombreux kangourous et quelques émeus sur la route, c’est assez magique même s’il est courant d’en voir ici, on est toujours excités quand on aperçoit une bande de kangourous se déplacer en sautant.
Quelques animaux croisés dans l'outback On s'arrête de rouler peu avant le coucher de soleil (c’est le moment où les mouches se couchent elles aussi..) sur une aire de repos assez sauvage où nous nous sentons en plein bush!
Le matin nous filons vers Longreach qui est la grande ville du coin (3000 habitants), nous trouvons à côté de l’office du tourisme des douches et tout ce qu’il faut pour se faire un bon petit déjeuner, on est toujours autant épaté de trouver ce genre de lieu, ultra propres qui fonctionnent uniquement avec des volontaires et sur donations.
Nous prenons ensuite plein Sud vers Windorah. La route est fascinante, il n’y a qu’une voie de circulation et le décor est splendide, on passe dans des étendues de terres rouges infinies. On doit croiser environ une vingtaine de véhicules sur les 300 km qui séparent Longreach de Windorah.
Windorah, a peine une centaine d’habitants, se situe au milieu d’étendues désertiques et non loin de quelques jolies dunes de sable rouge. La prochaine ville (et station essence) à l’ouest se trouve à 390 km. On sent qu’on est aux portes du véritable outback. Nous n’irons pas plus loin car le van n’est équipé que d’un réservoir de 50 litres et ne peut guère aller sur des pistes de graviers ou de sable (et puis on ne peut pas trop s'éloigner étant donné qu'on doit rendre le van à Melbourne).
L'Outback dans toute sa splendeur Nous passons la nuit dans le camping municipal et repartons vers Quilpie le lendemain matin.
Bien installés Sur la route on traverse une "dingo barrier fence", c’est une clôture de 5400 km (elle traverse quasiment le pays d’Est en Ouest) qui protège les moutons d'élevage situés au sud de la clôture, des dingos, sortes de chiens sauvages qui sont apparemment très voraces. Cette clôture avait initialement été construite pour éviter la progression des lapins (ce qui fut un échec total) qui est un véritable fléau en Australie. Amenés par un colon britannique nostalgique de la chasse, ils ont proliféré à une vitesse folle (passant de 12 couples à 600 millions en cinquante ans) et ont grignoté une bonne partie de la végétation laissant de nombreuses autres espèces sans nourriture, les menaçant ainsi.
On croise quelques autres curiosités comme la route qui devient tout à coup une piste d'atterrissage (vu la fréquence des avions dans le coin, pas de quoi s’inquiéter).
Quelques curiosités croisée sur la route Quilpie est une petite ville dont l’économie est basée sur l’exportation d’opales dont la concentration dans la région est l’une des plus fortes dans le monde. Malheureusement l’office du tourisme qui abrite le petit musée est fermé, ce qui est bien dommage pour un samedi après midi. Nous continuons donc notre route vers Charleville que nous dépassons rapidement et nous nous arrêtons à Morven pour passer la nuit à côté d’un terrain de rugby qui autorise le bivouac, au milieu de quelques familles de kangourous!
Nous reprenons la route pour Brisbane le lendemain avec un peu de nostalgie de l’outback qui s'installe tout de même au fur et mesure que les paysages deviennent plus verts et plus habités. Nous avons adoré cette expérience de l'outback et cela nous a donné envie d'en voir plus du côté du grand Ouest. Nous reviendrons!