20
janv

Voilà près d'un an que je n'étais pas retourné vagabonder dans la neige pour une rando un peu "engagée" (cf ma sortie à Sutton) et, ce matin, toutes les conditions sont réunies pour une sortie réussie.

Une fois n'est pas coutume, ce ne sera pas une excursion en solo, puisque je serai accompagné de Julien, un autre immigré français dans ce Québec glacial... Les enfants partent tout juste pour l'école et nous prenons la route pour la forêt de Ouareau, située dans Lanaudière, à environ 1h30 de la maison.

Comme toujours lors d'une randonnée en hiver, la question qui se pose est : crampons ou raquettes? Et comme toujours, je préfère jouer la sécurité en chaussant les crampons au départ, puisque les premiers kilomètres sont souvent praticables, et en accrochant les raquettes sur le sac en cas de besoin. Il fait -22°C lorsque nous quittons le stationnement, mais je ne suis pas inquiet, je sais qu'en marchant, le corps se réchauffe fortement et qu'il n'est pas nécessaire de s'habiller trop chaudement. En revanche, le sac contient plusieurs couches de rechange qui seront utiles lors des pauses et en cas de problèmes (chutes, blessures...).

Dès le départ, le sentier est en mode forte grimpette et comme anticipé, nous sentons très vite la température monter. Il est vital de bien gérer sa chaleur et de limiter autant que possible la transpiration. Si les vêtements deviennent humides, leur capacité d'isolation s'en trouve grandement réduite et le danger d'hypothermie est important. Nous ouvrons donc nos manteaux pendant l'effort et malgré les -22°C, je ne porte qu'une petite paire de gants style course à pied. Grâce aux importantes chutes de neige des jours précédents et au froid intense, nous marchons sur un épais tapis blanc extrêmement léger puisque cette neige ne contient quasi pas d'humidité. Même en s'enfonçant jusqu'au mollet, la marche n'est pas très difficile. Évidemment, il ne faut pas mettre le pied hors du sentier sous peine de se retrouver avec de la neige jusqu'aux cuisses... et légère ou non, avancer devient toute une aventure.

La neige a bien recouvert le sentier et, même s'il est toujours possible de le distinguer, on voit que seule une personne est passée avant nous depuis la dernière chute.

Le sentier continue à grimper au milieu des arbres. En fonction des endroits, la végétation change et transforme complètement le paysage. Ce sont parfois des sapins et épinettes dont les larges panaches sont couverts de neige, et parfois un mélange de bouleaux, érables, hêtres, et leurs branches nues permettent de voir loin dans le bois.


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Après plusieurs longues montées, le sommet semble se profiler. La pause lunch également...

Comme je l'expliquais, avec l'effort, le froid ne se fait pas sentir. En revanche, dès que nous prenons une pause, nous sentons sa morsure très rapidement. À cette température, quand j'enlève mes gants fins pour prendre une photo, l'humidité qu'ils contiennent gèlent presque instantanément et je récupère des gants raidis de gel en une minute... Une fois au Sommet de la Pinède, nous trouvons un beau point de vue au soleil et nous installons pour manger rapidement, après avoir enfilé les différentes couches apportées dans notre sac. Soupe et sandwichs pour Julien, un mélange bien chaud de chili et pâtes bolo pour moi!

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Malgré la beauté du paysage, nous ne restons pas longtemps et reprenons rapidement notre chemin, histoire de retrouver les degrés perdus pendant la pause.

La neige est de plus en plus épaisse et il devient difficile de se frayer un chemin. Nous portons tous les deux de bonnes paires de crampons, mais cela ne suffit plus :

On arrête de niaiser! Sortons les raquettes! 

Nous décidons donc d'enfiler les raquettes et même si nous continuons à nous enfoncer, la progression est un peu plus aisée...

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Au cours de la journée, nous avons été surpris à deux reprises par des gélinottes huppées (appelée perdrix au Québec) qui se sont envolées quasi sous nos pieds au moment où nous sommes passés près de leurs cachettes. Ces animaux, de la taille d'une petite poule, s'envolent brusquement lorsqu'elles estiment qu'il est dangereux de rester dissimulé. Je peux vous dire que dans le silence de la forêt, nous avons fait un sacré bond lorsqu'elles se sont élancées. Pour info, voici deux photos prises cet été lors d'une rando en famille:

Leur plumage, qui leur offre un mimétisme impressionnant en été, ne leur est plus d'aucun secours en hiver. À cette saison, elles préfèrent se dissimuler sous la neige, pour se protéger des prédateurs et du froid. Quelques kilomètres plus loin, nous avons le plaisir de trouver une nouvelle trace de perdrix, qui montre parfaitement le trou qu'elle a creusé pour se camoufler, la crotte qu'elle a laissée ainsi que le superbe dessin de ses ailes/plumes imprimé au moment de l'envol.

 Toute une œuvre!
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Le sentier serpente à présent le long de plusieurs jolis lacs qui sont toujours une splendeur pour les yeux. La surface est immaculée et l'on se sent vraiment seul au monde.

Sur la photo de gauche, je marche avec mes raquettes et m'enfonce tout de même jusqu'aux genoux... 
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Sur la dernière partie du trajet, s'alternent sans fin, de courtes montées et descentes plus épuisantes les unes que les autres. Après plus de 6h de marche et 700m de dénivelé dans une neige épaisse, c'est avec plaisir que nous atteignons la voiture. Une fois encore, la nature en hiver nous aura offert un magnifique décor, dont nous nous sentons les spectateurs exclusifs et privilégiés.