Samedi matin, lever aux aurores (bon peut-être pas tout à fait, mais tôt quand même...) car nous avons 2h de route devant nous pour rejoindre la petite ville de Rivière Rouge dans les Laurentides. Et oui, Emma et moi avons décidé de nous lancer dans une belle aventure père/fille Canot-camping pendant cette fin de semaine.
Nous arrivons sur le site de Aventures 4 saisons qui nous dépose, en navette, à 25 km en amont, nous laissant simplement 2 VFI (vestes de flottaison individuelle), 2 rames et 1 canot (canoé pour les plus francophones d'entre nous). Le principe est très simple: nous sommes en autonomie complète pour 2 jours (nourriture, vêtements, matériel de camping, eau...) et nous pouvons nous arrêter où nous le souhaitons le long des 25 km de rivière pour nous détendre, nous baigner, manger, camper, pêcher... sauf si le lieu est explicitement une propriété privée.
Nous descendons le canot dans l'eau, le chargeons et sommes prêts à partir.
On peut charger beaucoup de matériel dans un canot. La descente de la rivière Rouge commence très tranquillement. À cette période de l'année, l'eau est assez basse et le courant juste assez fort pour nous permettre d'avancer facilement. La rivière est très agréable car suffisamment large pour naviguer sans se préoccuper des bords et assez étroite pour se pas se sentir sur une autoroute aquatique. Elle est également très sinueuse, ce qui est très appréciable et nous donne le sentiment de bien avancer.
La rameuse à l'avant est bien motivée.
Puis, après quelques kilomètres, une pause est appréciée...
Cool, ça avance tout seul. Et non, il y a papa qui rame!Nous nous arrêtons donc sur une petite plage et en profitons pour attaquer les sandwichs et regarder les dizaines d'empreintes animales présentes tout autour de nous. Je reconnais facilement celles d'un jeune cerf, d'un raton-laveur, d'un lapin et d'une bernache, mais les deux autres m'échappent (clairement des oiseaux, peut-être corbeau pour le premier et un petit oiseau aquatique pour le second).
La descente continue et lorsque nous trouvons un coin qui nous plaît, une belle grande plage bien orientée, nous nous arrêtons pour nous détendre et installer le camp.
Comme il fait un peu chaud en plein soleil sur notre plage, Emma traverse la rivière pour lire à l'ombre pendant que je démarre la corvée de bois (il n'y en a pas un qui se ferait avoir???).
Ma petite scie pliante au travail, super efficace et toujours dans mon sac. Le bois bien rangé: qui a dit psychopathe? ... Le gros du travail terminé, je pars rejoindre Emma à l'ombre pour bouquiner également.
Après le moment lecture, Emma, qui a trouvé de nombreux morceaux d'argile dans la rivière, se lance dans une séance cataplasme très personnelle... (pour la petite histoire, elle se plaindra dimanche soir d'avoir les mains très sèches... bizarre non?).
La fin d'après-midi approche et il est temps de se lancer dans la préparation du feu. Depuis un certain temps déjà, le défi que je lance aux enfants est d'être capable de se passer de briquet/allumettes et d'utiliser un firesteel. Honnêtement, vu la quantité de bouleaux et la sécheresse du bois ramassé sur la plage, ce n'est pas très difficile, mais il est toujours très satisfaisant d'être en mesure d'allumer le feu de cette façon.
Victoire, il brûle!
Apéro time!
C'est l'occasion de tester tout ce qui peut se griller au feu: morceaux de pommes, bretzels...
Bretzels grillés? Pas certain du résultat...En attendant de lancer la préparation du repas, je propose à Emma de monter le campement.
<<Oh non, ça me tente pas trop d'installer la tente.
- Désolé, mais je ne compte pas la monter tout seul! Tu m'aides.
- Bah, on n'a qu'à s'en passer et dormir à la belle étoile.>>
Je vais éviter de poser la question à haute voix et accepte avec plaisir de dormir directement sous les étoiles.
Comme des coqs en pâte...
Montage du camp rapide qui permet de se dégager du temps pour lire...
Nos 50% Canadiens ne nous font pas oublier nos 50% Français... Et c'est une belle soirée qui débute, seuls au monde, loin de tout.
Feu de joie et lever de luneAprès ce magnifique lever de lune au-dessus de la rivière, nous allons tranquillement nous coucher.
Petite surprise en arrivant au niveau des sacs de couchage. En raison de la différence de température entre l'après-midi et la soirée et de la proximité de la rivière, une très forte condensation s'est produite et les sacs de couchage (comme tout ce qui nous entoure en fait) sont trempés... Petite crainte que l'humidité ait gagné l'intérieur de la garniture en duvet et que la capacité d'isolation soit largement diminuée, mais finalement, nous sommes bien au chaud au fond de nos sleeping bags. Évidemment, il ne faut pas sortir les bras car tout est vraiment mouillé partout autour, mais à l'intérieur, nous sommes au sec...
Réveil dans la brume, mais le soleil est tout proche et on sent bien qu'il suffit que la température se réchauffe de quelques degrés pour que le brouillard laisse la place au grand ciel bleu.
Toute une ambiance!
Préparation du petit-déjeuner pour réchauffer les corps et les cœurs...
Un festin de roi!Le camp est replié, nous nous assurons de ne laisser aucun trace de notre passage et nous retournons dans notre canot.
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Je profite d'un endroit où la rivière est calme pour initier Emma au maniement du canot. Il faut savoir que la personne en avant se contente de pagayer sans se préoccuper de guider l'embarcation. C'est la personne en arrière qui gère à la fois la propulsion et la direction...
Rien de bien compliqué en soi, mais ça demande un peu d'entraînement pour ne pas zigzaguer sur la rivière en permanence...
Elle s'en sort bien, mais se rend compte que, quand on cherche à compenser le courant, le vent, les coups de pagaies du rameur placé à avant et qu'il faut slalomer entre les bancs de sables, les hauts-fonds et les troncs arbres, les bras se mettent rapidement à chauffer...
Dernière pause lunch au bord de l'eau. Pas de cuisine cette fois, on repart à l'essentiel...
Et c'est encore une fois l'occasion de se transformer en pisteur amateur et d'essayer d'interpréter les traces alentours. Nous voyons clairement l'empreinte d'un cerf de Virginie, accompagnée cette fois du passage d'un canidé. La dernière photo montre même les deux pistes se superposer.
On peut aisément imaginer un coyote suivre la trace d'un cerf. C'est toute une histoire qui se dessine sur le sable.
Le sable humide, un parfait substrat pour lire les empreintesNous attaquons à présent la dernière portion de la rivière qui doit nous conduire à notre voiture. Même si nous approchons de la fin de notre périple, la nature nous prépare encore de belles surprises puisque nous avons la chance d'admirer le passage d'un pygargue (aigle à tête blanche) à moins de 15/20 m au-dessus de nous (évidemment, le temps de sortir l'appareil, l'oiseau a repris de la hauteur...), puis de côtoyer tout un groupe de bernaches se reposant sur la rive avant de poursuivre leur migration vers le sud (signe que l'hiver approche!!!).
Après 25 km de pagayage (pas sûr que le mot existe, mais il devrait) en deux jours, nous accostons sur le bord de la rivière et c'est ainsi que se termine cette belle aventure canot-camping père/fille.
Une belle allée entre les pins pour rejoindre la route principale