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Nous sommes Marion (Canard) et Quentin (Cochon). Nous voyageons depuis trois ans en Amérique du sud et en Asie. Embarquez avec nous pour suivre nos découvertes et aventures !

Vientiane, la capitale du Laos

Première étape de notre séjour au Laos : la capitale Vientiane. Une ville en plein développement qui mêle de manière étonnante temples bouddhistes, héritage français et communisme.
Février 2024
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Nous sommes dans le bus thaïlandais qui arrive au Laos par le pont de l’amitié enjambant le Mékong. À bord, seulement nous et deux femmes laotiennes. L’une d’entre elles, ayant habité à Paris pendant 30 ans, nous parle en français. Lors du passage frontière, elle nous prend sous son aile pour que toutes les formalités se déroulent le plus fluidement possible. Très gentiment, elle nous offre même quelques billets de Kip (la monnaie locale) dans l’attente que nous en retirions.

Arrivés à Vientiane, elle constate que notre hôtel se trouve à côté de chez elle. Elle propose donc de partager le tuk-tuk avec nous. Ainsi, nous confie-t-elle, nous bénéficierons d’un prix normal (et pas un prix « touriste »). Elle nous présente au chauffeur comme sa nièce et son neveu et nous voilà ensemble à continuer le trajet. Nous arrivons d’abord chez elle, où nous l’aidons à décharger toutes ses affaires. En partant pour rejoindre notre hôtel, elle nous dit qu’elle nous hébergera avec plaisir dans sa maison de campagne à Vang Vieng, qu’elle nous montre en photos. C’est vraiment adorable de sa part mais nous déclinons car ce n’est pas sur notre itinéraire et nous avons déjà bien planifié notre séjour au nord du Laos. Ravis d’avoir fait la connaissance de cette aimable dame, nous la remercions à nouveau pour cette arrivée au top au Laos.

En revanche, en sortant de la propriété, le tuk-tuk se bloque dans le caniveau ! Trop lourd, nous descendons et allons pousser jusqu’à ce que le véhicule arrive à sortir.

 C'est donc pour ça que ça s'appelle un pousse-pousse !

L’hôtel n’était vraiment pas loin en effet. Nous sommes un peu excentrés de l’hyper-centre. D’ailleurs, alors que nous faisons un tour de pâté de maisons pour trouver un restaurant, nous ne verrons qu’un seul établissement ouvert. Demain, nous commençons notre découverte de la capitale.

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Durant nos déambulations dans la capitale, nous sommes d’emblée marqués par deux influences fortes : l’influence française et l’influence communiste. Ces deux éléments, absents de la Thaïlande voisine, font vraiment sentir un changement d’ambiance dès le premier jour.

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Au XIXe les Britanniques et les Français colonisent l’Asie du Sud. La Birmanie tombe sous le joug anglais tandis que la France étend sa domination sur les actuels Cambodge, Vietnam et Laos, qui seront regroupés sous le terme d’Indochine. De 1893 à 1954, le Laos est donc sous Protectorat français. Ces soixante ans de présence ont eu un impact, fort culturellement, qui se ressent encore aujourd’hui. On note ainsi des vestiges d’architecture coloniale dans l’hyper-centre. Mais c’est surtout visible au niveau de la langue française qui est encore sur les panneaux de rue, le nom des bâtiments, les explications touristiques… Nous avons croisé également un nombre important de boulangeries, qui exposent des croissants, pains au chocolat et baguettes. Des boutiques proposent des confitures de Provence, du Cabernet-Sauvignon ou du camembert de Normandie. Les Laotiens semblent consommer de la charcuterie, et on ne compte plus le nombre de clubs de pétanque que nous avons croisés. Certains Laotiens parlent encore le français, nous permettant d’échanger quelques mots avec certains. Nous avons même eu droit à des remarques comme quoi « nous étions autrefois le même pays », ou « the same great union » pour les anglophones. Étonnant.

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Une de nos premières visites sera le monument Patuxai. Il s’agit d’un superbe arc-de-triomphe construit au milieu d’une gigantesque avenue surnommée « les Champs-Élysées laotiens ». Le parallèle avec la France est évident. Patuxai, qui signifie « porte de la victoire », rend hommage aux laotiens tombés lors des affrontements pour l'indépendance du pays, effective en 1954. Face à cet imposant monument, nous nous faisons la remarque qu’à l’école, on nous a peu parlé du Laos. Les quelques cours sur la colonisation française insistaient surtout sur le Vietnam. Nous devrons donc faire quelques lectures pour mieux comprendre le tout.

Pour la petite histoire, le Patuxai a été construit grâce à un don américain : les États-Unis avaient en effet offert une importante quantité de ciment pour construire l’aéroport de la ville, mais le régime a finalement préféré tout utiliser dans ce monument, lui valant le surnom loufoque de « piste d’atterrissage verticale » !

C’est justement en arpentant les alentours du Patuxai, que nous notons très vite également l’influence communiste. Si ce régime est plus souple que ses compères marxistes, certains éléments nous rappellent où nous nous trouvons. L’exemple le plus flagrant est celui des fameux « Champs-Élysées ». Dans les faits, cet endroit ressemble à une énorme quatre voies, lardée de bâtiment officiels où flottent des drapeaux rouges. Les alentours du Patuxai sont impeccables et déserts, donnant à l’endroit un petit air de Corée du Nord. En déambulant, on retrouve un peu partout la faucille et le marteau.

De temps à autre, des énormes panneaux de propagande glorifient l’armée ou le peuple. Nous avons malheureusement oublié de les prendre en photo sur le moment, mais ça donnerait à peu près ceci :

Mais là où nous ressentons le plus l’influence du régime communiste, c’est au musée national. Le bâtiment, sacrément imposant de l’extérieur, est bien moins convaincant à l’intérieur. Les étages et les salles sont quasi-vides. Quelques expositions, bien maigres, retracent, avec des feuilles jaunies, l’Histoire du pays. Une petite salle s’attache à montrer quelques objets du quotidien. Deux-trois statues semblent s’être égarées à droite à gauche. En somme, on est surpris de voir si peu de pièces dans un si grand immeuble. On peine à croire que nous sommes au musée principal du pays…

C’est surtout au dernier étage que le musée semble avoir mis le paquet : nous entrons dans la salle consacrée à l’histoire récente. L’accent est mis sur la colonisation du pays par la France et sur la guerre du Vietnam, qui a grandement impacté le pays. C’est notre premier séjour dans une dictature communiste, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela se ressent sur le discours officiel. L’Histoire du Laos est contée de manière extrêmement binaire (les gentils versus les méchants). Chaque panneau déroule son discours sans remise en contexte. On a l’impression de lire des fiches de propagande, voire des adaptations romancées destinées à des enfants.

La colonisation française est évidemment très longuement abordée. Des tableaux représentent systématiquement les Français en train de découper des enfants à la machette, de violer des femmes, d’écraser des Laotiens sous leurs botte ou de les jeter du haut d’une falaise. Les feuillets jaunis ne tarissent pas d’effroi pour nous décrire : méchants, agressifs, impérialistes, bourreaux, cruels, etc. De même, le champ lexical des combattants indépendantistes et communistes est assez tranché : braves, patriotiques, courageux, fiers, sans peur… Loin de nous l’idée de nier les atrocités commises par les colons à l’époque (qui ont notamment imposé la « corvée » pour réaliser de grands travaux d’aménagement du territoire) mais la manière dont tout cela est abordé est franchement ridicule.

Mais il ne faut pas y voir là une aversion exclusive pour la France : le même traitement est appliqué aux Américains, mais également aux Birmans et aux Siamois ! Le Laos a en effet été régulièrement confronté à ses turbulents voisins. Birmans et Siamois sont aussi représentés comme torturant, violant, empalant à volonté… et comme systématiquement pleutres et fuyards quand les Laotiens contre-attaquent. Vraiment, permettez-nous de douter de l’objectivité du discours officiel.

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Parmi les autres monuments importants de la capitale, on compte de nombreux temples. Nous en ferons le tour en deux jours.

Commençons par le temple Ho Phra Keo en plein cœur de la ville. Le jardin autour nous apporte un peu de fraîcheur bien méritée. Ici, le rouge et l’or dominent sur les murs et colonnes. Le lieu abrite désormais un musée. Nous sommes à côté du palais présidentiel, que nous ne verrons pas vraiment du fait de travaux importants.

Plus loin, c’est l’hyper-centre qui concentre tous les restos et hôtels. D’ailleurs, nous sommes frappés par le nombre de touristes croisés (essentiellement des Français) ! Manifestement, tous semblent converger là et, à notre sens, le quartier a quelque peu perdu de son authenticité. Le lieu regorge toutefois de nombreux temples intéressants. Nous passerons ainsi voir le temple Vat Chan, celui d’Inpeng au fronton vert superbe, celui de Mixay aux colonnes d’un orange criard ou encore le très kitsch Ongteu.

Vat Chan
Vat Inpeng 
Vat Inpeng  
Vat Mixay  
Vat Ongteu

Au temple Haisok, nous apprécions son caractère plus sobre que ses voisins. Il faut croire qu’en tant qu’Européens bercés à la vielle pierre, nous préférons les monuments aux murs patinés que ceux tout clinquants qui nous paraissent faux ou sans histoire. Nous remarquons un très beau travail de ciselage de la pierre au niveau des frontons et des fenêtres. La cour est ombragée par un immense banian entouré de Bouddhas. Alors que nous visitons le lieu, une cérémonie impliquant quatre moines et un enfant a lieu. Nous l’observons à distance en cherchant à gêner le moins possible.

Le stupa That Dam est joliment dressé au milieu d’un rond-point entouré d’un jardin aux pelouses bien vertes. Il provoque un contraste saisissant entre le monument ancien (il date d’au moins 600 ans) et la circulation automobile autour.

Enfin, nous nous rendons au temple de Simuang. Bien que tout en dorures et couleurs vives, nous le trouvons très harmonieux. L’intérieur est superbe, avec ses plafonds en animaux sculptés.

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Le temple Si Saket, construit au début du XIXe siècle, est étonnement sobre d’extérieur. Pas de couleur vive, dorure à outrance ni effet kitsch comme sur d’autres. Ici, le bois se mêle aux murs jaunes un peu passés. Il s’en dégage un coté patiné charmant. Le cloître contient plus de 6 000 statues du Bouddha, datant de plusieurs siècles pour certaines et dont la majorité trône dans des petites alcôves. La végétation autour renforce le sentiment de sérénité du lieu. Et l’intérieur se révèle tout aussi intéressant avec ses superbes fresques murales (malheureusement les photos sont interdites). Nous sommes vraiment conquis.

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Le stupa That Luang, véritable emblème national, est le plus célèbre de la ville. Il fut bâti en 1566 par le roi Setthathirath, qui venait d’établir la capitale de son royaume à Vientiane. Le stupa central, de 35 mètres de haut, est réputé abriter une relique de Bouddha, faisant de lui le bâtiment le plus vénéré de la ville. En un mot, nous l'avons trouvé magnifique.

Ce temple est entouré de deux autres Vat qui complètent la magnificence du lieu : le Vat That Luang Tai, où se trouve notamment une grande statue de Bouddha allongé, et le Ho Dhamma Sabha, construit en 2010 dans un style traditionnel.

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Vientiane est une drôle de capitale. Il règne une certaine circulation et agitation mais c’est très peu en comparaison des autres capitales asiatiques. Au nombre important de chantiers et constructions en cours, on sent que la ville est en plein développement. Pour autant, les édifices grandioses et massifs sont peu nombreux, exception faite des bâtiments administratifs tous dans le style communiste. Pas de skyline en vue. À la différence de Bangkok, Il n’y a quasiment pas de supermarché ou de gros mall, mais uniquement des gargotes et vendeurs ambulants. Derrière les gros édifices massifs, des ruelles étroites nous font plonger 40 ans en arrière, et d’un coup la modernité nous refrappe avec une Tesla qui nous dépasse. Nous sommes aussi agréablement surpris de voir autant d'arbres en ville. Les frangipaniers abondent et les trottoirs se retrouvent couverts de leurs délicates fleurs blanches et jaunes. C'est d'ailleurs la fleur symbolique du Laos.

Quand les chauffeurs de tuk tuk ne travaillent pas, ils sortent leur hamac, pas mal !
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Le séjour à Vientiane a été marqué par une forte chaleur. Heureusement, nous avions une piscine à l’hôtel pour nous rafraîchir !

Nous avons aussi profité de l’offre touristique importante de l’hyper-centre pour faire une coupure avec la nourriture asiatique. Outre de bonnes pizzas, nous avons déjeuné dans un resto français. Canard et Cochon s’y sont repus d’une salade méditerranéenne à la feta et aux olives, d’une quiche fromage-épinard et de deux crêpes au chocolat. On en profite même pour acheter des viennoiseries pour le petit-déjeuner.

On en avait un peu marre du riz... 
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Nous quittons Vientiane pour nous rendre dans l’ancienne capitale, la magnifique cité de Luang Prabang, sise plus au nord. Un taxi, dont la conduite met déjà à rude épreuve notre estomac et nos nerfs, nous dépose à la gare routière. On grimpe dans notre minivan. D’emblée on se dit que les huit heures de trajet risquent d’être éprouvantes. Pourquoi, nous demanderez-vous ? Et bien, le van est conçu pour transporter 13 personnes mais nous serons en fin de compte 20 ! Le conducteur ajoute des poufs artisanaux entre les sièges pour prendre plus de monde et invite les enfants à aller sur les genoux de leur parent. En plus d’être entassés, nous sommes encombrés par nos bagages à main. Le toit, lui, croule sous le poids des valises et multiples sacs de nourriture. Nous sommes tout au fond du mini van, sans un millimètre de marge pour bouger les jambes et sans aucune visibilité. Pour couronner le tout, le chemin est désastreux : on enchaîne les trous et les bosses. Le van valdingue en permanence, tout en râlant dans les montées. Nos popotins sont mis à rude épreuve. Quentin se cogne la tête au plafond à chaque secousse. À côté de Marion, une jeune fille porte sur elle une fillette, qui vomira à deux reprises. Et le jeune homme devant, installé sur un pouf, se sert des genoux de Marion comme de dossier. Ajoutez à cela une chaleur de gueux et une nuisance sonore (les Laotiens n’utilisent jamais d’écouteurs pour passer leurs appels et regarder leurs vidéos sur le portable…) et vous avez un bon tableau de ce voyage de l’enfer. Vraiment, tout cela est folklorique…

T'es bien installée ? 

Heureusement, les paysages traversés sont splendides : rizières peuplées de buffles, montagnes karstiques, chemins escarpés et petits villages… C’est au cœur de ce Laos rural que nous ferons une pause dans un troquet pour déguster une soupe de nouilles bien pimentée. Luang Prabang est en vue. Nous allons passer cinq jours dans cette ville sublime, qui sera un vrai coup de cœur.